L’histoire de l’Egypte commence avec Atoum, le soleil. Il s’était crée lui-même en sortant du grand océan primordial, le Noun. Atoum créa Shou, divinité de l’air et Tefnout, divinité de l'humidité et des nuages. Shou et Tefnout forma le premier couple divin. Sur ordre de Rê jaloux, Shou sépara Geb et Nout (la terre et le ciel) pour mettre fin à leur étreinte.

Nout et Geb eurent deux fils, Osiris et Seth, et deux filles, Isis et Nephtys. Osiris fut le premier pharaon et régna avec son épouse Isis dans la paix et la sagesse. Osiris, le dieux-roi et homme était d'une sagesse et d'une bonté sans limite. Il réunit les tribus nomades, leur enseigna l'irrigation pour repousser les limites du désert, la culture du blé pour en faire de la farine et du pain, de la vigne pour en faire du vin, de l'orge pour en faire de la bière, l'extraction des métaux et leur travail.

Avec l'aide de Thot, il leur enseigna l'art de l'écriture et du dessin. Sa mission accomplie, il laissa sur le trône sa compagne Isis et partit pour l'Orient (Mésopotamie) pour continuer son instruction par delà les frontières. A son retour, son frère Seth jaloux l'attira dans un piège pour l’assassiner, éparpillant ensuite les membres de son cadavre dans toute l'Egypte. Isis, bouleversée de douleur, partit à la recherche de son époux bien-aimé, Aidée par une inspiration divine, elle réussit à retrouver tous les morceaux exceptés le phallus avalé par un poisson indélicat. Abattu Isis pleura, par miracle (et avec l'aide d'Anubis) elle lui rendit le souffle de la vie et ses moyens sexuels.

Osiris monta alors au ciel mais laissa un fils Horus. Devenu adulte, et après une longue lutte incertaine, Horus réussit à renverser définitivement Seth, Horus se vit reconnaître le trône d’Egypte et reprit l’œuvre de son père. Ainsi, Osiris se retira dans les ténèbres et devint le souverrain du royaume des morts, Seth se vit attribué la part sombre du monde et Horus le trône d’Egypte.

L’Égypte ancienne

 

Égypte ancienne, nom donné à la période historique de l’Égypte allant des origines au VIIe siècle apr. J.-C.

L’ancienne civilisation égyptienne n’a été que très tardivement redécouverte par l’Occident. Née au XIXe siècle avec l’expédition de Napoléon Bonaparte, l’égyptologie est une science jeune qui ne s’est révélée que progressivement, laissant notamment mal connues les périodes les plus reculées. L’information, lacunaire, est essentiellement fondée sur les inscriptions en hiéroglyphes gravées sur les monuments ; les papyrus et rouleaux de cuir sur lesquels écrivaient les Égyptiens de l’Antiquité ont été en grande partie perdus. Des Aegyptiaca — œuvre de Manéthon (prêtre du IIIe siècle av. J.-C., contemporain de Ptolémée Ier) — n’ont été conservés que des résumés. Ceux-ci constituent cependant un document fondamental : ils établissent, en effet, la liste des souverains égyptiens et des trente dynasties qui se sont succédé durant trois mille ans. La chronologie (imparfaite et différente selon les écoles) et la généalogie de l’histoire de l’Égypte ancienne sont continuellement affinées à la lumière des nouvelles découvertes et à l’aide de techniques de datation de plus en plus perfectionnées.

Les historiens s’accordent à diviser l’histoire de l’Égypte ancienne en trois empires (l’Ancien, le Moyen et le Nouvel Empire), entrecoupés de périodes dites intermédiaires durant lesquelles le pays est scindé en une multitude de royautés. L’Égypte pharaonique est suivie par la Basse Époque puis par l’Époque hellénistique, romaine et byzantine.

La naissance d’une civilisation

Au Ve siècle av. J.-C., l’historien grec Hérodote écrit dans ses Histoires que « l’Égypte est un don du Nil. » Cependant, le Nil, pour qu’il soit source de prospérité, doit être maîtrisé en amont et en aval. Et la civilisation égyptienne, inscrite au cœur d’un territoire peu hospitalier, s’est développée dans la vallée creusée par le fleuve nourricier.

L’Égypte ne peut être forte que si son territoire est unifié et placé sous l’autorité d’un souverain puissant. Que le pouvoir s’affaiblisse, et l’éclatement survient, accompagné d’une cohorte de fléaux, invasions, misère et régression sociale. L’histoire de l’Égypte ancienne est ainsi marquée par une alternance de périodes prospères et de périodes dites « intermédiaires ». Au-delà des vicissitudes, toutefois, prévaut la continuité.

Nagada I : cultures badarienne et amratienne

Des galets aménagés attestent d’une présence humaine remontant à 500 000 ans. Cependant, ce n’est que vers 5000 av. J.-C. qu’apparaît la première civilisation identifiable : le Badarien, du nom du site de Badari en Haute-Égypte. Progressivement en effet, les populations sahariennes, contraintes de se rapprocher de zones plus humides du fait de la désertification du Sahara, s’installent dans la dépression du Fayoum et dans la vallée du Nil. Vers 4000 av. J.-C., l’Amratien (du nom du site éponyme el-Amrah) succède au Badarien ; cette période, issue de la culture de Nagada, correspond à la première phase ou Nagada I. Une vie sociale s’organise dans les villages. Les cultures badarienne et amratienne correspondent à l’apparition de l’agriculture (culture de l’orge et du blé), mais aussi à l’émergence de nouveaux rites funéraires : les morts, désormais, sont enterrés.

Nagada II : culture gerzéenne

Vers 3500 av. J.-C., un peuple chamito-sémitique vient se mêler aux populations du Nil dans la région du Fayoum. Ainsi l’Amratien cède la place au Gerzéen ou Nagada II. La civilisation gerzéenne étend son influence depuis la Nubie jusqu’au Delta. Elle se caractérise notamment par un art et une technique remarquables (peinture au trait blanc sur fond lisse rosé, outils et armes). Les cités qui se constituent dans la vallée se regroupent progressivement en deux royaumes, celui de Bouto, en Basse-Égypte, et celui de Hiéraconpolis, en Haute-Égypte.

Nagada III : les dynasties thinites

Avec le Semainien (ou Nagada III) commence la période thinite. Originaire de Hiéraconpolis, Narmer (traditionnellement identifié à Ménès) réalise l’unification des deux régions pour incarner le « double pays », auquel il donne pour capitale This, à proximité d’Abydos. Le premier, il ceint les deux couronnes — (le pschent), geste que renouvellent les pharaons égyptiens jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand — et crée la première dynastie thinite, également appelée dynastie O.

Les recherches archéologiques portant sur les nécropoles d’Abydos et de Saqqarah permettent de penser que les dynasties thinites jettent les bases de la monarchie de droit divin et de l’administration centrale. Les terres sont mises en valeur grâce au développement de l’irrigation.

L’Ancien Empire : IIIe-VIe dynasties (2649-2152 av. J.-C.)

L’âge des pyramides

Vers 2649 av. J.-C. commence la période appelée Ancien Empire. La capitale est transférée à Memphis, ville nouvelle située à la jonction entre la Haute et la Basse-Égypte. L’Ancien Empire est marqué par l’apparition d’une architecture colossale. Le roi Djoser (ou Djéser) a pour ministre Imhotep, qui édifie, pour la première fois à Saqqarah, un tombeau royal élevé vers le ciel par sept rangées de pierres formant autant de paliers. Ce tombeau monumental a pour fonction de préserver l’immortalité du roi qui, après sa vie terrestre, continue de protéger son peuple. Les noms de Khéops, Khéphren et Mykérinos nous sont ainsi parvenus par les grandes pyramides de Gizeh. Imhotep est sans doute également l’auteur du premier recueil sapiential égyptien.

