Les origines du peuplement

Le Danemark est habité dès le paléolithique comme en témoignent les vestiges trouvés à Klosterlund et à Esterholle. À partir de 3000 av. J.-C., des peuples indo-européens déferlent sur la Scandinavie ; l’agriculture, l’élevage font leur apparition. À l’âge du bronze, une société évoluée se met en place en Scandinavie et notamment au Danemark ; plus de 100 000 pétroglyphes, dans lesquels on peut déjà discerner une cosmogonie proche de celle des Vikings, y ont été retrouvés.

Les migrations des peuples scandinaves (les Cimbres, les Kimbri danois du Himmerland, se dirigent par exemple vers le sud) se produisent entre 400 av. J.-C. et 800 apr. J.-C. ; c’est à la même époque que les Danes, qui habitent la partie méridionale de la péninsule scandinave, émigrent vers le Jutland et dans les îles proches de la mer Baltique.

L’époque viking

La société viking

Le Danemark primitif était constitué par l’actuel territoire danois et les provinces aujourd’hui suédoises de Scanie, de Halland, de Blekinge ainsi que du Hosltein allemand. Il n’y eut jamais d’unité ethnique entre les hommes du Nord. De grandes différences existent entre les Vikings danois, norvégiens et suédois : les premiers instaurent très tôt un État relativement centralisé, les Norvégiens sont des colonisateurs (Islande), les Suédois surtout des marchands. Cependant, tous les Vikings ont en commun une organisation sociale similaire : la famille au sens large, les consanguins, les amis, les clients, les obligés forment le clan en fonction duquel les hommes se définissent ; à chaque clan correspond une unité territoriale le Land.

Le critère politique est également important : la société des Vikings danois est fondée sur l’esclavage, mais l’esclave peut facilement racheter sa liberté par son travail. La société repose à la base sur les boendr, les guerriers paysans libres qui ont accès au thing, l’Assemblée saisonnière des hommes libres qui décide des affaires de la communauté. Au sommet, couronnant l’édifice, une noblesse clanique, les jarls, élit des rois. Cette structuration se retrouve dans toute la Scandinavie.

Les premiers Danois

Canut le Grand En 1013, Canut le Grand prend part à la conquête de l'Angleterre aux côtés de son père, le souverain danois Sven Ier Tveskägg. Après la mort du roi anglais Edmond II Ironside en 1016, il s'empare du trône d'Angleterre, avant d'obtenir ceux du Danemark (1018) et de la Norvège (1028).Corbis

On est assez mal renseigné sur les Vikings danois des VIe-IXe siècles ; les sagas islandaises postérieures mentionnent le règne de souverains légendaires comme Ivarr Vifadmi et Harald Hiditönn. Vers 700, une première mission chrétienne dirigée par l’évêque Willibrord visite le pays sans rencontrer aucun succès.

Au VIIIe siècle, le roi danois Gotfred commence l’édification d’un rempart en terre, le Danevirke, à partir de Sliesthorp, au sud-est du Jutland, qui n’est terminé qu’en 1160. Il atteste la présence d’une forte autorité centrale sur la péninsule à la veille des invasions vikings. C’est au Danemark que le chef des Saxons Widukind se réfugie en 777 et meurt, en 800, à l’abri des poursuites des souverains carolingiens.

Au même moment, les Vikings commencent leurs expéditions maritimes. Du pillage de l’abbaye anglaise de Lindisfarne, en 793, à la dernière expédition norvégienne d’Harald Hårdråde et à la chevauchée franco-normande de Guillaume le Conquérant en 1066, l’Occident carolingien se trouve face à un adversaire mobile et redoutable, autant marchand que guerrier qui s’appuie sur un avantage technologique, le knörr (improprement dénommé en français « drakkar »). Ces bateaux à faible tirant d’eau, très maniables et sûrs, permettent aux Vikings de remonter les fleuves très loin à l’intérieur des terres ou de s’aventurer dans l’Atlantique : au Xe siècle, il faut douze jours pour se rendre de Bergen à Reykjavik.

Les Vikings danois sont parmi les plus organisés ; ils conquièrent l’Angleterre du Nord-Est, pillent fréquemment le royaume franc, s’aventurant jusqu’en Bourgogne et s’installant en Normandie. En Angleterre, ils imposent le système du tribut (le danegeld) en échange de leur protection et tentent de s’implanter territorialement, mais ils doivent faire face à des combats acharnés.

Sous le règne du roi Harald « à la dent bleue », baptisé en 965, le pouvoir politique est renforcé et le Danemark christianisé. Son fils, Sven Ier Tveskägg, conquiert toute l’Angleterre de 1009 à 1014. Son petit-fils Canut le Grand y règne et unit son royaume à la Norvège en 1028. En 1042, une révolte anglaise dirigée par Édouard le Confesseur réussit à mettre fin à la domination danoise.

