Rois et Reines d'Espagne
     
     
     
     
     
 
791 - 835
 
     

Alphonse II dit le Chaste

     
 
866 - 910
 
     

Alphonse III le Grand
Roi des Asturies de 866 à 910

Né à Cangas vers 838 et mort à Zamora le 20 décembre 910

Fils d'Ordono Ier et petit-fils de Ramire Ier, il consolida son royaume en l'agrandissant du Léon et d'une partie de la Vielle Castille. Mais ses guerres engendrèrent une grave crise financière qui provoqua en 888 une rébellion dont le chef était son fils aîné Garcia. Il triompha de cette révolte et fit emprisonner son fils, mais une seconde rébellion éclata avec la reine à sa tête, l'obligea en 910 à abdiquer en partageant ses Etats entre ses trois fils. Puis il fut rappeler à la tête de l'armée qu'il mena à la victoire sur une attaque des Maures.

 
1035 - 1065
 
     

Ferdinand Ier dit le Grand
Roi de Castille (1033-1065), territoire auquel s'ajoutèrent, en 1037, la province de León et, en 1054, celle de Navarre.

Né vers 1016 - mort en 1065

Fils du roi Sancho III de Navarre et de Munie Elvire de Castille, Ferdinand épousa la sœur de Bermudo III, roi de León. En 1037, il battit l'armée de Bermudo et revendiqua le trône, invoquant le droit de succession de son épouse. En 1054, il remporta la victoire sur les Navarrais, près de Burgos, tuant son frère, García IV, roi de Navarre, au cours de la bataille. Ce succès lui permit d'agrandir encore son royaume.

Ferdinand s'illustra également par ses victoires contre les Maures, auxquels il enleva Coimbra, en 1064. Avant de mourir, il partagea ses possessions entre ses trois fils, ouvrant une lutte fratricide.

     
 
1065 - 1109
 
     

Alphonse VI dit le Vaillant
Roi de León (1065-1109) et de Castille (1072-1109)

Né vers 1042 - mort en 1109

Lorsque Ferdinand Ier de Castille et de León, père d’Alphonse, meurt en 1065, le royaume est partagé entre ses trois fils. Alphonse, dit le Vaillant, reçoit le royaume de León. Après une guerre fratricide avec son aîné, Sanche II, il y asseoit son pouvoir et parvient à unifier le royaume castillan.

Fort de ce succès, il se lance dans la reconquête de l’Espagne musulmane (ou Reconquista), divisée depuis l’effondrement du califat de Cordoue en principautés indépendantes (reyes de taifa). Soutenu par les moines de Cluny et le pape Grégoire VII, Alphonse, marié à Constance de Bourgogne, fait appel aux chevaliers bourguignons. En 1085, après un siège de quatre années, Tolède est prise.

Cependant, les princes musulmans appellent à leur secours les Almoravides qui franchissent le détroit de Gibraltar et mettent en déroute Alphonse VI à Zallaka, en octobre 1086. Mais les Almoravides ne réussissent pas à tirer avantage de leurs victoires militaires, comme celles de Consuegra (1097) et de Malagón (1100). Le Cid Campeador, au service d’Alphonse, symbolise cette résistance chrétienne à l’Islam.

     
 
1126 - 1157
 
     

Alphonse VII dit le Bon,
Roi de Castille et de León

Né vers 1105 - mort en 1157

     
 
1157 - 1214
 
     

Alphonse VIII dit le Noble
Roi de Castille

Né en 1155 - mort en 1214

Alphonse VIII n'avait que trois ans lorsqu'il succéda à son père Sanche III sur le trône de Castille. Confronté aux divisions de l'Espagne chrétienne, il mena dès sa majorité une politique d'union face aux Maures : le roi d'Aragón Sanche VI reconnut sa suzeraineté, Alphonse plaça son fils Ferdinand II sur le trône de Léon. À partir de 1170, il se tourna contre les Almohades, qui régnaient sur la moitié de l'Espagne. En 1212, les forces réunies de Castille, d'Aragón et de Navarre, commandées par Alphonse VIII, remportèrent une bataille décisive contre le calife Muhammad al-Nasir à Las Navas de Tolosa, en Andalousie.

 

 
 
1188 - 1230
 
     
 

Alphonse IX
Roi de León

Né vers 1166 - mort en 1230

Il réunit pour le première fois les Cortes en 1188. En 1197, il épousa Bérengère, fille de son cousin le roi Alphonse VIII de Castille ; en 1214, le pape Innocent III annula le mariage en raison des liens de parenté entre Alphonse et Bérengère. Son règne fut marqué par la fondation de l'université de Salamanque et par la reconquête de Cáceres, de Badajoz et de Mérida sur la dynastie musulmane des Almohades.

     
 
1214 - 1217
 
     
Henri Ier
 
     
 
1217 - 1252
 
     

Ferdinand III dit le Saint
Roi de Castille (1217-1252) et de León (1230-1252)

Né vers 1199 - mort en 1252)

Fils du roi Alphonse IX de León et de Bérengère de Castille.
En 1217, celle-ci renonça au trône pour laisser la place à son fils. Alphonse, contrarié par la décision de son épouse, s'insurgea contre son fils, récemment couronné, avec l'aide d'un groupe de nobles castillans. Mais Ferdinand réussit à déjouer les plans de son père et le contraignit finalement à abandonner l'idée de conquérir la Castille. Grâce aux bons offices de Bérengère, il parvint à réunir dans la paix le León et la Castille à la mort de son père, en 1230. Ferdinand consacra son règne à poursuivre la guerre contre les Maures qu'il chassa de Cordoue, en 1236, et de Séville, en 1248. Il combattit avec ardeur les hérétiques Albigeois, ce qui lui valut d'être canonisé en 1671. En 1242, Ferdinand III restaura l'université de Salamanque fondée par son grand-père.

     
 
1254 - 1284
 
     

Alphonse X dit le Sage

Né à Burgos le 23 novembre 1221 et mort à Séville le 4 avril 1284, roi de Castille et de Léon de 1254 à 1284.

Alphonse X est le fils de Ferdinand III de Castille et par sa mère Béatrice, petit-fils de Philippe de Souabe, roi de Germanie, en 1249, il épousa Yolande, fille de Jacques Ier d'Aragon. En 1254, il revendique la Gascogne et ses prétentions au trône de Navarre l'entraîna dans une guerre contre l'Aragon qui se termina par la paix de Soria en mars 1256. En 1257, ce fut l'élection à la couronne impériale, d'abord proposée par Pise, la candidature d'Alphonse X contre Otton de Brandebourg et Richard de Cornouilles entraîna le roi dans une politique de dépense démesurée et sans aucun profit pour la Castille. Reconnu à l'élection de Francfort le 1 avril 1257 par le groupe pro-français des électeurs c'est-à-dire ceux de Trèves, de Saxe et du Brandebourg, Alphonse ne vit jamais l'Italie, ni l'Allemagne, car à l'élection de Rodolphe de Habsbourg il accourra à Lyon en 1274 auprès de pape Grégoire X pour se voir désavouer publiquement par la Curie, qui lui préféra Richard de Cornouailles.
Trop occupé par ses projets impériaux, Alphonse X ne voit qu'il affaiblit sa position en Espagne, où il était parvenu néanmoins à enlever Cadix aux Maures en 1262. A la mort de son fils aîné Ferdinand, seigneur de la Cerda en 1275, il désigna son second fils, Sanche IV comme héritier du trône. Après une certaine confusion, il décida de donner la succession à ses petits-fils, les infants de la Cerda, soutenus par le roi de France, Philippe III, Sanche se fit alors reconnaître par les Cortes de Valladolid en 1282. Alphonse X, se réfugia alors à Séville et appela en vain les Arabes à son secours et mourut de chagrin deux ans plus tard.
Mauvais politique, il dut sa renommé à son oeuvre culturelle, qui résume les courants divers, chrétien, arabe et juifs de la civilisation espagnole du XIIIème siècle. Il composa lui-même des poèmes religieux, les Cantigas de Santa Maria, il fit traduire en langue vulgaire l'Ancien Testament et fut l'inspirateur de la Crónica general, premier essai d'une histoire général de l'Espagne. Il rassembla à Tolède les meilleurs astronomes de l'époque qui améliorèrent les calculs de Ptolémée et donna son nom aux célèbres tables Alphonsines en 1252. Mais son oeuvre fondamentale, qui lui valut son surnom de Sage, fut un autre écrit connu sous le nom de Las Siete Partidasainsi dénommées parce que divisées en sept livres, remarquable effort d'unification du droit civil et criminel. Ceci marqua l'entrée en force du droit romain dans le royaume simplement officieuse, ne fut officiellement promulguée en 1348.

