Régions Chinoises
 
 
 
 
 
La Chine est située en Asie de l'est et bordée par l'océan Pacifique. Elle est le troisième pays du monde par superficie, derrière la Russie et le Canada, avec une étendue territoriale de 9,6 millions de km², soit 1/15 de la superficie terrestre du monde et 1/4 de la superficie de l'Asie.

Le pays s'étend à l'est jusqu'au confluent du Heilongjiang, et du Wusulijiang ; à l'ouest jusqu'aux plateaux Pamir dans la Région Autonome Ouïgoure du Xinjiang ; au nord, près de Mohe, jusqu'à la ligne médiane du chenal principal du Heilongjiang ; au sud, jusqu'au récif de Zengmu à l'extrémité sud des îles Nansha, dans la mer de Chine méridionale.
D'ouest en est, sa longueur maximale est de 5 200 km, et celle entre le nord et le sud, de 5 500 km.

Les frontières terrestres du pays mesurent plus de 22 000 km. Sa façade littorale, de plus de 18 000 km, est baignée à l'est par les mers de Bohai et de Huanghai, et au sud par les mers de Chine orientale et de Chine méridionale. La Chine possède un relief complexe caractérisé par une partie occidentale beaucoup plus élevée que la partie orientale ; les montagnes, les plateaux et les collines occupent 65% de sa superficie. La Chine dispose d'un grand nombre de fleuves et de lacs. Ses cours d'eau s'étendent sur une longueur totale de 220 000 km.

Le territoire de la Chine est divisé en 6 régions principales comprenant 26 provinces. De ces 26 provinces, les cinq suivantes sont indépendantes : Mongolie intérieure, Ningxia, Guangxi, Heilongjiang et le Tibet. Notons aussi que trois villes sont indépendantes, c'est-à-dire qu'elles ne dépendent d'aucune province, mais directement du gouvernement central : Beijing, Tianjin et Shanghai.
 
 
 
La Chine du Nord
 
 
Pékin
 

Pékin, en chinois Beijing, « capitale du Nord ».
Municipalité autonome située à l'intérieur de la province du Hebei.
10,8 millions d'habitants.
Superficie : 17 000 km².
Centre politique, administratif et culturel du pays.

Les origines de Pékin remontent à l'Antiquité. On retrouve, tout autour de la capitale, des traces de petites agglomérations vieilles de 4 000 ans. De 723 à 221 av. J.-C., le site était occupé par la ville de Ji, capitale du royaume de Yan. Le fondateur de l'Empire chinois, Qin Shihuangdi, la fit raser lors de la conquête de Yan. Une fois maître du pays, il entreprit l'édification de la Grande Muraille. Sous les Tang, Pékin n'était plus qu'une petite sous-préfecture, mais c'est entre ses murs, loin de la capitale Chang'an, qu'éclata la rébellion de An Lushan, qui marqua le début du déclin de la dynastie. Détruite à nouveau par les Liao, elle redevint capitale au XIIème siècle avec la dynastie des Jin (les Jürchen). Plus tard, Kubilai en fit la capitale du nouvel empire unifié sous l'autorité d'une dynastie mongole, et lui donna le nom de Dadu (« grande capitale »), ville qui émerveilla Marco Polo par ses splendeurs. Mais c'est sous les Ming et les Qing que Pékin connaît les sommets de sa gloire. La légende raconte que l'empereur Yongle reçut les plans de la capitale d'un prêtre taoïste envoyé par le ciel. Sa conception en damier serait l'expression d'un ordre cosmique selon lequel chaque édifice ou espace correspondrait à une partie du corps humain ; les remparts et les nombreux murs d'enceinte des différents quartiers ou des demeures constituant l'ossature de cet univers clos sur lui-même. La conception des bâtiments devait répondre à une triple vocation celle de temple, celle de palais et celle de salle d'audience. Mise à sac et incendiée par les puissances occidentales en 1860 et 1901 au cours d'expéditions punitives, pillée par les armées locales des Seigneurs de la guerre, puis occupée par les troupes japonaises, Pékin sombra peu à peu dans l'incurie, et se trouva réduite à l'échelle de ville provinciale, blottie derrière ses remparts. Redevenue capitale en 1949, elle fut alors chargée de symboliser la victoire récente du monde paysan, qui venait de la conquérir, sur « l'impérialisme et la dépravation bourgeoise » associés l'image de Shanghai.
En signe de dignité retrouvée, les quartiers insalubres furent rasés, de larges artères furent percées. La ville poussiéreuse se proposait de devenir une ville verte. Malheureusement, la destruction des remparts, des magnifiques arches (pailou) qui ornaient les rues et la disparition des vieux quartiers animés firent d'elle une ville morte, qui garda, durant trente ans, des dimensions de vaste village.
Au cours de la dernière décennie, Pékin s'est réouverte sur le monde et est entrée à pas de géant dans l'ère de la consommation. Elle est aussi la capitale d'une société qui se diversifie et réclame autant le pluralisme politique et la démocratie que le libéralisme économique. La contestation n'a cessé de s'y exprimer, à travers la jeunesse, de 1976 à 1989. La capitale est aujourd'hui un enjeu politique pour le système et le symbole de l'unité d'un pays par ailleurs plongé dans un affairisme effréné et en proie à des forces centrifuges de toutes sortes, au moment même où il est question de réunification avec Hong Kong et Taiwan.
Pékin, centre politique, administratif et culturel de la Chine, Pékin, capitale des derniers empereurs chinois, ville musée, ville temple, ville palais, Pékin est la plus belle vitrine de la Chine. Passage obligé, mais pas obligatoire, pour les touristes du monde entier, les chefs d'Etat en visite officielle, les hommes d'affaires avides de pénétrer le plus colossal marché de la planète, Pékin est ainsi devenue une véritable capitale internationale. Pourtant, il y a trente ans à peine, Pékin vivait tranquille, douillettement blottie derrière ses épais remparts carrés, vaste village construit au ras du sol. De larges avenues traversaient ce village qu'elles découpaient selon un plan en damier. C'était dans les quartiers ainsi délimités, de forme rectangulaire, que vivaient la majorité des Pékinois. Chaque quartier était desservi par un entrelacs de toutes petites ruelles tortueuses, les hutong, qui se faufilaient entre les maisons d'habitation sans étage. Une promenade dans ces petites rues calmes, trop étroites pour que les voitures y pénètrent, vous permettait d'apercevoir une vieille grand-mère promenant ses petits-enfants dans une poussette branlante, un groupe de vieillards tirant sur leur pipe et complètement absorbés par leur jeu de cartes ou d'échecs chinois, des jeunes vaquant à leurs occupations et des vélos qui vous frôlaient avant de disparaître dans une petite maison grise, aux murs pudiquement aveugles. Vous étiez là vraiment en Chine, dans la capitale d'un pays où 80 % de la population vit encore du travail de la terre, au rythme du soleil.
De ce village étonnant subsistent encore quelques rares quartiers que vous découvrirez sans trop de peine, du quinzième étage de votre hôtel, ou en flânant loin des grandes avenues encombrées. Mais Pékin a fini par se libérer de la menace qui le condamnait à rester à ras de terre ! Alors que du temps des empereurs personne n'était autorisé à construire une demeure dont le toit s'éleverait au-dessus de ceux de la Cité Interdite, l'horizon se hérisse aujourd'hui de grands immeubles modernes et la belle harmonie d'autrefois est définitivement brisée.
 
La place Tian'Anmen
 
D'une surface de 40 ha, la vaste place Tian'Anmen est le véritable coeur de Pékin et de la Chine. C'est sur cette place que sont célébrées les fêtes du 1er octobre et du 1er mai, c'est là qu'un million de Pékinois ont rendu un dernier hommage au président Mao. C'est là également que se sont exprimées la dissidence et l'opposition contre le pouvoir central, lors des émeutes du 5 avril 1976 qui annoncèrent la fin de l'ère maoïste ; là, encore, que se sont déroulés les événements qui ont conduit au « massacre de Tian'Anmen », en juin 1989. Au centre de la place se dresse le monument aux Héros du peuple. C'est un obélisque en granit de 38 m de haut. Sur sa face nord se trouve une calligraphie du président Mao et au sud une calligraphie du Premier ministre Zhou Enlai.
Au sud de la place se trouve le mausolée de Mao Zedong, qui fut inauguré le 9 septembre 1977, un an après sa mort. On peut le visiter sur demande auprès de l'Agence de tourisme. A l'est, le musée d'Histoire et de la Révolution et à l'ouest, le palais de l'Assemblée du peuple ont été construits en une année, en 1959. Ce sont deux bâtiments gigantesques : le palais de l'Assemblée du peuple offre une surface disponible de 171 800 m². Au nord, la place donne sur l'avenue Chang'an, large de 80 m, et sur la porte Tian'Anmen, ou porte de la Paix céleste, emblème national de la Chine moderne. Tous les enfants chinois connaissent la chanson qui est dédiée à ce majestueux édifice Wo ai Beijing Tian'anmen, «j'aime la porte Tian'Anmen ».
 
La porte Tian' Anmen
 
Construite sous les Ming, elle est percée de cinq passages qui mènent à l'intérieur du Palais impérial. Autrefois, l'empereur n'utilisait le passage central qu'à de très rares occasions, lors des solstices d'hiver et d'été ou pour implorer les dieux, lorsque ses soldats partaient en guerre. C'est aussi du haut de cette porte que les édits impériaux étaient transmis aux fonctionnaires qui les recevaient à genoux. Durant la Révolution culturelle, les gardes rouges défilèrent devant la porte Tian'Anmen pour saluer le président Mao qui se tenait sur la tribune.
Tian'Anmen, la porte de la Paix céleste, est devenue un symbole de la Chine, et son image se retrouve sur d'innombrables badges, illustrations et est utilisée par des marques diverses. Le pavillon de la porte Tian'anmen repose sur un imposant massif de maçonnerie, haut d'une dizaine de mètres et percé de cinq portes. On accède à la porte Tian'Anmen par sept ponts de marbre blanc, qui enjambent la rivière aux Eaux dorées (Jinshuihe), dont les eaux alimentent les douves qui cernent le Palais impérial et les cours d'eau qui traversent la Cité interdite. Le marbre blanc des ponts contraste admirablement avec le pourpre des murs massifs et les dorures des poutres de Tian'Anmen. On peut visiter, pour 30 yuan, le pavillon de la porte. C'est une salle imposante, longue de neuf travées et large de cinq. La travée est la mesure de superficie classique chinoise. Quatre colonnes forment une travée. La combinaison du nombre des travées (9-5) est, d'après le Livre des mutations, le symbole de la dignité impériale. On remarquera, de chaque côté de la porte Tian'anmen, deux grosses colonnes de marbre blanc sculpté. Ce sont des huabiao, c'est-à-dire, approximativement, des bornes rituelles. Les huabiao de la porte sont surmontés de deux ailerettes et d'un animal fabuleux accroupi. La colonne est couverte de nuages sculptés, parmi lesquelles flottent d'énormes dragons. Les animaux fabuleux étaient là pour surveiller l'empereur pendant ses déplacements en province, tout en l'enjoignant à revenir au plus vite. Derrière la porte Tian'Anmen se trouvent deux autres huabiao, également surmontés d'animaux fabuleux qui, cette fois, sont tournés vers le palais. Ceux-là sont censés surveiller les agissements de l'empereur dans sa vie privée et l'encourager à sortir de sa Cité interdite pour venir écouter son peuple.
 
