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1789 - 1797
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GEORGE WASHINGTON
Né le 22 février 1732
à Wakefield (Virginie) - mort le 14 décembre 1799 à Mount
Vernon (Virginie)
George Washington appartenait à une famille de planteurs de
modeste aisance, établie depuis un siècle environ dans
le Nouveau Monde. Orphelin de père à onze ans, George
fut élevé par son demi-frère, Lawrence, qui lui
légua une partie de son domaine, Mount Vernon, sur les rives
du Potomac. George semblait ainsi promis à l’existence
simple et monotone de gentleman farmer. Son instruction se borna à ce
qu’il apprit lui-même dans les ouvrages, surtout scientifiques
et militaires, qu’il avait à sa disposition et dans les
leçons qu’il tira de son expérience d’arpenteur
dans les zones montagneuses de Virginie.
Cependant, le début de la guerre contre la France et les Indiens,
connue en France sous le nom de guerre de Sept Ans, fit de lui un officier
de l’armée britannique (dès 1754, il reçut
une commission de lieutenant-colonel) et l’opposa aux forces
françaises retranchées au fort Duquesne, le futur Pittsburgh.
Après un premier échec en 1755, il participa, à la
tête de la milice de Virginie, au siège et à la
reddition du fort, en 1758. Puis, la guerre finie pour lui, il revint à Mount
Vernon pour y reprendre son existence de planteur.
Son expérience militaire le fit désigner, en 1775, par
le Congrès continental pour exercer le commandement de la nouvelle
armée continentale, appelée à lutter contre l’occupant
britannique. C’est dans ces fonctions que Washington déploya
le mieux ses possibilités mais aussi montra ses limites. Tout était à faire,
car en face de troupes organisées et bien commandées
n’existaient que des milices indisciplinées, pourvues
d’armes et d’équipements insuffisants et médiocres.
La tactique de Washington consista à éviter les affrontements
et à ménager ses forces en attendant de posséder
la supériorité. Jusqu’en 1777, il retraita prudemment,
préférant perdre des positions inutiles plutôt
que des troupes. L’hiver de 1777-1778, passé dans le camp
retranché de Valley Forge, aux portes de Philadelphie, dans
un très grand dénuement, marqua le tournant des campagnes,
car c’est là qu’il put refaire ses forces avec l’aide
de Prussiens et de Polonais, en attendant l’intervention française.
Grâce à elle, il sut préparer une opération
combinée entre la marine et l’armée de terre, destinée à encercler
les forces britanniques à Yorktown où elles se rendirent
(1781) . Patiemment, sans actions d’éclat, Washington
avait réussi à vaincre un adversaire plus puissant, mais
peu préparé à une guerre d’usure, et à donner à son
pays l’indépendance. La paix signée, en 1783, il
termina pour la seconde fois sa carrière militaire et se retira à Mount
Vernon pour reprendre la direction de sa plantation.
Même s’il avait espéré sincèrement
quitter la vie publique, son prestige était si grand que ses
contemporains le considéraient comme un héros, le vainqueur
de la guerre d’Indépendance. Bien qu’il n’eût
jamais participé à la direction politique du pays, il
fut spontanément choisi comme président de la Convention
réunie à Philadelphie en 1787 pour rédiger une
constitution. Deux ans plus tard, un vote unanime le désigna
comme président de la République pour quatre ans , et
il fut reconduit dans ces fonctions pour un mandat de même durée
en 1792. Une nouvelle carrière s’ouvrit ainsi pour Washington.
C’est dans l’exercice de la présidence qu’il
marqua le plus l’histoire et la société de son
pays.
Dans le choix de ses collaborateurs, Washington fit un savant dosage,
non entre
les partis qui n’existaient pas encore, mais entre les représentants
des deux tendances qui avaient divergé sur le vote, puis sur l’interprétation
de la Constitution. Il fit d’Alexander Hamilton son secrétaire au
Trésor (ministre des Finances) et de Thomas Jefferson son secrétaire
d’État (ministre des Affaires étrangères). Le premier
représentait les milieux d’affaires, les admirateurs du gouvernement
britannique et les tenants d’une interprétation étroite de
la Constitution ; le second, les milieux ruraux et, dans une certaine mesure
populaires, défenseurs d’une interprétation large de la Constitution,
c’est-à-dire enclins à reconnaître aux États,
et non au pouvoir fédéral, tout ce qui ne leur était pas
expressément attribué dans le texte écrit. Entre ces deux
tendances, qui donnèrent peu à peu naissance aux fédéralistes
et aux républicains (démocrates), Washington chercha à maintenir
l’équilibre, à la manière d’un souverain constitutionnel,
dont le modèle ne pouvait être que le roi d’Angleterre. Dépourvu
de formation politique, il ne comprenait pas l’utilité des partis,
qu’il tenait, comme beaucoup de ses contemporains, pour des factions nuisibles,
et son tempérament s’accommodait mieux d’un rôle de
conciliateur. Cependant, ses préférences allaient à Hamilton,
dont il soutint la politique nationaliste et conservatrice : mise en vigueur
d’un tarif douanier élevé, destiné à favoriser
la naissance d’une industrie nationale, consolidation de la dette publique,
création d’impôts indirects sur les produits de consommation
et, surtout, fondation d’une banque d’État. Ces mesures lui
aliénèrent l’appui des partisans de Jefferson qui abandonna
ses fonctions en décembre 1793. Au cours de son second mandat, et malgré qu’il
en eût, Washington apparut nettement comme l’homme des fédéralistes,
ce qui le fit taxer par ses adversaires d’aspirant à la dictature,
surtout après la répression brutale de la révolte des petits
paysans distillateurs en Pennsylvanie (Whiskey Rebellion, 1794).
Le contraste entre l’idéal de Washington et les réalités
ressort encore mieux des relations extérieures. Le début de son
premier mandat coïncide, en gros, avec l’explosion révolutionnaire
en France, et le second avec le conflit franco-britannique qui se prolongea jusqu’en
1815. Washington aurait voulu cantonner son pays dans une neutralité totale
et parfaite, mais ses sympathies allaient à l’Angleterre, dont le
type de gouvernement était son modèle et qui devint le premier
partenaire commercial de la nouvelle république. Ses sympathies, il les
partageait avec Hamilton, mais non avec Jefferson, admirateur de la France révolutionnaire.
Dès les débuts de son mandat, le 22 avril 1793, il lança
une proclamation de neutralité, interdisant aux navires américains
de fournir du matériel de guerre aux belligérants. Inquiet des
menées du ministre français aux États-Unis, le citoyen Genêt,
qui, sous couvert d’activités diplomatiques, cherchait à établir
des bases françaises sur le sol américain, il en demanda et obtint
le désaveu (1794), mettant ainsi fin à l’alliance française
dont l’efficacité avait singulièrement diminué depuis
la paix de 1783. Du même coup, il se condamnait à manifester ses
sympathies pour la Grande-Bretagne, auprès de laquelle il envoya la mission
Jay. Les différends entre les deux pays furent réglés par
le traité Jay (1794) qui souleva l’opposition des républicains
jeffersoniens, au point qu’ils réclamèrent la mise en accusation
de Washington pour haute trahison (impeachment). En dépit de ces violentes
attaques, Washington conserva une sérénité qui s’exprime
dans son « message d’adieu », en 1796, base de la
politique américaine pour plus d’un siècle : « La
règle de conduite que nous devons nous appliquer le plus à suivre à l’égard
des nations étrangères est d’étendre nos relations
de commerce avec elles, et de n’avoir que le moins de relations politiques
qu’il sera possible [...]. L’Europe a des intérêts qui
ne nous concernent aucunement, ou qui ne nous touchent que de très loin ;
il serait donc contraire à la sagesse de former des nœuds qui nous
exposeraient aux inconvénients qu’entraînent les révolutions
de sa politique. »
L’essence de ce qu’on appelle la doctrine de Monroe est incluse dans
ces paroles de Washington. Au soir d’une vie consacrée, malgré lui,
au service de l’État, il ouvrait la voie à l’isolationnisme,
moins par doctrine que par nécessité. Mais tel était le
prestige du père fondateur que plusieurs générations d’hommes
d’État, Monroe le premier, ont suivi à la lettre son conseil.
Au terme de son second mandat, alors âgé de soixante-cinq ans, Washington
décida de ne pas se représenter à la magistrature suprême.
La majorité des historiens a interprété cette décision
comme un acte suprême de sagesse politique dans un gouvernement qui se
voulait démocratique, à la mode du XVIIIe siècle. Washington
ne s’était, certes, jamais entièrement senti à l’aise
dans les intrigues politiques, mais il semble aussi avoir ressenti certaines
attaques formulées contre lui et avoir mesuré la portée
de certains échecs, comme la cristallisation de l’opinion autour
de deux partis et l’impossibilité de maintenir une stricte neutralité dans
la guerre que se livraient Français et Britanniques. Au moment où il
décida de se retirer définitivement des affaires publiques, son
prestige était encore immense, et c’est cette image que la postérité a
retenue. Son exemple devint la loi orale de l’État, et aucun président
ne postulera plus de deux mandats présidentiels, du moins jusqu’à Franklin
D. Roosevelt, qui put facilement arguer de la guerre pour un troisième,
puis un quatrième mandat. La tradition devint loi écrite avec le
22e amendement à la Constitution, proposé en 1947, ratifié en
1951, en vertu duquel les fonctions présidentielles se limitaient à huit
années, au plus.
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1797 - 1801
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JOHN ADAMS
Né le 30 octobre 1735 à
Braintree (Massachussetts) - mort le 4 juillet 1826 à Quincy
(Massachussetts)
John Adams est considéré comme l’un des « pères
fondateurs » en raison du rôle qu’il joua pendant
la révolution américaine. Né à Braintree
(actuellement Quincy) dans le Massachusetts, appartenant à une
famille de fermiers puritains, il est diplômé de Harvard
en 1755 ; après une courte expérience de l’enseignement,
il fait son droit puis devient avocat à Boston en 1758. Alors
que commence à se créer l’aile radicale du mouvement
d’opposition à l’Angleterre, dirigée par
l’avocat James Otis, il collabore dès 1763 à plusieurs
journaux de Boston et utilise cette tribune pour proclamer son opposition
au Stamp Act de 1764 qui contraint à l’impôt du
timbre tout écrit et tout document privé ou officiel.
É
lu en 1771 à la Chambre coloniale du Massachusetts où il
lutte vigoureusement contre les mesures prises par l’Angleterre
contre les colonies, il est choisi en 1774 comme délégué au
premier Congrès continental, où il milite en faveur de
l’indépendance totale, puis en 1775 au deuxième
Congrès où il convainc les délégués
d’organiser la lutte armée sous le commandement de George
Washington. Après avoir participé à la rédaction
de la Déclaration d’indépendance et l’avoir
défendue devant le Congrès (juin-juill. 1776) au cours
de turbulents débats, il est envoyé en 1778 à Paris
pour nouer les premiers contacts entre la France et la nouvelle nation.
Son orgueil, son impatience le servent mal dans cette mission de courte
durée ; au retour, il est élu à la Convention
de préparation de la Constitution du Massachusetts (1779) ;
il se rend en 1780 en Hollande où il fait reconnaître
les États-Unis d’Amérique, et en 1782 à Paris
avec John Jay et Benjamin Franklin pour négocier le traité de
Paris qui met un terme à la révolution américaine.
Nommé ambassadeur des États-Unis à Londres, il écrit
en 1787 la Défense des constitutions du gouvernement des États-Unis,
dans laquelle, s’inspirant plus ou moins directement de Montesquieu,
il développe les idées exprimées depuis 1776 sur
la séparation des pouvoirs dans le cadre d’un système
de poids et contrepoids (checks and balances) destiné à empêcher
la tyrannie et sur la nécessité d’une Chambre haute
composée des riches, des bien-nés et des « capables ».
Arrivé second à l’élection présidentielle
de 1789, qui voit la victoire de Washington, il devient vice-président
des États-Unis ; ce poste, « le plus insignifiant
que l’imagination de l’homme ait conçu »,
lui permet néanmoins d’exercer une certaine influence ;
il s’emploie notamment à résoudre des conflits
politiques au Sénat entre démocrates, conduits par Thomas
Jefferson, soucieux de préserver la liberté individuelle
et de limiter les pouvoirs du gouvernement fort et centralisé favorisant
les industriels, les propriétaires terriens et les marchands.
Moins conservateur que d’autres, Adams devient cependant un des
chefs du parti fédéraliste. Jusqu’à son élection à la
présidence en 1796, où il l’emporte par trois voix
de majorité, il n’est pas véritablement contesté.
Il n’en commence pas moins son mandat entouré d’une
certaine suspicion, tant de la part de Jefferson que de celle de Hamilton.
Il continue la politique de Washington dont il garde le cabinet et,
le plus souvent, sollicite le concours de Hamilton. Refusant d’être à la
fois président et chef de parti, méconnaissant l’influence
des partis, Adams, très vite, se trouve confronté à de
nombreuses attaques. La Révolution française et la guerre
entre la France et l’Angleterre qui s’ensuit, en accentuant
l’opposition entre les fédéralistes, partisans
de l’Angleterre et d’une défense armée vis-à-vis
de la France, et les démocrates qui soutiennent celle-ci, alors
que Adams souhaite avant tout promouvoir la paix par la négociation,
accélèrent la crise. En réussissant à éviter
la guerre, en s’opposant à l’application des « lois
contre les étrangers et les séditieux » votées
en 1798 à l’instigation des fédéralistes
pour restreindre les activités des partisans des révolutionnaires
français et limiter les critiques envers le gouvernement, Adams
s’aliène le soutien fédéraliste et n’est
pas réélu en 1800. Il retourne à Quincy où il
demeure jusqu’à sa mort, écrivant d’innombrables
lettres sur la révolution américaine. Réconcilié avec
Jefferson, il connaît une ultime joie lors de l’élection à la
présidence des États-Unis, en 1825, de son fils John
Quincy, et meurt le même jour que Jefferson, le 4 juillet 1826,
date du cinquantième anniversaire de la Déclaration d’indépendance.
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1801 - 1809
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THOMAS JEFFERSON
Né le 17 avril 1743 à
Shadwell (Virginie) - mort le 4 juillet 1826 à Monticello (Virginie)
L’un des fondateurs de la République des États-Unis,
Thomas Jefferson est issu d’un milieu aisé. Avocat en
1767, attiré par la vie politique et grand lecteur des philosophes,
il écrit A Summary View of the Rights of British America (1774)
et siège à la Chambre des bourgeois de Virginie de 1769 à 1775 ;
puis il participe au Congrès continental, où il est chargé de
rédiger la Déclaration d’indépendance :
le document porte sa marque. En 1779, il devient gouverneur de Virginie,
et revient en 1781 au Congrès confédéral où il
fait adopter le système décimal pour la monnaie nationale
et une ordonnance (1784) qui organise les territoires à l’ouest
des Appalaches. De 1785 à 1789, il est ambassadeur des États-Unis
en France et publie ses Notes on Virginia (1785) ; sa réputation,
ses talents lui donnent une forte influence sur les patriotes français.
Le président George Washington le fait entrer dans son cabinet
comme secrétaire d’État. Mais Jefferson, partisan
d’un pouvoir fédéral limité, se heurte au
secrétaire au Trésor, Hamilton, et quitte le cabinet
en 1793 pour fonder le Parti républicain démocrate. Persuadé que
c’est dans l’agriculture que réside l’avenir
des États-Unis, que ce pays est, à condition de refuser
l’industrialisation, « le meilleur espoir du monde »,
Jefferson est le champion de la pensée physiocratique ;
il éprouve des sympathies pour la Révolution française,
en particulier dans sa phase girondine. En 1796, il est élu à la
vice-présidence, tandis que le président, John Adams,
appartient au Parti fédéraliste. En 1800, Jefferson accède à la
présidence. Il sera réélu en 1804. Sans le vouloir
expressément, Jefferson renforce le pouvoir présidentiel ;
en 1803, il achète à la France la Louisiane et contribue
ainsi à étendre les pouvoirs du gouvernement fédéral.
Sur le plan économique, il ne touche pas à l’œuvre
de Hamilton. Il tâche de garder la neutralité entre Napoléon
et l’Angleterre et n’hésite pas à décider
l’interruption du commerce américain avec l’Europe.
Retiré dans sa maison de Monticello , Jefferson écrit,
conseille ses successeurs, fait construire l’université de
Virginie. Au-delà de son importance politique, il a incarné la
civilisation américaine de la fin du XVIIIe siècle.
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1809 - 1817
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JAMES MADISON
Né le 16 mars 1751 à Port
Conway (Virginie) - mort le 28 juin 1836 à Port Conway
Homme politique virginien, James Madison
participe d’abord à l’élaboration
de la Constitution de son État, puis entre au Congrès
confédéral en 1780 et sert de secrétaire à la
Convention de Philadelphie. Partisan de la nouvelle Constitution, il
se rapproche de plus en plus de Jefferson ; au moment où éclate
la querelle entre hamiltoniens et jeffersoniens, Madison est l’un
des fondateurs du Parti républicain-démocrate (ancêtre
de l’actuel Parti démocrate américain). En 1798,
il s’oppose violemment aux mesures antirépublicaines que
prend le président Adams (il rédige les résolutions
de Virginie), puis il entre, en 1801, dans le cabinet que forme Jefferson.
Secrétaire d’État jusqu’à 1809, il
mène la politique de neutralité que les États-Unis
s’imposent dans le conflit européen. Succédant à Jefferson,
il devient président en 1809 et sera réélu en
1812. La neutralité s’est alors révélée
impossible : en 1812, les États-Unis entrent en guerre
contre l’Angleterre malgré l’opposition d’une
partie de la population. Enfin, Madison, l’ancien adversaire
de Hamilton, signe en 1816 la loi qui autorise la fondation d’une
deuxième banque centrale : entre républicains-démocrates
et fédéralistes, les différences disparaissent ;
le pays entre dans l’« ère des bons sentiments ».
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1817 - 1825
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JAMES MONROE
Né le 28 avril 1758 à Monroe's
Creek (Virginie) - mort le 4 juillet 1831 à New York
Né en Virginie dans une famille de notables, James Monroe interrompit
ses études au collège William and Mary pour participer à la
guerre d’Indépendance au cours de laquelle il fut blessé et
nommé capitaine par George Washington. En 1780, il devient l’ami
de Thomas Jefferson, auprès duquel il poursuit ses études
de droit. À vingt-quatre ans, il est élu à la
Chambre des représentants de Virginie, puis, de 1783 à 1786
au Congrès constitutif des États-Unis. En 1790, élu
sénateur de Virginie, il est un des principaux orateurs du parti
républicain contre les fédéralistes.
Nommé à Paris par George Washington (1794-1796) en raison
de sa francophilie, Monroe a pour mission de faire accepter par la
Convention puis par le Directoire les négociations en cours
entre les États-Unis et la Grande-Bretagne ; le traité Jay
(1794) ayant pour but de préserver la neutralité américaine
pendant les guerres révolutionnaires, Monroe essaie d’apaiser
les craintes des dirigeants français en faisant croire que le
Congrès américain ne ratifiera pas ce traité.
Rappelé par Washington, il tente de justifier son comportement
dans un pamphlet exposant ses Vues sur la conduite de l’exécutif
et de la politique étrangère aux États-Unis.
En janvier 1803, Thomas Jefferson le nomme ambassadeur extraordinaire
auprès du Consulat pour négocier avec Bonaparte l’acquisition
de la Louisiane. Profitant de ce que la France était disposée à vendre
l’ensemble du territoire pour des raisons stratégiques,
Monroe et Robert Livingston, l’ambassadeur en titre, signent
le traité pour le rachat de la Louisiane le 2 mai 1803. Par
contre, le succès ne couronne pas ses deux autres missions :
en Espagne, où il ne réussit pas à négocier
l’achat de la Floride, et en Grande-Bretagne où le traité qu’il
signe entre les deux pays est désavoué par le président
Jefferson.
Secrétaire d’État sous la présidence de
James Madison de 1811 à 1815, il dut à son intransigeance
d’assumer simultanément la responsabilité de secrétaire
d’État à la Guerre au cours du conflit avec la
Grande-Bretagne de 1812 à 1815.
