Rois et Présidents du Portugal
     
     
     
ROIS
     
     
Maison Alphonsine
     
 
1128 - 1185
 
     

 

ALPHONSE Ier

Né en 1109 - mort en 1185

Roi de Portugal (1143-1185), fondateur de la dynastie portugaise.

Fils d’Henri de Bourgogne, comte de Portugal, et d’une fille naturelle d’Alphonse VI de León et de Castille, il hérite, en 1112, du titre paternel dont la régence est assurée par sa mère. Ayant écarté cette dernière en 1128, il se lance dans un double combat contre les Maures et la tutelle du León, ce qui lui vaut le surnom d’Alphonse le Conquérant. Le 25 juillet 1139, il sort grand vainqueur de la bataille d’Ourique et est proclamé roi sur-le-champ. Il déclare alors l’indépendance du Portugal vis-à-vis du León et se place sous la protection directe du pape. Ce n’est pourtant qu’en 1143 qu’Alphonse est officiellement confirmé dans ses fonctions par le Vatican.
Poursuivant la Reconquista, Alphonse le Conquérant prend Santarém en 1147 et, avec l’aide de croisés en route pour la Terre sainte, il enlève Lisbonne en octobre de la même année. Il s’empare ensuite de Béja (1162) et d’Évora (1165). Son fils, Sanche Ier, continue la Reconquista jusqu’à sa mort en 1211.

     
 
1185 - 1211
 
     

SANCHE Ier

Né en 1154 - mort en 1211

 
     
 
1211 - 1223
 
     

ALPHONSE II LE GROS

Né en 1185 - mort en 1223

Fils de Sanche Ier
     
 
1223 - 1248
 
     

SANCHE II

Né en 1210 - mort en 1279

Frère d'Alphonse II Le Gros

 
     
 
1248 - 1279
 
     
 

ALPHONSE III

Né en 1210 - mort en 1279

Second fils d’Alphonse II, il accède au trône après une guerre civile de deux années qui l’oppose à son frère Sanche II, au pouvoir depuis 1223. Alphonse achève la Reconquista en soumettant, vers 1250, le royaume maure en Algarve et contribue au renforcement de l’autorité royale.
Les prétentions castillanes sur l’Algarve le contraignent à une seconde alliance, diplomatique, avec la fille d’Alphonse X de León et de Castille, Béatrice. Devenu bigame, il est excommunié. Son fils, Denis Ier, lui succède en 1279.

     
 
1279 - 1325
 
     

DENIS Ier

Né en 1261 - mort en 1325

Fils d’Alphonse III, il fonda l’université de Coimbra, qui sera la seule université du Portugal jusqu’en 1911. Il mena une politique d’indépendance à l’égard de la Castille et affermit le pouvoir royal. Il développa l’agriculture, ce qui lui valut le surnom de Rei lavrador (« roi laboureur »), en améliorant notamment les méthodes de culture, stimula le commerce (il conclut un traité commercial avec l’Angleterre en 1294) et protégea les arts, les lettres et les sciences. Il fit du dialecte de porto la langue nationale et fonda en 1320 l’université de Lisbonne, qui fut transférée à Coimbra, en 1306. Son règne fut en outre marqué par la création d’une marine royale et par la reconstitution de l’ordre des Templiers, qui devint l’ordre du Christ. Son fils, Alphonse IV lui succéda.


 
     
 
1325 - 1357
 
     
 

ALPHONSE IV LE BRAVE

Né en 1291 - mort en 1357

Fils de Denis Ier

     
 
1357 - 1367
 
     

PIERRE Ier

Né en 1320 - mort en 1367

Fils d'Alphonse IV Le Brave

Marié secrétement à Inês de Castro, assassinée par ordre d'Alphonse IV en 1355 ; reconnue reine à titre posthume

 
     
 
1367 - 1383
 
     
 

FERDINAND Ier

Né en 1345 - mort en 1383

Fils de Pierre Ier

Fils du roi Pierre Ier, il fut l'un des prétendants au trône du royaume de Castille et de León. Il entreprit trois guerres désastreuses contre ce royaume entre 1370 et 1382. Néanmoins, il réussit à marier sa fille Béatrice à Jean Ier de Castille. Laissant une œuvre législative importante en faveur de l'agriculture et de la navigation, Ferdinand Ier mourut sans héritier mâle. Son décès plongea le pays dans une guerre civile de deux années au terme de laquelle, son frère naturel Jean Ier s'empara du trône du Portugal.

     
 
1383 - 1385
 
     

BEATRICE

Né vers 1368 - mort en 1410

Fille de Ferdinand Ier

Reine de Castille

Epouse du roi Jean Ier de Castille

 
     
     
Maison d'Aviz
     
 
1385 - 1433
 
     

JEAN Ier LE GRAND

Né en 1357 - mort en 1433

Demi-frère de Béatrice

Fils bâtard de Pierre Ier et d’une Galicienne, dom João entra très jeune dans l’un des nombreux ordres religieux militaires de l’époque, celui d’Aviz, et en devint grand maître. Il fut ainsi l’un des hommes les plus riches et les plus influents du Portugal. Son mariage (1383) avec Philippa, fille du duc de Lancastre, le servit plus encore. Toutefois, son accession au trône, à la mort de son frère Ferdinand, se heurta aux prétentions de Jean Ier de Castille et du parti espagnol. La défaite infligée aux troupes du roi de Castille à Aljubarrota et surtout l’appui de partisans actifs, comme Nuño Álvares Pereira, lui permirent d’être proclamé roi en 1385 sous le nom de Jean Ier. Il est ainsi le fondateur de la dynastie d’Aviz. Son premier soin fut de dissiper le climat de guerre en obtenant une trêve avec la Castille. Il prit ensuite une série de mesures législatives, affermissant son autorité. Assuré de ce côté, il put réussir une opération militaire contre le Maroc, marquée par la prise de Ceuta (1415). Très tôt, ses fils furent associés à son œuvre : l’aîné, dom Duarte, assuma une partie de l’exercice du pouvoir comme prince héritier ; son frère dom Henrique put, en toute liberté, mener ses grands projets d’outre-mer. L’alliance avec l’Angleterre, alors toute-puissante, garantissait l’avenir de la nouvelle dynastie. En outre, Jean Ier fut pour son temps un homme de science, comme en témoigne son Livro de Montaria sur la chasse et le dressage des chevaux.