La mausolée de Mao
 
Au-delà du monument aux Héros s'élève le mausolée de Mao, inauguré le 9 septembre 1977: une grande bâtisse à colonnade, animée de groupes de statues géantes retraçant l'épopée révolutionnaire dans le style cher au réalisme socialiste, entourée d'un jardin. Après avoir franchi l'entrée principale au N, on accède à un hall où sont parfois organisées des cérémonies commémoratives, devant une grande statue en marbre blanc de Mao assis, avec en toile de fond une broderie longue de 24 m. Deux pièces attenantes sont réservées au repos des visiteurs de marque. Dans la salle centrale repose le corps embaumé du fondateur de la nouvelle Chine, recouvert du drapeau rouge, dans un cercueil de cryolithe. Enfin aux murs de la salle sud, gravés pour l'édification des pèlerins, quelques textes célèbres du père fondateur.
 
Le palais de l'Assemblée du Peuple
 
Fermant la place Tian'Anmen à l'Ouest, le Renmin dahui tang, ou palais de l'Assemblée du peuple, est un bâtiment moderne à colonnes, qui ne doit presque rien aux conceptions architecturales traditionnelles, couvrant 171 800 m². Il est aux dimensions de la Chine avec une salle de banquet pour 5 000 convives, une autre salle de 10 000 places, réservée aux meetings et réunions de l'Assemblée populaire, et beaucoup d'autres encore pour les réceptions des délégations étrangères.
 
La Cité Interdite
 
Une page est consacrée à ce gigantesque palais qu'est la Cité Interdite.
 
Le temple du Ciel
 
La majesté du site, grandiose représentation symbolique de l'univers "cosmodrome" où l'Empereur entrait en résonance avec le ciel et la terre, s'accommode mal de la cohue et du brouhaha de la foule sur fond de musique antique. Il est aujourd'hui bien difficile d'y retrouver la magie du lieu...
Situés au Sud de la ville, près de Yongding men, dans un beau parc de 260 ha, au milieu d'une enceinte murée longue de 6,4 km et percée de quatre portes aux points cardinaux, les éléments du site sacré se distribuent selon un axe sud-nord.
Au midi, le Huanqiu tan, ou tertre circulaire, est entouré d'un mur concentrique, lui-même inscrit dans une seconde enceinte de plan carré. Les trois terrasses de marbre blanc, chacune entourée d'une balustrade également de marbre comprenant 360 piliers, forment l'esplanade-autel du "sacrifice au Ciel". Cette surface est faite de dalles s'ordonnant en cercles concentriques autour d'une dalle centrale. Chaque cercle comprend un nombre de dalles multiple de neuf. Une allée conduit à la triple porte qui donne accès à une cour où s'élève Huangqiong yu, la Voûte céleste impériale. Ce temple de plan circulaire, haut de 19,5 m, au toit couvert de tuiles bleues, abritait les tablettes ayant place dans le rituel impérial. Le mur d'enceinte circulaire possède une propriété acoustique expérimentée par la plupart des visiteurs: une personne tournée vers ce mur intérieur peut converser à voix normale avec une autre placée en un point diamétralement opposé.
En outre, trois dalles de l'allée qui mène à l'escalier du temple ont des propriétés plus surprenantes encore: depuis la première, un son provoque un écho simple, depuis la seconde un double écho, et de la troisième un triple écho.
Quittant la Voûte céleste par une triple porte rouge, on s'engage alors sur la belle chaussée dallée qui, après deux autres portes, aboutit à la cour où se dresse, sur une triple terrasse de marbre blanc, Qiman dian, le temple de la Prière pour de bonnes moissons. Après Tian' Anmen, il est sans doute le monument de Chine le plus photographié et le plus souvent reproduit. Ce n'est qu'en le contemplant que l'on comprend le mieux ce qu'il traduit: la stabilité de l'univers, l'harmonie, l'équilibre.
Le premier fut édifié en 1420, restauré en 1751, frappé et détruit par la foudre en 1889, reconstruit à l'identique, puis restauré avec le plus grand soin depuis 1949. De 30 m de diamètre et 38 m de hauteur, il se compose d'une triple toiture recouverte de belles tuiles vernissées bleues et surmontée d'une boule dorée, de quatre colonnes principales (représentant les saisons) et de vingt-quatre autres colonnes placées en deux cercles concentriques (les mois, les heures). Ces colonnes soutiennent une admirable charpente assemblée sans un clou. Au centre du dallage intérieur, une pierre particulière porte le nom de Longfeng shi (pierre du Dragon et du Phénix); tout autour, des trônes vides attendent de recevoir les tablettes rituelles. Derrière et en contrebas, Huangqian dian, le temple de l'Auguste Ciel, de plan rectangulaire, occupe une place mineure. C'est aujourd'hui un musée. À l'est, une galerie couverte conduit à des édifices annexes où étaient préparées les offrandes.
C'est dans ce cadre, et jusqu'en 1911, que les trois grandes cérémonies annuelles furent célébrées sans interruption: au solstice d'hiver, l'empereur rendait compte au Ciel des événements écoulés et de sa gestion (jiao tian); à la première lune de l'année, il venait rendre hommage au Ciel qui lui renouvelait son mandat (de xin); à la fin du printemps, il priait le Ciel d'accorder la pluie et de bonnes récoltes (da yu). Ces cérémonies apparaissaient comme la seule justification du pouvoir impérial. Le souverain entrait dans l'espace sacré par la porte Sud. Sur la grande esplanade, il accomplissait face au Nord les trois génuflexions et les neuf prosternations, comme le faisaient devant lui les vassaux qui paraissaient au palais... Il était seul dans ce tête-à-tête avec le Ciel, les princes, ministres et dignitaires se tenant à l'écart. Isolé à l'Ouest, le palais du jeûne est devenu un théâtre en plein air, les enfants jouent aux alentours, des jeunes gens flânent sur la chaussée impériale... Plus loin à 1'Ouest, de l'autre côté de Tianqiao nan dajie, le temple de l'Agriculture où, près d'une esplanade carrée, l'empereur venait tracer à la charrue huit sillons dans le sens Est-Ouest, est devenu un stade où les sportifs rêvent de battre des records.
 
Le temple des Lamas
 
Parmi les plus belles constructions de la capitale, Yonghe gong (ou Yong He Gong), mieux connu sous le nom de temple des Lamas se situe dans le secteur nord-est de la ville intérieure. Ancien palais du prince qui devint l'empereur Yongzheng en 1722, il fut, selon l'usage, transformé en fondation religieuse. Par la suite, le monastère lamaïste devint la résidence d'un bouddha vivant entouré de 300 lamas, de peintres et de sculpteurs, de serviteurs et de disciples. En 1900, il était difficile à un Occidental d'y pénétrer et des histoires ténébreuses donnaient à ce lieu l'aura du mystère. De 1911 à 1964, les lamas y célébrèrent leur culte sans entrave apparente. Fermé pendant la révolution culturelle, aujourd'hui restauré, il est très fréquenté par les fidèles et les touristes.
À l'Ouest, son entrée encombrée par les petits marchands de souvenirs donne accès à une première cour, où l'on retrouve une tour du tambour et une tour de la cloche. La seconde cour ouvre sur le Tiangwang dian et une statue de Maitreya sous la forme Dabao Milei (Milei à la grosse bedaine), assis, le genou droit relevé, la figure rieuse et la bouche largement ouverte. Adossée à cette statue et faisant face au Nord, l'effigie de Weituo en armure, les deux mains appuyées sur un bâton noueux, est entourée des Quatre Rois Célestes, gardiens des quatre directions. Au milieu de cette deuxième cour, un pavillon abrite une grande stèle gravée d'une inscription en quatre langues (chinois, mandchou, mongol, tibétain). Dans les galeries latérales, une belle série de tankas (bannières, ou rouleaux de peinture tibétaine) et de représentations des divinités du panthéon tibétain; au fond le Yonghe dian, salle de l'Éternelle harmonie, avec les trois bouddhas du passé, du présent et du futur escortés par les dix-huit luohan.
La troisième cour est celle de Yongyou dian, salle de l'Éternelle Protection, avec les statues du bouddha de longévité et du bouddha thérapeute (Yaoshiwang) à sa gauche. Au fond de la quatrième cour, le Falun dian, temple de la Roue de la loi, est coiffé d'une très belle toiture. Il abrite une grande statue dorée de Tsong Kapa, le fondateur du lamaïsme réformé (Gelongpa ou "Bonnets jaunes") ainsi qu'une bibliothèque d'ouvrages canoniques. C'est là que se réunissent les lamas pour méditer ou étudier les textes sacrés.
Enfin, au fond de la cinquième cour, l'édifice à trois étages du Wanfolou est occupé par une statue de Maitreya, le bouddha futur, haute de 18 m et, dit-on, sculptée dans un seul tronc de santal (photographie interdite). Ce sanctuaire où le fidèle et le visiteur sont conduits de cour en cour et de salle en salle apparaît comme le terme d'un itinéraire spirituel.
Tous les temples n'ont pas la splendeur baroque de Yonghe gong. On pourra le vérifier tout près de là au Wen Miao, fondé sous les Yuan et dédié à Confucius dont l'anniversaire est célébré avec éclat le 27ème jour du 8ème mois.
 
Le temple de Confucius
 
En sortant du temple des Lamas, traversez la grande rue Dongsi et engagez-vous dans une des plus jolies ruelles de Pékin, la Guozijian jie. Vous longerez alors le temple de Confucius et le Collège impérial. Avant d'entrer dans le temple, vous remarquerez deux stèles célèbres. Sur ces stèles sont gravés en six langues (mandchou, chinois, mongol, ouïghour, tibétain et tuote) des caractères dont on peut donner la traduction suivante : « Les mandarins et leur suite doivent descendre de cheval à partir d'ici », en marque de respect pour le Grand Sage.
Le contraste entre le chatoiement du temple des Lamas et la sobriété paisible du temple de Confucius est total. Ici, dans ce temple aux arbres séculaires, stèles grises, aux bâtiments de briques sombres, on est au coeur de la Chine austère ; celle que le philosophe Confucius voulait vouer à l'étude et au respect des rites. Fondé sous les Yuan, au XIVème siècle, ce temple est, après celui
de Qufu, le plus grand temple consacré à Confucius. Il couvre une surface d'environ 2,2 ha. Il est aujourd'hui transformé en musée.
Le bâtiment principal, Dachengdian, abrite les nombreux instruments de musique, cithares, pipas, pierres musicales, qui servaient au cours des cérémonies traditionnelles, notamment le 27ème jour du 8ème mois lunaire, anniversaire de Confucius.
Dans la première cour, on apercevra des rangées de hautes stèles en marbre, 198 au total. C'est là que, sous les dynasties Yuan, Ming et Qing on inscrivait les noms des lauréats qui avaient réussi les concours impériaux, dans le Guozijian, le Collège impérial, qui se trouve à l'arrière du temple. Avec beaucoup de patience, on pourra ainsi déchiffrer les noms, lieux de naissance et grades de 51 624 diplômés ! A l'intérieur du pavillon qui compose la porte Dacheng, se trouvent dix tambours de pierre (ce sont des reproductions, les originaux ont été déplacés à l'intérieur du Palais impérial). On a beaucoup écrit sur ces fameux tambours dont l'origine exacte reste inconnue mais qui dateraient du VIIIème siècle av. J.-C. au plus tôt, du IIIème siècle av. J.-C. au plus tard. Des poèmes décrivant des scènes de chasse sont gravés sur leurs flancs.
Derrière le Dachengdian se trouve une autre collection remarquable de stèles. Il s'agit du texte officiel des treize plus grands classiques chinois, 63 000 caractères en tout. Elles sont l'oeuvre d'un seul homme qui travailla de 1726 à 1737, pour réaliser ce tour de force. Les galeries est et ouest du temple sont maintenant occupées par le musée de la ville de Pékin.
 
