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SAXONS
et DANOIS
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Peuple
germanique qui a participé à l’invasion
de la Grande-Bretagne au Ve siècle.
Mentionnés pour la première fois au IIe siècle
par l’astronome, mathématicien et géographe grec Ptolémée,
les Saxons seraient sans doute originaires du sud de la péninsule
du Jutland. Sous l’appellation de Saxons, se distinguent quatre principales
tribus : les Nordalbingiens au nord de l’Allemagne, les Westphaliens à l’ouest,
les Ostphaliens à l’est et les Angariens sur la Weser.
Excellents navigateurs, les Saxons pratiquent
la piraterie dans la mer du Nord, la Manche et l’Atlantique. Aux IIIe
et IVe siècles, différentes
tribus se déplacent vers le sud dans la région de la Weser
où ils se heurtent aux Chauens et aux Angrivariques, tribus germaniques
qu’ils soumettent et absorbent. Dans la seconde moitié du IVe
siècle, ils envahissent le territoire romain ; à la fin
du VIe siècle, toute la Germanie est devenue saxonne.
À partir du Ve siècle, des Saxons s’implantent en Bretagne
(actuelle Angleterre), où ils sont rejoints par d’autres peuples
germaniques, notamment les Angles et les Jutes. La conquête anglo-saxonne
de l’Angleterre est pratiquement achevée au début du VIIe
siècle.
Comme les Saxons restent une menace pour les
Francs, au VIIIe siècle,
Pépin le Bref attaque les tribus restées en Allemagne.
Son fils, Charlemagne, les soumet définitivement après
une série de campagnes (772-785) et les convertit de force au
christianisme. Au cours du IXe siècle, après le traité de
Verdun intégrant les Saxons au royaume de Louis le Germanique,
un grand duché saxon est créé en 850. Les souverains
francs y établissent, au Xe siècle, une dynastie de rois
allemands, les Liudolf (dont sont issus Henri Ier l’Oiseleur et les empereurs
Othon Ier le Grand, Othon II, Othon III et Henri II le Saint). Cet ancien
duché saxon est dissous vers la fin du XIIe siècle et le
nom de Saxe sera attribué plus tard à une région
sans lien géographique.
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802
- 839 |
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EGBERT LE
GRAND Né vers 775 - mort en 839 Roi de Wessex puis de toute l'Angleterre
de 828 à 839
Issu d'une famille noble
du Kent, il se dit toutefois descendant de Cerdic (519-534), le fondateur
du Wessex,
royaume des Saxons de l'Ouest, au sud
de l'Angleterre. Durant les dernières années du VIIIe siècle,
alors que le roi Offa de Mercie (757-796) exerçait son pouvoir sur
la quasi-totalité du royaume d'Angleterre, Egbert vécut en
exil à la cour de Charlemagne. Il revint dans le Wessex en 802 et
parvint alors à conquérir les royaumes voisins du Kent, de
Cornouailles et de Mercie. Par ailleurs, dès 830, il se fit reconnaître
roi de l'East Anglia, du Sussex, du Surrey et de la Northumbrie, et fut
nommé bretwalda (qui signifie, en anglais, « dirigeant des
Britanniques »). Au cours des années suivantes, Egbert livra
diverses batailles contre les Gallois et les Vikings. Un an avant sa mort,
il vainquit les Danois alliés aux Gallois à Hingston Down,
en Cornouailles. Son fils Ethelwulf, père d'Alfred le Grand, lui
succéda.
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839
- 858 |
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ETHELWULF
Mort en 858
Fils de Egbert
Après s’être emparé du Kent, puis d’autres régions
du Sud, Egbert mit Ethelwulf (ou Æthelwulf) sur le trône du
Kent. A la mort de son père, Ethelwulf devint roi du Wessex à son
tour, tandis que son frère Ethelstan (ou Æthelstan) recevait
le titre de vice-roi du Kent. Au cours de sa lutte contre les Danois, il
eut le dessous à trois reprises, mais, en 851, il remporta sur eux
une grande victoire à Acléa. Ceux-ci reprirent cependant
leurs incursions et s’établirent dans l’île de Sheppey. Ethelwulf,
souverain chrétien, passa douze mois à Rome. Il se lia aussi
avec le roi de France Charles le Chauve, qui lui donna en mariage sa fille
Judith. Deux ans avant sa mort, un de ses fils, Ethelbald (ou Æthelbald),
se ligua avec un évêque contre lui et s’empara de son royaume.
Toutefois, dans son testament, Ethelwulf désignait Ethelbald comme
son successeur, sous réserve qu’il partageât le pouvoir avec
ses deux autres frères. L’un de ceux-ci, Alfred, devait devenir
l’un des plus célèbres rois de l’époque saxonne, et
rester dans l’histoire sous le nom d’Alfred le Grand.
La généalogie d’Ethelwulf, telle qu’elle apparaît dans
l’Anglo-Saxon Chronicle, est fantaisiste ; elle avait pour but d’auréoler
les ascendants d’Alfred le Grand, à un moment où le sort
de la dynastie ouest-saxonne paraissait fort incertain.
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858
- 860 |
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ETHELBALD Mort en 860 Fils d'Ethelwulf
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860
- 866 |
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ETHELBER
Mort en 866
Troisième fils d'Ethelwulf |
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866
- 871 |
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ETHELRED Ier
Mort en 871 Quatrième fils d'Ethelwulf
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871
- 891 |
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ALFRED
LE GRAND
Né vers 848 - mort en 901
Il combattit contre les Danois et conquit une grande partie
de l'Angleterre dont il devint le souverain nominal.
Alfred était le plus jeune des cinq fils du roi Ethelwulf. À la
mort de son frère Ethelred Ier, il devint roi, en pleine invasion
danoise. Bien qu'il ait réussi à faire la paix avec les Danois,
ceux-ci reprirent leurs offensives cinq ans plus tard et, au début
878, ils s'étaient infiltrés en de nombreux endroits. Alfred
reprit donc les armes et vainquit les Danois à Edington. Il les
obligea à accepter la paix de Wedmore (878), par laquelle le roi
danois devenait son vassal. Pendant les quatorze années suivantes,
Alfred se consacra aux affaires de son royaume. En 886, il prit toutefois
la ville de Londres.
En 893, les Danois envahirent à nouveau l'Angleterre et plongèrent
le pays dans quatre années de guerre. Ils furent néanmoins
contraints de se retirer du territoire d'Alfred. Seul souverain capable
de leur résister, Alfred fit de son royaume le carrefour de tous
les Saxons, et le terrain d'une future réunification.
Alfred fut
un protecteur de l'éducation et fit beaucoup pour celle
de son peuple. Il créa une école à la cour et y invita
des érudits anglais et étrangers, dont le moine gallois Asser
et le philosophe et théologien d'origine irlandaise Jean Scot Erigène.
Alfred traduisit des ouvrages de Boèce, de Paul Orose et du pape
Grégoire Ier. Les lois d'Alfred, les premières à être
promulguées en plus d'un siècle, furent aussi les premières à ne
faire aucune distinction entre les peuples anglais et gallois. Dans le
domaine religieux, il soutint la réforme de l'Église. |
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891
- 939 |
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ÉDOUARD L'ANCIEN Mort en 924 Roi
des Angles et des Saxons, Édouard l’Ancien (ou Eadweard, Edward) était
le deuxième fils du roi Alfred le Grand. Avec son père, il
avait pris une part active dans la lutte contre les Danois que son père
avait obligés à se fixer dans le Danelaw (nord et ouest de
Watling Street) et qu’il avait forcés à se faire chrétiens.
Quand Édouard lui succéda, en 899, il dut faire face à son
cousin Ethelwold, qui s’empara des manors de Wimborne et de Christchurch
et le défia. En vain ; Ethelwold dut s’enfuir et se réfugier
en Northumbrie ; il ligua alors contre Édouard les Danois d’York
et de l’Angleterre de l’Est, mais il fut tué dans une bataille,
ainsi que le roi danois Eohric. En 905 ou 906, Édouard signe la
paix avec les Danois de l’East Anglia et de Northumbrie à Tiddingford
(Yttingaford), dans le Buckinghamshire. Mais il doit bientôt reprendre
la lutte contre les Danois, ce qu’il mène à bien avec l’aide
de sa sœur Ethelflaed, à qui il donne les fonctions d’alderman,
et qui poursuit la lutte dans l’Ouest, contre les Gallois. À l’est,
les Danois perdent leur roi à la bataille de Temsford. Finalement,
en 924, apprenant que le roi danois d’York voulait épouser sa fille, Édouard
découpe le pays en shires (sections), ce qui lui permet de devenir
roi du pays, au sud du Trent. Le roi d’Écosse le reconnaît
la même année comme « père et seigneur »,
de même que le roi de Northumbrie et celui des Bretons (Gallois)
de Strathclyde. Édouard meurt en 924 à Farndon-on-Dee, en
Mercie.
Édouard a fait adopter différentes lois, considérées
comme « bonnes » et créé des évêchés
dans le sud de l’Angleterre.
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925
- 939 |
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ATHELSTAN
Né en 895 -mort en 940
Fils d'Édouard l'Ancien
Premier monarque à prendre le titre de roi d'Angleterre.
Fils d'Édouard
l'Ancien, il fut couronné à Kingston-upon-Thames. Ambitieux
et brillant, il avait pour dessein d'unifier toute la Bretagne (ancienne
Britannia) pour la soumettre à son pouvoir. À la mort de
son beau-frère, Sihtric, roi de Northumbrie (921-926), Édouard
prit possession de ses territoires. Les autres rois qui se partageaient
l'île durent se soumettre, et Édouard prit alors le titre
de Rex totius Britanniae (roi de toute la Bretagne). Une ligue, constituée
de Gallois, d'Écossais et de Danois se forma contre lui. Les deux
camps s'affrontèrent dans de violents combats en 937, notamment
lors de la bataille de Brunanburh, où les ennemis d'Athelstan
furent battus.
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939
- 946 |
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EDMOND
Ier Né vers 922 - assassiné en 946 Fils
du roi Édouard l’Ancien réputé pour ses réformes
de la loi, Edmond succède à son demi-frère Athelstan
en 939. L’année suivante, Olaf Godfreyson, souverain viking
de Dublin, s’empare du territoire de la Northumbrie, située
au nord de l’Angleterre, et étend sa domination jusqu’à Leicester,
dans l’extrême Sud.
Edmond parvient à rétablir son autorité sur la
Northumbrie trois ans plus tard. En 945, il occupe le Strathclyde, à l’ouest,
et l’offre à son allié Malcolm Ier, roi d’Écosse.
L’année suivante, Edmond est assassiné par un voleur
et a pour successeur son frère Edred (qui règne de 946 à 955).
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946
- 955 |
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EDRED
Mort en 955
Quatrième
fils d'Édouard l'Ancien |
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955
- 959 |
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EDWY
Né en 940 - mort en 959 Fils
d'Edmond Ier
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959
- 975 |
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EDGAR LE PACIFIQUE
Né en 944 - mort en 975
Fils cadet d'Edmond Ier, qui renforça l'autorité et le
prestige de la monarchie anglo-saxonne. En 957, sous le règne
de son frère, le roi Edwin, il fut choisi comme souverain par
la Mercie et la Northumbrie. L'une de ses premières décisions
fut de rappeler le réformateur monastique saint Dunstan, qu'Edwin
avait exilé ; il le nomma par la suite évêque de
Worcester et de Londres et archevêque de Canterbury. En 959, il
gouvernait tout le royaume d'Angleterre. Son règne fut marqué par
le raffermissement de la nation, la réforme du clergé,
l'amélioration du système judiciaire et la création
d'une flotte destinée à défendre la côte contre
les Vikings. |
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975
- 979 |
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ÉDOUARD
LE MARTYRE Né en 963 - assassiné en 978 Fils
d'Edgar le Pacifique
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979
- 1016 |
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ETHELRED II
Né en 968 - mort en 1016
Frère
d'Édouard le Martyre |
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1016
- 1017 |
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EDMOND
II CÔTES DE FER Né vers 988 - mort en
1017 Fils
d'Ethelred II
Après la mort d'Ethelred, Edmond fut choisi comme roi par le peuple
de Londres. Mais Canut II, roi de Danemark, qui dirigea l'invasion de l'Angleterre,
s'assura le soutien du Conseil des sages (le witenagemot) à Southampton
et reçut l'appui d'Edric, le gendre d'Ethelred. Edmond combattit
les Danois, remportant plusieurs batailles et forçant Canut à lever
le siège devant Londres. Il fut pourtant vaincu à Assandun
(aujourd'hui Ashington), trahi par Edric. Une trêve fut alors conclue
entre Canut et Edmond : Edmond pouvait régner sur le sud de l'Angleterre
jusqu'à sa mort, qui survint la même année. Canut étendit
alors sa domination sur la région.
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1017
- 1035 |
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CANUTE LE DANOIS
Né en 995 - mort en 1035
Par conquête et élection
Roi d'Angleterre de 1016 à 1035 sous le nom de Canut Ier, du Danemark
de 1018 à 1035 et de Norvège de 1028 à 1035.
Fils et successeur de Sven Ier Tveskägg, roi de Danemark, Canut entreprit
la conquête de l'Angleterre en 1013 et chassa son roi Ethelred II.
Celui-ci réussit à reprendre son trône en 1014. Canut
revint alors en 1015 et eut tôt fait de soumettre l'ensemble de l'Angleterre, à l'exception
de Londres. Après la mort d'Ethelred, en 1016, les habitants de
Londres proclamèrent roi son fils, Edmond II Ironside. Une lutte
pour le pouvoir s'ensuivit. Les Londoniens furent défaits à Ashingdon,
dans l'Essex, en octobre 1016. Edmond mourut le mois suivant et Canut fut
alors le maître de l'Angleterre. Il gouverna en homme sage et juste
et entretint des relations pacifiques aves les pays du continent. Il épousa
la veuve d'Ethelred, Emma de Normandie, apporta son appui à l'Église
et, en 1027, se rendit à Rome pour le couronnement de l'empereur,
Conrad II le Salique. Il divisa l'Angleterre, à des fins administratives,
en quatre comtés : la Mercie, le Northumberland, le Wessex, et l'Est-Anglia.
Canut
vécut en Angleterre même après qu'il eut hérité de
la couronne du Danemark en 1018. Briguant le trône d'Olaf II de Norvège,
Canut lui déclara la guerre, le vainquit à Stiklestad en
1030, le contraignit à l'exil et installa à sa place son
fils, Suénon. Canut régna alors en seul maître. À sa
mort, son empire fut disloqué. Deux de ses fils reçurent
alors respectivement les trônes d'Angleterre et du Danemark, tandis
que le fils d'Olaf II devenait roi de Norvège.
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1035
-1042 |
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HAROLD
Ier Né en 1017 - mort en 1040
Dit
Harold Harefoot, « Pied de lièvre », (mort en 1040),
fils illégitime de Canut
Ier, roi de Danemark, de Norvège et d'Angleterre. À la mort
de son père en 1035, qui avait préalablement désigné à sa
succession son fils légitime Hardi Canut, Harold réclama
le trône d'Angleterre. Le Conseil royal anglais, soucieux d'éviter
une guerre civile, trancha en accordant la Mercie et la Northumbrie à Harold,
et le Wessex à Hardi Canut. Ce dernier demeura cependant au Danemark,
et le Wessex fit allégeance à Harold qui devint roi d'Angleterre
en 1037. Il régna en tyran et ne cessa de lutter contre Hardi Canut.
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1042
- 1066 |
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ÉDOUARD LE CONFESSEUR
Né vers 1002-1007- mort
en 1066
Né à Islis, petit-fils de Richard Ier, duc de Normandie,
et fils d’Éthelred II, Édouard fut choisi comme roi du vivant
de son frère aîné Hartha-Cnut, grâce à l’appui
de Godwine, comte de Wessex. À la mort de son frère, en 1042,
il fut « reconnu roi par tous », mais ne fut couronné qu’en
1043 . Cependant, malgré l’appui qu’il avait manifesté au
roi, Godwine, qui était en butte à l’hostilité de
favoris normands, fut banni par Édouard. En 1052, Godwine et ses
fils levèrent des hommes en Irlande et en Flandre et, ayant dévasté l’ouest
de l’Angleterre, arrivèrent à Londres. Mais le roi se réconcilia
avec Godwine et la puissance de ce dernier et de sa famille ne fit que
croître. À la mort d’Édouard, c’est Harold, fils de
Godwine, qui lui succéda. Édouard l’avait désigné au
Conseil comme son héritier, malgré de sombres pressentiments
suscités par les ambitions de Guillaume de Normandie et malgré le
serment que Harold avait été contraint de prêter en
1065 de laisser la couronne au duc normand.
É
douard a laissé le souvenir d’un homme profondément religieux,
d’où son surnom de Confesseur. Il fut du reste canonisé et,
pendant longtemps, fut le saint le plus populaire dans le sud du pays,
comme saint Cuthbert dans le nord et saint Edmond dans l’est. C’est à lui
que les Anglais firent remonter le pouvoir des rois de guérir les écrouelles. À la
fin de sa vie, il consacra le monastère qu’il avait fait construire à Westminster.
On lui doit aussi un recueil de lois.
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1066 |
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HAROLD II Né en 1022 ? - mort à Hastings
en 1066 Beau-frère
d'Édouard le Confesseur
À la mort, en 1053, de son père Godwin, comte de Wessex
et de Kent, Harold, qui avait reçu le comté d’Est-Anglie
en 1044, devint l’homme puissant d’Angleterre. En 1057, il obtint des comtés
pour ses trois frères, Tostig, Gyrth et Leofwine et n’eut pour seul
rival que Léofric de Mercie. En 1065, faisant droit aux revendications
des Northumbriens révoltés contre Tostig, leur comte, Harold
donna le comté au souverain de Mercie, et s’aliéna ainsi
définitivement Tostig. Édouard le Confesseur l’aurait désigné,
sur son lit de mort, comme héritier du trône, au mépris
des promesses qu’il avait faites antérieurement à Guillaume
le Bâtard, duc de Normandie. Aussi, quand Harold prit le pouvoir, à la
mort d’Édouard (5 janvier 1066), il dut immédiatement faire
face aux menaces de Guillaume et d’un autre prétendant, Harald III
Hårdråde, roi de Norvège, ainsi qu’à l’hostilité de
Tostig. En mai, Harold mobilisa sa flotte et son armée contre une éventuelle
invasion de Guillaume, mais il dut les employer à repousser les
attaques de Tostig sur les côtes sud et est d’Angleterre et, en septembre, à court
de vivres, fut contraint de les renvoyer. Rien ne s’opposait plus à ce
que Guillaume traversât la Manche. Tostig et Harald III joignirent
leurs forces et envahirent l’Angleterre, mais ils furent défaits
et tués par Harold à Stamford Bridge, dans le Yorkshire,
le 25 septembre. Trois jours plus tard, Guillaume débarquait en
Angleterre. Harold l’attaqua près de Hastings. Au cours de la bataille,
il fut tué ainsi que Gyrth et Leofwine. Guillaume, devenant Guillaume Ier,
monta sur le trône d’Angleterre ; la période anglo-saxonne
de l’histoire d’Angleterre se terminait.
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MAISON
DE NORMANDIE
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1066
- 1087 |
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GUILLAUME
Ier LE CONQUÉRANT
Né vers 1078 - mort en
1087
Epoux de Mathilde de France
Obtient la couronne par conquête
Né à Falaise (en Normandie), Guillaume est le fils illégitime
du duc Robert Ier de Normandie et de la fille d'un tanneur (souvent appelée
Arlette), ce qui lui vaut le surnom de « Guillaume le Bâtard ».