     
 
1433 - 1438
 
     

DUARTE Ier L'ELOQUENT

Né en 1391 - mort en 1438

Fils de Jean Ier

 
     
 
1438 - 1481
 
     
 

ALPHONSE V L'AFRICAIN

Né en 1432 - mort en 1481

Fils du roi Édouard, Alphonse V accède au trône en 1438. Durant onze ans, la régence est cependant assurée par son oncle Pierre. À partir de 1458, date à laquelle il commence à exercer véritablement le pouvoir, Alphonse dit l’Africain combat victorieusement les Maures en Afrique du Nord, jusqu’à la prise de Tanger en 1471.
Sous son règne, les navires portugais poursuivent l’exploration de la côte occidentale de l’Afrique, commencée par Henri le Navigateur. En 1444, les îles du Cap-Vert sont abordées, puis la Sierra Leone vers 1460. Dès 1454, une bulle papale de Calixte III assure au Portugal un quasi-monopole de navigation sur cette côte africaine.
À la suite de son mariage avec la fille d’Henri IV, Jeanne la Beltraneja, Alphonse V engage une lutte sans succès contre le royaume de Castille. Le royaume brigué revient en définitive à Isabelle la Catholique en 1474. Alphonse l’Africain laisse à sa mort un Code de lois, les Ordenaçoes afonsinas (1446).

     
 
1481 - 1495
 
     

JEAN II

Né en 1455 - mort en 1495

Fils de Alphonse V

Dès 1474, dom Jo ao, le futur Jean II, avait manifesté son intuition en matière de progrès maritime par l’institution de la mare clausum, notion juridique destinée en l’occurrence à interdire aux non-Portugais l’accès aux territoires récemment découverts dans le golfe de Guinée.
Tout au long de son règne, Jean II fut hanté par la nécessité de délimiter, aussi officiellement que possible, les zones d’influence entre les grands pays découvreurs de l’époque. Tel est le but avoué du traité de Tolède (1480), de la bulle Inter cætera du pape Alexandre VI (1493) et du célèbre traité de Tordesillas (1494), conclu entre le Portugal et l’Espagne, qui, en fixant une frontière théorique entre ces deux pays au milieu de l’Atlantique, autorisait le premier à « découvrir » le Brésil. À ce sujet, plusieurs historiens n’ont pas manqué de faire observer que la prescience de Jean II n’était certainement pas fortuite et qu’il possédait des informations précises. Toutefois, son premier souci restait la route du Cap et des comptoirs d’Orient. On met généralement à son crédit l’appui qu’il apporta à Bartolomeu Dias. En outre, son intense activité sur le plan diplomatique parut souvent donner le change. Mais ni le mariage de son fils avec la fille aînée des Rois Catholiques, Isabel, ni ses traités avec le roi de France, Charles VIII, ou avec Henri VII d’Angleterre ne l’ont détourné de ses objectifs profonds : dissuader les grandes puissances d’intervenir dans sa politique outre-mer. Sur le plan intérieur, ce règne fut marqué par un renforcement remarquable des institutions et du prestige monarchique.

     
 
1495 - 1521
 
     

MANUEL Ier

Né en 1469 - mort en 1521

Cousin germain de Jean II

Arrière-petit-fils du roi Jean Ier, son règne fut qualifié d'âge d'or du Portugal.

Successeur de Jean II, il encouragea lui aussi les grandes expéditions maritimes : Vasco de Gama ouvrit la route maritime vers l'Inde en doublant le cap de Bonne-Espérance ; Pedro Álvarez Cabral atteignit le Brésil et en revendiqua la propriété au nom du Portugal, puis vogua vers l'ouest en direction de l'Inde, où il établit un comptoir sur le site de Calicut (l'actuelle Kozhikode) ; Gaspar Corte Real explora les côtes du Labrador et de Terre-Neuve ; Afonso de Albuquerque installa l'empire portugais en Extrême-Orient. Manuel Ier noua les premières relations commerciales avec la Chine et la Perse. Il définit un code de lois, qui porte son nom, fit de sa cour un grand centre d'art et de science et couvrit le Portugal de monuments d'un style gothique, dit manuélin, manifestement dominé par des références nautiques (les colonnes torsadées rappellent les cordages) ou au monde marin (coquillages). Le grand zèle religieux de Manuel Ier le poussa à encourager les entreprises missionnaires dans ses possessions étrangères, à organiser une croisade contre les Turcs, mais aussi à persécuter les Juifs portugais et à les chasser du royaume en 1497-1498.