Le pharaon, fils de Rê

Sous la IVe dynastie s’affirme le pouvoir du souverain, incarnation d’Horus et d’Osiris sur la terre, dont il est le maître absolu. Le pharaon exerce son contrôle sur le pays grâce à une administration dont l’importance ne cesse de croître. À partir du règne de Snéfrou, le souverain est secondé par un vizir pour la gestion des affaires du pays. Celui-ci prospère, durant l’Ancien Empire, grâce à l’exploitation des mines du Sinaï et aux échanges commerciaux avec la Phénicie, d’où vient le bois du Liban employé dans les sarcophages. L’Égypte entretient également des relations avec Chypre et la Crète et a établi sa domination sur la Nubie, qui fournit l’ivoire et l’ébène. L’extension territoriale et l’essor économique favorisent la création d’une oligarchie de hauts fonctionnaires centraux et provinciaux, dont la puissance devient une menace pour les souverains. Les nomarques, gouverneurs des nomes (districts), affirment leur autonomie. La position prépondérante du dieu solaire, Rê, s’impose probablement vers la fin de la Ve dynastie, sous l’influence du clergé d’Héliopolis. Le pharaon est désormais considéré comme le fils de Rê.

Dès cette époque, les navigateurs égyptiens explorent le continent africain jusqu’à l’actuelle Somalie ; les sciences (astronomie et médecine) se développent : nous devons aux astronomes de Memphis le calendrier solaire fondé sur une année de 365 jours.

L’effondrement de l’Empire memphite

Les inscriptions gravées sur les murs des tombeaux royaux de la VIe dynastie attestent de l’affaiblissement du pouvoir pharaonique. Certaines font même état d’une conspiration contre le pharaon Pépi Ier, qui a régné vers 2289-2255 av. J.-C., dans laquelle est impliquée la propre épouse du souverain. Mais plus certainement, le lent effondrement de l’Ancien Empire est à mettre en relation avec la montée en puissance des administrateurs du royaume. Et dans cette conjoncture, c’est une vague d’invasions du pays qui sonne le glas de la première unification entre Haute et Basse-Égypte.

La Ire période intermédiaire : VIIe-début de la XIe dynastie (2152-2065 av. J.-C.)

Le chaos dynastique

La VIIe dynastie marque le début d’une première période intermédiaire, qui va durer de 2152 environ à 2065 av. J.-C. Soumis aux raids étrangers, le territoire se morcelle et la famine apparaît tandis que se multiplient des mouvements de révolte, coïncidant avec la diffusion du culte d’Osiris qui semble témoigner d’une aspiration populaire à l’immortalité.

Héracléopolis contre Thèbes

À partir de la IXe dynastie, plusieurs dynasties cohabitent et cherchent à refaire l’unité du pays à leur profit. Les IXe et Xe dynasties, dites « héracléopolitaines », contrôlent depuis Héracléopolis les deux tiers du pays, tandis que la XIe dynastie, plus guerrière, est installée à Thèbes en Haute-Égypte. C’est de cette dernière que va naître le Moyen Empire.

Le Moyen Empire : XIe-XIVe dynasties (2065-1781 av. J.-C.)

Vers 2135 av. J.-C., les nomarques de Thèbes ont fondé la XIe dynastie. Les Antef s’efforcent d’étendre le royaume à partir de Thèbes, vers le nord et vers le sud, dans le but d’unifier le pays, mais c’est Mentouhotep Ier qui achève la reconquête du territoire. Sous son règne s’affirme la primauté du dieu thébain Amon.

Naissance du culte d’Amon-Rê

Sous la XIIe dynastie, inaugurée par Amménémès Ier, la capitale se déplace symboliquement vers le nord, à Licht, non loin du Fayoum dont les terres sont mises en valeur. La volonté de renforcer l’unité nationale s’exprime, durant cette période, par le compromis religieux passé avec les clergés thébain et héliopolitain, par lequel Amon est associé à Rê. Intercesseur entre Amon-Rê et les hommes, le pharaon renforce son pouvoir en abaissant celui de la féodalité provinciale et en assurant, de son vivant, la succession au trône. Dans le même temps, l’immortalité n’est plus l’apanage du souverain. Tous peuvent désormais y accéder, dans les limites imposées par un rituel très strict.

Une renaissance intellectuelle et culturelle

Durant les règnes des Amménémès et des Sésostris se constitue également une classe de fonctionnaires, intermédiaires entre le peuple et les hauts dignitaires. L’influence de ces scribes va progressivement croître. La période est celle d’une renaissance intellectuelle et culturelle, qu’exprime le développement de genres littéraires variés — romans merveilleux, analyses psychologiques (telle l’Histoire de Sinouhé), poèmes lyriques et traités scientifiques écrits sur papyrus. L’architecture, l’art et les bijoux révèlent une extraordinaire délicatesse de conception.

Les successeurs d’Amménémès Ier (Sésostris Ier, Amménémès II, Sésostris II, Sésostris III, Amménémès III et Amménémès IV) poursuivent l’ambitieuse politique étrangère de leur prédécesseur. Des forteresses sont bâties à travers toute la Nubie et le Soudan. Des gouverneurs sont envoyés en Palestine et en Syrie. Sésostris III, qui règne de 1881 à 1842 av. J.-C., organise une armée permanente qu’il utilise dans les campagnes contre les Nubiens, au sud, et contre les Libyens, à l’ouest. Il divise l’administration en trois unités géographiques puissantes, contrôlées chacune par un haut fonctionnaire dépendant du vizir.

La IIe période intermédiaire : XIIIe-XVIIe dynasties (1781-1550 av. J.-C.)

L’installation des Hyksos

Au début du IIe millénaire, pourtant, l’unité égyptienne est ébranlée par l’afflux des populations sémites d’Asie intérieure chassées par les invasions indo-européennes dans l’Asie intérieure. Ces Hyksos, établis dans le nord-est du Delta, profitent de l’affaiblissement du pouvoir des pharaons des XIIIe et XIVe dynasties pour conquérir toute la Basse-Égypte. Ils maîtrisent l’art de la guerre, ont apporté en Égypte chevaux et chars. Une deuxième période intermédiaire s’ouvre vers 1781 lorsque Avaris, centre de la puissance des Hyksos, devient la capitale d’une XVe dynastie étrangère. Les rois hyksos adoptent les coutumes égyptiennes, adorent les dieux Seth et Rê, et prennent le cartouche et le protocole des pharaons d’Égypte.

La résistance thébaine

Le sud, cependant, a résisté aux conquérants. Les princes de Thèbes, qui contrôlent le territoire situé entre Éléphantine et Abydos, entreprennent de libérer le territoire. Kamosis parvient à vaincre les Hyksos, mais c’est son frère, Amosis Ier, qui finalement les chasse et réunifie le pays. Ils engagent alors une politique de destruction systématique des témoignages de la culture hyksos (d’où notre méconnaissance de cette période).

Le Nouvel Empire : XVIIIe-XXe dynasties (1550-1075 av. J.-C.)

Le Nouvel Empire, qui dure cinq siècles, a pour capitale Thèbes. Ses souverains portent à leur apogée la grandeur et la puissance de l’Égypte.

L’Égypte thoutmoside

Émergence des hypogées

Sur l’initiative d’Aménophis Ier, Karnak (sur la rive orientale du Nil) devient un grandiose site architectural. Le premier, il sépare son tombeau proprement dit du temple funéraire et instaure la coutume de tenir secret le lieu de son dernier repos. Son successeur Thoutmosis Ier fait creuser son hypogée dans la vallée des Rois. À partir du règne de Thoutmosis II, les reines acquièrent un rôle important. Ainsi, Hatchepsout, épouse de Thoutmosis II, après avoir assuré la régence de son neveu (puis époux) Thoutmosis III, obtient de fait les pouvoirs du pharaon.