Candidat républicain, Monroe est élu cinquième
président des États-Unis en 1816, et réélu
presque à l’unanimité en 1820 : ce sera la
présidence de l’« ère des bons sentiments ». À l’intérieur,
sa présidence se caractérise par un retour au calme politique
après une ère de déchirements entre les partis
fédéralistes et républicains. Cette politique
s’illustre par le Compromis du Missouri (1820) qui tranquillise
momentanément les partisans de l’esclavage dans les États
du Sud sur le respect de l’équilibre entre États
esclavagistes et États non esclavagistes. À l’extérieur,
différents traités et conventions inaugurent une politique
d’apaisement des relations avec la Grande-Bretagne, la Floride
est enfin acquise (1819-1821) et les nouveaux États d’Amérique
latine sont reconnus au fur et à mesure de leurs accession à l’indépendance.
Le 2 décembre 1823, le fameux discours dit de « la
doctrine de Monroe » expose au monde les grands principes
de la politique extérieure des États-Unis : rejet
de toute intervention de l’Europe sur le continent américain
en contrepartie de l’abstention de la part des États-Unis
de toute participation aux querelles entre pays européens. Bien
que les principes de cette déclaration doivent être attribués
au secrétaire d’État John Quincy Adams, la décision
d’en faire une proclamation solennelle revient au président
Monroe.
À
la fin de son second mandat, il se retirera en Virginie et mourra au
cours d’un voyage à New York.
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1824 - 1829
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JOHN QUINCY ADAMS
Né le 11 juillet 1767 à Braintree
(Massachussetts) - mort le 23 février 1848 à Washington
John Quincy Adams a eu par ailleurs
une remarquable carrière
de diplomate, puis, à l’expiration de son mandat présidentiel,
de député.
Né à Braintree (actuellement Quincy) dans le Massachusetts,
fils aîné du deuxième président des États-Unis,
John Adams, il fut fortement influencé dans son enfance par
les prises de position de son père au cours de la révolution
américaine et par la haute valeur intellectuelle de sa mère.
En suivant son père dans ses voyages à Paris et à Leyde,
il étudie et il acquiert non seulement une bonne connaissance
du français et du hollandais, mais aussi le goût de sa
carrière future. Dès 1781, âgé de quatorze
ans, il accompagne en Russie, comme secrétaire et interprète,
l’envoyé officiel des États-Unis, et rejoint son
père à Paris en 1782 après être passé par
la Scandinavie, le Hanovre et la Hollande. De retour au Massachusetts,
il étudie à Harvard, dont il est diplômé en
1787, devient avocat et se lance dans le journalisme politique, réfutant
les thèses de Thomas Paine sur les droits de l’homme et
soutenant la politique de neutralité de George Washington dans
le conflit franco-anglais ; il attire ainsi l’attention
de Washington qui, en 1794, l’envoie comme ambassadeur en Hollande,
puis, en 1796, au Portugal. Son père, devenu président,
le nomme ensuite ambassadeur en Prusse.
En 1801, avec l’arrivée au pouvoir de Jefferson, Adams
quitte la diplomatie pour se lancer dans la politique aux côtés
des fédéralistes ; il est élu en 1802 au
Sénat du Massachusetts, puis, en 1803, sénateur du Massachusetts
au Sénat fédéral. Considéré à l’intérieur
de son parti comme « ingouvernable » en raison
de son indépendance d’esprit et de son refus d’appartenir à une
coterie, il vote souvent avec les démocrates. C’est ainsi
qu’il soutient la politique d’embargo commercial de Thomas
Jefferson à laquelle s’opposent les fédéralistes
de Nouvelle-Angleterre, approuve avec les démocrates le rachat
de la Louisiane, mais rejoint les fédéralistes contre
une loi autorisant le Président à faire contrôler
ce nouveau territoire par des fonctionnaires choisis par lui et ne
dépendant que de lui. En 1808, à la fin de son mandat
de sénateur, les fédéralistes désignent
un autre candidat ; Adams retourne à la diplomatie, en
même temps qu’il se rapproche du parti démocrate.
En 1809, James Madison l’envoie comme ambassadeur en Russie,
puis comme négociateur du traité de Gand qui met un terme à la
guerre anglo-américaine de 1812. En 1817, James Monroe le nomme
secrétaire d’État ; en jouant un rôle
majeur dans l’acquisition de la Floride, en définissant
les nouvelles frontières des États-Unis vers le nord
et l’ouest, Adams est en fait un des auteurs, et non des moindres,
de la « doctrine de Monroe », promulguée
en 1823. Comme pour Madison et Monroe, le secrétariat d’État
pouvait constituer un bon tremplin vers la présidence. Fier,
indépendant, réservé, Adams fait peu d’efforts
pour obtenir des voix face à des opposants d’envergure.
Aucun n’ayant obtenu la majorité, la Chambre effectue
son choix parmi les trois premiers élus. Adams est désigné,
grâce au soutien de Henry Clay, qu’il nommera secrétaire
d’État aux Affaires étrangères, suscitant
ainsi l’opposition irrémédiable des jacksoniens
qui l’accusent de corruption.
Malgré un ambitieux programme de développement des arts
et des sciences, notamment par la création d’une université nationale
et d’observatoires astronomiques, la présidence de Quincy
Adams est souvent considérée comme un échec. Son
interprétation libérale de la constitution lui vaut notamment
l’opposition des vieux nordistes comme celle des sudistes qui
craignent qu’elle n’aboutisse dans l’avenir à l’abolition
de l’esclavage. L’opposition virulente des partisans de
Jackson, la personnalité d’Adams et les circonstances
l’empêchent de vraiment remplir les deux rôles critiques
du président, comme chef de parti et comme chef législatif.
Si son parti contrôle la Chambre des représentants, l’opposition
domine le Sénat, et une simple proposition du président,
comme celle de l’autoriser à envoyer une mission d’observation
au congrès de Panamá des nations latino-américaines,
provoque de véritables troubles. Adams se refuse d’ailleurs à utiliser
le patronage (nomination de ses amis à des postes de responsabilité)
qui lui permettrait de lutter contre l’opposition du Congrès,
s’aliénant ainsi ses amis et encourageant ses ennemis.
Après l’élection de Jackson à la présidence
en 1828, Adams se retire à Braintree pour une brève période :
en 1830, il est élu à la Chambre des représentants
et y demeurera dix-huit ans, sans pour autant avoir renoncé à l’espoir
d’une réélection à la présidence.
Cette carrière de député est aussi importante
que les deux autres : opposé à l’extension
de l’esclavage et abolitionniste de cœur, il oriente désormais
toute son action dans un sens favorable aux Noirs. En 1839, il propose
un amendement constitutionnel prévoyant que tout enfant né après
le 4 juillet 1842 naîtrait libre et qu’aucun nouvel État,
sauf la Floride, ne pourrait entrer dans l’Union s’il était
esclavagiste ; enfin le district de Columbia ne pourrait plus
accueillir d’esclaves ni de commerce d’esclaves à partir
de 1845. En dépit de l’opposition des États du
Sud qui réussissent à empêcher toute discussion
de ses propositions, il se fait résolument l’écho
de tous ceux qui, au Nord, lui adressent des pétitions contre
l’esclavage. En 1844, le blocage d’un débat sur
l’esclavage réalisé par les États du Sud
depuis 1839 est enfin levé par 108 voix contre 80. Défenseur
des esclaves africains révoltés en fuite sur le bateau
Amistad, Adams obtient leur libération contre la volonté présidentielle.
Alors qu’il proteste, une fois encore, contre « l’injuste
guerre » qui a opposé les États-Unis au Mexique,
John Quincy Adams s’écroule en pleine séance à la
Chambre, foudroyé par une attaque. Il meurt deux jours plus
tard au Capitole.
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1829 - 1835
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ANDREW JACKSON
Né le 15 mars 1737 à Waxhaw
(Caroline du Sud) - mort le 8 juin 1845 à Hermitage (Tennessee)
Issu d'une famille d'immigrants établie sur la frontière
ouest de la Caroline du Sud, il participa à la guerre de l'Indépendance
américaine dès l'âge de treize ans. Il devint avocat à l'âge
de vingt ans, puis procureur à Nashville, au Tennessee, État
dont il fut le premier représentant au Congrès fédéral.
Entre 1797 et 1798, il siégea à la Chambre des représentants
puis au Sénat. De 1798 à 1804, il fut juge à la
Cour suprême du Tennessee. En 1802, Jackson fut élu major
général de la milice au Tennessee. Au cours de la guerre
anglo-américaine, de 1812 à 1815, il écrasa les
Indiens creeks, alliés des Britanniques. Sa victoire à la
Nouvelle-Orléans, en janvier 1815, sur l'armée britannique
fit de lui un héros national. Il combattit également,
en 1818, les Indiens séminoles, poussant jusqu'en Floride, alors
terre espagnole (voir Séminoles, guerres). En 1821, il fut élu
gouverneur, puis, en 1823, sénateur de Floride (cédée
par l'Espagne aux États-Unis en 1819). Après un premier échec à l'élection
présidentielle de 1824, il devint, en 1828, le 7e président
des États-Unis, soutenu par le nouveau parti démocrate.
Son élection marqua une profonde rupture avec l'idéalisme
de Thomas Jefferson. Comme ce dernier, il utilisa le spoils system
(« système des dépouilles »), attribuant à son
parti tous les postes administratifs, mais il dirigea le pays de manière
autoritaire et témoigna constamment d'un grand réalisme.
Dans le conflit qui opposait les industriels de l'Est à ceux
de la Caroline du Sud sur le libre-échange, il trouva un compromis,
en 1832, qui prévoyait une réduction progressive des
droits de douane. Il sut ainsi affirmer l'autorité du gouvernement
fédéral face aux menaces de sécession de la Caroline
du Sud et entraîna les États-Unis sur la voie du capitalisme
libéral. Vis-à-vis des Indiens, sa politique consista à les
déplacer de l'est à l'ouest du Mississippi.
Réélu en 1832, il dut affronter, à partir de
1834, l'opposition des whigs, qui critiquaient ce qu'ils appelaient
la tyrannie du « roi Andrew ». Jackson contribua de fait à renforcer
la présidence américaine ; son autoritarisme accrut le
prestige de la fonction présidentielle. En usant de son droit
de veto législatif, il répudia la tradition établie
par George Washington selon laquelle le veto était un vestige
de la monarchie que les présidents d'une République ne
devaient utiliser que parcimonieusement. À l'échéance
de son second mandat, en 1836, Jackson fit élire à la
présidence son vice-président Martin Van Buren, conservant
ainsi une influence politique indirecte. C'est pourquoi la période
1825-1840 fut dénommée l'« ère de Jackson ».
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1835 - 1840
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MARTIN VAN BUREN
Né le 5 décembre 1782 à Kinderhook
(new York) - mort le 24 juillet 1862 à Kinderhook
Avocat, il connut une ascension politique
rapide. Il siégea
au Sénat de l’État de New York de 1812 à 1820
et fut ministre de la Justice de ce même État de 1816 à 1819,
avant d’accéder, en 1821, au Sénat américain.
Il
devint le chef de l’Albany Regency, groupe d’influence
fidèle du démocrate Andrew Jackson, qui parvint à faire élire
ce dernier à la présidence en 1829. Nommé secrétaire
d’État par Jackson puis vice-président, il fut
désigné à l’investiture présidentielle
de 1836 grâce au soutien enthousiaste de ce dernier. Tirant bénéfice
des dissensions au sein du parti adverse, le parti whig, il fut élu à une
forte majorité, devenant ainsi le premier New-Yorkais à entrer à la
Maison-Blanche.
D’emblée, Van Buren dut faire face à une grave
crise économique et financière ; manquant d’initiative,
il s’aliéna une partie du soutien de son parti. À l’élection
présidentielle de 1840, il perdit en faveur de William Henry
Harrison
En 1844, le Parti démocrate lui refusa l’investiture
présidentielle en raison de son opposition à l’annexion
du Texas. Aussi Van Buren quitta-t-il quatre ans plus tard le Parti
démocrate, de plus en plus proesclavagiste, et accepta l’investiture
présidentielle du tout jeune Free-Soil Party, mais il fut très
largement battu.
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1840 - 1841
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WILLIAM HENRY HARRISON
Né le 9 février 1773
à bBerkeley (Virginie) - mort le 4 avril 1841 à Washington
Né dans le comté de Berkeley
(Virginie) au sein d'une famille riche et très influente, il
poursuivit une carrière militaire et politique favorisée
par ses relations familiales, et accéda au poste de gouverneur
de l'Indiana. Deux succès militaires, contre les Indiens Shawnee
en 1811 et au cours de la guerre anglo-américaine en 1812, éclairèrent
un parcours assez terne. Ils suffirent cependant à convaincre
les dirigeants du Parti républicain de choisir ce général
vieillissant pour candidat à l'élection présidentielle
de 1840. Harrison fut élu au terme d'une campagne agressive
de son parti, qui chercha à discréditer son adversaire.
Il mourut le 4 avril 1841, un mois après le début de
son mandat.
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1841 - 1845
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JOHN
TYLER
Né le 29 mars 1790 dans le
Comté de Charles City (Virginie) - mort le 18 janvier 1862 à Richmond
(Virginie).
Ce fils de gouverneur entra dans la
politique après des études
de droit et défendit les principes fédéralistes
de Thomas Jefferson. Gouverneur de Virginie, puis sénateur démocrate
en 1827, il s'opposa au chef de son parti, Andrew Jackson, et préféra
démissionner du Sénat deux ans plus tard tout en ralliant
les whigs. Choisi comme vice-président par William Henry Harrison
après la victoire des conservateurs, il remplaça ce dernier
lorsqu'il décéda un mois après son investiture.
Cependant, contrairement aux attentes, Tyler se refusa à mener
la politique souhaitée par les whigs. Au terme d'une grave crise,
où il fut menacé de perdre son mandat, il parvint à affirmer
sa fonction de président non directement élu par le peuple,
et fit aboutir deux grandes réalisations : le traité de
Webster-Ashburton (1842), qui mit fin au conflit de la frontière
nord-ouest, et l'annexion du Texas (1845).
Il ne se présenta pas aux élections suivantes, malgré le
soutien des démocrates, mais continua de militer pour le droit
des États. Membre de la convention de Virginie à l'aube
de la guerre de Sécession, il vota pour le retrait de l'Union
et servit brièvement aux côtés des sudistes avant
de mourir à Richmond le 18 janvier 1862.
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1845 - 1849
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JAMES K. POLK
Né le 2 novembre 1795 dans
le Comté de Mecklenburg (Caroline du Nord) - mort le 15 juin
1849 à Nashville (Tennessee)
Fervent partisan du président Andrew Jackson, Polk gravit rapidement
les rangs du parti démocrate du Tennessee. Entre 1825 et 1839,
il fut membre de la Chambre des représentants ; il en fut le
porte-parole de 1836 à 1839. Polk était si peu connu
que les whigs firent de « Qui est James K. Polk ? » le
slogan de leur campagne. Élu en 1844, à quelques milliers
de voix près, contre Henry Clay, il suscita de vives controverses
par sa politique intérieure et surtout extérieure.
Son projet
de séparer les finances publiques des banques eut
pour conséquence de laisser les banquiers sans contrôle.
Le Walker Tariff Act de 1846, du nom du secrétaire des Finances
Robert J. Walker, favorisa le Sud aux dépens de la nation dans
son ensemble. Farouche partisan de la doctrine de Monroe et résolument
expansionniste, Polk fut néanmoins contraint d'accepter que
les territoires américains s'arrêtent au 49e parallèle,
la frontière actuelle entre l'État de Washington et la
Colombie-Britannique, et non au 54e parallèle comme il l'aurait
souhaité.
En 1846, Polk engagea les États-Unis dans la guerre contre
le Mexique (voir Américano-mexicaine, guerre), qui permit l'annexion
de la Californie, du Nevada, de l'Utah, de l'Arizona et du Nouveau-Mexique
(traité de Guadalupe Hidalgo, 1849).
Pour les nordistes, cette
guerre n'était rien d'autre qu'un
complot sudiste dont le but était d'étendre l'esclavage
sur de nouveaux territoires qu'il fallait prendre au Mexique. Certains
sudistes, comme Alexander H. Stephens, rejoignirent les whigs du Nord
comme Abraham Lincoln pour condamner les méthodes de Polk. L'opposition
des whigs et des démocrates du Nord amena Polk à ne pas
se représenter.
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1849 - 1850
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ZACHARY TAYLOR
Né le 24 novembre 1784 en
Virginie - mort le 9 juillet 1850 à Washington
Fils d'un officier
de la guerre de l'Indépendance, Zachary
Taylor se distingua lors de la guerre de 1812 contre les Anglais, puis
participa à la guerre contre la tribu indienne des Black Hawk.
Il vainquit enfin les Séminoles en Floride, lors de la bataille
du lac Okeechobee, ce qui lui valut d'être promu général.
Durant
la guerre américano-mexicaine, Taylor, devenu général
de division, s'empara de Matamoros et de Monterrey (21 septembre 1846).
Une partie de ses troupes dut rejoindre le général Winfield
Scott au Mexique central, mais les 22 et 23 février 1847, Taylor
réussit à mettre en déroute, à Buena Vista,
les forces, pourtant supérieures en nombre, du président
mexicain Antonio López de Santa Anna ; une prouesse qui en fit
un héros national.
Taylor qui ne disposait pourtant que de peu
d'expérience en
politique fut choisi comme candidat des whigs à l'élection
présidentielle de 1848, élection qu'il remporta, devenant
le 12e président des États-Unis. L'administration Taylor
rencontra de graves difficultés. Pour mettre fin à l'avancée
britannique en Amérique centrale, elle conclut le traité de
Clayton-Bulwer (1850), accord qui fut impopulaire. Bien qu'esclavagiste,
il demanda l'admission de la Californie abolitionniste et rejeta le
compromis d'Henry Clay devant équilibrer le rapport de force
entre États abolitionnistes et esclavagistes, se déclarant
prêt à utiliser la force pour empêcher toute sécession.
Cette position lui valut l'hostilité des whigs du sud. Taylor
tomba malade en pleine controverse et mourut le 9 juillet 1850. Dès
lors, plus rien ne pouvait entraver l'adoption du compromis de 1850.
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1850 - 1852
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MILLARD FILMORE
Né le 7 janvier 1800 à Finger
Lakes (New York - mort le 8 mars 1874
Avocat au barreau de Buffalo, il représenta l'État de
New York au Congrès, de 1833 à 1835 et de 1837 à 1843.
En 1849, il fut élu vice-président de Zachary Taylor.
Durant la crise provoquée par la question de l'esclavage en
1850, bien qu'anti-esclavagiste, il défendit une solution de
compromis entre le Nord et le Sud, s'opposant ainsi à Taylor. À la
mort de ce dernier, en juillet 1850, il devint Président et
utilisa son pouvoir pour soutenir le compromis. Battu lors de l'élection
présidentielle de 1856, il prit position en faveur de l'Union
durant la guerre de Sécession mais n'en critiqua pas moins la
politique menée par Abraham Lincoln.
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1852- 1857
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FRANKLIN PIERCE
Né le
23 novembre 1804 à Hillsboro (New Hampshire) - mort le 8 novembre
1869 dans le même état
Il était le fils d'un général qui se distingua
pendant la guerre de l'Indépendance américaine et qui
fut par la suite gouverneur du New Hampshire. Avocat à Hillsboro
puis à Concord, membre du parti démocrate, Pierce fut élu
au Congrès en 1833 et devint sénateur en 1837. Adversaire
des abolitionnistes, il démissionna du Sénat et revint
s'établir à Concord, où il fut l'un des chefs
du parti démocrate pour le New Hampshire.
Sa participation en qualité de général à la
guerre américano-mexicaine et son soutien sans réserve
aux termes du compromis de 1850 applicables au Nord et au Sud lui permirent
de se faire accepter par le Sud et d'être choisi comme candidat
démocrate à la présidence, à laquelle il
fut élu en 1852.