Bien que le duc l’ait désigné comme son successeur en 1033,
Guillaume se heurte à la résistance des barons normands après
la mort de son père, en juillet 1035. Une rébellion éclate
contre le jeune duc, alors âgé de 8 ans, et ce n'est qu'au
terme de sa minorité que Guillaume réussit à affirmer
sa position : en 1047, ayant reçu le soutien du roi Henri Ier de
France, il remporte la victoire décisive du Val-des-Dunes sur les
armées rebelles.
En 1051, le duc Guillaume se rend en Angleterre où il rencontre
son cousin le roi Édouard le Confesseur. Celui-ci, sans descendance,
le choisit comme héritier de la couronne d'Angleterre. Deux ans
plus tard, le Normand renforce ses prétentions au trône
en épousant, malgré l'interdit pontifical motivé par
leur proche parenté, Mathilde de Flandre — fille du comte Baudouin
V de Flandre et descendante du roi anglais Alfred le Grand. Craignant
la puissance nouvelle de son vassal, le roi Henri Ier de France tente
d'écraser le duc mais, à deux reprises, Guillaume vainc
les armées royales (1054 à Mortemer ; 1058 à Varaville).
En Angleterre, la promesse du roi Édouard est mal perçue
par les grands du royaume. Elle est cependant bientôt appuyée
par le comte Harold II de Wessex ; ce dernier, prisonnier de Guillaume
après avoir échoué sur les côtes normandes
vers 1064, est libéré contre son appui inconditionnel à la
revendication de Guillaume au trône d'Angleterre.
Cependant, après la mort du roi Édouard en 1066, le witenagemot
(conseil du roi) choisit Harold de Wessex comme successeur. Déterminé à faire
prévaloir ses droits, Guillaume s'assure le consentement du pape
Alexandre II et entreprend la conquête de l'Angleterre. Le duc
et son armée accostent à Pevensey le 28 septembre 1066.
Le 14 octobre, les Normands vainquent les armées anglaises lors
de la bataille d'Hastings, au cours de laquelle Harold est tué —
la célèbre tapisserie de Bayeux relate cette victorieuse épopée
de Guillaume. Le Conquérant fait alors route vers Londres et,
le jour de Noël, est couronné roi d'Angleterre à l'abbaye
de Westminster.
Afin de contrer la résistance des Anglais qui refusent cette domination étrangère,
le nouveau roi Guillaume Ier ordonne le saccage de vastes régions
du pays, notamment dans le Yorkshire, où les forces danoises soutiennent
les Saxons. En 1070, la conquête normande est achevée. Deux
ans plus tard, Guillaume envahit l'Écosse et impose au roi Malcolm
III Canmore de lui rendre hommage.
Installé à Londres, le nouveau roi fait construire sa demeure
en pierre de Caen et du Kent, la fameuse Tour de Londres (1078). Mais la
principale réalisation du règne de Guillaume Ier reste la
réorganisation du système féodal et administratif
de l'Angleterre.
En 1086, cherchant à déterminer les revenus de la couronne,
le souverain commande la première étude cadastrale dénombrant
les terres du pays dans un but fiscal : le Domesday Book (« Livre
du Jugement dernier »). De même, il démembre les grands
comtés qui bénéficiaient d'une quasi-indépendance
sous ses prédécesseurs, et distribue les terres confisquées à ses
fidèles serviteurs normands.
Guillaume introduit le système féodal en vigueur sur le continent.
Par le serment de Salisbury (1086), tous les seigneurs lui jurent fidélité,
consacrant ainsi le principe de l'allégeance directe de chaque seigneur à la
puissance royale. Les seigneurs doivent reconnaître la compétence
juridictionnelle des tribunaux locaux que Guillaume Ier maintient en place
avec de nombreuses autres institutions anglo-saxonnes. Les tribunaux ecclésiastiques
et séculiers sont séparés et le pouvoir pontifical
sur les affaires de l'Angleterre est fortement limité.
À
partir de 1075, Guillaume Ier le Conquérant doit faire face à une
révolte en Normandie, fomentée par son fils aîné Robert
Courteheuse, fort du soutien du nouveau roi Philippe Ier de France. Guillaume
se rend alors fréquemment sur le continent afin de leur livrer bataille.
En 1087, Guillaume riposte au pillage d’Évreux par l’incendie de
la ville de Mantes (aujourd'hui Mantes-la-Jolie). Victime d'une chute de
cheval, il meurt à Rouen où il a été transporté.
Il est enseveli à Caen, dans l’abbatiale Saint-Étienne.
À sa mort, deux de ses fils lui succèdent sur le trône
d'Angleterre sous les noms de Guillaume II le Roux (1087-1100) et Henri
Ier Beauclerc (1100-1135).
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1087
- 1100 |
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GUILLAUME
II LE ROUX Né vers 1056 - mort en
1100 Il étendit les possessions anglaises à la Normandie et à l'Écosse.
Troisième fils de Guillaume Ier le Conquérant, roi d'Angleterre,
il fut désigné comme successeur par son père sur son
lit de mort, le duché de Normandie revenant à son frère
aîné Robert II Courteheuse. Guillaume le Roux fut couronné à Westminster
Abbey en 1087. L'année suivante, son oncle, Odon de Conteville, évêque
de Bayeux, prit la tête d'une révolte des barons normands
qui cherchaient à le renverser pour le remplacer par son frère
Robert. Les sujets de Guillaume le Roux, croyant à ses promesses
de réduction d'impôts et de lois plus libérales, l'aidèrent à écraser
la révolte. Le roi, malgré ses promesses, continua à mener
une politique autoritaire.
Guillaume le Roux envahit la Normandie à trois reprises, en 1089,
1091, et 1094, obtenant à chaque fois des concessions de la part
de son frère Robert II, duc de Normandie. Il força le roi
d'Écosse Malcolm III Canmore à lui rendre hommage et, en
1092, s'empara de la ville de Carlisle ainsi que d'autres possessions convoitées
par le roi Malcolm dans le Cumberland et le Westmorland. En 1096, Robert
hypothéqua la Normandie à Guillaume en échange de
subsides pour financer une croisade. Guillaume le Roux lutta alors pour
recouvrer les possessions perdues par Robert et reprit le contrôle
du Maine.
Après la mort de Lanfranc, archevêque de Canterbury, en 1089,
Guillaume le Roux tarda à nommer son successeur. Il laissa vacantes
des charges d'évêques et s'enrichit avec l'argent de l'Église,
s'attirant la rancune de nombreux ecclésiastiques. En 1093, il choisit
Anselme, abbé du Bec, comme nouvel archevêque de Canterbury,
mais un conflit ne tarda pas à éclater entre les deux hommes
en raison des prétentions du roi à contrôler les nominations
dans l'Église.
Guillaume fut tué le 2 août 1100, lors d'une expédition
de chasse dans le Hampshire. Il fut enterré à Winchester.
Sans héritier direct, il eut comme successeur son frère Henri
Ier Beauclerc.
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1100
- 1135 |
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HENRI
Ier BEAUCLERC
Né vers 1068 - mort en
1135
Quatrième fils de Guillaume Ier
le Conquérant
Epoux de Mathilde d'Écosse, puis d'Adèle
de Louvain
24 enfants
Son père, mort en 1087, ne lui ayant laissé aucune terre,
Henri fit plusieurs intrusions sur le continent pour tenter, en vain, de
s'approprier des territoires. À la mort de son frère Guillaume
II le Roux, en 1100, Henri s'empara du trône, au détriment
de son frère Robert II Courteheuse et se fit couronner roi à Westminster.
Il s'assura ensuite du soutien des nobles et de l'Église en établissant
une charte de libertés établissant les droits féodaux
et les droits de l'église. En 1106, il enleva la Normandie à Robert
II, lors de la bataille à Tinchebray. Mais, durant son règne,
il dut faire face à de nombreux soulèvements qui menaçaient
sa souveraineté en Normandie. Le conflit qui opposa Henri à saint
Anselme, archevêque de Canterbury, à propos des Investitures,
fut réglé en 1107 par un compromis qui laissa au roi un contrôle
considérable sur la nomination d'officiels de l'Église.
N'ayant
plus aucun héritier masculin, Henri dut désigner
sa fille Mathilde comme héritière. À sa mort cependant,
le 1er décembre 1135, à Lyons-la-Forêt, en Normandie,
le neveu d'Henri, Étienne de Blois, usurpa le trône, plongeant
le pays dans une très longue guerre civile, qui ne s'acheva qu'à l'accession
au trône du fils de Mathilde, Henri II, en 1154.
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1135
- 1154 |
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ETIENNE
DE BLOIS Né en 1097 - mort en 1154 Troisième fils du Comte de Blois
et d'Adèle, fille de Guillaume Ier Epoux de Mathilde de Boulogne
Il affaiblit le royaume par de nombreuses
guerres civiles. Petit-fils du roi Guillaume Ier le Conquérant et neveu d'Henri Ier, il jura
fidélité en
1125 à la fille d'Henri, Mathilde, qui devait succéder à son
père sur le trône. Cependant, après la mort d'Henri, Étienne
se proclama roi. Il dut faire face à l'opposition de nombreux barons
anglais, ainsi qu'à celle de Mathilde et de ses partisans, et son
règne fut troublé par l'anarchie et les guerres intestines
constantes. Pendant six mois, en 1141, il fut prisonnier de Mathilde qui
règna pendant ce temps. Étienne fut restauré sur le
trône, mais Mathilde et de nombreux nobles continuèrent pendant
cinq ans à s'opposer à lui. Ces fréquentes guerres
civiles ravagèrent les terres et l'Angleterre plongea presque entièrement
dans le chaos. En 1148, Mathilde quitta l'Angleterre et abandonna ses revendications
en faveur de son fils Henri d'Anjou, futur Henri II, qui lutta contre Étienne
jusqu'en 1153 ; ce dernier fut forcé de désigner Henri comme
son héritier. |
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MAISON
DES PLANTAGENET
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Plantagenêt, nom de famille
— à l'origine surnom — de la maison royale d'Anjou ou de la dynastie
angevine, fondée par Geoffroi V, comte d'Anjou (1113-1151), mari
de Mathilde (1102-1167), fille du roi Henri Ier d'Angleterre. Le nom dérive
du latin planta (« brin ») et genista (« genêt »),
en allusion à la branche de genêt que Geoffroi portait toujours à son
casque. Les rois Plantagenêt régnèrent de 1154 à 1485,
et la principale lignée compta Henri II, Richard Ier Cœur de Lion,
Jean sans Terre, Henri III, Édouard Ier, Édouard II, Édouard
III, et Richard II. Ses descendants furent, par la maison de Lancastre,
Henri IV, Henri V et Henri VI et, par la maison d'York, Édouard
IV, Édouard V et Richard III. |
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1154
- 1189 |
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HENRI
II
Né en 1133 - mort en 1189
Fils de Geoffroy Plantagenêt
et de Mathilde qui est la seule fille d'Henri Ier
Epoux d'Eléonore d'Aquitaine
Petit-fils d’Henri Ier, désigné par son grand-père
pour lui succéder dès le moment de sa naissance, écarté en
fait du trône par Étienne, neveu du roi défunt, Henri II
doit tout à l’énergie de sa mère, Mathilde, et de
son père, Geoffroi V Plantagenêt. Il est couronné en
1154 et, dès ce moment, il est le maître non seulement de
l’Angleterre, mais aussi de la Normandie ; en outre, grâce à un
mariage opportun avec Aliénor d’Aquitaine, il contrôle tout
le sud-ouest de la France . L’Anjou, le Maine et la Touraine compléteront
son Channel State. Il aura quelque peine à maintenir son autorité sur
un aussi vaste ensemble et devra affronter des révoltes féodales
en Angleterre, les intrigues des rois de France Louis VII et Philippe
Auguste et, à la fin de sa vie, le soulèvement de ses propres
fils, Henri, Richard et Geoffroi. Pourtant, conquérant de l’Irlande
en 1171-1172, ayant rêvé en vain d’établir son autorité sur
l’Écosse, il est l’un des créateurs et des réalisateurs
du rêve anglais qui consistait à réunir les îles
Britanniques sous un seul sceptre.
Henri II a été en Angleterre un souverain autoritaire et
un roi justicier : en révoquant, en 1170, presque tous les
shérifs et en les remplaçant par des personnages plus modestes
et plus soumis, il a préservé son droit d’intervention dans
les comtés et contribué à asseoir un véritable
pouvoir local d’origine royale ; c’est sous son règne qu’est
entreprise la fixation du droit coutumier, avec l’aide des plus grands érudits
du temps, Ranulf de Glanville, Richard Fitz-Nigel, Thomas Becket, Roger
Hoveden, Hubert Walter ; la common law va s’imposer, imprégnée
de droit romain, mais non pas exclusivement inspirée par lui :
de véritables codes sont promulgués, dont le plus célèbre,
en 1164, les Constitutions de Clarendon ; des tribunaux royaux sont
organisés, hiérarchisés depuis le Hundred (Conseil
des Cent) jusqu’au Grand Conseil, et des cours itinérantes, assistées
de jurys recrutés sur place, viennent offrir la justice royale,
civile et criminelle dans les lieux les plus éloignés de
Londres et non sans devoir reconnaître l’autonomie des cours féodales
les plus puissantes. Ayant réorganisé l’administration de
l’Échiquier, Henri II développe un système fiscal
original et réussit à imposer l’écuage, impôt
représentatif du service militaire que les vassaux auraient renoncé à accomplir
outre-mer : l’immunité fiscale des seigneurs est ainsi brisée.
Le souci d’uniformisation autoritaire lui vaut son plus grave échec :
désireux de soumettre également l’Église, il tente
d’imposer l’autorité judiciaire du pouvoir temporel, notamment sur
les clercs criminels ; il se heurte à l’un de ses anciens conseillers,
devenu archevêque de Canterbury, Thomas Becket, et le meurtre de
ce dernier, en 1170, est imputé à l’exaspération du
roi ; celui-ci, pour obtenir du pape le pardon nécessaire,
doit s’incliner et renoncer d’autre part à la faculté de
s’opposer à la publication en Angleterre de tout acte pontifical.
Henri II aura été le premier souverain qui, après
la conquête normande, aura réalisé l’amalgame de traditions
françaises et de coutumes locales et donné à la Constitution
anglaise un aspect original.
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1189
- 1199 |
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RICHARD
Ier COEUR DE LION Né en 1157 - mort en 1199 Epoux
de Bérengère de Navarre Fils d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor d’Aquitaine, duc
d’Aquitaine dès l’âge de onze ans, Richard Cœur de Lion participe,
avec son frère aîné Henri le Jeune, à la grande
révolte de 1173-1174 contre Henri II, révolte soutenue
par le roi de France Louis VII. Battu, il se soumet et aide son père à mater
la rébellion des seigneurs aquitains en 1183. À la mort d’Henri
le Jeune (1183), il devient l’héritier du trône . À nouveau
en conflit avec son père, il prête hommage à Philippe
Auguste pour toutes les possessions des Plantagenêts dans le royaume
de France (1188) et participe aux côtés du Capétien à la
campagne qui se termine par la défaite et la mort d’Henri II.
Devenu roi, Richard se trouve face à son allié de la veille ;
mais, Jérusalem étant tombée entre les mains des infidèles,
les deux souverains prennent la croix à la suite de l’empereur Frédéric
Barberousse déjà parti pour la Terre sainte. Pour financer
l’expédition, Richard puise dans le trésor laissé par
son père et vend son indépendance à l’Écosse.
Les deux rois quittent Vézelay en 1190 et hivernent en Sicile où Richard
se conduit en maître. Avant d’arriver en Terre sainte, il enlève
l’île de Chypre à Isaac Comnène et y épouse
Bérengère de Navarre (mai 1191). Débarqué à Acre,
il joue un rôle décisif dans la prise de la ville. Philippe
Auguste étant alors rentré en France (août 1191), Richard
reste le véritable chef de la troisième Croisade. À la
tête d’une puissante armée, il remporte de brillantes victoires
sur Saladin (Arsouf, 1191 ; Jaffa, 1192). Il force l’admiration de
l’ennemi par ses prouesses, mais ne peut pénétrer trop longtemps à l’intérieur
des terres sous peine de voir ses communications coupées. À deux
reprises, il s’arrête à quelques kilomètres de Jérusalem.
Pendant son absence, Philippe Auguste attaque la Normandie et traite avec
Jean sans Terre, le dernier fils d’Henri II, qui s’est emparé de
la régence. Richard signe une trêve avec Saladin (sept. 1192)
qui laisse aux croisés le littoral de Tyr à Jaffa et la liberté de
pèlerinage à Jérusalem, puis il s’embarque pour l’Occident.
Après avoir fait naufrage près de Venise, il est capturé par
le duc Léopold d’Autriche qu’il avait humilié en Orient et
qui le livre à l’empereur Henri VI. Il n’est libéré qu’en
février 1194 à des conditions très dures : une énorme
rançon et la reconnaissance de la suzeraineté impériale
sur l’Angleterre. Rentré dans son royaume, il se fait couronner
une seconde fois et, au bout d’un mois, gagne la Normandie pour combattre
Philippe Auguste. La guerre dure cinq ans ; Richard met en défense
la Normandie (construction de Château-Gaillard) et remporte des succès
importants (Fréteval, 1194 ; Courcelles, 1198) ; une trêve
imposée par le pape accorde un répit indispensable au Capétien
en janvier 1199. Trois mois plus tard, Richard est tué à Châlus,
dans le Limousin, en assiégeant le château du vicomte de Limoges,
son vassal.
Homme d’un caractère excessif, capable de larges générosités
comme des pires violences, c’est avant tout un guerrier qui, à la
différence de son père, méprise la paix. Chevalier
accompli, d’un courage remarquable, Richard acquiert le surnom de Cœur
de Lion en Terre sainte. Personnage de légende plus que grand souverain,
prince aquitain plus que roi d’Angleterre, il ne passa que six mois de
son règne dans son royaume. |
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1199
- 1216 |
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JEAN SANS TERRE
Né en 1167 - mort en 1216
Epoux d'Isabelle de Gloucester puis
d'Isabelle d'Angoulême
Le règne fut marqué par
la signature de la Grande Charte.
Né à Oxford,
il était le quatrième fils du roi Henri II et
d'Aliénor d'Aquitaine. Avec le soutien du roi de France Philippe
II Auguste, Jean et son frère Richard se révoltèrent
contre leur père en 1189. Cette même année, la mort
d'Henri II permit à Richard Ier Cœur de Lion de monter sur le trône.
Alors que son frère participait à la troisième croisade,
Jean essaya d'usurper la couronne. Richard lui pardonna à son retour.
En 1199, Jean succéda à Richard, au détriment de son
neveu Arthur Ier de Bretagne, qu'il fit assassiner en 1203.
Ayant
enlevé Isabelle d'Angoulême pour en faire se femme,
Jean fut cité devant les pairs de France en 1202 et condamné par
défaut à la perte de ses possessions françaises :
la Normandie, l'Anjou, le Maine, la Touraine, le Poitou. C'est alors qu'il
reçut le surnom de Jean sans Terre. À la suite de la guerre
engagée par le roi Philippe II Auguste, le roi Jean ne put conserver
en 1206 que l'Aquitaine et son fief du Poitou. Au cours de l'année
1207, Jean se brouilla avec le pape Innocent III au sujet du titulaire
de l'archevêché de Canterbury, Étienne Langton. Innocent
III jeta l'interdit sur le royaume (1208) puis excommunia son roi (1209),
avant d'autoriser Philippe Auguste à conquérir l'Angleterre.