     
 
1521 - 1557
 
     

JEAN III

Né en 1502 - mort en 1557

Fils de Manuel Ier

Ayant hérité de son père Manuel Ier un empire s’étendant sur trois continents, Jean III eut, pendant les premières années de son règne, le double souci de consolider les conquêtes et d’en organiser l’administration. Le Brésil, ou plutôt la province de Santa Cruz (seule occupée à cette date), fit l’objet d’une mise en valeur systématique : par l’émigration d’abord, puis par l’institution des « capitaineries » dotées d’une large autonomie, enfin par la mise en place d’une administration centrale, légère pour le Brésil mais placée sous le contrôle direct de la Couronne. Un tel effort de structuration, allant bien au-delà des préoccupations commerciales, ne pouvait manquer de susciter des oppositions : Jean III eut notamment à faire face à de nombreux conflits avec la France, dont les corsaires avaient pris l’habitude de débarquer fréquemment sur les côtes brésiliennes. En Europe toutefois, le Portugal restera neutre et Jean III, quoique lié par mariage à l’Espagne, se garda bien d’intervenir dans les luttes continentales. Il intensifia en revanche ses relations avec le Saint-Siège, autorisant ce dernier à établir au Portugal le tribunal de l’Inquisition et de nombreux évêchés. Cette politique créa quelques difficultés avec l’Angleterre, lorsque se produisit sous Henri VIII le schisme de l’Église d’Angleterre avec Rome.
La prospérité commerciale n’en fut cependant pas affectée, même quand des comptoirs furent ouverts à Anvers et commencèrent à concurrencer directement le commerce britannique. En politique intérieure, la tendance fut à l’absolutisme, favorisé en sous-main par l’influence de la Compagnie de Jésus, justifié en partie par la nécessité de faire face aux famines, épidémies et catastrophes diverses dont le pays eut à souffrir au cours du règne. Sur le plan culturel, il faut mettre à l’actif de Jean III la réforme de l’Université et l’encouragement qu’il accorda au renouveau de la littérature.

     
 
1557 - 1578
 
     

SEBASTIEN Ier

Né en 1554 - mort en 1578

Petit-fils de Jean III

     
 
1578 - 1580
 
     

HENRI LE CARDINAL

Né en 1512 - mort en 1580

Fils du roi de Portugal Manuel Ier le Grand, grand inquisiteur et cardinal de Lisbonne, il assura la régence pendant la minorité de son neveu le roi Sébastien et accéda au trône en 1578 lorsque celui-ci fut tué à la bataille de Alcázarquivir. Il mourut sans avoir su assurer sa succession, et la dynastie d'Aviz prit alors fin. La même année, en 1580, la couronne de Portugal revint au roi Philippe II d'Espagne.

 
     
     
Maison d'Autriche
     
 
1580 - 1598
 
     
 

PHILIPPE Ier

Né en 1527 - mort en 1598

     
 
1598 - 1621
 
     

PHILIPPE II

Né en 1578 - mort en 1621

Fils de Philippe Ier

 
     
 
1621 - 1640
 
     
 

PHILIPPE III

Né en 1605 - mort en 1665

Fils de Philippe II

Philippe III (d'Espagne) (1578-1621), roi d'Espagne, de Naples et de Sicile (1598-1621) et roi du Portugal sous le nom de Philippe III (1598-1621). Contrairement à son père, Philippe II, auquel il succéda, il adopta une politique de paix en Europe occidentale, concluant un traité avec l'Angleterre, en 1604, et la trêve de Douze Ans avec les Provinces-Unies, en 1609. Cependant, après 1618, il soutint l'Autriche lors de la guerre de Trente Ans. Peu capable, il confia le gouvernement à son Premier ministre, Francisco Gómez de Sandoval y Rojas, duc de Lerma, puis au fils de ce dernier, Cristobal, duc d'Uzeda. À partir de 1609, l'expulsion des morisques (musulmans convertis de force au catholicisme) aggrava la situation économique de l'Espagne, notamment en touchant très durement le secteur agricole.

     
     
Maison de Bragance
     
 
1640 - 1656
 
     

JEAN IV

Né en 1604 - mort en 1656

Fondateur de la dynastie des Bragance. Il gouverna le Portugal avec énergie et compétence, restaura les finances et promut le commerce et l'agriculture. En 1640, il prit la tête du soulèvement contre les Espagnols, qui dominaient le Portugal depuis 1580, et fut proclamé roi du nouveau royaume indépendant ; en 1644, à la bataille de Montijo, il repoussa les Espagnols, qui tentaient d'envahir à nouveau le pays (la Couronne d'Espagne ne reconnut la souveraineté du Portugal qu'en 1668, au traité de Lisbonne). En 1649 et 1654, les Portugais remportèrent d'importantes victoires navales contre les Hollandais au large de la côte du Brésil, reprenant ainsi leurs possessions en Amérique du Sud. Grâce à l'habileté de son administration, Jean réussit à rétablir l'autorité du Portugal en Europe.

     
 
1656 - 1668
 
     
 

ALPHONSE VI

Né vers 1643 - mort en 1683

Fils du roi Jean IV le Fortuné, fondateur de la maison de Bragance, auquel il succéda, il laissa sa mère, Louise de Guzmán, puis son frère, Pierre, gouverner. Paralysé et faible d'esprit, il fut déposé en 1667 et exilé dans l'île de Terceira. Néanmoins, c'est en son nom que fut signé le traité de Lisbonne (1668) assurant l'indépendance du Portugal face au voisin espagnol. À la mort d'Alphonse, son frère devint roi du Portugal sous le nom de Pierre II.