Accablé par des drames familiaux dès les débuts
de son mandat, il ne parvint pas à imposer son autorité,
notamment au Congrès, et ses positions favorables aux États
esclavagistes, qui l'amenèrent à ratifier en 1854 le
compromis du Kansas-Nebraska (modifiant une disposition de 1820 prohibant
l'esclavage au nord du 36e parallèle), lui attirèrent
une certaine popularité dans les États du Sud, mais accentuèrent
les dissenssions entre le Sud et le Nord qui devaient conduire à la
guerre de Sécession. En politique étrangère, il
poursuivit une tactique expansionniste, manifestant les visées
américaines sur l'Alaska, Hawaii et Cuba. Au terme de son mandat,
Pierce ne reçut pas l'investiture de son parti pour se représenter.
Il sortit de sa retraite politique pendant la guerre de Sécession,
pour critiquer la politique du président Lincoln.
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1857 - 1861
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JAMES BUCHANAN
Né le
23 avril 1791 dans le Comté de Franklin (Pennsylvanie) - mort
le 1er juin 1868 à Wheatland dans le même état.
Après des études universitaires, il poursuit sa formation
de chercheur à l’université de Chicago où il
obtient un doctorat en 1948. De 1957 à 1967, professeur à l’université de
Charlottesville en Virginie, il dirige le Centre Thomas Jefferson d’études
d’économie politique et de philosophie sociale qu’il
avait fondé avec l’économiste Warren Nutter. Dix
ans après Milton Friedman, fondateur de l’école
de Chicago, douze ans après Friedrich von Hayek, vénéré par
les « Autrichiens » de l’école de
Vienne, Buchanan obtient le prix Nobel d’économie le 16
octobre 1986, alors qu’il poursuit sa carrière dans la
petite université George Mason à Fairfax, près
de Washington (Virginie).
À
l’interférence de l’économie et de la science
politique, James Buchanan publiera en 1975 The Limits of Liberty, between
Anarchy and Leviathan, qui présente cette idée force
de la conception libérale, selon laquelle la justice sociale
ne s’apprécie pas aux résultats obtenus (par exemple,
une plus grande égalité des revenus), mais à la
justice des règles qui ont permis d’obtenir le résultat.
L’ensemble de ses travaux sont réunis dans un ouvrage
connu sous le nom de Public Choice, une théorie des prises de
décisions économiques dans le secteur public.
Jusqu’alors, la théorie de l’État-providence
analysait comment les autorités publiques compensaient les imperfections
du marché, chaque fois que l’équilibre entre l’offre
et la demande ne s’établissait pas automatiquement. Les
décisions politiques n’intervenaient alors que pour corriger
certains aléas de la conjoncture.
De même, les « théories politiques de la stabilisation »,
qu’elles aient une empreinte keynésienne ou monétariste,
justifiaient l’action des autorités publiques dans leur
poursuite d’objectifs socio-économiques, tels l’emploi,
la lutte contre l’inflation ou le taux de croissance. Elles avaient
persuadé les Occidentaux que le capitalisme pourrait être
sauvé par l’intervention de l’État.
Buchanan, et avec lui d’autres chercheurs du Centre d’études
des choix publics qu’il a fondé à Blacksburg, sur
le campus de l’université de Virginie, rejettent cette
vision de la vie politique. L’État lui-même n’est
selon eux qu’une mystification : il n’est pas « économiquement
vierge » puisqu’il produit du transport, de la santé,
de l’éducation. Même ses fonctions les plus « régaliennes »,
telles la justice et la défense, sont en réalité des
productions.
L’ouvrage qui révéla à la communauté scientifique
l’attaque de James Buchanan contre les hommes politiques et la
politique économique qu’ils entendent mener, The Calculus
of Consent, sera écrit dès 1962 avec la collaboration
de Gordon Tullock. Les travaux des deux auteurs reposent sur un postulat
simple : les individus, faisant preuve d’égoïsme
sur les marchés, ne peuvent guère se comporter différemment
dans la vie politique. On peut donc transposer, sur le plan politico-administratif,
l’explication du comportement économique des individus
sur les marchés. Les hommes politiques, comme les partis ou
les administrations, loin d’être les défenseurs
de l’intérêt public, n’agissent qu’en
fonction de leur propre intérêt. Ils « travaillent » essentiellement à leur
propre réélection pour parvenir à des positions
de force ou pour bénéficier de la plus grande part possible
du budget. L’État ne serait alors qu’une coalition
d’intérêts privés, corporatifs, voire un
moyen de promotion pour les hommes politiques.
Le mobile électoral devient au monde politique ce que le profit
est à l’entrepreneur traditionnel. En conséquence,
il ne faudra choisir l’État que lorsque la solution du
marché sera réellement plus onéreuse que celle
de l’intervention publique. Buchanan renoue ainsi avec la tradition
des « économistes-philosophes » qui, depuis
Adam Smith et Bastiat, veulent éliminer toutes les entraves
qui empêchent l’individu d’agir librement. Nos difficultés économiques
ne seraient pas aujourd’hui le résultat d’une faillite
de l’économie de marché, mais seulement celle de
nos mécanismes politiques.
À
partir de cette analyse, Buchanan étudie le rapport entre les
dépenses publiques et les impôts, et explique que les
décisions politiques s’élaborent selon un « principe
d’unité ». C’est ainsi que les décisions
concernant le financement des équipements collectifs résulteraient
en fait d’accords volontaires entre les citoyens. Ils détermineraient
leur vote en comparant l’avantage personnel qu’ils pensent
obtenir de telle ou telle mesure collective à ce qu’il
leur en coûtera sous forme d’impôt.
Buchanan, que l’on qualifie souvent d’« ultralibéral »,
aura eu une profonde influence sur la politique de son époque. « Lorsqu’on écrira
l’histoire de la présidence Reagan, on reconnaîtra
que beaucoup lui est dû », notait Manuel H. Johnson,
le vice-président de la Réserve fédérale
américaine. À l’heure où triomphent aux États-Unis
les règles de l’économie de marché et le
principe du désengagement de l’État, il n’est
pas étonnant que les idées de Buchanan aient séduit
le président Reagan au point de lui faire réclamer un
amendement à la Constitution pour rendre l’équilibre
budgétaire obligatoire. Déjà, en 1985, les travaux
de Buchanan furent à l’origine de la loi Gramm-Redman-Hollings
prescrivant une réduction progressive du déficit budgétaire
américain, jugé à l’origine de la surévaluation
du dollar, du déficit de la balance commerciale ainsi que des
tensions sur le système monétaire international. « La
classe politique, dit Buchanan, est plus disposée à dépenser
qu’à créer de nouveaux impôts, et c’est
pourquoi les déficits se creusent. »
James Buchanan (dont il convient de citer par ailleurs deux autres
ouvrages : Public Finance in the Democratic Process, 1966 ;
The Power of Tax, 1980) a été jusqu’en 1985 le
président de la Société du mont Pèlerin,
véritable sanctuaire de la foi libérale.
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1861 - 1865
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ABRAHAM LINCOLN
Né le
12 février 1809 dans le Comté de Hardin (kentucky) - mort
ke 14 avril 1865 à Washington
Ses parents, Thomas Lincoln et Nancy
Hanks Lincoln, étaient
des gens simples et modestes, sans instruction. Ils vécurent
au Kentucky jusqu’à ce qu’Abraham eût sept
ans. L’enfant fréquenta des écoles de fortune et
y reçut une première instruction, dont la durée
totale n’excéda pas un an. Toutefois, pendant cette courte
période, il apprit à lire, à écrire et
il acquit des notions simples d’arithmétique.
En 1816, Thomas Lincoln se rendit en Indiana, de l’autre côté de
l’Ohio, vers le nord. Il s’installa dans le sud-ouest du
territoire qui allait se constituer en État avant la fin de
l’année. La population était très clairsemée
dans un pays couvert d’une forêt dense. Le jeune Lincoln
commença à travailler, abattant des arbres et coupant
du bois de chauffage.
Deux ans après le déménagement, Nancy Hanks Lincoln
mourait. Un an plus tard, Thomas Lincoln se remaria avec Sarah Bush
Johnston, à qui Abraham voua une affection profonde et durable.
Les Lincoln vécurent dans l’Indiana, de 1816 à 1830.
Abraham travaillait pour son père et pour des voisins ;
une fois, il aida à conduire un bateau chargé de produits
agricoles sur l’Ohio et le Mississippi jusqu’à La
Nouvelle-Orléans.
En 1830, Thomas Lincoln alla s’établir dans l’Illinois
où la terre était, à juste titre, réputée
fertile. Il défricha du terrain près de la rivière
Sangamon à seize kilomètres à l’ouest de
la ville actuelle de Decatur. Au bout d’un an, le jeune Lincoln,
alors âgé de vingt-deux ans, décida de mener une
existence indépendante. Il travailla d’abord comme matelot
sur un bateau allant à La Nouvelle-Orléans, puis s’installa
sur la frontière dans le village de New Salem, à une
trentaine de kilomètres au nord-ouest de Springfield. Il fut
successivement garçon meunier, commis de magasin, propriétaire
de magasin (il s’y ruina) et receveur des postes. Il s’engagea
dans la guerre de Black Hawk en 1832 (soulèvement des Indiens
dans le nord de l’Illinois) et servit pendant trois mois. À son
retour, il se présenta aux élections législatives
de l’État, mais il essuya un échec. Quand il en
avait la possibilité, il étudiait la grammaire, la géométrie
et le droit dont il voulait faire sa profession.
En 1834, Lincoln se représenta aux élections législatives
et, cette fois, il fut élu. Il allait participer à quatre
sessions en tout, sans marquer profondément la vie de l’État,
encore qu’il fût partisan d’un programme d’améliorations
internes (un réseau de canaux, de chemins de fer et de routes)
qui appauvrit l’Illinois pour dix ans, et qu’il jouât
un rôle important dans le déplacement de la capitale de
Vandalia à Springfield.
Au printemps de 1837, Lincoln fut reçu au barreau de l’Illinois.
Il alla s’installer à Springfield où il commença à exercer.
Cependant, il s’intéressait toujours beaucoup à la
politique. Après avoir goûté de la législature
de l’Illinois, il aspirait à une situation plus élevée :
la Chambre nationale des représentants. Élu dans l’été de
1846, il n’occupa son siège qu’en décembre
1847. À cette époque, la guerre du Mexique battait son
plein. Lincoln estimait que cette guerre était inconstitutionnelle
et immorale, et il s’y opposa vigoureusement bien qu’il
votât régulièrement l’envoi de troupes au
combat. Son attitude irrita violemment ses électeurs, dont la
plupart étaient d’ardents patriotes. Il ne se représenta
pas aux élections ; d’ailleurs il n’aurait
pu être réélu.
Après avoir siégé au Congrès, Lincoln retourna à Springfield
bien décidé à se consacrer sans réserve à sa
profession. Il acquit rapidement un certain renom, se constituant une
clientèle nombreuse à Chicago comme dans le centre de
l’État où il vivait.
Lincoln aurait pu n’être, toute sa vie, qu’un avocat
célèbre sans plus, s’il n’y avait eu un tournant
décisif de la politique nationale. Pendant de nombreuses années,
l’existence de l’esclavage dans les États du Sud
avait été un facteur de division nationale. Dans l’ensemble,
les habitants des États du Nord acceptaient que le Sud gardât
son « institution particulière » tant
qu’elle restait dans le cadre des limites existantes. En 1830,
quand le Missouri, hors de ces limites, sollicita son admission dans
l’Union en conservant l’esclavage, une division de la nation
parut imminente. À la dernière minute intervint ce qu’on
a appelé le compromis du Missouri. Le Missouri était
admis en tant qu’État, mais avec la stipulation que l’esclavage
ne pénétrerait pas dans le territoire situé au
nord d’une ligne est-ouest allant de la frontière méridionale
du Missouri au Pacifique.
Vingt-quatre ans plus tard, le sénateur Stephen A. Douglas
de l’Illinois, démocrate puissant et depuis longtemps
adversaire politique de Lincoln, proposa une mesure pour organiser
les territoires du Kansas et du Nebraska. Ce projet de loi dénonçait
explicitement le compromis du Missouri et donnait aux habitants de
ces territoires le droit de décider de la question de l’esclavage
pour eux-mêmes. Sous la forte pression de l’administration,
le Congrès vota cette loi. L’acte du Kansas-Nebraska rendit
furieux les adversaires de l’esclavage, dont Lincoln. Plus passionné qu’il
ne l’avait jamais été (selon ses propres dires),
il revint à la vie politique. Au début, il n’avait
d’autre dessein que d’aider à la réélection
du congressiste anti-Nebraska de son propre district, mais ses discours,
empreints d’une profondeur et d’une vigueur nouvelles,
lui valurent une audience beaucoup plus large.
Une carrière politiqueL’acte Kansas-Nebraska non seulement ramena Lincoln à la
vie politique, mais encore il aboutit à la formation du parti
républicain. Lincoln, jusqu’alors whig, adhéra
au nouveau parti et en devint vite le chef dans l’Illinois.
En 1858, le sénateur démocrate Stephen A. Douglas
se représenta aux élections. La Convention d’État
républicaine choisit Lincoln pour être son adversaire. À cette époque,
les sénateurs des États-Unis étaient élus
par les législatures des États et non au suffrage populaire.
La tâche des candidats consistait donc à assurer l’élection
de représentants et sénateurs d’État qui
leur fussent favorables. C’est à cette tâche que
s’attelèrent aussi bien Douglas que Lincoln au début
d’août. Rapidement, Lincoln défia Douglas dans une
série de conférences contradictoires. Douglas accepta
avec une certaine réticence. Le premier débat eut lieu à Ottawa
le 21 août, le septième et dernier à Alton
le 15 octobre. La plupart furent suivis par des milliers de personnes.
Des spectateurs encore plus nombreux furent présents aux réunions
de parti où chaque candidat parlait presque quotidiennement
entre les rencontres officielles.
Bien que les votes eussent accordé une majorité à Lincoln,
le découpage des circonscriptions électorales entraîna
la réélection de Douglas. Cependant, le compte rendu
complet et circonstancié des débats valut à Lincoln
une réputation nationale. Invité à parler le 27 février
1860 à la Cooper Union à New York, il prononça,
devant un auditoire qui incluait beaucoup de dirigeants de son parti,
le discours le plus important de sa carrière, terminant par
cette affirmation vibrante : « Ayons foi dans le fait que
le droit crée la force, et, dans cette foi, osons finalement
faire notre devoir tel que nous le concevons. »
La Convention nationale républicaine se réunit à Chicago
en mai 1860. La renommée et la popularité de Lincoln étaient,
en dépit du choix de son propre État, bien inférieures à celles
des autres dirigeants, notamment William H. Seward de l’État
de New York et Salmon P. Chase de l’Ohio. Mais ces hommes
s’étaient fait des ennemis au cours de leur longue carrière ;
Lincoln n’en avait point. Au troisième tour, les représentants
misèrent sur le « cheval tocard », et
Lincoln fut désigné comme le candidat du parti à la
présidence.
Un mois plus tard, le parti démocrate se scinda en deux factions
: l’une pour le Nord dirigée par Stephen Douglas, l’autre
représentant le Sud avec John C. Vreckinridge comme candidat.
Un nouveau parti qui prit pour programme la Constitution et l’Union
vint encore compliquer la situation. Grâce à cette division,
Lincoln l’emporta facilement aux élections du 6 novembre
1860. Il ne recueillit que 1 866 452 suffrages lors de la consultation
populaire sur un total de 4 682 069, mais dans l’institution
américaine particulière qu’est le Collège électoral,
il obtint 180 mandats électoraux contre 123 à ses
adversaires.
L’élection de Lincoln fut, pour les États du Sud, le signal
de la dissolution de l’Union. La Caroline du Sud, la première, promulgua
une ordonnance de sécession, le 20 décembre 1860. Six autres
suivirent avant même que Lincoln n’eût prêté serment
le 4 mars 1861. (Quatre autres États se retirèrent plus tard.)
Les représentants des États sécessionnistes se réunirent à Montgomery,
en Alabama, le 8 février 1861, se constituèrent en États
confédérés d’Amérique, créèrent
un gouvernement provisoire et élurent un président provisoire,
Jefferson Davis.
La lutte pour la reconstitution de l’Union
À
mesure que les États du Sud faisaient sécession, ils s’emparaient
des forts et autres établissements fédéraux situés
sur leur territoire. Fort Sumter, dans la baie de Charleston, résista.
Le 12 avril, les forces confédérées ouvrirent le feu
sur le fort qui se rendit deux jours plus tard. Lincoln répondit en faisant
intervenir la garde nationale, en demandant des volontaires et en proclamant
le blocus des ports sudistes.
Des armées se formèrent et s’équipèrent du
mieux qu’elles purent. La stratégie des confédérés était
claire ; leurs troupes devaient adopter des positions défensives
et repousser l’invasion. Le Nord voulait aller de l’avant. Le général
Winfield Scott, commandant les armées fédérales, et Lincoln
cédèrent à contrecœur à la pression de l’opinion. À la
mi-juillet, une armée fédérale, conduite par Irwin McDowell,
s’avança pour frapper les forces confédérées
disposées sur les rives du Bull Run, à quarante kilomètres
au sud-ouest de Washington. Il en résulta une défaite désastreuse
pour les troupes de l’Union.
L’échec du Bull Run fit brutalement prendre conscience au Nord du
fait que la guerre serait longue et difficile. Lincoln réclama un plus
grand nombre de volontaires et confia à un jeune général,
George B. McClellan, le soin d’organiser et d’entraîner
les armées de l’Est. Neuf mois passèrent avant que McClellan
ne bougeât. Puis il frappa à Richmond, alors capitale des confédérés,
en transportant ses troupes par mer dans la péninsule située entre
les rivières York et James. Il arriva en vue de Richmond, mais fut repoussé au
cours de violents combats qui lui causèrent de lourdes pertes.
C’est à Lincoln qu’incombait la responsabilité de choisir
les chefs militaires capables de remporter des victoires. Après l’échec
de McClellan, Lincoln essaya une série de commandants en chef : John Pope,
Ambrose E. Burnside, McClellan à nouveau, Joseph Hooker. Tous subirent
de graves défaites, sauf McClellan qui remporta une prétendue victoire à Antietam,
contraignant le général Robert E. Lee, chef de l’armée
confédérée de Virginie du Nord, à quitter le Maryland
et à se retirer en Virginie .
L’importance d’Antietam n’était pas seulement militaire.
Au début de l’été 1862, Lincoln avait décidé de
proclamer l’émancipation des Noirs. Des membres de son cabinet l’en
dissuadèrent, arguant du fait que, venant après une série
de défaites, un tel acte apparaîtrait comme une mesure de désespoir.
Mais la bataille d’Antietam, livrée le 17 septembre, pouvait être
considérée comme une victoire. Lincoln fit donc sa proclamation
le 22 septembre. Même si elle eut des résultats peu concluants,
elle donna une nouvelle dimension à la guerre. Jusque-là, il s’agissait
d’une guerre pour reconstituer l’Union ; désormais, ce
serait une guerre pour reconstituer l’Union et mettre fin à l’esclavage.
Pendant ce temps, les forces de l’Union dans l’Ouest avaient eu des
résultats autrement impressionnants que celles engagées à l’Est.
En février 1862, elles s’emparèrent de Fort Henry et de Fort
Donelson sur le Tennessee et sur le Cumberland. Les 6 et 7 avril, une armée
de l’Union, sous le commandement du général Ulysses S. Grant,
remporta la victoire à la sanglante bataille de Shiloh. Il visait alors
la forteresse confédérée de Vicksburg dans l’État
du Mississippi, qui empêchait l’Union d’utiliser le fleuve
sur la totalité de son cours. (La Nouvelle-Orléans était
déjà tombée.) Après une brillante campagne et un
long siège, Vicksburg capitula le 4 juillet 1863, un jour après
que le général George Gordon Meade et l’armée nordiste
du Potomac eurent battu Lee à Gettysburg, en Pennsylvanie.
Bien que Vicksburg et Gettysburg fussent toutes deux tenues pour des batailles
décisives, la guerre dura encore presque deux années. Dans l’Ouest,
les forces de l’Union subirent une défaite cuisante à Chickamauga
en septembre 1863, mais Grant, appelé pour diriger les troupes, rétablit
l’équilibre en remportant des victoires à Chattanooga et à Missionary
Ridge. Lincoln fut convaincu que ce général de l’Ouest était
son homme. Grant fut appelé à Washington où le président
lui confia le commandement de toutes les forces de l’Union. Grant choisit
de rester dans l’Est avec l’armée du Potomac ; les opérations
dans l’Ouest seraient confiées au général William
Tecumseh Sherman.