Une politique impérialiste

Les souverains du Nouvel Empire ont tiré les leçons de la période précédente. Ils dotent le pays d’une puissante armée. Pour parer à la menace que constituent les États du Proche-Orient (le Hatti en Anatolie, le Mitanni entre le Tigre et l’Euphrate, et Babylone), ils mènent une politique impérialiste. Thoutmosis III, dont les campagnes asiatiques sont relatées sur les pierres du grand temple d’Amon-Rê à Karnak, conquiert la Syrie vers 1479, après avoir triomphé d’une coalition syro-palestinienne menée par le Mitanni. Aménophis II conclut plus tard une alliance avec cet État, inaugurant une ère de diplomatie active. Au sud, les Égyptiens pénètrent le pays de Pount (Éthiopie) et repoussent la frontière jusqu’à la quatrième cataracte. Les territoires placés sous protectorat payent leur tribut en contingents militaires, en esclaves pour les grands travaux et en céréales ; en contrepartie, ils conservent leurs institutions et leurs religions sont respectées. Seule la Nubie est profondément égyptianisée.

Deux menaces pèsent toutefois sur l’Égypte thoutmoside : à l’extérieur, les Hittites refoulent les Égyptiens de Syrie ; dans le pays, le clergé thébain prétend à un rôle toujours plus important au sein du système politico-religieux. Le grand prêtre d’Amon devient même le second personnage de l’État.

Akhenaton ou l’âge amarnien

Aménophis IV veut réformer la religion égyptienne, efforts auxquels son épouse, Néfertiti, prend une grande part. Il tente d’abolir le culte d’Amon pour imposer la croyance en un dieu central, sinon unique : Aton, représentant le Soleil dans sa totalité. Il prend pour nom Akhenaton (« celui qui plaît à Aton ») et quitte Thèbes pour une nouvelle capitale, Akhetaton (aujourd’hui Tell el-Amarna). Le culte d’Aton est cependant abandonné vers la fin de son règne et son gendre, Toutankhamon, ramène la capitale à Thèbes.

L’Égypte ramesside

Prospérité politique et culturelle

Pour contrebalancer l’influence de Thèbes, les Ramessides (onze pharaons des XIXe et XXe dynasties) doivent fonder une seconde capitale dans le Delta, à proximité de Tanis. Le fondateur de la XIXe dynastie, Ramsès Ier, ne règne que deux ans (1291-1289 av. J.-C.). L’Égypte connaît ensuite une longue période de prospérité et de développement, sous la conduite de Ramsès II, qui exerce le pouvoir durant soixante-sept ans. On lui doit une bonne partie des constructions de Louxor et de Karnak, ainsi que les temples creusés dans la falaise d’Abou Simbel. Ramsès II livre d’importantes batailles contre les Hittites, avant de signer avec eux un traité de partage de la Syrie vers 1283. L’alliance est scellée par un mariage avec la fille du roi hittite, Hattousil II.

L’invasion des Peuples de la mer

Le danger hittite écarté, l’intégrité du territoire doit être défendue contre de nouveaux envahisseurs : les Peuples de la mer, venus des côtes de l’Asie Mineure et de Grèce, dont ils ont été chassés par de nouvelles invasions indo-européennes et par l’arrivée des Doriens en mer Égée. Fils et successeur de Ramsès II, Mineptah (ou Mérenptah) les repousse. C’est à cette époque que les Juifs, persécutés par le pharaon, quittent le pays et gagnent la Terre promise, conduits par Moïse. Après la mort de Ramsès III, le deuxième souverain de la XXe dynastie, commence le déclin du Nouvel Empire. L’État, ruiné et assailli par les Assyriens et les Libyens, tombe sous la domination du clergé d’Amon, dont le grand prêtre, Hérihor, prend le pouvoir en Haute-Égypte.

La Basse Époque : XXIe-XXXIe dynasties (1075-332 av. J.-C.)

Les luttes d’influence

Vers 1075, l’Égypte, scindée en deux entités, est soumise aux invasions étrangères. Au nord, Smendès a fondé la XXIe dynastie, dite tanite du nom de sa capitale Tanis ; au sud, les prêtres d’Amon se sont octroyés des titulatures royales et règnent depuis Thèbes de manière quasi autonome.

Au VIIIe siècle av. J.-C., un souverain de Koush conquiert l’Égypte par le sud ; la Haute-Égypte est alors dominée par les Soudanais de Napata qui mêlent leurs traditions à la culture égyptienne. Un siècle plus tard, les Assyriens placent le Delta sous protectorat.

La civilisation saïte

L’Égypte connaît un bref renouveau sous la XXVIe dynastie (664-525 av. J.-C.), après que Psammétique Ier, roi de Saïs, a repoussé les Assyriens et les Soudanais et restauré l’unité du pays. Il doit toutefois ouvrir le pays, ruiné, aux commerçants grecs et la « Renaissance saïte » est marquée par la forte influence culturelle et politique du monde grec. Cependant, les règnes des souverains de la XXVIe dynastie freinent plus qu’ils n’interrompent le processus de décadence.

La domination perse

La XXVIIe dynastie est achéménide, le roi de Perse Cambyse II s’étant emparé vers 525 de toute l’Égypte. Les Perses ne sont chassés qu’avec l’appui des Grecs. Les trois dynasties suivantes sont à nouveau indigènes mais, vers 342 av. J.-C., le pays passe à nouveau sous domination perse.

L’Égypte hellénistique (332-30 av. J.-C.)

La période macédonienne

Alexandre le Grand, dont les troupes occupent l’Égypte, en 332 av. J.-C., libère le pays de la tutelle perse. Jusqu’en 30 av. J.-C., l’Égypte est intégrée au monde hellénistique.

Le Macédonien, qui quitte le pays dès le printemps de l’an 331, fonde Alexandrie et sait obtenir la faveur de la population en maintenant les lois et les traditions nationales. Il s’assure surtout l’appui du clergé en se rendant dans le temple d’Amon, où il fait reconnaître sa filiation divine. Le pays est gouverné par ses généraux, qui désignent Ptolémée comme satrape d’Égypte à la mort d’Alexandre, en 323. Ptolémée se proclame roi, en 305 av. J.-C., et règne dès lors comme un pharaon.

La période ptolémaïque

Durant près de trois siècles, la dynastie lagide fait de l’Égypte l’une des grandes puissances du monde hellénistique. Dans sa plus grande extension, sous Ptolémée III Évergète, l’empire ptolémaïque domine une grande partie de la Syrie, la Cilicie, Cyrénaïque, Chypre et a la maîtrise de la Méditerranée et de la « mer des Indes ». Cependant, la richesse de l’État est fondée sur l’exploitation de la paysannerie égyptienne, lourdement imposée sur les produits issus de terres entièrement en possession du souverain. L’administration est aux mains des colonisateurs hellènes (Macédoniens ou Grecs) et seuls les membres des minorités perse ou juive peuvent espérer accéder aux charges importantes. Les émeutes populaires se multiplient à partir du règne de Ptolémée IV Philopator (222-205 av. J.-C.) ; la contestation prend d’autant plus d’ampleur que les intrigues de palais fragilisent le pouvoir. Les Séleucides, rivaux des Lagides pour le contrôle de la Syrie, tentent de tirer profit de l’affaiblissement de l’Égypte ptolémaïque. En 168 av. J.-C., Antiochos IV Épiphane attaque Alexandrie, sauvée in extremis par une intervention romaine.

Dès lors, le poids de Rome dans les affaires égyptiennes ne cesse de s’alourdir. L’habileté de la reine Cléopâtre, alliée d’abord à Jules César puis à Marc Antoine, ne permet pas d’éviter la chute. Après que ses forces ont été défaites par les légions romaines d’Octave (futur Auguste) à la bataille d’Actium, en 31 av. J.-C., Cléopâtre se suicide.

L’Égypte romaine et byzantine (30 av. J.-C.-642 apr. J.-C.)

L’Égypte demeure une province romaine durant près de sept siècles. Source de richesses pour Rome, elle est maintenue sous un régime d’administration proche de celui qui existe sous les Lagides. En revanche, l’empereur Auguste craignant que le gouverneur de la province ne devienne un nouveau pharaon, la province égyptienne relève personnellement de l’empereur et est gouvernée par un préfet de rang équestre. Au VIe siècle apr. J.-C., Justinien place l’armée sous un commandement séparé.