     
 
1668 - 1706
 
     

PIERRE II

Né vers 1648 - mort en 1706

Troisième fils de Jean IV de Portugal et de Louise de Guzmán, Pierre naît à Lisbonne à un moment où son pays est engagé dans la lutte pour l’indépendance. À la mort de son père, en 1656, Alphonse, le deuxième fils (l’aîné étant mort de tuberculose) monte sur le trône sous le nom d’Alphonse VI ; ce dernier nomme Premier ministre Castelo Melhor, qui achève de consolider la victoire du Portugal sur l’Espagne et arrange un mariage politique entre le souverain et Marie de Savoie. Mais l’incapacité physique d’Alphonse VI étant reconnue, la jeune reine lui préfère Pierre, qui refuse une union avantageuse avec une nièce de Turenne. Dès lors, le rival amoureux du roi entre en lice ; il obtient successivement le bannissement de Castelo Melhor (1667) et l’annulation du mariage de son frère (1668). Il épouse alors sa belle-sœur et les Cortes le proclament héritier du trône. Mais les opinions sont partagées sur le sort qui doit être réservé à Alphonse : si le peuple exige la destitution pure et simple du souverain, le clergé et la noblesse adoptent une position plus modérée et c’est cette dernière qui prévaut ; Pierre devient donc régent et Alphonse conserve son titre de roi jusqu’à sa mort. Tandis que Castelo Melhor trouve refuge en Angleterre, le roi déchu est déporté à la forteresse de l’île Terceira où il sombre dans la démence ; malgré son état de santé, un complot pour le rétablir sur le trône est découvert, et Pierre fait transférer son frère à proximité de Lisbonne, au palais de Cintra, où il mourra en 1683.
Le règne de Pierre II est surtout marqué par sa participation aux conflits européens où la France, l’Angleterre, l’Espagne, l’Autriche et la Hollande jouent un rôle prépondérant. Il signe avec l’Espagne un traité de paix qui consacre l’indépendance du Portugal (1668), et il abandonne les Indes orientales aux Hollandais. Sa première femme venant à mourir en 1683, année où il devient effectivement roi sous le nom de Pierre II, et ne lui ayant laissé qu’une fille, il épouse la fille de l’Électeur palatin, Marie-Sophie, qui lui donnera six enfants.
En 1700 s’ouvre la succession du roi d’Espagne Charles II. Louis XIV appuie aussitôt la candidature de son petit-fils Philippe, duc d’Anjou. Dans un premier temps, Pierre II de Portugal souscrit à ce choix, puis un accord passé avec l’Angleterre l’oblige à entrer dans la coalition qui rassemble la Hollande, l’Autriche et l’Angleterre en faveur de l’archiduc autrichien Charles ; en effet, en 1703, le Britannique John Methuen et le marquis d’Alegrete au nom du Portugal signent un traité d’alliance politique et militaire, qui comporte une clause économique importante : l’entrée libre des laines anglaises au Portugal en échange de droits de douane réduits pour l’introduction des vins portugais en Angleterre. Le Portugal est donc entraîné irrémédiablement dans la guerre de Succession d’Espagne contre la France ; les troupes portugaises commandées par le marquis de Minas envahissent l’Espagne et l’Estrémadure. Elles connaissent d’abord des succès, s’emparent de Madrid et permettent ainsi à l’archiduc autrichien de se faire proclamer roi d’Espagne sous le nom de Charles III. Mais cette victoire sera sans lendemain puisque le candidat français finira par l’emporter. Peu de temps après la prise par ses troupes de la capitale espagnole, Pierre II meurt, laissant comme héritier l’aîné des fils issus de son second mariage, qui devient le roi Jean V.

 
     
 
1706 - 1750
 
     

JEAN V

Né vers 1686 - mort en 1750

Fils de Pierre II

Il mena une politique de prestige et se fit le protecteur des arts et des sciences.

Né à Lisbonne le 22 octobre 1689, Jean succéda à son père Pierre II en 1706. Époux de Marie-Anne d'Autriche, il prit le parti des Habsbourg contre Louis XIV dans la guerre de Succession d'Espagne mais fut battu par les Français à Almança (1707) et à Caia (1709). Au cours de son règne, l'un des plus longs de l'histoire du pays, l'afflux des richesses du Brésil favorisa l'essor économique et permit à la cour de mener un train de vie fastueux. Fondateur de l'Académie royale d'histoire (1720), Jean V fit construire de nombreux monuments à Lisbonne et dans ses environs. À sa mort, le 31 juillet 1750, son fils Joseph Ier lui succéda.

     
 
1750 - 1776
 
     

JOSEPH Ier EMMANUEL

Né vers 1714 - mort en 1777

Fils de Jean V

Le règne fut marqué par la politique réformatrice du Premier ministre Pombal.

Montrant peu de goût pour les affaires publiques, Joseph Ier, fils de Jean V et de Marie-Anne d'Autriche, demeura éloigné du pouvoir jusqu'à son accession au trône en 1750, non sans avoir acquis une réputation de mécène épris de littérature, de musique et de théâtre. Opposé très tôt à la politique religieuse de son père, critiquant vivement son soutien à l'Inquisition, il s'efforça d'être un monarque réformateur et centralisateur. Sa réussite fut de s'attacher les services de Sebastião Jose de Carvalho e Mello, futur marquis de Pombal, qu'il nomma Premier ministre en 1755. Joseph Ier délégua dès lors l'essentiel de son pouvoir à Pombal, qui mena une politique de despotisme éclairé, modernisa l'économie du pays et renforça la souveraineté de l'État. À la suite du tremblement de terre qui dévasta les deux tiers de Lisbonne en 1755, le roi lui confia la reconstruction de la ville. L'expulsion des jésuites du royaume et des colonies (1759) provoqua une rupture de près de dix ans entre la monarchie portugaise et la papauté, et l'Inquisition fut bientôt réduite à une simple administration. Malade, Joseph Ier dut céder la régence à sa femme Marie-Anne-Victoire de Bourbon en 1776. Lorsqu'il s'éteignit, le 24 février 1777, sa fille Marie Ire de Bragance monta sur le trône et renvoya aussitôt Pombal, dont elle désapprouvait la politique.


 
     
 
1776 - 1777
 
     
 

MARIE-ANNE DE BOURBON

Né vers 1727 - mort en 1785

Femme de Joseph Ier Emmanuel

Régente

     
 
1777 - 1816
 
     

MARIE Ier de BRAGANCE

Né vers 1734 - mort en 1816

Fille de Marie-Anne de Bourbon

Partage le trône avec son mari Pierre III,4ème fils de Jean V

Devenue folle, elle abandonne le trône à son frère, le futur Jean VI, en 1799

     
 
1816 - 1826
 
     

JEAN VI

Né vers 1767 - mort en 1826

Frère de Marie Ier

Régent (1799-1816) puis roi du Portugal (1816-1826), sous le règne duquel le Brésil a accédé à l’indépendance (1822).

