La CitéInterdite, Pékin
 
 
 

Le Palais impérial appelait jadis la "Cité interdite pourpre". La couleur "pourpre", symboliquement attribuée à l'étoile polaire, signifie qu'elle était un centre cosmique.

S’étendant sur plus de 72 hectares, le Palais impérial compte 9 999,5 pièces, protégé par une muraille d’enceinte de
10 mètres de haut, de 960 mètres de long du nord au sud, et de 750 mètres de large d’est en ouest.
Une douve large de 52 mètres contourne toute la muraille. Ainsi, c’est une cité dans la cité.

Le Palais impérial (Gugong) construit sous les ordres de l'empereur Yongle, fut édifié entre 1407 et 1420. Les empereurs Ming et Qing s'y succédèrent jusqu'en 1924, date à laquelle Puyi, dernier empereur Qing, abandonna définitivement ses appartements. On accède à la Cité interdite elle-même en pénétrant dans le palais par la porte Tian'anmen puis en franchissant deux vastes avant-cours. On se retrouve devant la porte du Midi (Wumen) dont la construction rappelle un peu celle de nos châteaux forts. Elle fut édifiée en 1420, puis restaurée à plusieurs reprises, notamment en 1979. C'est ici que l'empereur recevait les soldats qui rentraient victorieux de la guerre.

La Cité interdite est entourée par des douves dont on franchit le côté sud, la rivière des Eaux dorées, par l'un des cinq ponts en marbre blanc qui symbolisent les cinq vertus. A partir de là, les portes majestueuses, les cours immenses et les palais se succèdent, apparemment sans fin. Les tuiles des toits sont jaunes, c'est la couleur de l'empereur, et les murs violets, car le pourpre est la couleur de l'étoile Polaire, centre du cosmos, comme l'empereur est le centre de l'Empire.

Le yin (Impératrice, chiffres pairs) et le yang (Empereur, chiffres impairs), ainsi que les 5 éléments de l'Univers : eau (Impératrice, salles du nord) , feu (Empereur, salles du sud), bois (culture, salles de l'est), métal (art militaire, salles de l'ouest) , terre sont les principes philosophiques directeurs qui organisent la Cité interdite. Le chiffre 9 y est partout présent (nombre d'animaux, de clous sur les portes, etc.).

 
 
 
Dans la maison du « Fils du Ciel »
 
Si, dans une rue de Pékin, un passant demande son chemin à un Chinois, celui-ci lui répondra que le lieu qu'il cherche est au nord, au sud-est ou à tout autre point cardinal. Les Chinois n'utilisant guère les notions de droite et de gauche, il faudrait donc, pour s'orienter, se munir d'une boussole, mais les boussoles chinoises ont l'aiguille aimantée dirigée vers le sud et non vers le nord.
En fait, il est difficile à Pékin de se tromper de route, du moins dans la partie monumentale de la capitale chinoise. Celle-ci est, en effet, une ville ou, mieux, un ensemble de villes construites et orientées de façon assez régulière. Sous les deux dernières dynasties impériales - celle des Ming (1368 - 1644) et celle des Qing, ou T'sing (1644 - 1911) - on distinguait au sud la ville Extérieure, ou ville Chinoise, et au nord la ville Intérieure, ou ville Tartare, dont le coeur est constitué par la Cité impériale (Huang cheng), qui affecte la forme d'un quadrilatère. Parfaitement orientée suivant un axe nord-sud, celle-ci est elle-même centrée sur un noyau rectangulaire, la Cité interdite.
Quand on observe un plan de Pékin, on a vraiment l'impression de se trouver devant une ville gigogne, la plus petite étant la Cité interdite, également appelée Cité pourpre interdite (Zi jin cheng), qui, à son tour, renferme le palais impérial proprement dit (Gugong). La couleur rouge, qui, pour les Chinois, symbolise l'étoile Polaire, visait à indiquer que le palais était le centre de l'univers, l'imperium se confondant avec la Chine et tout le globe terraqué.

Déjà, sous la dynastie mongole des Yuan (1271-1368), quand Marco Polo arriva à la cour du Grand Khan, le palais impérial devait se trouver dans cette zone. Le voyageur vénitien en a laissé une description minutieuse. Non seulement « le palais est entouré d'une enceinte carrée de 1 mille de côté », mais « cette enceinte est percée au midi de cinq portes, et en son centre s'ouvre une très grande porte que l'on n'ouvre et ne ferme que lorsque passe le Grand Khan ». Marco Polo se montre impressionné par les murs revêtus d'or et d'argent, les jardins et les lacs artificiels. Hélas ! il ne reste rien de cette ville.
C'est Yongle (Yong-lô), troisième souverain de la dynastie des Ming (1403-1424), qui, lorsqu'il fit de Pékin sa capitale, entreprit de faire reconstruire le palais selon un plan et une architecture que l'on retrouve encore dans leurs grandes lignes. Les travaux, qui débutèrent en 1407, durèrent près de treize ans et occupèrent jusqu'à deux cent mille ouvriers et artisans. Depuis lors, les divers édifices qui composent la « Cité » ont été maintes fois reconstruits, agrandis, restaurés; la majeure partie de ceux que l'on peut encore admirer aujourd'hui remontent au XVIIIe siècle au maximum.
Le visiteur est particulièrement frappé par la profusion des marbres, l'imposant mur d'enceinte peint en rouge et couronné de tuiles jaunes (le jaune était la couleur de l'empereur), les constructions en bois aux couleurs vives, constamment en réfection, l'immensité des espaces. Alors qu'autrefois l'accès à la Cité interdite était réservé à une minorité (seuls quelques dignitaires et fonctionnaires pouvaient y pénétrer), il est aujourd'hui possible d'en visiter chaque édifice, chaque salle, chaque temple.
Mais, même si la partie la plus secrète de la Cité n'est plus « interdite », quiconque y pénètre venant de Pékin - une ville bruyante, peuplée de masses laborieuses, dont les rues grouillent de milliers de bicyclettes et résonnent des avertisseurs des automobiles - se trouve transporté dans un monde tout aussi différent que fascinant.
 
 
Au coeur du palais
 
La place de la Porte de la Paix céleste (Tianan men), la plus vaste de Pékin et l'une des plus grandes du monde, peut être considérée comme le véritable centre de la ville. Dans sa partie sud s'ouvre une des plus anciennes portes, la porte Qian-men ; sur ses côtés sont situés le palais de l'Assemblée populaire et celui qui abrite le musée d'Histoire; au centre, enfin, on peut admirer le mausolée de Mao et le monument dédié aux héros du peuple. La place Tian-an men est délimitée au nord par un long mur de couleur rouge, percé en son centre de la porte de la Paix céleste, qui se compose en réalité de cinq portes, auxquelles donnent accès cinq petits ponts en marbre précédés de cinq colonnes en marbre blanc (hua biao), décorées d'ornements sculptés en forme d'ailes symbolisant le droit chemin que devait suivre l'empereur; ses sujets avaient coutume d'y accrocher, à l'extérieur des portes du palais, des pétitions, des critiques, des suggestions. Seul le souverain pouvait passer par la porte centrale, toute autre personne devant emprunter, à pied, l'une des quatre autres, A l'entrée de la Cité impériale, quand on vient de la vaste place de la Porte de la Paix céleste, on peut admirer le premier couple de lions en pierre d'époque Ming. La tradition populaire veut que lorsque le chef rebelle Li Zicheng fit son entrée dans Pékin après la chute des Ming (1644), il se heurta à deux lions, qui lui barrèrent l'accès de la Cité impériale. Li Zicheng tira deux flèches, et les fauves disparurent, remplacés par deux animaux en pierre, gardiens de la ville. D'autres lions, en pierre ou en bronze, se rencontrent à l'intérieur de la Cité interdite. Ils vont toujours par couples, le mâle ayant la patte avant gauche posée sur une balle, tandis que la femelle joue avec un lionceau.
 