La période médiévale

L’expansion

À la fin du XIIe siècle et au début du siècle suivant, les Danois conquièrent la plus grande partie des côtes orientales de la mer Baltique, jusqu’au golfe de Finlande, soumettant les populations locales et établissant un royaume maritime puissant et prospère, beaucoup plus grand que le Danemark actuel sous Valdemar le Grand (1157-1182) et Canut VI (1182-1202). Valdemar le Victorieux (1202-1241) est sans doute le souverain scandinave le plus puissant du Moyen Âge ; il poursuit la politique de conquête de ses prédécesseurs, prenant l’Estonie, où les Danois fondent Tallinn.

L’affaiblissement du pouvoir

Valdemar ne peut en revanche échapper à la dynamique féodale des pays germaniques proches. En 1227, l’armée danoise est écrasée à Bornhöved par un ost de chevaliers d’Allemagne du Nord : le royaume danois de la Baltique s’écroule. Le système féodal est alors introduit au Danemark, mais, fait exceptionnel, la paysannerie libre des boendr survit sous la protection royale jusqu’au XVIIe siècle. L’Église, organisée sur le modèle anglais, appuie la royauté qui cesse d’être héréditaire. La discorde croissante entre la noblesse et la Couronne danoise déclenche une lutte qui, en 1282, oblige le roi Éric V à signer une charte, connue sous le nom de Magna Carta danoise, consacrant le pouvoir de cette nouvelle noblesse féodale. Selon ses termes, la Couronne danoise est régie par la loi et l’assemblée des seigneurs et le Danehof devient partie intégrante des institutions administratives.

Ces luttes intestines affaiblissent le royaume et il faut attendre l’arrivée sur le trône de Valdemar IV Atterdag (1340-1375) pour que le Danemark récupère sa position de puissance dominante de la Baltique. Les activités commerciales du pays sont cependant sérieusement menacées par la concurrence de la Ligue hanséatique, réunion de cités commerçantes allemandes pour la plupart, et l’opposition du royaume de Suède et du Holstein à l’expansion danoise.

L’Union de Kalmar et la Réforme

Une union politique fragile

En 1380, le Danemark et la Norvège s’unissent sous l’autorité d’un seul roi, Olav II Haakonsson, petit-fils de Valdemar IV ; la Norvège abandonne l’Islande et les îles Féroé, qui deviennent possessions danoises. Une noblesse de langue danoise s’installe en Norvège et exploite le pays. Lorsqu’il meurt en 1387, Marguerite Ire Valdemarsdotter, sa mère, lui succède. En 1389, elle obtient la couronne de Suède par la force et, en 1397, unifia les trois royaumes au sein de l’Union de Kalmar. Cette volonté de réunir les peuples scandinaves au sein d’un seul État, dans lequel le Danemark serait la puissance dominante, est une constante de la politique danoise et finit par échouer.

La noblesse suédoise réclame constamment l’autonomie à l’intérieur de l’Union et se révolte sous les règnes de Christian Ier (1448-1481), de son fils Hans (1481-1513) et de Christian II (1513-1523). En 1520, ce dernier reconquiert la Suède et fait exécuter 80 nobles suédois à Stockholm, épisode resté dans les mémoires sous le nom de Blodbad (« bain de sang »). La révolte nationale, menée par Gustave Vasa, continue pourtant de se propager. Ce dernier est élu roi de Suède en 1523, sous le nom de Gustave Ier.

Une nouvelle religion

La même année, Christian II est également chassé du Danemark par la noblesse du Jutland qui offre le trône à Frédéric Ier, un prince allemand. Une grande période d’instabilité s’ouvre alors. Lübeck, la plus puissante des cités hanséatiques, tente d’exercer une influence sur la politique danoise. Aidé du roi de Suède, Christian III parvient à mettre fin aux prétentions de Lübeck, et est couronné roi du Danemark en 1534. Acquis à la Réforme, il renforce son pouvoir par un véritable coup d’État, faisant arrêter tous les évêques du Danemark en 1536, tandis que Hans Tausen, un moine allemand, venu de Wittenberg, organise l’Église nationale luthérienne. Désormais, le luthéranisme devient religion d’État au Danemark. Les biens de l’Église tombent dans le domaine royal ; le même phénomène a lieu en Suède, les souverains scandinaves, endettés auprès de la Hanse, en profitent pour annuler leurs dettes.