Le lac Beihai
 
Les trois lacs qui longent l'ouest de la Cité interdite furent de tout temps l'objet d'une grande attention de la part des empereurs : Kubilai y fit construire son palais et l'impératrice Cixi y installa ses quartiers d'hiver. Seul, le plus au nord des trois, le Beihai, est ouvert au public. En entrant par le sud, vous franchirez l'un des plus beaux ponts de marbre de Pékin, vieux de 600 ans, qui donne accès à l'île aux Hortensias (Qionghua dao) le plus beau site du parc. Juste à l'entrée du pont, on pourra visiter la forteresse ronde (Tuancheng), intéressant musée et centre de l'ancienne capitale mongole. Seuls vestiges de ce passé : les cyprès et une vasque de jade noir d'1,5 m de diamètre utilisée par Kubilai pour offrir le vin à ses invités. Une fois traversé le pont, un sentier escarpé conduit au Dagoba blanc, construit en 1651 en l'honneur de la visite du 5` dalaï-lama. Au pied du versant nord de la colline se trouve le célèbre restaurant Fangshan où est servie la cuisine impériale. Une galerie court le long de la berge. On quitte l'île par un deuxième pont de marbre et on tourne à gauche pour longer le lac. Sur la rive orientale se dresse le pavillon Huafangzhai où sont exposées les oeuvres de peintres contemporains.
Le nord-ouest du parc est la partie qui présente le plus de monuments. Les pavillons des Cinq Dragons (Wulongting), construits sur l'eau et reliés entre eux, dessinent des méandres évoquant des dragons. A droite, le Xiaoxitian, pavillon de grande dimension, représente le Ciel de l'Ouest ou paradis bouddhique. Tout au fond, le pavillon du Grand Ciel de l'Ouest (Daxitian) est l'une des plus admirables constructions en bois de Pékin. En remontant vers le nord, on arrive au mur aux Neuf Dragons (Jiulongbi) avant de pénétrer dans le parc Jingxinzhai où l'empereur Qianlong venait s'adonner à la poésie et à la peinture. Vous pourrez y méditer, vous aussi, devant une tasse de thé accompagnée des petits fours qui faisaient les délices de l'impératrice Cixi. Vous pourrez également louer une barque, le canotage étant l'attraction principale du parc pour les visiteurs chinois.
Accolé à la Cité interdite, ce très beau parc fut aménagé comme lieu de plaisance pour les empereurs. L'impératrice Cixi y résida, préférant ce lieu à la froideur des palais de la Cité interdite. Ouvert au public en 1928, il fut à nouveau fermé en 1933 pour devenir la résidence officielle du premier président de la République, Yuan Shikai, puis celle des principaux dirigeants du Parti communiste en 1949. On peut visiter l'île Yingtai où l'infortuné empereur Guangxu fut emprisonné, sur ordre de sa tante l'impératrice douarière Cixi, après sa vaine tentative de réforme. Fengzeyuan, où les empereurs s'adonnaient symboliquement à la culture, est devenue par la suite la demeure de Mao Zedong. Le célèbre palais Ziguangge fut utilisé par l'empereur Qianlong pour recevoir les tributs des pays sous protectorat chinois, par l'empereur Tongzhi pour sa première entrevue avec les représentants des puissances occidentales. Il sert aujourd'hui à recevoir les hôtes officiels du gouvernement.
 
Le temple du Nuage Blanc
 
Baiyunguan est situé dans les quartiers ouest de Pékin, presque directement au sud de l'hôtel Yanjing. Il se trouve dans un quartier assez modeste et ses abords évoquent davantage l'approche d'une usine que le voisinage de l'unique grand temple taoïste de Pékin. Fondé sous la dynastie des Tang, à l'époque Kaiyuan (713-741), il devint sous les Mongols le centre du taoïsme pour le nord de la Chine. L'édifice actuel fut reconstruit en 1706, après qu'un incendie eut détruit les bâtiments anciens. On peut visiter les cinq cours successives qui composent le temple et croiser quelques-uns des moines taoïstes qui vivent en ces lieux. Ils sont reconnaissables à leurs cheveux longs ramenés en chignon au sommet du crâne. Sur la terrasse de la troisième cour se trouvent une grande cloche et un beau cheval de bronze. Ce cheval se trouvait autrefois dans le Dongyuemiao, temple du Pic de l'Est, mais, depuis la fermeture de ce temple, tous les objets et manuscrits ayant trait au taoïsme se trouvent réunis dans le Baiyunguan. Dans une des salles sont présentées les soixante statues qui symbolisent les soixante années du cycle du calendrier. Vous pourrez y découvrir l'animal tutélaire qui correspond à votre année de naissance. Au fond de la cinquième cour se dresse un un bâtiment à deux étages, qui abrite statues, traités et peintures taoïstes.
 
Le temple du Dagoba Blanc
 
En chinois, Baitasi. Il se trouve au nord-ouest de Xidan, rue Fuchengmennei. L'origine de ce temple remonte au XIème siècle, époque à laquelle existait déjà une pagode. Sous les Yuan, l'empereur Kubilai fit restaurer à grands frais la pagode et ordonna la construction d'un temple. Les travaux durèrent huit ans sous la direction du célèbre architecte népalais Anige (qui a réalisé la pagode d'Or qui se trouve au Tibet). Plus tard, sous les Ming, le temple fut reconstruit et prit le nom de Miaoyingsi, qu'il porte encore actuellement. Les seuls vestiges authentiques aujourd'hui conservés sont la pagode, bel exemple de l'architecture Yuan, et la dernière salle (salle des Six Esprits) d'architecture Qing. Tout le reste a été détruit durant la Révolution culturelle et reconstruit en 1980. Seule la cour de la pagode fut épargnée par les gardes rouges pour la bonne raison qu'une usine prit très vite possession des lieux et fit de la cour un entrepôt. Les reliques furent oubliées là durant des années. Le temple est formé de quatre salles : la salle des Gardiens est sur la gauche. A droite, on visite la grande salle gardée par deux lions de bronze, qui a été transformée en musée. C'est là que se trouvent les reliques découvertes lors du début des travaux de restauration en 1978 : un sutra à la gloire de la pagode, une très belle statue de bois représentant Guanyin, un petit bouddha en or, une chasuble et la coiffe de l'abbé, les huit trésors en or, argent et pierres précieuses, un manuscrit de la main de Qianlong...
Tous ces précieux objets datent du règne de Qianlong des Qing. La troisième salle, l'ancienne salle des Sept Bouddhas, abrite aujourd'hui les trois Bouddhas et leurs disciples ainsi que dix-huit remarquables statues de bronze qui représentent les dix-huit Gardiens célestes (sur les côtés). Toutes ces statues proviennent du Huguosi, temple qui se trouvait à proximité et dont il ne reste plus rien. Au milieu de la salle est exposée une très belle collection de statuettes de bronze d'époque Ming et Qing, représentatives de la statuaire lamaïste. Toutes ces statues avaient été rejetées au nord du parc Beihai durant la période de vandalisme de la Révolution culturelle, avant d'être rendues au musée de la capitale. Vous pourrez aussi admirer une statue de Guanyin aux mille bras, qui date des Qing. Il est très rare de voir exposées au tant d'oeuvres de qualité dans un temple. De la salle des Sept Bouddhas, on gravit quelques marches avant d'accéder à la cour de la pagode et de pénétrer dans la dernière salle, la salle des Six Esprits, qui a été épargnée. On remarquera un très beau plafond à caissons, qui n'a heureusement pas été retouché. Sur les côtés, de très belles tapisseries d'inspiration lamaïste. Enfin la pagode haute de 50,9 m divisée en trois sections : la base haute de 9 m en forme de lotus, le corps de la pagode haut de 18,4 m et la tour formée de treize anneaux concentriques et surmontée d'une couronne de cloches qui pèse 4 t.
 
La ville tartare
 
Le quartier qui a conservé le plus de charme se trouve au nord-ouest de la Cité interdite, dans ce qui était autrefois appelé la ville tartare, parce qu'habitée par les Mandchous. En sortant par la porte nord de Beihai, vous vous trouvez devant le lac antérieur Qianhai, suivi des deux autres lacs Houhai et Jishuitan qui forment un joli chapelet connu sous le nom de mer des Dix Monastères (Shishahai). Durant les mois d'été, c'est un des lieux favoris des Pékinois pour prendre le frais. On peut visiter quelques-unes des belles demeures de l'aristocratie mandchoue, construites sur le modèle des cours carrées (siheyuan). La plupart ont été allouées en 1949 à d'éminentes personnalités du monde culturel et politique ralliées au nouveau régime. Sur la rive ouest du lac antérieur, au n° 18 de la Qianhai xijie, les anciens bâtiments de l'université catholique, ellemême construite sur le site du palais Qing, furent mis à la disposition de Guo Moruo, homme de lettres et historien pour le remercier de son infaillible fidélité. Lancienne résidence
du prince Gong, située derrière la maison de Guo Moruo, est encore occupée par un institut des Beaux-Arts mais les jardins sont ouverts au public.
En remontant vers le lac postérieur (Shishahouhai), sur la rive nord, on arrive à la très belle résidence du prince régent Chun (46, rue Beiyan), où naquit le dernier empereur Puyi. Le triste sort de ce dernier serait, dit-on, imputable à l'entêtement de son père, qui, négligeant le respect des usages qui exigeait qu'il parte après la naissance d'un « dragon » sous son toit, refusa de faire place nette au futur empereur. En 1949, ce fut la veuve du fondateur de la république, Song Qingling, qui en eut la jouissance.
A la mort de leurs occupants, toutes ces résidences ont été ouvertes au public et transformées en musée. Il est intéressant d'essayer d'imaginer ce qu'était l'organisation spatiale de ces maisons où plusieurs générations cohabitaient sous l'autorité du patriarche. De ces belles demeures, il ne reste souvent que les portes gardées par une paire de lions. L'intérieur a été divisé entre plusieurs familles, chacune occupant un côté de la cour. Des fabriques de quartier et des dépôts se sont également installés çà et là, de façon anarchique. Cependant vous pouvez flâner au coeur du Pékin éternel, dans les petites ruelles bordées de saules pleureurs au charme sans égal. A l'ouest du lac, en remontant la Gulou beidajie on peut apercevoir la massive tour du Tambour, construite en 1420, qui renfermait les tambours sur lesquels on frappait les heures. Le temple Jaune (Xihuangsi) que l'on peut apercevoir du périphérique nord sur la gauche, juste avant de tourner à droite pour prendre la rue des tombeaux Ming., fut construit sous le règne de l'empereur mandchou Shunzhi, en 1650, pour servir de résidence aux dignitaires tibétains et mongols de passage à Pékin. L'orgueil de ce temple est une de de marbre blanc considérée comme un chef-d'oeuvre de l'architecture de l'époque.
En revenant vers les lacs pour retrouver l'avenue Deshengmen, on passe devant une des rares portes bien conservées : la tour Deshengmen, haute de 34 m. Elle fut construite en 1436, et abrite aujourd'hui le musée de l'Armée de la dynastie des Qing.
En redescendant l'avenue Deshengmen, on arrive à Huguosi jie au coin de laquelle se dresse l'ancienne résidence du prince Ching (9, rue huguosi), historiquement connu comme l'un des signataires de l'infamant protocole de paix en 1902. La demeure fut occupée dans les années 50 par le célèbre acteur de l'opéra de Pékin, Mei Lanfang. Elle est maintenant transformée en musée. En continuant la rue Huguosi vers l'ouest on arrive au Huguosi, temple qui fut construit en 1365 sur les lieux de l'ancienne demeure d'un prince mongol. Il ne reste pratiquement rien de ce temple. Un peu plus loin, la Xisi beidajie descend vers Xidan, avant d'arriver à Xisi. Sur votre gauche, dans la Yangshi dajie, perdu au milieu des immeubles, vous découvrirez le temple du Grand Secours (Guangjisi), qui est également le centre de l'Association bouddhiste. Le temple est en principe fermé au public mais le gardien, assez accommodant, vous autorisera à jeter un rapide coup d'oeil. De belles statues de Guanyin sont exposées dans la troisième salle. Une très ancienne bibliothèque renfermant de précieux manuscrits de l'époque Tang a pu être sauvée de l'incendie de 1932 qui détruisit le temple. Un peu plus à l'ouest, sur Fuchengmen neidajie, se trouve le joli temple de la Pagode blanche (Baitasi).
En revenant vers Xisi beidajie, vous prendrez une des petites rues dans le prolongement de Fuchengmen, et vous arriverez dans la rue Xishiku (à l'ouest de Beihai) d'où vous pourrez apercevoir la lourde silhouette gothique de l'église Notre-Seigneur (Beitang), cathédrale du Nord, en chinois. Occupée par une usine et un collège, durant les années 70, elle n'a été restaurée qu'en 1985.
 