Il faut encore franchir deux autres portes - celle de la Droiture (Duan-men) et celle du Midi (Wu-men) - avant de pénétrer dans la Cité interdite stricto sensu. Construite en 1420 et plusieurs fois restaurée, la porte de la Droiture est surmontée de cinq pavillons (communément appelés les Cinq Phénix). C'est ici que le souverain passait les troupes en revue après une victoire et qu'il établissait le calendrier de la nouvelle année, cérémonie très importante en Chine depuis l'Antiquité.
La porte du Midi est flanquée de deux édifices religieux du plus grand intérêt le temple dédié au culte des ancêtres de la dynastie et le temple de la divinité de la Terre et du Grain, c'est-à-dire aux dieux tutélaires de l'État impérial chinois. Au-delà de cette porte s'étend un très vaste espace traversé d'est en ouest par un canal en forme d'arc mongol, le Ruisseau des Eaux d'or (Jinshui ho), que franchissent également cinq ponts, plus grands que ceux dont il a été question plus haut. L'importance du chiffre cinq s'explique par le fait que pour les Chinois il existait cinq vertus, cinq montagnes sacrées, cinq couleurs, cinq points cardinaux (ils considéraient en effet le centre comme un point cardinal) et cinq éléments. Le symbolisme de ce chiffre remonte à plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
 
Quoi qu'il en soit, cette cour immense communique à l'est et à l'ouest avec d'autres parties de la ville. Mais face au visiteur s'ouvrent d'autres issues, dont la principale est, au centre, la porte de la Suprême Harmonie (Taihe-men), qui donne accès à une cour encore plus vaste, au centre de laquelle on découvre, alignés suivant un axe sud-nord et érigés sur une plate-forme en marbre à trois degrés, les trois pavillons réservés aux manifestations officielles (San da dian) : la salle de la Suprême Harmonie (Taihe dian), la salle de la Parfaite Harmonie (Zhonghe dian) et la salle de la Conservation de l'Harmonie (Baohe dian). Ces constructions simples, de plan carré ou rectangulaire, en général entourées d'un portique, sont couronnées du classique toit en pagode, dont la forme a donné lieu à diverses interprétations. L'une d'entre elles voudrait qu'elle évoque une tente, mais les Chinois étant un peuple d'agriculteurs sédentaires et non de nomades, il semble que cette hypothèse ne puisse être retenue. Les angles des toits sont ornés de petites sculptures figurant des dragons, des phénix, des lions, des chevaux ailés, des licornes et autres animaux mythiques. On peut rappeler à ce propos une légende relative à Min, un prince de l'État de Ji qui, vaincu en 283 avant J. -C., aurait été accroché à l'angle d'un toit, où on l'aurait laissé mourir de faim. Pour se rappeler sa tyrannie, ses sujets auraient ensuite posé sur le toit de leurs maisons une image du prince à cheval sur une poule, puis un animal monstrueux en forme de dragon, appelé à surveiller le volatile pour l'empêcher de s'enfuir. Les autres animaux n'auraient eux-mêmes été ajoutés que de nombreux siècles plus tard, à l'époque de la dynastie des Ming.
 
Le premier pavillon, maintes fois reconstruit, est édifié sur une terrasse accessible par trois escaliers en marbre. En son centre se dresse le trône de l'empereur, entouré de meubles d'époque. C'est ici que se déroulaient les cérémonies les plus importantes - comme l'intronisation du souverain, son anniversaire ou encore la fête du Solstice d'hiver - et que l'on proclamait les résultats des concours littéraires ouverts à ceux qui se destinaient à la carrière administrative.
Un trône occupe le centre du deuxième pavillon, où le Fils du Ciel se préparait avant d'entrer dans la salle de la Suprême Harmonie. Dans la salle du trône, l'empereur regardait toujours vers le sud, alors que quiconque s'approchait de sa personne devait avoir le visage tourné vers le nord. C'est ici que, à l'automne, on offrait au souverain des échantillons de la récolte de l'année, cueillis dans le champ qui entourait le temple de l'Agriculture, où il se livrait une fois l'an à la cérémonie du labourage. Cette tradition fut successivement reprise par Louis XV (1756), puis par l'empereur Joseph d'Autriche et par le grand-duc de Toscane (1769).
Le troisième pavillon, qui abrite également un trône, était la salle où, sous la dernière dynastie, étaient reçus les ambassadeurs étrangers et où l'on passait les concours littéraires, d'un niveau élevé, permettant d'accéder au rang de jin ski. Ce sont ces examens - ils ont existé en Chine depuis la dynastie des Han jusqu'en 1905 - qui, au XIXe siècle, donnèrent aux Occidentaux l'idée d'organiser des concours d'État pour l'entrée dans l'administration. Ce troisième pavillon abrite aujourd'hui de nombreux chefs-d'oeuvre de l'art chinois exposés par ordre chronologique.
 
Passé la porte de la Pureté céleste (Qianqing men) - une construction très ancienne gardée par deux superbes lions en bronze doré, où, sous la dynastie des Ming, le souverain écoutait, à l'air libre, les rapports de ses fonctionnaires -, on arrive à un deuxième groupe de trois pavillons, également érigés sur une plate-forme en marbre. Il s'agit des trois palais postérieurs (Hou san gong) : le palais de la Pureté céleste (Qianging gong), le palais de la Prospérité réciproque (Jiaotai dian) et le palais de la Tranquillité terrestre (Kunning gong).
Sur la terrasse qui porte le palais de la Pureté céleste, on peut admirer d'énormes brûle-parfum en bronze, ainsi que des lions et des licornes élaborés dans le même matériau (la tortue, le phénix, la licorne et le dragon - les quatre animaux qui symbolisent l'immortalité - sont très répandus dans la sculpture et les bas-reliefs). A l'instar de leurs prédécesseurs Ming, les souverains de la dernière dynastie utilisaient ce palais comme chambre à coucher; par la suite, il servit pour les audiences, auxquelles assistait également l'impératrice. Au centre est placé le traditionnel trône.
Plus petit, le pavillon de la Prospérité réciproque était à l'origine la salle du trône de l'impératrice, mais l'empereur Qian-long (Kien-long) (1736-1796) décida d'y déposer les sceaux impériaux.
 
Quant au palais de la Tranquillité terrestre, il était sous les Ming la résidence personnelle de l'impératrice. La porte de la Tranquillité terrestre (Kunning men) conduit au jardin impérial (Yuhua yuan), aménagé à l'époque Ming et possédant de beaux arbres séculaires, où Qianlong composa quelques beaux poèmes. En son centre se trouve le pavillon de la Tranquillité impériale (Qinan dian), dont deux licornes en bronze doré (Qilin) gardent l'entrée. On quitte le jardin par la porte de l'Esprit martial (Shenwu men), qui limite la Cité interdite au nord.
Le parcours suivi jusqu'à présent correspond à l'axe sud-nord, qui est évidemment le plus important, mais il ne faut pas pour autant négliger les axes latéraux. A l'ouest de la porte de la Pureté céleste se trouve un passage qui mènera le visiteur dans le secteur occidental de la ville Rouge. S'il poursuit son chemin en direction du nord, il découvrira tour à tour le pavillon de la Nourriture de l'Esprit (Yangxin dian), résidence de prédilection des trois derniers empereurs, puis le complexe des six palais occidentaux (Xiliu gong), où vivaient l'impératrice et les concubines du souverain.
A l'est de la porte de la Pureté céleste, un autre passage, symétrique du précédent, donne accès à l'axe oriental, où l'on visite, toujours du sud vers le nord, le palais de l'Abstinence (Zhai gong), une des constructions les plus récentes puisqu'elle remonte à 1731 (elle abrite aujourd'hui une riche collection de bronzes sacrés antiques). Lui font suite les six palais orientaux (Dongliu gong), autrefois également réservés aux femmes. A l'est de la porte de l'Abstinence se trouve le pavillon des Ancêtres (Fengxian dian), où l'on rendait hommage aux ancêtres de la famille impériale.
Après avoir franchi plusieurs portes et traversé différentes cours, on atteint le pavillon de la Tranquillité et de la Longévité (Ningshou gong), où, dans trois salles contiguës, disposées suivant un axe sud-nord, sont exposés quelques chefs-d'oeuvre provenant des collections impériales.
 