Des rivalités dans le Nord

La rivalité commerciale et politique avec la Suède pour la domination de la mer Baltique est la cause de plusieurs guerres entre les deux États, notamment entre 1563 et 1570, et entre 1611 et 1613. Pour les Danois, ces conflits aboutissent à un affaiblissement constant de leurs finances et de leurs capacités militaires, ainsi qu’à la perte de leurs dernières possessions en Estonie (à l’exception d’Ösel).

Dans les années 1620, l’intervention de Christian IV dans le conflit religieux allemand pour défendre la cause protestante engage les Danois dans la guerre de Trente Ans. La constante rivalité pour la suprématie du Nord est à l’origine des nouvelles guerres suédoises de 1643-1645 et de 1657-1660, au cours desquelles le Danemark est sévèrement défait et perd un grand nombre de ses possessions dans la Baltique et en Suède. Ösel et Götland, la province norvégienne du Jämtland, la province de Halland sont cédées en 1645 par le traité de Brömsebro. Lors de la signature des traités de Westphalie, le Danemark abandonne la Scanie et le Bohüslan, l’île de Bornholm et la province norvégienne de Trondheim. Au total, le royaume danois a perdu toutes ses possessions en Suède et la Norvège est coupée en deux.

La monarchie absolue

Le renforcement du pouvoir royal

Ces défaites ont de lourdes répercussions sur l’économie et sur le régime politique du Danemark. La bourgeoisie commerçante, en plein essor mais durement touchée par la perte des marchés étrangers, se range aux côtés de la Couronne pour réduire les pouvoirs et les privilèges des nobles. En 1660, profitant de l’impopularité de la noblesse due aux multiples défaites militaires dans les guerres suédoises, la bourgeoisie et le clergé s’unissent lors d’une diète pour proclamer l’hérédité du pouvoir royal qui est reconnu comme absolu. Frédéric III en profite pour abolir le Rigsrad, Conseil du royaume auquel siège la noblesse laïque du pays, doté du pouvoir de censurer les actes du roi et sans lequel le souverain ne peut gouverner. En 1665, la loi royale introduit l’absolutisme de droit divin. Les privilèges d’exemption d’impôt accordés à la noblesse sont supprimés, et les nobles cèdent peu à peu la place aux roturiers dans l’administration danoise.

En 1781, le stavnsband, forme de servage pesant sur la paysannerie, fut aboli, et les grands domaines nobiliaires, démantelés afin de procéder à la redistribution des terres : en 1815, 60 % des métayers étaient redevenus propriétaires terriens.

Au XVIIIe siècle, le Danemark entame la colonisation du Groenland, qu’il possède depuis 1397. Le commerce danois en Extrême-Orient se développe, et des comptoirs sont établis en Inde, à Tranquebar (Tamil Nadu actuel) et à Serampore (Bengale), pourtant bientôt absorbés par les Britanniques, tout comme les îles Vierges dans les Antilles.

Une « mauvaise alliance » et ses conséquences

Au cours des guerres napoléoniennes, les tentatives anglaises de blocus du continent européen déclenchent des batailles navales avec le Danemark. Copenhague est bombardée en 1801 et en 1807 par la flotte britannique, ce qui provoque la destruction de la marine danoise. Le Danemark est alors isolé de la Norvège, et la monarchie danoise se range aux côtés de Napoléon.

Cette alliance est désastreuse : après le congrès de Vienne (1815), le Danemark doit céder Helgoland au Royaume-Uni et la Norvège à la Suède. En compensation, il reçoit la Poméranie suédoise, qu’il échange contre le Lauenburg, ancienne possession de la Prusse. Économiquement, les guerres napoléoniennes font perdre au Danemark d’importants marchés extérieurs et génèrent une forte inflation dans le pays. La stabilité économique ne revient qu’avec la fondation de la Banque centrale en 1818, mais la baisse des cours internationaux des céréales maintient l’agriculture danoise en crise jusqu’en 1828.

La monarchie constitutionnelle

Les bouleversements territoriaux

Les problèmes économiques ne sont pas sans effet sur la demande croissante d’une réforme politique visant à la mise en place d’une monarchie constitutionnelle. Elle est instaurée par la Constitution de 1849 qui garantit les libertés civiles et institue une double Assemblée législative, devant partager le pouvoir avec la Couronne.