Le centre ville
 
 
A l'est de la Cité interdite, une grande partie de la ville se cache encore dans un dédale de ruelles, les hutong, terme d'origine mongole qui évoque les puits dispersés dans les quartiers. Chaque famille érigeait autour de sa maison un mur ne laissant qu'un passage étroit pour accéder au puits. Si vous désirez vous perdre dans le labyrinthe inextricable des hutong, il vous suffit de vous faufiler entre deux maisons à partir de n'importe quelle rue de Wangfujing ou de Dongsi. En remontant Wangfujing, ne manquez pas Xila hutong, c'est une ruelle au nord de l'ancienne Jin yu hutong (détruite pour en faire une large avenue), sur la gauche. Il s'agit de l'ancienne rue chic de Pékin, où naquit et grandit mademoiselle Yehonala, qui allait devenir la fameuse impératrice Cixi. Au nord, sur le côté droit de Wangfujing se dresse l'église Dongtang, détruite en 1900 par les Boxers. En continuant vers le nord, vous arrivez à une rue plus large, Dengshikou, qui vous amène à l'est sur l'avenue Dongsi. Vous continuez dans la même direction en prenant la rue en face, Neiwubu jie, qui se prolonge par le Lumicang hutong dans lequel se trouve le temple de l'intellectualisation (Zhihuasi). Surnommé le Temple noir à cause des tuiles bleu sombre qui recouvrent sa toiture, il est l'un des plus beaux vestiges de l'architecture Ming. La salle des Dix Mille Bouddhas, à l'étage supérieur du bâtiment central, présente des parois couvertes de petites niches abritant des bouddhas, les plus petites statues mesurant à peine 5 cm.
En revenant vers l'avenue Dongsi, en direction du sud, vous traverserez de très jolis hutong qui vous amèneront à Dongdan : Shijia hutong, entre les Chaoyangmen nanxiaojie et Dongsinandajie, plus au sud Hongqi hutong animé par un petit marché de quartier. Parmi les siheyuan (maisons à cour carrée) encore bien conservées, signalons celle qui se trouve à droite du bureau des taxes, sur l'avenue Dongsi à Chegongzhuang, et l'hôte l'Haoyuan au n° 53 Shijia hutong.
 
La ville Chinoise
 
 
Située au sud de la porte Qianmen, c'était l'ancien quartier des commerces et des plaisirs. Elle a perdu beaucoup de son pittoresque mais reste très populaire. Il n'est pas rare de trouver encore le soir à Tianqiao (sud de la rue Zhushikou), des salles de quartier où vieux comme jeunes affluent pour écouter les conteurs.
A partir de Dashala et de Liulichang à travers un dédale de hutong, on débouche sur l'avenue Guang'anmen neidajie, avant d'arriver à la pittoresque rue de la Vache (Niujie) qui descend en direction du sud. C'est le quartier des Chinois musulmans (Hui). Ils sont à peu près 200 000 à vivre à Pékin dont 10 000 dans la rue Niujie et les ruelles adjacentes. Rien ne les distingue des Han si ce n'est leur coiffe blanche sur le sommet du crâne ; certains visages plus typés révèlent une origine d'Asie centrale.
En remontant la rue à partir du sud vous passerez diverses boutiques hui et une école élémentaire avant d'arriver à la mosquée, à mi-chemin sur votre droite. La façade rappelle un temple chinois avec ses toits incurvés et des bas-reliefs aux couleurs vives. Construite en 966, elle fut rénovée sous les ordres de Kangxi, qui publia un édit protégeant la communauté hui. Devant l'entrée s'élève une petite tour, Wangyuelou, ou « tour pour observer la lune ». C'est de là, chaque année, que l'imam annonce le ramadan. La salle des prières est strictement interdite aux visiteurs.
A dix minutes à pied, à l'est de la rue, on arrive dans un des plus vieux temples de Pékin : le temple de la Source de la loi (Fayuansi), construit en 645. Le temple abrite aujourd'hui l'Académie bouddhiste où une centaine de moines novices se dédient à l'étude des sutras. Les Quatre Gardiens célestes et le Bouddha Milofu à l'entrée du temple sont des statues en bronze, de l'époque Ming. La salle Dabianjue abrite une très belle sculpture de pierre de 5 m de haut, datant des Ming et représentant mille bouddhas, surmontés des bouddhas des quatre points cardinaux au-dessus desquels apparaît le Bouddha du Dharma. Dans la dernière salle des sutras, sont exposées de très belles sculptures bouddhistes dont les plus anciennes remontent à la dynastie Han.
 
Le palais d'Eté
 
Le site fut découvert sous les Jin qui, en 1153, y aménagèrent le jardin aux Eaux d'or (Jinshui yuan). Les Yuan l'adoptèrent, puis les Ming en firent le jardin des Collines merveilleuses (Haoshan yuan). Au XVIIIème siècle, Qianlong multiplia les constructions dans ce qui devint le "jardin de la Prudence et de la Clarté. En 1860, les armées anglo-françaises le réduisirent en cendres.
Les palais actuels sont ceux que fit édifier l'impératrice douairière Cixi à partir de 1888 en leur consacrant les budgets de l'armée et de la marine. Elle les baptisa "Jardin où l'on cultive la concorde" (Yi He yuan). L'entrée principale à FE est marquée par un grand pailou en bois (portique à trois ou cinq arches portant une inscription). Après un mur écran (ying bi) qu'il faut contourner on découvre un domaine de 300 ha, dont les quatre cinquièmes sont couverts par le lac. Point n'est besoin de visiter méthodiquement la centaine d'édifices dispersés dans le parc et sur les pentes de la colline de la Longévité millénaire (Wanshou shan). Mieux vaut y flâner, le plan en main, ou suivre le courant des excursionnistes chinois, toujours très nombreux en ces lieux.
Venant de l'Est, on traverse le palais Renshou dian, où l'empereur donnait audience, le Délie yuan où subsiste un théâtre à trois étages, puis, au bord du lac, le Yulan tang, salle des Vagues de jade, et enfin le Leshou tang, palais de la joie et de la Longévité, occupé par les appartements de Cixi. De jeunes gardiennes en costumes mandchous, qui semblent faire partie du décor, surveillent les visiteurs et n'apprécient pas qu'ils les photographient.
Une longue galerie couverte suit la rive du lac et conduit au Paiyun dian, le palais des Nuages ordonnés. Par un escalier de pierre, on parvient bientôt au Foxiang ge, temple des Fragrances bouddhiques à quatre étages, et enfin au Zhihui hai, temple de la Mer de la parfaite Sagesse, construit en 1750 et qui abrite une grande statue du Bouddha. De part et d'autre de cet alignement de temples bouddhiques, quelques pavillons portent des noms trop évocateurs pour une réalité parfois très banale: "pavillon des Nuages précieux", "temple des Prières tibétaines", "pavillon des Cinq Directions". Mais les sentiers d'accès et les points de vue méritent un détour. Puis, par la "promenade des Beaux Paysages", ou par "le Nid dans les pins", on arrive au trop célèbre Bateau de marbre- en fait un embarcadère transformé et défiguré par la vieille impératrice. À deux pas de là, la "Salle pour écouter le chant des rossignols", Tingli guan, est devenue un restaurant où tout est prévu pour accueillir les touristes étrangers.
Le lac Kunming (ou Kun Ming) offre, durant l'été, un magnifique plan d'eau aux milliers de jeunes qui se livrent aux joies du canotage et du pédalo, carénés dans le style "parc d'attractions". Pendant quelques semaines, en hiver, il devient une patinoire de choix. La promenade autour du lac se fait en 2 ou 3 h. Partant de la rive orientale, on s'arrêtera à la tour du Dieu de la Littérature, puis au célèbre boeuf de bronze, de l'époque Qianlong, qui garde le merveilleux pont aux dix-sept arches reliant l'île Nanhu à la rive. Dans cette petite île, le temple du roi Dragon, Longwang miao, date du XVIIIème siècle. Une digue coupée de six ponts, dont celui de la Ceinture de jade, Yudai qiao, d'une particulière élégance, isole la partie O du lac. Après cette visite du nouveau palais d'Été, il n'est pas interdit de s'arrêter, sur le chemin du retour, au Yuanming yuan, jardin de Perfection et de Clarté, pour y rêver dans les quelques ruines encore visibles. Les jésuites du XVIIIème siècle en ont laissé des descriptions émerveillées, et le lieutenant de vaisseau Pallu, de l'expédition anglo-française de 1860, écrivait: "L'impression que produisit la vue du palais d'Été sur les alliés, sur des hommes très différents les uns des autres par l'éducation, par l'âge et par l'esprit, fut la même. On ne chercha pas si les genres étaient comparables; on fut frappé d'une manière absolue, et on l'exprima en disant que tous les châteaux impériaux de France n'auraient point fait un Yuan ming yuan." Néanmoins, le 18 octobre 1860, ce fut le sac puis l'incendie du palais d'Été, ordonné par Lord Elgin, qui n'épargna même pas la bibliothèque, comparable à celle d'Alexandrie au début de l'ère chrétienne. Mais ces vestiges, au Nord-Est et à l'Est de l'actuel palais d'Été, non loin de l'Institut technique, ne sont pas signalés et s'enfoncent lentement dans le sol.
 