 
En remontant le temps
 
Si l'on veut comprendre pourquoi la Cité interdite fut reconstruite de manière à être le centre cosmique de la capitale et de l'Empire, il faut remonter à la plus haute Antiquité. Quand on édifie une ville, il est indispensable d'orienter sa planimétrie en fonction des points cardinaux. Le mur d'enceinte affecte la forme d'un quadrilatère. L'entrée principale s'ouvre généralement vers le sud, et les principaux monuments religieux sont également localisés dans le secteur méridional de la ville. Les divinités essentielles de l'antique religion préconfucéenne étant le Ciel et le dieu de la Terre et du Grain, il n'est pas étonnant que l'autel du Ciel et le temple de l'Agriculture se trouvent dans le secteur sud de Pékin.
Après la chute de la dynastie mongole des Yuan, des envahisseurs venus du nord qui avaient conquis tout l'Empire, la dynastie purement chinoise des Ming, dans son souci de restauration nationale, se tourna résolument vers le nord et transféra sa capitale de Nankin à Pékin. Celle-ci était un centre urbain très ancien, une ville frontière établie au contact des deux grands axes d'expansion politique, économique et culturelle de la Chine, dirigés l'un vers le sud, l'autre vers l'Asie centrale. Pékin avait été la capitale de dynasties non chinoises, comme les Liao [Leao] (937-1125) et les Jin (1210-1234), et
surtout la capitale de l'ensemble de la Chine sous Khoubilay khan : connue sous les noms mongol de Khanbalik (Cambaluc) et chinois de Ta-tu, elle se présentait comme une agglomération composite groupant des édifices en dur et des yourtes mongoles (tentes en feutre et en peau).
 
C'est donc Yongle, troisième empereur de la dynastie des Ming, qui décida de faire de Pékin le centre politique et administratif de l'Empire et de reconstruire la ville. Si le transfert de la capitale de Nankin à Pékin s'explique par des raisons politiques, militaires et climatiques, la reconstruction, elle, obéit strictement aux principes de la géomancie (feng-shui) : c'est ainsi par exemple qu'une porte ouverte dans le mur d'enceinte par les Mongols fut condamnée, car elle risquait d'exercer une influence néfaste sur les palais impériaux.
Certains spécialistes pensent que la Montagne de Charbon (Mei chan), avec ses cinq pics, pourrait aussi avoir un rapport avec la géomancie et les croyances taoïstes. Il s'agit en effet de cinq collines de remblai que les Ming auraient fait édifier dans le nord de la ville en accumulant de grandes quantités de charbon, d'où leur nom. Mais les sondages effectués récemment n'ont pas permis de confirmer le bien-fondé de cette légende. Chacune de ces collines est surmontée d'un petit pavillon (tous construits sous le règne de Qian-long), et devant l'un d'entre eux on peut encore voir l'arbre mort auquel aurait été pendu, en 1644, le dernier empereur Ming, Chong Zen.
Il ne fait pas de doute que lorsqu'il s'agit de reconstruire Pékin, les architectes des Ming s'inspirèrent du modèle de la vieille capitale, Nankin, mais aussi qu'ils suivirent jusqu'à un certain point les préceptes d'un chapitre du Zhou li, un célèbre rituel chinois (« le rituel de Zhou ») ; rédigé probablement aux alentours de l'ère chrétienne, il entendait codifier chaque moment de la vie des Chinois, reflétant ainsi les relations entre l'ordre humain et l'ordre cosmique.
 
Comment apparut la Cité impériale aux premiers Occidentaux qui arrivèrent à Pékin? En 1598, le jésuite Matteo Ricci en donnait cette courte description : « Le palais du roi se trouve à l'intérieur du mur intérieur, sitôt que l'on a franchi la porte sud, et s'étend jusqu'à la porte nord en position centrale, de sorte que tous les autres habitent des deux côtés ; il semble ainsi que le palais du roi occupe toute la ville. Il est plus petit que celui de Nankin, mais beaucoup plus beau, d'autant que, à cause de l'absence du roi (qui n'y va jamais), celui-ci se détériore de jour en jour, alors que du fait de sa présence celui de Pékin se rénove de jour en our. » Ce témoignage vieux de quatre siècles montre donc la Cité interdite de l'extérieur et fait état d'incessants travaux d'agrandissement et de restauration.
Sans reprendre toutes les descriptions faites par les voyageurs occidentaux, il est néanmoins intéressant de faire un saut de deux siècles dans le temps pour observer ce que Ricci n'avait pas pu voir. Voici, par exemple, en quels termes la Cité interdite est décrite en 1777 dans les célèbres Mémoires concernant les Chinois, publiés à Paris par
un missionnaire anonyme : « Les palais de l'empereur sont de véritables palais et témoignent de la grandeur du seigneur qui les habite par l'immensité, la symétrie, l'élévation, la régularité, la splendeur et la magnificence des innombrables édifices qui les composent.
» Le Louvre tiendrait largement dans une des cours du palais de Pékin, et l'on en compte un bon nombre à partir de la première entrée jusqu'à l'appartement plus secret de l'empereur, sans parler des édifices latéraux. Tous les missionnaires que nous avons vu arriver d'Europe ont été frappés par l'air de grandeur, de richesse et de puissance du palais de Pékin. Tous ont confessé que si les diverses parties qui le composent n'enchantent pas la vue, comme les plus beaux exemples de la grande architecture européenne, leur ensemble constitue un spectacle auquel rien de ce qu'ils avaient vu auparavant ne les avait préparés. Ce palais mesure 236 toises et 2 pieds d'est en ouest, et 236 toises et 9 pieds du nord au sud. A quoi il faut ajouter les trois cours antérieures, qui, bien qu'entourées d'édifices plus grands que les autres, ne sont pas comprises dans ces mesures. Ces milliers de toises [la toise chinoise équivaut à dix pieds], toutes occupées ou entourées par des tours, des galeries, des portiques, des salles et des édifices importants, produisent d'autant plus d'effet que les formes sont très variées, les proportions plus simples, les plans plus assortis et que l'ensemble tend vers le même but : tout, en effet, devient plus beau à mesure que l'on approche de la salle du trône et des appartements de l'empereur.
 
Les cours latérales ne peuvent être comparées aux cours centrales, ni les premières de celles-ci à celles qui se trouvent plus en retrait. Il en va de même pour tout le reste. Les dernières cours, qui ne sont ni en porcelaine ni dorées comme dans les contes, mais revêtues d'une majolique assez grossière, émaillée en jaune d'or et chargée d'ornements en relief, surpassent toutes les autres par leurs corniches et leurs angles en arête largement décorés. Nous ne dirons rien des couleurs d'or et des vernis qui confèrent une telle splendeur aux grands édifices, de peur de donner l'impression d'une tabatière ou d'une bonbonnière...
Il faudrait des volumes entiers pour décrire dans leur totalité les palais que l'empereur possède à Pékin, dans ses environs, dans les provinces et au-delà de la Grande Muraille. Mais comme certaines imaginations s'enflamment facilement et font un incendie d'une seule étincelle, nous leur dirons tout de suite que, bien que la politique les ait voulus pour soutenir la majesté et donner une idée de la puissance d'un des plus grands princes de la terre, elle a pris soin de les faire tous plus petits, moins magnifiques, moins ornés que celui de Pékin. »
 