En affirmant ses liens de vassalité avec le pape et en faisant amende
honorable, Jean réussit à rétablir sa situation. Mais
la coalition qu'il avait organisée contre le roi de France fut défaite
près d'Angers puis à Bouvines, en 1214. Jean dut alors faire
face à la révolte des barons d'Angleterre qui l'obligèrent à accepter
la Grande Charte en 1215. Celle-ci garantissait les droits féodaux
et les libertés des villes contre l'arbitraire royal. Dès
1216, Jean désavouait la Charte. Comme il s'était soustrait à ses
engagements, les barons donnèrent sa couronne au fils de Philippe
Auguste, le futur Louis VIII. Celui-ci débarqua en Angleterre. La
mort soudaine de Jean sauva la dynastie en permettant à son fils
Henri III de prendre possession de la couronne. Louis VIII fut battu en
1217 et la Grande Charte restaurée en 1265.
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MAISON
DES CAPÉTIENS |
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1216-1217 |
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LOUIS
Fils de Philippe Auguste (futur Louis
VIII)
Louis VIII le Lion (1187-1226), roi de
France (1223-1226), fils de Philippe II Auguste et époux de Blanche de Castille. Il combattit farouchement
les Anglais et assura le retour sous l'autorité royale des provinces
tenues par les albigeois.
Au cours du règne de son père, Louis défit le roi
d'Angleterre Jean (dit « sans Terre ») à La Roche-aux-Moines,
en 1214, avant de se voir proposer l'année suivante la couronne
d'Angleterre par des barons hostiles à leur roi. Louis lança
alors une expédition, mais ne put obtenir le trône du fait
de la mort soudaine du roi Jean.
Devenu roi en 1223, Louis VIII s'appliqua à détruire le
pouvoir des Plantagenêts en France en leur reprenant un certain nombre
de territoires, puis se consacra aux croisades contre les hérétiques
albigeois (ou Cathares) : il leur reprit Avignon en 1226. C'est au retour
de cette croisade que Louis VIII mourut de dysenterie à Montpensier,
en Auvergne, le 8 novembre 1226, après un bref règne de trois
ans.
Les nombreuses conquêtes territoriales de Louis VIII lui permirent
de créer des apanages pour trois de ses fils, qui se partagèrent
l'Artois, le Poitou, l'Auvergne, l'Anjou et le Maine, tandis que son
aîné,
Louis IX, lui succédait.
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MAISON
DES PLANTAGENET
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1216
- 1307 |
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HENRI
III
Né en 1207 - mort en 1272
Epoux d'Eléonore de Castille
Fils aîné de Jean sans Terre, mis en possession de sa couronne
grâce à une intervention pontificale et à l’appui militaire
de certains barons, Henri III connaît un règne perpétuellement
troublé par des révoltes et voit son autorité bafouée
et discutée. C’est un roi faible de caractère et volontiers
soumis aux avis de favoris, cosmopolite dans sa pensée et dans ses
goûts, très attaché à la papauté ;
favorable à l’intrusion d’étrangers volontiers nommés
aux grands offices et aux bénéfices épiscopaux, il
suscite des réactions xénophobes. Partageant avec nombre
de grandes familles anglaises le rêve de reconquérir les terres
autrefois tenues par sa dynastie en France, il doit accepter, en 1259,
le traité de Paris qui ne lui laisse que la Guyenne, les diocèses
de Limoges, de Cahors et de Périgueux. Longtemps divisés,
les opposants réussissent, en 1258, à regrouper leurs forces
derrière Simon de Montfort, comte de Leicester, et le « Parlement
fou » impose à Henri III la renonciation à la
plupart de ses droits, la soumission aux directives d’un Conseil oligarchique
(Provisions d’Oxford). Pendant huit années, le souverain, tantôt
prisonnier de grands vassaux, tantôt rendu à une précaire
liberté, devra laisser se développer une anarchie féodale
et seule l’énergie de son fils Édouard, qui obtient victoire
sur victoire, en particulier à Evesham en 1265, et impose la paix
de Kenilworth en 1266, sauvera la couronne. Les longues luttes civiles
ont favorisé la croissance de l’institution parlementaire :
le parti du roi comme celui de Simon de Montfort ont cherché à obtenir
l’appui de chevaliers et de députés des bourgs en les convoquant
au Parlement. Souverain lettré, ami des arts, initiateur de la construction
de l’abbaye de Westminster sous sa forme définitive, contemporain
d’une prodigieuse vie intellectuelle, Henri III reste pourtant le
symbole de l’incapacité et de la faiblesse. |
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1307
- 1327 |
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ÉDOUARD
II
Né en 1284 - assassiné en 1327 Fils
d'Henri III Epoux d'Isabelle de France
Sixième souverain de la dynastie des Plantagenêts, Édouard
doit son accession à la couronne à la mort prématurée
de ses trois frères aînés. Son règne désastreux
forme un contraste total avec celui de son père Édouard Ier.
Monté sur le trône alors que se déroule une expédition
contre l’Écosse, il est le responsable de l’échec complet
du grand projet de réunion des deux royaumes, rendue impossible
par l’écrasante défaite anglaise de Bannockburn, en 1314,
devant les troupes de Robert Bruce. Fils d’un souverain énergique,
il est le jouet de favoris, Piers Gaveston, dont il fait un comte de Cornouailles,
au début du règne et jusqu’en 1312, Hugues le Despenser après
1322. Sa faiblesse personnelle et ses échecs ont permis aux barons
de relever la tête et, en 1311, d’imposer à leur souverain
une véritable tutelle, le privant de tout pouvoir réel et
désignant des commissaires chargés du gouvernement effectif
du royaume ; de 1316 à 1321, Thomas de Lancastre est le véritable « délégué » de
la caste féodale à la tête de l’Angleterre. Époux
d’Isabelle de France, fille de Philippe le Bel, Édouard l’écarte
systématiquement, pendant les dernières années de
son règne, de sa personne et de son gouvernement et l’encourage
ainsi, avec la complicité de son amant Roger Mortimer, à fomenter
une révolution de palais en 1326 : les Despenser exécutés, Édouard
II sera emprisonné et, l’année suivante, déposé par
un parlement. Tout permet de croire qu’il a ensuite été assassiné sur
l’ordre de la reine et de Mortimer. Pour la première fois, l’ordre
divin n’a pas été respecté : un roi sacré a été mis à mort ;
des légistes tentent alors de justifier cet acte en se réclamant
des théories thomistes sur les tyrans. Un précédent
dangereux n’en est pas moins créé qu’Édouard III s’efforcera
de faire oublier en coupant court aux spéculations juridico-théologiques.
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1327
- 1377 |
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ÉDOUARD III
Né en 1312
- mort en 1377
Fils d'Édouard II
1er Roi parlant anglais
Epoux de Philippa de Hainaut
Monté sur le trône après le meurtre de son père,
débarrassé dès 1330, par une petite révolution
de palais, de sa mère Isabelle, emprisonnée, et de Roger
Mortimer, exécuté, Édouard III a vécu trop
longtemps pour conserver, à l’extrême fin de son règne,
l’autorité jalouse qu’il avait ambitionnée : sénile,
il doit vers 1370, assister aux luttes d’influence entre le clan cupide
des Lancastriens, autour de Jean de Gand, et un clan réformateur
qui trouve un moment, avant 1376, le soutien du Prince Noir. Depuis le
milieu du siècle, le roi a, d’autre part, été le témoin
d’une immense catastrophe économique et humaine, liée à la
peste noire et aux épidémies suivantes, qui a coûté à l’Angleterre
le quart de sa population et entraîné par l’effet de la diminution
des naissances, un déclin démographique de l’ordre d’un tiers.
Ces aspects très sombres ne doivent pas dissimuler les apports essentiels
du règne. L’abandon des espérances écossaises est
consacré malgré des victoires initiales impressionnantes
en 1332 et 1336 sur l’ennemi « héréditaire » du
Nord. Cet abandon s’explique par le choix d’une vigoureuse politique continentale :
après avoir accepté, par l’intermédiaire de sa mère,
puis personnellement, de reconnaître la décision des barons
français en 1328 et la nouvelle dynastie des Valois, Édouard
III en vient à invoquer ses propres titres au trône de France
(il est par sa mère, petit-fils de Philippe le Bel) et engage son
pays dans ce qui va être la guerre de Cent Ans : poussé,
en partie, par des préoccupations économiques dont le commerce
avec la Flandre, désireux de récupérer des provinces
autrefois liées à l’Angleterre, il est servi par une stratégie
nouvelle et l’emploi systématique d’arbalétriers et d’archers ;
les victoires de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) semblent lui
offrir les plus belles espérances ; le traité de Brétigny
de 1360 lui reconnaît la possession d’un vaste ensemble en France
occidentale, mais le redressement français, sous Charles V, ne lui
permet guère de conserver qu’une partie de la Guyenne et Bordeaux ;
il léguera ainsi plus de convoitises nostalgiques que de conquêtes
réelles. Les besoins financiers du roi en ce temps de guerre expliquent
enfin le développement de l’institution du Parlement, souvent réuni
pour voter des aides extraordinaires et qui, à partir du milieu
du siècle, peut-être dès 1339, se subdivise de façon
définitive entre la chambre haute des Lords et la chambre basse
des Communes, où siègent les chevaliers et les représentants
des bourgs : les taxes obtenues n’épargnent d’ailleurs pas
au roi des difficultés financières chroniques. Hostile à tout
accroissement de l’influence du Parlement, Édouard III n’accédera,
avant de mourir, à aucune des demandes de réforme du « bon
Parlement » de 1376.
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1377
- 1399 |
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RICHARD
II
Né en 1367 - mort en 1400 Fils
du Prince Noir qui est le fils aîné d'Édouard III Epoux d'Anne de Bohême
puis d'Isabelle de France
Monté sur le trône à l’âge de dix ans, Richard
II connaît un règne particulièrement troublé qui
se termine tragiquement. Longtemps soumis à la tutelle légale,
puis à la tutelle de fait de son oncle Jean de Gand, il entre dans
l’histoire comme le souverain de la « révolte des paysans » de
1381 : son intervention personnelle contribue au rétablissement
de l’ordre social. Proclamé majeur en 1389, il entend exercer une
autorité jalouse, veut ignorer les intérêts des puissants
féodaux, faire fi de certains intérêts des élites
sociales représentées au Parlement. Une première tentative
tyrannique marque le début de son règne personnel, puis en
1396 commence sa « seconde tyrannie ». Organisant
un gouvernement central fort, il s’appuie localement sur des shérifs
soigneusement sélectionnés, utilise son sceau personnel pour
hâter la transmission d’édits et de lettres patentes, organise
une garde personnelle d’archers, fait pression sur le Parlement quand il
veut bien le réunir, n’hésite pas à faire arrêter
et condamner ses principaux adversaires ; en février 1399,
il dépouille de son héritage Henri Bolingbroke, héritier
légitime de Jean de Gand. Les confiscations, les emprunts plus ou
moins forcés, les droits de douane qui lui ont été votés à titre
viager lui valent des ressources considérables dont il entend se
servir davantage pour conquérir définitivement l’Irlande
que pour revendiquer à nouveau son « royaume français » :
cette dernière cause aurait pourtant été bien plus
populaire.
Une irrésistible coalition de grandes familles aristocratiques se
forme autour de Henri Bolingbroke et bénéficie du soutien
quasi unanime des élites bourgeoise et cléricale. Elle permet
une rébellion facilitée par l’absence, au début de
1399, du roi qui fait alors campagne en Irlande. Elle aboutit à la
capture de Richard II. Son vainqueur, malgré ses proclamations antérieures,
entend obtenir pour sa maison de Lancastre bien plus que la restitution
de ses fiefs : ayant extorqué à Richard la convocation
d’un parlement, il lui arrache une abdication « volontaire » que
ce parlement ratifie le 30 septembre 1399. Cependant, il est
difficile pour Henri IV de tenir longtemps emprisonné l’ancien roi
légitime, et tout permet de penser que les geôliers ont volontairement
laissé mourir de faim Richard II, en février 1400. La déposition
et l’assassinat de Richard II ébranlent la conception traditionnelle
de la légitimité dynastique et du caractère divin
des rois, ouvrant ainsi la voie aux usurpations et aux révoltes
des siècles suivants.
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MAISON
DES LANCASTRE |
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Dynastie
royale anglaise qui compta trois souverains, Henri IV, Henri V
et Henri VI, et gouverna de 1399 à 1461 et de 1470 à 1471. Le nom
apparut pour la première fois en 1267, lorsque Henri III conféra
le titre de comte de Lancastre à son deuxième fils, Edmond
le Croisé. En 1351, le petit-fils d'Edmond, Henri de Lancastre,
devint le premier duc de Lancastre. Il n'eut pas d'héritier, mais
sa fille Blanche épousa Jean de Gand, le quatrième fils
d'Édouard III ; en 1362, Jean devint duc de Lancastre, et Lancastre
le patronyme d'une lignée royale. En 1385, le titre de duc d'York
fut conféré au frère cadet de Jean de Gand, Edmond
de Langley, dont les descendants établirent la maison d'York
qui se battit contre la maison de Lancastre durant la guerre des
Deux-Roses, avant de la supplanter. |
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1399
- 1413 |
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HENRI
IV
Né en 1367 - mort en 1413
Fils
de Jean de Grand qui est le quatrième fils d'Édouard III
Epoux de Mathilde de Bohum,
puis de Jeanne d'Angleterre
Connu plutôt sous le nom de Henri Bolingbroke, fils de Jean de Gand,
Henri IV usurpe le trône en 1399 et fonde la nouvelle dynastie des
Lancastre. Son action a été menée contre Richard II,
coupable de l’avoir banni et d’avoir confisqué à son profit
les biens de Jean de Gand à la mort de celui-ci ; elle a été soutenue
par les grands barons et a bénéficié de l’absolution
du Parlement, appelé à ratifier l’abdication de Richard et
l’avènement du nouveau souverain. Henri IV, contraint de faire des
concessions au Parlement qui est admis à contrôler de plus
près les comptes royaux, a contribué à affaiblir durablement
le loyalisme dynastique et à justifier les usurpations ultérieures.
Soucieux d’ordre et désireux d’obtenir un soutien durable de l’Église
et des riches, il s’attaque à l’hérésie des lollards,
accusés de vouloir pervertir l’ordre social et de prôner des
thèses religieuses condamnées : en 1401, il promulgue
contre eux la loi De heretico comburendo qui prévoit la peine du
feu contre ceux qui refuseraient de reconnaître leurs erreurs ;
il est pourtant un souverain cultivé et le protecteur de Geoffrey
Chaucer. Très actif contre l’Écosse, ardent à combattre
les révoltes galloises, Henri IV paraît avoir un temps rompu
avec le mirage continental et renoncé à intervenir en France ;
cependant, à partir de 1407, il ne demeure pas insensible aux perspectives
offertes par la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, se lie alternativement à l’un
et à l’autre parti ; il obtient des premiers, en 1411, la promesse
de l’Aquitaine en échange d’une intervention militaire, qu’il se
révèle physiquement incapable de mener. Au cours des dernières
années de sa vie, les intrigues de palais se multiplient autour
du prince de Galles et de son cousin légitimé Henri Beaufort ;
cependant Henri IV réussit à conserver le pouvoir jusqu’à sa
mort. |
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1413
- 1422 |
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HENRI V
Né en 1387 - mort en 1422 Fils
d'Henri IV Epoux
de Catherine de Valois qui est la fille du Roi de France Charles
VI
Très tôt mêlé aux affaires du royaume et sans
doute l’un des responsables de la politique continentale plus vigoureuse
adoptée par son père vers la fin de sa vie, Henri V
demeure surtout le grand vainqueur anglais de la guerre de Cent Ans. Deux
ans après être monté sur le trône, il décide
de tirer parti de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons ainsi que
de l’affaiblissement du pouvoir royal en France sous le règne de
Charles VI, victime d’accès de démence intermittents.
Le 24 octobre 1415, il remporte la victoire d’Azincourt , qu’il
doit à une brillante stratégie et à l’emploi d’armes
modernes, dont les premiers canons. Le succès décisif est
cependant assuré par l’alliance avec les Bourguignons au lendemain
de l’assassinat de Jean sans Peur (1419) : Henri V peut alors obtenir
de Charles VI et d’Isabeau de Bavière la signature du traité de
Troyes (21 mai 1420) qui lui permet d’épouser Catherine
de France leur fille, lui confie personnellement la régence du royaume
de France et assure à sa lignée la succession au trône.
En 1421-1422, les Armagnacs, favorables au dauphin Charles, sont incapables
de s’opposer à l’exécution du traité. On comprend
aisément la popularité du roi en Angleterre, où il
satisfait les nostalgies des grands vassaux, les intérêts
des négociants liés économiquement avec les Pays-Bas
bourguignons, le sentiment national et antifrançais. Le Parlement
lui accorde volontiers les subsides indispensables et ne semble pas lui
avoir fait grief d’un autoritarisme affirmé : Henri V
se targue d’être un justicier et un défenseur de la foi catholique
et réprime cruellement le lollardisme après avoir écrasé en
1415, puis à nouveau en 1417, la folle rébellion de sir John
Oldcastle exécuté en 1417. Ce John Oldcastle est sans doute
le Falstaff de la tragédie de Shakespeare, Henri IV, dans laquelle
le futur Henri V mène joyeuse vie au milieu d’une escorte de
compagnons, Pistol, Poins, Randolph...
La mort prématurée du roi, survenue en France, lui vaut d’avoir
laissé un souvenir éclatant et de passer pour le plus brillant
des Lancastre.
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1422
- 1461 |
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HENRI VI
Né en 1421 - assassiné en 1471
Fils d'Henri V
Epoux de Marguerite d'Anjou
Premier des souverains anglais à porter le titre de « roi
de France » en invoquant des droits affirmés par le traité de
Troyes de 1420 et légitimés par le Parlement de Paris ;
seul souverain sacré en France, mais à Notre-Dame de Paris
pour riposter au sacre de Charles VII à Reims. Âgé de
neuf mois seulement à la mort de son père, Henri VI
a été longtemps tenu à l’écart par le régent
de France, Bedford, et le régent d’Angleterre, Gloucester. Son règne
est marqué par l’effondrement des mirages continentaux, consacré dès
la perte de la Normandie (1450) et de la Guyenne (1453). Ses défaites
extérieures, sa faiblesse de caractère, la folie périodique
qui le frappe à partir de 1455, son intérêt plus vif
pour l’érudition et la vie religieuse que pour les affaires temporelles
contribuent à saper son autorité : le Parlement, mais
aussi les grands vassaux en tirent profit. Prisonnier de clans qui cherchent à l’annexer,
il abdique progressivement tout pouvoir réel et, malgré la
mort de Richard d’York en 1460, perd en fait la couronne, en 1461, au profit
d’Édouard IV. Défendu malgré lui par des légitimistes,
nombreux dans le Nord et favorisés par l’amitié écossaise,
il est capturé en 1464 et reconnaît en fait la perte de son
trône. L’énergie de son épouse, Marguerite d’Anjou,
et la vivacité des rivalités lui rendent le pouvoir en octobre
1470, mais Édouard IV le capturera de nouveau l’année suivante
et le fera probablement assassiner. Ces querelles dynastiques, où s’opposent
la rose blanche des York et la rose rouge des Lancastre (d’où le
nom de guerre des Deux-Roses), achèvent de ruiner l’œuvre de restauration
des premiers souverains de la dynastie lancastrienne. Henri VI, que
certains contemporains ont considéré comme un saint, a été la
victime d’une impopularité que n’a guère tempérée
la relative prospérité du royaume. |
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MAISON
D'YORK |
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Lignée
royale anglaise qui, dans la seconde moitié du XVe siècle,
disputa le trône d'Angleterre à la maison de Lancastre.