Xiang shan : Les collines parfumées
 
Le parc des Collines parfumées, célèbre pour ses érables dont les feuillages prennent en automne une belle teinte d'un rouge lumineux, connut son heure de gloire sous les empereurs mandchous qui en firent une réserve de chasse aménagée en vingt-huit sites. Il fut malheureusement très endommagé lors de l'expédition punitive des huit puissances européennes en 1860, puis par les Boxers, qui se révoltèrent en 1900.
Si,vous pénétrez dans le parc par la porte est, vous trouverez sur votre droite le Temple lumineux (Zhao- IM miao) construit en 1780 dans le style tibétain, pour servir de résidence au panchen-lama. Légèrement à l'ouest du temple, on aperçoit une jolie pagode de sept étages en tuiles vernissées, Liulita. En redescendant à l'est de la pagode, on arrive au pavillon de l'Introspection (Jianxinzhai), entourée d'une enceinte que viennent égayer des fenêtres aux formes variées, tandis que le jardin rappelle ceux de Suzhou. Un téléphérique vous mène au sommet, d'où vous pourrez admirer le panorama sur le palais d'Eté et sur les pagodes du parc de la Fontaine de jade (Yuquanshan). Ce dernier fait partie d'une zone militaire interdite au public.
En poursuivant vers le nord, on passe devant l'étang lunettes (Yangjinghu), ainsi nommé à cause de sa forme. L'entrée nord donne directement sur le temple des Nuages azurés. Au sud du parc se trouve l'hôtel Xiangshan, oeuvre de l'architecte américain I.M. Pei, auteur entre autres de la pyramide du Louvre, qui a tenté d'associer les formes modernes et le style traditionnel des maisons à cour carrée (siheyuan). On trouve encore de nombreux temples bouddhistes aux Xiangshan : le temple des Nuages azurés (Biyunsi), admirablement enchâssé dans les cyprès qui l'entourent, semble flotter dans un nuage de verdure tel un bâtiment fantôme. Construit en 1331, sous les Yuan, il fut transformé par un eunuque de la dynastie Ming, qui n'hésita pas à détourner les fonds collectés par les fidèles pour en faire sa résidence. Les six cours successives mènent à la pagode du Trône du Diamant (même structure que pour le Wutasi). Sur la terrasse, se dressent cinq tourelles et deux pagodes blanches. Dans la troisième cour, se trouve la salle des Luohan où l'on peut admirer cinq cent huit statues des disciples de Bouddha hautes de 2 m, en bois doré. Les dernières salles du temple sont occupées par le mémorial Sun Yatsen.
Non loin de là, vous pourrez découvrir le temple du Bouddha couché (Wofosi). Un peu avant le terminus des bus, prenez sur la gauche, au carrefour. Un pailou (arche) et plusieurs petites cours mènent au bâtiment du fond qui abrite la copie d'une célèbre statue de la dynastie Yuan : longue de 5 m, en bronze laqué, elle est l'image du nirvâna. Par la porte du fond, on accède à un sentier conduisant à la vallée des Cerisiers qui ressemble à un paysage japonais.
 
Le Fahaisi
 
Le temple de la mer de la Loi se trouve au sud de Badachu, à l'extrémité ouest de l'avenue Chang'an, après le complexe sidérurgique de Pékin. Du temple, qui date de 1439, il ne reste que la salle principale, la salle du Trésor (Daxiong baodian), dont les parois du font sont couvertes de très belles fresques décrivant l'adoration du Bouddah. Dans les deux salles latérales sont exposés des peintures murales provenant du Yonglegong (temple situé dans le sud du Shanxi) et des grottes de Dunhuang.
 
Le Tanzhesi
 
Ce monastère est un très vieux temple fondé au IIIème siècle, sous la dynastie des Jin. On raconte que les moines auraient été recrutés parmi d'anciens criminels en fuite, qui, en entrant en religion, se mettaient à l'abri de la loi. Plus tard, il devint un haut lieu de la secte bouddhiste Huayan, fréquenté par les empereurs mandchous.
Ses bâtiments dominent un très beau site au coeur des collines de l'Ouest. Le temple doit son nom de « temple de l'étang et de zhe » à une mare, la mare du Dragon (au fond du monastère), où les paysans venaient implorer le ciel pour qu'il pleuve, et à un arbre, le zhe, sorte de mûrier sauvage dont l'écorce renfermait, disait-on, des propriétés capables de guérir les femmes stériles. Il reste, à l'entrée du monastère, quelques spécimens protégés de cet arbre. L'ensemble des bâtiments s'élève sur trois niveaux. L'allée centrale s'ouvre par un pailou et une porte avant d'arriver au pavillon des Quatre Gardiens célestes, puis à la salle principale : le palais du Trésor. Ce dernier se distingue par deux magnifiques dragons en tuiles vernissées, motif traditionnel d'ornement des toits, dont la fonction était de protéger le temple contre les incendies. On traversera ensuite le pavillon du Soleil (Piluge) dédié au Bouddha Vairocana. L'allée ouest conduit au temple de Guanyin où l'on remarquera un portrait de la nonne Miaoyan - une des filles de Kubilai, qui se retira dans le temple pour prier et racheter les fautes de son père - puis au temple du Roi-Dragon et enfin au temple dédié au fondateur de la secte Huayan.
L'allée est réservée aux pagodes qui signalent les tombes des religieux parmi lesquelles se trouve celle de la nonne Miaoyan. A côté du jardin de bambous, le pavillon Liubeiting était réservé à l'empereur Qianlong lors de ses visites. Une eau de source coulait dans une rigole en forme de dragon et l'un des jeux consistait à y déposer une coupe de vin : si elle se renversait, le perdant devait la boire d'un trait et réciter un poème. En Chine, les beuveries ne sauraient se passer de ces joutes oratoires à la gloire du vin et des plaisirs... même dans un temple !
 
Le Jietaisi
 
Le temple de la Terrasse de l'initiation se trouve à 8 km au sud-ouest de Tanzhesi. Le moine Fa Jun fit dresser, sous la dynastie des Liao, une terrasse à trois niveaux qui devait servir d'autel pour l'initiation des novices, d'où le nom de ce temple. Le prince Gong (un des oncles du dernier empereur) s'y retira en 1888. La terrasse, haute de 3 m, est sculptée à la base de bas-reliefs qui représentent un monde peuplé de divinités. La terrasse est célèbre pour la beauté des pins aux formes étranges qui la bordent dont le « pin du dragon couché » (un chef-d'œuvre de contorsions) et le fameux pin blanc. Au sud de l'autel : deux pagodes et deux chuang (piliers en pierre) datant des Yuan.
 
La Grande Muraille
 

Une page est consacrée à cette extraordinaire construite qu'est la Grande Muraille.

 
Les tombeaux Ming
 
Les treize tombeaux des Ming se situent au nord de Pékin, à une cinquantaine de kilomètres du centre de la ville. On ne peut s'y rendre que par la route. Répartis sur 40 km2, ils se trouvent dans un vallon exposé au sud, dominé par le mont du Dragon à gauche et à droite par le mont du Tigre. A partir du troisième empereur de la dynastie, les Ming se sont fait construire treize tombeaux disséminés au pied et sur le versant des montagnes. Les deux premiers empereurs Ming, eux, ont leur tombeau à Nankin. Chaque tombeau comporte trois parties essentielles : la tour de la stèle, les édifices où se préparaient et où étaient déposés les sacrifices et le tumulus proprement dit. Chaque ensemble de bâtiments est entouré d'un mur d'enceinte rouge.
A l'entrée de la vallée sacrée, on découvre un grand portique de marbre blanc de 31 m de large érigé en 1540 sous le règne de l'empereur Jiajing. La route passait autrefois sous ce portique mais elle a été déviée pour des raisons essentiellement agricoles. En suivant la route pendant un kilomètre environ, on arrive à la Grande Porte rouge, l'entrée de la nécropole proprement dite. Au-delà de la porte se dressent le pavillon de la stèle (supportée par une gigantesque tortue) et deux belles colonnes de marbre. C'est là que commence la fameuse voie des Esprits, longue de 7 km. De chaque côté s'alignent vingt-quatre statues d'animaux (lions, chameaux, éléphants, chevaux et les animaux mythiques xie chi et qi lin) ainsi que douze statues représentant des mandarins, militaires et civils, et des sages. Puis on parvient enfin au portique du dragon et du phénix, Lingxingmen, et on aperçoit de là les treize tombeaux à l'ombre des pins et des cyprès.Sur les treize tombeaux, trois seulement ont été restaurés. Dingling est la tombe de Wanli (quatorzième empereur). Le tombeau, le seul à avoir été fouillé, se trouve à 27 m sous terre et comprend cinq salles. Dans la salle principale, sont exposés trois trônes de marbre blanc, les deux premiers sont ceux des impératrices, celui du fond appartenant à l'empereur. Devant les trônes, sont exposés des objets rituels dont un grand vase de porcelaine qui contenait l'huile de sésame et la mèche, destinées à alimenter la « lampe éternelle ». Changling, où repose Yongle, est le tombeau le plus ancien et le plus étendu. Les bâtiments principaux sont la salle des Faveurs éminentes (Lingendian), soutenue par trente-deux piliers en bois de cèdre du Yunnan, la massive tour carrée et le tumulus muré. Zhaoling, qui est la sépulture du treizième empereur Longqing, offre un bel ensemble architectural. Le splendide isolement des tombeaux, abandonnés au coeur des champs et des vergers, a été quelque peu perturbé par la construction d'un golf : cette initiative japonaise a rencontré un franc succès auprès des dirigeants chinois, qui voulaient se donner une nouvelle image outre-mer.
 
Les tombeaux Qing
 
Les tombes des empereurs mandchous sont réparties en deux nécropoles à égale distance de Pékin, l'une à l'est, Dongling, l'autre à l'ouest, Xiling. Le trajet (six heures aller et retour) est fatigant en raison du mauvais état des routes.
La nécropole de l'Est (Dongling). Située à 125 km, au pied des monts Changrui. La nécropole regroupe les sépultures de cinq empereurs et cinq impératrices. L'entrée est marquée par un magnifique pailou qui ouvre la majestueuse voie des Esprits conduisant au tombeau Xiaoling où repose le premier empereur mandchou Shunzhi. Le tombeau le plus intéressant est celui de Qianlong (à côté du guichet où l'on se procure les billets d'entrée), de style tibétain. Le palais souterrain comprend trois pièces richement décorées de basreliefs sculptés dans le marbre blanc. La tombe de l'impératrice douairière Cixi est accessible depuis le tombeau de Qianlong en empruntant un passage qui se trouve à l'ouest de l'entrée. Les caisses de l'empire étant vides à sa mort, le « vieux Bouddha » dut se contenter d'une salle funéraire plus modeste que celle de son glorieux voisin. La tombe fut pillée en 1928 par un Seigneur de la guerre.
La nécropole de l'Ouest (Xiling). A la mort de l'empereur Kangxi, son successeur, Yongzheng, effrayé d'être enterré au même endroit que son père, qui, comme lui, avait gagné son trône au prix de quelques assassinats, choisit un autre site pour sa tombe, à 120 km à l'ouest de la capitale, sur les pentes ombragées des monts Yongning. Son fils, l'empereur Qianlong, refusa d'abandonner le site des premiers empereurs et se fit enterrer à Dongling. Par la suite les deux nécropoles devaient être choisies alternativement. Tout comme Dongling, chacune des quatre tombes impériales a sa propre voie des Esprits. Les autres tombes sont celles des impératrices, concubines, princes et princesses (au total soixante-seize membres de la dynastie Qing) ensevelis sur une surface de 100 km²' protégée par un mur d'enceinte. La tombe la plus imposante est Tailing où repose Yongzheng, au centre de la nécropole. A proximité, se trouve celle de l'impératrice Niuhulu, mère de Qianlong. Le plus émouvant des tombeaux est celui de l'infortuné Guangxu, déchu sous les ordres de sa tante Cixi. Son tombeau, excentré, par rapport aux autres, fut construit après sa mort (1908) et achevé par le gouvernement républicain en 1915, avec l'argent de la couronne.
 