 
La vie dans la Cité Interdite
 
Centre cosmique de l'Empire, la Cité interdite est aussi la résidence principale de l'empereur et de la Cour. En chinois, empire se dit tianxia, c'est-à-dire « tout ce qui est sous le ciel ». Dans les plus anciens textes, on retrouve cette identification de l'État au monde, une conception d'une monarchie universelle unique; la Chine est entourée de peuples et de pays barbares, qui doivent se considérer comme ses vassaux et lui payer périodiquement tribut. Sous le règne de Qian-long, une ambassade britannique envoyée par le roi George III dans le but d'améliorer les relations commerciales entre les deux pays arriva dans la Cité interdite. L'ambassadeur d'Angleterre, Lord Macartney, ayant refusé de faire les révérences d'usage (ko-tou) devant l'empereur et donc de reconnaître la suzeraineté de la Chine, la mission échoua. En 1816, une autre ambassade, menée par Lord Amherst, faillit pour les mêmes raisons, et le souverain asiatique écrivit à George III : « Si vous acceptez loyalement notre souveraineté et vous montrez soumis, il n'est pas nécessaire d'envoyer une mission à notre Cour chaque année pour prouver que vous êtes véritablement notre vassal. »
 
Le personnage qui vivait dans la Cité interdite, l'empereur, les Chinois l'appelaient Huangdi (Auguste Dominateur) - titre qui fut inauguré en 221 avant J.-C. par le premier Auguste Empereur de la dynastie Qin (T'sin) - ou Tianzi (Fils du Ciel). Cette dernière dénomination ne signifie nullement que le souverain revendique une ascendance divine, comme l'empereur du japon. Le Ciel était, depuis la plus haute Antiquité, la principale divinité chinoise, et il pouvait déléguer ses pouvoirs à un homme pour gouverner le monde en son nom. Cet homme fondait une dynastie qui recevait ainsi le « mandat céleste » (tianming), la charge de diriger le gouvernement. Mais si le comportement d'un souverain laissait à désirer, le Ciel pouvait lui retirer ce mandat ; une autre dynastie montait alors sur le trône, et le changement devenait ainsi légitime. En réalité, à quelques exceptions près, l'empereur de Chine règne mais ne gouverne pas. Ce rôle est dévolu aux Six Ministères (liu bu) et à d'autres organes tels le Conseil privé de l'empereur et le Conseil d'État (à partir de 1729). Bien que très puissante, la bureaucratie se heurte souvent, dans la Cité interdite, au groupe des eunuques, qui exerce une influence considérable.
 
En Chine, la mnogamie ne date que du XXe siècle. Traditionnellement, chaque Chinois pouvait avoir, outre son épouse, une ou plusieurs concubines, et les empereurs n'échappaient pas à la règle. La famille impériale se composait de la première épouse, c'est à dire de l'impératrice (Huang hou) et d'une kyrielle d'épouses et de concubines (fei ou pin), ces dernières étant choisies sous les Qing (T'sing) parmi la noblesse mandchoue. Le harem impérial pouvait compter de quelques dizaines à plus d'une centaine de femmes, et le service y était assuré par des eunuques. L'empereur Kangxi [K'ang-hi] (1662-1723), qui eut au total trente-cinq fils et vingt filles, fut cependant obligé de réduire à trois cents personnes les effectifs du personnel vivant dans la Cité interdite, alors que sous la dynastie précédente des Ming plusieurs milliers de serviteurs et de fonctionnaires étaient attachés au service de la Cour.
A cette époque, le groupe des eunuques était si puissant qu'à certains moments ils en arrivèrent à diriger la vie de l'Empire, favorisant l'expansionnisme politique et économique de la Chine. Il suffit de citer les nombreuses expéditions navales qui eurent lieu entre 1405 et 1430 dans les mers du Sud, l'océan Indien et sur les côtes d'Afrique orientale. Sous la dernière dynastie impériale, le pouvoir des eunuques fut nettement réduit, et ils se retrouvèrent relégués à leurs tâches spécifiques.
A la mort de l'empereur, il arrivait que sa veuve (huang taihou) occupe une position importante à la Cour. Si elle avait une forte personnalité, elle pouvait, comme ce fut le cas pour Ci xi (T'seu-hi), qui mourut en 1908, jouer un rôle politique et intervenir largement dans la vie de l'Empire. C'est Ci xi qui, avec l'appui des conservateurs, fit échouer le mouvement réformiste de 1898 et enfermer dans un des palais de la Cité interdite l'empereur Guangxu (Kouang-siu), favorable aux réformes; c'est elle aussi qui abandonna la capitale lors de la révolte des Boxers (Yihetuan), en 1900, et qui, après la mort de Guangxu, désigna son successeur, le jeune Pu Yi (P'ou-yi), alors âgé de deux ans.
 
L'auteur des Mémoires concernant les Chinois écrivait au XVIIIe siècle que « les cadres et les peintures n'entrent jamais dans la décoration des grands appartements impériaux. La majesté du trône n'admet que des ornements simples, nobles et augustes comme elle-même. Les peintures sont reléguées dans les cabinets, les galeries et les salles des jardins ». De fait, les collections de peinture impériales (conservées en grande partie au musée du Palais à Formose) se trouvaient non dans les appartements où vivait l'empereur, mais dans d'autres pièces à l'intérieur de la Cité interdite.
Comme leurs prédécesseurs Tang (618907) et Song (960-1227), les empereurs des deux dernières dynasties qui vécurent dans la Cité interdite aimaient à collectionner les peintures et les oeuvres d'art, et souvent étaient eux-mêmes poètes et mécènes. C'est dans le pavillon de la Bravoure militaire (Wuying dian), situé tout à fait à l'ouest de la Cité interdite, qu'étaient imprimées les oeuvres littéraires et poétiques - généralement sans grande valeur, à l'exception de certaines poésies de Qian-long - des souverains chinois. Quelques-unes d'entre elles y sont d'ailleurs conservées.
 
Le pavillon de la Profondeur littéraire (Wenyuan ge), localisé plus à l'est, abritait la bibliothèque de Qian-long. Également connue sous le nom de Siku, celle-ci regroupait plus de dix mille ouvrages, répartis, selon l'ancienne classification des livres chinoise, en quatre dépôts (siku) ou quatre sections (sibu) : oeuvres classiques, historiques, philosophiques et littérature variée.
Qian-long fit exécuter six copies identiques de cette bibliothèque constituée exclusivement de manuscrits une fut déposée dans le Yuanmingyuan (l'ancien palais d'Été de Pékin, détruit par le corps expéditionnaire franco-anglais en 1860), une autre à Jehol (l'actuelle Chengde, à l'époque résidence d'été de la Cour), une troisième à Moukden (aujourd'hui Shenyang, berceau de la dynastie mandchoue), les autres enfin dans diverses villes. Autrefois conservés dans la Cité impériale, ces manuscrits peuvent aujourd'hui être consultés à la Bibliothèque nationale de Pékin.
Des rites particuliers se déroulaient dans la Cité interdite en présence du souverain et de la Cour. C'est ainsi que le premier mois de l'année lunaire était marqué par la fête de la veille du Nouvel An (chuxi), durant laquelle le Fils du Ciel, installé dans la salle d'audience, recevait de bon matin l'hommage des membres de la famille impériale et des hauts fonctionnaires vivant à la Cour. Beaucoup plus importante était la fête du Nouvel An proprement dite (yuandan). A cette occasion, les Chinois avaient coutume de brûler de l'encens en l'honneur des esprits, pour les inviter à descendre sur terre, et de tirer de grands feux d'artifice. Les princes, les ducs, les fonctionnaires et les gardes de l'antichambre impériale pouvaient accéder librement à la Cité interdite pour offrir leurs félicitations au souverain dans la salle de la Suprême Harmonie. Le Fils du Ciel était assis sur son trône, entouré d'une cinquantaine de personnages de premier rang, tandis que sur les marches de l'estrade se tenaient, debout, les princes et les nobles, placés selon la position qu'ils occupaient dans la hiérarchie.
 