 
     
 
1295 - 1312
 
     
Ferdinand IV
 
 
 
1312 - 1350
 
     

Alphonse XI dit le Vengeur

Né en 1311 et mort à Gibraltar le 26 mars 1350, roi de Castille et de León de 1312 à 1350

Fils et successeur de Ferdinand IV et de Constance de Portugal, Alphonse n'a que un an lorsqu'il devient roi et perd sa mère l'année suivante. Sa minorité est marquée par de nombreux troubles, le gouvernement est dirigé par sa grand-mère, veuve de Sanche IV, Maria de Molina très douée politiquement et qu'elle dirigera jusqu'a sa mort en 1321. Dès sa majorité en 1325, Alphonse XI met un terme à l'anarchie qui régnait dans son pays, très sévère contre la noblesse rebelle, il protège et favorise les villes, même si dès 1325 il supprime les hermandades au profit des Cortes. Lors de la Reconquista, Alphonse XI doit se mesurer aux Mérinides, branche des Banu-Mérin, troisième lignée africaine à être appelée au secours des musulmans d'Espagne par le roi de Grenade après les Almoravides et les Almohades.
Il s'allia avec son beau-père, Alphonse IV de Portugal et battit les Maures à Tarifa sur les bords du fleuve Salado en 1340 et les chassa d'Espagne. Il s'empara d'Algésiras en 1344 et la même année le Maroc et Grenade lui demandaient la paix, mais il mourut de la peste au siège de Gibraltar. L'une des mesures les plus importante de sa politique intérieure fut l'ordonnance d'Alcala en 1348, qui donna force de loi aux Siete Partidas d'Alphonse X. Il fut le père de Pierre le Cruel et d'Henri II le Magnifique.

     
 
1350 - 1369
 
     

Pierre Ier dit le Cruel

Né à Burgos le 30 août 1334 et mort à Montiel le 23 mars 1369, roi de Castille et d'Aragon de 1350 à 1369.

Pierre Ier est le seul fils légitime qu'Alphonse XI ait eu de son union avec Marie de Portugal, il lui laissa d'abord le pouvoir avec le chancelier de son père Albuquerque. Arrivé au pouvoir il fit exécuter la favorite de son père Eléonore de Guzmán en 1351 et plusieurs de ses demi-frères, seul l'aîné, Henri de Trastamare réussit à se sauver au Portugal. Aussitôt après son mariage, il abandonna son épouse, Blanche de Bourbon pour Juana de Castro en 1354, ce qui lui aliéna la France. Sous l'influence de sa maîtresse, María de Padilla, il décida d'exercer personnellement le pouvoir à partir de 1353 et s'appuya sur le peuple contre les nobles : ceux-ci multiplièrent les complots et en 1534 il dut faire face à une révolte de l'Estrémadure.
Il dut lutter contre Henri de Trastamare qui fut soutenu par la France et l'Aragon alors que lui avait l'appui des Anglais, il dut aussi lutter contre son autre frère, Frédéric qu'il fit assassiner en 1358, c'est ce meurtre qui lui value le surnom de Cruel. Henri s'étant réfugié en France, tenta de prendre le pouvoir avec l'aide des Grandes Compagnies dont le roi de France Charles V s'était débarrassé en les envoyant en Castille sous le commandement de Du Guesclin. Pierre le Cruel réussi à obtenir l'appui du Prince Noir alors gouverneur de la Guyenne et remporta sur Henri et Du Guesclin la victoire de Nájera le 3 avril 1367. Les différends politiques entre Pierre et le roi d'Angleterre Edouard III entraînèrent le retrait des troupes anglaises d'Espagne, Pierre se retrouvant seul est complètement battu par Henri et les français à la bataille de Campo de Montiel le 14 mars 1369. Quelques jours plus tard il fut pris par Du Guesclin dans une embuscade et après un combat au corps à corps, fut tué par Henri de Trastamare, qui monta sur le trône sous le nom d'Henri II.

     
 
1369 - 1379
 
     

Henri II dit le Magnifique
C omte de Trastamare, roi de Castille et León

Né vers 1333 - mort en 1379

Fils naturel du roi Alphonse XI, Henri le Magnifique se posa en prétendant au trône dès 1354, contre le fils légitime d'Alphonse, Pierre le Cruel. Deux ans plus tard, il dut fuir en France, où il trouva auprès de Charles V un puissant allié. En avril 1366, il put ainsi revenir en Castille, aidé par les Grandes Compagnies, troupes de mercenaires à la solde de Charles V, conduites par Bertrand Du Guesclin. Henri chassa son frère du trône, mais, l'année suivante, l'armée de Du Guesclin fut battue à la Najera par Édouard, prince de Galles, intervenu en faveur de Pierre. En 1369, une nouvelle victoire de Du Guesclin à Montiel permit à Henri de remonter sur le trône, après qu'il eut lui-même tué son frère.
Henri II maintint son alliance avec la France durant la guerre de Cent Ans. En 1372, ses navires détruisirent une flotte anglaise au large de La Rochelle. Il combatit également avec succès Ferdinand Ier, roi du Portugal. À la mort de Henri, son fils Jean Ier lui succéda.

 
     
 
1390 - 1406
 
     

Henri III dit le Maladif
Roi de Castille et de León

Né en 1379 - mort en 1406

Fils et successeur du roi Jean Ier. Bien qu'au début de son règne le pays ait été la proie d'un désordre continuel et d'un antisémitisme violent, Henri III arriva rapidement à soumettre la noblesse et à restaurer l'autorité royale. Il remporta des victoires navales contre les Anglais et fit entreprendre la conquête des îles Canaries en 1402.

     
 
1454 - 1474
 
     

Henri IV dit l'Impuissant
Roi de Castille et de León

Né en 1425 - mort en 1474)

Fils et successeur du roi Jean II.
Souverain faible, il passa la majeure partie de son règne en conflit avec la noblesse au sujet de la succession au trône qui revint à sa sœur, la reine Isabelle Ire la Catholique.

     
Maison d'Aragon
     
 
1474 - 1504
 
     

Isabelle Iere dit la Catholique
R
eine de Castille

Né en 1451 - morte n 1504

Elle fut, avec son époux Ferdinand II d'Aragon, l'instigatrice de l'Inquisition. Elle était la fille de Jean II de Castille et León, et d'Isabelle de Portugal. En 1469, elle épousa Ferdinand II d'Aragon. À la mort, en 1474, de son frère Henri IV, Isabelle devint reine de Castille et León. Ferdinand, qui monta sur le trône d'Aragon en 1479, n'eut aucune autorité officielle sur les États de sa femme. L'union des deux royaumes principaux d'Espagne posa les fondements de la future puissance espagnole. En 1479, Isabelle s'opposa victorieusement à Alphonse V de Portugal, qui, contestant l'accession au trône d'Isabelle et soutenant les revendications de Jeanne la Beltraneja, attaqua la Castille et León. Isabelle et son époux (nommés Rois Catholiques par le pape) encouragèrent le premier voyage de Christophe Colomb en Amérique, instituèrent l'Inquisition, en 1478 et organisèrent l'expulsion des Juifs de Castille.
Isabelle eut pour héritière sa fille, Jeanne la Folle, mais c'est Ferdinand II qui exerça réellement le pouvoir.