La question des provinces du Schleswig-Holstein, deux duchés héréditaires, propriétés des rois de Danemark, confronte les Danois à de sérieuses difficultés à l’aube des révolutions de 1848. Ces deux duchés ont leur administration propre. Le roi Christian VIII déclenche la crise en proposant d’institutionnaliser l’usage de la langue danoise, décision unanimement refusée par les germanophones. Écrasés à la bataille de Bov en avril 1848, les indépendantistes du Schleswig font appel au roi de Prusse Frédéric-Auguste IV, qui obtient le soutien du Parlement de Francfort. Les Danois doivent alors reculer, mais la crise s’internationalise : la Suède et la Russie ne veulent pas voir la Prusse contrôler les détroits de la Baltique. Les efforts diplomatiques qui aboutissent au traité de Berlin (1850) permettent de signer une paix provisoire. Le Danemark reste souverain au Schleswig qui garde sa propre Constitution, le Lauenburg et le Holstein sont occupés par l’Autriche et la Prusse, garantes du statu quo.

En mars 1863, le Premier ministre du Danemark, Dan Hall, tente à nouveau de réunir les duchés à l’État danois. En 1864, la Prusse et l’Autriche entrent en guerre contre le Danemark pour l’empêcher d’annexer la province du Schleswig. Les Danois, privés du soutien de la Suède et de la Russie, aux prises avec une insurrection en Pologne, sont vaincus le 14 avril 1864 à Dybbol ; par la paix de Vienne (30 octobre 1864), ils perdent les deux duchés ainsi que le Lauenburg.

Les bouleversements sociaux et politiques

En 1866, la Constitution danoise est révisée afin d’accorder plus de pouvoir à la Haute Assemblée, dominée par les grands propriétaires. Mais l’essor industriel des dernières décennies du XIXe siècle a entraîné une croissance rapide du prolétariat, en majorité favorable au Parti social-démocrate (PSD), fondé en 1876. Après 1880, le PSD joue un rôle majeur dans le mouvement ouvrier danois et dans la lutte en faveur d’une Constitution démocratique.

Il accède au pouvoir en 1901 et met en place de nombreuses réformes sociales. Carl Zahle, le chef des radicaux, gouverne avec l’appui des sociaux-démocrates. Il fait accorder dès 1915, aux termes d’une révision libérale de la Constitution, le suffrage universel et le droit de vote aux femmes.

Le Danemark au XXe siècle

Les années 1914-1945

En 1917, le Danemark, qui demeure neutre durant la Première Guerre mondiale, vend les îles Vierges aux États-Unis. L’année suivante, le pays reconnaît l’indépendance de l’Islande mais continue d’en gérer la politique étrangère, le roi de Danemark restant le chef de l’État islandais. En 1920, la partie septentrionale de la province du Schleswig (à majorité danoise) est intégrée au Danemark après un plébiscite organisé en conformité avec le traité de Versailles ; la partie méridionale se prononce en faveur du maintien dans l’Allemagne.

En avril 1939, le gouvernement danois signe un pacte de non-agression d’une durée de dix ans avec l’Allemagne nazie. Pourtant en avril 1940, au cours de la Seconde Guerre mondiale, les troupes allemandes envahissent le pays ; le gouvernement danois réussit toutefois à garder le contrôle des affaires intérieures jusqu’en 1943. Au mois de décembre 1942, la police danoise organise le départ vers la Suède de 6 000 Juifs, parmi lesquels le savant Niels Bohr, à la veille de leur arrestation et de leur déportation.

À cette époque, les influences territoriales évoluent. La Grande-Bretagne occupe les îles Féroé et, en 1941, les États-Unis établissent un protectorat provisoire sur le Groenland, y installant plusieurs stations météorologiques et des bases aériennes. En 1944, après un référendum national, l’Islande rompt les derniers liens qui la lient au Danemark et proclame sa souveraineté.

Les changements de l’après-guerre

En 1948, le Danemark accorde l’autonomie aux îles Féroé. Les Danois rejoignent l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en 1949 et deviennent membres de plusieurs autres organisations internationales, dont l’Association européenne de libre-échange (1959) et la Communauté économique européenne (1972) (voir Union européenne).

En 1953, une Constitution révisée est adoptée : elle instaure un Parlement monocaméral, autorise l’accession d’une femme sur le trône et fait du Groenland une partie intégrante du Danemark. Le territoire ne voit son autonomie reconnue qu’après le référendum de 1979.

Alternance politique

Marguerite II À la mort de son père Frédéric IX, en 1972, Marguerite II est couronnée reine du Danemark. Elle est la première reine du pays depuis le règne de Marguerite Ire, plus de cinq siècles et demi plus tôt.Liaison Agency/Teit Hornback

Les élections de 1968 mettent fin à quarante années de domination du PSD. Hilmar Baunsgaard, chef du Parti libéral-radical, forme un gouvernement de coalition qui se maintient jusqu’en 1971, lorsque Jens Otto Krag, ancien Premier ministre issu du PSD, reprend le pouvoir. En janvier 1972, Marguerite II succède à son père, le roi Frédéric IX, décédé. Quelques mois plus tard, Krag démissionne et est remplacé, à la tête du gouvernement et de son parti, par Anker Jørgensen ; à la fin de 1973, les sociaux-démocrates perdent les élections, et Poul Hartling, un libéral, forme un gouvernement de minorité.