La domination romaine

Durant la période romaine, l’Égypte connaît une paix relative ; sa frontière méridionale, à Assouan, n’est que rarement attaquée par les Éthiopiens. Alexandrie, grande métropole de l’Empire romain, est le centre d’un commerce prospère entre l’Inde, la péninsule d’Arabie et les pays méditerranéens. La culture romaine ne pénètre guère la société égyptienne, hellénisée sous les Ptolémées. Les Égyptiens demeurent d’ailleurs exclus de la citoyenneté romaine jusqu’à l’édit pris par l’empereur Caracalla, en 212 apr. J.-C. (voir édit de Caracalla).

Les empereurs romains, afin de se concilier le clergé, protègent la religion ancienne, achèvent ou embellissent les temples commencés sous les Ptolémées et y font graver leurs propres noms comme le faisaient les pharaons. On peut trouver leurs cartouches à Isna, Kom Ombo, Dendérah et Philae. Les cultes égyptiens d’Isis et de Sérapis s’étendent dans tout le monde gréco-romain. Dans le même temps, le christianisme se développe. Il semble qu’il pénètre d’abord la communauté juive d’Alexandrie, ébranlée par deux révoltes contre l’occupant romain (66 et 117 apr. J.-C.). La foi chrétienne se diffuse assez rapidement au sein de la population égyptienne, qui manifeste ainsi son opposition à l’exploitation romaine. L’Égypte chrétienne adopte sa propre langue, le copte.

La domination byzantine

Lorsque, après le partage de l’Empire romain, en 395, l’Égypte devient byzantine, le patriarche d’Alexandrie a acquis une grande puissance au sein de l’Église chrétienne et il bénéficie du soutien du pape contre son rival de Constantinople. Saint Cyrille, patriarche d’Alexandrie de 412 à 444, obtient la condamnation pour hérétisme de Nestorius, patriarche de Constantinople (voir nestorianisme). Mais le pouvoir du patriarcat alexandrin devient menaçant pour la papauté elle-même. Le successeur de Cyrille, Dioscore, qui a défendu les thèses monophysites, est déposé au concile de Chalcédoine, en 451. Le monophysisme, parce qu’il est condamné par Constantinople, est dès lors adopté massivement par les chrétiens d’Égypte. Durant les deux siècles suivants, la plus brillante période de l’art copte, la communauté chrétienne d’Égypte est victime des persécutions du pouvoir byzantin, lesquelles visent également les Juifs. Après les treize années d’occupation sassanide, de 616 à 629, l’intolérance religieuse est portée à son comble. Le basileus Héraclius promulgue une série d’édits imposant le baptême aux juifs et la doctrine de l’Église byzantine aux coptes. L’Égypte passe finalement sous la domination arabe en 642, après la chute d’Alexandrie.    

L'Egypte dite Moderne  

 

L’Égypte musulmane

Les califats

Après une période de chaos, l'Égypte sous domination byzantine est envahie en 639 par les Arabes, sous la conduite du général arabe Amr. Dès 642, Alexandrie capitule. L’Égypte relève désormais du califat mais, comme dans l’ensemble de l’Empire musulman en voie de constitution, les Égyptiens peuvent maintenir leur pratique religieuse en échange du paiement d’un impôt de capitation (jizyah) et d’un impôt foncier (kharaj). Cependant, les Égyptiens se convertissent rapidement à l'islam — plus égalitaire que le christianisme byzantin — et se mêlent aux populations arabes qui y migrent massivement.

Les Arabes n’apportent guère de modifications au système administratif byzantin, qu’ils ouvrent cependant plus largement aux dhimmis (protégés) coptes.

Durant les deux siècles qui suivent, l’Égypte est dirigée par des gouverneurs appointés par le calife, chef de la communauté musulmane. L’arrivée de tribus arabes et le remplacement de la langue copte par l’arabe dans tous les documents officiels favorisent l’arabisation et l’islamisation de la société égyptienne. Dès 750, les chrétiens ne constituent plus qu’un quart de la population. La rapidité avec laquelle s’opère la conversion du peuple égyptien à l’islam s’explique en grande partie par la volonté d’échapper aux impôts spéciaux frappant les dhimmis. Mais l’islam propose également une doctrine égalitariste séduisante et permet aux Égyptiens, divisés par les querelles religieuses sous l’Empire byzantin, de refonder une communauté.

Sous les califes abbassides, la situation intérieure se dégrade au point que le pays est confié en iqta (sorte de fief) à l’oligarchie militaire turque qui domine le califat de Bagdad. En 868, Ahmad Ibn Tulun, un Turc, est nommé gouverneur militaire de l’Égypte. Il organise une puissante armée et affranchit bientôt le pays de la tutelle abbasside, avant de conquérir la Syrie. En 905, l’armée abbasside reprend l’Égypte aux Tulunides, auxquels succèdent, en 935, les Ikhchidites, autre dynastie turque. Ceux-ci ne peuvent résister à la puissance fatimide, qui s’étend depuis 909 sur l’ensemble du Maghreb. En 969, l’Égypte et la Syrie sont conquises. Les souverains chiites fondent la nouvelle ville du Caire (al-Qahira, « la Victorieuse ») où ils établissent le siège de l’anticalifat et créent l’université islamique al-Azhar. La période fatimide est prospère et culturellement féconde, jusqu’au règne d’Hakim (969-1021), mystique fanatique. Dès lors, l’agitation gagne l’armée, au sein de laquelle s’opposent contingents mamelouks, formés par des esclaves de Turquie et de Circassie, contingents berbères et soudanais. À l’extérieur, la puissance fatimide est entamée par la perte du Maghreb, en 1045 et de la Syrie, enlevée par les Seldjoukides, en 1075. En 1099, les croisés prennent Jérusalem et s’établissent sur une partie du territoire palestinien.

La lutte contre les croisés est menée par les troupes sunnites de Nur al-Din, atabeg d’Alep, qui sont appelées à prêter main forte aux Fatimides, menacés sur leur territoire par les armées croisées, en 1168. Saladin, l’un des généraux de Nur al-Din, est nommé vizir d’Égypte et fonde sa propre dynastie, celle des Ayyubides. Saladin restaure l’orthodoxie sunnite en se plaçant sous l’autorité (nominale) du calife abbasside et institue un enseignement coranique unifié, en créant des médersas. Il reconquiert sur les croisés la plus grande partie de la Syrie et de la Palestine, et fait de l’Égypte une puissance militaire, dominant un vaste ensemble s’étendant jusqu’en Mésopotamie. Cependant, la puissance ayyubide est rapidement minée, après la mort de son fondateur, par les querelles intestines. Elles permettent aux chefs mamelouks d’imposer leur pouvoir. Appelés à combattre les chrétiens de la neuvième croisade contre le roi de France, Louis IX (Saint Louis), les mamelouks renversent les Ayyubides et installent leur propre gouvernement en 1250.

Les mamelouks

La première dynastie de sultans mamelouks, les Bahrites, gouverne l’Égypte jusqu’en 1382. Certains sont des dirigeants remarquables, tel Baybars Ier, qui arrête, en 1260, l’avancée des Mongols. Deux autres invasions mongoles sont repoussées par les mamelouks, qui chassent également les croisés de la région auxquels ils reprennent Saint-Jean d’Acre, leur dernière place forte en Palestine. À la fin du XIIIe siècle, le sultanat s’étend vers le nord jusqu’aux frontières de l’Asie Mineure. L’Égypte, dotée d’une administration modèle, détient le monopole du commerce des épices vers l’Occident chrétien et commerce, malgré l’interdiction papale, avec les Vénitiens et les Génois. Au Caire, sont édifiés de somptueux monuments.

La seconde dynastie de sultans mamelouks, les Burjites, d’origine tcherkesse, renoue avec l’instabilité politique et les luttes de pouvoir. La situation économique se dégrade : avec la découverte de la route du cap de Bonne-Espérance, en 1498, l’Égypte perd son rôle commercial. Désormais, la route des Indes passe par l’Afrique du sud. En Asie Mineure, une nouvelle puissance est née après la prise de Constantinople, en 1453, par les Turcs ottomans. En 1517, l’Égypte est conquise par les troupes du sultan ottoman Sélim Ier.