Les maisons d'York et de Lancastre constituaient deux branches de la
maison royale des Plantagenêt, dont la rivalité dynastique
déclencha la guerre des Deux-Roses, qui tire son nom de l'emblème
des York, la rose blanche, et de celui des Lancastre, la rose rouge.
Le titre de duc d'York
fut créé en 1385 en faveur d'Edmond
de Langley, cinquième fils d'Édouard III. Le petit-fils
d'Edmond, Richard Plantagenêt, troisième duc d'York, fit
valoir ses prétentions au trône alors occupé par
Henri VI, chef de la maison de Lancastre, qui descendait de Jean de Gand,
quatrième fils d'Édouard III, en tant que descendant des
Langley et, par sa mère, de Roger VI de Mortimer, quatrième
comte de March et d'Ulster, issu du deuxième fils d'Édouard
III, et dont le fils avait été reconnu comme héritier
présomptif par Richard II. La revendication de Richard Plantagenêt
fut accueillie favorablement par le Parlement et il fut décidé que
la maison d'York hériterait du trône à la mort d'Henri,
lequel accepta cet arrangement.
La femme d'Henri, Marguerite d'Anjou, voulait toutefois
que son fils Édouard,
prince de Galles, succèdât à son père, et
en 1455 elle leva une armée pour défendre ses prétentions,
ce qui déclencha la guerre des Deux-Roses. Richard Plantagenêt
fut tué à la bataille de Wakefield en 1460, mais en 1461
son fils aîné fut proclamé roi d'Angleterre sous
le nom d'Édouard IV ; il fut le premier roi d'Angleterre de la
lignée des York.
À la mort d'Édouard IV en 1483, son fils aîné,
un jeune garçon de 12 ans, devint roi sous le nom d'Édouard
V. Le roi fut emprisonné avec son frère cadet à la
tour de Londres par son oncle paternel, Richard Plantagenêt, duc
de Gloucester, qui fut couronné sous le nom de Richard III le
26 juin 1483. Édouard V et son frère disparurent peu après
le couronnement de Richard, et la tradition, contredite par les études
contemporaines, tient Richard pour responsable de leur meurtre. En 1485,
Richard III fut tué à la bataille de Bosworth Field, le
dernier épisode de la guerre des Deux-Roses. Avec sa mort s'acheva
la dynastie de York.
Le vainqueur de Bosworth Field était Henri Tudor, comte de Richmond,
qui descendait par sa mère de la maison de Lancastre. Il monta
sur le trône sous le nom d'Henri VII et fut le premier roi d'Angleterre
de la maison des Tudor. Il renforça son droit au trône en épousant Élisabeth,
la fille du roi York Édouard IV.
Dès 1485, les descendants de la sœur d'Édouard IV, Élisabeth,
de son frère Georges, duc de Clarence et des imposteurs comme
Perkin Warbeck, revendiquèrent le trône. Le dernier prétendant
sérieux au trône issu de la maison de York fut le fils d'Élisabeth,
Richard de la Pole.
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1461-1470
et 1471-1483 |
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ÉDOUARD IV
Né en 1442 - mort en 1483
Fils
de Richard Duc d'York, petit-fils d'Edmond qui
est le cinquième fils d'Édouard III
Epoux d'Élisabeth Woodville
Fils aîné de Richard d’York, il est le premier souverain
de la dynastie, grâce à ses victoires sur les Lancastre au
cours de la guerre des Deux-Roses. Rival pendant dix ans du roi légitime
Henri VI, il a connu un règne d’abord très troublé après
sa proclamation à Londres en 1461, et n’a pu exercer paisiblement
son autorité qu’après la mort d’Henri. En particulier, entre
1465 et 1471, il a été fréquemment trahi par son ancien
ami et cousin le comte de Warwick, qu’il a dû combattre par les armes :
la bataille décisive de Barnet, le jour de Pâques 1471, lui
permet enfin de vaincre et de faire prisonniers la reine Marguerite et
son époux Henri VI à Tewkesbury ; une répression
très sévère lui garantit ensuite un règne paisible. Édouard IV
a régné sur une Angleterre profondément appauvrie
par la guerre extérieure, et l’un de ses mérites a été de
mener une politique de plus en plus pacifiste, favorable au commerce :
il signe avec Louis XI le traité de Picquigny (1475) et met
ainsi fin officiellement à la guerre de Cent Ans, se contentant
de garder sur le continent la ville de Calais. Il n’a guère innové sur
le plan des institutions, a réuni plusieurs fois le Parlement, en
a obtenu des subsides, le droit de lever, sa vie durant, des droits de
douane et plusieurs « dons gratuits ». Relativement
populaire dans les dernières années de son gouvernement,
il a eu la chance d’être assisté par son frère Richard,
encore très loyal envers la Couronne. Un de ses soucis essentiels
a été d’ordre dynastique : deux fils et cinq filles,
dont Élisabeth, future épouse de Henri VIII Tudor, paraissaient
lui garantir une transmission facile de son jeune sceptre, et une vigilance
constante à l’encontre des Lancastriens devait être la promesse
d’une succession sans histoire. Les ambitions de son frère Richard,
régent en 1483, aboutiront à l’extinction rapide de sa descendance.
Les deux fils d’Édouard, déclarés illégitimes,
sont enfermés dans la Tour de Londres et assassinés sur l’ordre
de leur oncle qui peut ainsi se faire proclamer roi sous le nom de Richard III.
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Avril
1483 |
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ÉDOUARD V
Né en 1470 - assassiné en 1483 Epoux d'Anne de Neville
Fils aîné du roi Édouard IV, il fut fait prince
de Galles en 1471. En raison des luttes internes à la maison
d'York, Édouard
et son frère Richard, duc d'York, furent séquestrés
dans la Tour de Londres, peu après la mort de leur père en
avril 1483. Leur oncle paternel, le duc de Gloucester, les déclara
illégitimes et usurpa le trône sous le nom de Richard III,
en juin 1483. Les prisonniers furent assassinés. Il n'existe pas
de preuves formelles que Richard III fut responsable de leur mort. Il est
possible qu'ils aient survécu à Richard III et aient été tués
par son successeur Henri VII de la maison des Tudors.
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1483 -
1485 |
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RICHARD III
Né en 1452 - mort en 1485
Fils cadet de Richard d’York, frère d’Édouard IV, Richard,
duc de Gloucester, semble avoir loyalement assisté celui-ci pendant
son règne. Après la mort de son frère en mai 1483,
il est proclamé régent du royaume pour le compte de son neveu, Édouard V,
alors âgé de treize ans. S’étant débarrassé du
parti de la reine en faisant exécuter les plus fidèles alliés
de celle-ci, Richard fait emprisonner le jeune roi et son frère à la
Tour de Londres , accrédite la fable d’une naissance illégitime
des deux princes ; il est l’objet de sollicitations plus ou moins
spontanées auxquelles il cède le 26 juin en se faisant proclamer
roi ; il est sacré dix jours plus tard ; on suppose qu’il
fit assassiner ses deux neveux pour prévenir toute contestation
ultérieure. Ses droits lui sont disputés au nom de son usurpation,
mais aussi parce que la jeune dynastie des York n’a pas été admise
par les « légitimistes » lancastriens. Richard III
doit faire face à des révoltes et à des complots incessants
que mènent de grands aristocrates, soucieux de protéger leurs
droits et leurs biens contre un souverain aisément accusé de
tyrannie et d’abus de pouvoir. Son principal adversaire est Henri Tudor,
comte de Richmond, qui a l’habileté de rappeler ses liens de parenté avec
les Lancaster et de préparer très tôt un mariage avec Élisabeth
d’York, sœur des princes assassinés. Rejoint par de nombreux vassaux,
Richmond livre à Richard la dernière bataille de la guerre
des Deux-Roses et il est vainqueur à Bosworth le 22 août
1485 : trahi par celles de ses troupes que commande Stanley, le roi
livre un combat désespéré, immortalisé par
Shakespeare dans une de ses pièces politiques, Richard III, « fléau
de Dieu ». La mort du roi laisse le trône à son
adversaire ; les Tudors s’emploieront à noircir la réputation
de Richard et à justifier ainsi leur propre usurpation.
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MAISON
DES TUDOR |
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Dynastie
royale qui occupa le trône d'Angleterre de 1485 à 1603. D'origine galloise, la
famille Tudor entra dans l'histoire d'Angleterre avec Owen Tudor, venu à la
cour du roi Henri V. En 1429, Owen épousait la veuve d'Henri V,
Catherine de Valois. Leur fils aîné Edmond épousa Margaret
de Beaufort, issue de Jean de Gand, fils du roi Édouard III et duc
de Lancastre. Ce mariage consacrait l'alliance des Tudor et de la maison
de Lancastre, laquelle était engagée contre la maison d'York
dans la guerre des Deux-Roses. Owen
Tudor avait été tué par le parti de York en
1461. En 1485, lors de la bataille de Bosworth, Henri Tudor, fils d'Edmond
et de Margaret, héritier par sa mère de la maison de Lancastre,
tua l'impopulaire Richard III de la maison d'York. Henri accéda
alors au trône d'Angleterre sous le nom d'Henri VII et fut le fondateur
de la dynastie Tudor. Il réconcilia les Lancastre et les York
en épousant la fille d'Édouard IV, chef du parti d'York.
La guerre des Deux-Roses ainsi éteinte, les Tudor purent rétablir
l'autorité monarchique entamée par les troubles du XVe
siècle. Les successeurs d'Henri VII — Henri VIII, Édouard
VI, Marie Ire et Élisabeth Ire — développèrent la
puissance économique et maritime de l'Angleterre. La dynastie
fut également à l'origine de la rupture entre l'Église
d'Angleterre et Rome. Elle favorisa en revanche le rapprochement de l'Angleterre
et de l'Écosse. Marguerite Tudor, fille d'Henri VII, avait épousé le
roi d'Écosse, Jacques IV, de la dynastie Stuart en 1502. À la
mort de la dernière Tudor, Elizabeth Ire, qui ne laissait pas
d'héritier, la Couronne d'Angleterre échut à un
Stuart. En 1603, Jacques VI d'Écosse montait sur le trône
d'Angleterre sous le nom de Jacques Ier.
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1485
- 1509 |
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HENRI
VII Né en
1457 - mort en 1509 Epouse
en 1486 d'Élisabeth d'York Fils d'Edmond Tudor, comte de Richmond
(v. 1430-1456), et de Margaret de Beaufort, comtesse de Richmond et de
Derby (descendante directe de Jean
de Gand, duc de Lancastre), il naquit à Pembroke Castle, au pays
de Galles. Après que le roi Édouard IV (de la maison d'York)
se fut emparé du trône aux dépens d'Henri VI (de la
maison de Lancastre) en 1471, Henri Tudor se réfugia en Bretagne.
Il devint le chef de la maison de Lancastre à la mort d'Henri VI,
cette même année. En 1483, profitant de l'indignation suscitée
par la conduite du successeur d'Édouard IV, Richard III, qui avait
probablement commandité l'assassinat de ses neveux Édouard
V et Richard, duc d'York (1472-1483), incarcérés à la
tour de Londres, Henri VII se rendit au pays de Galles où il rassembla
une armée de partisans. En 1485, à la bataille de Bosworth,
il battit Richard III, qui fut tué au combat. Henri Tudor fut ensuite
couronné sous le nom d'Henri VII à Londres. L'année
suivante, il épousa l'héritière de la maison d'York, Élisabeth
(1465-1503), fille aînée d'Édouard IV, unissant les
maisons d'York et de Lancastre et marquant ainsi le terme de la guerre
des Deux-Roses.
Après son accession au trône, Henri dut subir plusieurs révoltes
venant de partisans de la maison d'York, notamment celle d'un imposteur
anglais Lambert Simnel (v. 1471-1534), qui prétendait être Édouard,
comte de Warwick (1475-1499), dernier prétendant d'York au trône.
Le vrai comte de Warwick avait en réalité été emprisonné à la
tour de Londres par Henri VII. Une autre révolte fut dirigée
par l'imposteur wallon Perkin Warbeck qui prétendait être
Richard, duc d'York, le plus jeune des fils assassinés d'Édouard
IV. Bien que les deux imposteurs aient obtenu des soutiens importants en
Angleterre et à l'étranger, leurs troupes furent écrasées
par celles d'Henri. En 1494, Henri envoya l'homme d'État anglais
sir Edward Poynings (1459-1521) en Irlande pour y rétablir l'autorité anglaise.
Henri arriva à maintenir des relations pacifiques avec l'Autriche,
l'Espagne et la France pendant la plus grande partie de son règne.
La réorganisation en 1487 de la Chambre étoilée fut
une des mesures utilisées par Henri VII pour renforcer le pouvoir
royal face aux nobles. Il mourut à Richmond, Surrey, le 21 avril
1509 ; son second fils, Henri VIII, lui succéda.
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1509
- 1547 |
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HENRI VIII
Né en 1491 - mort en 1547
Fils
d'Henri VII
1er Roi à être appelé "Votre Majesté"
Epouse en 1509 Catherine d'Aragon (1485-1536),
répudiée après 23 ans et 11 mois ; en 1533 Anne Boleyn (v. 1507-1536 ;
elle avait 3 seins et 11 doigts), décapitée après 3 ans et 4 mois ; en
1536, Jane Seymour (1509-1537), morte après la naissance de son fils,
le futur Édouard VI ; en 1540, Anne de Clèves (1517-1557), mariage annulé
après 6 mois ; en 1540, Catherine Howard (v. 1522-1542), décapitée après
1 an et 6 mois ; en 1543, Catherine Parr (1512-1548), veuve après 3 ans
et 6 mois, se remarie en 1547 à Sir Thomas Seymour
Souverain de la Renaissance,
contemporain de François Ier de France
et de l’empereur Charles Quint, Henri VIII est passé à la
postérité comme étant le roi aux six épouses,
un « Barbe bleue » auteur de nombreuses exécutions (notamment
conjugales), l’ennemi juré de la France et le principal initiateur
du schisme religieux qui a introduit la religion anglicane en son royaume.
Né au palais de Greenwich à Londres, Henri est le fils du
roi Henri VII d’Angleterre, prince Tudor imprégné des idées
de la Renaissance, et d’Élisabeth d’York. Le 21 avril 1509, à la
suite de la mort de son père, il accède au trône d’Angleterre
— son frère aîné, Arthur, étant lui-même
décédé en 1502. Désireux d’affirmer le rôle
de l’Angleterre dans le jeu européen, alors dominé par l’Espagne
et la France, Henri VIII épouse la veuve d’Arthur, Catherine d’Aragon,
grâce à une dispense papale obtenue en 1503.
En 1511, Henri se joint à la Ligue, alliance des couronnes d’Espagne,
du Saint Empire romain germanique et de la papauté — contre le royaume
de France. Après une campagne victorieuse dans le nord de la France,
abandonné par ses alliés, il arrange un mariage, en 1514,
entre sa sœur Marie et le roi Louis XII de France, avec lequel il contracte
une alliance. Henri VIII adopte une politique plus distante à l’égard
du successeur de Louis XII, François Ier, qu’il rencontre au Camp
du Drap d’or, le 24 juin 1520. Malgré les incitations du monarque
français, Henri VIII opte pour une politique extérieure favorable
au rival de François Ier, Charles Quint, empereur germanique et
neveu de Catherine d’Aragon.
Néanmoins, en 1525, Henri VIII renonce à combattre le souverain
français, sensible aux revers militaires de François Ier,
prisonnier de l’empereur après sa défaite à Pavie
; il se détache même des affaires européennes et
n’intervient pas lorsque les lansquenets de Charles Quint entreprennent
le sac de Rome en 1527. Au contraire, encouragé par le cardinal
Wolsey, Henri consacre son énergie à affirmer le rang extérieur
de l’Angleterre bien que le financement des guerres fasse peser un poids
toujours plus lourd sur la population du royaume — qui se révolte
lorsque le roi veut imposer de nouvelles taxes (1525). À cette
préoccupation s’en ajoute une autre, celle de la succession royale.
Après les guerres civiles du XVe siècle (voir guerre des
Deux-Roses entre les Lancastre et les York), Henri VIII est le premier
monarque anglais qui n’a pas eu à défendre sa couronne contre
d’autres prétendants. Mais Catherine d’Aragon ne lui a pas donné d’héritier
mâle et, lorsque les fiançailles de leur fille Marie (future
Marie Tudor) et de Charles Quint sont rompues, il redoute de voir les querelles
de succession renaître. Il annonce son désir de divorcer en
1527, prétextant que la dispense papale pour son mariage avec Catherine
est invalide. Aux raisons politiques s’ajoute la volonté du roi
d’officialiser sa passion pour Anne Boleyn, une jeune et belle dame de
compagnie de la reine.
Charles Quint, dont la puissance lui permet d’imposer
ses vues à Rome,
s’oppose avec force à la rupture de l’union. En 1528, le pape Clément
VII accepte cependant de confier à Thomas Wolsey et à Lorenzo
Campeggio, légat du pape, la charge de trancher le cas dans un tribunal
ecclésiastique anglais. Mais, sous la pression de Charles Quint,
Clément VII réexamine l’affaire à Rome. L’annulation
semblant de plus en plus improbable, Henri VIII renvoie Wolsey — qu’il
remplace par Thomas More — puis rompt les liens avec la papauté.
Avec l’appui du Parlement, Henri VIII s’assure d’abord du contrôle
du clergé anglais, forçant celui-ci à le reconnaître
comme chef de l’Église d’Angleterre (1532). En janvier de l’année
suivante, il épouse secrètement Anne Boleyn, qui est couronnée
reine après que l’archevêque de Canterbury, Thomas Cranmer,
a déclaré nul le mariage avec Catherine d’Aragon. Un acte
de succession confirme la déclaration de l’archevêque et établit
les enfants d’Anne comme héritiers du trône. Henri VIII est
immédiatement excommunié par l’autorité pontificale.
Le
schisme religieux est consommé par l’Acte de suprématie
en 1534, annulant toute juridiction papale et déclarant le roi Henri
VIII détenteur de l’autorité ecclésiastique suprême
en Angleterre. Le peuple anglais doit reconnaître sous serment cette
suprématie d’Henri et l’acte de succession. En juillet 1535, Thomas
More est exécuté pour avoir refusé de se soumettre.
Les ordres monastiques sont dispersés et les catholiques pourchassés.
Henri
VIII ne cherche cependant pas à imposer la doctrine protestante.
L’intégrité du dogme est maintenue et confirmée en
1539. L’autorisation d’une traduction anglaise de la Bible, la publication
de la litanie de Cranmer et la traduction en anglais de certaines parties
de l’office liturgique traditionnel sont les seuls changements religieux
effectués durant son règne.
En 1536, accusée d’inceste et d’adultère, sa deuxième épouse
Anne Boleyn — qui ne lui a donné qu’une fille (la future Élisabeth
Ire) — est exécutée. Henri VIII épouse alors Jeanne
Seymour, qui meurt en 1537, deux jours après avoir donné au
roi son unique fils légitime, Édouard (le futur Édouard
VI). Un quatrième mariage est arrangé en janvier 1540 avec
Anne de Clèves afin de lier l’Angleterre et les princes protestants
d’Allemagne. Henri répudie cette dernière quelques mois plus
tard, pour épouser Catherine Howard. Accusée à son
tour d’infidélité, elle est exécutée en février
1542. L’année suivante, Henri VIII épouse sa sixième
et dernière femme, Catherine Parr.
Parallèlement à cette vie conjugale mouvementée, entre
1542 et 1546 Henri VIII est impliqué dans de nouveaux conflits militaires
en France et en Écosse. Marié à une princesse française,
Jacques V d’Écosse ravage en effet les frontières anglaises,
ce qui incite Henri VIII à reprendre les hostilités avec
l’allié de l’Écosse, François Ier. En 1542, Henri
vainc les Écossais à la bataille de Solway Moss puis prend
la ville française de Boulogne deux ans plus tard. Toutefois, malgré les
succès anglais, l’Écosse demeure indépendante. Elle
est le dernier État des îles Britanniques à échapper à la
domination anglaise, alors que le pays de Galles a été rattaché à la
Couronne (Acte d’union de 1536) et qu’Henri VIII a reçu le titre
de roi d’Irlande (1541).