 
Tianjin
 
 
Municipalité autonome au sud-est de Pékin.
Superficie : 1 1 000 km².
8,8 millions d'habitants pour la municipalité, 5,7 millions pour la ville proprement dite.
Port de Xingang : le plus important port artificiel de Chine.
Industries : métallurgique, textile, électronique.
Après que les empereurs Yuan eurent installé leur capitale à Pékin au XIIIème siècle, l'importance stratégique et commerciale de Tianjin ne cessa de croître. Située au sud de l'endroit où viennent confluer le Haihe et le tronçon nord du Grand Canal, ainsi que les rivières Yongding et Ziya, Tianjin a toujours été un carrefour fluvial important permettant l'échange des marchandises entre la Chine du Nord, la Chine du Sud et Pékin. Grâce à son port, c'était également le lieu de transit obligatoire de tous les navires étrangers chargés de marchandises à destination de Pékin.
Sous les Ming, en 1404, la défense de la ville fut assurée par l'installation d'une garnison et la construction d'une muraille percée de quatre portes. Le destin de la ville changea radicalement en 1858 lorsque les Chinois signèrent un traité commercial avec la France et la Grande-Bretagne et accordèrent à ces deux puissances une concession dans la ville. Les Chinois refusant d'appliquer immédiatement le traité, la ville fut bombardée et occupée en 1860 par les troupes anglo-françaises. Tianjin fut alors ouverte au commerce étranger. En 1900, au moment de la révolte des Boxers, les armées japonaise, anglaise, française, américaine, allemande, austro-hongroise et russe occupèrent la ville. Les puissances étrangères correspondantes, ainsi que la Belgique et l'Italie, installèrent des concessions qui se développèrent rapidement. En 1937, les neuf concessions étrangères occupaient une surface neuf fois plus importante que la ville chinoise elle-même. Chaque concession était un véritable petit Etat dans l'Etat et possédait ses propres écoles, prisons, lois, cimetières et soldats. Les quartiers, construits dans le style national du pays qui les occupait, offraient une grande variété architecturale. En 1937, la ville fut occupée par les japonais, qui ne la quittèrent qu'en 1945. Depuis 1949, le commerce et l'industrie n'ont cessé de se développer et Tianjin, redevenue ville chinoise à part entière, rivalise avec Shanghai dans le domaine des industries textile, chimique, alimentaire, etc. Le 28 juillet 1976, le grand séisme de Tangshan frappa durement Tianjin qui resta une ville sinistrée pendant plus de dix-huit mois. Certains vieux immeubles, qui avaient été hérités des concessions internationales, se sont complètement écroulés et tous les quartiers nord de la ville ont été très sévèrement touchés. De nombreux bâtiments neufs de cinq ou six étages ont alors été construits dans les quartiers périphériques pour abriter la population.

 
Jixian
Pavillon de Guanyin
 
Le temple de la joie solitaire (Dulesi) se trouve dans le district de Jixian, à 113 km de Tianjin. Le Dulesi aurait été fondé sous les Tang, mais les bâtiments principaux, la porte d'entrée et le pavillon de Guanyin ont été reconstruits en 984, sous la dynastie des Liao. Ils font partie des plus anciens monuments de Chine construits en bois. Le toit de la porte est décoré de statues de Chiwei et de dragons (destinés à éloigner les esprits) qui sont parmi les plus anciennes de Chine. Dans le pavillon de Guanyin, le plus élevé de ce style en Chine (23 m), se trouve une remarquable statue de Guanyin haute de 16 m, qui date de la dynastie des Liao. Depuis cette époque, le temple a survécu à vingt-huit tremblements de terre. Espérons qu'il survivra à l'irruption du tourisme...
A 12 km au nord-ouest de Jixian se trouve le Panshan et son parc naturel. Moins spectaculaire que les célèbres montagnes du sud de la Chine, le Panshan offre tout de même quelques beaux paysages et la possibilité de faire de superbes promenades dans la nature. La passe de Huangyaguan et la Grande Muraille se trouvent au nord du district, exactement à l'ouest des tombeaux Qing.
Restaurée en 1991, la passe de Huangyaguan constitue une partie importante de la Grande Muraille. Elle serpente à travers les monts Yan sur 41 km. Cette section comprend soixante-six tours de guet et a été construite pour la première fois en 553.
 
 
Le Hebei
 
 
Superficie : 185 000 km²
Population : 60,2 millions d'habitants.
Capitale : Shijiazhuang.
Les municipalités de Pékin et de Tianjin sont autonomes.
Industries minières : charbon dans la région de Tangshan et de Fengfeng, pétrole dans la mer de Bohai, phosphates à Fangshan.
Usines sidérurgiques à Tansghan et Handan, textiles à Shijiazhuang et Handan.
Le fameux « homme de Pékin » fut découvert en 1921 au sud de Pékin. Il fut alors considéré comme le plus vieux fossile humain. Au temps des Royaumes combattants, à partir de 453 av. J.-C., les royaumes de Zhao et de Yan se partageaient la région occupée par l'actuelle province du Hebei. Yan avait sa capitale dans les environs de Pékin, à Jicheng. Le royaume de Yan érigea les premières murailles protectrices du nord de la Chine et Qin Shihuangdi, après son avènement, poursuivit cette entreprise à une plus grande échelle. A partir des Han de l'Ouest (206 av. J.-C. - 8 ap. J.-C.), le Hebei fit office de province tampon entre le coeur culturel de la Chine, plus au sud, et les éventuels envahisseurs barbares du Nord. Ce n'est qu'avec l'invasion du nord de la Chine par les Kitan et la fondation de la dynastie des Liao (907-1125) que le Hebei devint un centre culturel important, la capitale ayant été établie à Pékin. De la même façon, les envahisseurs mongols (dynastie des Yuan) puis mandchous (Qing) établirent leur capitale respective à Pékin. Ces envahisseurs successifs s'étant progressivement sinisés, Pékin, capitale de la Chine aux mains des barbares du Nord, resta toujours une ville chinoise.La province du Hebei, dont le nom signifie « au nord du fleuve », c'est-à-dire au nord du fleuve jaune, est bordée au nord par les provinces de Mongolie intérieure et du Liaoning, au sud par celles du Shanxi, du Henan et du Shandong. Elle possède en outre une région côtière qui donne sur la mer de Bohai. Le nord de la province est montagneux et relativement peu habité. La Grande Muraille serpente dans les contreforts du plateau mongol et ajoute beaucoup à ce paysage rude. Le sud de la province est occupé par une vaste plaine, beaucoup plus riche et plus fertile que le nord. Le paysage y est assez monotone, les champs de blé succédant aux champs de maïs ou de sorgho. Au sud, ce sont les champs de coton qui envahissent la plaine. La capitale de la province, Shijiazhuang, est devenue une importante ville industrielle, qui tire son énergie des mines de charbon de la région de Jingxing, dans l'ouest de la province. Le climat du Hebei est continental ; il y fait très froid et sec en hiver (-15 °C n'est pas une température exceptionnelle) et très chaud et humide en été (plus de 40 °C).
On visite généralement la province du Hebei en rayonnant à partir de Pékin. En effet, on peut se rendre en quelques heures dans les villes principales que sont, au nord, Chengde, Beidaihe et Qinhuangdao. Prévoyez de passer une nuit à Chengde et de disposer d'une journée pour visiter la région de Beidaihe et Qinhuangdao. A l'est, la municipalité autonome de Tianjin peut être visitée dans la journée à partir de Pékin. Au sud, il faut passer une nuit à Shijiazhuang pour visiter la capitale provinciale et ses environs. Les tombeaux Qing, qui se trouvent dans le district de Zunhua, ont été décrits dans le chapitre « Pékin », bien qu'ils soient situés dans la province du Hebei. Pour les amateurs d'histoire et de monuments anciens, Chengde constitue incontestablement l'excursion la plus intéressante. Les amateurs de belles plages et les amoureux de la Grande Muraille se rendront à Beidaihe et à Qinhuangdao.
 
Shijiashuang
 
Capitale du Hebei.
1,3 million d'habitants.
Industrie : filage et tissage du coton.
Shijiazhuang signifie « village des maisons de pierre ». La ville, moderne et très étendue, ne présente guère d'intérêt pour le touriste. Les touristes canadiens viennent s'y recueillir sur la tombe de Norman Béthune (Bai Qu'en, en chinois), l'une des personnalités étrangères les plus connues en wChine. Un texte célèbre de Mao a immortalisé l'« esprit de dévouement total à la cause du peuple» de cet étranger au service de l'Armée rouge. II mourut d'une septicémie en 1939, après avoir opéré un blessé.
 
Chengde
 
Chengde est une ville de 290 000 habitants, qui se trouve au nord de la province du Hebei, à quatre heures et demie de train de Pékin. Chengde est en soi une ville sans grand intérêt mais doit sa célébrité au palais du Jehol que l'empereur Kangxi des Qing fit construire en 1703. Le palais, le parc environnant et les temples qui l'ornent font de Chengde un lieu de promenade unique en Chine où l'on peut à la fois jouir du calme, de la nature et apprécier les somptueux vestiges du passé.L'empereur Kangxi entama en 1703 la construction d'un palais d'Eté auquel il donna le nom de Bishu shanzhuang, « hameau de montagne pour fuir la chaleur ». Ce n'est qu'en 1790, sous l'empereur Qianlong, que les travaux prirent fin. Six mois par an, les dignitaires de la Cour déménageaient dans ce palais où l'empereur fuyait les chaleurs estivales de Pékin. Les ambassadeurs étrangers devaient s'y rendre lorsqu'ils avaient à traiter d'importantes affaires et c'est là que l'empereur Qianlong reçut l'ambassade anglaise de Lord Macartney, en 1793. Les étrangers donnèrent au palais le nom de palais du Jehol, en raison de l'affluent du Luanhe, le Rehe ou Jehol, le « fleuve chaud », qui arrose la vallée de Chengde, et qui a donné son ancien nom à la province.
 
Le Bishu sanzhuang
 
Situé au nord de la ville, le palais et son parc occupent une surface de 560 ha et la muraille qui les entoure fait 10 km de long. On verra d'abord le Palais impérial, de dimensions et de style infiniment plus modestes que le Palais impérial de Pékin. Il se compose de petites cours carrées qui se succèdent sur un axe nord-sud. Les salles, soigneusement repeintes dans des couleurs sobres, ont été transformées en petits musées historiques et archéologiques.
En quittant le palais par le nord, on accède aux parcs impériaux. Ces parcs se divisent en trois parties : les lacs, les plaines et les montagnes, qui sont censées représenter la Chine en miniature. La « région des lacs » rappelle les paysages du Sud, Suzhou, Jiaxing et Hangzhou, alors que celle des montagnes est censée évoquer le nord de la Chine. Les plus beaux bâtiments ont été construits au bord de l'eau : le Shuixinxie, « portail au coeur de l'eau », le Jinshanting, « pavillon de la montagne d'or », le Yanyulou, « maison des brumes et de la pluie », où sont exposées de vieilles horloges serties de diamants et de pierreries offertes par les ambassadeurs européens aux empereurs chinois. Au nord-est de la région des lacs se trouve la source du Relue, le « fleuve chaud ».
Plus au nord encore, la « région des plaines » était autrefois plantée de forêts touffues où s'ébattaient des biches en liberté. Ces forêts ont malheureusement disparu et cédé la place à un hôpital militaire. Au nord-ouest, la « région des montagnes » occupe les quatre cinquièmes du parc. La plupart des bâtiments qui s'y trouvaient ont été détruits par les Seigneurs de la guerre au début du siècle, puis par les envahisseurs japonais. Il ne reste qu'un seul pavillon, perché au sommet d'une montagne, qui semble être une invitation à l'escalade.
 