     
 
1504 - 1516
 
     

Ferdinand II le Catholique
R
oi de Castille sous le nom de Ferdinand V, entre 1474 et 1504, roi d'Aragon et de Sicile de 1479 à 1516 sous le nom de Ferdinand II, et enfin roi de Naples de 1504 à 1516 sous le nom de Ferdinand III.

Né en 1452 - mort en 1516

Il était le fils du roi Jean II d'Aragon. En épousant, en 1469, sa cousine Isabelle Ire, Ferdinand associa les royaumes d'Aragon et de Castille. Il espérait ainsi devenir souverain des deux royaumes. Son épouse, fine politicienne, en jugea autrement et conserva son autorité sur ses possessions.
Les conceptions politiques des deux monarques étaient cependant très proches. Tous deux se montrèrent, en effet, soucieux de renforcer l'autorité monarchique et de limiter le pouvoir des nobles. Ces derniers avaient usurpé à la Couronne de nombreux privilèges et charges. Ferdinand préféra donc s'entourer de fonctionnaires issus de la bourgeoisie plutôt que de la noblesse.
Le couple royal se soucia également de la conformité de leurs actions aux préceptes de la religion. C'est ainsi qu'en 1478, une bulle du pape Sixte IV donna le pouvoir au roi et à la reine pour désigner trois inquisiteurs, chargés de combattre les hérétiques et tous ceux qui bafouaient l'Église. Cette mesure marqua le début de l'Inquisition espagnole. Cette politique religieuse leur valut le surnom de Rois Catholiques.
1492 fut l'année la plus importante du règne de Ferdinand. Tout d'abord, il prit la ville de Grenade, mettant ainsi fin victorieusement à la Reconquête. Il parraina ensuite, avec la reine Isabelle, le premier voyage de Christophe Colomb vers l'Amérique. Cette expédition marqua le début de l'Empire colonial espagnol outre-mer. L'année suivante, le Roussillon lui fut restitué par le roi Charles VIII de France.
Sa fille, Jeanne la Folle, ayant perdu la raison après la mort d'Isabelle, Ferdinand assura définitivement la régence de Castille, en 1506. Il se joignit à la Ligue de Cambrai contre la République de Venise en 1508, et conquit Oran et Tripoli, sur la côte nord-africaine, en 1509. En 1512, il annexa la Navarre, étendant ainsi son royaume des Pyrénées au Rocher de Gibraltar.

     
 
1504 - 1506
 
     

Philippe Ier dit le Beau
Souverain des Pays-Bas de 1482 à 1506 et roi de Castille de 1504 à 1506

Né à Bruges le 22 juillet 1478 et mort à Burgos le 25 septembre 1506,

Fils de l'Archiduc Maximilien et de Marie de Bourgogne, il n'avait que quatre ans à la mort accidentelle de sa mère en 1482. Il lui succéda dans les Pays-Bas, vestige des anciens Etats bourguignons de Charles le Téméraire, mais c'est son père, Maximilien de Habsbourg, qui exerça la régence. Belge par son éducation, il régna personnellement à partir de 1494.
Il épousa en octobre 1496 la fille de Ferdinand d'Aragon et d'Isabelle de Castille, Jeanne la Folle, héritière de l'Espagne et du royaume de Naples, qui devint neurasthénique et sombra complètement dans la folie à la mort de son mari. La reine Isabelle étant décédée en 1504, Philippe lui succéda en Castille, malgré l'opposition de son beau-père Ferdinand, mais il mécontenta les Castillans par son entourage flamand. Il mourut à l'âge de vingt-huit an, usé par les débauches et l'intempérance. Il eut six enfants, dont les empereurs Charles Quint et Ferdinand Ier.

     
Maison d'Autriche
     
 
1516 - 1558
 
     

Charles Ier ou Charles Quint
Roi des Pays-Bas (1515-1555), roi d’Espagne sous le nom de Charles Ier (1516-1556) et empereur du Saint Empire romain germanique (1519-1556)

Né le 24 ou 25 février 1500, à Gand Flandre, Belgique.

Epouse, en 1529, à Séville Espagne, Isabelle de Portugal 1503-1539, dont il eut : Philippe II 1527-1598, roi d'Espagne ; Marie d'Autriche 1528-1603 ; Ferdinand d'Autriche 1530-1530 ; Jeanne d'Autriche 1537-1573.
D'une maîtresse, Catherine von den Gheynst, il eut: Marguerite d'Autriche 1522-1586.

D'une maîtresse, Barbara Blomberg, il eut : Jean d'Autriche 1547-1578.

D'une maîtresse, Ursuline, il eut : Théodéa d'Autriche morte après 1562.

Fils de Philippe Ier le Beau 1478-1506, roi de Castille et de Léon, et de Jeanne la Folle 1479-1555, reine de Castille et de Léon. Souverain des Pays-Bas 1506-1555. Roi d'Espagne, de Naples et de Sicile 1516-1556. Roi des Romains 1519-1556, couronné empereur germanique en 1530. Mort le 21 septembre 1558, au monastère de San Jerónimo de Yuste Estremadura, Espagne.
Il succéda en 1516 à son grand-père maternel, Fernando II V el Católico, roi de Castille, de Leon, d'Aragon, de Navarre, de Naples et de Sicile, en tant que premier roi d'une Espagne unfiée, de Navarre, de Naples et de Sicile, à l'âge de 16 ans. Il succéda en 1519 à son grand-père paternel, Mximilian I, Empereur, archiduc d'Autriche, en tant que roi des Romains, à l'âge de 19 ans. Il fut couronné Empereur en 1530, à l'âge de 30 ans. Il abdiqua de ses différents titres en 1556, à l'âge de 56 ans, laissant l'Espagne, les Pays-Bas et les Amériques à son fils Felipe II, et l'Autriche et l'Empire à son frère Ferdinand I.

     
 
1556 - 1598
 
     

Philippe II
Roi d'Espagne

Né en 1527 - mort en 1598

Il s’est fait l'ardent défenseur du catholicisme en Espagne et en Europe, et dont le règne fut marqué par le désastre de l'Invincible Armada et par la perte du nord des Pays-Bas.
Né à Valladolid, fils de l'empereur Charles Quint et d'Isabelle de Portugal, Philippe II reçoit une éducation exclusivement espagnole, dispensée par des religieux castillans dont l'influence conforte l'intransigeance de son catholicisme. En 1543, il épouse sa cousine Marie de Portugal, morte prématurément en 1545, qui ne lui donne qu'un fils, don Carlos ; ce dernier, en constant désaccord avec son père, mourra en prison en 1568. Philippe se remarie en 1554 avec Marie Ire Tudor d'Angleterre, espérant ainsi dresser l'Angleterre contre la France, mais la mort de son épouse sans descendance ne lui permet pas de mener à bien son projet.
Avant son accession au trône d'Espagne, Philippe II a déjà reçu le duché de Milan (1540), les royaumes de Naples et de Sicile (1554) et les Pays-Bas, ainsi que d'importants territoires situés dans le Nouveau Monde. Dans les premiers temps de son règne, les forces espagnoles battent les Français lors des batailles de Saint-Quentin (1557) et de Gravelines (1558), et la guerre contre la France qui a duré soixante ans se conclut par le traité du Cateau-Cambrésis (1559), qui met fin aux guerres d'Italie et assure la domination de l'Espagne sur le Piémont. Une des dispositions du traité prévoit de plus le mariage de Philippe II avec Élisabeth de France, qui a été fiancée à son fils don Carlos. Après la mort de la reine, qui est la mère de l'infante Isabelle, future souveraine des Pays-Bas avec son mari l'archiduc Albert, il épouse en 1570 Anne d'Autriche, qui lui donne un fils, le futur Philippe III.
Aux Pays-Bas, Philippe combat les calvinistes, introduit l'Inquisition et restreint sévèrement les droits du peuple. À partir de 1567 commence la révolte des provinces calvinistes du Nord, qui forment à partir de 1579 l'Union d'Utrecht, opposée à l'Union d'Arras, qui regroupe les catholiques. Cette révolte est durement réprimée par le duc d’Albe.
En Espagne, la persécution par Philippe des morisques (musulmans convertis) provoque leur révolte en 1568 et conduit à leur fuite. En 1571, Philippe envoie son demi-frère Juan d'Autriche à la tête des forces navales espagnoles pour contrer la puissance des Turcs en Méditerranée. La victoire de l'Espagne, alliée à Venise et au Saint-Siège lors de la bataille de Lépante, permet d'écarter définitivement le danger turc. Revendiquant les droits qu'il tient de sa mère, Philippe II annexe le Portugal en 1580.
Opposé à l'Angleterre pour des raisons religieuses mais également parce que ce pays constitue la seule puissance maritime susceptible de rivaliser avec l'Espagne, il dépêche, en 1588, une flotte vers les îles Britanniques, qu'il baptise lui-même l'Invincible Armada, mais cette expédition, mal préparée, essuie un échec retentissant. De 1590 à 1598, Philippe est de nouveau en guerre contre la France, apportant son soutien aux forces catholiques de la Ligue en lutte contre Henri IV.
En 1563, Philippe a entrepris, aux environs de Madrid, la construction de l'Escurial, palais-monastère dont le plan en forme de gril évoque le martyre de saint Laurent.