Né à Lisbonne, Jean est le deuxième fils de Marie Ire de Portugal et du prince consort Pierre III. En 1788, année au cours de laquelle il est fait prince du Brésil, il hérite de la couronne portugaise après le décès de son frère aîné José. En 1785, Jean épouse Carlota Joaquina, la fille du roi Charles IV d’Espagne. Après que la reine Marie a perdu la raison en 1792, il devient régent du royaume, d’abord de facto, puis de plein droit en 1799.
En pleine guerre continentale, le régent Jean mène une politique qui ondoie entre soutien aux coalitions européennes contre Napoléon Ier et compromis franco-portugais, la France étant l’alliée de l’Espagne depuis 1801. Accusé de ne pas respecter le Blocus continental, le Portugal subit l’invasion des troupes napoléoniennes en 1807.

La famille royale de Bragance trouve refuge dans la colonie portugaise du Brésil. Après Bahia, Jean installe la cour à Rio de Janeiro, qui se transforme en capitale prestigieuse du royaume portugais et se pare de palais de style métropolitain. Sous l’autorité du régent, des réformes sont mises en œuvre, notamment la suppression des restrictions commerciales (libération du commerce maritime), l’instauration de mesures en faveur de l’agriculture et de l’industrie, et la création d’établissements d’enseignement supérieur. Puis, contre toute attente, les Bragance restent au Brésil — élevé à la dignité de royaume en 1815 — après la défaite de Napoléon (1815) et Jean confie l’administration du Portugal au duc de Beresford.
En mars 1816, la reine Marie Ire décède et Jean accède au trône du Portugal sous le nom de Jean VI. L’année suivante, une révolte démocratique à Pernambouc est difficilement réprimée, et les affrontements entre absolutistes et libéraux menacent de plonger le Brésil dans la guerre civile. Parallèlement, en août 1820, un soulèvement militaire à Porto renverse le régime portugais et les Cortes, réunis peu après, réclament le retour du roi et une constitution libérale bâtie sur l’exemple de celle de Cadix.
En 1821, Jean VI le Clément rentre à Lisbonne en roi constitutionnel et laisse son fils aîné Pedro (le futur Pierre Ier, empereur du Brésil) exercer la régence à Rio. Celui-ci hâte le processus de l’indépendance, déclarée le 7 septembre 1822.
Au Portugal, les dernières années du règne de Jean VI sont troublées par les mouvements de 1823-1824 conduits par son plus jeune fils, Miguel, qui visent à rétablir la monarchie absolue. Du reste, le règne de Jean VI voit la naissance des premiers libéralismes portugais et brésilien, et la séparation pacifique du Brésil et du Portugal. La translation de la capitale du royaume à Rio et l’arrivée du roi en Amérique du Sud préservent la colonie de la guerre civile et de la fragmentation que connaissent les territoires hispano-américains à la même époque. Quant à l’opposition entre libéraux et absolutistes, elle engage le Portugal dans une série de conflits civils jusqu’au milieu du XIXe siècle.
Jean VI le Clément meurt à Lisbonne en mars 1826 ; son fils Pierre Ier du Brésil monte sur le trône portugais sous le nom de Pierre IV.

     
 
1826 - 1828
 
     

PIERRE IV

Né vers 1798 - mort en 1834

Fils de Jean VI

Abdique

Empereur du Brésil : Pierre Ier

 
     
 
1828 - 1834
 
     
 

MICHEL Ier

Né vers 1802 - mort en 1866

Fils de Jean VI

Fiancé à Marie II en 1826, banni en 1834

Epouse en 1851 Adélaïde de Löwenstein

     
 
1834 - 1837
 
     

MARIE II de BRAGANCE

Né vers 1819 - mort en 1856

Restaurée

     
 
1837 - 1853
 
     
 

FERDINAND II

Né en 1816 - mort en 1885

Mari de Marie II de Bragance

Né à Vienne, Ferdinand est le fils d’Ernest Ier, duc de Saxe-Cobourg-Gotha. En 1836, il épouse la reine du Portugal Marie II de Bragance et reçoit le titre de roi-consort l’année suivante. Lorsque la reine meurt en couches, Ferdinand assure la régence (1853-1855) et, mettant à profit le calme relatif du pays, prépare le trône pour Pierre V. Mais ce dernier meurt du typhus en 1861, après avoir donné au gouvernement une base constitutionnelle. Pour Ferdinand II s’ouvre une seconde régence (1861-1869), en attendant la majorité de Louis.
Hormis cette fonction intérimaire, Ferdinand II est connu pour avoir été l’un des candidats des Portugais et des Espagnols qui, à l’heure de la construction des unités italienne et allemande, imaginent une péninsule Ibérique unifiée sous une unique royauté — et ainsi débarrassée des crises dynastiques nées au début du XIXe siècle, sous le règne de Ferdinand VII d’Espagne.