Redevenu Premier ministre après les élections de 1975, Jørgensen dirige, lui aussi, un gouvernement minoritaire. Il se maintient au pouvoir jusqu’en septembre 1982, lorsque Poul Schlüter, conservateur, prend la tête d’une coalition de centre droit. Les élections de janvier 1984 renforcent la coalition, qui est reconduite en 1987, 1988 et 1990.

En 1985, le Folketing, qui prend l’année suivante d’importantes mesures de protection de l’environnement, se prononce contre un projet de centrale nucléaire et pousse le gouvernement à militer en faveur de la constitution d’une zone nordique non nucléaire. Le gouvernement résiste, mais cette querelle interne sur une question aussi stratégique nuit temporairement aux relations entre le Danemark et l’OTAN.

Impliqué dans un scandale portant sur les visas d’immigration, le Premier ministre Schlüter démissionne en janvier 1993. Un nouveau gouvernement de coalition est constitué par le social-démocrate Poul Nyrup Rasmussen ; la coalition se maintient au pouvoir après les élections de septembre 1994, mais avec une majorité réduite qui reflète le mécontentement populaire causé par le chômage et les inquiétudes sur l’avenir du système social.

Les Danois se montrent toujours circonspects et divisés vis-à-vis de l’intégration européenne : en mai 1993, alors qu’ils ont rejeté le traité de Maastricht l’année précédente avec 50,7 % de voix contre, ils se prononcent, à 56,8 %, en faveur d’un traité renégocié, exemptant leur pays de certaines dispositions en matière de monnaie, de citoyenneté européenne et de défense.

Malgré une situation économique difficile, la coalition dirigée par les sociaux-démocrates, à la surprise générale, conserve de justesse la majorité aux élections législatives de mars 1998. Poul Nyrup Rasmussen est donc reconduit au poste de Premier ministre. Ces élections sont également marquées par la montée du Parti du peuple danois (DFP), parti d’extrême droite, qui obtient 6,8 % des votes.

Mais la question européenne continue d’être au centre des débats politiques, contraignant le Premier ministre à décider de la tenue d’un référendum sur le traité d’Amsterdam, le 28 mai 1998, que les électeurs entérinent par 55,1 % de voix favorables. En revanche, les Danois n’adoptent pas l’euro bien que les critères de convergence soient remplis. Au printemps 1998, un grave conflit social (un demi-million de grévistes) secoue le pays. Des réformes de la fiscalité et du système de retraite anticipée (consistant à reculer l’âge de la retraite afin de remédier à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, 13 % des emplois vacants étant inoccupés) sont annoncées et des mesures de restriction de la consommation sont prises afin d’éviter la surchauffe économique. Le Danemark s’engage par ailleurs, le 24 mars 1999, aux côtés de treize des dix-neuf membres de l’OTAN, dans l’opération « Force alliée » contre la Yougoslavie. Lors des élections européennes de juin 1999, les libéraux obtiennent 22,7 % des voix (soit 5 sièges au Parlement européen), tandis que les sociaux-démocrates recueillent 16 % des voix (3 sièges) et les anti-européens 15,7 % des suffrages (3 sièges également), parmi lesquels le DFP obtient pour la première fois 1 siège.

Depuis lors, la popularité de ce parti ne cesse d’augmenter, ce qui amène le gouvernement à présenter un plan visant à restreindre le regroupement familial et à rendre plus difficile la possibilité des « mariages arrangés » donnant droit à une carte de séjour en février 2000. Outre l’immigration, l’autre grand débat qui divise la société danoise est la question de l’adhésion à la zone euro. A l’issue d’un référendum organisé le 28 septembre 2000, proposant d'adopter la monnaie unique européenne, les électeurs danois votent majoritairement « non » (53,1 % des suffrages contre 46,9 % pour le « oui »). Cette majorité de « non » constitue une défaite pour le Parti social-démocrate du Premier ministre Poul Nyrup Rasmussen qui a fait activement campagne pour l’adoption de l’euro, alors que le Parti du peuple danois (DFP), qui a défendu le « non », sort renforcé du scrutin. La majorité des partis, la presse et les milieux économiques ont recommandé aux électeurs d'approuver l'adoption de l'euro mais ils se heurtent à la crainte des Danois qu'une trop forte intégration dans l'Union européenne ne menace leur système de protection sociale.