     
 
1598 - 1621
 
     

Philippe III
Roi d'Espagne, de Naples et de Sicile (1598-1621) et roi du Portugal sous le nom de Philippe III (1598-1621).

Né en 1598 - mort en 1621

Contrairement à son père, Philippe II, auquel il succéda, il adopta une politique de paix en Europe occidentale, concluant un traité avec l'Angleterre, en 1604, et la trêve de Douze Ans avec les Provinces-Unies, en 1609. Cependant, après 1618, il soutint l'Autriche lors de la guerre de Trente Ans. Peu capable, il confia le gouvernement à son Premier ministre, Francisco Gómez de Sandoval y Rojas, duc de Lerma, puis au fils de ce dernier, Cristobal, duc d'Uzeda. À partir de 1609, l'expulsion des morisques (musulmans convertis de force au catholicisme) aggrava la situation économique de l'Espagne, notamment en touchant très durement le secteur agricole.

     
 
1621 - 1665
 
     

Philippe IV
Roi d'Espagne, de Naples et de Sicile (1621-1665) et, sous le nom de Philippe III, roi du Portugal (1621-1640)

Né à Valladolid le 8 avril 1605 et mort à Madrid le 17 septembre 1665

Fils aîné et successeur de Philippe III et de Marguerite d'Autriche, il fut peu intéressé aux affaires d'Etat et les confia souvent à son Premier ministre le comte-duc d'Olivarès qui épuisa l'Espagne dans un effort dont elle n'était plus capable et ensuite de Luis de Haro qui le remplaça en 1643. Son règne marqua le début du déclin politique et économique de l'Espagne, marqué par les guerres contre le Portugal, les Pays-Bas dont elle dut reconnaître l'indépendance au traité de Münster en 1648 et contre la France qui la vainc à Rocroi en 1643 et à Lens en 1648.
Sa politique de soutien à la cause des Habsbourg en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans jusqu'en 1648 ruine l'Espagne, ainsi que la guerre contre la France qui dura encore 11 ans jusqu'au traité des Pyrénées en 1659. Ce traité lui ôtait le Roussillon et l'Artois et par le mariage de sa fille Marie-Thérèse avec Louis XIV faisait entrer l'Espagne dans l'orbite de la France. Sur le plan intérieur, il dut assumer la perte du Portugal en 1640, faire face des révoltes en Catalogne de 1640 à 1653 et à une violente rébellion à Naples en 1647.
Poète et protecteur des arts, il encouragea les travaux du peintre Vélasquez, du dramaturge Lope de Véga et du poète Pedro Calderón de la Barca. Il eut pour successeur son fils, Charles II.

     
 
1665 - 1700
 
     

Charles II
Roi d'Espagne (1665-1700) et roi de Sicile (1665-1700) sous le nom de Charles V

Né à Madrid le 6 novembre 1661 et mort à Madrid le 1 novembre 1700

Fils et successeur de Philippe IV et de sa seconde femme Marie-Anne, la fille de l'empereur Ferdinand III, de santé fragile et presque débile. Il grandit sous l'influence de sa mère qui laissa les rênes du gouvernement d'abord au jésuite Neidhardt, puis à un fils naturel de Philippe IV, don Juan d'Autriche. Il fut déclaré majeur dès l'âge de 14 ans en 1675, il épousa d'abord Marie-Louise d'Orléans en 1679, puis après le décès de celle-ci, Marie-Anne de Bavière-Neubourg en 1689. N'ayant pas d'enfants, il fut le dernier des Habsbourg d'Espagne et par testament il choisit comme héritier Philippe de France, duc d'Anjou et petit-fils de Louis XIV.
Au début de son règne il fit l'erreur d'entrer dans la coalition dressée contre la France et perdit au traité de Nimègue de 1678, la Franche-Comté, l'Artois et de nombreuses places des Flandres. Le problème de la succession espagnole, posa un problème majeur au niveau des relations internationales, face au parti de la reine Marie-Anne qui prône un successeur autrichien, un parti national pro-français se constitue. Charles II ne prit pas position personnellement, penchant du côté de l'Autriche, mais il fut convaincu que seule la puissance de la France pourrait préserver l'intégrité de l'Empire espagnol, il refit donc son testament en 1700. Il interdit tout partage de l'héritage de l'Espagne et choisit la solution française, à condition que le duc d'Anjou renonce à tous ses droits sur la couronne de France. Lorsqu'il mourut, le problème de sa succession déclencha la guerre de Succession d'Espagne qui dura de 1701 à 1714.

     
Maison de Bourbon
     

Maisons de, famille princière et royale d'origine française, dont les membres régnèrent sur la France, la Navarre, le royaume de Naples et le duché de Parme, et continuent d'occuper le trône d'Espagne. Le berceau des Bourbons, dans l'ancienne province du Bourbonnais, est située à Bourbon-l'Archambault (Allier), village qui tire son nom d'un ancien seigneur de Bourbon, Archambaud Ier (mort vers 1034).

La branche espagnole des Bourbons fut fondée par Philippe, duc d'Anjou, petit-fils de Louis XIV et arrière-petit-fils de Philippe IV, roi d'Espagne. Le roi Charles II, fils unique de Philippe IV, n'ayant pas eu d'enfant, désigna son neveu Philippe comme successeur, ce qui déclencha la guerre de Succession d'Espagne, au terme de laquelle le prince français devint roi d'Espagne sous le nom de Philippe V. Ses fils Ferdinand VI, mort sans postérité, et Charles III lui succédèrent. Ce dernier eut deux enfants ; l'aîné devint Charles IV d'Espagne, tandis que le cadet, Ferdinand Ier, successivement roi de Naples puis roi des Deux-Siciles, fondait la branche des Bourbon-Sicile ou Bourbons de Naples.

Chassée par Napoléon Ier qui installa son frère Joseph sur le trône d'Espagne en 1808, la maison de Bourbon recouvra ses droits en 1814. Le fils de Charles IV (par ailleurs auteur de la branche des ducs de Séville), Ferdinand VII, n'eut pas de postérité masculine et c'est sa fille aînée, Isabelle II, qui régna. Cet arrangement successoral fut contesté, au nom de la loi salique (interdisant aux femmes de monter sur le trône), par le frère de Ferdinand VII, Don Carlos dont les partisans furent appelés les carlistes. Cette querelle dynastique provoqua plusieurs guerres civiles au cours du XIXe siècle. Isabelle II abdiqua en 1870 en faveur de son fils Alphonse XII, père d'Alphonse XIII, qui fut déposé en 1931, à l'avènement de la république. La guerre civile vit la victoire du caudillo (« guide ») Francisco Franco, qui choisit, avant sa mort, de rétablir la monarchie espagnole dans ses droits. En 1969, le prince Juan Carlos, fils de don Juan, comte de Barcelone, et petit-fils d'Alphonse XIII, fut désigné comme successeur légal par Francisco Franco ; il monta sur le trône sous le nom de Juan Carlos Ier en 1975. Le prince héritier est son fils Felipe, prince des Asturies, né en 1968.