L’Égypte demeure sous la suzeraineté de l’Empire ottoman jusqu’au démembrement de celui-ci, après la Première Guerre mondiale. En réalité, les Turcs n’exercent un contrôle réel sur le pays que durant une période très brève. Les mamelouks, en effet, continuent d’être employés dans les gardes personnelles des 24 beys, qui gouvernent les districts sous l’autorité du pacha, lequel est nommé à la tête de la province par la Sublime Porte. Très rapidement, ils deviennent à leur tour gouverneurs et s’assurent la plus grande part du produit de l’impôt perçu au nom du pacha. L’armée demeure également contrôlée par ces militaires indisciplinés.

En 1757, Ali Bey, dirigeant mamelouk, prend le titre de cheikh al-Balad (« chef du pays ») et proclame son indépendance vis-à-vis du sultan ottoman. Celui-ci rétablit ensuite son autorité, qui n’est plus que nominale.

Livré à l’anarchie, le pays décline et les trente dernières années du XVIIIe siècle sont marquées par des épidémies de peste et des famines qui réduisent la population à 4 millions d’âmes à peine. Cette situation favorise la mainmise des Européens (Français, Russes et Britanniques) qui, bénéficiant du régime des capitulations sur tout le territoire de l’Empire ottoman, prennent le contrôle du commerce

L’Égypte au XIXe siècle

La réforme de Méhémet Ali

La rivalité entre Français et Britanniques motive l’occupation du pays en 1798 par l’armée française, conduite par Bonaparte. Dans sa campagne d’Égypte, Bonaparte a emmené une équipe de savants qui sont à l’origine de la redécouverte de la civilisation égyptienne antique par les Européens. Durant les trois années d’occupation française, débute la modernisation du pays : l’administration et les finances sont réorganisées sur le modèle européen ; un programme de remise en état des infrastructures est lancé tandis qu’est instauré un conseil général, composé d’ulémas (docteurs de la loi) et de notables. En 1801, une alliance anglo-ottomane, bénéficiant du soutien populaire, contraint le général Menou, qui s’était converti à l’islam, à quitter le pays. Après le retrait des troupes britanniques, le désordre s’installe : mamelouks et Ottomans luttent pour reprendre le pouvoir qui échoit finalement à Méhémet Ali, général ottoman d’origine albanaise. Celui-ci reçoit, lors de son coup de force, l’appui des ulémas, lesquels se refusent à abandonner le pouvoir perdu depuis le début de l’occupation ottomane, et recouvré grâce aux Français. En 1805, cédant à leurs instances, le sultan ottoman reconnaît Méhémet Ali qui est nommé pacha d’Égypte.

L’autorité du nouveau gouverneur n’est cependant affermie qu’en 1811, après qu’il a fait massacrer les dirigeants mamelouks. Méhémet Ali, qui a modernisé l’armée égyptienne avec l’aide des conseillers militaires français, engage alors des troupes dans une série de guerres de conquête, menées au nom de la Sublime Porte, mais dont il espère tirer un profit personnel.

La première campagne l’oppose aux wahhabites d’Arabie. En 1812, il occupe les villes saintes de l’islam, La Mecque et Médine. En 1819, la province du Hedjaz est conquise, puis c’est le Soudan qu’il attaque cette fois pour son compte, afin de contrôler le commerce caravanier avec l’intérieur du continent africain.

Ses conquêtes ne laissent pas d’inquiéter les puissances européennes, au premier rang desquelles la Grande-Bretagne, qui ne souhaite pas le voir contrôler la route des Indes. Lorsque Méhémet Ali intervient, à la demande du sultan, pour réprimer le soulèvement nationaliste grec (voir guerre de l'Indépendance grecque), il se heurte aux Européens : en 1827, la flotte égyptienne est détruite à Navarin. En 1831, les troupes égyptiennes conduites par Ibrahim Pacha, fils de Méhémet Ali, envahissent la Syrie et entrent ainsi en conflit avec le suzerain turc, dont l’armée est défaite. Dès 1833, les Égyptiens menacent la capitale ottomane, Istanbul. Une fois de plus, la Russie, la Grande-Bretagne et la France interviennent, cette fois pour protéger le sultan. Méhémet Ali doit se retirer mais il garde la Syrie. En 1840, toutefois, la flotte britannique le contraint à abandonner ce pays. Il obtient, en contrepartie, de la Porte, le titre héréditaire de vice-roi d’Égypte et du Soudan.

Sur le plan intérieur, Méhémet Ali prend exemple sur l’Europe afin de hisser son pays au rang des nations développées. Il modernise le pays, encourage la culture industrielle du coton, développe les infrastructures et dote le pays d’un réseau d’instituts techniques. Ses ambitieuses réformes contribuent à raviver le sentiment national égyptien.

Faillite et domination étrangère

Après la mort de Méhémet Ali en 1849, l’Égypte subit de plus en plus l’influence européenne. Les guerres et les grands travaux ont grevé le budget de l’État. Poursuivant la politique de modernisation, les successeurs de Méhémet Ali, Abbas Ier, Saïd Pacha et Ismaïl Pacha, accumulent une dette considérable, en grande partie générée par les travaux de percement du canal de Suez. Le canal est inauguré en novembre 1869. L’Égypte retrouve ainsi sa position stratégique sur les routes commerciales maritimes ; elle va y perdre son indépendance. En 1875, Ismaïl — qui a obtenu du sultan le titre de khédive est contraint de céder aux Britanniques les parts détenues par l’État égyptien dans la société du canal de Suez. L’année suivante, une commission franco-britannique prend en charge les finances égyptiennes au travers d’une Caisse de la dette publique. En 1879, le sultan ottoman destitue Ismaïl au profit du fils de celui-ci, Tawfiq Pacha, plus docile. L’ingérence européenne suscite au sein de l’armée une opposition nationaliste.

L’Égypte depuis le XXe siècle

Le protectorat britannique

En 1882 éclate une révolte, menée par Ourabi Pacha. Les exactions perpétrées par les insurgés contre les coptes, tenus pour complices des Britanniques, servent de prétexte à l’occupation militaire du pays par ces derniers. Les troupes britanniques vont se maintenir en Égypte jusqu’en 1955, date à laquelle elles évacuent la zone du canal de Suez. L’Égypte demeure nominalement sous la suzeraineté de l’Empire ottoman ; le khédive continue de régner, le Premier ministre de gouverner. Mais le véritable dirigeant du pays est en réalité le consul général britannique.

La domination européenne entraîne dans l’ensemble du monde arabo-musulman une réforme religieuse et une renaissance culturelle (nahda) indissociable de l’essor du nationalisme. Muhammad Abduh, le mufti de la mosquée al-Azhar, est l’une des figures de proue de la nahda égyptienne : il prône tout à la fois un retour à l’islam originel, plus égalitaire, et l’ouverture du monde musulman à la science moderne, conditions nécessaires à ses yeux pour relever le défi de la modernité et contrebalancer la puissance de l’Occident. En 1899, est fondé le Parti national égyptien, dirigé par Mustapha Kamil, avocat formé en France. Abbas II Hilmi, successeur de Tawfiq, encourage le mouvement nationaliste.

En 1904, la suprématie de la Grande-Bretagne sur l’Égypte et le Soudan (où a été établi un condominium anglo-égyptien) est consacrée par un accord avec la France, conclu après la crise de Fachoda. Le protectorat britannique n’est officiel qu’après le déclenchement des hostilités avec la Turquie ottomane en octobre 1914 (voir Première Guerre mondiale). Les activités nationalistes sont interdites et Abbas II déposé. Les années de guerre sont particulièrement dures pour les fellahin égyptiens, enrôlés pour creuser des tranchées et contraints de livrer leur bétail à l’armée. Le mécontentement suscité par la politique britannique débouche sur la recomposition du mouvement nationaliste et la reprise de ses activités.