En mars 2000, des négociations s’engagent entre le Danemark et les îles Féroé pour redéfinir le statut de semi-autonomie de ces dernières, qui aspirent à l’indépendance.

La majorité parlementaire du Danemark bascule à droite en novembre 2001. Un mois auparavant, le Premier ministre social-démocrate Poul Nyrup Rasmussen, au pouvoir depuis 1993, avait annoncé des élections législatives anticipées, pensant prendre de court l’opposition. Mais les partis de droite obtiennent 55,3 % des suffrages (98 sièges). Au sein de cet ensemble, le Parti libéral, emmené par Anders Fogh Rasmussen, devient la première force politique du pays avec 31,3 % des suffrages (56 députés). La gauche obtient 77 sièges, dont 52 pour les sociaux-démocrates (29,1 % des voix). Anders Fogh Rasmussen forme un gouvernement de coalition composé de ministres libéraux et de conservateurs, qui devra obtenir le soutien parlementaire du DFP. En effet, avec 12 % des suffrages (22 sièges), le parti xénophobe de Pia Kjaersgaard double son score et se place en troisième position sur l’échiquier politique.

Danemark (en danois, Danmark), officiellement royaume du Danemark, pays du nord-ouest de l’Europe, bordé au nord par le Skagerrak, un détroit entre la mer du Nord et la Norvège, à l’est par le Kattegat et l’Øresund, au sud par la mer Baltique, le détroit de Fehmarn et l’Allemagne, à l’ouest par la mer du Nord.

Le Danemark possède deux territoires dans l’Atlantique Nord : les îles Féroé et le Groenland. Ces terres, qui devinrent possession danoise à la fin du XIVe siècle, bénéficient d’un statut d’autonomie, respectivement depuis 1948 et 1979. Le Danemark proprement dit a une superficie de 43 094 km². La capitale du pays est Copenhague.

Le territoire du Danemark se compose du Jutland (70 % de la superficie du pays), une péninsule s’étendant sur environ 338 km du nord au sud, et de plus de 500 îles dans la mer du Nord et la mer Baltique. Les îles principales sont situées entre le Jutland et la Suède. Sjælland est la plus grande d’entre elles, suivie de la Fionie, de Lolland, de Falster, de Langeland et de Møn. Dans la mer Baltique, à environ 130 km à l’est de Sjælland, se trouve l’île de Bornholm.

Le pays est l’un des plus plats du monde. L’altitude moyenne dépasse à peine 30 m au-dessus du niveau de la mer. Ce sont les glaciations du quaternaire qui ont donné au territoire danois son caractère particulier. Presque tout le pays est couvert d’un manteau morainique irrégulier, constitué d’argiles, de sables, de graviers et de pierres. Partout l’érosion glaciaire et postglaciaire a laissé des traces, la ligne d’arrêt des glaces, qui court de la mer du Nord à Viborg puis redescend plein sud vers Tringlev à la frontière avec l’Allemagne, sépare les landes du Jutland occidental, dont la végétation d’origine, la bruyère, a cédé la place a des plantations de pins sylvestres, de sapins et à des cultures diverses. Le point culminant du pays est situé à Yding Skovhøj (173 m), dans le centre-est du Jutland.

L’ouest du Danemark est une région plate constituée de sable et de gravier déposés par la fonte des glaciers ; la côte est bordée de dunes. L’est, légèrement plus élevé, est une zone de plaines fertiles et de collines ; la côte est très profondément entaillée par une série de fjords. Le Limfjorden, le fjord le plus septentrional, traverse la péninsule d’est en ouest sur 180 km, du Kattegat jusqu’à la mer du Nord, par le canal Thyborøn.

Le réseau hydrographique est faiblement développé en raison de la fragmentation du relief. Le plus important des fleuves est le Guden, dans le Jutland (160 km). Les lacs, pour la plupart d’origine glaciaire, couvrent environ 435 km² de superficie et sont surtout disséminés sur la façade scandinave du pays et dans les îles.

Le nom du drapeau danois, Dannebrog, qui signifie «le drapeau des Danois» ou «drapeau rouge», apparaît pour la première fois dans un texte danois en 1478 et un siècle plus tôt dans un texte néerlandais. Les armoiries de Valdemar IV Atterdag figurent dans un armorial néerlandais (Gelre) datant de 1370-1386, sous la forme d'un drapeau rouge à croix blanche.