À sa mort en 1547, son fils accède au trône sous le
nom d’Édouard VI.
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1547
- 1553 |
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ÉDOUARD
VI
Né le 12 octobre 1537
- mort le 6 juillet 1553 Seul héritier mâle de Henri VIII, fils de Jane Seymour, Édouard
devient roi à l’âge de neuf ans et meurt à quinze.
Malgré une précocité intellectuelle attestée
par ses écrits, un intérêt passionné pour les
choses de la religion (« nouveau Josias », selon
Calvin), une attention croissante prêtée aux affaires publiques,
il a souvent été l’instrument de son entourage ; de
santé très fragile, syphilitique, mort sans doute de la tuberculose,
il n’a cessé de s’affaiblir. Responsable officiel des mesures prises
en son nom, il a confié le pouvoir réel à deux « tuteurs » successifs :
en 1547, son oncle maternel Edward Seymour, comte de Hertford et fait duc
de Somerset, est nommé protecteur (régent) du royaume et épure
le Conseil de régence préparé par Henri VIII ;
victime d’un premier emprisonnement d’octobre 1549 à février
1550, Somerset doit progressivement céder la place à John
Dudley, comte de Warwick, qui le fait finalement exécuter en février
1552 et reçoit le titre de duc de Northumberland.
À
l’extérieur, le règne d’Édouard VI est surtout marqué par
un conflit permanent avec l’Écosse, que Somerset a en vain voulu
pousser à une union personnelle avec l’Angleterre à la faveur
d’un mariage entre Édouard et Marie Stuart ; l’Écosse
trouve en France des soutiens qui relancent l’antagonisme franco-anglais.
À
l’intérieur, on est parvenu en général à maintenir
l’autorité royale restaurée sous le règne précédent,
non sans que se manifeste la volonté d’autonomie de grands seigneurs
comme les Norfolk ; la politique de Somerset, favorable aux petits
paysans menacés par les enclosures, mécontente d’ailleurs
fortement ce groupe et semble à l’origine du soulèvement
de Robert Ket dans le Norfolk qui, à la tête de douze mille
hommes, demandait précisément l’interdiction de toute nouvelle
clôture. Édouard VI a surtout été le souverain
d’un pays qui passe d’une réforme religieuse très limitée à la
conversion aux doctrines protestantes les plus radicales. Le roi a suivi
les conseils de ses deux favoris successifs, et en particulier de Warwick,
dont la venue au pouvoir accélère le processus à partir
de 1552 ; il a subi aussi l’influence de ses précepteurs et
celle de l’archevêque Thomas Cranmer, eux-mêmes sensibles à la
propagation de thèses luthériennes et calvinistes par des
exilés du continent comme Martin Bucer. Après l’abrogation
de la législation restrictive de Henri VIII le Parlement vote la
communion sous les deux espèces pour les laïcs, la dissolution
des chapelles, le mariage des prêtres et adopte l’Acte d’uniformité qui
fait du Common Prayer Book (Livre de la prière commune) le code
de la pratique et de la foi ; en 1553, les 42 Articles se veulent
la définition fondamentale de croyances en totale contradiction
avec toute la tradition catholique. L’affaiblissement physique d’Édouard
VI laisse pourtant présager une réaction inverse de la part
de Marie Tudor, héritière légitime du trône :
le roi fait proclamer par son Conseil l’exclusion de ses sœurs Marie et Élisabeth,
et reconnaît Jane Grey, petite-nièce de Henri VIII et belle-fille
de Warwick, comme la future reine d’Angleterre. Construction fragile qui
ne survivra pas à la disparition du jeune souverain : celle-ci
sera, comme souvent à l’époque, attribuée à un
empoisonnement, sans que la rumeur publique ait jamais été confirmée
par un début de preuve. La brièveté du règne
d’Édouard VI a transformé en simple péripétie
une politique qui aurait pu constituer un grand tournant dans l’histoire
du royaume. |
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1553
(9 jours) |
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JEANNE GREY
Née vers 1537 - décapitée
le 12 février 1554
Petite-fille
de Marie, la plus jeune soeur d'Henri VIII
Mariée à Guildford Dudley, fils du
1er Duc de Northumberland |
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1553
- 1558 |
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MARIE
Ière
TUDOR dite
La Reine Sanglante ou Bloody Mary Née en
1516 - morte en 1558 Fille
d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon Epouse le 25 juillet 1554 Philippe
II d'Espagne
Née à Londres le 18 février 1516, elle était
la fille d'Henri VIII et de sa première épouse Catherine
d'Aragon. Élevée dans la piété catholique et
très attachée à sa mère, elle fut confinée
par Henri VIII à une sorte d'exil. Grâce à l'influence
de Jeanne Seymour, elle retrouva quelque faveur et obtint la deuxième
place dans l'ordre de succession au trône après son demi-frère Édouard
VI. À la mort de celui-ci, (6 juillet 1553), elle put monter sur
le trône malgré l'opposition du grand chambellan John Dudley,
duc de Northumberland, qui appuyait la succession de sa belle-fille, Jeanne
Grey, et le parti protestant.
Marie Tudor abrogea les innovations religieuses
introduites par son père.
Elle s'employa à rétablir le catholicisme : l'autorité du
pape fut solennellement rétablie lors d'une messe célébrée à Westminster,
le 30 novembre 1554, par le cardinal Reginald Pole. Marie restitua à l'Église
les biens que la Couronne avait en sa possession, mais le Parlement refusa
de rendre les terres saisies par Henri VIII.
C'est surtout son mariage,
en 1554, avec Philippe II, roi d'Espagne et fils de Charles Quint, qui
souleva l'hostilité générale.
Cette union déclencha en Angleterre une importante rébellion
conduite par Thomas Wyatt, qui visait à déposer Marie Tudor
et à installer sur le trône sa demi-sœur Élisabeth
(la future Élisabeth Ire). Le complot de Thomas Wyatt entraîna
Marie dans des mesures de plus en plus autoritaires : elle fit exécuter
Jane Grey et enfermer Élisabeth à la Tour de Londres. Elle
rétablit les anciennes lois contre les hérétiques,
et fit périr sur le bûcher plus de 300 protestants, dont Hugh
Latimer (1555) et Thomas Cranmer (1556). Cette férocité lui
valut son surnom de (Bloody Mary). Pole devint à cette époque
archevêque de Canterbury.
Marie Tudor entreprit, sur les ordres Philippe
II, une campagne contre la France en 1557. Calais, dernier bastion des
conquêtes anglaises
de la guerre de Cent Ans, fut perdue en 1558, ce qui acheva de ternir son
prestige. Malade depuis de nombreuses années, elle mourut à Londres
le 17 novembre 1558. Elle désigna Élisabeth pour lui succéder, à condition
que celle-ci maintiendrait la foi catholique.
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1558
- 1603 |
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ÉLISABETH Ière ,
dite la Glorianna, Notre Bonne Reine Bess
Née en
1553 - morte en 1603
Fille
d'Henri VIII et d'Anne Boleyn
Surnommée la « Reine Vierge » pour ne s’être
jamais mariée, Élisabeth Ire est la dernière représentante
de la maison des Tudors à avoir occupé le trône d’Angleterre.
Née à Londres, fille du roi Henri VIII d’Angleterre et de
sa deuxième épouse, Anne Boleyn, Élisabeth est déclarée
illégitime après l’annulation du mariage de ses parents.
En mai 1536, la jeune princesse devient orpheline de mère — Anne
Boleyn ayant été exécutée pour relation adultérine
; elle est alors éloignée et élevée loin de
la cour. Elle reçoit néanmoins une éducation soignée,
dispensée par des humanistes réputés (notamment Roger
Ascham) qui lui enseignent en particulier les langues étrangères
— outre l’anglais, elle parle avec aisance le français, l’italien
et l’allemand, et maîtrise le grec et le latin.
À
l’instigation de Catherine Parr, sixième épouse de Henri
VIII, Élisabeth revient à la cour et recouvre ses droits
au trône, au troisième rang dans l’ordre de succession (après
son demi-frère Édouard et sa demi-sœur Marie). Un temps soupçonnée
d’avoir favorisé les ambitions de son prétendant, le nouvel époux
de la veuve royale, Thomas Seymour, elle ne prend cependant aucune part
aux intrigues politiques qui agitent le règne de son frère Édouard
VI. En 1554, bien qu’elle apporte un soutien inconditionnel à la
nouvelle reine, sa demi-sœur Marie Ire Tudor, Élisabeth est emprisonnée
quelque temps à la tour de Londres pour avoir hypothétiquement
soutenu la conspiration protestante de Thomas Wyatt. Cependant, héritière
désignée de Marie Tudor à la condition qu’elle maintienne
la foi catholique dans le royaume, Élisabeth accède au trône
d’Angleterre à la mort de la souveraine, en 1558.
Afin de légitimer son titre, la reine Élisabeth se fait
immédiatement reconnaître des Communes — plutôt protestantes
— contre les Lords — qui, membres de l’épiscopat catholique hérité de
Marie Tudor, contestent son accession au trône en vertu de l’acte
d’annulation du mariage de ses parents.
Devenue « gouverneur suprême du royaume au spirituel comme
au temporel », la reine règle les tensions religieuses entre
protestants et catholiques par une politique de compromis : le Elizabethan
Settlement ou « règlement élisabéthain ».
Certes, elle rétablit — malgré les conditions de sa succession à la
Couronne — la suprématie de l’Église anglicane aux dépens
de la foi catholique. De même, elle renouvelle l’Acte de suprématie
de 1534, dépose les évêques protestataires et impose
l’usage du Book of Common Prayer (rédigé en 1549) pour
toute la liturgie. Parallèlement à cette mise en place
d’un puritanisme religieux, Élisabeth — qui n’a guère de
sympathie pour le calvinisme — conserve l’influence du catholicisme dans
la liturgie, notamment dans la pompe du service religieux. Enfin, en
1563, elle fait publier les Trente-neuf Articles définissant les
dogmes de l’anglicanisme mais prend garde de ne pas ratifier immédiatement
la déclaration.
En 1568, pour mettre fin à l’agitation catholique, Élisabeth
fait emprisonner sa cousine catholique réfugiée en Angleterre,
la reine Marie Stuart d’Écosse. La tolérance religieuse de
la reine anglicane s’infléchit encore après son excommunication
par le pape Pie V (1570) qui, en déliant les catholiques anglais
de l’obligation d’allégeance à son égard, suscite
des révoltes dans le nord de l’Angleterre. En 1586, un complot visant à placer
la reine Stuart sur le trône d’Angleterre est mis au jour et engendre
la condamnation et l’exécution de Marie, décapitée
en février 1587.
L’engagement de la reine en faveur du protestantisme
conduit cette dernière à soutenir,
en 1566, les Pays-Bas en révolte contre le roi Philippe II d’Espagne
; cet acte, joint aux incursions répétées des marins
anglais dans l’Empire colonial espagnol (Francis Drake, Walter Raleigh
et Martin Frobisher), provoque la guerre avec l’Espagne en 1585. Le 8 août
1588, la défaite de l’Invincible Armada consacre la supériorité maritime
de l’Angleterre qui a déjà accru ses échanges commerciaux
et pris une part importante à l’expansion coloniale dans le Nouveau
Monde.
Dans le domaine économique, le règne d’Élisabeth
Ire coïncide avec une période de prospérité,
qui voit l’expansion de l’industrie et du commerce, avec la création
de la Bourse de Londres (1566) et la fondation de nombreuses compagnies à charte
(notamment la Compagnie des Indes orientales, 1600), le développement
des villes et la promotion sociale de la bourgeoisie commerçante.
La loi sur les pauvres (Poor Law de 1601) crée un système
d’assistance publique en faisant de l’aide aux défavorisés
une compétence attribuée au niveau local.
É lisabeth Ire gouverne en monarque absolu, s’entourant de quelques
conseillers seulement (William Cecil, Francis Walsingham, lord Burghley)
et, méfiante à l’égard de la noblesse, réunit
de plus en plus rarement le Parlement, tandis qu’elle s’emploie à contrôler
les élections à la Chambre des communes. Ayant refusé de
contracter une alliance — ce qui lui vaut le surnom de « Reine vierge » et
pose de manière récurrente le problème de sa succession
—, elle entretient de nombreuses liaisons, notamment avec les comtes de
Leicester et d’Essex. La fin de son règne est assombrie par les
difficultés économiques qui entament sa popularité,
par la révolte en Irlande conduite par Hugh O’Neill et par la trahison
de son favori, le comte d’Essex. À la mort d’Élisabeth, la
couronne revient au roi Jacques VI d’Écosse, fils de Marie Stuart
et cousin de la reine, qui règne en Angleterre sous le nom de Jacques
Ier Stuart.
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MAISON
DES STUART |
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Famille
royale qui règna
sur l'Angleterre et sur l'Écosse. Elle eut pour fondateur un émigrant
breton, Alan Fitzflaald, qui mourut vers 1114 et qui fut fidèle
au conquérant normand, le futur roi d'Angleterre Guillaume Ier.
Le petit-fils de Fitzflaald, Walter, qui mourut en 1177, reçut le
titre de « grand stewart » (sénéchal) du roi
d'Écosse David Ier. Du XIIe au XIVe siècle, ce titre héréditaire
passa de père en fils et devint nom de famille, plus tard modifié en « Steuart » ou « Stuart ».
De 1371 à 1714, quatorze Stuarts régnèrent sur l'Écosse
; les six derniers régnèrent sur l'Angleterre également. Lorsque, à la
suite de la Révolution de 1688, Jacques II d'Angleterre et d'Irlande,
aussi connu sous le nom de Jacques VII d'Écosse, fut exilé en
raison de ses positions catholiques romaines, il fut remplacé par
sa fille Marie II, de confession protestante. Marie régna conjointement
avec son époux, Guillaume III, de 1689 jusqu'à sa mort,
en 1694. Guillaume régna alors seul jusqu'en 1702. Le dernier
souverain de la maison des Stuarts fut la reine Anne, deuxième
fille de Jacques II, qui régna de 1702 à 1714 ; en 1707, à la
suite de la déclaration de l'Acte d'union stipulant que l'Angleterre
et l'Écosse devenaient une seule et unique nation, Anne fut la
première reine de la Grande-Bretagne. En 1701, le Parlement déclara
l'acte d'Établissement, qui empêcha l'accession au trône
de tout prétendant catholique romain, à savoir tous les
descendants mâles de la maison des Stuarts. Ainsi, lorsque la reine
Anne mourut sans héritier, la maison allemande de Hanovre hérita
du trône et le roi George Ier en fut le premier souverain.
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1603
- 1625 |
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JACQUES
Ier Jacques VI d'Écosse fils
de Marie Stuart, reine des Écossais, épouse de François II en 1558,
Henry Stuart Lord Darnely en 1565, décapitée en 1587 de trois coups
de hache ; petit-fils de Jacques IV et de Margaret, fille d'Henri
VII Epouse Anne de Danemark (1574-1619)
en 1589
Fils unique de Marie Stuart et de lord
Darnley, il fut proclamé roi
d'Écosse lorsque sa mère dut abdiquer. Quatre régents
gouvernèrent le royaume jusqu'en 1576, date à laquelle Jacques
devint le souverain officiel. Mais il fallut attendre 1581 pour que ce
dernier dirige réellement l'Écosse.
Le pays était déchiré par le conflit qui opposait
les protestants et les catholiques, mais également entre les partisans
d'une alliance avec la France et ceux favorables au rapprochement avec
l'Angleterre. En 1586, Jacques choisit de s'allier à Élisabeth
Ire d'Angleterre et réprima autant les protestants que les catholiques.
Attaché à un renforcement du pouvoir royal, émanation
divine, il s'appliqua à réduire le pouvoir féodal
de la noblesse. Il mit en place, dans ce but, un gouvernement central fort
et se servit de l'Église.
En 1603, la reine Élisabeth mourut sans enfant et Jacques lui succéda
sous le nom de Jacques Ier. Il réunit ainsi entre ses mains le trône
d'Angleterre et le trône d'Écosse. Il s'aliéna cependant
rapidement le Parlement, qui s'opposa à ses conceptions absolutistes,
puis provoqua la colère des catholiques par son excessive sévérité à leur égard
et son obstination à leur imposer une seule religion : l'anglicanisme.
Ces derniers fomentèrent, en 1605, un complot, la conspiration des
Poudres, qui échoua.
Jacques Ier mourut le 27 mars 1625 ; son fils
Charles Ier lui succéda.
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1625
- 1649 |
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CHARLES Ier
Né en 1600 - décapité le
30 janvier 1649
Fils de Jacques Ier
Epouse en 1625 Henriette-Marie de France
(21 novembre 1609-10 septembre 1669), fille d'Henri IV et de Marie
de
Médicis
Roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, second fils de Jacques VI
Stuart, roi d’Écosse, qui deviendra roi d’Angleterre en 1603 sous
le nom de Jacques Ier, Charles Ier monte sur le trône en
1625. Jeune, séduisant et indécis, il est un jouet entre
les mains de son entourage. L’impopulaire duc de Buckingham le pousse à attaquer
l’Espagne. Pour se garantir du côté de la France, Charles Ier
demande la main d’Henriette-Marie, la plus jeune fille de Henri IV.
Le couple royal, tendrement uni, mènera une vie exemplaire contrastant
vivement avec l’existence dissolue de Jacques Ier. Mais Buckingham
accumule les maladresses. Vaincu par les Espagnols à Cadix (1626),
il s’aliène les Français en soutenant les protestants de
La Rochelle, ce qui lui vaut d’être battu à l’île de
Ré (1627). Les princes protestants d’Europe se trouvent bientôt
en mauvaise posture. Malgré ses prétentions absolutistes,
Charles Ier doit convoquer le Parlement en 1628 afin d’obtenir des
subsides. Il est mis en demeure d’accepter la pétition du Droit
qui limite les prérogatives royales. Nouvelle rebuffade : le
renouvellement des droits de douane (tunnage and poundage), traditionnellement
accordés à vie au monarque, est refusé par les parlementaires.
Au mois d’août enfin, Buckingham meurt sous le poignard du lieutenant
Felton. À la session de 1629, le conflit se déplace sur le
terrain religieux. Charles Ier soutenait la réaction épiscopalienne
et arminienne de William Laud, évêque de Londres puis archevêque
de Canterbury. Le Parlement vote trois résolutions condamnant le
papisme, l’arminianisme, et la perception d’impôts non votés
par le Parlement. Charles Ier fait jeter les meneurs en prison, renvoie
le Parlement, et décide de gouverner sans son appui. Pendant onze
ans, il se conduit en monarque absolu. On a naturellement parlé de « tyrannie » et
stigmatisé à l’envi la fameuse Chambre étoilée.
Pour être équitable, constatons que l’absolutisme de Charles Ier était
moins dirigé contre le peuple que contre l’individualisme effréné des
classes enrichies (limitation des enclosures, défense de la théorie
médiévale contre le prêt à intérêt)
et contre le fanatisme des puritains (laxisme de la censure ecclésiastique
et tiède répression de la sorcellerie). C’est d’Écosse
que jaillit l’étincelle. Laud y voulait introduire le rituel anglican.