La monarchie

Au lendemain de l’armistice, une délégation politique (le Wafd) est formée par les nationalistes laïques, qui entendent négocier avec les Britanniques l’avenir de leur pays. La délégation n’est jamais reçue : son chef, Sa’d Zaghlül (surnommé Zaghoul Pacha et fils d’un paysan aisé de Basse-Égypte), formé en France comme Mustafa Kamil, est arrêté et exilé. Les nationalistes ne désarmant pas, Londres déclare unilatéralement l’indépendance de l’Égypte en 1922. Le successeur de Hussein devient roi sous le nom de Fouad Ier. Les Britanniques, toutefois, se réservent le contrôle de la défense et des affaires étrangères ainsi que le droit d’entretenir des troupes sur le territoire égyptien et celui d’intervenir militairement si leurs intérêts se trouvent menacés.

La Constitution adoptée en 1924 instaure un pouvoir législatif bicaméral, fortement contrôlé par le pouvoir exécutif, détenu par le roi qui nomme le Premier ministre. Victorieux aux élections législatives de janvier 1924, le Wafd va dominer la vie politique pendant trente années, durant lesquelles le Parti nationaliste rivalise pour le contrôle du pouvoir effectif avec le roi. Cette lutte est habilement exploitée par la Grande-Bretagne qui soutient tour à tour le Wafd et le monarque.

En 1936, après la mort du roi et un nouveau triomphe du Wafd aux élections, la Grande-Bretagne et l’Égypte signent un traité qui doit régler les points réservés dans la déclaration d’indépendance de 1922. Les troupes britanniques se retirent de la plus grande partie du territoire égyptien, mais demeurent stationnées dans la zone du canal de Suez. Une clause prévoit qu’elles peuvent se redéployer en cas de menace sur la libre circulation maritime. La signature du traité n’est pas seulement motivée par la victoire électorale des nationalistes. L’année précédente, l’Italie fasciste a envahi l’Éthiopie.

Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, l’Égypte ne s’engage pas aux côtés des Alliés, mais est utilisée comme base militaire par ceux-ci. Pourtant, lorsque le maréchal Rommel lance, depuis la Libye, une offensive en direction du canal de Suez, les Britanniques somment le roi Farouk de rappeler Nahas Pacha, dirigeant du Wafd. Ce dernier coopère totalement avec les Britanniques, attitude qui discrédite le Wafd dans la population. La position du mouvement des Frères musulmans, organisation islamiste fondée en 1927 (avec le soutien tacite des Britanniques), en est renforcée, et, au sein de l’armée, se constitue clandestinement un comité des officiers libres, rassemblant de jeunes officiers nationalistes et progressistes.

Sans avoir recouvré sa souveraineté, l’Égypte s’engage, en 1948, dans la première guerre arabe contre Israël. La défaite exacerbe l’agitation antigouvernementale. En 1951, Nahas Pacha, tentant de se concilier l’armée, dénonce les accords britannico-égyptiens de 1936. Farouk se proclame roi d’Égypte et du Soudan. Le pouvoir réagit trop tardivement : en juillet 1952, les officiers libres déposent le roi. En décembre, la monarchie est abolie. Le mois suivant, les partis politiques sont interdits.

L’Égypte républicaine

L’Égypte de Nasser

Le 18 juin 1953, la république d’Égypte est proclamée. Les putschistes désignèrent comme président de la nouvelle République le général Mohamed Néguib, qui n’est pas l’un des leurs, mais jouit d’un grand prestige. Il est remplacé deux ans plus tard par Gamal Abdel Nasser, qui concentre l’essentiel du pouvoir exécutif. En juillet 1956, Nasser est officiellement élu président.

Nasser mène une politique de répression contre les communistes et les Frères musulmans et se montre suffisamment pro-occidental pour obtenir l’évacuation totale de l’Égypte par les forces britanniques dès 1954 (deux ans plus tôt que prévu). En avril 1955, à la conférence de Bandung, il s’affirme comme l’un des champions du non-alignement, aux côtés du Yougoslave Tito et de l’Indonésien Suharto.

Pourtant, les pays occidentaux refusant de lui vendre des armes, principalement destinées à poursuivre le combat contre Israël, Nasser se tourne vers le bloc soviétique. Après que ses demandes de prêt pour le financement du barrage d’Assouan ont été rejetées par les États-Unis, le dirigeant égyptien nationalise, en juillet 1956, le canal de Suez, source potentielle de revenus. La France et la Grande-Bretagne, principaux actionnaires de la Compagnie du canal de Suez, s’allient à Israël pour occuper la zone en 1956. Fait rarissime en cette période de guerre froide, les États-Unis et l’URSS s’entendent pour obliger les trois alliés à évacuer le territoire égyptien et une force des Nations unies est placée en tampon entre l’Égypte et Israël.

La crise de Suez confère à Nasser un certain prestige au sein du monde arabe, dont celui-ci entend faire l’unité derrière l’Égypte. Le 1er février 1958, une union est scellée avec la Syrie, qui forme une République arabe unie (RAU), à laquelle est associé, le 8 mars, le Yémen. Cette entreprise ne dure que trois ans. Une nouvelle tentative de fédération arabe, entre l’Égypte, la Syrie et l’Irak, en 1963, connaît le même échec.

Sur le plan intérieur, Nasser choisit la voie du « socialisme arabe » à partir de 1961, donnant à l’État l’essentiel de l’initiative économique, en vue de mieux répartir la richesse nationale. Les timides avancées, plus symboliques qu’effectives, sont annulées par l’implication de l’Égypte dans plusieurs guerres au cours des années 1960.

En 1962, les troupes égyptiennes interviennent dans la guerre civile opposant, au Yémen, les républicains aux forces monarchistes. Cette intervention est non seulement coûteuse, matériellement et humainement, mais elle dresse contre le régime nassérien l’Arabie saoudite. La monarchie wahhabite, pro-occidentale et porteuse d’un projet concurrent d’unification du monde arabe (au sein de la umma musulmane), s’oppose par la suite à tous les efforts déployés par Nasser pour rassembler les États arabes, qu’il s’agisse de favoriser la coopération économique ou de promouvoir une solidarité politique.

L’Égypte nassérienne joue néanmoins le premier rôle au sein de la Ligue arabe, prenant la direction du combat contre Israël, un moyen pour Nasser de précipiter l’unité arabe. La création de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) est largement favorisée par l’Égypte. Les mesures prises par le raïs, en mai et juin 1967 (fermeture du détroit de Tiran, retrait des forces onusiennes), contribuent largement au déclenchement de la guerre des Six-Jours. L’armée israélienne occupe rapidement toute la péninsule du Sinaï. La défaite égyptienne entame le prestige de Nasser et place le pays sous une dépendance plus étroite vis-à-vis de l’Union soviétique. C’est sous la pression de Moscou qu’en juillet 1970 Nasser accepte le plan Rogers, prévoyant un long cessez-le-feu avec Israël.

Le raïs meurt subitement en 1971. Anouar al-Sadate, collaborateur de longue date de Nasser, est choisi pour lui succéder.

La présidence de Sadate

Dès les premières années de présidence, Sadate réoriente la politique intérieure. Contre l’encadrement socialiste de l’économie, il opte pour la libéralisation économique. Il libère les prisonniers politiques incarcérés sous Nasser et desserre quelque peu le contrôle qui pèse sur la presse.

En revanche, il semble d’abord s’inscrire dans la continuité de la politique menée par son prédécesseur à l’égard d’Israël. Il s’agit en fait pour Sadate de laver l’humiliation de 1967 afin d’être en position de force pour une négociation ultérieure. Les escarmouches entre les deux pays n’ont jamais cessé, et cette « guerre d’usure » affaiblit l’économie égyptienne. Sadate prépare habilement la revanche, se réconciliant avec l’Arabie Saoudite, qui finance ses achats d’armes à l’Union soviétique. Le 6 octobre 1973, jour de la fête religieuse juive du Yom Kippour et au milieu du Ramadan, mois de jeûne pour les musulmans, l’Égypte déclenche la quatrième guerre israélo-arabe.