     
 
1700 - 1746
 
     

Philippe V
Roi d'Espagne

Né à Versailles le 19 décembre 1683 et mort à Madrid le 9 juillet 1746,

Petit-fils du roi de France Louis XIV et second fils de Grand Dauphin, il était par sa grand-mère Marie-Thérèse l'arrière-petit-fils de Philippe IV d'Espagne, il est le fondateur de la dynastie des Bourbons d'Espagne. Il porta d'abord le titre de duc d'Anjou et accéda au trône d'Espagne en 1700, conformément au testament du dernier Habsbourg d'Espagne, Charles II qui le désigna comme son successeur non sans hésitation de la part de Louis XIV. Ce testament déclencha la guerre de Succession d'Espagne 1701-1714, au cours de laquelle Philippe V fut chassé deux fois de Madrid 1706 et 1710 mais fut définitivement rétabli sur le trône après la victoire de Vendôme à Villaviciosa en décembre 1710.
Il fut reconnu roi d'Espagne par la paix d'Utrecht en 1713, mais fut contraint à renoncer à ses droits sur la couronne de France, dut céder à l'Angleterre Gibraltar et Minorque et le privilège de l'asientoet le vaisseau de permission, au duc de Savoie : la Sicile et à l'Autriche : le royaume de Naples, le Milanais, la Sardaigne et les Pays-Bas méridionaux. Philippe V était bon soldat, bon général, mais n'avait aucune envergure en tant qu'homme politique. Sous son règne, l'Espagne s'ouvrit aux idées françaises et européennes, marqué par un renforcement de la centralisation apparition d'intendants de justice, finance et police en 1718 sur le modèle français. Il fut d'abord soumis à l'influence de la princesse des Ursins, puis se laissa dominer par sa seconde épouse Elisabeth Farnèse, qui fit donner la direction du gouvernement au ministre italien Alberoni. Il s'efforça d'obtenir pour les enfants de sa seconde femme, don Carlos et Philippe, les trônes de Parme et de Toscane et de tenter de restaurer l'hégémonie de l'Espagne. Philippe V dut s'incliner devant la Quadruple-Alliance, sacrifia Alberoni en 1719 et renonça formellement à la couronne de France en 1720. Dégoûté du pouvoir, Philippe V abdiqua en janvier 1724 en faveur de son fils aîné Louis, mais dut reprendre le pouvoir sept mois plus tard suite à la mort de son fils. L'échec du projet de mariage de sa fille avec le roi de France Louis XV en 1725, le rapproche de l'Autriche et lui vaut au traité de Séville en 1729, l'attribution à son fils du duché de Parme et l'espoir des duchés de Toscane et de Plaisance qui seront échangés en 1738 contre Naples et la Sicile.
Dans ses dernières années de règne, Philippe V engage l'Espagne dans la guerre de Succession d'Autriche. Au niveau personnel, Philippe V termina sa vie dans un état de quasi-démence.
     
 
1759 - 1788
 
     

Charles III
D
uc de Parme et de Toscane, roi de Naples de 1734 à 1759 et roi d'Espagne de 1759 à 1788

Né à Madrid le 20 janvier 1716 et mort à Madrid le 14 décembre 1788

Fils de Philippe V et d'Elisabeth Farnèse, modèle de despote éclairé, il régna d'abord sur Parme en 1730, sur la Toscane en 1731 et sur le royaume de Naples en 1734, qu'il laissa à son fils Ferdinand lorsqu'il devint roi d'Espagne en 1759. Dans le royaume de Naples il conduit un travail d'assainissement de l'administration et une politique de grands travaux où il dévoile son intérêt pour les réformes avec l'appui du ministre Tanucci. Il continue en Espagne son travail de rénovation en soutenant des ministres éclairés comme d'Aranda et Floridablanca, il réorganise les armées et la marine de guerre qu'il développe. Des sociétés économiques appelées Sociétés des Amhs du Pays réfléchissent sur les améliorations à développer, l'industrie augmente ses capacités et la Banque nationale de San Carlos est créée en 1782 sur l'initiative de Francisco Cabarrus, économiste d'origine française de plus il se montra favorable aux philosophes.
Pourtant deux événements altèrent la volonté pacifique du règne, d'abord le 23 mars 1766 la mutinerie dirigée contre le marquis d'Esquilache, qui a la haute main sur les finances publiques et que le peuple rend responsable de la vivacité des prix et de la pénurie des céréales. Le deuxième événement est l'expulsion des jésuites en avril 1767 qui permet de lutter contre l'emprise de l'Eglise dans l'Etat et la société. Charles III entreprend aussi une politique de colonisation dans la Sierra Morena conduite par Olavide. En politique extérieur, Charles est lié par le Pacte de famille bourbonien d'août 1761, et il engage l'Espagne aux côtés de la France pendant la guerre de Sept Ans et la guerre d'Indépendance Américaine, se vit enlever Minorque et la Floride par les Anglais, mais les récupéra en 1783 au traité de Versailles. Sa mort mit un terme à la politique d'ouverture des Bourbons d'Espagne au XVIIIème siècle.

     
 
1788 - 1808
 
     

Charles IV
Roi d’Espagne

Né en 1748 - mort en 1819

Exemple d’un souverain « instrumentalisé » par ses proches, Charles IV d’Espagne, fils et successeur de Charles III, se soumet à l’influence de son épouse et cousine Marie-Louise de Bourbon-Parme et, indirectement, à celle de l’amant de celle-ci, Manuel de Godoy. Ces derniers réussissent d’abord à écarter le comte de Florida-Blanca, Premier ministre de Charles III ; puis, en 1792, Manuel de Godoy obtient le poste pour lui-même. Charles IV ayant pris le parti du feu Louis XVI de France, la politique des deux amants aboutit à la guerre contre la France révolutionnaire entre 1793 et 1795. Au terme du conflit, l’Espagne se voit obligée de céder la Louisiane aux Français.
Aussi, au traité de Saint-Ildefonse (1796), Charles IV inverse-t-il ses alliances et se rapproche-t-il de la France, aux dépens du Portugal et de l’Angleterre. Néanmoins, le bénéfice de cette nouvelle alliance est mince : certes, l’Espagne reçoit Minorque, mais Manuel de Godoy, revenu aux affaires après une éclipse (1798-1800), est désormais assujetti à l’emprise de Napoléon Ier. Le 21 octobre 1805, la flotte franco-espagnole est détruite lors de la bataille de Trafalgar ; cette défaite signe la fin de la puissance maritime espagnole. Enfin, en 1807, les troupes françaises de Napoléon Ier envahissent le pays.
En mars 1808, devant son impopularité, Charles IV abdique un temps en faveur de son fils, Ferdinand VII, avant de revenir sur sa décision. Mais lors de l’entrevue de Bayonne (avril-mai), Napoléon obtient la rétrocession de la couronne d’Espagne que l’empereur remet à son frère, Joseph Bonaparte. Charles IV se retire alors à Marseille, puis à Rome où il meurt.
Le bilan du règne de Charles IV est des plus négatifs. Non seulement il laisse un pays en proie à la misère - la décadence du commerce maritime après Trafalgar accélère la déliquescence d’une économie archaïque -, mais l’Espagne a perdu son prestige, déjà abîmé, de grande nation. Qui plus est, le pays plonge dès 1808 et jusqu’en 1814 dans les affres d’une atroce guerre d’indépendance.