La légende veut que le Dannebrog soit tombé du ciel pendant une bataille livrée en Estonie ; cette légende est relatée dans la chronique danoise de Christiern Pedersen, qui date du début des années 1520 et par un moine franciscain du nom de Peder Olsen, vers 1527. Ce dernier fait remonter le miracle à une bataille livrée en 1219 ; la tradition veut que le drapeau soit apparu à Lyndanisse, le 15 juin 1219. Cette légende a probablement pris corps vers 1500, l'idée s'étant répandue que la bannière perdue par le roi Hans lors d'une défaite dans le Ditmarsk, au nord de l'Allemagne, en 1500 était précisément ce Dannebrog tombé du ciel. Frederik II reconquit la bannière du roi Hans en 1559 et la fit accrocher dans la cathédrale du Schleswig, au nord de l'Allemagne actuelle. Une chanson datant de l'expédition de 1500 relie la bannière ornée d'une croix à l'empereur de Rome, Constantin, qui rêva de la croix en 312, avant la bataille qui fit de lui le souverain unique de l'Empire romain et qui, selon la tradition, le convertit au christianisme. Cette vision de la croix, à laquelle se rapportent les mots in hoc signo vinces (sous ce signe, tu vaincras) est le prototype des apparitions miraculeuses d'une croix dans le ciel, que les habitants de la péninsule ibérique, en particulier, rattachaient aux batailles que se livraient les chrétiens et les infidèles.

L'Ordre portugais du Christ, qui fut fondé en 1318 au cours d'une croisade contre les Maures, portait une croix blanche pattée bordée de rouge et la pièce d'or portugaise appelée le portugalais reproduisait la croix du Christ et les mots in hoc signo vinces. A partir de 1591, Christian IV fit frapper des monnaies danoises portant une croix similaire qui fut bientôt considérée comme celle du Dannebrog. En 1603, on y ajouta la maxime de Constantin citée par Arild Huitfeldt dans sa chronique où figure aussi la comparaison de la vision de Constantin et de la légende du Dannebrog.