Dans la cour qui s'étend devant le pavillon, on trouvait les mandarins, vêtus de leurs habits de cérémonie. L'empereur offrait à chacun une bourse sur laquelle étaient gravés les huit symboles précieux (babao) du bouddhisme (la roue de la loi, la coquille, l'ombrelle, le baldaquin, le lotus, la jarre, le poisson et le noeud mystique). La réception terminée, les participants regagnaient leur demeure pour remettre les augures à leurs proches.
Des cérémonies analogues se déroulaient dans la même salle le jour du solstice d'hiver, à l'occasion de l'anniversaire de l'empereur et lors des victoires militaires.
Au cours du premier mois de l'année lunaire, on célébrait encore la fête du début du Printemps (dachun), durant laquelle le ministre des Rites offrait à l'empereur un trône surmonté d'une « colline de printemps » (chunshan baozuo), tandis que les représentants de la préfecture métropolitaine de Pékin lui apportaient une image d'un boeuf du printemps (chunniu). A la fin de la cérémonie, chacun retournait à ses occupations. Sur le chemin du retour, on battait la figurine du boeuf (faite d'abord d'argile, puis, de simple papier), d'où le nom de la fête (dachun signifie « frapper le printemps »).
Le dix-neuvième jour du premier mois lunaire, les Chinois commémoraient ce qu'ils appelaient le « festin du neuf » (yanjiu). L'empereur y participait dans le Petit Pavillon d'or (xiaojin dian), où il assistait à des compétitions de lutte et recevait les princes mongols.
Au cours du deuxième mois lunaire, on célébrait dans le pavillon de la Gloire littéraire (Wenhua dian) la fête des Classiques, durant laquelle des lettrés illustres commentaient devant l'empereur les plus grands textes classiques.
La Chine était dotée depuis des siècles d'un puissant appareil bureaucratique, et la sélection des fonctionnaires reposait essentiellement sur la connaissance des classiques confucéens. Les empereurs de la dernière dynastie favorisèrent de grandes entreprises littéraires collectives. C'est ainsi que Kangxi fit compiler le grand dictionnaire (49 000 caractères chinois) qui porte son nom (Kangxi zidian) et dont la première édition fut imprimée dans le palais en 1716. C'est là aussi que, en 1725, fut éditée, sous le titre Gujin tushu jicheng, la plus grande encyclopédie chinoise illustrée.
A son tour, Qian-long fit préparer l'édition des classiques confucéens, de textes historiques et autres, et fit publier le catalogue complet des oeuvres figurant dans la bibliothèque impériale.
Presque tous les empereurs des deux dernières dynasties collectionnèrent des oeuvres d'art. Bien qu'une partie des pièces ait été volée après la révolte des Boxers et que d'autres aient été transférées avant 1949 au musée du Palais à Formose, il reste dans la Cité interdite de nombreux objets provenant des collections impériales. Celles-ci se sont enrichies de pièces archéologiques mises au jour à la faveur des campagnes de fouilles menées depuis la fondation de la République populaire de Chine (1eroctobre 1949). La Cité interdite abrite plus de 900 000 objets précieux - chefs-d'ouvre de peinture et de calligraphie (l'art noble par excellence aux yeux des Chinois), bronze, céramique, porcelaines, sculptures, tissus, bijoux, etc. -, et leur nombre s'accroît sans cesse.
 
 
Les portes du palais
 
Quatre bastions, surmontés chacun d'un pavillon à la toiture aussi jaune, flanquent l'enceinte aux quatre angles. Quatre portes donnent accès au palais, soit une sur chaque mur : au sud, Wu Men (la Porte du Midi ), au nord, Shen Wu Men (la Porte de la Fierté divine), à l'est et à l'ouest, Dong Hua Men et Xi Hua Men (les Portes fleuries de l'Est et de l'Ouest). On pénètre par la Porte Tian An Men, puis franchit deux avant-cours, pour atteindre Wu Men, la plus grande des quatre portes.

 
Wu Men
 
Wu Men (Porte du Midi ou du Méridien) est la plus grande porte du Palais impérial. Edifiée en 1420, puis restaurée deux fois, en 1647 et en 1801, elle donne sur le sud. Haute de 10 m, longue de 92 m au sud et de 126 m au nord, la porte est flanquée de deux ailes en retour et surmontée de cinq pavillons, un grand rectangulaire au centre et quatre autres carrés, plus petits, aux quatre coins. D'où vient le nom de "Pavillons de Cinq Phénix". Leurs toitures sont en tuiles jaunes comme celles du palais. Sous la dynastie des Qing, une pièce latérale de la porte était réservée aux fonctionnaires et officiers de haut rang, qui y restaient chaque jour de bonne heure pour attendre l'audience de l'empéreur. Quand celui-ci les recevait en audience, le tambour et la cloche sur la porte retentissaient à la fois.
Lorsque la cloche sonnait simplement, ceci signifiait que l'empéreur allait prier aux Temples du Ciel et à l'Autel de la Terre pour les bonnes récoltes. Quand il se rendait au Temple des Ancêtres pour faire le sacrifice, on battait le tambour seulement. L'empereur y présidait également les cérémonies de triomphe à Wu Men lorsque la guerre fut gagnée ou que le nouveau calendrier. La porte était aussi le lieu du châtiment pour les fonctionnaires qui offensaient l'empereur dans leurs interventions. Sous l'empereur Jia jing (1522-1566) des Ming, 134 fonctionnaires furent fouettés devant la porte pour ce genre d'offense, dont 17 étaient battus à mort
 
Shen Wu Men
 
La Porte de la Fierté divine, en chinois Shenwumen, était la "porte de derrière" du Palais impérial. Elle fut bâtie sous les Ming et restaurée sous le règne de Kang Xi des Qing. A l'étage se trouvaient un tambour et une cloche servant à donner l'heure aux occupants du palais.
C'était par cette porte que l'empereur et l'impératrice se rendirent aux jardins impériaux à l'ouest de Beijing ou allaient effectuer une tournée d'inspection. C'était aussi par là que l'impératrice douairière Ci Xi s'enfuit avec l'empereur Guang Xu, en 1900, lorsque les troupes alliées des huit Etats envahissaient la capitale.