     
Maison Bonaparte
     
 
1808 - 1814
 
     

Joseph Napoléon Ier dit Pepe Botella
Roi de Naples (1806-1808) puis d'Espagne (1808-1813)

Né en 1768 - mort en 1844

Frère aîné de Napoléon Ier

Élu député de la Corse au Conseil des Cinq-Cents, la Chambre basse du Directoire, en 1796, il participa, la même année, à la campagne de son frère en Italie, pays dans lequel il avait étudié le droit. Nommé diplomate pour le compte de la Ire République française, d'abord à la cour de Parme, ensuite à Rome, il prépara le coup d'État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) par lequel Napoléon Bonaparte renversa le Directoire. Durant les guerres napoléoniennes, il fut chargé de nombreuses missions diplomatiques par son frère. Il signa ainsi le traité de Lunéville avec l'Autriche en 1801, le traité d'Amiens avec la Grande-Bretagne le 25 mars 1802 et le Concordat de 1801 avec le pape Pie VII. En 1806, Napoléon Ier fit de Joseph le roi de Naples (1806-1808 : Voir Sicile), avant de le porter à la tête du royaume d'Espagne (1808-1813). En 1815, après la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo, Joseph émigra aux États-Unis, y demeurant jusqu'en 1832. Il revint alors en Europe, vécut un court moment en Angleterre, puis s'installa à Florence.

     
Maison de Bourbon
     
 
1814 - 1833
 
     

Ferdinand VII
Roi d’Espagne en 1808, puis entre 1814 et 1833

Né au château de San Ildefonso, Ferdinand est le fils aîné de Charles IV d’Espagne et de Marie-Louise de Parme. Durant le règne de son père, le « prince des Asturies » prend la tête de la faction hostile au favori de sa mère, le duc de Godoy, lequel semble menacer les droits au trône de l’infant.
En 1808, Godoy tente de faire emprisonner Ferdinand, ce qui déclenche la conjuration d’Aranjuez et conduit à la chute du ministère, puis à l’abdication du souverain Charles IV en faveur de son fils (19 mars). Cependant, l’invasion de l’Espagne par les troupes françaises de Joachim Murat puis l’entretien de Bayonne avec Napoléon Ier contraignent Ferdinand à céder presque aussitôt son trône à Joseph Bonaparte, frère de l’empereur français (2 mai 1808).
Retenu en captivité avec sa famille au château de Valençay (France), Ferdinand VII rentre en Espagne à la faveur de la défaite de Napoléon, en mars 1814. Accueilli en libérateur mais partisan de la restauration de l’absolutisme, Ferdinand « le Désiré » abolit la Constitution libérale votée en 1812, et rétablit l’Inquisition. Le régime qu’il instaure étant profondément antidémocratique, le souverain est rapidement contesté. En janvier 1820, un soulèvement conduit par le colonel Rafael del Riego contraint Ferdinand à rétablir la Constitution et à accepter un ministère libéral.
En réponse à la demande du roi, une expédition française envoyée par la Sainte-Alliance permet à ce dernier de rétablir un pouvoir absolu en octobre 1823, puis de faire régner la « terreur blanche » - période connue en Espagne sous le nom d’ominosa década (décennie funeste). Déléguant dès lors l’essentiel de l’exécutif à des conservateurs peu soucieux des conséquences politiques de leur anti-libéralisme, Ferdinand laisse l’Espagne perdre de son prestige, notamment en matière coloniale : la débâcle commencée dans les années 1820 se poursuit et toutes les colonies latino-américaines sont perdues, à l’exception de Cuba et de Porto Rico.
Soignant toutefois son héritage, Ferdinand promulgue en 1830 la pragmatique sanction ; cette ordonnance abolit la loi salique et fait d’Isabelle (fille de sa quatrième épouse, Marie-Christine de Naples) son unique héritière aux dépens du frère du roi, don Carlos. Cette décision provoque une sécession carliste (partisans de don Carlos) et des affrontements fratricides qui ensanglantent l’Espagne durant tout le XIXème siècle.
Enfin, à la fin de son règne, marquée par une forme de despotisme éclairé, Ferdinand VII laisse sa marque dans le monde des sciences et des arts en fondant l’École de pharmacie, le Conservatoire des Arts et le musée du Prado.

     
 
1833 - 1868
 
     

Isabelle II
Reine d’Espagne

Née en 1830 - morte en 1904

Née à Madrid, Marie-Louise (de son nom de baptême) est la fille de Ferdinand VII d’Espagne et de Marie-Christine de Bourbon Sicile. Selon la pragmatique sanction instituée par Ferdinand VII en 1830 - et qui abroge la séculaire loi salique -, l’infante devient l’héritière présomptive de la couronne.
En septembre 1833, Marie-Louise succède donc à son père à l’âge de trois ans, sous le nom d’Isabelle II. Le royaume plonge alors dans une guerre civile entre les partisans du frère du roi défunt, don Carlos (les carlistes), et ceux d’Isabelle (les cristinos) ; dès 1834, alors que Marie-Christine assume la régence avec l’appui des libéraux, éclate une première insurrection absolutiste. Même si les carlistes sont défaits en 1839, un nouveau courant politique a émergé dans le pays, qui en est déstabilisé durant une grande partie du XIXème siècle.
Après la régence de Marie-Christine (1833-1840) puis celle du général Bardomero Espartero (1840-1843), un libéral progressiste, Isabelle est déclarée majeure par les modérés du général Manuel Narváez, en juillet 1843. Cependant, dès décembre, la régence revient à nouveau à Marie-Christine qui impose une Constitution censitaire en 1845. En 1846, la jeune reine fait une alliance malheureuse avec son cousin François d’Assise, duc de Cadix, et mène alors une vie scandaleuse auprès de ses nombreux amants. L’un après l’autre, les ministres soucieux d’ordre se rapprochent de la France de la monarchie de Juillet, modèle constitutionnel du texte de 1845. En 1851, un concordat est signé entre le Vatican et la monarchie espagnole, qui règle les relations entre l’Église et l’État. En 1854, un pronunciamiento militaire (coup d’État) chasse la reine mère du pouvoir ; débute alors le réel règne personnel d’Isabelle II.
Entamé sous ces augures critiques, quoique la régence ait apporté le libéralisme et la monarchie constitutionnelle, le règne d’Isabelle est caractérisé par son instabilité. Le pouvoir lui-même est instable, les généraux Narváez et O’Donnell se succédant alternativement aux affaires jusqu’en 1868 ; pour leur part, les carlistes poursuivent leur agitation dans le royaume, notamment entre 1847 et 1850 lors de la deuxième guerre civile ; le mécontentement populaire, mais surtout militaire et politique, est lui aussi grandissant et se traduit par la révolte de juin 1866, réprimée dans le sang. Durant le règne d’Isabelle II cependant, le pays se développe d’un point de vue économique avec la création des premiers chemins de fer et l’exploitation des mines.
En septembre 1868, une nouvelle rébellion menée par les généraux Juan Prim et Francisco Serrano - la « Révolution glorieuse » - détrône Isabelle et la contraint à s’exiler en France. La couronne est alors successivement offerte au prince de Hohenzollern-Sigmaringen (ce qui déclenche la guerre franco-allemande de 1870) puis à Amédée de Savoie, fils du roi Victor-Emmanuel II d’Italie, qui règne sur l’Espagne jusqu’en décembre 1873.
En 1870, Isabelle II se résigne à abdiquer en faveur de son fils, qui accède au trône après la chute de la Ire République espagnole en décembre 1874 sous le nom d’Alphonse XII.

     
 
1868 - 1870
 
     
 

Maréchal Serrano y Dominguez

Elu régent en septembre 1868

     
Maison de Savoie
     
 
1870 - 1873
 
     

Amédée Ier

Né en 1845 - mort en 1890

Deuxième fils de Victor-Emmanuel II d'Italie.