Les temples de l'Extérieur

Putuo Zongcheng Temple

Xumifushou Temple

 
Les Waibamiao, les « huit temples de l'Extérieur », ont été construits entre 1713 et 1780. Il y en avait onze autrefois mais il n'en reste plus que sept aujourd'hui, et le chiffre huit indiqué par leur nom laisse les historiens perplexes. La plupart des temples de Chengde sont des temples lamaïstes. En effet, le lamaïsme était la religion officielle de la dynastie des Qing, d'origine mandchoue. Cette religion permettait également de sceller l'alliance entre le gouvernement central et deux minorités nationales alors puissantes : les Mongols et les Tibétains, de même confession. Ceci explique que la plupart des stèles érigées dans les temples de Chengde soient rédigées en quatre langues : chinois, mongol, tibétain et mandchou. Les temples se trouvent au nord et à l'est de la ville, au-delà des parcs impériaux, à quelques kilomètres du centreville. On peut s'y rendre à pied ou prendre un autobus sur la route qui longe la rivière. A l'est de la rivière se trouvent, du sud au nord, le Purensi, temple de l'Amour universel, le Pushansi, temple de la Bonté universelle (détruit), le Pulesi, temple de la joie universelle et le Anyuanmiao, temple de l'Éternité tranquille, aussi appelé temple de la Vallée de l'Ili (au Xinjiang), parce qu'il a été bâti en 1764 sur le modèle d'un temple de cette région. Le Pulesi fut construit en 1766 et rappelle le temple du Ciel à Pékin. Le bâtiment principal, le pavillon de la Lumière de l'aurore, est de forme circulaire et son double toit est couvert de tuiles jaunes. On remarquera dans ce pavillon une très belle statue tantrique de facture chinoise mais de style tibétain. En montant sur la colline derrière le Pulesi, on a une très jolie vue`!F1' sur la vallée tout entière. Une promenade d'une heure sur le même sentier mène à l'étrange formation rocheuse que l'on aperçoit partout de Chengde. Ce rocher, qui s'appelle le « rocher du battoir et de la planche à linge », ressemble à une chaise géante. Il est possible de grimper sans trop d'efforts sur la « chaise », au pied du « dossier ». Le deuxième groupe de temples se trouve au nord de la ville. Il se compose, d'est en ouest, du Puningsi, du Puyousi ift (détruit), du Xumifushoumiao, du Putuozongshengmiao, du Shuxiangsi, du Guang'ansi et du Lohantang. Ces deux derniers ont été détruits.
 
Le temple de la Paix Universelle
 
Le Puningsi fut construit en 1775 sur le modèle du grand temple tibétain de Samyé. Le bâtiment principal abrite un impressionnant bouddha de bois qui mesure 22,28 m de haut et pèse 10 t. On peut aussi voir dans un des premiers bâtiments sur la gauche quelques statues de luohan, disciples du Bouddha, qui se trouvaient dans le Luohantang ou « salle des Arhats ». Certaines de ces statues sont à demi calcinées. En effet, le Luohantang a été frappé par la foudre et, l'incendie n'ayant pu être jugulé, seules quelques statues ont pu être sauvées. L'arrangement des petits pavillons, construits sur une hauteur derrière le bâtiment principal, est chargé de symboles lamestes. Le pavillon triangulaire, les pavillons de la lune et du soleil, la pagode polychrome, représentent les diverses étapes de la vie du Bouddha avant qu'il n'ait atteint le nirvâna. Le temple Xumifushou fut construit en 1780 en l'honneur d'un chef religieux tibétain, le panchen-lama de la sixième dynastie. Les bâtiments sont donc de style tibétain, sur le modèle du temple Tashilhunpo. On admirera tout particulièrement les toitures ornées d'animaux mythiques du temple central, qui se trouve entre une vaste terrasse de briques rouges et le temple secondaire, construit en retrait sur la colline. Ce superbe ensemble est dominé par une petite pagode en briques vernissées qui rappelle celle des Collines parfumées de Pékin.
Le temple Putuozongsheng couvre une surface de 220 ha. C'est le plus grand temple de Chengde et il fallut quatre ans - de 1767 à 1771 - pour le construire. C'est une imitation du plus célèbre centre religieux du Tibet, le Potala de Lhassa. Il est actuellement en réfection mais on peut tout de même visiter quelques-uns des petits bâtiments blancs qui s'élèvent par dizaines au pied du grand bâtiment central de briques rouges, véritable forteresse qui abrite le temple principal à la toiture faite de tuiles d'or. Quelques reliques dont des statues tantriques en bronze, sont encore exposées dans les divers bâtiments mais l'ensemble est en assez mauvais état.
Le dernier de ces temples, le Shuxiangsi, construit en 1774, est également en cours de réfection. Ses bâtiments rappellent le temple du même nom qui se trouve au Wutaishan dans le Shanxi. C'est dans son enceinte que les principaux sutras tibétains furent traduits en mandchou, la langue de la Cour. La traduction dura dix-huit ans.

 
 
Le Shandong
 
 
Presqu'île à l'est de Pékin et du Hebei, au nord du Jiangsu et du Henan.
Population : 83,4 millions d'habitants
Superficie : 153 300 km2 (un quart de la France).
Capitale : Jinan, 2,3 millions d'habitants.

De climat tempéré, le Shandong semble avoir été de tout temps l'un des plus importants foyers de peuplement de Chine. Des vestiges de culture néolithique dite de Longshan ont été découverts dans la basse vallée du fleuve Jaune, au nord-est de Jinan. Caractéristiques de cette culture, des objets de céramique noire d'une grande finesse ont été retrouvés dans de multiples régions du Shandong. A l'époque des Printemps et des Automnes (770-475 av. J.-C.), le Shandong était divisé en deux Etats. A l'est, le pays de Qi et à l'ouest le pays de Lu. C'est dans le pays de Lu que naquit, en 551 av. J.-C., le philosophe Confucius qui devait marquer à tout jamais la province. C'est en effet sur ses traces que les touristes chinois, un peu plus nombreux chaque année, se rendent à Qufu, village natal de l'inspirateur de la religion traditionnelle chinoise. Le Shandong est aussi la province natale du disciple de Confucius, Mencius, né à Zouxian au IVème siècle av. J.-C. Un temple lui est consacré. Profondément marqué par le confucianisme, le Shandong garde aussi la mémoire des quelques grands écrivains qui y vécurent, tels Pu Songling, auteur des contes fantastiques du Liaozhai zhiyi, de la dynastie des Qing, qui vécut non loin de Zibo, et la poétesse Li Qingzhao, née à Jinan en 1084.
A partir de la fin du XIXèmesiècle, avec l'ouverture forcée de la Chine aux puissances étrangères, le Shandong a subi essentiellement l'influence allemande. En effet, les Allemands ont obtenu d'établir une concession dans la baie de Jiaozhou (actuelle Qingdao) et ont grandement contribué à l'industrialisation de la province : construction de voies ferrées, d'usines et échanges commerciaux actifs. Cela explique que la meilleure bière de Chine, la Tsingdao Beer, soit fabriquée à Qingdao. Par sa forme, sa situation et son climat, la province du Shandong ressemble beaucoup à la Bretagne. Elle est formée dans sa partie orientale par une péninsule qui sépare le golfe du Bohai (au nord) de la mer jaune (au sud). Ses côtes découpées abritent d'innombrables petits ports de pêche très actifs. A l'intérieur des terres, les trois cinquièmes des 153 300 km² de la province sont occupés par des collines et des montagnes, comme le massif du Taishan, dont les sommets s'élèvent à plus de 1 500 m. Pendant des siècles, le fleuve Jaune fut la grande calamité de la province qui changea de lit vingt-six fois en 3 000 ans, son embouchure se trouvant située tantôt au nord, tantôt au sud de la péninsule. Depuis 1933, le fleuve jaune se jette dans la mer de Bohai, au nord de la province. Le climat est très doux, humide en été et relativement chaud en hiver, la moyenne des températures allant de -1°'C en janvier à 24 °C en juillet. Les principales ressources économiques proviennent de l'agriculture : blé, pomme de terre, coton, arachide, tabac, etc. La production agricole a permis l'essor de l'industrie légère : industrie textile, manufactures de cigarettes, industrie alimentaire, etc. D'importants gisements de houille et de fer sont exploités dans la région des collines.
 
Jinan   
 
Le site, habité au néolithique (culture de Longshan) fut Luoyi, cité de la principauté de Qi de 770 à 221 av. J.-C., puis Lixia et enfin Jinan (jadis transcrit Tsinan) sous les Han. Ville commerciale sous les Tang et les Song, elle se trouva soumise à l'influence de l'Allemagne qi avait obtenu une concession à Qingtao de 1898 à 1918. Situé au pie des monts Lishan et à 5 km au Sud du fleuve jaune, c'est aujourd'hui le chef-lieu de la province du Shandong et un centre industriel qt compte plus de 2 millions d'habitants.
Jinan est connue comme "la ville des sources". Jadis on célébrait so charme par la formule: "Chaque foyer a sa source, chaque maison ombragée par des saules". Déjà, au XIIe s., sous la dynastie des Jir une stèle inscrite énumérait les 72 sources célèbres qui y avaient et recensées. Elles sont moins nombreuses aujourd'hui: la Meilleur (Baotu), le Tigre noir (Heibu), les Cinq Dragons (Wulongtan), le Perles (Zhenzhu), les Neuf Filles (Jiunu), Pipa (un luth chinois).. Coulant dans un cadre agréable et traditionnel, elles alimentent le la Daming, lieu de promenade aux rives bordées de quelques vieu: temples et de maisons de thé.
Dans les banlieues Sud, on visitera Qianfo shan, la montagne de Mille Bouddhas - qui doit son nom aux centaines de statues sculp tées en ex-voto dans la falaise rocheuse et datant pour la plupart de Sui -, ainsi que la pagode des Dragons -Tigres, la Pagode à rien pointes, la montagne de la Cassette de jade, etc. À 60 km au Sud-Ouest, sur le Xiaotangshan, un très ancien temple funéraire des Han est décor de gravures représentant des scènes de chasse et de combat, di voyages, de vie quotidienne, etc.
 
Tai'an et le Taishan
 
 
A 80 km de Jinan et à 102 km de Qufu.
Petite ville tournée vers le tourisme au mont Tai.
Population 40 000 habitants.
 