Les farouches presbytériens se soulèvent en masse. Devant
ce danger, Strafford, homme de confiance du roi, conseille la manière
forte. Il part lever une armée dans cette Irlande où, en
tant que vice-roi, il a joué les colons anglicans contre les presbytériens
d’Ulster et les indigènes catholiques. Néanmoins, Charles Ier
doit à nouveau réunir le Parlement en 1640. L’opposition
véhémente qu’il y rencontre l’incite à dissoudre ce
Court Parlement dix-huit jours après l’ouverture de la session.
L’avance victorieuse des Écossais pousse cependant les lords et
le peuple à exiger la convocation d’un nouveau Parlement. Charles Ier
s’incline. Convoqué au mois de novembre 1640, le Long Parlement
durera treize ans. Il est déjà révolutionnaire, même
s’il ne met pas encore la personne du roi en cause. Abandonné par
l’ingrat Charles Ier, Strafford est cité à comparaître
devant le Parlement, condamné à mort et exécuté (1641).
Laud est décapité peu après. Voyant l’Angleterre en
proie à ces luttes intestines, les Irlandais se soulèvent
et massacrent les colons. Charles Ier demande des crédits pour
organiser une expédition punitive. Méfiant, le chef de l’opposition
parlementaire, John Pym, fait voter la « grande remontrance » qui énumère
les griefs contre la couronne. Présumant de la faiblesse de l’opposition,
Charles Ier exige l’impeachment pour haute trahison de Pym et de quatre
autres chefs parlementaires. Il va même jusqu’à se rendre
en personne aux Communes, afin de se saisir des cinq
parlementaires qui ont pris la précaution de se mettre à l’abri.
Le roi quitte alors Londres au bord de l’émeute. La guerre civile
est commencée. Cavaliers royalistes et Têtes rondes puritaines
s’empoignent aux quatre coins du pays. Mais la victoire boude les deux
camps. Le Parlement signe alors avec les Écossais un traité d’alliance
qui lui permet de prendre rapidement l’avantage. Le 2 juillet 1644, à Marston
Moor, les royalistes sont vaincus. Parmi les troupes victorieuses, on remarque
particulièrement les Côtes de fer d’Olivier Cromwell. L’armée
parlementaire est réorganisée selon ses instructions. Lui-même,
nommé adjoint du commandant en chef, prend une part essentielle à la
déroute royaliste de Naseby (14 juin 1645). Charles Ier ne
voit d’autre solution que de se rendre, peu après, à la merci
des Écossais. Ceux-ci s’empressent de le livrer au Parlement qui
lui présente aussitôt les Dix-Neuf Propositions stipulant
notamment l’adoption du Covenant presbytérien, l’abolition de l’épiscopat,
le droit pour le Parlement de contrôler l’armée, la marine,
et la nomination aux grandes charges de l’État, enfin, la proscription
des chefs royalistes. Le souverain biaise et négocie en sous-main
avec toutes les factions. Sur ces entrefaites, une crise éclate
entre l’armée et le Parlement. Cromwell occupe Londres avec vingt
mille soldats décidés à faire reconnaître leurs
droits. Indécis malgré tout, Cromwell fait des ouvertures
au roi qui le lanterne comme il l’a fait avec le Parlement, avant de se
réfugier dans l’île de Wight (1647) d’où il appelle
les Écossais à son secours. Le péril rétablit
la concorde entre l’armée et le Parlement. Cromwell met en pièces
les Écossais à Preston en août 1648. En décembre,
l’armée se retourne contre le Parlement. Le colonel Pride et ses
mousquetaires ne laissent à Westminster qu’une cinquantaine de députés
sûrs. Enlevé dans l’île de Wight, Charles Ier est
ramené à Londres, déféré devant ce « Parlement
croupion », mis en procès et condamné à mort
malgré de vives résistances de la part de nombreux chefs
puritains. Le 30 janvier 1649, le roi Charles Ier montait à l’échafaud
avec un courage exemplaire, sans avoir rien renié des convictions
absolutistes qui périssaient avec lui. |
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COMMONWEALTH |
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Commonwealth
et protectorat anglais, gouvernement républicain établi en Angleterre
au XVIIe siècle, après l'exécution de Charles Ier
le 30 janvier 1649, à la fin de la première Révolution
d'Angleterre et jusqu'à la restauration de la monarchie en 1660.
La mort du roi avait bouleversé la nation et avait rendu d'autant
plus difficile la création d'un gouvernement stable. Il fut tout d'abord nécessaire d'étouffer la rébellion
qui durait en Irlande depuis 1641. Oliver Cromwell et son armée
s'en chargèrent, tuant garnison et population à Drogheda
et à Wexford en 1649. Entre-temps, les Écossais avaient
condamné l'exécution du roi et nommé son fils
Charles II pour lui succéder. Cromwell soumit les royalistes écossais
lors des batailles de Dunbar (1650) et de Worcester (1651). L'Écosse
fut finalement contrainte d'intégrer le Commonwealth.
Il était alors urgent d'établir un gouvernement
permanent et stable dont le pouvoir serait confié à Cromwell
et à son armée. En avril 1653, Cromwell renvoya le
Parlement Croupion, espérant résoudre les problèmes
politiques et religieux avec le Parlement Barebone. Ce dernier
ne dura toutefois que de juillet à décembre 1653.
Cromwell accepta l'Instrument of Government, une constitution écrite
qui le nommait protecteur à la tête d'un Parlement à une
Chambre et qui instaura une dictature militaire, qui prit le nom
de Protectorat. Au cours des années qui suivirent, la cohésion
du régime fut maintenue par la volonté de Cromwell
et par la force de la « nouvelle armée modèle ».
La situation se détériora rapidement après
la mort de Cromwell, le 3 septembre 1658. Son fils Richard lui
succéda mais démissionna dès mai 1659. L'anarchie
qui menaçait fut stoppée par le général
George Monk, commandant de l'armée d'Écosse. Il fit
marcher ses troupes sur Londres au début de 1660, prit le
pouvoir en tant que capitaine général et rappela
le Long Parlement. Après la déclaration de Breda,
au cours de laquelle Charles II reconnut les revendications du
Parlement, celui-ci vota son retour sur le trône d'Angleterre
en mai de la même année.
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DICTATURE |
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1653
- 1658 |
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OLIVIER CROMWELL
Né en 1599-mort en 1658
Lord Protector
Puritain intolérant doué d’un réel talent politique,
redouté et impopulaire, Oliver Cromwell a joué un rôle
prédominant dans la guerre civile d’Angleterre (ou Puritan Revolution)
qui l’a amené à la tête de la République anglaise.
Né à Huntingdon le 25 avril 1599 dans une famille d’origine
galloise, Oliver Cromwell est lointainement apparenté à l’ancien
ministre de Henri VIII, Thomas Cromwell (v. 1485-1540). Éduqué par
le puritain Thomas Beard, il étudie le droit au Sidney Sussex College
de Cambridge — période durant laquelle il épouse Élisabeth
Bourchier en 1620 — puis retourne à Huntingdon gérer la fortune
paternelle. Membre du Parlement de 1628 à 1629, il s’illustre par
la véhémence de ses propos envers la tolérance religieuse
dont font preuve, à l’égard des catholiques, le roi Charles
Ier et l’Église anglicane.
Membre du Parlement en 1640 (du Court Parlement puis du Long Parlement),
Oliver Cromwell voit dans la guerre civile qui éclate en janvier
1642 le signe providentiel de la lutte contre l’épiscopalisme et
la royauté détachés des affaires puritaines. Aussi,
dès 1643 lève-t-il à ses frais un régiment
de cavalerie, baptisé les « Côtes de fer » (Ironside),
animé d’un redoutable fanatisme religieux. Promu lieutenant-général
en 1644, ce nouveau chef des Indépendants conduit la même
année les forces parlementaires à la victoire lors des batailles
de Marston Moor (2 juillet) et de Newbury (octobre). En 1645, chargé de
réorganiser toute l’armée sur le modèle de ses propres
troupes, Cromwell est nommé commandant en second de cette « nouvelle
armée modèle » et décime les forces royalistes à la
bataille de Naseby (14 juin). En septembre, les partisans du roi sont définitivement
vaincus. La première phase de la guerre civile — également
appelée la « première guerre civile » — s’achève
en avril 1646 lorsque les Écossais livrent Charles Ier au Parlement.
De
1646 à 1649, des idéologies plus démocratiques
se développent, telle celle que prône John Lilburne, chef
des « Niveleurs », qui tente de rallier à sa cause les
principaux généraux (dont Oliver Cromwell) afin d’instaurer
un régime égalitaire. Alors que les débats politique
et religieux se poursuivent au sein du Parlement, le roi s’évade
et se réfugie dans l’île Wight, d’où il conclut un
engagement avec les Écossais contre la promesse de faire du presbytérianisme
la religion officielle des deux royaumes. Cet accord déclenche la « seconde
guerre civile » en juillet 1648. Une armée écossaise
envahit alors l’Angleterre mais est battue à Preston, en août
1648 ; le roi est ramené à Londres. Cromwell, pour sa part,
approuve la purge du Parlement de ses éléments les plus modérés
en décembre 1648 : il ne reste plus dans ce Parlement croupion que
quelques membres favorables à la désignation d’une commission
chargée de juger le roi pour trahison.
Le 30 janvier 1649, jour même de l’exécution du roi — que
Cromwell approuve ouvertement —, la République (Commonwealth)
est instaurée. Cherchant à œuvrer pour le « bien
commun », la République est conjointement dirigée
par un Conseil d’État — dont fait partie Oliver Cromwell — et
le Parlement. Régicide, Cromwell ne cherche cependant pas à s’emparer
du pouvoir pour lui-même mais, selon ses propres réflexions,
pour mener son peuple vers la liberté. La première entreprise
du puritain est de soumettre l’Irlande papiste et l’Écosse covenantaire
qui a proclamé roi le fils de Charles Ier sous le nom de Charles
II. La victoire sur les Irlandais est acquise au terme des massacres
de Drogheda et de Wexford (automne 1649), tandis que les Écossais
sont écrasés à Dunbar (septembre 1650) puis à Worcester
(septembre 1651). Ces batailles apportent une fois encore la preuve du
génie militaire de Cromwell ou, plutôt, comme il aime à le
dire, de « l’illustre miséricorde » de Dieu.
Parallèlement, alors qu’il espérait contracter alliance
avec les États européens de confession protestante, Oliver
Cromwell se retrouve en conflit ouvert avec les Provinces-Unies (1652-1654)
pour avoir fait voter l’acte de Navigation (9 octobre 1651) défavorable
au commerce hollandais.
Le 16 décembre 1653, après avoir renvoyé le Parlement
croupion (avril) pour le Parlement Barebone (juillet), Cromwell accepte
l’Instrument of Government — première Constitution écrite
de l’Angleterre — qui lui confère un pouvoir dictatorial avec le
titre de Lord-Protecteur. Il crée alors un Parlement unique — l’Angleterre,
l’Écosse et l’Irlande ayant désormais fusionnées dans
le Commonwealth —, Parlement qu’il dissout en 1655. Grâce au soutien
de la « nouvelle armée modèle », il impose paix
et stabilité dans le pays et y apporte même une relative tolérance
religieuse.
Sa politique extérieure est vigoureuse, à l’image de celle
menée sous le règne élisabéthain. Fort d’une
flotte puissante, le Lord-Protecteur s’empare de la Jamaïque (1655),
pille la ville espagnole de Cadix (septembre 1656), prend Dunkerque à l’Espagne
(1658) et regagne la ville de Calais, perdue un siècle plus tôt.
En mai 1657, Cromwell — qui refuse le titre royal — accepte l’Humble Petition
and Advice (« Humble Pétition et Avis ») qui lui octroie
le droit de gérer sa succession politique.
Le 3 septembre 1658, l’impopulaire Cromwell meurt et est enterré à l’abbaye
de Westminster. Son fils Richard, qu’il a désigné à sa
succession, doit abandonner le pouvoir dès mai 1659. En 1660, à la
restauration de la royauté et l’arrivée du Stuart Charles
II sur le trône d’Angleterre, le corps d’Oliver Cromwell est exhumé pour être
pendu comme celui d’un traître.
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1658
- 1660 |
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RICHARD
CROMWELL Né en 1626 - mort en 1712 Son fils
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RESTAURATION |
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1660
- 1685 |
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CHARLES II
Né en 1630 - mort le 6
février 1685
Fils
de Charles Ier époux de Catherine
de Bragance
Fils aîné du roi décapité, privé du trône
d’Angleterre en 1649, chassé en 1651 de l’Écosse qui l’avait
reconnu roi en janvier de la même année, Charles doit mener
une longue vie d’exilé, plus ou moins bienvenu dans les pays de
l’Europe occidentale, en particulier en Hollande ; il doit au choix
de Monk, en 1660, de retrouver ses droits légitimes, au prix de
la déclaration de Breda qui garantit la liberté religieuse,
reconnaît les prérogatives du Parlement et promet une amnistie
générale. Sceptique et prudent, avide de plaisirs, profondément
tolérant, trop peu sûr de son trône pour oser afficher
sa conversion in pectore au catholicisme, il cherche à développer
l’autorité royale, mais refuse de soutenir les doctrines politiques
de Hobbes, son ancien précepteur. L’intransigeance d’un Parlement
ultra-royaliste et intégriste dans le domaine religieux limite le
champ de l’amnistie et entraîne la condamnation à mort des
régicides ; elle empêche toute tolérance au profit
même des non-conformistes protestants et, en 1673, l’adoption du
bill du Test, douze ans après le vote de la loi sur les municipalités,
achève d’écarter des fonctions publiques ceux qui ne communieraient
pas au sein de l’Église établie ; Charles II a
quelque peine à prévenir l’adoption, après 1679, du
bill d’Exclusion qui aurait privé son frère, Jacques d’York,
catholique, de la possibilité de lui succéder. Le souvenir
de la sanglante révolution et de l’anarchie des années 1658-1660
assure à Charles II des relations paisibles avec le Parlement, au
moins pendant la première décennie de son règne, et
la libre disposition d’importantes ressources fiscales indirectes prévient
le retour des grands antagonismes financiers d’antan ; le roi peut
aussi compter sur des subsides de Louis XIV, mais ils sont moins importants
que nombre d’historiens ont paru le croire ; cette aisance financière
explique que le souverain, lassé des controverses parlementaires
et de l’opposition whig, ait pu se passer de Parlement pendant les trois
dernières années de son règne.
La politique extérieure de Charles II fut un sujet de graves controverses :
son pacifisme parut souvent excessif, ses relations avec Louis XIV trop étroites,
on lui reprocha le traité de Douvres de 1670 et la vente de Dunkerque à la
France, de même que la guerre contre la Hollande en 1672-1674 ;
dans sa politique française, l’attitude du roi ne dépassa
jamais une neutralité teintée d’agressivité. Charles
a tiré profit de la prospérité économique,
du développement du commerce colonial et de transit, en partie favorisé par
la confirmation de l’Acte de navigation, de la satisfaction des propriétaires
agricoles ; la rapide reconstruction de Londres après le Grand
Incendie de 1666 témoigne des énormes possibilités
financières de ses sujets. Ce règne a été marqué par
une activité intellectuelle intense, favorisée par exemple
par la création de l’observatoire de Greenwich et de la Société royale ;
la Restauration a été aussi l’époque du renouveau
théâtral et d’une vie de plaisirs mondains. L’image laissée
par Charles est celle d’un souverain intelligent, capable de surmonter
habilement les obstacles, et qui a su rétablir un indéniable
loyalisme monarchique.
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1685
- 1688 |
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JACQUES II
Né en 1633 - mort en 1701 Jacques VII d'Écosse
épouse Anne Hyde puis Marie de Modène
Né à Londres, second fils du roi Charles Ier et de son épouse
Henriette-Marie, il reçut le titre de duc d'York et d'Albany en
1634. Après l'exécution de son père, il fut éloigné d'Angleterre,
et en 1657 entra au service de l'Espagne dans la guerre contre l'Angleterre.
Lors de la restauration de la monarchie en 1660, son frère Charles
II accéda au trône et Jacques II fut nommé grand amiral
d'Angleterre. La même année, il épousa Anne Hyde, fille
d'Edward Hyde, comte de Clarendon. En 1672, un an après la mort
de son épouse, Jacques II annonça publiquement sa conversion
au catholicisme. L'année suivante, le Parlement anglais vota les
Test Acts interdisant aux catholiques de détenir tout poste officiel
et Jacques II dut démissionner de son poste de grand amiral. Peu
de temps après, il épousa Marie-Béatrice de Modène
qui était catholique. En 1679, la Chambre des communes tenta vainement
de dénier à Jacques II le droit d'accéder au trône.
À la mort de Charles II en 1685, Jacques II devint roi. La même
année, il écrasa en Angleterre une révolte conduite
par son neveu James Scott, duc de Monmouth, et en Écosse l'insurrection
dirigée par Archibald Campbell, 9e comte d'Argyll. La repression
sevère qu'il mena, marquée notamment par une série
de procès qui furent surnommés les « Assises sanglantes »,
lui aliéna le soutien de bon nombre de ses partisans. En 1687, Jacques
II tenta en vain de se concilier les catholiques en mettant fin aux mesures
répressives dont ils faisaient l'objet, mais il ne fit qu'aggraver
les dissensions religieuses. La naissance de son fils Jacques Édouard
Stuart, le 10 juin 1688, matérialisant le risque de voir se créer
en Angleterre une dynastie catholique, détermina les chefs de l'opposition à demander
au gendre de Jacques II, Guillaume d'Orange, futur Guillaume III, de prendre
le pouvoir, déclenchant ainsi la seconde révolution d'Angleterre.
Guillaume débarqua en Angleterre en novembre 1688 et marcha sur
Londres. Il fut accueilli en libérateur et Jacques II, abandonné par
ses troupes, s'enfuit en France où il reçut l'aide de Louis
XIV. En 1690, avec l'appui des troupes françaises, Jacques II débarqua
en Irlande pour tenter de recouvrer son trône. Battu à la
bataille de la Boyne il regagna la France, et demeura à Saint-Germain-en-Laye
jusqu'à sa mort.
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INTERRÈGNE |
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11
septembre 1688 au 13 février 1689
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MAISON
D'ORANGE
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Famille
de la principauté française
d'Orange dont furent originaires, par mariage avec la maison de Nassau,
les personnages clés de l'histoire des Pays-Bas. Charlemagne
accorda le titre de comte de Toulouse à Guillaume d'Orange qui
dominait alors la région, vassale du Saint Empire romain germanique.
Ses descendants prirent le titre de prince au XIIIe siècle. Deux
siècles plus tard, l'empereur germanique Charles Quint leur octroya
des terres aux Pays-Bas, tandis qu'ils s'alliaient par mariage à la
maison de Nassau, alors à la tête d'un duché allemand
situé au nord du Main. En 1544, René de Nassau, prince
d'Orange, laissa toutes ses possessions à son cousin le futur
Guillaume Ier le Taciturne, fondateur des Provinces-Unies de Hollande
dont il fut le stathouder (gouverneur) en 1576. Lorsque Guillaume Ier
fut assassiné en 1584, deux de ses fils lui succédèrent
: Maurice de Nassau (1567-1625), puis le demi-frère de celui-ci,
Frédéric-Henri (1584-1647). C'est le fils de Frédéric-Henri,
Guillaume II, qui unit la maison d'Orange à l'Angleterre, en épousant
la fille du roi Charles Ier. La ligne directe s'éteignit à la
mort de leur fils Guillaume III d'Angleterre (1702), mais les possessions
furent transmises à une autre branche de la famille. Guillaume
VI d'Orange dut céder à Napoléon Ier les territoires
allemands d'Orange, mais reçut en compensation le grand-duché de
Luxembourg et fut nommé roi des Pays-Bas sous le nom de Guillaume
Ier. Lorsque Guillaume III, roi des Pays-Bas et grand-Duc de Luxembourg,
mourut en 1890 sans héritier mâle, la couronne passa à sa
fille Wilhelmine, ancêtre de la reine actuelle, Béatrix,
tandis que le grand-duché de Luxembourg retournait aux descendants
de la maison de Nassau.