     
     
Maison de Saxe-Cobourg-Gotha
     
 
1853 - 1861
 
     

PIERRE V

Né vers 1837 - mort en 1861

Fils de Marie II et de Ferdinand II

Roi régent de 1853 à 1855

 
     
 
1861 - 1889
 
     

LOUIS Ier

Né vers 1838 - mort en 1889

Frère de Pierre V

     
 
1889 - 1908
 
     

CHARLES Ier

Né vers 1863 - assassiné en 1908

Fils de Louis Ier

Le règne de Charles Ier, fils et successeur de Louis Ier — et également descendant d’Alphonse Ier, duc de Bragance —, est marqué par deux événements majeurs :  la crise coloniale avec la Grande-Bretagne en 1889-1890, et la mise en place d’une dictature de 1906 à 1908.
Sur le plan colonial, un contentieux oppose le Portugal et la Grande-Bretagne à propos de la domination sur l’Afrique dite « méridionale ». Selon un projet cher à son père, Charles Ier désire construire un bloc homogène d’influence lusitanienne depuis l’Angola (côte ouest) jusqu’au Mozambique (côte est). Ce projet dit de la « carte rose » s’oppose aux ambitions des Anglais qui souhaitent établir une jonction entre Le Caire et Le Cap. Dans un climat de forte tension et après plusieurs escarmouches en 1889, Charles Ier est contraint d’accepter un compromis : il n’y aura pas de « carte rose » et les Anglais lui offrent, en contrepartie, des compensations territoriales qui sauvegardent très partiellement le prestige impérial d’un pays ayant perdu la plupart de ses colonies depuis le début du siècle (surtout le Brésil).
Sur le plan intérieur, Charles Ier hérite d’une monarchie en danger. L’instabilité ministérielle est permanente. L’opposition républicaine et socialiste se renforce. Les monarchistes se déchirent entre eux. Pour préserver le régime, Charles Ier démet Hintze Ribeiro et confie à João Franco le soin de diriger une dictature provisoire. Mais sa politique autoritaire, marquée notamment par la dissolution des Chambres et la suppression de la liberté de la presse (1906), par la répression des grèves étudiantes de Coimbra (1907), jette le pays dans un grand trouble, encore accentué lorsque l’énorme endettement du roi vis-à-vis de l’État est rendu public. Cette situation de crise entraîne l’assassinat par des républicains du souverain et de son fils aîné.
Son cadet, Manuel II (né de son mariage avec Marie Amélie, fille du comte de Paris, en 1886), lui succède et rétablit aussitôt les principales libertés, pour tenter, une dernière fois, de sauver la monarchie.

     
 
1908 - 1910
 
     

MANUEL II

Né vers 1889 - mort en 1932

Fils de Charles Ier

Déposé

Dernier roi du Portugal, né à Lisbonne. Il monta sur le trône en 1908 pendant la période troublée qui suivit l'assassinat de son père, le roi Carlos, et de son frère, le prince héritier Louis. En 1910, une révolte dans la marine l'obligea à fuir d'abord à Gibraltar, puis en Angleterre. Bien qu'il n'ait jamais abdiqué, il ne fit aucune tentative pour remonter sur le trône.

     
     
     
PRESIDENTS DE LA REPUBLIQUE
     
     
 
1910 - 1911
 
     

TEOFILO BRAGA

Né vers 1843 - mort en 1924

Ecrivain, philosophe et homme politique portugais, président du gouvernement provisoire de 1910 - 1911 et président de la République en 1915.

Originaire des Açores, Joaquim Teófilo Fernandes Braga obtient son doctorat en droit à l’université de Coimbra, puis enseigne la littérature moderne à l’université de Lisbonne. Républicain convaincu, il devient président du gouvernement provisoire en 1910, puis président de la République cinq années plus tard. Outre son activité politique, Braga fait porter son travail sur trois domaines : la création et la réflexion littéraires, la philosophie, et la culture portugaise. Son œuvre philosophique contribue d’une manière décisive à l’introduction, puis à la diffusion au Portugal du positivisme, dont il prétend démontrer les principales thèses à partir des découvertes scientifiques modernes. Son travail dans le domaine de l’histoire de la culture portugaise, même s’il suscite en son temps une polémique, est assurément d’un intérêt plus grand. Son Histoire de la Littérature portugaise (1870-1873) servira ainsi de base à l’élaboration et à la reconstruction de l’histoire culturelle du Portugal, bien que Braga y néglige l’apport stylistique et philosophique des textes considérés.

 
     
 
1911 - 1915
 
     
 

MANUEL de ARRIAGA

Né vers 1840 - mort en 1917

Démissionne

     
 
1915 - 1917
 
     

BENARDINO LUIS MACHADO

Né vers 1851 - mort en 1944

 
     
 
1917 - 1918
 
     
 

CARDOSO DA SILVA PAÏS

Né vers 1872 - assassiné en 1918

     
 
1918 - 1919
 
     

JOAO de CANTOE CASTRO

Né vers 1834 - mort en 1924

 
     
 
1919 - 1923
 
     
 

ANTONIO JOSE DE ALMEIDA

Né vers 1843 - mort en 1923

     
 
1923 - 1925
 
     

MANUEL TEXEIRA GOMES

Né vers 1860 - mort en 1941

Démissionne

 
     
 
1925 - 1926
 
     
 

BERNADINO LUIS MACHADO

Démissionne

     
 
1926 - 1928
 
     

MENDES CABECADAS

Né vers 1889 - mort en 1932

 
     
 
1928 - 1951
 
     
 

Maréchal OSCAR CARMONA

Né en 1869 - mort en 1951

Maréchal et homme d'État portugais, qui permit l'établissement du régime didactorial d'António de Oliveira Salazar, que le Portugal allait subir pendant quarante ans. Carmona était l'un des trois généraux qui renversèrent le gouvernement provisoire du Portugal en mai 1926 ; il écarta rapidement les deux autres membres du triumvirat, et se nomma d'abord Premier ministre, puis président provisoire. Il réprima les révoltes populaires de 1927 à Porto et à Lisbonne, et déclara hors-la-loi les partis politiques. En 1928, il remporta l’élection présidentielle, à laquelle il était seul candidat. Il nomma Salazar ministre des Finances (1928), puis Premier ministre (1932). Carmona fut réélu en 1935, 1942 et 1949, mais dès 1932, le pays fut en fait gouverné par Salazar.