 
La Porte Tian An Men
 
Construite en 1420 et reconstruite en 1651, la Porte Tian An Men (Porte de la Paix céleste en français) portait son nom actuel sous le règne de l'empereur Shun Zhi des Qing. Elle s'appelait Cheng Tian Men (Porte des Faveurs du Ciel) auparavant, sous les Ming.
Elle était l'entrée principale de la Cité interdite. Au-dessus de la porte se dresse un pavillon splendide en bois, soutenu par une rangée de colonnes pourpres et surmonté d'une double toiture aux tuiles jaunes vernissées. Le faîtage du toit supérieur est orné de dix dragons (animal fabuleux) dont les deux principaux ferment les deux extrémités du faîte, deux épées en éventail perçant leur dos pour empêcher leur fuite. Les huit autres se trouvent respectivement sur les bouts des huit arêtiers. Cet ornement sert à protéger l'édifice contre l'incendie, le dragon étant un animal capable de verser la pluie. Chaque arêtier est orné également de dix autres faîteaux pour écarter les catastrophes. Les dix faîteaux s'alignent en ordre suivant: dragon, phénix, lion, cheval ailé, hippocampe, licorne, poisson, xie (animal fabuleux), boeuf et bou (animal fabuleux). Cette rangée est commencée par un génie à califourchon sur phénix. Ces faîteaux furent installés pour écarter les catastrophes au moment de la construction de l'édifice, mais ont été laissés par la suite comme ornements. Les faîteaux remontent au déluge en Chine. On en trouve dans les fresques des Tang et les tombes des Han.
Le pavillon est long de neuf travées (62,77 m) et large de cinq (27,25 m.) La combinaison du chiffre "neuf-cinq" symbolise la dignité impériale, d'après le Yijing (Livre des mutations). Sa façade sud est percée de trente-six fenêtres à losanges, aux allèges magnifiquement décorées, et d'une porte à double battant.
La Porte Tian An Men, haute d'une dizaine de mètres, possède cinq couloirs d'accès dont le central était réservé à l'empereur. Rien que dans les grandes occasions, l'empereur le traversait en grande pompe pour se rendre aux lieux sacrés.
Les cinq couloirs d'accès de la Porte Tian An Men étaient hermétiquement clos d'ordinaire. Ce n'est que dans les grandes occasions que l'on pouvait les emprunter, mais selon l'ordre hiérarchique. Seuls l'empereur et ses parents pouvaient passer par le couloir central, le plus grand des cinq. L'impératrice ne pouvait le franchir qu'une seule fois toute sa vie durant, soit pendant les noces impériales. Les quatre couloirs de côté étaient destinés aux princes et hauts dignitaires. Sous les Ming et Qing, pour faire les sacrifices aux dieux célestes et terrestres ou prier pour la bonne récolte de l'année, les empereurs se rendaient, en le traversant, au Temple du Ciel au solstice d'hiver du calendrier lunaire, à l'Autel de la Terre au solstice d'été et au Temple de l'Agriculture au début du printemps. En ces occasions, toutes les portes du Palais impérial étaient grand ouvertes et le cortège impérial s'ébranlait en grande pompe vers ces lieux.
Au pied de la porte passe une douve, appelée la Rivière des Eaux d'Or, enjambée par sept ponts en marbre blanc à balustrades. Ces ponts sont légèrement incurvés, avec un tablier s'élargissant aux extrémités. Ils sont d'autant plus élégants que ses courbes tranchent auprès de la masse imposante de la Porte Tian An Men. La traversée des ponts de marbre suivait la même hiérarchie que celle des couloirs d'accès de la Porte. Seul l'empereur pouvait franchir le pont central. Les deux autres de ses côtés ne pouvaient être empruntés que par la famille impériale, et les deux suivants par les hauts dignitaires. Enfin, les deux ponts excentriques étaient réservés à l'usage des fonctionnaires de la Cour, des gardes et des serviteurs.
Les cinq ponts du milieu correspondent chacun aux cinq couloirs d'accès. Les deux autres donnent accès au Temple des Ancêtres impériaux, aujourd'hui appelé le Palais de la Culture des Travailleurs, et à l'Autel du Sol et des Moissons, nommé à présent le Parc Sun Yat-sen.
 
Devant la Porte, à chaque côté se dresse un huabiao, grosse colonne sculptée en marbre blanc surmontée d'un énorme lion de pierre accroupi comme le garde de porte.
Le huabiao est un énorme pilier sculpté en marbre blanc et pesant plus de dix tonnes. Flanqué au sommet de deux ailes, il est surmonté d'un animal fabuleux accroupi en forme de lion, appelé hou. Tout son corps est couvert de nuages sculptés parmi lesquels serpente un énorme dragon. Devant et derrière la Porte Tian An Men on compte quatre piliers en tout.
Les deux colonnes de derrière étaient appelées celles d' "appel à la sortie de l'empereur", les hou, les yeux fixés vers le nord (face à la cour impériale,) ayant pour mission de rappeler à l'empereur de sortir écouter les doléances du peuple quand il s'attardait trop longtemps chez l'impératrice ou les concubines. Celles de devant, dont les animaux ont les regards vers le sud, portaient le nom de l'attente du retour de l'empereur en tournée d'inspection.

Sous les Ming et Qing, la Porte Tian An Men était le théâtre des cérémonies solennelles. Les plus grands rites avaient lieu lors de la proclamation du prescrit impérial: l'ordonnance, glissée dans le bec d'un phénix en bois, était descendue du haut de la porte par une corde coloriée. Agenouillés au pied de la porte et face vers le nord, les hauts dignitaires de la Cour recevaient le prescrit sur un plateau de bois décoré, avant de l'apporter au Ministère des Rites pour le recopier en plusieurs exemplaires. Les copies étaient envoyées ensuite en province. La cérémonie se nommait "les prescrits impériaux édictés par le phénix doré."
C'est du haut de cette porte que le président Mao Zedong a proclamé le 1er octobre 1949 la fondation de la République populaire de Chine. La porte est devenue ainsi le logo de la Chine nouvelle.
 
 
Les différents palais
 
Le Palais de l' Harmonie Suprême
 
En remontant du sud vers le nord, on visite d'abord le palais de l'Harmonie suprême (Taihedian). Construite en 1420 sous les Ming et réaménagée en 1695 sous les Qing, la salle, haute de 35 m, longue de 64 m et large de 33 m, occupe une surface de 2 377 m². Vous remarquerez, sur la terrasse en marbre blanc, un cadran solaire et l'emplacement d'une mesure à grains, symboles de la justice impériale. Les cigognes et les tortues en bronze sont des symboles d'immortalité. C'est dans ce palais qu'étaient annoncés les résultats des examens impériaux et que l'empereur recevait les candidats lauréats. C'est aussi dans ce palais que se déroulaient les cérémonies les plus importantes : le couronnement, les anniversaires de l'empereur, les fêtes des solstices et du Nouvel An, et bien d'autres.
La longue galerie (hongyige) qui longe le côté ouest de la cour et la délimite, abrite des expositions temporaires, souvent très intéressantes.
Taihe dian, le palais de la Suprême Harmonie, occupe une terrasse à trois étages en marbre blanc, bordée de balustrades. Long de 52 m et large de 30 m, coiffé d'un toit magnifique soutenu par 84 colonnes, il abrite le trône du Dragon : élevé sur une estrade de sept marches, entouré de brûle-parfums en cloisonné et de grues bénéfiques, il se détache devant un paravent sculpté à sept feuilles, que domine un plafond à caissons admirablement décoré. L'empereur y accordait des audiences solennelles selon un rituel compliqué. Son entrée est aujourd'hui interdite, et il faut se contenter de l'admirer depuis l'extérieur.
Sur le parvis sud, entre les grandes pièces de bronze (brûle-parfums, cadran solaire, grues, tortues), des marques indiquaient les emplacements réservés aux prosternations: dignitaires civils à l'Est et hauts chefs militaires à l'Ouest. Les bronzes sont protégés des déprédations par des barrières.
 
Le Palais de l' Harmonie Parfaite
 

Sur la même terrasse que le palais de l'Harmonie Suprême, le palais de l'Harmonie Parfaite, plus petit que le précédent, contient un trône, une chaise à porteurs et divers ustensiles tels que des encensoirs. C'est ici que l'empereur se préparait avant de se rendre dans le palais voisin pour les grandes cérémonies. Construite en 1420 sous les Ming, la Salle de l'Harmonie parfaite, Zhong He Dian en chinois, est située derrière la salle de l'Harmonie suprême. Ce bâtiment carré, 27 m de haut, couvre 583 mètres carrés. Les quatre murs sont percés de fenêtres.

 
Le Palais de l'Harmonie Préservée
 
Le palais de l'Harmonie Préservée(Baohedian) est le dernier des Trois Grands palais (Sandadian), qui forment la première partie de la Cité interdite, la partie officielle et donc la plus majestueuse. Dans le Baohedian, se trouve exposée une belle collection de terres cuites, bronzes et autres reliques anciennes. C'est ici que l'empereur offrait des banquets aux ambassadeurs et autres hauts dignitaires chinois et étrangers.
La Salle de l'Harmonie Préservée, Bao He Dian en chinois, a été construite en 1420 sous les Ming et réaménagée en 1765 sous les Qing. C'était là que l'empereur des Qing offrait les grands banquets aux vassaux de Mongolie et de Xinjiang le Jour de l'An lunaire ou aux hauts dignitaires lors du mariage de la princesse. La Salle abritait également les examins d'Etat présidés par l'empereur. Derrière la salle, on trouve une énorme dalle sculptée en bas-relief représentant neuf dragons se disputant une grande perle dans les nuages. Elle est la plus belle sculpture en pierre du Palais. 16,57 m de long, 3,07 m de large et 1,7 m d'épais, la dalle pèse 250 tonnes. Ce massif y a été amené d'une montagne à 100 km de Beijing. Les transporteurs creusaient des rigoles le long des routes avant de les remplir d'eau en plein hiver. La dalle était tirée par des chevaux sur les rigoles gelées jusqu'au palais.
Les galeries latérales de la salle servent ajourd'hui à exposer de riches collections d'objets d'art de valeur selon un ordre chronologique. La partie orientale abrite des objets d'art et la partie occidentale renferme des peintures traditionnelles et calligraphies anciennes.