Epouse en 1867 Maria Victoria del Pozzo de la Cisterna (morte en 1876) ; en 1888 Letizia Bonaparte (1866 - 1926)

 
     
Première République
     
 
24 février 1873
 
     
 

Stanislas Figueras y Moragas
Chef du pouvoir exécutif

Né en 1819 - mort en 1882

     
 
11 juin 1873
 
     

Francisco y Margall
Chef du pouvoir exécutif

Né en 1824 - mort en 1901

 
     
 
18 juillet 1873
 
     
 

Nicolas Salmeron y Alonso

Né en 1838 - mort en 1908

     
 
7 septembre 1873
 
     

Emilio Castelar y Rippol

Né en 1832 - mort en 1899

 
     

Maison de Bourbon

     
 
1874 - 1885
 
     

Alphonse XII
Roi d’Espagne

Né à Madrid en 1857, le fils de la reine Isabelle II d’Espagne et de don François d’Assise s’exile avec sa mère destituée par la révolution de septembre 1868. Il est élevé à Paris et à Vienne, avant de se rendre en Angleterre où il suit les cours de l’école militaire de Sandhurst.
Déchue et expulsée en 1868, Isabelle II a en effet abdiqué en la faveur de son fils Alphonse en 1870. Mais ce n’est qu’après le coup d’État du général monarchiste Arsenio Martínez Campos, le 29 décembre 1874, qu’Alphonse est appelé par le gouvernement provisoire à monter sur le trône et rentre en Espagne (1875).
Dès son arrivée au pouvoir, Alphonse XII prend comme conseiller puis Premier ministre le conservateur Antonio Cánovas del Castillo, principal instigateur du pronunciamento et de la Restauration — le libéral Práxedes Mateo Sagasta lui succède en 1881. Cánovas del Castillo jouit d’une influence politique primordiale dans la gestion des affaires et pèse notamment sur la recherche concertée d’un équilibre politique conservateur préservant l’Espagne de l’autoritarisme et de l’anarchie. Sous le règne d’Alphonse, la notion de « zone de coexistence » pacifique entre courants politiques lui doit énormément.
Alphonse XII lui-même est un souverain efficace et mesuré : son règne apaise une Espagne dont la vie politique est largement chaotique depuis les années 1830. Après avoir mis fin à la deuxième guerre des carlistes (partisans de don Carlos et de ses descendants prétendant au trône d’Espagne) en février 1876, il appelle le pays à la concorde, ce qui lui vaut le surnom d’« Alphonse le Pacificateur ».
En février 1876, Alphonse ordonne aux Cortes (parlement espagnol) d’élaborer une nouvelle constitution. Inspiré du modèle anglais, le texte instaure un système à deux partis, partageant le pouvoir législatif entre le roi et la chambre. Il libéralise le jeu politique et doit permettre, sans démocratiser absolument (refus du suffrage universel), d’éviter les crises partisanes. Alphonse XII, qui respecte cette nouvelle constitution durant tout son règne, est investi en outre du titre de chef des armées - responsabilité voulue par Cánovas del Castillo car elle doit permettre de limiter l’interventionnisme militaire, endémique, dans la vie publique.
À la mort d’Alphonse XII en novembre 1885, sa seconde épouse, l’archiduchesse Marie-Christine de Habsbourg, assume la longue régence de son fils posthume, Alphonse XIII, qui n’est déclaré majeur qu’en 1902.

     
 
1886 - 1931
 
     

Alphonse XIII
Roi d’Espagne

Né en 1886 - mort en 1941

Fils posthume d’Alphonse XII (mort en 1885), le futur Alphonse XIII est placé sous la régence de sa mère, Marie-Christine de Habsbourg-Lorraine. Ayant accédé au pouvoir en 1902, il se donne d’emblée deux priorités : d’une part, redorer le blason de l’Espagne en envisageant, pour mieux l’intégrer au concert européen, sa fusion avec le Portugal ; d’autre part, sauvegarder les lambeaux de l’empire colonial en Amérique et en Afrique du Nord où il choisit une politique de conciliation avec les Français et les Anglais.
Sur le plan européen, il rencontre le président français en 1913 et plaide pour la fusion du Portugal et de l’Espagne en échange de son aide militaire en cas de conflit avec l’Allemagne. Mais Deschanel décline l’offre. Durant la guerre, il opte donc pour une stricte neutralité.
Sur le plan colonial, Alphonse XIII essuie d’emblée un échec : à l’issue de la guerre hispano-américaine, les Philippines, Porto Rico et Cuba sont perdus. En 1921, il est tenu pour responsable des revers militaires au Maroc, revers qui font plusieurs milliers de morts (voir Rif, guerre du). Sa popularité en pâtit, d’autant que ses goûts dispendieux font la rumeur publique (on le dit parfois plus préoccupé d’agrandir sa collection de voitures de luxe que de gérer le pays). Aussi, en 1923, pour tenter de restabiliser le régime et de museler l’opposition socialiste et républicaine, il fait appel à Miguel Primo de Rivera qui instaure, avec son aval, un régime autoritaire jusqu’en 1930, date à laquelle il le congédie. Mais en 1931, à l’issue d’une période de grèves et d’émeutes, Alphonse XIII ne peut empêcher la proclamation de la République (14 avril). Il quitte aussitôt l’Espagne pour Rome, où il meurt, léguant préalablement ses droits successoraux à son fils Juan, comte de Barcelone et père de l’actuel roi Juan Carlos Ier.

     

Seconde République
proclamée le 11 avril 1931

     
 
1931 - 1936
 
     
 

Niceto Alcala Zamora

Né en 1877 - mort en 1949

Destitué le 16 février 1936

     
 
1936
 
     

Manuel Azana y Diaz

Né en 1880 - mort en 1940),
homme d’État espagnol, président de la République de 1936 à 1939.

Né à Alcala de Henares, Manuel Azaña y Díaz participe en 1913 à la fondation de la Ligue d’éducation politique (elle cherche à sensibiliser les Espagnols à l’idéal républicain et parlementaire), puis à celle d’España, hebdomadaire d’opposition créé par l’écrivain Ortega y Gasset (1915). Directeur dudit journal en 1922, il devient un des porte-parole de l’opposition socialiste au régime de Miguel Primo de Rivera, qu’il critique en particulier pour la guerre du Maroc en rappelant la cuisante défaite à Cuba (1898). Homme pondéré mais peu avare de sens critique, Azaña s’affirme bientôt comme un vrai leader politique.
Après la victoire de la gauche aux législatives de 1931, qui entraîne l’exil du roi Alphonse XIII et la proclamation de la République (14 avril 1931), Azaña y Díaz est nommé président du conseil (octobre). Principal tenant de l’exécutif sous l’autorité du président Alcala Zamora, il dirige, dit-il, un « gouvernement de raison » et mène une politique laïque radicale tout en essayant de préserver la difficile cohésion des partis républicains. Pratiquement, il modernise et épure l’armée, limite la puissance de l’Église, met en chantier de grandes réformes agraire, électorale (suffrage universel), administrative (autonomie provinciale). Mais, en 1933, mis en difficulté par une société et un monde politique profondément divisés, il perd les élections face à une coalition de droite. La crise endémique lui permet néanmoins de revenir au premier plan. Le 16 février 1936, après la dissolution de l’Assemblée nationale, il mène la gauche du Front populaire (Frente popular) à la victoire. D’abord chef du gouvernement, il est élu président de la République en mai. Éloigné des leviers de l’État, il assiste impuissant au « printemps tragique ». En proie à une grave crise politique ponctuée de grèves, d’enlèvements, d’assassinats, le pays se délite sous ses yeux. En juillet 1936, les généraux Émilio Mola et Francisco Franco organisent le soulèvement militaire nationaliste et le putsch qui marquent le début de la guerre d’Espagne.
Réfugié à Barcelone durant toute la guerre civile, Azaña y Díaz conserve la présidence mais n’a guère d’influence sur les gouvernements qui se succèdent jusqu’en 1939. En février 1939 enfin, peu avant la chute de la Catalogne, il fuit l’Espagne et rejoint la diaspora républicaine en France, où il meurt, à Montauban.