     
 
1951 - 1958
 
     

Maréchal CRAVEIRO LOPEZ

Né vers 1894 - mort en 1964

 
     
 
1958 - 1974
 
     
 

Amiral AMERICO TOMAS

Né vers 1894 - mort en 1987

Démissionne

     
 
1974 - 1976
 
     

15 - 5 : Général ANTONIO DE SPINOLA

Né le 11 avril 1910, António Ribero de Spínola a été successivement vice-chef d’état-major des armées sous la dictature et éphémère président de la République en 1974 au lendemain de la révolution des œillets  ; sa vie a épousé les soubresauts de l’histoire moderne du Portugal.
António Sebastião Ribeiro de Spínola est militaire dans l’âme. Ses études, son engagement et sa carrière l’ont conduit d’écoles en commandements successifs sur tous les théâtres d’opérations d’un pays appauvri, mais qui possédait encore un vaste empire colonial. Il a vingt-deux ans lorsque António de Oliveira Salazar assume la présidence du Conseil d’un régime qui, en 1926, avait renversé la première République. C’est un poste que Salazar conservera sans interruption jusqu’en 1968. Le pouvoir qu’il installe est autoritaire et s’appuie sur l’armée et les secteurs les plus conservateurs de la société.
Au cours de ces années sévères, António de Spínola monte régulièrement dans l’échelle des honneurs militaires. En 1936, il est observateur en Espagne et suit, du côté franquiste, les étapes de la défaite républicaine. En 1941, on le retrouve, toujours observateur, accompagnant la Wehrmacht lors du siège de Leningrad. En 1945, il est déjà lieutenant-colonel et est envoyé aux Açores au sein du corps expéditionnaire portugais. C’est la première étape d’une carrière coloniale qui le conduira en mars 1961 à servir en Angola, où la guerre d’indépendance vient à peine de commencer. Dès cette période, António de Spínola se rend compte de l’impasse dans laquelle se fourvoie la politique coloniale portugaise. Il expérimente dans ses divers commandements d’autres méthodes d’administration, essayant de donner une place politique aux mouvements nationalistes. En 1968, Spínola devient gouverneur général et commandant en chef de la Guinée-Bissau, où il est en particulier chargé de mater la rébellion indépendantiste du P.A.I.G.C. (Partido africano da independência da Guiné e Cabo Verde). La responsabilité de l’assassinat, en septembre 1973, d’Amilcar Cabral, secrétaire général du P.A.I.G.C., lui sera personnellement attribuée. En janvier 1974, nommé vice-chef d’état-major des forces armées, António de Spínola revient à Lisbonne. Sa carrière semble faite. Son image est celle d’un militaire du sérail, réformateur certes, mais avant tout charismatique. Sa popularité se nourrit d’une légende romantique qu’il a patiemment entretenue à force d’interventions médiatiques.
Dès 1968, le régime de Salazar a montré des signes de faiblesse. Le 29 septembre de cette même année, Marcelo Caetano remplace Salazar, et les espoirs réformistes qu’un tel changement a fait naître vont être rapidement déçus : Caetano ne fait que poursuivre frileusement ce qui semblait avoir si bien réussi à son prédécesseur. Le 22 février 1974, António de Spínola publie un livre, Le Portugal et son avenir, dont le contenu est dévastateur pour le régime. Cet ouvrage rend son auteur immédiatement populaire. Spínola y propose une sortie pacifique et négociée de l’impasse coloniale et une « détente » en politique intérieure. Le 14 mars de la même année, il est destitué. La suite des événements appartient à l’histoire. Le 25 avril 1974, un groupe de jeunes officiers de gauche renverse le gouvernement de Caetano. La « révolution des œillets » vient de commencer. C’est António de Spínola que les militaires insurgés placeront, dès le 26 avril, à la tête d’une Junte de salut national et qu’ils nommeront, le 15 mai 1974, président de la République portugaise. Son prestige, son aura d’opposant et son charisme l’imposent. La décolonisation commence alors, qui verra, en deux ans, la majeure partie de l’empire accéder à l’indépendance. Les réformes économiques et sociales se multiplient. Dans tout le pays, des conventions collectives sont signées, un salaire minimum est institué, et une réforme agraire est engagée. Réformes qui traduisent l’influence de la gauche .
Or António de Spínola est un homme de droite, viscéralement anticommuniste. Aussi tente-t-il d’organiser autour de lui un pôle de droite afin de rééquilibrer le jeu politique. Le 15 juillet 1974, Spínola est contraint d’accepter la formation d’un nouveau gouvernement dont le Premier ministre, Vasco Gonçalves, est ouvertement procommuniste. Constatant sa propre impuissance, Spínola lance un appel, resté célèbre, au « bon peuple portugais », et demande à la « majorité silencieuse » de le soutenir. Manifestation et contre-manifestation des 27 et 28 septembre soulignent l’erreur de Spínola qui rêvait d’un destin plus personnel, à l’image du général de Gaulle. Le 30 septembre 1974, le général Spínola démissionne de ses fonctions de président de la République. La suite, rocambolesque, ressemble au personnage. Le 11 mars 1975, il tente un coup d’État dont l’échec le conduira à l’exil. Mais, même éloigné, le général de Spínola prépare depuis Paris « l’invasion du Portugal », prophétise « une guerre civile » et lance un « appel au monde occidental » dans les colonnes du Figaro. Il rentrera finalement au Portugal en août 1976, après avoir fait amende honorable. Sa nomination en 1981 au grade de maréchal achève de le réhabiliter, mais aussi de l’écarter définitivement, lui qui aimait se présenter comme un « simple cavalier portugais ». Il est mort le 13 août 1996 à l’hôpital militaire de Lisbonne.