 
Le Palais de la Pureté Céleste
 
Après avoir passé la grande porte qui mène à ces palais d'une nature plus privée que les trois premiers, vous suivrez un large sentier surélevé et bordé d'une balustrade de marbre blanc qui mène au palais de la Pureté céleste, ou Tianginggong. Ce palais était autrefois la chambre à coucher de l'empereur, puis devint une salle de réception. On y voit maintenant un trône imposant auquel l'empereur accédait par un triple escalier. Les armoires et autres meubles de bois sculpté sont de magnifiques spécimens de l'art du meuble chinois.
Construit en 1420 sous les Ming et recontruit en 1798 sous les Qing après l'incendie, le Palais de la Pureté céleste est le plus important des trois. 20 m de haut, il est un bâtiment de neuf travées sur cinq. Ces deux chiffres ¡°9¡± et ¡°5¡± unis symbolisent la dignité impériale d'après le Yijing (Livre des Mutations).
Le palais abrite au centre le trône impérial, entouré de brûle-parfums en cloisonné. Au-dessus du trône est accroché un panneau portant une inscription en 4 caractères : Zheng Da Guang Ming (Loyauté et Clarté). Ce message sert de devise à l'empereur pour la conduite personnelle et la domination du pays. Derrière le panneau était caché le testament de l'empereur désignant son successeur.
 
Le palais servait de chambre à coucher jusqu'à l'époque de l'empereur Yong zheng des Qing. Il tenait ensuite lieu de cabinet de travail ou de salle d'audience. L'empereur y recevait les ambassadeurs étrangers ou donnait des banquets lors des fêtes. Sous les Qing, on y plaçait temporairement le cercueil de l'empereur décédé avant la tenue de la cérémonie funèbre officielle.
Sous les Ming, c'était là que avait lieu l'attentat manqué à la vie de l'empereur. Douze servantes outrées tentaient d'étrangler avec un lacet leur empereur débauché lorsque celui-ci dormait. Mais elles ont échoué, à cause du mauvais noeud coulant. Les coupables furent toutes exécutées par décapitation.
Les galeries latérales du palais abritent des objets d'art antiques. Dans l'ouest, se trouve la salle des bronzes, et dans l'est, c'est la salle des céramiques et porcelaines.
Le Palais de la Pureté céleste, domicile de l'empereur, et le Palais de la Tranquillité terrestre, demeure de l'impératrice, symbolisaient respectivement le ciel et la terre. Avec les Portes du Soleil et de la Lune devant la Porte de la Pureté céleste, ils incarnaient les quatre éléments de l'Univers. Cette disposition cosmogonique signifiait la stabilité du pouvoir impérial comme le ciel et la terre et son rayonnement comme le soleil et la lune.
 
Le Palais de l'Union
 
Derrière ce palais s'élève un petit édifice: Jiaotai dian, palais de la Puissante Fertilité, palais de l'Union, ou encore palais des Relations célestes et terrestres. Le palais, Jiao Tai Dian en chinois, a été construit en 1420 sous les Mings et réaménagé en 1798 sous les Qing. C'est là qu'étaient gardés, et que se trouvent toujours, les lourds sceaux impériaux gravés dans le jade et dans d'autres matériaux précieux. On remarquera aussi à gauche une horloge à carillon qui fut construite au début du xixe siècle dans le palais même et qui marche toujours, et à droite une clepsydre, horloge qui marque l'heure à l'aide d'eau s'écoulant dans trois grandes cuves. Au fond, sur un panneau, les deux caractères wu wei (non agir).
 

Le Palais de la Tranquillité Terrestre

 
Le dernier des trois palais de derrière est le palais de la Tranquillité Terrestre. C'était là que l'impératrice habitait sous les Ming. En 1655 sous le règne de Shun zhi des Qing, le palais était séparé en deux parties inégales par une cloison. L'une, vouée intégralement à la couleur rouge, était la chambre nuptiale de l'empereur, l'autre étant réservée au culte du dieu du foyer. La grande salle à l'ouest servait de lieu des sacrifices offerts au dieu du foyer.
La petite salle était une chambre nuptiale, où l'empereur et l'impératice passaient leur première nuit de noces. Trois jours après, ils revenaient respectivement à leur propre demeure.La chambre nuptiale est peinte en rouge et décoré du caractère "double xi" (double bonheur.) Un grand lit nuptial en occupe le quart.
Dans la galerie orientale du palais sont exposés des automates des 18ème et 19ème siècles, qui faisaient partie à l'époque des collections impériales. Ils étaient pour la plupart de fabrication européenne (France, Angleterre, Allemagne, Suisse.) Un petit nombre en était fabriqué par des ateliers chinois.

 
Le Palais de la Nourriture de l'Esprit
 
Le Palais de la Nourriture de l'Esprit, sis devant les Six Palais de Derrière, était le centre du pouvoir suprême des Qing à partir du règne de Yong Zheng. Il servait à la fois de chambre à coucher et de cabinet de travail pendant deux cent ans. Les empereurs depuis Yong zheng y habitaient et expédiait les affaires courantes d'Etat. La salle centrale abrite un trône, un bureau et des bibliothèques.
L'empereur y donnait l'audience à des mandarins avant leur nomination ou mutation. Sous le règne de son fils Tong zhi, encore en bas âge, l'impératrice douairière Ci xi, assise derrière le rideau qui la séparait du trône, assistait à l'audience impériale. Sa surveillance durait jusqu'au bel âge de l'empereur Guang xu, son neveu. La salle de l'ouest était le lieu de lecture des comptes-rendus de mandarins.
 
Le Palais de l'Abstinence
 
Le Palais de l’Abstinence (Zhaigong) s’élève au sud-ouest de la Salle de la Prière pour de Bonnes Moissons. C’est là que l’empereur jeûnait pendant trois jours avant d’offrir le sacrifice au Ciel. Ce palais comprend une salle principale et des chambres à coucher. Au nord-est de ce palais se trouve la tour d’une cloche fondue sous les Ming. Dès que l’empereur sortait du Palais de l’Abstinence pour aller prier le ciel, la cloche retentissait jusqu’à ce qu’il ait gravi le tertre circulaire puis pour marquer la fin de la cérémonie.

 
Le Palais de la Longévité et de la Tranquillité
 
Construit en 1773 sous le règne de Qian Long, le mur aux neuf dragons, en céramique polychrome, se dresse comme l'écran d'ornement devant la Porte de la tranquillité et de la Longévité (Ningshoumen). C'est un chef-oeuvre d'art fantastique, qui présente neuf dragons (animal légendaire en Chine) se disputant une grande perle dans les nuages et les vagues tourbillonnantes. Le pays en compte trois, les deux autres murs se trouvant respectivement dans le Parc de Beihai (Palais d'hiver) à Beijing et dans la ville de Datong (province du Shanxi).
 
Les Six Palais de l'Ouest
 
Ils sont disposés à l'ouest des Trois Palais de Derrière. C'était là que vivaient l'impératrice, les concubines, les veuves et leurs dames de compagnie. L'impératrice douairière Ci xi habitait le Palais du Printemps éternel sous le règne de Tong zhi, son fils. Les murs de la cour de ce palais sont ornés de belles fresques inspirées du célèbre roman classique "Le Rêve du Pavillon rouge." (la version en français déjà publiée.)

Ci xi fêta son 50e anniversaire de naissance dans le Palais des Elégances accumulées. C'était là aussi que la femme du dernier empereur Pu yi résidait jusqu'en 1924 où son mari fut chassé du Palais impérial sous la République.