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1689
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GUILLAUME
III
Né en 1650 - mort en 1702
Fils de Guillaume II Prince d'Orange
et petit-fils de Charles Ier
Roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande (1689-1702), et stathouder
de Hollande (1672-1702), qui contribua à former la Grande Alliance
et dirigea l'Angleterre à l'issue de la seconde révolution.
Né à La Haye en Hollande, Guillaume d'Orange-Nassau était
le fils posthume de Guillaume II, prince d'Orange et stathouder de Hollande,
et de Marie, fille aînée du roi Charles Ier. En 1672, après
l'invasion des Pays-Bas par Louis XIV, un soulèvement populaire
renversa Jan De Witt, grand pensionnaire de Hollande, au profit de Guillaume
d'Orange, qui fut élu stathouder, capitaine-général
et amiral. Il lutta contre les Français avec détermination,
et détruisit en 1673 des digues près d'Amsterdam pour noyer
la campagne environnante et entraver ainsi la progression des armées
françaises. Les Hollandais subirent cependant des revers cinglants
lors des batailles suivantes, mais, grâce à la diplomatie
habile de Guillaume III, dont les liens avec l'Angleterre s'étaient
renforcés par son mariage (1677) avec la princesse Marie (fille
aînée de son oncle Jacques, duc d'York, futur roi sous le
nom de Jacques II), Louis XIV dut accepter de mettre fin à la guerre.
L'ascension
du parti catholique qui suivit l'accession au pouvoir de Jacques II en
Angleterre détermina les principaux adversaires du roi à faire
appel à Guillaume III, qui apparaissait comme le champion du protestantisme
en Europe. À la tête d'une armée d'environ quinze mille
hommes, Guillaume III débarqua à Torbay le 5 novembre 1688.
La plupart des nobles anglais prirent le parti de Guillaume, et Jacques
II dut s'enfuir en France. Guillaume accepta la Déclaration des
droits votée par le « Parlement Convention » qui s'était
réuni le 22 janvier 1689, et le 13 février, Guillaume et
Marie furent proclamés roi et reine d'Angleterre.
Peu de temps après la conclusion de la seconde révolution
d'Angleterre, le Parlement écossais reconnut les nouveaux souverains.
Cependant, l'Irlande, majoritairement catholique, manifesta sa fidélité à Jacques
II et dut être conquise par la force. En 1690, Guillaume prit la
tête de l'armée qui battit Jacques II et ses partisans à la
bataille de la Boyne, mais l'agitation jacobite persista durant tout le
règne de Guillaume III, qui régna seul après la mort
de la reine Marie, en 1694.
En 1689, pour contenir les ambitions territoriales
de la France, Guillaume III était entré avec l'Angleterre dans la ligue d'Augsbourg,
appelée la Grande Alliance. Très impliqué dans la
politique étrangère, il s'engagea dans la guerre de Succession
du Palatinat, au terme de laquelle, par la paix de Ryswick (1697), Louis
XIV le reconnut comme roi d'Angleterre.
En matière intérieure, Guillaume III s'opposa fréquemment
au Parlement, qui fut à l'origine des réformes réalisées
sous son règne, notamment la loi sur les droits et les libertés,
l'institution de la Banque d'Angleterre et l'introduction du principe de
la responsabilité ministérielle.
Guillaume III mourut alors
qu'il s'apprêtait à prendre part à la
guerre de Succession d'Espagne. La sœur de sa femme, la reine Anne Stuart,
lui succéda sur le trône.
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MAISON
DES STUART
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1689
- 1702 |
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MARIE II
Née en 1662 - morte en
1694 Fille
aîné de Jacques II et d'Anne Hyde Epouse de Guillaume III
Reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande (1689-1694).
Née à Londres, elle est la fille de Jacques, duc d'York,
qui devient roi d'Angleterre sous le nom de Jacques II en 1685 et de sa
première épouse Anne Hyde. Bien que son père se soit
converti au catholicisme, Marie est élevée dans la religion
protestante et épouse à l'âge de quinze ans le prince
protestant Guillaume d'Orange-Nassau. En 1688, les opposants anglais de
Jacques II, en désaccord avec sa domination autocratique et son
favoritisme vis-à-vis des catholiques, lancent la seconde révolution
d'Angleterre, exilant Jacques II et portant au pouvoir Marie et Guillaume.
Marie II et Guillaume III sont couronnés en avril 1689. Marie assure
la régence alors que Guillaume III mène campagne en Irlande
(1690-1691) et contre la France (1692-1694). Guillaume III règne
seul après le décès de Marie. Le couple n'ayant pas
eu de descendance, c'est la sœur de Marie, la reine Anne, qui succède à Guillaume
III.
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1702
- 1714 |
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ANNE
Née en 1665 - morte en
1714
Deuxième fille de Jacques II
Epouse Georges, Prince de Danemark
Reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande (1702-1714), dernière
souveraine de la maison des Stuart.
Née à Londres, elle était
la deuxième fille du roi Jacques II et de sa première femme,
Anne Hyde. En 1683, elle épousa le prince Georges de Danemark.
Malgré la conversion au catholicisme de son père en 1672,
Anne n'abandonna pas le protestantisme et approuva le renversement de
Jacques par la Révolution anticatholique de 1688, qui permit à sa
sœur Marie et à l'époux de cette dernière, Guillaume
d'Orange, d'accéder au pouvoir. À la mort de Guillaume
III en 1702, Anne Stuart monta sur le trône. Elle favorisa la carrière
de John Churchill, tombé en disgrâce auprès de son
prédécesseur, lui conféra le titre de duc de Marlborough
et le chargea du commandement de l'armée. Marlborough remporta
une suite de victoires sur la France pendant la guerre de Succession
d'Espagne (1701-1714), et exerça, ainsi que sa femme Sarah, une
grande influence sur la reine pendant les premières années
de son règne.
Fidèle à l'Église anglicane, Anne eut tendance à favoriser
les tories, faction soutenant l'Église, au détriment des
whigs. Toutefois, influencée notamment par les Marlborough, elle écarta
dans un premier temps les tories du pouvoir. Le règne d'Anne Stuart
fut marqué par l'unification des royaumes d'Angleterre et d'Écosse
(1707). Elle mourut à Londres le 1er août 1714, sans laisser
d'héritier, et eut pour successeur son cousin allemand, George, Électeur
de Hanovre, qui accéda au trône sous le nom de George Ier.
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MAISON
DE HANOVRE
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Maison
royale britannique qui régna sur la Grande-Bretagne puis sur le Royaume-Uni de l'avènement
de George Ier, en 1714, jusqu'à la mort de la reine Victoria, en
1901.
L'acte d'établissement de 1701 interdisant le trône d'Angleterre à un
non-protestant, la couronne devait revenir, à la mort de la reine
Anne Stuart, à l'électrice Sophie de Hanovre, petite-fille
de Jacques Ier Stuart par sa mère, Élizabeth. Sophie mourut
deux mois avant la reine Anne, et la couronne échut à son
fils, George Ier, en 1714. Âgé de cinquante-quatre ans,
celui-ci se consacrait plus au Hanovre qu'à l'Angleterre et ne
parlait pas anglais. Son fils unique George II, né lui aussi près
de Hanovre, lui succéda en 1727. À l'instar de son père,
il fut considéré comme un étranger par bon nombre
de ses sujets. Plus soldat qu'homme politique, il conclut un traité avec
la France durant la guerre de Succession d'Autriche sans consulter ses
ministres. Durant ces deux règnes, les Écossais se révoltèrent,
soutenant les droits des Stuartcatholiques. George III, né en
Angleterre, monta sur le trône en 1760. Petit-fils de George II,
il sut, malgré la maladie, gagner le respect de son peuple. Son
fils, qui fit office de régent durant une grande partie de son
règne, lui succéda sous le nom de George IV en 1820. En
1830, son frère Guillaume IV hérita du trône, et,
en 1837, sa nièce Victoria, fille du duc de Kent, lui succéda.
Jusqu'à l'avènement de Victoria, l'État de Hanovre était
resté lié à la couronne d'Angleterre, mais, devant
demeurer dans la lignée mâle en vertu de la loi salique,
il échappa à la reine. En 1840, celle-ci épousa
le prince Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. À sa mort, en 1901, la
maison de Saxe-Cobourg-Gotha, rebaptisée maison de Windsor en
1917, succéda à la maison de Hanovre.
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1714
-1727 |
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GEORGE Ier
Né en 1660 - morte en
1727
Epouse en 1682 sa cousine Sophie Dorothée
Princesse de Zelle, mariage dissous en 1694 car Sophie est soupçonnée
d'adultère
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1714-1727) et électeur
de Hanovre (1698-1727), le premier souverain anglais de la dynastie
des
Hanovre.
Né à Osnabrück (Hanovre), George Ier était
le fils d'Ernest-Auguste, électeur de Hanovre et de Sophie, petite-fille
du roi Jacques Ier d'Angleterre. George succéda à la reine
Anne, en vertu de l'acte d'Établissement. Très attaché à ses
origines allemandes, il refusa toujours d'apprendre l'anglais. Il continua à faire
des séjours longs et réguliers à Hanovre, qui resta
son principal sujet de préoccupation, malgré ses efforts
pour respecter ses devoirs envers son nouveau royaume. Cependant, il
ne fut jamais très populaire en Angleterre, et l'antipathie qui
se développa à son encontre favorisa sans doute le complot
jacobite qui tenta de le renverser en faveur du fils de Jacques II, Jacques Édouard
Stuart, surnommé le Prétendant. George ne s'était
entouré que de représentants du parti whig, car les tories étaient
favorables aux Stuart. Il s'intéressait de très près à la
politique étrangère, et c'est grâce à lui
que fut signée, en 1717, la troisième Triple-Alliance avec
les Pays-Bas et la France. Pour les questions de politique intérieure,
il se reposait entièrement sur ses ministres, Stanhope Townshend,
et Robert Walpole. Les talents d'administrateur de ces hommes contribuèrent à asseoir
la position de la maison de Hanovre en Grande-Bretagne. Georges Ier fut
remplacé sur le trône par son fils, George II.
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1727
- 1760 |
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GEORGE II
Né en 1683 - mort en 1760 Epouse en 1705 Caroline d'Anspach (1683-1737)
Dernier roi à conduire ses
troupes
à la bataille
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande et électeur de Hanovre (1727-1760),
fils du roi George Ier, il se montra plus attaché à Hanovre
qu'au royaume britannique.
Il naquit à Herrenhausen, près de Hanovre, et fut élevé en
prince allemand. En 1705, il épousa Caroline d'Ansbach, dont l'influence
sur les affaires de l'État fut déterminante ; elle contribua
notamment au maintien de Robert Walpole comme Premier ministre. Pendant
la guerre de Succession d'Autriche (1740-1748), il fit passer les intérêts
de la Grande-Bretagne après ceux de sa principauté allemande.
Cette politique mécontenta l'opinion mais le roi remporta l'admiration
de tous pour le courage dont il fit preuve lors de la bataille de Dettingen,
en Bavière (1743), la dernière à laquelle un monarque
britannique participa en personne. Cependant, après les sévères
défaites que subit la Grande-Bretagne au début de la guerre
de Sept Ans, George II fut contraint d'accepter l'entrée au gouvernement
du premier Pitt — George II ne lui pardonnait pas d'avoir critiqué sa
politique hanovrienne —, qui redressa la situation. Le règne de
George II fut également marqué par la répression de
la dernière grande rébellion des jacobites. Son petit-fils
George III lui succéda.
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1760
- 1820 |
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GEORGE III
Né en 1738 - mort en 1820
Epouse Charlotte-Sophie de Mecklembourg-Strelitz
en 1761
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1760-1820), électeur de Hanovre
(1760-1815), puis par décision du congrès de Vienne, roi
de Hanovre (1815-1820), sous le règne duquel les colonies américaines
accédèrent à l'indépendance, en 1783.
Né à Londres le 4 juin 1738, il est le fils aîné du
prince de Galles Frédéric-Louis et le petit-fils de George
II. Premier membre de la dynastie des Hanovres à avoir reçu
une éducation véritablement britannique, il eut pour premier
souci ses prérogatives royales en Grande-Bretagne, tandis que ses
deux prédécesseurs, George Ier et George II, avaient laissé gouverner
les whigs, s'intéressant surtout à Hanovre. George III s'allia
aux tories pour défendre son pouvoir personnel, et usa de la corruption électorale
pour gagner à ses partisans des sièges aux Communes.
En
1764, le roi fit arrêter le polémiste Wilkes, membre des
Communes, ce qui suscita la colère de l'opinion publique. L'expulsion
de Wilkes, immédiatement après sa réélection
en 1768, relança la campagne d'opposition. Parmi les pamphlets dirigés
contre le roi, les fameuses Lettres de Junius (1769-1772) étaient
une réaction virulente aux menaces sur la liberté de la presse
et l'inviolabilité parlementaire.
Frederick
North fut Premier ministre de 1770 à 1782. North dut
autoriser la publication de comptes rendus des débats parlementaires,
mais parvint à faire élire une assemblée favorable
au roi aux élections de 1774 et 1780. Il fut cependant maladroit
dans sa politique américaine, ce qui entraîna la guerre de
l'Indépendance. North dut se retirer en 1782, et l'indépendance
des États-Unis fut reconnue en 1783. Ceci marquait la fin du gouvernement
personnel de George III.
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1820-
1830 |
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GEORGE IV
Né en 1762 - mort en 26
juin 1830 Epouse
secrètement en 1785 Marie-Anne
Fitzherbert (1756-1837), jeune veuve catholique et officiellement en
1795
Caroline de Brunswick (1768-1821) Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1820-1830), et roi
de Hanovre (1820-1830).
George IV, fils aîné du roi George III, et donc prince de
Galles, naquit à Londres le 12 août 1762. Il se distinguait
par sa prodigalité et son extravagance. En dépit des idées
fortement anticatholiques de son père, il se maria secrètement
avec la catholique Maria Anne Fitzherbert en 1785. Moins de deux ans plus
tard, afin d'obtenir de l'argent pour honorer ses dettes, il autorisa le
Parlement à déclarer ce mariage illégal (il l'était
déjà selon les lois régissant le mariage et la succession
royaux). En 1795, toujours dans le but de liquider ses dettes, il épousa
sa cousine Caroline de Brunswick, mais la quitta après la naissance
de leur fille, la princesse Charlotte, en 1796. Sa vie dissolue lui valut
la désapprobation de la Grande-Bretagne ; lorsqu'il voulut divorcer
de Caroline et qu'il l'accusa d'adultère, les foules londoniennes
la soutinrent avec un tel enthousiasme que le procès dût être
annulé. Cependant, son intelligence et son comportement distingué lui
valurent le titre de « premier gentilhomme d'Europe ». George
IV devint prince régent en 1811, son père étant devenu
mentalement incapable de gouverner, et lui succéda sur le trône
en 1820. Il acheva la lutte contre Napoléon Ier, et le fit déporter à Saint
Hélène après que l'Empereur fut venu lui demander
asile. Il édicta de nombreuses lois réprimant la liberté de
la presse, et combattit les troubles incessants qui agitaient l'Irlande.
Le fait majeur de son règne est l'acte sur l'émancipation
des catholiques, en 1829, accordé par le cabinet Wellington. George
IV mourut à Windsor le 26 juin 1830, et son frère Guillaume
IV lui succéda.
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1830
- 1837 |
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GUILLAUME
IV
Né en 21 août 1765 - mort
en 20 juin 1837
Guillaume Ier de Hanovre, Guillaume
II d'Irlande, Guillaume III d'Écosse
Epouse en 1818 Adélaïde de Saxe-Cobourg-et-Meiningen
Dernier roi à renvoyer son Premier
Ministre
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande (1830-1837) et de Hanovre
(1830-1837). C'est sous son règne que fut adoptée la loi de réforme électorale
qui accrut les droits politiques de la bourgeoisie.
Né le 21 août 1765, il est le troisième fils du roi
George III et le frère cadet de George IV. Il reçut le titre
de duc de Clarence en 1789. En 1818, prétendant inattendu à la
succession royale, il épousa une princesse allemande, Adélaïde
de Saxe-Meiningen, dont il eut deux filles, toutes deux décédées
très jeunes. Il accéda au trône en 1830, succédant à George
IV.
Dépourvu de maturité politique, il laissa toute latitude à ses
ministres pour gouverner. L'événement majeur de son règne
fut l'adoption de la loi réformant le système électoral
qui ouvrit le corps des électeurs. Il soutint ardemment ces mesures,
sur le conseil de son Premier Ministre, lord Grey. L'abolition de l'esclavage
dans les colonies, en 1833, la réforme sur la pauvreté, en
1834, et la loi de réforme municipale, en 1835, suivirent les décisions
de 1832. Guillaume fut le dernier dirigeant britannique qui tenta d'imposer
au Parlement un ministère impopulaire, en l'occurrence celui de
Robert Peel, en 1834-1835.
Mort
sans héritier légitime, il eut pour successeurs sa
nièce Victoria en Grande-Bretagne, et son frère Ernest-Auguste à Hanovre.
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1837
- 1901 |
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VICTORIA
Ière Née le 24 mai 1819 - morte
le 22 janvier 1901 Epouse le prince Albert de Saxe-Cobourg-et-Gotha
(1819-1861) Exceptionnellement long (soixante-trois
ans), le règne de Victoria
a marqué la monarchie britannique — alors à l’apogée
de sa puissance — au point qu’on nomme depuis lors cette période
l’« ère victorienne ».
Née à Kensington Palace (Londres), Alexandrina Victoria est
la fille de Victoria, duchesse de Saxe-Cobourg, et d’Édouard-Auguste,
duc de Kent et troisième fils du roi George III de Grande-Bretagne
et d’Irlande. George IV et Guillaume IV étant morts sans descendance
(respectivement en 1830 et en 1837), leur nièce Victoria devient
l’héritière du trône britannique et, le 20 juin 1837,
est proclamée reine à l’âge de 18 ans. La transmission
de la souveraineté au Hanovre obéissant à la loi salique
(interdiction faite aux femmes de régner), son accession au trône
entraîne la fin de l’union personnelle du Hanovre et de la Grande-Bretagne
— depuis 1714, la région est gouvernée par les rois d’Angleterre
issus de la maison de Hanovre.
En février 1840 et contre l’avis de sa mère, la jeune reine
indépendante et volontaire épouse son cousin germain Albert
de Saxe-Cobourg-Gotha, avec lequel elle a neuf enfants.
Dès le début de son règne, Victoria montre un intérêt
manifeste pour les affaires de l’État, auxquelles elle est initiée
par le Premier ministre en place, lord Melbourne, chef du Parti whig
(de tendance libérale). Le prince Albert, son époux de
sensibilité conservatrice, l’ayant mise en garde contre une politique
trop libérale, la reine se détourne bientôt du Parti
whig. Après la chute du cabinet Melbourne (1841) et à l’arrivée
au pouvoir de sir Robert Peel, Victoria soutient ardemment le Parti conservateur.
Toujours sous l’influence de son mari, elle remet en question la tradition
selon laquelle le souverain britannique n’a qu’un rôle consultatif
et, sans pour autant enfreindre le cadre des règles constitutionnelles,
elle acquiert un rôle plus important dans les affaires de l’État.
Pour exemple, Victoria, respectueuse de la démocratie parlementaire,
a, son règne durant, choisi ses Premiers ministres au sein de
la majorité ; c’est la raison pour laquelle elle s’est successivement
entourée de conservateurs et de libéraux ; c’est pour cette
même raison qu’elle a tissé des relations plus ou moins
amicales avec les différents chefs de gouvernement.