L’effet de surprise joue d’abord en faveur des Égyptiens, mais les Israéliens reprennent rapidement le dessus et peuvent encercler les unités égyptiennes dans les faubourgs de Suez. Les Nations unies imposent alors un nouveau cessez-le-feu et une ligne d’armistice est établie, protégée par les forces de l’ONU, entre les armées égyptienne et israélienne.

La paix avec Israël

Si l’Égypte n’a pas gagné la guerre du Kippour, elle a cependant démontré sa valeur militaire en traversant le canal de Suez dont la rive orientale est occupée par les Israéliens. Fort de ce demi-succès, qui a redonné confiance au peuple égyptien, et appuyé par le secrétaire d’État américain Henry Kissinger, Sadate ouvre les pourparlers avec Israël. En novembre 1977, il est le premier chef d’État arabe à se rendre en visite en Israël. En septembre 1978, après de longues négociations qui se déroulent, sous l’égide du président américain Jimmy Carter, à Camp David, dans le Maryland, Sadate et le Premier ministre israélien, Menahem Begin, s’accordent, en septembre 1978, sur les principes d’un règlement du conflit israélo-égyptien. Un traité de paix entre les deux pays, reprenant les accords de Camp David, est signé à Washington le 26 mars 1979. Il prévoit notamment la restitution du Sinaï, effective en 1982, et le retrait des troupes israéliennes de la zone de Suez. La réouverture du canal intervient à un moment opportun pour l’économie israélienne. Surtout, l’Égypte, par cette paix, obtient une substantielle aide américaine. Elle perd, en revanche, sa place au sein de la Ligue arabe, dont le siège est transféré du Caire à Tunis.

Accusé de traîtrise par les plus intransigeants des dirigeants arabes, Sadate est, dans son pays, la cible des islamistes, qui exploitent également la crise sociale et économique. Le pouvoir répond à leurs attaques par la répression, arrêtant et emprisonnant des centaines d’opposants et limitant la liberté de la presse. C’est dans ce contexte qu’Anouar al-Sadate est assassiné par des extrémistes le 6 octobre 1981, au cours d’une parade militaire commémorant la guerre du Kippour.

L’Égypte de Moubarak

Le vice-président Hosni Moubarak succède à Sadate. S’il maintient l’Égypte dans le camp occidental et ne rejette pas la paix avec Israël, il consacre ses efforts à améliorer les relations avec les pays arabes.

En janvier 1984, l’Égypte réintègre la Conférence islamique. L’ostracisme est définitivement levé en 1989, lorsque l’Égypte est à nouveau acceptée au sein de la Ligue arabe. Cette politique modérée permet au pays de jouer un rôle important dans le règlement du conflit israélo-arabe. Elle est l’hôte ou l’initiatrice de nombreux sommets, de dimension régionale et internationale. En mars 1996, alors que le processus de paix en Palestine est menacé par une vague d’attentats terroristes, Hosni Moubarak accueille, à Charm al-Cheik, une conférence réunissant, aux côtés des représentants des grandes puissances, la quasi-totalité des dirigeants des pays du Proche-Orient, y compris le Premier ministre israélien.

Moubarak tente de réduire les effets inégalitaires de la politique économique conduite par Sadate, et accepte une relative libéralisation de la vie politique. Cependant, à partir de 1984, la radicalisation d’une partie des mouvements islamistes, entrés dans une véritable guérilla contre le pouvoir, entraîne en retour un durcissement du pouvoir qui frappe également le mouvement des Frères musulmans, dont les élections de 1987 confirment l’influence croissante au sein de la société égyptienne. Les groupes radicaux, Jihad et Jamaa islamiya, sont particulièrement actifs en Haute-Égypte dans la région d’Assouan, où la communauté copte est la première victime de la violence islamiste. À partir de 1992, le conflit entre autorités et islamistes prend un tour plus dramatique encore, marqué par des attentats terroristes contre les sites touristiques et les assassinats ou les tentatives d’assassinat contre des figures de la société égyptienne laïque. En 1995, l’écrivain Naguib Mahfouz est ainsi agressé. En juin, le président Moubarak lui-même échappe à une tentative d’attentat, revendiqué quelques semaines plus tard par la Jamaa islamiya alors qu’il se trouve à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, pour un sommet de l’Organisation de l’unité africaine. Cet événement accroît la tension existant avec le Soudan, depuis que ce pays a choisi de mener un destin séparé en 1956, et le gouvernement soudanais est une nouvelle fois mis en cause pour son soutien aux islamistes. Cependant, une normalisation progressive des relations entre les deux pays s’est opérée.

L’Égypte demeure confrontée aux problèmes sociaux créés par les réformes économiques et à la poursuite des attentats et des assassinats islamistes. Le pays connaît une réduction de l’inflation, du déficit public et de la dette extérieure et une croissance du PIB, et le gouvernement accélère le programme de privatisations. Cependant, le chômage croît, tandis que les classes les plus défavorisées représentent près de 40 p. 100 de la population. La situation se trouve aggravée par la très importante baisse des recettes du tourisme au lendemain de l’attentat de Louxor en novembre 1997. Le massacre de 57 touristes par un commando de la Jamaa islamiya met au jour la désorganisation des services de sécurité, incapables de protéger les sites touristiques, et porte un coup au régime de Moubarak. Les autorités reprennent la situation en main et entreprennent de dissocier les islamistes modérés de la branche « dure » du mouvement intégriste. Ainsi, en avril 1999, le gouvernement libère plus d'un millier d'islamistes condamnés comme extrémistes, incluant des militants ayant accepté de collaborer avec le pouvoir, sinon avec la police. Le gouvernement continue de s'opposer à l'ouverture d'un dialogue avec la Jamaa islamiya et abrite les opposants au régime soudanais qui soutient le mouvement. De même, le président Moubarak refuse la constitution d'un parti émanant de l'Association des Frères musulmans, bien que ces islamistes modérés aient renoncé à la violence depuis une vingtaine d'années.

Hosni Moubarak est réélu par référendum, le 26 septembre 1999, à la présidence de la République, 93,97 p. 100 des votants ayant approuvé sa réélection pour un quatrième mandat de six ans. Un nouveau gouvernement, présidé par le Premier ministre Atef Ebeid, entre en fonction le 11 octobre 1999, comprenant 13 nouveaux ministres sur 33, un changement moins important que celui auquel s'attendaient l'opposition et la population. Les ministères les plus importants ne changent pas de titulaires.

Entre le 31 décembre 1999 et le 3 janvier 2000, des affrontements violents entre coptes et musulmans, dans la province de Sohag à 450 km au sud du Caire, font plus de 20 morts (presque toutes les victimes sont chrétiennes). Une dispute entre un marchand copte et un client musulman à Al-Kocheh dégénère en fusillade, puis en pillages et incendies de propriétés coptes. Un couvre-feu est décrété pendant deux jours, mais d'autres incidents ont lieu dans des villages voisins.

Le 24 février 2000, le pape Jean-Paul II effectue son premier voyage en Égypte, dont l'objectif est de raviver le dialogue entre les religions monothéistes. En novembre 2000, le Parti national démocrate du président Moubarak remporte 61 p. 100 des sièges au Parlement, soit 145 de moins par rapport aux précédentes élections législatives. Il conserve cependant une large majorité grâce au ralliement de 216 élus sans étiquette. Les Frères musulmans reviennent au Parlement avec 17 élus.

De même que la vie est issue des eaux de la mer primordiale, de même le royaume pharaonique est né des eaux du Nil. Don au peuple d'Égypte, le plus long fleuve du monde coule vers le nord depuis le cœur de l'Afrique jusqu'à la Méditerranée. Sa plaine inondable était une vaste oasis, un aimant pour la vie, tant humaine que végétale et animale. Les humains y furent attirés parce qu'ils pouvaient y pratiquer l'agriculture et s'établir dans des villages permanents. La crue annuelle du Nil déposait un limon riche en substances nutritives, procurant tout ce qui était nécessaire au soutien de la vie et à la croissance d'une grande civilisation.