Avec l’entière approbation de Lincoln, un mouvement combiné fut
décidé pour le printemps de 1864. Grant se dirigerait par voie
de terre contre Richmond ; Sherman prendrait pour objectif Atlanta en Géorgie.
Les deux armées se mirent en marche dans la première semaine d’avril.
Toutes deux rencontrèrent une résistance opiniâtre et subirent
de lourdes pertes. Après six semaines de combats sanglants, Grant fut
tout près de prendre Richmond, mais il fut obligé de mettre le
siège devant la ville. Sherman atteignit les abords d’Atlanta au
début de juillet ; là, sa progression fut stoppée.
Tandis que la situation militaire se trouvait dans l’impasse, le parti
républicain, qui s’appelait alors le parti national de l’Union,
se réunit pour choisir un candidat aux élections présidentielles
de 1864. Les délégués désignèrent Lincoln,
mais avec réticence, car beaucoup d’entre eux auraient préféré quelqu’un
de plus agressif et de plus radical. Les démocrates, las de la guerre,
choisirent George B. McClellan, qui n’exerçait plus de commandement
depuis déjà longtemps. A la fin de l’été de
1864, Lincoln, lui-même, ne croyait pas qu’il lui fût possible
d’être réélu. Mais, subitement, la fortune des armes
changea de camp. Atlanta tomba le 1er septembre ; à peu près
au même moment, l’amiral David G. Farragut embouteilla le port
de Mobile dans l’Alabama. La victoire des nordistes paraissait soudain
plus proche qu’elle ne l’avait été pendant plus de
trois ans. Le 8 novembre, les électeurs accordèrent à Lincoln
la majorité qu’ils lui avaient refusée en 1860. Il l’emporta
de manière écrasante par 212 voix contre 21.
Sherman, qui était resté à Atlanta jusqu’au 15 novembre,
se mit en marche vers l’Est avec 60 000 hommes, pour une destination
que Lincoln lui-même ignorait. Les troupes dévastaient le pays,
privant ainsi les armées confédérées des ressources
qui leur étaient nécessaires. Sherman, qui ne rencontra guère
de résistance, pénétra dans Savannah, en Géorgie,
le 21 décembre 1864. Le 1er février 1865, il partit pour
le Nord avec l’intention de rejoindre Grant à Richmond. Après
une bataille unique mais violente (Bentonville), il atteignit Goldsboro en Caroline
du Nord, où il s’arrêta.
En 1865, le printemps arrivant, Grant déploya ses lignes pour couper les
dernières voies de chemin de fer approvisionnant Richmond. Lee, voyant
le piège se refermer, évacua la ville le 3 avril. Le lendemain,
Lincoln se rendit dans la capitale des confédérés et en
parcourut les rues sous les acclamations de milliers de Noirs affranchis.
Regroupant ses forces vers l’Ouest, Lee tenta d’échapper à ses
poursuivants, mais en vain. Le 8 avril, il se rendait à Grant. En
fait, c’était la fin de la guerre.
Une mort violente
Après sa visite à Richmond, Lincoln rentra à Washington.
Le 4 mars 1865, dans sa seconde adresse inaugurale, il avait indiqué la
voie qu’il suivrait une fois les hostilités terminées. « Sans
rancune contre personne, dit-il, avec de la charité à l’égard
de tous, avec constance dans ce qui est juste, luttons pour achever l’œuvre
dans laquelle nous sommes engagés ; panser les blessures de la nation,
s’occuper de celui qui a souffert des combats, de la veuve et de l’orphelin ;
faire tout ce qui est possible pour rétablir et maintenir une paix juste
et durable chez nous et avec toutes les nations. »
Mais il ne devait pas lui être donné de panser les blessures de
la nation. Le 14 avril 1865 au soir, alors qu’il se trouvait au théâtre,
un acteur à demi fou, John Wilkes Booth, tira sur lui ; il mourut
le lendemain matin et fut inhumé, le 4 mai 1865, à Springfield,
dans l’Illinois.
Le 4 novembre 1842, Lincoln avait épousé Mary Todd, une jeune
femme de Lexington dans le Kentucky, mariage qui n’alla pas toujours sans
heurts. Ils eurent quatre fils, dont, seul, l’aîné atteignit
l’âge adulte.
Avec peu d’expérience, Abraham Lincoln a apporté à la
présidence une rare alliance de bon sens, de tact, de patience, de détermination
et d’humanité. Sa conviction qu’il fallait maintenir l’Union
n’a jamais été ébranlée, non seulement parce
que c’était pour lui un devoir constitutionnel, mais aussi parce
que le maintien de l’Union démontrerait que la démocratie,
qui, pendant longtemps, avait été le rêve de philosophes
politiques, pouvait exister dans les faits comme forme de gouvernement. En même
temps, dans une série de documents officiels, il définit la démocratie
et sa portée avec une éloquence qui n’a jamais été dépassée.
Avec les moyens dont il disposait, il a porté un coup mortel à l’esclavage
aux États-Unis. Quelque réserves que l’on fasse à propos
du résultat de la proclamation d’émancipation, il est absolument
certain qu’après le 22 septembre 1862 cet esclavage était
condamné.
La vie de Lincoln tout entière symbolise la noblesse de l’âme
humaine. Il n’y avait pas place pour l’esprit de vengeance dans son
caractère. S’il avait vécu et s’il avait été au
pouvoir, il aurait admis à nouveau les États confédérés
au sein de l’Union sans sanctions et sans autre condition que l’acceptation
de l’abolition de l’esclavage. Si cette politique avait prévalu,
les États-Unis seraient peut-être une nation plus réellement
unie qu’aujourd’hui.
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1865 - 1868
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ANDREW JOHNSON
Né le
29 décembre 1808 à raleigh (Caroline du Nord) - mort le
31 juillet 1875 à Greenville (Tennessee)
Andrew Johnson s'installa en 1827 comme
tailleur dans la ville de Greenville au Tennessee. Populaire auprès des artisans de la
ville, il fut élu maire de Greenville en 1830. Élu démocrate à la
Chambre des représentants des États-Unis de 1843 à 1853,
il fut ensuite gouverneur (1853-1857) puis sénateur (1857-1862)
du Tennessee. Au Congrès, Johnson se fit le porte-parole des
fermiers, défendant le maintien de prix bas pour la vente des
terres de l'Ouest et luttant pour une réforme agraire.
Hostile à l'abolition de l'esclavage, Johnson soutint, en 1860,
la candidature à la présidence des États-Unis
du démocrate sudiste John C. Breckinridge contre le républicain
Abraham Lincoln. Pourtant, lorsque les États sudistes firent
sécession après l'élection de Lincoln, il s'opposa à ce
que le Tennessee se détache de l'Union et rallia finalement
le camp républicain durant la guerre de Sécession, seul
sénateur sudiste à rester loyal à l'Union.
Après la chute de Nashville, le président Lincoln le
nomma gouverneur militaire du Tennessee, en mars 1862. En 1864, les
républicains, désireux de réconcilier les deux
camps, présentèrent pour l'élection présidentielle
un tandem unioniste Lincoln-Johnson. Élu vice-président,
Johnson réunit une convention afin de constituer un nouveau
gouvernement pour le Tennessee et fit abolir l'esclavage dans l'État.
Après l'assassinat de Lincoln en avril 1865, Johnson accéda à la
présidence. D'abord populaire, il souleva l'opposition du Congrès
et du Parti républicain, lorsqu'il offrit une réhabilitation
sans condition aux anciens dirigeants confédérés
et permit aux États sudistes de refuser l'égalité politique
aux Noirs.
Choquée par l'établissement de règlements de
police fondés sur la discrimination raciale (les Black Codes),
la majorité républicaine refusa d'accueillir les députés
sudistes lorsque le Congrès se réunit en décembre
1865. La rupture fut consommée lorsque Johnson mit son veto à la
loi sur les droits civiques, tentant d'empêcher le vote du 14e
amendement, accordant l'égalité des droits politiques
aux Noirs (1866). En août 1867, le président fut démis
de ses fonctions, le ministre de la Guerre, le radical Edwin M. Stanton,
nommant pour le remplacer, le général Ulysses S. Grant.
Dès lors, le Congrès voulut destituer Johnson. Deux procédures échouèrent
successivement.
En 1868, Grant était nommé à la tête des
républicains et, lors de la convention tenue par les démocrates
pour la désignation de leur candidat, Johnson fut battu par
Horatio Seymour. Son mandat achevé, il regagna le Tennessee.
Il mourut quelques mois après avoir retrouvé un siège
de sénateur.
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1868 - 1877
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ULYSSE S. GRANT
Né le
27 avril 1822 à Point Pleasant (Ohio) - mort le 23 juillet 1885
à Mount McGregor (New York)
Elève de l'académie militaire de West Point,
il participa à la guerre du Mexique en tant qu'officier puis
retourna à la vie civile. Il reprit du service lors de la guerre
de Sécession, fut nommé colonel puis général
de brigade et s'illustra lors de la prise des forts Henry et Donelson
(février 1862). Vainqueur à Vicksburg (juillet 1863)
et à Chattanooga (novembre 1863), il fut nommé commandant
des forces de l'Ouest puis commandant en chef des forces nordistes.
Général de corps d'armée, il gagna la bataille
de Richmond et reçut la reddition du général Lee à Appomattox
(avril 1865). Secrétaire d'État à la Guerre sous
la présidence d'Andrew Johnson, il fut présenté par
le Parti républicain à l'élection présidentielle
de 1868 et fut élu contre le démocrate Horatio Seymour.
Mal préparé à ses fonctions, il ne sut pas s'opposer à la
corruption qui régnait dans son propre parti et, malgré sa
volonté sincère de contribuer à la reconstruction
des États du Sud, il n'obtint que des résultats modestes.
Réélu en 1872, il dut faire face à de nouveaux
scandales et vit dès 1873 la Chambre des représentants
passer à la majorité démocrate. À l'expiration
de son mandat, il se retira de la vie politique, jusqu'en 1879, où il
tenta en vain de se faire désigner comme candidat républicain à l'élection
présidentielle.
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1877 - 1881
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RUTHERFORD HAYES
Né le 4 octobre 1822 à
Delaware (Ohio) - mort le 17 janvier 1893 à fremont (Ohio)
Avocat, il s'opposa fermement à l'esclavage. Lorsque la guerre
de Sécession éclata, il rejoignit le 23e régiment
de l'Ohio et se distingua par ses compétences militaires, ce
qui lui valut d'être élu gouverneur de l'Ohio de 1868 à 1872
puis de 1876 à 1877.
Lors du décompte des votes de l'élection présidentielle
de 1876, Hayes sembla battu par le démocrate de New York, Samuel
J. Tilden, mais les républicains contestèrent les résultats
annoncés par quatre États (Caroline du Sud, Floride,
Louisiane, Oregon). Réuni en mars 1877, le Collège électoral
confirma finalement l'élection de Hayes. Ce dernier adopta rapidement
une politique conciliante envers le Sud. Il nomma à son cabinet
un ancien confédéré, appuya les démocrates
modérés du Sud et retira bientôt les dernières
troupes fédérales de la région. Mais ces concessions
lui aliénèrent de nombreux républicains. La réforme
de l'administration divisa plus encore le parti. L'application à l'administration
des douanes de New York d'un décret-loi interdisant à tout
titulaire fédéral d'une fonction de participer à la
gestion du parti se heurta à l'opposition de Roscoe Conkling,
dirigeant du parti à New York. Hayes parvint à mettre
en œuvre cette réforme, mais s'en trouva plus isolé encore.
Hayes considéra l'étalon-or comme étant un impératif
moral analogue au paiement de dettes. Une mesure de compromis pourtant
populaire, l'émission limitée de pièces d'argent
(le Bland-Allison Act de 1878), dut passer outre son véto, et
Hayes soutint fermement les efforts fructueux du secrétaire
des Finances, John Sherman, pour convertir en or les dollars de la
guerre de Sécession. Son mandat ne fut pas renouvelé en
raison de l'opposition de fractions importantes du parti républicain.
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1881
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JAMES GARFIELD
Né le
19 novembre 1831 dans le Comté de Cuyahoga (Ohio) - mort le
19 septembre 1881 dans le New Jersey
20e président des États-Unis (1881) qui, au cours de
son bref mandat, fit valoir ses prérogatives présidentielles à l'encontre
des revendications formulées par les responsables du Congrès.
Garfield
naquit dans l'Ohio, le 19 novembre 1831, où il fut élevé dans
la pauvreté. En 1858, il épousa Lucretia Rudolph et fut élu
membre du corps législatif de l'Ohio, l'année suivante.
Lorsqu'éclata la guerre de Sécession, il leva un régiment
pour se battre aux côtés de l'Union ; il soutenait les
idées de Lincoln et fit rapidement preuve d'un talent d'administrateur
et de chef militaire.
En janvier 1862, les troupes de Garfield mirent
l'armée confédérée
en déroute à Middle Creek, permettant à celui-ci
d'être promu au grade de général de brigade des
volontaires. La gloire militaire qu'il en tira et les résultats
qu'il obtint en matière de lutte contre l'esclavage lui valurent
d'obtenir un siège au Congrès, en 1863.
Lors de l'entrée de James G. Blaine au Sénat, en 1876,
Garfield lui succéda comme chef des républicains à la
Chambre. En 1880, alors que les factions républicaines se trouvaient
dans une impasse lors de la Convention nationale, il incarna un compromis évident
lorsque le parti eut à proposer un candidat à la présidence.
Les
luttes de factions au sein du Parti républicain marquèrent
la campagne de 1880 : Garfield fut élu président de justesse,
avec seulement 10 000 voix d'avance. Son gouvernement contribua à affirmer
le pouvoir présidentiel face au Congrès.
Mais son mandat
fut bref : en mars 1881, Charles Jules Guiteau, qui s'était vu refuser un poste au sein de l'administration américaine,
assassina Garfield.
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1881 - 1885
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CHESTER A. ARTHUR
Né le 5 octobre 1830
à Fairfield (Vermont - mort le 18 novembre 1886 à New
York
Fils de pasteur, ancien avocat, nommé
à la direction de Port de New York en 1871.
Abolitionniste modéré, il défendit plusieurs
esclaves fugitifs et devint rapidement un membre actif du parti républicain
de New York. Durant la guerre de Sécession, il fut l'intendant
général, chargé de fournir toute la logistique
aux volontaires. Arthur fut candidat à la vice-présidence,
aux côtés de James A. Garfield, candidat à la présidence
en 1880. Lorsque le président Garfield fut assassiné le
19 septembre 1881, il lui succéda à la Maison-Blanche.
Durant son mandat, il usa, à plusieurs reprises, de son droit
de veto, notamment contre une loi d'exclusion des Chinois.
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1885 - 1889
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GROVER CLEVELAND
Né le
18 mars 1837 à Cadwell (New Jersey) - mort le 24 juin 1908 à Princeton
(New jersey)
22e et 24e président des États-Unis d'Amérique
(1885-1889 et 1893-1897). Né à Caldwell (New Jersey),
avocat et membre du Parti démocrate, il fut élu maire
de Buffalo en 1881, et gouverneur de l'État de New York en 1885.
Dans l'exercice de ses fonctions, il se montra un adversaire résolu
de toute forme de corruption, et son refus des pratiques électoralistes
lui aliéna le soutien d'une fraction de son parti. Candidat à l'élection
présidentielle de 1885, il fut élu contre le républicain
James Blaine, grâce à l'appui des républicains
libéraux, séduits par sa réputation d'intégrité.
Premier président démocrate après un quart de
siècle de domination républicaine, il mena cependant
une politique conservatrice en matière sociale, et s'attacha
surtout à moderniser le système administratif, en combattant
la pratique des nominations partisanes. Partisan du libre-échange,
il s'opposa à la mise en place de tarifs douaniers sur les marchandises
importées. Son opposition au protectionnisme lui valut d'être
battu à l'élection présidentielle de 1888 par
le républicain Benjamin Harrison, mais il fut de nouveau élu
en 1893, dans un contexte de récession économique marqué par
une inflation galopante. Sous son deuxième mandat, sa politique
résolument anti-inflationniste et l'appui qu'il accorda aux
milieux industriels (notamment en 1894, lorsqu'il envoya la troupe
pour briser la grève des ouvriers de l'usine Pullman à Chicago)
lui firent perdre l'appui des démocrates. Il ne se représenta
pas à l'élection de 1897, et devint professeur à l'université de
Princeton.
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1889 - 1892
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BENJAMIN HARRISON
Né le 20 août
1833 près de North bend (Ohio - mort le 13 mars 1901 à Indianapolis
Ardent défenseur de la doctrine de Monroe. Petit-fils du président
William Henry Harrison, Benjamin Harrison adhéra très
vite au tout jeune Parti républicain. Général
nordiste pendant la guerre de Sécession, il participa à la
campagne d'Atlanta. En 1888, il vainquit le président sortant,
Grover Cleveland.
Son manque de charisme lui valut d'être isolé au sein
même du camp conservateur, et son administration n'eut pas la
tâche aisée. La stabilité économique fut
menacée à la suite du Bland-Allison Act de 1878, qui
obligeait le Trésor à acheter chaque mois pour 2 millions
de dollars de métal-argent destinés à la frappe
de monnaie. Alors que la valeur boursière de l'argent chutait,
le président tenta alors d'en limiter la frappe. Les avocats
de la libre-frappe forcèrent alors la signature d'un compromis,
le Sherman Silver Purchase Act (1890), selon les termes duquel le gouvernement
devait acheter plus d'argent mais en limiter la frappe. Cet achat obligea
alors à puiser dans les réserves d'or ; Harrison dut
deux fois faire face à un mouvement de panique en émettant
davantage de devises. L'adoption de tarifs protecteurs (McKinley Act,1890)
eut pour conséquence une poussée inflationniste qui le
rendit fort impopulaire.
Farouche défenseur de la doctrine de Monroe, Harrison réunit
la première conférence panaméricaine (1889), qui
permit de tisser de nouveaux liens commerciaux et diplomatiques entre
les États-Unis et les républiques indépendantes
d'Amérique du Sud. Il fut battu en 1893 par Cleveland.
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1892 - 1897
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1897 - 1901
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WILLIAM McKINLEY
Né le 29 janvier 1843 à
Niles (Ohio) - mort le 14 septembre 1901 à Buffalo (New York)
Avocat de formation, il devint un ardent
défenseur des tarifs
douaniers au Congrès, où il siégea comme représentant
du Parti républicain (1877-1891). Gouverneur de l'Ohio de 1892 à 1896,
il fut élu à la présidence des États-Unis
en novembre 1896. Sous son mandat, les États-Unis s'engagèrent
dans la guerre hispano-américaine, dont ils sortirent vainqueurs
et maîtres de Porto Rico et des Philippines, et adhérèrent
au système de l'étalon-or (1900). Réélu
facilement en 1900, McKinley tomba, au début de son second mandat,
le 6 septembre 1901, sous les balles d'un anarchiste, ce qui fit de
lui le troisième président américain assassiné.
Theodore Roosevelt, son vice-président, lui succéda.
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1901 - 1909
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THEODORE ROOSEVELT
Né le 27 octobre 1858 à
New York - mort le 6 janvier 1919 à Oyster Bay, Long Island
Issu d’une famille aristocratique de l’État de
New York, fils de banquier, Theodore Roosevelt entra tôt dans
la carrière politique. Il acquit une grande notoriété lorsqu’il
s’occupa de la réforme de la fonction publique (1889-1895),
puis du contrôle de la police de New York de 1895 à 1897.
Il s’attaqua à la corruption et à l’inefficacité qui
caractérisaient ce corps.
Devenu secrétaire adjoint à la Marine en 1897, il se
révéla partisan enthousiaste de la guerre contre l’Espagne
pour la libération de Cuba, bien avant le président McKinley
lui-même. Il s’engagea dès que le conflit éclata ;
lieutenant-colonel des volontaires de la cavalerie, il commanda le
fameux régiment des Rough Riders. Cet épisode militaire
embelli par la presse lui valut une popularité considérable
qu’il sut utiliser habilement par la suite dans sa carrière
politique.