En 1850, Victoria
défie l’autorité de Palmerston, secrétaire
aux Affaires étrangères du gouvernement whig, au pouvoir
depuis 1846. Selon elle, le souverain doit au moins être consulté en
matière de politique étrangère, exigence que Palmerston
ignore. Leur querelle atteint son paroxysme en 1851 lorsque le Premier
ministre, lord Russell, révoque Palmerston. Les nombreuses altercations
avec Palmerston, qui a l’estime de l’ensemble des Britanniques, coûtent à Victoria
et à son époux une bonne part de leur popularité.
Celle-ci chute davantage en 1854, lorsque le couple cherche à éviter
la guerre de Crimée contre la Russie. Mais une fois le conflit ouvert,
Victoria apporte un soutien sans réserve aux Turcs. En 1856, peu
avant la fin de la guerre, elle institue même la plus prestigieuse
décoration militaire britannique : la Victoria Cross.
En 1857, la
reine associe officiellement son mari à son pouvoir
en lui conférant le titre de prince consort. Mais en 1861, le prince
Albert meurt, laissant Victoria inconsolable. Durant les premières
années de son veuvage, elle quitte Londres, se retire dans ses châteaux
de Windsor, d’Osborne et de Balmoral et refuse toute prestation publique.
Abandonnant au prince de Galles (son fils aîné et héritier Édouard)
le soin de remplir la plupart des fonctions de représentation dévolues à la
royauté, la souveraine continue cependant à montrer de l’intérêt
pour les affaires de l’État.
De nombreux Premiers ministres se succèdent durant le long règne
de Victoria, mais seul le responsable du Parti conservateur, Benjamin
Disraeli, en charge en 1868 et de 1874 à 1880, obtient la confiance
et la sincère amitié de la reine ; ne le définit-elle
pas elle-même en ces mots, « un ami véritable, si
sage, si bon, si calme » ? Alors que Disraeli laisse la reine libre
de nommer les responsables ecclésiastiques, militaires et politiques,
Victoria le soutient entièrement dans sa politique de renforcement
et d’expansion de l’Empire colonial britannique. En 1876, Disraeli lui
attribue le titre d’impératrice des Indes, ce qui lui vaut en
contrepartie celui de comte de Beaconsfield. Grâce à une
lente orchestration de Disraeli, Victoria revient donc sur le devant
de la scène politique, ce qui la rend à nouveau populaire
auprès des Britanniques.
Victoria n’entretient pas les mêmes relations avec tous les chefs
de gouvernement. En particulier, elle entre fréquemment en conflit
avec le chef du Parti libéral, William Gladstone, Premier ministre à quatre
reprises entre 1868 et 1894. La reine s’oppose en effet à certaines
réformes démocratiques qu’il a annoncées, comme l’abrogation
de l’achat des titres militaires et l’autorisation des syndicats, et apprécie
peu son art achevé de la discussion. Elle combat également
sa politique de « Home Rule » (« autonomie ») en
Irlande. Le chef du Parti conservateur, Salisbury, trois fois Premier ministre
de 1885 à 1902, sait mieux se faire apprécier. Tout comme
Disraeli, il protège les intérêts de la Couronne et élargit
l’influence britannique à l’étranger.
La souveraine britannique
a donné son nom à la période
dite « victorienne », laquelle se caractérise notamment
par la montée d’une classe bourgeoise issue de la révolution
industrielle et par les révoltes sociales qui en découlent,
par un conservatisme et un puritanisme social, par un nationalisme intense
et une gloire impériale.
Malgré les délicates expériences socio-économiques
du début de règne (chartisme, famine en Irlande, etc.), l’ère
victorienne correspond à une période de croissance et de
prospérité économique sans précédent.
En 1849, le Royaume-Uni abroge les Actes de Navigation — en cours dans
le royaume depuis 1651 — et adopte le système du libre-échange.
Dans la même lignée, l’ancien système colonial est
abandonné au profit du principe de « gouvernement responsable » ;
les colonies canadiennes sont les premières à bénéficier
du statut de dominion (État politiquement indépendant au
sein de l’Empire) en 1867. Mais déjà en 1857 en Inde, la
révolte des Cipayes a engendré la liquidation de la Compagnie
des Indes orientales et une réforme de gouvernement dans la colonie
; rappelons qu’en 1876, Victoria reçoit le titre d’impératrice
des Indes.
Puis, avec l’ouverture du canal de Suez en 1869, l’expansionnisme
britannique devient effréné — comme celui de la France et de l’Allemagne
d’ailleurs — et la Couronne prend part au partage de l’Afrique : protectorat
sur le Bechuanaland (aujourd’hui Botswana) en 1885 ; création de
la Rhodésie en 1894 ; acquisition de l’Ouganda en 1894 ; première
implantation au Kenya, guerre des Boers contre les colons du Transvaal
et d’Orange (aujourd’hui Afrique du Sud) à partir de 1899, etc.
Outre ces colonies, le Royaume-Uni devient à cette époque
la première puissance industrielle mondiale. Symbole de l’industrialisation,
le chemin de fer n’est pas de reste ; la volonté affichée
de construire un réseau de taille exige une production industrielle
considérable de fonte et de charbon ; le pari est gagné puisque
le réseau ferroviaire passe de 5 000 km en 1848 à 22 000
km en 1871. De même, l’industrie textile bat son plein durant le
règne de Victoria. Partout sur l’île l’industrie se développe
et des villes entières, telle Manchester, perdent leurs couleurs,
noircies par le charbon.
Mise en scène et exaltation de cette puissance britannique, la première
Exposition universelle au monde est organisée à Londres en
1851. Sous la présidence du prince Albert lui-même, plusieurs
millions de visiteurs déambulent six mois durant dans de grandioses
bâtiments construits pour l’occasion, dont le Crystal Palace, chef-d’œuvre
de verre et de fer inaugurant l’âge mécanique.
La pleine production
britannique n’est pas sans conséquences sociales.
Fruits de la prospérité, les classes « moyennes » (middle
class) cherchent à imiter le mode de vie de la vieille aristocratie
britannique et des grands patrons de l’industrie. Face à eux se
trouve une nébuleuse classe laborieuse (working class) vivant dans
l’insécurité quotidienne et la misère des bas-fonds
urbains. Pour des salaires de misère, hommes, femmes et enfants
travaillent dans les mines, les forges et les manufactures textiles entre
douze et quinze heures par jour ; à ce sujet, il est à noter
que les premières lois légiférant sur le travail des
enfants sont relativement tardives (1878), alors que les lois sociales
se multiplient durant le règne de Victoria. Conscient du dualisme
de la société victorienne, Friedrich Engels publie en 1845
la Situation de la classe laborieuse en Angleterre. De même, c’est à Londres
qu’est publié le Manifeste du parti communiste de Marx et Engels
en 1848 et que la Ire Internationale ouvrière est proclamée
(1864).
La popularité de Victoria atteint son apogée les vingt dernières
années de son règne. Son jubilé d’or (1887) puis son
jubilé de diamant (1897) sont l’occasion de fastueuses réjouissances.
Beaucoup de ses sujets profitent alors d’une période de prospérité sans
précédent. De plus, l’enthousiasme que la souveraine consacre à la
guerre des Boers accroît sa renommée tant à l’intérieur
qu’à l’extérieur du pays.
Le 22 janvier 1901, au terme d’un
règne de soixante-trois ans —
le plus long de l’histoire du Royaume-Uni —, Victoria meurt à Osborne,
dans l’île de Wight. Parce que sa descendance (neuf enfants, quarante
petits-enfants) contracte des alliances avec toutes les familles régnantes
d’Europe, Victoria a été appelée la « grand-mère
de l’Europe ». Pour exemple, en 1858, l’aînée de ses
enfants, Victoria-Adélaïde-Marie-Louise, a épousé le
prince Frédéric-Guillaume qui l’a associée à son
titre lorsqu’il est devenu empereur d’Allemagne et de Prusse sous le nom
de Frédéric III (1888) ; l’année même de son
couronnement, Frédéric III meurt et le fils qu’il a eu d’avec
Victoria-Adélaïde-Marie-Louise accède au titre impérial
sous le nom de Guillaume II. En 1894, la petite-fille de Victoria, Alice
de Hesse-Darmstadt, s’est mariée au tsar Nicolas II de Russie. Enfin
en 1901, le fils aîné de Victoria, le prince de Galles Albert Édouard
— qui a épousé en 1863 Alexandra, la fille de Christian X
de Danemark —, lui succède à l’âge de soixante ans
sous le nom d’Édouard VII.
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MAISON
DE SAXE-COBOURG
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1901
- 1910 |
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ÉDOUARD VII
Né le 8 novembre 1841 - mort
en 1910
Fils de Victoria Ière
Epouse en 1863 Alexandra (6 mai 1844-1925),
fille aînée du Roi Christian IX de Danemark
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande, empereur des Indes
(1901-1910), qui contribua, en améliorant les relations entre la Grande-Bretagne
et la France, à la conclusion de l'Entente cordiale.
Né au palais de Buckingham, à Londres, fils aîné de
la reine Victoria et du prince Albert, il fréquenta les universités
d'Édimbourg, d'Oxford et de Cambridge. En 1860, il se rendit au
Canada, ouvrant la voie à la pratique des visites d'amitié effectuées
par les membres de la famille royale britannique, en particulier par le
prince de Galles, dans les dominions britanniques et à l'étranger.
En
1863, il épousa Alexandra, fille aînée du roi Christian
IX de Danemark. Avant son accession au trône, il assuma surtout des
fonctions honorifiques, fit de nombreux voyages et noua des contacts personnels
précieux, particulièrement en Russie et en France, dans les
milieux politiques et mondains. L'intérêt qu'il portait aux
sports, notamment au yachting et aux courses hippiques, lui valut, dans
son pays, une grande popularité.
Devenu roi en 1901, Édouard chercha, dès le début
de son règne, à renforcer l'amitié entre les États
européens, alors en proie à des tensions politiques croissantes.
Il se rendit dans plusieurs capitales européennes de 1901 à 1904,
et sa politique étrangère favorisa la signature de traités
compromissoires, conclus de 1903 à 1904 entre la Grande-Bretagne
et la France, l'Espagne, l'Italie, l'Allemagne et le Portugal. Il joua également
un rôle de premier plan dans la mise en œuvre de deux accords qui
renforcèrent la position de la Grande-Bretagne sur le continent
: l'Entente cordiale de 1904, rapprochement franco-britannique, et un traité signé entre
la Russie et la Grande-Bretagne en 1907. En 1909, la visite diplomatique
qu'il rendit à l'empereur Guillaume II, son neveu, permit de dissiper
pour un temps les soupçons de l'Allemagne, qui craignait que les
relations cordiales entretenues par la Grande-Bretagne, la France et la
Russie n'aient pour autre but que de l'affaiblir. Les efforts qu'il fit
pour consolider l'entente internationale lui valurent le surnom d'Édouard
le Pacificateur.
Cinq enfants naquirent de son union avec Alexandra. L'un
de ses fils, George, duc d'York, lui succéda sous le nom de George V ; sa plus
jeune fille, la princesse Maude Charlotte Mary Victoria, épousa,
en 1896, son cousin, le prince Charles de Danemark, qui allait devenir
le roi Haakon VII de Norvège.
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MAISON
DE WINDSOR
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Nom
de la famille royale de Grande-Bretagne, adopté en 1917 par proclamation du roi George V, d'après
le nom de l'une de ses résidences, le château de Windsor.
Ce changement de nom fut décidé pour manifester le patriotisme
de la famille royale, qui portait un patronyme à consonance germanique,
alors que la Grande-Bretagne était en guerre avec l'Allemagne. Les
membres régnants de la maison de Windsor ont été George
V, Édouard VIII, George VI et Élisabeth II.
Avant l'adoption du nom de Windsor, la famille royale britannique s'appelait
Saxe-Cobourg-Gotha, par suite de l'union de la reine Victoria avec l'un
de ses cousins allemands, le prince Albert. Selon les termes de la proclamation
de 1917, les descendants de Victoria en ligne masculine qui avaient la
qualité de sujets britanniques devaient porter le nom de Windsor.
En 1952, ces termes furent appliqués par décret à la
descendance masculine de la reine Élisabeth II. En 1960, ce décret
fut modifié et disposa que seuls les propres enfants d'Élisabeth,
princes et princesses titrés, ainsi que la descendance de ses
fils, porteraient le nom de Windsor, alors que ses autres descendants
prendraient le nom de Mountbatten-Windsor, Mountbatten étant le
nom de son mari, le prince Philippe, duc d'Édimbourg.
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1910
- 1936 |
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GEORGE V
Né le 3 juin 1865 - mort
le 20 janvier 1936 Fils
d'Édouard VII Epouse en 1893 Marie de Teck (1867-1953) Mort par euthanasie
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande du
Nord et empereur des Indes (1910-1936), qui, en 1917, renonça à tous les titres allemands appartenant à la
branche anglaise des Saxe-Cobourg-et-Gotha et proclama la maison de Windsor.
Deuxième fils
du futur Édouard VII, devenu prince héritier à la
mort de son frère aîné, George V monte sur le
trône le 6 mai 1910 . Dès le début de son règne,
il doit peser en faveur du règlement de la querelle constitutionnelle
et de l’abaissement de la Chambre des lords. Il tente aussi de préserver
les chances d’une solution pacifique en Irlande. Attentif au déroulement
de la guerre, il sera le protecteur et l’ami personnel du général
(puis maréchal) Haig ; en 1917, il prend la décision
de conférer des titres purement anglais aux membres de la famille
royale porteurs de patronymes germaniques et de donner à cette
famille le nom de Windsor. Au lendemain du conflit, il observe loyalement
les limites de ses pouvoirs et n’hésite pas, en 1924, à faire
pour la première fois appel à un Premier ministre travailliste. À partir
de 1926-1931, son rôle s’est accru par le fait que la personne
royale constitue le seul lien visible entre les États membres
du nouveau Commonwealth of Nations. Son influence sur les événements
de 1931 est discutée : d’aucuns pensent qu’il a favorisé la
constitution d’un gouvernement d’union nationale et particulièrement
contribué à convaincre MacDonald d’en prendre la direction.
Sa popularité ne fait que croître tout au long de son règne,
ce dont témoigne l’éclat des fêtes du jubilé en
1935.
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1936
(le 20 janvier) |
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ÉDOUARD VIII
Né le 23 juin 1894 - mort
le 28 mai 1972
Investi Prince de Galles en 1911
Abdique le 1er décembre 1936 et devient
le Duc de Windsor
Epouse le 03 juin 1937 Bessie Wallis
Warfield (1896-1986) Roi
de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, et empereur des Indes (20
janvier-11 décembre 1936), qui reçut le titre de duc de Windsor
après son abdication.
Fils du roi George V, il participa à la Première Guerre
mondiale en tant qu'officier, puis remplit son rôle de prince héritier,
entreprenant des tournées officielles dans les colonies britanniques
et soutenant divers projets d'ordre social.
Très populaire, il succéda à son père en janvier
1936 sous le nom d'Édouard VIII. Lié depuis 1934 à Mme
Wallis Warfield Simpson, femme de nationalité américaine
vivant séparée de son mari, il décida de l'épouser
après son divorce. L'annonce de ce mariage déclencha un scandale
et une crise gouvernementale animée par le Premier ministre conservateur
Stanley Baldwin, opposé à ce que le chef de l'Église
d'Angleterre épousât une divorcée. En décembre
1936, Édouard VIII, préférant l'amour à la
couronne, abdiqua en faveur de son frère le duc d'York, qui fut
couronné sous le nom de George VI. Édouard VIII reçut
le titre de duc de Windsor et épousa Mme Simpson en juin 1937.
Compromis
par ses relations avec l'Allemagne nazie qui envisageait de le remettre
sur le trône après l'invasion de l'Angleterre,
le duc de Windsor fut nommé gouverneur des Bahamas (1940-1945), à l'initiative
de Winston Churchill. Il fut ainsi habilement éloigné des
manœuvres nazies pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale.
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1936 -
1952 |
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GEORGE VI
Né le 14 décembre 1895
- mort le 16 février 1952 Frère
d'Édouard VIII
Epouse le 26 avril 1923 Lady Elisabeth
Bowes-Lyon des Comtés de Strathmore et Kinghorne (04 août 1900)
Roi de Grande-Bretagne et d'Irlande du
nord (1936-1952), et empereur des Indes (1936-1947), de la maison des
Windsor.
George VI naquit à Sandringham,
dans le Norfolk, le 14 décembre 1895. Second fils de George V, il
fit ses études au Trinity College de Cambridge et au Royal Naval
College de l'Île de Wight. En 1923, il épousa lady Elisabeth
Bowes-Lyon dont il eut deux filles : Élisabeth Alexandra Marie,
qui devint la reine Élisabeth II, et Marguerite Rose. George VI
succéda sur le trône à son frère, Édouard
VIII, après l'abdication de ce dernier. À la suite de son
couronnement en 1937, le roi George, accompagné de son épouse,
se rendit pour des visites de courtoisie en France, en 1937, au Canada
et aux États-Unis, en 1939. Ces visites furent interrompues par
la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle le roi se rendit sur plusieurs
fronts en Europe. En 1947, la famille royale passa plusieurs mois en Afrique
du Sud. Le règne de George VI fut marqué par l'abandon du
titre d'empereur des Indes à la suite de l'indépendance du
pays, en 1947. Il mourut à Sandringham le 6 février 1952,
et Élisabeth II lui succéda. |
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1952
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ÉLISABETH II
Né le 21 avril 1926 à Londres
Fille
de George VI
Epouse le 20 novembre 1947 le prince
Philippe de Grèce et de Danemark qui devient le 28 février 1947 sujet
britannique et s'appelle Philippe Mountbatten, titré le jour de son mariage
Duc d'Édimbourg, Comte de Merioneth et Baron de Greenwich
Reine de Grande-Bretagne
et d'Irlande du Nord (1952- ), fille du roi George VI
En 1944, elle suppléa son père,
alors sur le front italien, dans l'exercice de ses fonctions officielles.
En 1947, elle épousa le prince Philippe de Grèce, titré duc
d'Édimbourg, et un an plus tard donna naissance à un fils,
Charles, héritier du trône et futur prince de Galles, qui
fut suivi d'une fille, Anne, en 1950. À la mort de son père
en février 1952, elle lui succéda sur le trône. Elle
mit au monde un deuxième fils, Andrew, en 1960, et un troisième
fils, Édouard, en 1964.
Le règne d'Élisabeth fut marqué par les grands changements
qui affectèrent la puissance britannique après la Seconde
Guerre mondiale. Au début des années 1980, environ quarante
colonies, protectorats et pays sous mandats, autrefois possessions britanniques, étaient
devenus indépendants. À partir des années 1960, l'Irlande
du Nord, théâtre de l'affrontement entre protestants et catholiques,
s'imposa comme un problème politique majeur. Sur le plan intérieur,
la nation dut faire face aux incidences du vieillissement de son appareil
industriel et à la crise économique résultant du choc
pétrolier de 1974. En 1973, la Grande-Bretagne devint membre de
la Communauté économique européenne (devenue l'Union
européenne). Depuis le début de son règne, la reine Élisabeth
s'est efforcée d'incarner le symbole de l'identité nationale
et de garantir la stabilité des institutions britanniques, malgré la
modestie du rôle politique que lui assignent les institutions. Elle
a manifesté de manière constante l'intérêt de
la Grande-Bretagne pour ses anciennes colonies en effectuant de fréquentes
visites officielles dans les pays du Commonwealth. |
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