     

Nouvel Etat

     
 
1936 - 1975
 
     

Franco Bahamonde Francisco

Né en 1892 - mort en 1975

Faute de place à l’Académie navale, le Galicien Francisco Franco y Bahamonde Salgado Pardo entra, à quinze ans, à l’Académie d’infanterie de Tolède. De 1912 à 1926, il servit presque sans interruption au Maroc, où il commanda notamment la Légion étrangère espagnole. Par ses talents militaires et sa bravoure, il contribua à la pacification du Rif en 1925 et devint, à trente-trois ans, le plus jeune général d’Europe. En 1923, il épousa, à Oviedo, María del Carmen Polo y Martínez Valdés. Sous la République, il commanda l’Académie générale de Saragosse, fut capitaine général des Baléares et, en octobre 1934, réprima la révolte des gauches unies dans les Asturies. Après avoir été chef de l’état-major suprême (mai 1935), il fut envoyé aux Canaries comme capitaine général, à la suite de la victoire du Front populaire aux élections de février 1936. Sans appartenance politique, calculateur, prudent et subtil, il ne se décida qu’à la fin de juin 1936 à adhérer au soulèvement nationaliste imminent. Le 19 juillet, il prit le commandement de l’armée d’Afrique, à Tétouan, et demanda aussitôt à l’Axe des avions qui transportèrent ses troupes en métropole. Une junte de généraux le nomma généralissime, à Burgos, le 12 septembre, puis chef du gouvernement (1er oct.). Le 30 janvier 1938, il forma son premier gouvernement et, le 9 mars suivant, promulgua la charte du travail, première en date des lois fondamentales actuelles de l’Espagne. Après son échec de novembre 1936 devant Madrid, il vainquit les armées républicaines, bénéficiant du concours militaire de l’Allemagne et de l’Italie, et entra dans Madrid le 1er avril 1939 . En juin 1940, il occupa Tanger . Malgré les pressions réitérées de Hitler (entrevue d’Hendaye, 23 oct. 1940), il refusa d’engager l’Espagne, dévastée par la guerre civile, dans une guerre aux côtés de l’Axe, donnant des satisfactions de principe à l’Allemagne (adhésion au pacte anti-Komintern, envoi sur le front russe d’une division de volontaires dite División azul), mais ne cessant d’entretenir des relations avec les Alliés. En 1945, ceux-ci lui reprochèrent cependant ses compromissions avec l’Axe et rappelèrent leurs ambassadeurs de Madrid. Son habileté, servie par la guerre froide entre les États-Unis et l’U.R.S.S., rétablit la situation après une période d’isolement pénible pour l’Espagne : accords économiques et militaires avec les États-Unis (1953), concordat (1953), admission à l’Organisation des nations unies (1955).
«  Caudillo » (chef) concentrant dans ses mains tous les pouvoirs et responsable seulement « devant Dieu et devant l’histoire » (régime du caudillaje, parfois confondu avec le fascisme), il a — usant notamment d’un prestige personnel peu discuté dans l’ensemble de la population — pratiqué un jeu de balance entre les forces politiques du franquisme (monarchistes juanistes et carlistes, phalangistes, catholiques, conservateurs), contenu les poussées de l’opposition par une politique autoritaire de maintien de l’ordre, « déphalangisé » le régime, et appelé les technocrates de l’Opus Dei à planifier le développement économique du pays. Le prix de la paix intérieure et du relèvement du niveau de vie a été l’absence de certaines libertés individuelles et de participation politique. Il a donné à l’Espagne une constitution composée d’une série de lois fondamentales, consacrant un régime de « démocratie organique » — par opposition à la démocratie libérale — et l’existence du Mouvement national, seule formation politique autorisée. Le 22 juillet 1969, il a fait voter une loi désignant comme son successeur présomptif le prince Juan Carlos de Bourbon. Pendant l’été de 1974, il s’est démis provisoirement, pour des raisons de santé, de ses fonctions de président du gouvernement, en faveur de don Juan . Mais il a repris la direction des affaires publiques en septembre de la même année, pour mourir le 20 novembre après un mois d’une agonie scientifiquement prolongée . Son « règne » aura duré près de quarante ans.

     

Royaume - Maison de Bourbon

     
 
1975 -
 
     

Juan Carlos Ier
R
oi d'Espagne depuis 1975, dont l'action et la personnalité ont joué un rôle déterminant dans la transition du pays vers la démocratie, après la disparition du général Franco.

Né à Rome en 1938, où sa famille vivait en exil depuis 1931, date de l'instauration du régime républicain, Juan Carlos est le petit-fils du roi Alphonse XIII, fils de don Juan de Bourbon, futur comte de Barcelone et prétendant au trône à la suite de l'effacement de ses frères aînés et de Maria de Las Mercedes de Bourbon et Orléans, princesse des Deux-Siciles.
Après la promulgation en 1947 du Manifeste déclarant l'Espagne royaume catholique et faisant du général Franco son chef (caudillo), tout en ménageant l'avenir du principe monarchique, une rencontre secrète a lieu entre le chef de l'État et le comte de Barcelone, au cours de laquelle ce dernier est autorisé à envoyer son fils en Espagne pour qu'il y poursuive ses études et sa formation militaire. Ce geste fait du jeune prince l'un des successeurs possibles de Franco, qui désire donner toutes ses chances à un éventuel retour de la dynastie des Bourbons, tout en choisissant le moment où il se dessaisira du pouvoir.
En 1962, le prince Juan Carlos épouse la princesse Sophie de Grèce, fille du roi Paul Ier et sœur du futur roi Constantin II. Le couple a trois enfants, les princesses Hélène (1963- ) et Christine (1965- ), et le prince Philippe (1968- ), devenu officiellement l'héritier du trône à l'âge de dix-huit ans.
En 1969, après avoir prêté serment devant les Cortes, Juan Carlos est reconnu comme « prince d'Espagne » et héritier de la couronne. Mais aussi comme le successeur officiel de Franco, avec lequel il s’affiche symboliquement, comme lors du défilé de la victoire en 1964. Dès lors, il remplit diverses obligations officielles et, en 1972, supplée même le général Franco, malade, pendant quelques mois. Chef provisoire de l'État pendant l'agonie du dictateur, il prête serment deux jours après la mort de celui-ci, le 22 novembre 1975, devenant l’héritier officiel de Franco.
Mais, refusant de s'appuyer sur les forces conservatrices qui entendent pérenniser l'héritage du franquisme, il prend rapidement une série de mesures symboliques (amnistie des prisonniers politiques, légalisation du Parti communiste) montrant son ambition de faire de l'Espagne un régime démocratique. Promulguée en 1978, la nouvelle Constitution fonde en effet une monarchie parlementaire, ne reconnaissant plus le catholicisme comme religion d'État et consacrant les principales libertés (liberté de la presse au premier chef, ainsi que, par exemple, le droit à l'avortement).
En février 1981, lors de la tentative de coup d'État du lieutenant-colonel Tejero (avec 200 gardes civils, il occupe les Cortes pendant deux jours), l'attitude extrêmement ferme du monarque, manifestant son attachement aux nouvelles institutions, lui vaut une immense popularité, que ne dénie pas l’ensemble de son action nationale et internationale. Ainsi, en 1982, le prestigieux prix Charlemagne récompense son engagement européen (l’Espagne adhère officiellement à la Communauté économique européenne (CEE) en 1986). Également soucieux de renforcer les liens de l'Espagne avec l'Amérique latine au nom de l'identité hispanique, Juan Carlos n’oublie pas d’accompagner la modernisation économique, culturelle et sociale du pays, en jouant par exemple un rôle fondamental dans la genèse de l’Exposition universelle de Séville en 1992.
Telle était la question qui se posait en 1975, en une époque ou l’Espagne ne connaissait que très peu la personnalité de Juan Carlos. Le risque de la fidélité signifiait en effet que Juan Carlos, alors détenteur de tous les pouvoirs constitutionnels, pouvait à son tour se comporter en potentat, en s’appuyant sur les rouages du pouvoir franquiste. Avec vingt-cinq ans de recul, l’histoire prouve clairement qu’il s’est fondamentalement comporté en infidèle, en champion de la renaissance démocratique. Il faut cependant insister sur le fait qu’il partage cette infidélité avec un autre homme clef de la transition modèle des années 1970-1980 : Adolfo Suárez González (qui a dirigé le gouvernement de 1976 à 1981).
Les choix politiques et moraux de Juan Carlos ont donc clairement permis à l’Espagne, désormais européenne et rehaussée dans son prestige par les grands événements que sont les jeux Olympiques de Barcelone et l’Expo’92 de Séville, d’avoir recouvert son honneur d’avant la sombre parenthèse de la dictature, de s’être enfin dégagée d’une histoire faite de séismes permanents depuis le XIXème siècle.

     
     
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