Bornée au sud, à l'est et à l'ouest par un désert impénétrable, et au nord par le mer, l'Égypte ancienne était protégée des influences extérieures, ce qui lui permit d'évoluer de façon unique.

Le Nil et le désert

Jadis, les Égyptiens appelaient le désert la «terre rouge», le distinguant de la plaine inondable bordant le Nil, qu'ils nommaient «terre noire». Les sables du désert ont en effet une teinte rougeâtre et la terre des rives du Nil devenait noire lorsque les eaux des crues annuelles se retiraient.

Le désert et le Nil émergèrent il y a des millions d'années, lorsque l'antique mer qui recouvrait la plus grande partie de l'Europe et du nord de l'Afrique (il y a 45 millions d'années) vit ses contours se modifier, formant le bassin méditerranéen. Cela se produisit quand les plaques terrestres se déplacèrent pour créer l'Himalaya et les Alpes. Au fil du temps — des milliers d'années —, le Nil en vint à adopter son cours actuel, enserré entre les déserts oriental et occidental.

Le haut Nil a trois affluents, le Nil Blanc, le Nil Bleu et l'Atbara. Le Nil Blanc sort du lac Victoria, du lac Édouard et du lac George, et le Nil Bleu descend des montagnes d'Éthiopie. L'Atbara, qui prend également sa source dans les montagnes d'Éthiopie, se jette dans le fleuve issu de la réunion du Nil Blanc et du Nil Bleu juste au nord de Khartoum. Avant d'arriver à la Méditerranée, le Nil se divise en quatre cours d'eau plus petits, dans la région du delta.

La région septentrionale de l'Égypte est bordée de deux déserts, le désert oriental montagneux, ou désert Arabique, et le désert occidental sablonneux, ou Libyque. Des tribus nomades continuent de parcourir ces régions désertiques, comme elles le font depuis des siècles, faisant halte dans les oasis pour y reconstituer leurs réserves d'eau.

Vers 5000 av. J.-C., lorsque le climat est devenu plus aride, des groupes nomades se replièrent sur la vallée du Nil, y créant les premiers établissements urbains. Ces localités se concentraient dans le nord et le sud. C'est ainsi que l'Égypte fut connue sous le nom de «Double-Pays», ou les «Deux Pays» de Haute- et de Basse-Égypte.

Les deux terres furent réunies en 3100 av. J.-C. par le roi légendaire Ménès. Il fonda une nouvelle cité administrative là où le Nil se subdivise à l'orée du delta. Autrefois, on l'appelait «Mur-Blanc» ou Mennefer; les Grecs la nommèrent Memphis. Elle demeura la capitale de l'Égypte pendant plus de 3500 ans. Aucun vestige archéologique ne prouve que le roi Ménès ait existé, mais on croit que la fameuse palette de Narmer, qui montre deux images d'un roi, l'un portant la couronne de la Haute-Égypte et l'autre celle de la Basse-Égypte, est une représentation du roi Ménès. Ce dernier et le roi Narmer étaient peut-être la même personne, le premier roi d'Égypte.

La dualité — le désert et la vallée fluviale, la Haute- et la Basse-Égypte, la vie et la mort — était un important principe à la base de la vision du monde des Égyptiens.

La vallée du Nil

Les prises de vue aériennes dans Mystères de l'Égypte nous dévoilent la beauté de la vallée du Nil. Le majestueux fleuve coule vers le nord, depuis ses sources au Burundi jusqu'à la Méditerranée, sur une distance de 6650 kilomètres. C'est le fleuve le plus long du monde !

La forme de la vallée du Nil évoque une fleur de lotus, l'antique symbole égyptien de la régénération de la vie. La longue et étroite vallée fluviale est la tige, et le delta, qui s'élargit pour former un triangle, est la fleur, le Fayoum constituant, lui, un bourgeon.

Pendant des siècles, le Nil a inondé la vallée, enrichissant la terre d'une épaisse couche de sol alluvial. Les crues se produisaient de juillet à septembre, résultat des pluies tropicales sur les plateaux d'Éthiopie. Le fleuve atteignait son niveau maximal en octobre, puis celui-ci commençait à décroître, étant à son minimum entre avril et juin.

Dès les temps les plus anciens, on a exercé un certain contrôle des crues. On suréleva les rives du fleuve et creusa des canaux pour canaliser l'eau dans la vallée. On prenait de grandes précautions pour prévenir les inondations excessives, mais il s'en produisait parfois, ce qui causait des dégâts et entraînait des pertes de vie. La vallée n'a cependant plus connu d'inondations depuis la construction du barrage d'Assouan. Ce dernier a été construit en 1902, et porté soixante ans plus tard à sa hauteur actuelle.

Les crues du Nil rendaient la mince bande de terre de chaque côté du fleuve extrêmement fertile. La majorité de la population paysanne pratiquait une agriculture intensive. Après la décrue, on commençait à labourer à l'aide de charrues primitives en bois et à semer.

Comme il pleut rarement en Égypte, les crues constituaient la seule source d'humidité pour les cultures. Des canaux d'irrigation servaient à contrôler l'eau, particulièrement en temps de sécheresse. Les principales cultures à l'époque pharaonique étaient l'orge, l'amidonnier (un blé grossier), la lentille, le haricot, le concombre, le poireau, l'oignon, la datte, la figue et le raisin. L'abondance de fleurs fournissait aux abeilles le nectar nécessaire à la production du miel, que les Égyptiens traitaient. On cultivait le lin pour faire de la toile, et on récoltait le papyrus, dont on faisait du papier, des cordes, des nattes, des sandales et des embarcations légères.

On faisait l'élevage de divers animaux domestiques : bestiaux, bœufs, moutons, chèvres, cochons, canards et oies, entre autres. L'âne et le cheval arrivèrent d'Asie vers 1600 av. J.-C., et le chameau fut introduit beaucoup plus tard. À l'époque des premiers pharaons, le chameau était inconnu.

Le Nil était la grande voie qui reliait les diverses parties du pays. Jusqu'au XIXe siècle, les déplacements par voie de terre étaient pratiquement inconnus. Comme il n'y a pas de forêts en Égypte, le bois était importé du Liban. Le bois d'acacia était utilisé en Basse-Nubie pour construire les bateaux qui transportaient le granit servant à l'édification des pyramides. La felouque, une petite embarcation à voile non pontée, était le moyen de transport des personnes et des biens le plus courant sur le Nil.
La vallée du Nil est véritablement une bénédiction pour l'Égypte. Sans ses eaux et sa terre fertile, la civilisation égyptienne ne serait pas apparue.

L'Egype se dote à la chute de la monarchie en 1952 d'un drapeau rouge, blanc et noir : ces trois couleurs sont arborées par de nombreux nationalistes arabes et se retrouvent sur de nombreux drapeaux contemporains. De façon officielle, le rouge traduit la lutte contre l'occupant, le blanc la révolution sans effusion de sang et le noir la fin de l'oppression du peuple par la monarchie et le colonisateur britannique.

La proclamation de la République arabe unie en 1958, formée par l'Egypte et la Syrie et présidée par Nasser, voit naître deux étoiles vertes sur la bande centrale du drapeau. En 1972, les étoiles sont remplacées par un faucon d'or, remplacé à son tour en 1984 par un aigle d'or qui se retrouve dans la configuration actuelle du drapeau et qui correspond à l'aigle de Saladin, sultan fondateur de la dynastie des ayyubides au XIIème siècle.

Silence et Patience, Liberté, Socialisme, Unité.
 

Bilady Bilady Bilady

Ma patrie ma patrie ma patrie

My homeland, my homeland, my hallowed land,
Only to you, is my due hearty love at command,

My homeland, my homeland, my hallowed land,
Only to you is my due hearty love at command,

Mother of the great ancient land,
My sacred wish and holy demand,
All should love, awe and cherish thee,
Gracious is thy Nile to humanity,
No evil hand can harm or do you wrong,
So long as your free sons are strong,

My homeland, my homeland, my hallowed land,
Only to you, is my due hearty love at command.

de Misr
Nom arabe signifiant la "métropole"

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