30 - 9 Général COSTA GOMES

Né vers 1914

 
     
 
1976 - 1986
 
     
 

Général ANTONIO EANES

Eanes dos Santos Ramalho, Antonio (1935- ), militaire et homme politique portugais, premier président de la République (1976-1986) élu sur la base de la Constitution de 1976.
Né à Alains (district de Castelo Branco), Antonio dos Santos Ramalho Eanes devient militaire en 1953. Sa carrière s’effectue dans les territoires portugais d’outre-mer, Goa, Macao et au Mozambique, où la guérilla lutte pour l’indépendance à partir des années soixante. Le 25 juillet 1974, il fait partie du « Mouvement des capitaines » (Movimento dos Officais) qui par la révolution des Œillets renverse le régime hérité de António de Oliveira Salazar et le gouvernement de Marcello Caetano.
Après la révolution des Œillets, deux courants opposent les militaires : le courant réformiste ou gradualiste et le courant dogmatique ou révolutionnaire. L’hostilité entre ces deux courants aboutit à une tentative de putsch mené par les officiers d‘extrême gauche, le 25 novembre 1975, repoussée par Ramalho Eanes, qui affirme ainsi les fondations démocratiques du régime issu de la révolution. Il devient alors chef d’état-major de l’armée. En juin 1976, il est élu président de la République avec 61 % des voix. Sa présidence reçoit le soutien des trois partis défenseurs d’une démocratie pluraliste (le Parti socialiste, le Parti social-démocrate et le Centre démocratique social) en raison de l’attitude qu’il a adoptée lors des événements du 25 novembre 1975 et du prestige dont il jouit dans les milieux militaires. Bien qu’entretenant parfois des relations polémiques avec les chefs de gouvernement qu’il désigne, sa popularité à travers le pays reste très grande. Il joue un rôle déterminant dans la politique extérieure, en particulier dans la normalisation des relations avec les anciennes colonies d’Afrique (Angola, Guinée-Bissau, Mozambique) de langue officielle portugaise. En décembre 1980, il est réélu président de la République avec 56 % des voix, pour un mandat de cinq ans.


     
 
1986 - 1996
 
     

MARIO SOARES

Soares, Mario (1924- ), chef d’État portugais, dirigeant du Parti socialiste portugais (PSP), Premier ministre (1976-1978, 1983-1985), et président de la République de 1986 à 1996.

Né à Lisbonne, Mario Soares effectue ses études à l'université de Lisbonne et à la faculté de droit de la Sorbonne, à Paris. Au sein du parti communiste, puis du parti socialiste dont il devient le secrétaire général en 1973, il est l’un des principaux dirigeants de l’opposition démocratique face aux régimes d’António de Oliveira Salazar puis de Marcelo Caetano. Emprisonné 12 fois, banni en 1968, il vit en France en exil. En 1974, il revient au Portugal lors de la révolution des Œillets et est nommé par la suite ministre du gouvernement provisoire, s’opposant à la confiscation du pouvoir par les communistes. Il accède en 1976 au poste de Premier ministre à la suite de la victoire du parti socialiste, poste qu’il conserve jusqu’en 1978. Les élections de 1983 le ramènent au pouvoir ; il peut alors s’engager en faveur de l’adhésion de son pays à la Communauté économique européenne. Il est élu président de la République en 1986 et réélu en 1991, mais quitte son poste au terme de son second mandat en 1996. Très populaire, Mario Soares fait désormais figure d’autorité morale que l’on continue à solliciter sur les grands problèmes de la société portugaise ou les sujets touchant au passé récent du pays. Il a ainsi été nommé en 1997 à la tête d’une commission de supervision chargée d’étudier les rapports qu’a entretenu le régime salazariste avec l’Allemagne nazie, et plus spécialement des éventuels transferts de capitaux nazis vers le Portugal. En 1999, il conduit la liste du Parti socialiste aux élections européennes de juin. Celle-ci l’emporte et Soares est élu député européen.

 
     
 
1996 -
 
     
 

SAMPAIO JORGE

Né en 1939

Avocat et homme politique portugais, élu président de la République du Portugal en 1996 et réélu en 2001.

Né à Lisbonne, Jorge Sampaio achève sa formation juridique et politique à l’université de cette ville, où il se distingue comme l’un des principaux dirigeants du mouvement étudiant d’opposition à l’Estado Novo (dénomination donnée par Salazar au type d’État qu’il avait créé) dans les années 1961-1962. Avocat ayant acquis une solide réputation dans les prétoires, il intervient dans quelques-uns des procès politiques les plus retentissants des années soixante et soixante-dix. Après la révolution des Œillets du 25 avril 1974, qui instaure la démocratie dans le pays, il est le cofondateur du mouvement de la Gauche socialiste, alternative aux grands partis, avant de finir par intégrer le Parti socialiste en 1978. En 1979, il est élu député. À l’issue du dernier gouvernement de Mario Soares et de la déroute socialiste aux élections législatives, il affirme son leadership et devient secrétaire général du parti en 1987.
Élu maire de Lisbonne en 1990, et réélu en 1994, il remporte l’élection présidentielle face au social-démocrate Anibal Cavaco Silva, avec 53,83 % des voix, en janvier 1996. Menant une politique de lutte contre le chômage, mais aussi d’approfondissement des acquis sociaux (augmentation du salaire minimum et diminution de la durée hebdomadaire de travail), le président Sampaio fait en sorte que le Portugal satisfasse avec succès aux critères de convergence afin d’intégrer l’Union économique et monétaire (UEM) et d’adopter la monnaie unique, ce qui se réalise en 1998.
En janvier 2001, il est réélu à la tête du Portugal au premier tour de scrutin avec 55,76 % des suffrages exprimés.

     
     
     
     
Portugal