Les armoiries du royaume de Danemark existent en deux versions : les petites armoiries du royaume, appelées de nos jours les armoiries de l'Etat, et les grandes armoiries du royaume, appelées de nos jours les armoiries royales. Ces armoiries sont utilisées par la famille royale et les institutions de l'Etat comme emblèmes d'Etat et sont le symbole de la souveraineté. En principe, les armoiries de l'Etat sont celles qui sont en usage depuis l'époque des Valdemar : trois lions environnés de cœurs. Les armoiries royales, formées d'un écu de plusieurs quartiers tenu par des sauvages sous un pavillon et entouré de colliers d'ordres de chevalerie, a connu plusieurs modifications, la dernière en 1972, par suite d'une résolution royale. En 1959, il a été décidé que les armoiries royales seraient réservées au souverain, à la famille royale et à la cour, ainsi qu'à la Garde royale, tandis que les autres autorités de l'Etat devraient se contenter des armoiries de l'Etat. La couronne, ouverte à l'origine, fait partie des armoiries du royaume, mais depuis 1624, elle est représentée sous la forme d'une couronne fermée, ornée d'arceaux et du globe du pouvoir et surmontée d'une croix. La couronne symbolise à la fois le pouvoir monarchique et le pouvoir étatique. Les reproductions des armoiries du royaume figurant sur les sceaux et les monnaies et pendant l'exercice du pouvoir soulignent les droits du monarque ainsi que la souveraineté du roi et de l'Etat. Les armoiries du royaume et la couronne sont protégées par la loi contre les utilisations abusives. Les fournisseurs de la cour royale sont autorisés à ajouter la couronne à leur marque de fabrique et les fournisseurs attitrés de la cour royale les armoiries royales ou uniquement la couronne.
Les armoiries royales, dessinées en 1972 par Claus Achton Friis. On distingue sur cet écu, tenu par deux sauvages et entouré par les colliers de l´Ordre de l´Eléphant et de l´Ordre du Dannebrog: la croix du Dannebrog, les lions et les cæurs du Danemark, les deux lions du Sud-Jutland, les trois couronnes de l´Union de Kalmar, le bélier des îles Féroé, l´ours du Groenland et les deux fasces d´Oldenbourg.
Le contenu des armoiries royales a varié au cours des siècles. L'écu a porté les armoiries des régions sur lesquelles le roi a régné pendant certaines périodes ou de celles qu'il revendiquait. Au Moyen Age, les écus des jeunes fils des rois portaient un ou deux lions en signe de vassalité. Les deux lions du Schleswig apparurent dès 1245 et entrèrent dans les armoiries du roi en 1460, de même que la feuille d'ortie du Holstein, qui était, à l'origine, les armes de la famille des Schauenbourg. Les comtes de Halland, l'une des lignées bâtardes de la famille royale, portèrent au XIIIe s. un lion surmontant un certain nombre de cœurs. En 1449, Christian Ier ajouta dans ses armoiries un lion surmontant neuf cœurs pour illustrer son titre de «roi des Goths», selon toute vraisemblance afin de dominer la Suède, où le mythe patriotique en vertu duquel les Suédois seraient les descendants des Goths victorieux contribuait fortement à augmenter la fierté nationale. Pour le titre de «roi des Vendes», on ajouta en 1440 la guivre rappelant un dragon, qui peut symboliser le paganisme, faisant ainsi allusion à la victoire remportée antérieurement sur les Vendes païens. Les deux fasces d'Oldenbourg ont été ajoutées par Christian Ier et la croix de Delmenhorst se trouve dans les armoiries royales de l'époque de Frederik Ier. Le cygne de Stormarn avec sa couronne autour du cou apparut dès 1476. La croix du Dannebrog fit partie des armoiries royales depuis l'époque d'Erik VII de Poméranie ; il en est de même pour le lion portant une hache représentant la Norvège et pour les armoiries de la Suède. Les trois couronnes étaient à l'origine les armoiries de la Suède, mais elles en vinrent à symboliser les trois royaumes nordiques de l'Union de Kalmar.
Après la dissolution de cette Union, Christian III porta les trois couronnes à partir de 1546 en tant qu'armoiries de prétention ; c'est ainsi que les rois dano-norvégiens soulignaient leur volonté politique de dominer aussi la Suède. Les Suédois s'insurgèrent contre l'utilisation des trois couronnes dans ces armoiries, surtout au XVIe s. Les quartiers de Bavière et de Poméranie apparurent sous le règne des rois originaires de ces pays.
La conquête du Ditmarsk, en 1559, fut indiquée par un quartier orné d'un cavalier. A partir du XVIe s., l'Islande fut représentée par une morue couronnée qui fut remplacée par un faucon en 1903. Les anciennes armes des îles Féroé, le bélier, furent combinées avec celles du roi à partir de 1668 et l'ours groenlandais remonte à 1665.
En 1819, une tête de cheval fut ajoutée pour représenter le Lauenbourg. De plus, les armoiries suivantes ont été utilisées : l'Agnus Dei du Gotland, l'aigle de l'Øsel, la couronne de Femern et le dragon de Bornholm. Les cornes de bœuf, parfois revêtues d'hermine et ornées de plumes de paon, furent le cimier du casque royal de la fin du XIIIe s. aux années 1420.
Les armoiries de l´Etat, dessinées par Aage Wulff en 1991 pour leur emploi officiel. Les couleurs de l´écu sont attestées depuis env. 1270. Les lions sont couronnés depuis le XIIIe s. Le nombre des cæurse a été fixé à neuf au XVIe s.
Devise nationale : Lad os hygge os
Devise royale : Guds hjÃlp, folkets kÃrlighed, Danmarks styrke. (L'aide de dieu, l'amour du peuple, la grandeur du Danemark)

Der er et yndigt land
(Il est un doux pays)
Est un chant patriotique danois d'Adam Gottlob Oehlenschläger (1779-1850), dont la musique est de H.E. Krøyer (1798-1879); des mélodies ont ensuite été composées par Thomas Laub (1852-1927) et Carl Nielsen (1865-1931).

Ce chant est considéré par beaucoup comme l'hymne national, tandis que le chant "Kong Christian" est plutôt qualifié d'hymne royal et joué en présence d'un membre de la famille royale.

Kong Christian stod vej højen mast
(Le roi Christian se tenait au pied du haut mât)
Les paroles, de Johannes Ewald (1743-1781), se trouvent dans l'opérette "Fiskerne" (Les pêcheurs, 1780).

La mélodie originelle, que Johan Ernst Hartmann (1726-1793) avait écrite pour la poésie d'Ewald était simplifiée et fut rendue populaire par Friederich Kuhlau (1786-1832) lorsqu'il composa la musique "d'Elverhøj" (La colline aux elfes), pour l'opéra national danois en 1828.

A lovely land is ours

A lovely land is ours
With beeches green about her
Encircled by the sea
Her hills and vales are manifold
Her name, of old, is Denmark
And she is Freya's home

In days of long-ago
This land was home to heroes
From war they rested here
Then forth they went, to smite the foe
Now to their graves they've gone
Among the barrow-stones

This land is yet so fair
Her waters yet so blue
And green are still her leaves
And noble ladies, maidens fair,
And men and able lads
Still dwell on Danish soil

Hail Sovereign, hail Home !
Hail every Dane who labours
To do his very best
Our ancient Denmark shall abide,
While yet the waves reflect
The beeches in their blue

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