Bénéficiant de solides appuis dans les milieux financiers
et industriels, il devint gouverneur de l’État de New
York, puis fut nommé candidat à la vice-présidence
de la République par l’appareil (machine) du Parti républicain
en 1900. L’assassinat du président McKinley, en 1901,
le porta à la présidence, à laquelle il fut réélu
en 1904.
Resté dans l’imagination populaire l’ennemi juré des
trusts, Theodore Roosevelt fut, en réalité, durant toute
sa carrière politique soutenu par les groupes financiers les
plus puissants de l’époque. Malgré ses déclarations
contre « les malfaiteurs du gros argent » et
certaines mesures antitrusts sans grand effet réel, les grandes
compagnies de chemins de fer, les compagnies bancaires et d’assurances étaient
associées à la gestion des affaires de l’État
et dûment représentées au sein même du cabinet
du président.
Au cours de son second mandat, Theodore Roosevelt fit voter un certain
nombre de mesures concernant la préservation des ressources
naturelles, le contrôle des tarifs de chemin de fer par le gouvernement
fédéral (Hepburn Act) et enfin toute une législation
protégeant l’hygiène des produits alimentaires
(Pure Food and Drug Act, 1906).
Ayant cessé d’être président, Theodore Roosevelt
joua un certain rôle diplomatique sur la scène internationale.
Il agit comme médiateur dans les négociations qui devaient
mettre fin à la guerre russo-japonaise en 1905 et se fit représenter à la
conférence d’Algésiras en 1906.
Passionné de chasse, grand ami de la nature, il participa activement à diverses
expéditions en Afrique ; il fit ensuite un long voyage à travers
l’Europe. Il se présenta de nouveau comme candidat à la
présidence en 1912, mais il se heurta à l’opposition
de l’appareil du Parti républicain, qui lui préféra
William Taft. Il fonda alors le Parti progressiste qui joua un rôle
important dans la vie politique de l’époque de Wilson,
président démocrate élu en 1912. Theodore Roosevelt,
dont les sympathies allaient aux Alliés, combattit notamment
la politique wilsonienne de neutralité ; il prôna
l’intervention des États-Unis dans le conflit mondial
en cours.
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1909 - 1913
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WILLIAM HOWARD TAFT
Né le 15 septembre 1857 à
Cincinnati (Ohio) - assassiné le 8 mars 1930 à Washington
Fils d'un responsable
politique local, Taft fit ses études
de droit à l'université Yale, devint avocat puis occupa
diverses fonctions dans l'appareil judiciaire, tout en travaillant à se
créer des amitiés politiques. Celles-ci lui valurent
d'être nommé gouverneur des Philippines en 1900 par le
président McKinley. Son administration avisée lui attira
l'estime du président Theodore Roosevelt, qui le nomma en 1904
au secrétariat d'État à la Guerre. À la
tête de cette administration, Taft supervisa le percement du
canal de Panamá et contribua à la modernisation de l'armée
américaine. Il intervint également dans les négociations
de paix qui suivirent la guerre russo-japonaise. Avec l'approbation
de Roosevelt, il se présenta comme candidat républicain à l'élection
présidentielle de 1908, et fut largement élu contre son
rival démocrate, William Jennings Bryan.
La présidence de Taft fut marquée par les divisions
constantes qui affectèrent le Parti républicain, partagé entre
une tendance conservatrice et une tendance progressiste. Bien qu'il
eût réussi faire voter le Payne-Aldrich Act sur les tarifs
douaniers en 1909, l'action de Taft fut sans cesse entravée
par l'absence au Congrès d'une véritable majorité,
et par l'opposition croissante de Roosevelt, qui finit par quitter
le Parti républicain pour rejoindre le Parti progressiste nouvellement
créé. À l'élection présidentielle
de 1912, Taft se porta de nouveau candidat, mais l'action de Roosevelt
permit la victoire du démocrate Wilson.
Après sa défaite, Taft devint professeur de droit à l'université de
Yale. En 1921, lors du retour des républicains au pouvoir, il
fut nommé par le président Harding président de
la Cour suprême, poste qu'il occupa jusqu'à sa démission
en 1930, quelques mois avant sa mort. Dans ces fonctions, Taft resta
fidèle à ses options conservatrices, orientant la jurisprudence
dans le sens de la défense de la propriété privée
et de la limitation des pouvoirs du gouvernement fédéral.
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1913 - 1921
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WOODROW WILSON
Né le 28 décembre 1856
à Staunton (Virginie) - mort le 3 février 1924 à Washington
Fils d’un pasteur presbytérien, Thomas Woodrow Wilson
entreprend des études de droit à l’université de
Princeton — dont il sort diplômé en 1879 — et
des études de sciences politiques à l’université Johns
Hopkins. Professeur d’université, il publie son premier
livre, Congressional Government (« le gouvernement du Congrès »,
1885), devenu un classique de l’analyse politique. Enseignant à Princeton
(à partir de 1890) puis président de l’université en
1902, il est élu gouverneur de l’État du New Jersey
en 1910. Choisi par le Parti démocrate comme candidat à l’élection
présidentielle de 1912, il mène une campagne progressiste
avec pour slogan New Freedom (« nouvelle liberté »).
Il est élu à la présidence, ayant tiré profit
de la division des républicains entre les candidatures de Theodore
Roosevelt (ancien président) et de William Howard Taft (président
sortant).
Durant son mandat, Thomas Woodrow Wilson, favorable à un pouvoir
exécutif fort, met en place un ambitieux programme démocratique
et économique. En politique intérieure, il instaure le
droit de vote féminin, met en place l’impôt sur
le revenu et permet l’élection des sénateurs au
suffrage universel. En économie, il parvient à faire
adopter l’Underwood Tariff Act (première baisse des impôts
depuis quarante ans), le Federal Reserve System (création de
douze banques fédérales facilitant le crédit),
et le Clayton Act (loi renforçant la législation antitrust).
En matière de politique étrangère, il renforce
la prédominance américaine sur le continent : occupation
d’Haïti (1915) ; expédition au Mexique contre le
révolutionnaire Pancho Villa (1916). En 1916, en plein cœur
de la Première Guerre mondiale, Wilson est réélu à une
large majorité, derrière le thème « Il nous
a préservés de la guerre ! ».
Mais, face à la guerre sous-marine à outrance menée
par les Allemands — causant notamment la destruction du paquebot
Lusitania —, ce pacifiste convaincu se résout à demander
au Congrès, le 2 avril 1917, de déclarer la guerre à l’Allemagne
: les États-Unis entrent dans la Première Guerre mondiale
le 6 avril 1917. Wilson organise l’effort de guerre, renforçant à cette
occasion l’intervention de l’État dans la vie économique,
et envoie des troupes combattre en France sous le commandement du général
Pershing durant l’été de 1918.
Le 8 janvier 1918,
le président Wilson formule un programme
définissant les objectifs de paix ; ces Quatorze points appellent
notamment à la fin du colonialisme, préconisent l’autodétermination
des peuples et proposent la création d’une Société des
Nations (SDN) pour assurer la paix. À la fin de la guerre, Wilson
part pour l’Europe et participe aux négociations qui aboutissent à la
signature du traité de Versailles (28 juin 1919).
Cependant, à son retour aux États-Unis, Wilson, affaibli
par la maladie, se heurte à un puissant courant isolationniste
; à deux reprises, en novembre 1919 et mars 1920, le Sénat
refuse de ratifier le traité de Versailles et se prononce contre
l’adhésion des États-Unis à la SDN. Wilson
quitte la Maison-Blanche en mars 1921, après la victoire écrasante
du candidat républicain conservateur, Warren Harding.
Thomas Woodrow
Wilson a reçu le prix Nobel de la paix en 1919.
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1921 - 1923
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WARREN GAMALIEL HARDING
Né le
2 novembre 1865 à Blooming Grove (Ohio) - mort le 2 août
1923 à San Francisco
Sénateur républicain de l'Ohio (1915), il fit campagne
contre Woodrow Wilson, et fut élu à la présidence
en 1920, sur le thème de l'isolationisme (« l'Amérique
d'abord ») et de la normalisation de la vie américaine.
Résolument protectionniste, il favorisa les grands trusts américains,
s'attacha à limiter l'immigration et se prononça contre
la SDN. Il se fit également l'ardent défenseur de la
prohibition. En 1922, il réunit, avec le Secrétaire d'État
Hughes, la Conférence de Washington sur le désarmement
naval, obtenant la limitation des tonnages par les grandes puissances.
Le
2 août 1923, alors que des rumeurs circulaient sur la corruption
de l'Administration, Harding mourut subitement à San Francisco.
C'est son vice-président Calvin Coolidge qui lui succéda.
Dans les mois suivants, des investigations menées par le Congrès
révélèrent de nombreuses irrégularités
au sein de plusieurs ministères, impliquant l'entourage d'Harding.
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1923 - 1928
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CALVIN COOLIDGE
Né le 4 juillet 1872 à
Plymouth (Vermont) - mort le 5 janvier 1933 à Northampton
Coolidge commença sa carrière d'avocat à Northampton,
dans l'État du Massachusetts, où il fut régulièrement élu
jusqu'à devenir lieutenant gouverneur (1916-1918), puis gouverneur
(1919-1920). La fermeté avec laquelle il s'opposa, en septembre
1919, à des grèves de la police à Boston, lui
valut d'être choisi par la Convention républicaine pour être
le candidat du parti à la vice-présidence des États-Unis
en 1920, aux côtés de Warren G. Harding.
À la mort de ce dernier, en 1923, Coolidge accéda à la
présidence. N'ayant pas été personnellement touché par
les scandales de l'administration Harding, Coolidge put aisément
obtenir la démission du procureur général, Harry
Daugherty, et imposer les réformes administratives qu'il jugeait
nécessaires.
Farouche partisan du libéralisme économique, Coolidge
s'attacha, tout en veillant à l'équilibre budgétaire, à supprimer
les impôts et rendre le crédit plus accessible (grâce à la
Réserve nationale), favorisant par là-même un dangereux
mouvement de spéculation qui devait conduire au krach boursier
de 1929.
En matière de politique étrangère, Coolidge chercha à rompre
l'isolationnisme, mais le Sénat s'y opposa. Il encouragea le
règlement des affaires européennes et la reprise économique
en Allemagne (plan Dawes, du nom du vice-président Charles G.
Dawes, 1924). Coolidge modéra la politique interventionniste
en Amérique latine. Dwight Morrow, son ambassadeur à Mexico, évita
une grave crise avec le Mexique provoquée par la décision
constitutionnelle de ce pays, en 1917, de nationaliser son industrie
pétrolière, dans laquelle les États-Unis avaient
beaucoup investi. Coolidge ne se réprésenta pas à l'élection
présidentielle de 1928.
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1928 - 1933
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HERBERT CLARK HOOVER
Né le 10 aoput 1874 à
West Branch (Iowa) - mort le 20 octobre 1964 à New York
Après des études à Stanford (Calif.), Herbert
C. Hoover devient ingénieur des mines et travaille dans
l’ouest des États-Unis, puis en Australie, en Asie, en
Europe, en Amérique du Sud. Il est en Chine lorsque éclate
la révolte des Boxers (1900) ; il révèle
alors de remarquables talents d’organisateur et met en place
un organisme de secours pour les victimes des événements.
Lorsque la guerre est déclenchée en Europe, il est, d’abord,
chargé de l’organisation du transport des vivres vers
la Belgique ; puis, à partir de 1917, il est nommé à la
tête de la Food Administration, qui mobilise l’agriculture
américaine pour permettre des exportations vers les pays alliés ;
enfin, en 1919-1920, il s’occupe du ravitaillement des populations
d’Europe centrale et d’Europe orientale. Partisan de la
Société des Nations, Hoover n’en est pas moins
républicain ; le président Harding le désigne
comme secrétaire au Commerce. De 1921 à 1929, Hoover
réussit très bien là aussi, en alliant son respect
de la libre entreprise avec quelques mesures d’organisation.
En 1928, il est le candidat idéal pour un parti qui vante les
mérites de la prospérité. À peine est-il
installé à la Maison-Blanche que la grande crise de 1929
porte un coup très sévère à l’économie
des États-Unis et du monde occidental. Hoover ne sait pas comment
réagir ; il ne croit pas à l’intervention
du pouvoir fédéral. Il commence par recommander à ses
concitoyens la bonne volonté ; il les encourage à attendre
le retour de la prospérité qui, dit-il, est « au
coin de la rue ». Il prend, toutefois, quelques mesures :
aide bancaire aux entreprises en difficulté, prêts aux
fermiers, appel à la charité privée et, sur le
plan international, moratoire d’un an pour les dettes de guerre
et les réparations allemandes. Rien n’y fait. Hoover n’a
aucun programme d’ensemble ; sa personnalité n’inspire
guère confiance. Il est largement battu aux élections
de 1932 par Franklin D. Roosevelt, autrement plus dynamique et chaleureux.
Dès lors, Hoover s’enferme dans une attitude de refus.
Il rejette toutes les mesures du New Deal et dirige l’opposition
de droite. Il s’oppose même, en 1940-1941, à l’aide à la
Grande-Bretagne. Mais son rôle politique est faible. Le président
Truman lui confie, entre 1947 et 1949, quelques missions qui touchent à la
distribution de l’aide alimentaire en Europe et à la réorganisation
de l’administration. De fait, Hoover passe son temps à écrire
et lègue de précieux manuscrits à l’université Stanford,
où il fonde un Institut pour l’étude de la guerre,
de la paix et de la révolution.
Hoover reste également, dans un registre différent, comme
le traducteur en anglais du De re metallica d’Agricola, qu’il
accompagne de remarquables commentaires techniques.
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1933 - 1945
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FRANKLIN D. ROOSEVELT
Né le
30 janvier 1882 à Hyde Park (New York) - mort le 12 avril 1945
à Warm Springs (Géorgie)
Issu d’une famille aisée, Franklin Delano Roosevelt fréquente
les meilleures écoles privées, l’université Harvard
puis celle de Columbia. En 1905, il se marie avec une cousine lointaine,
Eleanor, nièce du président Théodore Roosevelt.
Mais, à la différence de son oncle par alliance, Roosevelt
est démocrate et se présente sous cette étiquette
aux élections sénatoriales de l’État de
New York en 1910. Élu, il se range aux côtés des
progressistes et se rallie en 1912 à la candidature de Woodrow
Wilson. Le succès de son chef de file lui permet d’entrer
dans le cabinet, comme secrétaire adjoint à la Marine
(1913-1921). Fidèle wilsonien, Roosevelt est, aux élections
de 1920, le candidat démocrate à la vice-présidence,
mais ne peut empêcher la victoire des républicains. En
1921, il est frappé par la poliomyélite mais recouvre
partiellement l’usage de ses jambes. Dès lors, avec l’aide
de sa femme, il entreprend une lutte énergique contre les effets
de la maladie. Loin d’abandonner la vie politique, il y trouve
l’occasion de manifester le goût de l’effort. À demi-paralysé,
mais plus mûr, plus instruit, il incarne paradoxalement l’optimisme.
En 1928, il est élu gouverneur de l’État de New
York et réélu en 1930. Les mesures qu’il a prises
pour combattre le chômage le font connaître dans le pays
tout entier. Le Parti démocrate, écarté du pouvoir
depuis onze ans, le désigne comme son candidat à la présidence ;
il est élu triomphalement en 1932, avec 57,3 p. 100 des voix
et l’appui d’un Congrès à majorité démocrate
.
«
Les 100 jours » qui suivirent son accession à la
présidence furent marqués par une série de mesures économiques
et financières spectaculaires. Roosevelt fit fermer toutes les
banques et ne leur permit de rouvrir que sous le contrôle du
Banking Act. Puis, après avoir abandonné l’étalon-or,
il fit adopter un certain nombre de mesures dont les plus connues concernent
l’établissement de l’Agricultural Adjustment Act
(A.A.A.), la commission sur les opérations boursières,
le National Industrial Recovery Act (N.I.R.A.), le Public Works Administration
(P.W.A.), la Tennessee Valley Authority. D’autres mesures devaient
contribuer à reconstruire l’économie et les finances
et transformer profondément la législation sociale (Fair
Labor Standard Act, National Labor Relations Act, Social Security Act).
Ces mesures, élaborées par une équipe, dont le
fameux brain trust composé au départ de cinq professeurs,
d’un juge et d’un juriste, n’ont pas été de
simples réponses « pragmatiques » à une
situation de crise. Elles révèlent des choix et des orientations
politiques et économiques bien précises : restructuration
de l’économie capitaliste, intervention croissante de
l’État dans l’économie, intégration
des organisations syndicales, etc. Ces mesures devaient susciter l’opposition
croissante de la Cour suprême, qui déclara inconstitutionnelles
de nombreuses lois votées alors par le Congrès. Pour
faire échec à la Cour suprême, Franklin D. Roosevelt
mit à la retraite anticipée certains de ses membres et
nomma des juges favorables à sa politique.
Lors des élections de 1936, Roosevelt fut réélu
avec une majorité sans précédent. Mais la deuxième
présidence fut marquée par une récession sévère,
par des oppositions croissantes à l’intérieur du
Parti démocrate et par la montée des périls sur
la scène internationale.
Au milieu de ces difficultés, le président fut réélu
une troisième fois sur la base d’un programme qui affirmait : « Pas
de troupes américaines outre-Atlantique. » Au même
moment Roosevelt prenait un certain nombre de mesures permettant aux États-Unis
de jouer le rôle d’« arsenal de la démocratie ».
En mars 1941, il signait la loi du prêt-bail, puis faisait adopter
par le Congrès des mesures concernant la défense nationale.
En août 1941, Roosevelt et Churchill élaboraient la charte
de l’Atlantique et en novembre le président autorisait
l’armement de la marine marchande américaine.
Après l’attaque de Pearl Harbor en décembre 1941,
Roosevelt organisa la production de guerre américaine dans un
temps record, profitant du soutien du Congrès et de la nation.
Au cours de la guerre, Roosevelt participa à un certain nombre
de conférences avec ses alliés pour mettre au point une
stratégie et des objectifs à long terme : en janvier
1943, la Conférence de Casablanca réunit Roosevelt, de
Gaulle, Giraud et Churchill . En août, Roosevelt vit Churchill à Québec
et en septembre à Washington. En novembre il rencontra Churchill
et Chang Kaï-chek en Afrique du Nord , Churchill et Staline à Téhéran,
puis Churchill et Ismet Inönü au Caire. En février
1945 à la Conférence de Yalta , des plans furent faits
pour la défaite de l’Allemagne, l’entrée
en guerre de l’U.R.S.S. contre le Japon, l’organisation
des États-Unis, la division de l’Allemagne en zones et
la reconnaissance de « zones d’influence » des
deux grandes puissances. À l’époque de la guerre
froide, les ennemis de Roosevelt lui reprocheront d’avoir fait
la part trop belle aux Soviétiques dans les accords de Yalta.
Mais sa mort brutale survenue le 12 avril 1945, à quelques mois
de la fin de la guerre, empêche de dire comment il aurait abordé les
problèmes nouveaux de la capitulation germano-japonaise et de
la paix.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré les assurances fréquemment
réitérées au « camp démocratique »,
la politique de Roosevelt fut singulièrement attentiste et même
parfois louvoyante. S’il est vrai que le soutien à l’allié d’abord
le plus menacé, l’Angleterre, fut un de ses traits caractéristiques,
il n’en fut pas toujours de même des autres alliés,
puissants ou diminués. Une partie des difficultés de
l’après-guerre est incontestablement due aux mesures tour à tour
traditionalistes et progressistes prises par le président et
par son équipe durant les phases successives du conflit mondial.
Sur le plan de la politique intérieure, la présidence
de Roosevelt représente un moment crucial dans l’histoire
des États-Unis. Elle est marquée par un très net
renforcement du pouvoir présidentiel, par l’extension
des pouvoirs du gouvernement fédéral au détriment
du droit des États et par la remise en marche du capitalisme
par des initiatives planistes. Loin d’avoir été une
révolution, le New Deal a assuré la survie de l’ordre
existant.