 
Les Six Palais de l'Est
 
Ils sont disposés trois par trois comme les Six Palais de l'Ouest. C'était là qu'habitait une partie de concubines sous les Ming et Qing. Aujourd'hui, ils abritent des expositions de reliques culturelles. L'exposition de fournitures de bureau impérial se trouve dans le Palais Zhong Cui et l'exposition d'objets d'artisanat des Ming et Qing, dans le Palais Jing Yang.

 
Le Pavillon Hongyi
 
Le pavillon Hongyi renfermait l'encyclopédie de l'ère de l'empereur Chengzu des Ming. Il est large de 9 travées et comprend 3 étages dont les 2 inférieurs sont dépourvus de fenêtres. Le pavillon Hongyi est à l'ouest du palais de l'Harmonie Suprême.
 
Le Jardin Impérial
 
Le jardin impérial, situé au nord de la Cité interdite, mesure 130 m d'est en ouest et 90 m du nord au sud. Il compte un palais et plus de 10 pavillons, kiosques et belvédères disposés symétriquement. On y trouve également des rocailles, des plantations, des sculptures et de nombreux arbres dont des cyprès plusieurs fois centenaires.
 
Le belvédère a été construit sur une rocaille constituée de pierres du lac Taihu. Il est orné de calligraphies.

Le pavillon des Dix Mille Printemps, construit en 1535, doit son nom au fait qu'il est dédié à l'empereur, en l'honneur duquel on poussait le cri augural " Dix mille vies ! ".

Avec sa partie supérieure circulaire et sa partie inférieure de forme carrée, ce kiosque incarne la conception chinoise ancienne de l'univers.


 
 
Les détails
 
La porte de l'Harmonie suprême est l'entrée principale des palais de la cour extérieure. L'accès à la porte se fait par un escalier de marbre. Le faîtage des bâtiments est orné d'animaux fabuleux dont le nombre dépend de l'importance de l'édifice.
 
Deux lions de bronze de l'époque Ming protègent la porte de l'Harmonie Suprême. A gauche de l'escalier, une lionne tient sous sa patte un lionceau, c'est un symbole de l'amour. Sur la droite de l'escalier, une autre sculpture représente un mâle, symbole de la puissance.
 
Un escalier de marbre permet d'accéder à la porte de l'Harmonie Suprême.
Les escaliers situés de part et d'autre de cet escalier central étaient destinés aux porteurs du palanquin impérial.
Le souverain seul avait le droit de passer sur l'image du dragon, symbole de sa puissance

 

 
Au centre de l'escalier qui conduit au palais de l'Harmonie Suprême, se trouve une longue dalle sculptée de dragons.
Les "dragons flottant parmi les nuées" sont sculptés dans un bloc de granite monolithique (16,57 m de longueur, 3,07 m de largeur, 1,70 m d'épaisseur) pesant près de 250 t.

 
Le trône qui occupe le centre la salle de la Suprême Harmonie est fait d'un bois richement sculpté et doré; il est placé sur une plate-forme à laquelle on accède par sept marches, chaque escalier étant flanqué de précieux brûle-parfum en émail cloisonné Derrière le trône, on peut admirer un superbe paravent en bois sculpté et doré Le siège impérial est entouré de six colonnes dorées, ornées de motifs représentant des dragons flottant et différentes des autres colonnes la même salle (elles sont au nombre de soixante-deux), qui, elles, sont laquées en rouge. Elles soutiennent le plafond à caissons entièrement sculpté et doré, et décoré en son centre de dragons jouant avec les perles. C'est dans cette salle que l'empereur recevait l'hommage des princes et des dignitaires, qui se prosternaient devant lui dans l'attitude du ko-tou, une génuflexion répétée trois fois, le front touchant le sol. Édifiée entre 1407 et 1420, la salle la Suprême Harmonie fut reconstruite en 1669 et restaurée en 1775.
 
La première figurine représente un homme à cheval. Les autres des animaux mythiques.
Selon la tradition, ils avaient pour rôle de protéger la maison contre les esprits malins et les fantômes qui pouvaient rôder aux alentours pendant la nuit et à chercher à y pénétrer.
Ces êtres maléfiques se heurtaient alors aux animaux du toit et s'évanouissaient dans l'obscurité.
 
La grue est le symbole de la longévité des femmes.

 
Considéré comme l'emblème de la puissance impériale, de la longévité et de la sagesse, la tortue revêt une grande importance dans la symbolique chinoise.
A l'entrée de chaque quartier impérial, on trouvait des tortues en pierre, en marbre ou en bronze, portant parfois sur le dos une stèle sur laquelle sont gravées des maximes tirées des classiques.
 
Détails des lions en bronze situés devant la porte de la Pureté Céleste. Des statues de ce type en bronze ou en marbre, se retrouvent devant l'entrée de tous les pavillons de la Cité Interdite : symbole de la force, le lion est en effet considéré comme le gardien du palais.
Les statues sont généralement par couples, représentant un mâle et une femelle.
Le mâle tient sous la patte une balle, symbole de la domination sur le monde.
 
Le Xiezhi est un animal fabuleux de la mythologie chinoise. Selon la légende, il distinguait le juste de l'injuste.

Placé devant la porte de Tianyi dans le jardin impérial, il exprimait la volonté impériale de punir le mal et d'encourager le bien.

 
Le mur des Neuf Dragons, situé dans le secteur oriental de la Cité, au-delà de la porte de la Commémoration, fut construit pendant la trente-huitième année de règne de Qian-Long (1774). Ce mur est recouvert de 270 carreaux de céramique disposé de façon à constituer, dans la partie supérieur, un fond de nuage et, dans la partie inférieur, des vagues sur lesquelles se détachent neuf dragons, tous de teintes différentes (celui du centre est jaune, la couleur de l'empereur). Quant au chiffre neuf, il est symbole de la perfection dans la mythologie chinoise.
Ce merveilleux panneau de céramique mesure 31 m de longueur et 6 m de hauteur ; il n'existe dans toute la Chine que deux autres ouvrages de ce type : l'un dans le parc de beihai (lac du Nord) et l'autre à Datong dans le Shanxi.
 
Une vue du plafond du pavillon impérial : tous les bois sont en palissandre, les assemblages ne comprennent aucun clou ou vis : uniquement des tenons et mortaises !
 
Les toits jaunes de tuile ornés de dragons étaient partout. Le nombre de dragons déterminent l'importance d'un bâtiment.
 
La tour de guet nord-est : les architectes chinois accordent une grande importance au toit, constitué de pans superposés. Les tuiles sont alternativement concaves et convexes : grises pour les édifices communs, elles sont émaillées de bleu, jaune ou vert pour les édifices importants.
Les toits de la Cité Interdite sont tous jaunes, couleur de l'empereur
 
La salle de l'Harmonie Préservée avec le trône flanquée de deux brûle-parfum.
Les quatre murs de la pièce sont constitués de portes vitrées et de fenêtres qui créent une atmosphère lumineuse.
C'est ici que l'on mettait au point le message qui, après avoir été présenté à l'empereur, était lu durant la célébration du rite traditionnel dans le pavillon des Ancêtres.
Par ailleurs, on y examinait une fois l'an la semence de la nouvelle récolte et l'on y faisait des voeux propotiatoires.
 
enfilade des portes qui se succèdent le long du couloir parallèle aux grands palais, sur lequel donnent les entrées des résidences, elles-mêmes constituées de plusieurs pavillons.
On y retrouve le schéma typique de la maison chinoise : l'entrée fait face au pavillon principal, derrière lequel s'alignent les édifices secondaires.
 
 
 
Toutes les informations de cette page proviennent des livres et des sites suivants :
 
Pékin, La Cité Interdite, Les Passeports de l'Art, n° 25, 1987, Editions Atlas
 
En Chine, à Hong Kong et Macao, Guides Visa, Hachette Guide Voyages, 1994
 
Chine, Guides Arthaud, Paris, 1993
 
 
 
 
 
Quizz sur la Cité Interdite
 
 
 
La Chine