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1945 - 1952
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HARRY TRUMAN
Né le 8 mai 1884 à
Lamar (Missouri) - mort le 26 décembre 1972 à Kansas
City
Né dans le Missouri près d’Independence, il participe
au cours de la Première Guerre mondiale aux combats à Saint-Mihiel
et dans l’Argonne. Après sa démobilisation, il
tente sa chance dans le commerce et échoue. Il apprend alors
le droit, se fait remarquer par l’un des « bosses » du
Parti démocrate du Missouri, occupe des fonctions locales et, à cinquante
ans, en 1934, parvient à remporter l’élection sénatoriale
de l’État. C’est un homme modeste, parfaitement
honnête, dévoué à son parti et à son
pays, qui symbolise mieux que tout autre l’Américain moyen.
Il soutient fidèlement le président Roosevelt et accède à une
relative célébrité, après sa réélection
de 1940, lorsqu’il devient président du comité d’enquête
sur le programme de Défense nationale. Par une activité inlassable
et une scrupuleuse attention aux comptes des administrations, il fait économiser
un milliard de dollars au Trésor fédéral. En 1944,
le parti se tourne vers lui pour les fonctions de vice-président :
Harry Wallace, qui a occupé ce poste depuis quatre ans, est
trop marqué par ses positions de gauche ; James F. Byrnes,
l’autre candidat, est trop conservateur ; Truman est l’homme
de la situation.
La mort brutale de Franklin D. Roosevelt le porte aux responsabilités
suprêmes en une période particulièrement cruciale.
Il n’a reçu pour cela aucune préparation ;
il n’est pas au courant des grands secrets de l’État.
Pourtant sa première décision importante est d’utiliser
l’arme atomique pour amener le Japon à déposer
les armes (août 1945). Après la capitulation nippone,
Truman doit s’attaquer en même temps à la reconversion
du pays vers l’économie de paix et à l’organisation
de la guerre froide. Les mesures prises permettent d’éviter
le chômage mais non la hausse des prix ; fidèle à la
politique de Roosevelt sur le front social, il ne peut cependant empêcher
les conservateurs de limiter, par la loi Taft-Hartley (1947), les activités
des syndicats. Il entreprend la déségrégation
dans l’armée, mais l’aile droite de son parti l’abandonne,
tandis que l’aile gauche lui reproche de manifester trop d’intransigeance
envers les Russes. Truman, en effet, désespère, au lendemain
de la conférence de Potsdam , de trouver avec Moscou un terrain
d’entente.
Il patronne à ses débuts le mouvement de lutte contre
l’influence communiste à l’intérieur des États-Unis.
Plus encore, à l’extérieur, il engage une politique
de containment, de limitation de l’aire d’influence soviétique
qui sera l’une des données essentielles de la guerre froide ;
dans ce but, la doctrine Truman d’aide économique et militaire à la
Grèce et à la Turquie conduit les États-Unis à soutenir
en 1947 les gouvernements de ces pays contre les pressions communistes
intérieures ou extérieures qu’ils subissent ;
le plan Marshall (1948), l’aide à l’Allemagne et
au Japon sont autant d’éléments de cette politique.
Attaqué au sein de son parti pour sa politique intérieure,
controversé en matière de politique extérieure,
Truman , auquel les leaders démocrates n’accordent aucune
chance d’être réélu, présente, contre
maints avis, sa candidature devant la convention électorale
de son parti qui l’élit candidat et engage, contre le
candidat républicain Thomas Dewey, une campagne électorale
très difficile axée sur la dénonciation de l’inactivité républicaine.
En 1949, Truman réélu propose dans son message sur l’état
de l’Union, le Fair Deal, un programme d’économie
intérieure en vingt-quatre points dont la réalisation
ne sera que partielle. En politique extérieure, les résultats
obtenus seront plus tangibles : signature du pacte de l’O.T.A.N.
(1948) ; containment des forces communistes chinoises sur le continent
et protection de Formose, envoi des troupes américaines lorsqu’en
1950 éclate la guerre de Corée ; Truman résiste
toutefois aux invitations pressantes faites par le général.
MacArthur d’attaquer directement la Chine. La chasse aux sorcières
menée par le sénateur McCarthy — avec la dénonciation
d’éléments communistes dans l’administration
américaine —, l’exécution de certains inculpés
(époux Rosenberg) et les réactions intérieures
et internationales suscitées, enfin la lassitude des Américains
face à une guerre qui n’en finit pas seront autant d’éléments
qui ruineront la popularité de Truman.
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1952 - 1960
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DWIGHT D. EISENHOWER
Né le 14 octobre 1890 à
Denison (texas) - mort le 23 mars 1969 à Washington
Né dans une modeste famille, de tradition mennonite, Eisenhower
vécut dans le Kansas à Abilene, puis entra à l’Académie
militaire de West Point (1911-1915). Au cours de la Grande Guerre,
il reste aux États-Unis et occupe un poste d’instructeur
dans l’arme blindée. Au retour de la paix, il est capitaine
et le demeurera seize ans. Mais il a la chance d’être envoyé à l’école
d’état-major de Fort Leavenworth en 1926, puis à l’Army
War College en 1928. Il entre alors dans le cabinet du secrétaire
adjoint à la Guerre. En 1933, le chef de l’état-major,
le général Douglas MacArthur, le remarque et l’emmène
aux Philippines de 1935 à 1939. En mars 1941, Eisenhower accède
au grade de colonel ; quelques mois plus tard, à celui
de général de brigade.
La participation des États-Unis à la Seconde Guerre mondiale
lui ouvre de nouvelles possibilités. En 1942, après s’être
fait remarquer lors des manœuvres de Louisiane, il entre à l’état-major
général comme chef de la division des plans de guerre.
Lorsque les Alliés décident de préparer un débarquement
en Europe, c’est à lui que pense le général
Marshall pour préparer les opérations. Eisenhower s’installe à Londres,
pendant l’été de 1942. En fait, le débarquement
a lieu d’abord en Afrique du Nord et le commandement en chef
lui en est confié . Après la libération du Maghreb
en mai 1943, Eisenhower dirige le débarquement allié en
Sicile, puis en Italie . En novembre 1943, le président Roosevelt
lui confie la tâche de commander toutes les forces alliées
qui seront débarquées sur les plages françaises
. Les opérations qui commencent le 6 juin 1944 et ouvrent le
deuxième front en Europe se déroulent sous sa responsabilité .
Il y fait preuve de tact (le commandement étant interallié,
il lui faut concilier les intérêts américains,
anglais et français), de compréhension à l’égard
des méthodes de guerre et des techniques militaires nouvelles
(importance de la logistique) et d’un courage qui lui permet
de résister à la contre-offensive allemande de décembre
1944. Le 7 mai 1945, il reçoit, à Reims, la capitulation
de l’armée allemande et succède au général
Marshall au poste de chef d’état-major de l’armée
américaine. Il prend sa retraite en 1948. En 1951, il est rappelé à la
tête du commandement suprême des forces de l’O.T.A.N.
Les partis politiques se le disputent. Après avoir refusé en
1948, il cède en 1952 au Parti républicain, et se présente à l’élection
présidentielle. Sa popularité, un programme rassurant,
les tendances conservatrices qu’il affiche et qui correspondent
aux sentiments de la majorité lui assurent une victoire aisée.
Sa réélection en 1956 ne sera pas moins facile.
Le président Eisenhower confie la politique étrangère à son
secrétaire d’État, John Foster Dulles, auquel il
laisse une entière liberté d’action. La guerre
froide, le réarmement de l’Allemagne, les négociations
en Corée et le containment de la Chine communiste, la condamnation
de l’expédition anglo-franco-israélienne en Égypte
, l’intervention au Guatemala, puis, à la fin des années
1950, la recherche d’une entente avec l’U.R.S.S. et l’avènement
du régime castriste à Cuba sont les faits marquants de
l’ère Eisenhower. À l’intérieur, Eisenhower
applique le principe de la non-intervention de l’État
dans les affaires économiques, défend le conservatisme
politique tout en éprouvant fort peu de sympathies pour le maccarthysme,
entreprend de faire respecter la déségrégation
raciale que la Cour suprême a ordonnée (Little Rock, 1957).
C’est une période d’immobilisme : les Américains,
rassurés par la tranquille bonhomie du général
et par la prospérité dont fait preuve l’économie
américaine, saisissent mal, à l’image de leur président,
les nouveaux problèmes qui agitent le monde. Ils sortent de
leur torpeur quand les démocrates dénoncent l’insuffisance
du programme d’action de la Maison-Blanche : lors de l’élection
présidentielle de 1960, le candidat d’Eisenhower, le vice-président
Richard Nixon, est battu par le démocrate John F. Kennedy.
C’est au cours des dernières semaines de l’exercice
du mandat d’Eisenhower que les États-Unis rompent les
relations diplomatiques avec Cuba. Eisenhower se retire ensuite dans
sa ferme de Gettysburg, en Pennsylvanie, où il se consacre à la
rédaction de ses mémoires.
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1960 - 1963
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JOHN F. KENNEDY
Né le
29 mai 1917 à brookline (Massachusetts) - assassiné le
22 novembre 1963 à Dallas
John Kennedy est issu
d'une riche famille d'origine irlandaise, de confession catholique.
Son père, le financier Joseph P. Kennedy, a été ambassadeur
en Grande-Bretagne sous la présidence de Franklin Roosevelt.
Après ses études à Harvard, J. F. Kennedy s'engage
dans la marine et participe à la Seconde Guerre mondiale. Officier
commandant un lance-torpilles, il se conduit avec bravoure dans le
Pacifique, est blessé et décoré en 1943.
Élu en novembre 1960, John Fitzgerald Kennedy entre en fonction
le 20 janvier 1961. Comme le prévoient les institutions, il prête
serment de fidélité...
Après la guerre, il entre au Parti démocrate et est élu à la
Chambre des représentants en 1947. Sénateur démocrate
du Massachusetts de 1952 à 1960, il prend la direction de l'aile
libérale du parti et se prononce en faveur d'un programme de
réformes sociales. Opposé à la politique coloniale
française, il milite pour l'indépendance de l'Algérie.
Durant ces années, il écrit Profiles in Courage (« Portraits
d'hommes courageux », 1956), portraits de héros politiques
qui lui vaut de recevoir le prix Pulitzer en 1957.
Ayant décidé de se lancer dans la course à la
présidence, Kennedy rassemble autour de lui une équipe
animée par son frère Robert Kennedy, et prend pour colistier
le sénateur du Texas Lyndon Johnson. Face au candidat républicain
Richard Nixon, il développe le thème de la « nouvelle
frontière » à conquérir dans les domaines
de l'éducation, de l'assistance sociale, de l'intégration
raciale et de l'aide aux pays en voie de développement. En 1960,
Kennedy est élu à une courte majorité. Il est
alors le plus jeune président jamais élu et le premier
catholique à la tête des États-Unis.
Le discours
inaugural de Kennedy donne le ton de l'idéal qu'il
veut insuffler à la nation. Dans le droit fil de ses idéaux,
il crée un corps de volontaires américains pour servir à l'étranger,
le Peace Corps. Le nouveau président s'entoure de brillants
collaborateurs et s'efforce d'appliquer son programme économique
et social, malgré l'opposition du Congrès.
En matière d'intégration raciale, Kennedy appuie la
décision d'un juge de la Cour suprême autorisant l'accès
d'un étudiant noir à l'université du Mississippi
en 1962. L'année suivante, il oblige l'État d'Alabama à ouvrir
les écoles publiques aux Noirs. Ses propositions en matière
de lutte contre la ségrégation aboutissent à la
loi sur les droits civiques adoptée par le Congrès en
1964.
Soucieux de combler le retard des États-Unis sur l’URSS
dans le domaine de la conquête spatiale, Kennedy décide
de mettre en œuvre le projet d'envoyer un homme sur la Lune (1961).
Sur le plan économique, il favorise par une politique budgétaire
et fiscale adaptée la reprise de la consommation et des investissements
intérieurs et tente de relancer l'activité en proposant à l'Europe
du Marché commun de créer une vaste zone de libre-échange.
Le Kennedy Round aboutit en 1967 à un accord sur la réduction
des tarifs douaniers.
Favorable à la coexistence pacifique avec l'URSS, Kennedy rencontre
Nikita Khrouchtchev à Vienne en 1961. Les deux dirigeants se
mettent d'accord sur la neutralisation du Laos, mais ne peuvent trouver
un terrain d'entente à propos de Berlin. Les tensions de la
guerre froide sont aggravées lorsque l'Union soviétique
reprend ses expériences nucléaires dans l'atmosphère.
Opposé au régime de Fidel Castro, Kennedy approuve en
1961 une tentative de débarquement à Cuba menée
par les services secrets avec des réfugiés anticastristes.
L'opération de la Baie des cochons est un échec.
À
la fin de l'année 1962, des avions-espions survolant Cuba découvrent
que des missiles à têtes nucléaires soviétiques
sont en cours d'installation. Après avoir annoncé le
blocus de l'île, Kennedy lance un ultimatum à l'URSS,
exigeant le retrait des armes installées. Khrouchtchev hésite
devant la détermination du président américain
et accepte le démantèlement des missiles. Le recul des
Soviétiques est considéré comme un triomphe politique
pour Kennedy. En outre, afin d’empêcher toute progression
de l’URSS et de Cuba en Amérique latine, il crée
en 1961 l’Alliance pour le progrès qui vise par des aides à favoriser
le développement économique et social de cette région
du monde.
En 1963, lors d'un voyage à Berlin-Ouest, Kennedy appelle à la
fin de la guerre froide. Partisan de la limitation des armements, il
signe cette même année avec l'URSS un traité d'interdiction
des essais nucléaires dans l’atmosphère. Un « téléphone
rouge », ligne directe entre Moscou et Washington, est installé pour
faciliter les communications en cas de crise.
Parallèlement à cette politique de détente, toujours
fidèle à la doctrine Truman d’endiguement du communisme,
Kennedy envoie seize mille hommes au Sud-Viêt Nam pour contrer
la menace communiste, inaugurant l'escalade de l'engagement américain
dans la guerre du Viêt Nam.
À la fin de 1963, Kennedy commence à préparer
sa réélection, parcourant le pays pour faire valoir son
action auprès du peuple américain. Le 22 novembre 1963, à Dallas
(Texas), il est assassiné alors qu'il traversait la ville dans
une voiture décapotable. Kennedy est touché à la
tête. Transféré au Parkland Memorial Hospital,
il meurt peu après. Sa mort provoque une immense émotion
dans le pays comme dans le monde. Un ancien membre des marines US,
Lee Harvey Oswald, est arrêté quelques heures après.
Oswald est à son tour assassiné deux jours plus tard
par Jack Ruby, propriétaire de boîtes de nuit, alors qu'il était
transféré de la prison de la ville à celle du
comté.
Une commission dirigée par le juge Earl Warren conclut en septembre
1964 que Lee Harvey Oswald est bien le meurtrier et qu'il a agi seul.
Depuis, les conclusions de l'enquête officielle ont été vivement
critiquées. Les hypothèses les plus abouties suggèrent
que Kennedy a été victime d'un complot et qu'il a été assassiné par
plusieurs tueurs, peut-être commandités par la mafia.
Sa
jeunesse, sa forte personnalité, son charisme et les circonstances
obscures de son assassinat ont contribué au fil des décennies à ériger
Kennedy en véritable personnage mythique, aux yeux de l’opinion
américaine.
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1963 - 1968
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LYNDON B. JOHNSON
Né le 27 août 1908 à
Stonewall (Texas) - mort le 22 janvier 1973 à Johnson City (texas)
Élu à la Chambre des représentants en 1937, Lyndon
Johnson fut le plus ardent soutien et le protégé du président
démocrate Franklin D. Roosevelt. En 1942, il se porta volontaire
pour combattre dans l'armée américaine, comme officier
de marine. Élu sénateur en 1949, il prit la tête,
en 1953, du Parti démocrate au Sénat. En 1957, il réussit à imposer à l'administration
républicaine la première législation sur les droits
civiques depuis la guerre de Sécession. Malgré le succès
des réformes sociales dont il fut l'initiateur, Johnson dut
s'effacer devant John F. Kennedy, sénateur du Massachusetts,
choisi comme candidat démocrate à l'élection présidentielle
de 1960. Johnson accepta néanmoins d'être candidat à la
vice-présidence. Il succéda à Kennedy après
l'assassinat de celui-ci, à Dallas, le 22 novembre1963.
Poursuivant
la politique de Kennedy, il lança la « guerre à la
pauvreté », faisant adopter une série de mesures
destinées à promouvoir le développement économique
dans les zones urbaines défavorisées. Mais sa principale
victoire législative fut d'obtenir en 1964 le vote d'un texte
condamnant la ségrégation raciale dans les lieux publics.
Durant son second mandat, le Congrès vota le programme Medicare,
destiné, en l'absence d'un véritable système de
sécurité sociale, à garantir une couverture médicale
aux personnes âgées. D'importants crédits furent
débloqués en faveur de l'enseignement secondaire et supérieur.
La
politique étrangère de Johnson fut davantage contestée.
Il renforça en effet l'engagement des États-Unis dans
la guerre du Viêt Nam. Le contingent américain au Viêt
Nam passa ainsi de 17 000 hommes, en 1965, à 550 000, à la
fin de 1968. Cette politique d'« escalade » dans le conflit
vietnamien suscita une hostilité croissante de l'opinion publique
américaine. Johnson, à l'issue de son mandat, renonça à se
présenter une nouvelle fois à la présidence et
annonça publiquement son retrait de la vie politique.
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1968 - 1974
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RICHARD NIXON
Né le 9 janvier 1913 à
Yorba Linda (Californie) - mort en 1994 à New York
Né à Yorba Linda, en Californie, d’une famille
d’origine modeste, qui avait émigré dans l’Ouest
pour y faire fortune mais sans y parvenir, Richard Nixon put pourtant
entreprendre et mener à bien des études supérieures.
Il devint avocat en 1937. Trois ans plus tard, il épousait Pat
Ryan, qui lui donna deux filles.
À
la fin de la Seconde Guerre mondiale, après un bref passage
dans l’administration fédérale et dans la marine,
Nixon se présente aux élections législatives de
Californie et utilise à fond le désenchantement de ses
compatriotes à l’égard de l’Union soviétique ;
il entre à la Chambre des représentants en 1946 et sera
réélu en 1948. Ce républicain appartient au camp
des conservateurs, et sa lutte contre les fonctionnaires suspects de
sympathies pour le Parti communiste lui donne une première célébrité.
En 1950, le voici sénateur ; en 1952, l’aile droite
du parti l’impose comme candidat à la vice-présidence
au côté du général Eisenhower : malgré un
scandale financier qui rejaillit sur sa réputation, Nixon restera
huit ans auprès du président. Son rôle politique
de 1953 à 1960 est inégal : le vice-président
dispose traditionnellement de peu de pouvoirs, mais les crises cardiaques
du président Eisenhower lui donnent l’occasion de remplir
des tâches importantes. Surtout, il apparaît bientôt
comme le dauphin, le successeur désigné. Malheureusement
pour lui, son adversaire démocrate, John Kennedy, séduit
l’électorat américain, lassé au demeurant
par l’immobilisme de l’ère républicaine.
Nixon, battu de peu, se retire de la vie politique. Il tente une rentrée
en 1962 en essayant de conquérir le poste de gouverneur de Californie ;
mais il échoue. La traversée du désert commence.
Après la défaite de Barry Goldwater en 1964, Nixon croit
de nouveau à son étoile. Il parcourt le pays, rallie à sa
cause un parti accablé par la défaite et profondément
divisé. Nixon devient l’homme du centre et de la réconciliation,
celui qui peut remporter la victoire sur l’adversaire politique.
Aussi se présente-t-il, en 1968, à l’élection
présidentielle. Cette fois-ci, les circonstances lui sont favorables :
l’« administration » démocrate est
usée par la guerre du Vietnam ; le président Johnson
a été contraint d’annoncer qu’il ne se représenterait
pas et le vice-président Humphrey, qui est candidat, est affaibli
par l’opposition à la politique de la Maison-Blanche.
Nixon sort vainqueur de la lutte.
Président des États-Unis, il s’emploie à donner
de lui une image nouvelle. Le « gagneur », le
politicien roublard, l’ennemi acharné des communistes
cède la place à l’homme d’État qui
cherche à marquer de son empreinte l’histoire de son pays.
Et Nixon réussit. Il met fin à l’engagement militaire
au Vietnam, non sans avoir négocié pendant trois longues
années ; il contribue à accélérer
le processus de la détente en poussant les négociations
avec l’U.R.S.S. sur la limitation des armements stratégiques ;
il reconnaît l’existence de la république populaire
de Chine et se rend à Pékin en 1972. Puissamment aidé par
un conseiller, Henry Kissinger, qui devient en 1973 secrétaire
d’État, il parvient, sur le plan de la politique étrangère, à remporter
des succès très nets. En politique intérieure,
les résultats sont plus discutables : la lutte contre l’inflation
n’est pas couronnée de succès ; la question
raciale est sans doute moins brûlante que dans les années
1960, elle ne continue pas moins à se poser d’une manière
dramatique ; et, surtout, l’affaire du Watergate (les bureaux
du Parti démocrate à Washington sont cambriolés
en pleine période électorale) déclenche une grave
crise constitutionnelle qui, en quelques mois, détruit la popularité du
président et le contraint à démissionner en août
1974. Pourtant, il avait été réélu en 1972,
sans grandes difficultés, contre son adversaire démocrate,
George McGovern. Maladroitement gracié par son successeur Gerald
Ford, il évite la condamnation, mais pas le déshonneur.
En 1976, il est radié du barreau de l’État de New
York, ce qui met un terme à sa carrière d’avocat.
Il rédige neuf livres de mémoires, publiés en
1978 chez Simon & Schuster à New York.
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1974 - 1976
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GERALD FORD
Né le 14 juillet 1913 à Omaha
(Nebraska)
C’est par accident que Gerald R. Ford est devenu le trente-huitième
président des États-Unis : rien ne laissait en effet
prévoir que, triomphalement réélu en novembre
1972, Richard Nixon serait contraint à la démission,
le 9 août 1974, par le scandale du Watergate. C’est ainsi
que se retrouveront à la Maison-Blanche, pour la première
fois dans l’histoire des États-Unis, un président
et un vice-président (Nelson Rockefeller) qui n’avaient
ni l’un ni l’autre été élus par le
peuple américain mais désignés par le Congrès.
Gerald Ford s’est acquis une réputation de maladresse,
voire de bêtise, que le président Johnson, qui savait
trouver des formules cinglantes, résumait en disant que cet
ancien champion de football américain avait trop pratiqué son
sport favori sans casque ! C’était aller un peu loin
car, somme toute, Gerald Ford est diplômé d’une
excellente université américaine (University of Michigan)
et est sorti dans un bon rang de la meilleure école de droit
américaine (Yale University Law School). À vrai dire,
ce qui caractérise avant tout le jeune avocat, qui s’installe à Grand
Rapids dans le Michigan et va bientôt entamer une longue carrière
politique, c’est le conservatisme. On peut en effet le constater
en analysant l’ensemble de ses votes au Congrès depuis
le moment de son élection en tant que républicain à la
Chambre des représentants (nov. 1948) jusqu’à son
accession à la vice-présidence, en remplacement de Spiro
Agnew, lui aussi obligé de démissionner à la suite
d’un scandale financier (oct. 1973). Il était en effet
très sceptique quant à l’efficacité de l’intervention étatique
et s’opposa bien souvent aux propositions « libérales » :
aide à l’éducation, aide aux minorités,
assistance médicale. Il eut des positions modérées
en matière de droits civiques, mais fut en toutes circonstances
en faveur de l’intervention américaine au Vietnam. Son
désir de ne point trop accroître le budget de l’État
n’allait pas jusqu’à vouloir réduire les
crédits de défense nationale : membre de la puissante
sous-commission des attributions de crédit pour la défense,
Gerald Ford soutint constamment toutes les demandes du Pentagone. Président
du groupe républicain, à la Chambre, depuis 1965, il
fut un partisan loyal et permanent du président Nixon.
Lorsqu’il devint président, Ford affirma que son conservatisme
ne faisait que refléter celui de sa circonscription électorale
et que son comportement présidentiel serait différent. À dire
vrai, Grand Rapids est plus éclectique que ne le fut Gerald
Ford, puisque cette circonscription a voté pour Lyndon Johnson
et contre Barry Goldwater et a donné un successeur démocrate
et libéral à celui qu’elle avait élu et
réélu pendant vingt-six ans. Parallèlement, d’ailleurs,
le trente-huitième président fut aussi conservateur sur
le plan national qu’il l’avait été quand
il ne représentait qu’une des 435 circonscriptions que
comptent les États-Unis. Les résultats de son gouvernement
furent en effet mitigés : l’inflation ne fut — relativement — jugulée
qu’au prix d’une forte aggravation du chômage ;
les derniers soubresauts de la guerre du Vietnam s’accompagnèrent
d’accusations exagérées contre le Congrès ;
la grâce accordée à l’ex-président
Nixon sembla bien rapide et indulgente, d’autant plus que Ford
fixait dans le même temps des conditions assez draconiennes à l’amnistie
en faveur des insoumis de la guerre du Vietnam. Sur bien d’autres
points encore — l’énergie, l’Angola, son entourage — le
président Ford était loin d’emporter l’adhésion
d’une majorité de ses concitoyens. En revanche, il réussissait à redonner à une
présidence dont le lustre était bien terni une dignité qui
lui était largement refusée depuis l’aventure vietnamienne
et le scandale du Watergate.
Les difficultés qu’allait connaître le président
sortant dans sa tentative pour être réélu, ou plutôt élu,
en 1976, ont été visibles dès la campagne des
primaires : son adversaire principal dans le camp républicain,
Ronald Reagan, ancien gouverneur ultra-conservateur de Californie,
sera bien près de lui dénier l’investiture de son
propre parti. Au moment de la Convention républicaine, Ford
aura jusqu’à trente points de retard dans les sondages
sur son adversaire démocrate Jimmy Carter. Son intégrité,
sa solidité, la netteté de ses positions politiques par
rapport à un adversaire qui tente au contraire de les maintenir
dans le flou, l’aide d’une épouse aussi énergique
que séduisante, notamment par son humour, lui feront largement
remonter ce handicap, au point que les résultats seront infiniment
plus serrés que les observateurs ne l’avaient prévu :
moins de trois points sépareront le démocrate du républicain.
Gerald Ford a toujours eu la réputation de n’avoir pas
d’ennemis : il s’est incliné avec la gentillesse
que l’on attendait de lui et a grandement aplani les difficultés
de la période de transition. Retiré de l’arène
politique, il rédige ses Mémoires.
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1976 - 1981
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JIMMY CARTER
Né le 1er octobre 1924 près
de Plains (Géorgie)
Ancien officier de marine sur les sous-marins atomiques,
Jimmy Carter rentre à vingt-neuf ans à Plains (Georgie) pour y prendre
la succession de son père. Le métier de planteur de
cacahuète, quels qu’en soient les charmes, vantés
par Carter lui-même, n’est pas assez exaltant pour cet
homme fort ambitieux : il se lance dans la politique locale,
comme démocrate, ce qui est la règle presque exclusive
dans le Sud. Au niveau, d’abord, du district scolaire, puis
du Sénat de Georgie, où il siégera de 1962 à 1966.
Pour ce que l’on peut en savoir (10 p. 100 seulement
des votes étaient alors enregistrés à Atlanta),
il s’y montre conservateur en matière fiscale et libéral
sur les problèmes sociaux. Après un échec en
1966, il se représente au poste de gouverneur de Georgie en
1970. Il est élu, non sans quelque difficulté, contre
un adversaire plus libéral que lui. Mais son discours d’inauguration
constitue une surprise pour ceux de ses électeurs qui l’avaient
cru raciste. Il déclare en effet : « Je dois
vous dire franchement que le temps de la discrimination est terminé »,
et sa déclaration est suivie de la nomination de Noirs à des
postes de responsabilité au niveau étatique. Ces décisions
lui valent une publicité nationale : il devient l’un
des symboles du « Nouveau Sud ».
En 1974, en tant que président de la commission démocrate
pour les élections législatives, il voyage à travers
tout le pays et prend contact avec de nombreux responsables démocrates.
Ainsi, lorsqu’il déclare officiellement sa candidature à la
présidence des États-Unis, il est inconnu de la plus
grande partie de l’électorat américain — mais
point de l’appareil du parti républicain ni de celui du
parti démocrate. Ce dernier, comme les autres composantes du
parti (les syndicats, notamment, et l’électorat noir),
se ralliera à sa candidature, avec un enthousiasme parfois mitigé,
il est vrai. Électorat noir, syndicats, éléments
sudistes et appareil démocrate auront d’ailleurs un rôle
beaucoup plus déterminant que ne l’eût souhaité Carter
dans une victoire acquise d’extrême justesse. Le 2 novembre
1976, il est élu trente-neuvième président des États-Unis,
avec 51 p. 100 des suffrages exprimés, face au président
sortant Gerald Ford, qui en recueille 48 p. 100. Le taux d’abstention
particulièrement élevé (45 p. 100) est significatif
du scepticisme d’une bonne partie de l’électorat
américain à l’égard d’un système
politique dont le fonctionnement semble parfois bien loin de l’idéal
inculqué à l’école.
Jimmy Carter n’a été élu qu’envers
et contre tous les appareils politiques. Bien qu’ayant fait campagne
contre l’establishment, il a su largement puiser dans ce réservoir
de personnalités formées de longue date aux dédales
de la politique américaine. En effet, le cercle de ses adjoints à la
Maison-Blanche étant pour l’essentiel composé de
Georgiens qui travaillent avec lui depuis de longues années
et en qui il a pleine confiance, Jimmy Carter a éprouvé le
besoin de compenser leur inexpérience en matière de problèmes
nationaux, en particulier en politique étrangère, par
la nomination d’hommes ayant déjà eu des responsabilités
gouvernementales. Ses choix ont parfois été critiqués
parce que les « revenants » des équipes
Kennedy et Johnson n’ont que très tardivement dénoncé l’intervention
américaine au Vietnam et sont par trop liés à la
Commission trilatérale, aux grandes entreprises et institutions
financières et aux cabinets d’avocats les plus huppés.
Le président Carter avait déclaré, lors de la
campagne électorale, qu’il accorderait la priorité à la
réorganisation gouvernementale et aux affaires intérieures.
Mais c’est principalement la politique étrangère
qui monopolise son attention. En août 1978, Jimmy Carter invite
le président égyptien Anouar al-Sadate (à la suite
de la visite de celui-ci à Jérusalem en novembre 1977)
et le Premier ministre israélien Menahem Begin . Les accords
de Camp David (du nom de la résidence des présidents
des États-Unis dans le Maryland où eurent lieu les négociations)
sont paraphés le 17 septembre par les trois hommes. Le
traité de paix israélo-égyptien reste le grand
succès de politique étrangère de Jimmy Carter.
En juin 1979, en dépit de ses divergences de vue avec Leonid
Brejnev concernant les grandes crises du globe, il signe avec lui le
traité S.A.L.T.-II sur la limitation des armements stratégiques.
De novembre 1979 à janvier 1981, il négocie la libération
des otages de l’ambassade des États-Unis à Téhéran
, mais c’est son successeur, Ronald Reagan, qui en recueillera
les bénéfices puisque la libération intervient
quelques instants après l’entrée en fonctions de
ce dernier.
La dégradation de la situation économique (hausse du
chômage et de l’inflation et forte chute du dollar) entraîne
une baisse de popularité de Jimmy Carter. Lors de l’élection
présidentielle de novembre 1980, il n’obtient que 41 p. 100
des voix contre 51 p. 100 pour Ronald Reagan. Depuis son départ
de la Maison-Blanche, Jimmy Carter œuvre pour la paix et les droits
de l’homme à travers le monde (médiations entre
le gouvernement éthiopien et les rebelles tigréens en
1989, entre les deux Corées en juin 1994, avec la junte haïtienne
en septembre 1994 ; missions d’observation des élections
en Amérique centrale). Son engagement lui vaut le prix Nobel
de la paix en octobre 2002.
En mai 2002, il se rend en visite « privée » à Cuba, à l’invitation
de Fidel Castro, où il plaide en faveur de la normalisation
des relations américano-cubaines. C’est le plus haut dignitaire
américain jamais reçu dans l’île depuis la
révolution de 1959.
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1981 - 1989
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RONALD REAGAN
Ronald Wilson Reagan est né le
6 février 1911 à Tampico (Illinois), dans une
famille modeste. Il connaît d’abord le succès
comme reporter sportif et présentateur de radio dans l’Iowa
(1933-1937). À l’été de 1937, il part
pour Hollywood où il tourne dans 53 films – pour
la plupart de série B. Il épouse en janvier 1940 l’actrice
Jane Wyman dont il divorcera en juillet 1949. Il figure parmi les
acteurs les mieux payés lorsque, en 1942, la guerre le contraint à interrompre
sa carrière.
Après le conflit, celle-ci commence à décliner.
Mais il en débute une autre qui va le fasciner. Président
de la Screen Actors Guild de 1947 à 1954, il joue un rôle
crucial dans les purges anticommunistes qui secouent Hollywood, tout
en conservant une image de démocrate progressiste. Cependant,
son second mariage en mars 1952 avec l’actrice Nancy Davis (née
Anne Frances Robbins), son admiration pour le dynamisme des grandes
entreprises (de 1954 à 1962, il présente chaque dimanche
les téléfilms financés par la General Electric)
et sa vigoureuse opposition à la progressivité de l’impôt
sur le revenu le poussent vers le conservatisme et le parti républicain,
auquel il adhère officiellement en 1962.
En 1964, un discours télévisé en fait le héros
de la droite radicale de cette formation. Son charisme lui permet d’être élu
(en 1966) et réélu (en 1970) gouverneur de Californie.
En novembre 1980, fort de cette expérience à la tête
du plus grand État du pays et porté par la « révolution
conservatrice » en gestation depuis le milieu des années
1970, l’ancien acteur est élu président des États-Unis
(poste qu’il occupera de janvier 1981 à janvier 1989)
avec 51 % des voix, face au président sortant Jimmy
Carter (41 %).
Consacrant le mariage de Hollywood et de Washington mais aussi celui
du populisme et du capitalisme, son élection illustre le talent
de grand communicateur qui lui a été unanimement reconnu.
Ce talent est dû à la maîtrise successive qu’il
a su acquérir de tous les grands médias mais encore plus à son
imprégnation profonde, tout au long de son existence, des valeurs
les plus vivaces de l’Amérique (religion, sport, mythes
historiques et cinématographiques). Il est probablement plus
que tout autre à même d’incarner les contradictions
dont les rêves des Américains sont faits.
En dépit des faiblesses que ses critiques ne manquent pas de
relever (gaffes, ignorance des dossiers, absence de curiosité intellectuelle,
tendance à laisser l’astrologue de sa femme fixer son
calendrier), ce talent, doublé d’un exceptionnel instinct
politique, lui permet, avec l’aide d’une formidable équipe
de relations publiques, d’incarner l’image d’un leader
authentique, de s’ériger en prophète inspiré et
de rendre foi dans leur destin à ses concitoyens.
Sur le plan intérieur, parallèlement à un discours
prônant les vieilles valeurs morales, il procède à la
nomination de juges conservateurs. Mais sa priorité est la réhabilitation
du marché et l’arrêt de la progression jusqu’ici
accélérée du rôle social de l’État.
Ce dernier, aime-t-il à proclamer, « n’est
pas la solution au problème. Il est le problème ».
Son programme économique repose sur la déréglementation,
sur une lutte sévère contre l’inflation, sur la
réduction des dépenses (à l’exception du
budget militaire) et sur une relance de l’initiative privée
grâce à une baisse sans précédent de la
fiscalité (« économie de l’offre »).
Sa réalisation bute sur d’importantes difficultés ;
néanmoins, malgré un prix élevé (creusement
sans précédent des déséquilibres de la
balance commerciale et du budget, accroissement des inégalités
et glissement des États-Unis du statut de créancier net à celui
de plus gros débiteur mondial), Reagan offre au pays sa plus
longue période d’expansion économique depuis 1945.
Il favorise la restructuration de l’appareil de production qui
contribue probablement à renforcer, quelques années après,
la suprématie économique et technologique des États-Unis.
Dès 1984, la prospérité retrouvée lui vaut,
lors de l’élection présidentielle en novembre,
d’être réélu largement (59 p. 100 des
voix), face au démocrate Walter Mondale.
Son plus grand succès a été de présider à l’extension
de la démocratie dans les pays en développement (Argentine,
Brésil, Philippines, Corée du Sud) ainsi qu’aux
premiers craquements d’un empire soviétique qu’il
honnissait depuis des décennies. Il intensifie, lors de son
premier mandat, les tendances amorcées à la fin de la
présidence Carter : raidissement face à l’autre
camp et accroissement des dépenses militaires. Il entend montrer à l’U.R.S.S.
qu’elle a eu tort de se lancer dans une course aux armements
qu’elle n’a aucun espoir de gagner. En 1985, il se trouve
en position de force pour engager le dialogue avec Mikhaïl Gorbatchev,
qui s’apprête à remettre en question l’expérience
communiste .
À
partir de l’automne 1986, la chance – il a miraculeusement
survécu à un attentat (30 mars 1981) et les observateurs
parlent volontiers de « présidence Teflon » à son
sujet – semble l’abandonner. L’affaire de l’Iran-Contragate
(la vente illégale d’armes à l’Iran a permis
de financer la guérilla antisandiniste du Nicaragua alors que
le Congrès avait interdit une telle aide) sème la consternation
dans l’opinion et la colère au Congrès. À la
fin de 1987, pourtant, le réchauffement des relations avec l’U.R.S.S.
(signature du traité de Washington, en décembre, sur
le désarmement nucléaire) et le maintien, au prix d’un
fort déficit de la balance commerciale et du budget, d’une
indéniable prospérité lui assurent une « sortie
en beauté ». N’est-il pas jusqu’ici,
avec Eisenhower, le seul président de l’après-guerre à quitter
la Maison-Blanche aussi populaire qu’il y est entré ?
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1989 - 1992
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GEORGE BUSH
Né le 12 juin 1924 à Milton
(Massachusetts)
George Herbert Walker Bush fut le plus
jeune pilote de l'aéronavale
durant la Seconde Guerre mondiale, servant sur un porte-avion dans
le Pacifique. Diplômé en économie de l'université Yale,
en 1948, il s'établit au Texas où il fonda une compagnie
pétrolière.
É lu à la Chambre des représentants, dans les
rangs républicains, en 1966, réélu en 1968, il
démissionna de son poste en 1970 pour se présenter, sans
succès, au Sénat. Le président Richard M. Nixon
le choisit, en 1971, pour représenter le pays à l'Organisation
des Nations unies. Élu président du parti républicain
en 1973, il fut nommé chef du bureau de liaison des États-Unis
en Chine, de 1974 à 1975, avant le rétablissement des
relations diplomatiques entre les deux États. De 1976 à 1977,
il dirigea la CIA (Central Intelligence Agency). Bush postula comme
candidat à l'investiture républicaine pour l'élection
présidentielle de 1980, mais son parti préféra
Ronald Reagan. Celui-ci lui proposa d'être son colistier et Bush
devint vice-président en 1981, fonction qu'il conserva jusqu'en
1989.
Parvenu à la présidence des États-Unis, il poursuivit
la politique de son prédécesseur, remportant de notables
succès en matière de politique étrangère.
Bush affirma la position dominante des États-Unis, se montrant
très interventionniste. Il réagit rapidement à l'effondrement
du bloc communiste, en Europe de l'Est, proposant une assistance économique à la
Tchécoslovaquie, à la Hongrie et à la Pologne,
et encouragea la réunification de l'Allemagne. En décembre
1989, George Bush rencontrait à Malte le président de
l'Union soviétique, Mikhaïl Gorbatchev. Cette rencontre
ouvrait les négociations sur l'arrêt de la production
des armes chimiques, la réduction, de moitié, du nombre
de missiles à longue portée et la limitation des forces
conventionnelles en Europe. Les pourparlers devaient déboucher,
en juillet 1991, sur la signature d'un accord de réduction des
armes stratégiques (voir armements, contrôle des).
La fin
de l'année 1989 fut également marquée
par l'envoi de troupes américaines au Panamá, où elles
chassèrent du pouvoir le général Manuel Noriega.
George Bush fut encore à l'origine de la coalition contre l'Irak,
après que les forces irakiennes eurent envahi le Koweït
en août 1990. La victoire de la coalition dans la guerre du Golfe
augmenta la popularité du président américain
dans son pays. Le 30 octobre 1991, l'ouverture de la première
conférence de paix pour le Proche-Orient constitua un autre
succès pour George Bush. Les troupes américaines intervinrent
encore, en 1992, en Somalie, pour venir au secours de la population,
victime de la guerre et de la famine, et pour tenter de restaurer la
paix dans ce pays. Cependant, face à l'hostilité de clans
rivaux somaliens, les troupes américaines, sous l'égide
de l'ONU, durent entamer un retrait progressif en mars 1994.Les électeurs américains, cependant, sanctionnèrent
l'échec de la politique économique de George Bush, qui
n'était pas parvenu.
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1992 - 2000
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BILL CLINTON
illiam Jefferson Clinton est né le 19 août 1946 à Hope,
dans l’Arkansas. Son père, William Jefferson Blythe, plusieurs
fois marié et divorcé, meurt avant sa naissance. Le jeune
Bill est élevé d’abord par ses grands-parents,
puis par sa mère, Virginia Blythe, qui se remarie en 1950 avec
Roger Clinton. Celui-ci, un alcoolique, bat sa femme qui divorcera
avant de l’épouser à nouveau. Loin de le décourager,
ce contexte familial difficile l’incite à s’imposer
aussi bien au lycée (il est sélectionné pour rencontrer
Kennedy à Washington en 1963) qu’à l’université :
il est deux ans durant boursier Rhodes à Oxford (1968-1970)
avant d’être diplômé de droit à Yale
en 1973, puis de devenir enseignant à l’université de
droit de l’Arkansas. Ce représentant du baby boom et de
la génération des sixties, qui s’oppose à la
guerre du Vietnam, se fait élire dès 1976 Attorney General
de l’Arkansas, puis en 1978, gouverneur de cet État. Cela
fait alors trois ans qu’il a épousé Hillary Rodham.
À
son arrivée à la Maison-Blanche, personne ne peut douter qu’il
soit un politicien né. Après sa première défaite électorale
(1980), il sait tirer rapidement les leçons de son échec et parvient à se
faire réélire gouverneur de l’Arkansas sans interruption à partir
de 1982. Il est doué d’une rare aptitude à élaborer
une « synthèse » des idées « libérales » (progressistes)
et conservatrices. Ancien président du Democratic Leadership Council (organisation
créée au milieu des années 1980 pour recentrer le Parti
démocrate), il reconnaît que l’État est un indispensable
adjuvant au marché, mais souscrit au vœu des conservateurs qui veulent
le dégraisser. En novembre 1992, à la suite d’une triangulaire
dans laquelle il affronte le président sortant, George Bush, et le milliardaire
Ross Perot, il est élu avec 43 p. 100 des voix (contre respectivement
38 et 19 p. 100 pour ses adversaires).
D’autres traits lui valent, à l’opposé, une certaine
vulnérabilité. Tout d’abord, il est plus enclin à suivre
l’opinion qu’à la diriger : sa présidence apparaît
comme une campagne permanente où la quête de la popularité est
la priorité. Elle l’est d’autant plus qu’il lui faut
sans cesse surmonter les difficultés nées de sa propension à vivre « sur
le fil du rasoir » dans sa vie privée (affaires Gennifer Flowers
et Paula Jones) et de son association à toutes sortes de scandales (Whitewater,
Travelgate, Filegate, collecte illégale des fonds du Parti démocrate
en 1996) dans lesquels son nom, ou celui de sa femme, avocate brillante mais
trop « libérale » et féministe aux yeux de
la majorité, sont, à tort ou à raison, cités.
Un centriste apte à rebondir
Au début de son premier mandat, sa politique étrangère souffre
de sa conviction qu’un trop grand activisme à l’étranger
ne peut que nuire à sa popularité. L’enlargement, que son
Administration prétend substituer à un containment (endiguement)
désormais dépassé, fait de la promotion de la démocratie
et de l’économie de marché le meilleur garant de la paix
et de la prospérité. Mais les États-Unis ne paraissent guère
disposés à assumer le coût que sa rhétorique entraînerait.
Clinton a lui-même décidé d’éviter des interventions
risquées dans des conflits localisés, en Bosnie en particulier.
Le président n’hésite jamais, en revanche, à s’impliquer
dans la recherche de nouveaux marchés : il obtient du Congrès
la ratification de l’A.L.E.N.A. (Accord de libre-échange nord-américain) à l’automne
de 1993 et celle de l’Uruguay Round un an après. Par ailleurs, dès
novembre 1993, il lance l’idée d’une communauté Asie-Pacifique
dont il se sert pour faire pression sur ses alliés atlantiques. Il peut
assez vite se targuer d’un succès relatif concernant son autre grande
priorité : la prévention de la prolifération nucléaire
qui, l’U.R.S.S. disparue, constitue la principale menace. Pourtant, en
dépit de l’appui qu’il a ostensiblement apporté dès
1993 au rapprochement entre Israël et l’O.L.P. (il préside
le 13 septembre 1993 à la signature de la Déclaration de principes
sur l’autonomie dans les territoires occupés ), son bilan reste
au mieux mitigé quand, à l’été de 1995, il
décide de s’impliquer plus directement dans la conduite de la diplomatie :
signature d’un deuxième document entre Israël et l’O.L.P.(accord
de Taba signé à Washington en septembre 1995), accords de Dayton
sur la Bosnie (novembre 1995), et surtout appui au président russe Boris
Eltsine, confronté à la montée des nationalismes et au retour
du communisme.
D’emblée, Clinton a estimé que sa réélection
en 1996 dépendrait de la politique économique qu’il mènerait.
D’une certaine façon, dès 1994, son pari paraît gagné.
Pourtant, en dépit de mesures qui vont dans un sens opposé (réduction
du déficit du budget), il ne peut empêcher les républicains
de lui coller une image de « gauchiste » et se révèle
incapable de mener à bien la réforme du système de santé,
qu’il avait confiée à sa femme. En novembre 1994, pour la
première fois depuis 1952, le pays envoie une majorité républicaine
dans les deux Chambres du Congrès.
Pourtant, deux ans après, le président est réélu
sans difficulté, obtenant 49,2 p. 100 des suffrages, contre 40,8
pour le républicain Bob Dole et 8,5 pour Ross Perot. Il a su se poser
en rempart contre certains des projets les plus extrêmes de la droite républicaine.
Il sort vainqueur de l’épreuve de force que constitue la « fermeture
partielle », à deux reprises (en novembre 1995 puis en décembre
1995-janvier 1996), de l’État (mise au chômage technique de
certains services administratifs, les républicains n’ayant pu arriver à un
accord avec le président sur le budget). Le retour d’une majorité républicaine
dans les deux Chambres du Congrès montre les limites de son succès.
Sous bien des aspects, Clinton a dû faire siennes certaines des vues de
ses adversaires. En se ralliant au printemps de 1995 à l’idée
d’un budget équilibré, en proclamant en janvier 1996 que « l’ère
du tout-État appartient au passé », et en signant l’été suivant
une loi restrictive sur le welfare, Clinton a fait plus de la moitié du
chemin vers les républicains.
En 1997, il peut conforter l’image d’« homme de la paix
et de la prospérité » qu’il a su se forger. Tout
en évitant un heurt frontal avec le Kremlin, il parvient à réaliser
une extension de l’O.T.A.N. limitée à la Pologne, la Hongrie
et la République tchèque, et poursuit une politique d’« engagement » avec
Pékin. Surtout, il arrache ce qui pourrait bien se révéler,
aux yeux de la postérité, son plus grand legs : le vote par
le Congrès d’un accord sur le rééquilibrage, à partir
de 2002, du budget.
Au début de 1998, alors qu’il s’apprête à lancer
la réforme intérieure à laquelle il entend s’identifier,
une évolution, par petites touches, de la société – l’éducation,
les relations familiales et raciales, l’environnement, les pensions de
retraite, l’assurance-santé – la presse révèle
la liaison qu’il a entretenue avec Monica Lewinsky, une jeune stagiaire
de la Maison-Blanche. Dans un premier temps, il commet l’erreur de nier,
offrant ainsi à ses adversaires et, en particulier, au procureur indépendant
Kenneth Starr, chargé depuis 1994 d’enquêter sur les divers
scandales auxquels le nom du président est associé, une brèche
dans laquelle il ne tarde pas à s’engouffrer. Pour Clinton, la situation
est alors d’autant plus incertaine que le bilan de « paix et
de prospérité », qui lui servait jusqu’ici de
bouclier, est quelque peu fissuré. La crise financière qui se répand
en Asie, en Russie et menace le Brésil assombrit à terme les perspectives économiques
des États-Unis. En Irak, depuis la fin de 1997, Saddam Hussein ne cesse
de tester la volonté d’une communauté internationale divisée
tandis que, au Proche-Orient, le processus de paix entre Israéliens et
Palestiniens est gelé depuis l’élection de Benyamin Nétanyahou.
En Asie du Sud, avec les essais nucléaires indiens et pakistanais, la
politique de non-prolifération semble défiée. Surtout, aux États-Unis,
le Congrès bloque les principales réformes intérieures qui
lui sont adressées.
À
partir du 17 août 1998, l’avenir du président paraît
en danger : pour avoir, ce jour-là, dans le cadre de l’affaire
Lewinsky, effectué une déposition sous serment dont la teneur se
voit aussitôt contestée, il est menacé d’une procédure
d’impeachment (destitution) : le 19 décembre 1998, alors
même que les forces américaines viennent d’engager une série
de frappes aériennes contre l’Irak, la Chambre des représentants
le traduit pour faux témoignage et obstruction à la justice devant
le Sénat. Il est le second président des États-Unis que
la Chambre haute est conduite à juger (après Andrew Johnson en
1868). Pourtant, une économie euphorique (depuis 1993, plus de 17 millions
d’emplois ont été créés, la Bourse pulvérise
des records et, dès 1998, le budget est rééquilibré),
le soutien indéfectible de sa femme et la suspicion que l’acharnement
de ses adversaires finit par susciter affermissent sa popularité. Ainsi,
dès les élections à mi-mandat de novembre, il a réduit
l’avance dont les républicains disposaient au Congrès. Le
12 février 1999, au Sénat, ceux-ci ne réunissent même
pas contre lui une simple majorité, alors qu’il eût fallu
les deux tiers des voix pour le destituer.
Le grippage des institutions que cet épisode ne manque pas d’aggraver
n’empêche ni la croissance de continuer, ni l’excédent
budgétaire, apparu dès 1998, de s’envoler. Mais il prévient
tout ralliement du Congrès à des réformes intérieures
importantes auxquelles le président aurait pu identifier son legs.
C’est donc dans la politique étrangère que, sur la fin de
son mandat, Clinton tente d’inscrire ce dernier. À partir de février
1999, il s’efforce ainsi de restaurer la crédibilité de l’O.T.A.N.
face à Slobodan Milosevic qui, en dépit des avertissements des
Occidentaux, poursuit depuis 1998 une répression implacable contre les
Albanais au Kosovo. Aussi, après l’échec d’une conférence
internationale (Rambouillet-Paris, février-mars 1999), persuade-t-il l’O.T.A.N.
de se lancer dans une campagne de bombardements contre la Yougoslavie dont l’issue
victorieuse (juin 1999) est loin de résoudre tous les différends
dans cette région troublée.
Sa quête d’un ultime et éclatant succès bute, dans
les mois qui suivent, sur la rancune tenace que lui vouent les républicains
du Congrès, sur les contraintes politiques que crée l’approche
de l’élection de 2000 et sur les limites que l’influence,
pourtant considérable, des États-Unis finit par rencontrer. Le
président réussit sans doute à arracher un feu vert des élus à une éventuelle
entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce (O.M.C.)
en septembre 2000. Mais il a dû se résigner à laisser le
Sénat rejeter (octobre 1999) le traité d’interdiction complète
des essais nucléaires. De même, lors de la conférence de
l’O.M.C. à Seattle (novembre-décembre 1999), il a renoncé à lancer
les États-Unis dans un nouveau round de négociations commerciales,
de peur de dresser les salariés américains contre les démocrates.
Et, en septembre 2000, il juge préférable de reporter toute décision
sur le déploiement éventuel d’un système national
de défense antimissiles. Surtout, en dépit de ses efforts appuyés
pour rapprocher (à partir du second sommet de Camp David de juillet 2000)
Israéliens et Palestiniens en vue de parvenir à un accord de paix,
il ne peut empêcher la situation au Moyen-Orient de se détériorer
gravement.
La fin de son mandat laisse un sentiment partagé. S’il peut se targuer
d’avoir présidé à la plus longue période de
prospérité que les États-Unis aient jamais expérimentée,
son « dauphin », le vice-président Al Gore, est
défait dans une élection longtemps contestée. Et c’est
sur un ultime scandale que sa présidence va s’achever : les
conditions dans lesquelles il a octroyé, la veille de son départ,
une série de pardons, suscitent dans le pays un nouveau malaise.
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2000 -
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GEORGE W. BUSH
Né le 6 juillet 1946 à New
haven (Connecticut)
George Walker Bush est le fils de George
Herbert Walker Bush, 41e président des États-Unis, et de Barbara Bush. Il grandit
au Texas, avant de gagner en 1961 le Massachusetts et la Phillips Academy
d’Andover, l’une des meilleures écoles privées
du pays, déjà fréquentée par son père.
Il poursuit ses études à l'université de Yale
où il obtient une licence d’histoire (1968) avant de devenir
pilote d'un avion de chasse dans la Garde nationale aérienne
du Texas. En 1975, il obtient une maîtrise de gestion des entreprises
de la Harvard Business School.
De retour au Texas, il brigue sans succès un siège à la
Chambre des représentants (1978) sous les couleurs républicaines,
et entame une carrière dans l'industrie pétrolière
et gazière à Midland, en fondant sa propre compagnie,
Arbusto Energy Inc. Ses activités industrielles se révèlent
infructueuses et, après avoir fait faillite en 1986, il participe
activement à la campagne électorale de son père, élu
président des États-Unis en 1988. Il remplit de nouveau
ce rôle lors de l’élection présidentielle
de 1992 et, à la suite de la défaite de son père
contre Bill Clinton, il décide de donner libre cours à ses
propres ambitions politiques.
Les ambitions de George W. Bush se portent
sur l’État
du Texas, dont il est élu gouverneur en 1994, fort de la popularité qu’il
a acquise en tant qu’actionnaire et directeur du club de base-ball
des Texas Rangers (1989-1994). Au poste de gouverneur, il met en œuvre
son programme électoral, axé sur l’éducation,
les réformes sociales et la réduction de la criminalité.
De nouveau candidat en 1998, il se présente lui-même devant
les électeurs comme un « conservateur compatissant »,
partisan des traditionnelles politiques de réduction des impôts
et de limitation de l’action publique, tout en promouvant l’initiative
du secteur privé et associatif dans le domaine social. Réélu
avec 69 p. 100 des suffrages, il apparaît comme le futur présidentiable
du Parti républicain à l’approche de l’élection
présidentielle.
En juillet 2000, George W. Bush sort vainqueur de la rude bataille
menée pour l’investiture dans le camp républicain.
Lors de l’élection présidentielle du 7 novembre
suivant, il est opposé au candidat démocrate Al Gore. À l’issue
d’un véritable feuilleton judiciaire aboutissant à un
décompte manuel des voix en Floride puis à la saisie
de la Cour suprême par les républicains, il est désigné,
par cinq juges contre quatre, 43e président des États-Unis,
bien que n’ayant pas recueilli la majorité des suffrages
populaires.
Dans les premiers mois de sa présidence, George W. Bush — entouré de
conseillers expérimentés tels que Dick Cheney, au poste
de vice-président, et Colin Powell, secrétaire d’État — s’efforce à appliquer
ses priorités de campagne, tout en recherchant le consensus
: l’éducation, avec un plan visant à augmenter
les dépenses fédérales et à améliorer
les mécanismes d’évaluation des établissements
; et la fiscalité, avec un plan historique de baisse des impôts
sur dix ans. Élu sur un programme conservateur (notamment au
sujet de la peine de mort qu’il a appliquée lorsqu’il était
gouverneur), il prend également des mesures visant à rassurer
l’aile droite républicaine, telles que la suppression
des crédits accordés à des organisations de planning
familial qui opèrent à l’étranger et favorisent
l’avortement.
Dans le but de réduire le poids des dépenses sociales
dans le budget de l’État fédéral, il instaure
un Bureau des initiatives religieuses et communautaires (Office of
Faith-Based and Community Initiatives), directement dépendant
de la Maison-Blanche et chargé d’allouer des subventions à des
organisations caritatives afin qu’elles prennent en partie en
charge le traitement des grands fléaux sociaux du pays (toxicomanie,
violence, pauvreté, sans-abri, etc.).
Sur le plan extérieur, George W. Bush renoue avec la politique
nationaliste de Ronald Reagan par une série de décisions
inaugurant mal des relations qu’il entend instaurer avec le reste
du monde. Il annonce notamment son refus de ratifier le protocole de
Kyoto et son intention de relancer le projet de bouclier antimissiles,
tandis qu’il entend désengager les États-Unis du
processus de paix du conflit israélo-palestinien. Sur le plan
commercial, il tente de relancer la croissance économique en
favorisant l’instauration d’une zone de libre-échange
des Amériques (ZLEA), à l’horizon 2005.
Les attentats
dévastateurs perpétrés aux États-Unis
le 11 septembre 2001 par des terroristes islamistes, faisant plus de
3 000 morts ou disparus, provoquent un tournant dans la politique de
George W. Bush. Considérant ces attentats comme un « acte
de guerre », le président américain trouve auprès
d’une communauté internationale solidaire un soutien actif
pour mettre sur pied une coalition contre le terrorisme, dirigée
en premier lieu contre Oussama Ben Laden et le réseau terroriste
Al Qaida, accusés par les États-Unis d’être à l’origine
des attentats. Lancée dès le mois d’octobre contre
le régime des talibans en Afghanistan, soupçonnés
de protéger Oussama Ben Laden, l’opération « Liberté immuable » aboutit à la
chute des talibans en novembre, sans pour autant permettre de capturer
l’ennemi numéro un des États-Unis.
En janvier 2002, lors de son discours sur l’état de l’Union,
George W. Bush désigne l’Irak, l’Iran et la Corée
du Nord comme un « axe du mal, armé pour menacer la paix
du monde ». S’attaquant d’abord à Saddam Hussein,
qu’il accuse de parrainer le terrorisme et de posséder
des armes de destruction massive, il demande aux Nations unies de formuler
une nouvelle résolution sur le désarmement de l’Irak,
dont le non-respect cautionnerait une intervention militaire américaine.
Cette demande aboutit à l’envoi d’experts en désarmement
de l’ONU sur le territoire irakien, conformément à la
résolution 1441 adoptée le 8 novembre 2002 par le Conseil
de l’ONU et ordonnant à Saddam Hussein de détruire
tous ses programmes d’armes de destruction massive sous peine
d’un recours à la force. Dans sa volonté de mener
au plus vite une guerre contre l’Irak afin de renverser le régime
de Saddam Hussein, et ce même sans l’aval de l’ONU,
le président apparaît isolé sur la scène
internationale. S’il bénéficie de l’appui
du Premier ministre britannique Tony Blair et de l’Espagnol José Maria
Aznar, il doit en effet faire face à l’opposition des
nombreux pays (dont la France, l'Allemagne, la Russie et la Chine)
qui préconisent au contraire la poursuite et le renforcement
des inspections pour mettre fin à la crise irakienne.
Le 18 mars,
face à un Conseil de sécurité en
grande partie opposé à une intervention militaire immédiate
en Irak, George W. Bush lance un ultimatum de 48 heures à Saddam
Hussein pour qu’il quitte le pouvoir et les premiers bombardements
américano-britanniques de Bagdad ont lieu le 20 mars. Après
un peu plus d’un mois d’opérations militaires, et
l’effondrement du régime de Saddam Hussein, Georges W.
Bush annonce la fin des « opérations de combat majeures » dans
son discours du 1er mai 2003, à bord du porte-avions Abraham-Lincoln,
mais il entend continuer à mener la « guerre contre le
terrorisme ».
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