Le taishan
 
Le Taishan, c'est le pic de l'Est, la plus célèbre des cinq montagnes sacrées de la Chine ancienne. Il symbolise la fermeté et la grandeur, comme en témoignent certaines expressions populaires : "inébranlable comme le Taishan", "ouvrir les yeux sans voir le Taishan"...
Le Taishan n'est pas très élevé, 1 524 m, mais il se trouve dans une plaine qui se situe à peine à 25 m au-dessus du niveau de la mer, et, de ce fait, le pic semble doublement imposant.
Le Taishan fut un lieu de pèlerinage des empereurs et aujourd'hui encore on peut voir de petites vieilles femmes aux pieds bandés qui font l'ascension, soutenues par leurs enfants et dont le but n'est pas d'admirer le paysage. C'est en effet au pied du Taishan que viennent se rassembler les âmes des morts et le mont est considéré comme le grand magistrat des enfers. C'est une divinité-montagne au même titre que le Fuji au Japon ou l'Olympe en Grèce. Le chemin qui mène au sommet s'ouvre par un portique monumental, le Daizong fang, construit en 1730. Lascension commence par un chemin dallé légèrement en pente auquel succèdent bientôt des marches de pierre. On passera devant le temple de Xiwangmu, la reine mère d'Occident, qui date des Tang. C'était la première halte des empereurs au cours de leur pèlerinage.
La montée véritable commence à la Première Porte céleste (Yitianmen). Arrivé à la tour des Dix Mille Immortels (Wanxianlou), construite en 1620, vous vous trouverez devant la salle où l'empereur recevait les hommages de la Cour. Après une ascension assez raide, vous atteindrez le palais de la déesse Dumu (Dumugong), beau bâtiment aux murs violets et aux tuiles de couleur. D'une fenêtre, on aperçoit un pan de la montagne et, pendant la saison des pluies, une triple cascade. Vous arriverez bientôt à une bifurcation. Un chemin sur la droite mène à la vallée du Sutra sur pierre (Shijinggu). Un canon bouddhique est gravé sur le lit de la rivière en grands caractères de 50 cm de haut. On peut encore en lire 1 043 bien que certains aient été gravés vers 570 et d'autres sous les Ming.
Il faut retourner sur ses pas pour retrouver le chemin qui mène bientôt à la porte céleste du Milieu, Zhongtianmen. A partir de là, on redescend jusqu'au pont du Pas sur les Nuages, Yunbuqiao, dans une très jolie vallée creusée par un torrent impétueux. La partie la plus ardue de l'ascension commence au-delà du pavillon des Cinq Pins (Wusongting). On admirera les innombrables calligraphies qui ornent les plus beaux rochers sur le bord de la route. C'est à partir du petit arc de triomphe appelé Shengxian fang que commence un monumental escalier de pierre qui mène jusqu'à la porte céleste du sud (Nantianmen). Ce dernier portique annonce la fin de l'escalade, le but de vos efforts. La vue splendide que l'on obtient du sommet, surtout au coucher du soleil, vous récompensera de votre peine !
On verra aussi le temple des Nuages Colorés, Bixiasi, beau palais dédié à la déesse du Taishan. Les bâtiments sont recouverts de tuiles de fonte pour mieux résister aux intempéries. Au point culminant se trouve un temple taoïste, le Yuhuangding, sommet de l'Empereur de jade, auprès duquel on peut lire sur une stèle : « C'est ici que se tint Confucius et qu'il prit conscience de la petitesse du monde », selon des paroles du vieux sage rapportées par Mencius. Il faut contempler le lever du soleil un peu en contrebas de ce dernier temple sur le rocher appelé Riguangfeng. C'est un spectacle grandiose fort apprécié.
 
Le temple de Taishan
 
A deux pas du centre d'accueil de la ville de Tai'an se trouve le temple du Taishan (Daimiao), immense groupe:. architectural de 96 000 m2. Construit sous les Han, il a été considérablement agrandi sous les Tang et les Song (vIicxillr siècle). Parmi les pins et les cyprès séculaires, se dressent stèles, pavillons et palais. Le palais Tiankuang, construit en 1009, est un monument tout en bois de 48,7 m de long sur 20 m de large, à double toiture de tuiles jaunes, et aux murs rouges. C'est l'un des trois plus grands palais qui existent en Chine, les deux autres étant le palais de l'Harmonie suprême dans le Palais impérial de Pékin et le palais Dacheng à Qufu. Il abrite une peinture murale de 62 m de long sur 3 m de haut, une rouvre des Song qui décrit une tournée dans l'empire du dieu du Taishan.
Dans l'aile gauche du temple, on verra une première cour latérale où poussent six thuyas qui auraient été plantés en 110 av. J.-C. Le long de la muraille du temple sont encastrées des stèles précieuses calligraphiées par les plus grands lettrés de Chine, tel Mi Fu, au cours des
 
Qufu
 
 

Ville natale de Confucius.
35 000 habitants.
A 182 km au sud de Jinan.

Petit joyau de la civilisation chinoise, la ville de Qufu avait déjà connu une longue histoire avant la naissance de Confucius, en 551 av. J.-C. Qufu se trouvait dans le pays de Yan, sous la dynastie des Shang. Au XIème siècle av. J.-C., sous la dynastie des Zhou, Qufu appartenait au pays de Lu, et fut donnée en fief à la famille du duc de Zhou, régent du roi. Par la suite, les descendants du duc conservèrent leur fief durant trente-trois générations. Dans ses enseignements, Confucius (en chinois Kongfuzi) fait fréquemment référence au duc de Zhou dont il louait le comportement. Il comparait l'époque du duc de Zhou à l'âge d'or de la civilisation chinoise et déplorait les moeurs relâchées et décadentes de ses contemporains. Après la mort du philosophe, en 479, le duc Ai de Lu fit transformer en temple la maison où il avait habité. Ce temple a été restauré, détruit et reconstruit au cours des siècles. Le temple actuel fut édifié sous les Ming, entre 1522 et 1567, comme les murailles protégeant Qufu et la résidence des descendants de Confucius. Durant la Révolution culturelle et la violente campagne politique dirigée contre Lin Biao et Confucius (pi Lin-pi Kong), les gardes rouges vinrent détruire une partie des murailles et voulurent s'attaquer au temple. La légende veut que le Premier ministre Zhou Enlai soit intervenu pour faire verrouiller les portes du temple et évacuer les jeunes vandales. Malgré tout, le site de Qufu, rouvert au public en 1979, a survécu aux vicissitudes de cette époque et attire un nombre toujours croissant de visiteurs chinois et étrangers.
 
Le temple de Confucius
 
Il se trouve dans la partie ouest de la ville. Il a été construit en 739 à l'emplacement du premier temple, édifié en 478 av. J.-C. La dernière grande restauration qu'il connut date de 1723, sous les Qing.
Il est orienté suivant un axe nord-sud et sa construction est parfaitement symétrique par rapport à cet axe. Il comprend sept portes et six cours, toutes différentes et ornées de vieux cyprès qui auraient été plantés sous les Han. Le premier grand temple, quand on vient de l'entrée principale, est le pavillon de la Constellation des Lettrés, Guiwenge, construit en 1190. C'est là que les prêtres se préparaient aux cérémonies officielles des fêtes du printemps et de l'automne.
On verra ensuite l'arbre kuai qui est censé être issu de l'arbre que planta Confucius à cet emplacement même. Derrière se trouve le grand temple de Confucius, Dachengdian. Le temple mesure 26 m de haut et 47 m de large. Le toit est supporté par dix colonnes de marbre décorées par des dragons sculptés en bas-relief. Ce temple date de 1724 et c'est l'un des trois plus grands de Chine.
Dans le dernier bâtiment situé sur l'axe central, la salle des Souvenirs du Sage (Shengjidian), on verra la légende de Confucius gravée sur une série de cent cinq pierres. Ces images et les textes qui les accompagnent ont été gravés en 1592. La partie orientale de l'ensemble du temple abrite la demeure de Confucius. En revenant sur vos pas, n'omettez pas de visiter la partie occidentale du temple occupée par une longue galerie (transformée en musée) dont les dalles sculptées ou décorées datent de la dynastie des Han et proviennent de divers tombeaux du Shandong. C'est en partie grâce à ces « bandes dessinées sur marbre que l'on a pu reconstituer la vie de Confucius, celle des nobles et celle des simples habitants de la région. Aux évocations historiques se mêlent des descriptions de rites chamanistes et des scènes de pêche et de chasse.
 
La résidence des descendants de Confucius
 

Immédiatement à l'est du temple de Confucius (Kongfu), la résidence des descendants de Confucius, les Kong, a été conçue d'après le schéma des palais impériaux. Elle est orientée nord-sud et s'organise en une partie publique,
où les descendants se consacraient à leurs activités sociales telles que tâches administratives ou cérémonies rituelles, et une partie privée dans laquelle habitaient les familles du clan. Anoblie dès le n` siècle av. J.-C., la famille de Confucius a maintenu intactes ses traditions et ses richesses jusqu'au XXème siècle. Le 76' descendant de la lignée Kong Decheng, né en 1920, à préféré se réfugier à Taiwan à l'arrivée des communistes où il vit toujours. Pourtant, le mobilier qu'il connut enfant, notamment la chambre de sa mère, est resté intact, attendant peut-être son retour.
 
La tombe de Confucius
 
A un kilomètre de ce qui fut la porte nord de Qufu, se trouve l'entrée du cimetière de la famille de Confucius, appelé la forêt du Grand Sage (Zhishenglin). L'allée principale mène à un temple derrière lequel se trouve un tertre de 8 m de diamètre : la tombe de Confucius.
 
 
 
Le bassin moyen du fleuve Jaune
 
La plaine du fleuve jaune - qui traverse les provinces du Henan, du Shanxi, du Shaanxi, du Shandong - est le berceau de la civilisation chinoise.
La profusion des sites archéologiques témoigne de la richesse de ces quatre mille ans d'histoire.
Cette région a vu l'épanouissement des cultures néolithiques de Yangshao et de Longshan, puis la formation des premiers États sous les dynasties des Xia, des Shang, des Zhou, avant de devenir le centre de l'empire jusqu'à la conquête mongole.
 
Le Shaanxi
 
 
 

La population est de 32,5 millions, répartis dans les trois zones géographiques bien distinctes de la province : au nord, les plateaux de Loess ; au centre, la vallée de la Wei, affluent du fleuve Jaune et au sud, la chaîne des monts Qingling et la vallée de la Han.

La population est de 32,5 millions d'habitants, répartis dans les trois zones géographiques bien distinctes de la province : au nord, les plateaux de Loess, au centre, la vallée de laWei, affluent du fleuve Jaune et ausud, la chaîne des monts Qingling et la vallée de la Han.
La province du Shaanxi est bordée à l'est par la province du Shanxi. Le nom de ces deux provinces ne se distinguant que par les caractères et la différence de ton de la première syllabe, les Chinois ont adopté la transcription conventionnelle de Shaanxi. Certains préfèrent transcrire Shenxi, d'autres Shânxi.
Xi'an et le nord du Shaanxi connaissent un climat continental, aux étés très chauds (jusqu'à 40 °C) et aux hivers très froids (jusqu'à -18 °C) alors que le sud du Shaanxi jouit d'un climat subtropical grâce à la barrière protectrice des monts Qingling.
 
Xian
 
Xian, la ville la plus célèbre de la Chine antique, la grande capitale de l'Ouest, est aujourd'hui le chef-lieu de la province du Shaanxi, à quelques kilomètres au sud de la rivière Wei, au pied de la chaîne des Qinling. L'histoire de Xian - qui se nommait Chang'an - est celle de la capitale de l'empire pendant onze siècles (de 206 av. J.-C. à 907) et d'un centre de civilisation privilégié, noeud de communication et d'échanges entre l'Orient et l'Occident. Certes, le site avait été choisi antérieurement: à Banpo, 10 km à l'Est de Xian (les archéologues chinois y ont mis au jour un centre néolithique important couvrant 5 ha), et à Zhangjiapo, au Sud-Ouest de la ville, où les fouilles ont permis de découvrir quantité d'objets funéraires, dont quelques chars des Zhou occidentaux (Xe s.-771 av. J.-C.) qui eurent leurs capitales de part et d'autre de la rivière Feng. Puis le grand empereur Qin Shi huangdi (259-210 av. J.-C.) installa ses palais à Xianyang, sur la rive gauche de la Wei. Enfin, les Han fondèrent Chang'an (Paix éternelle), à 7 km au Nord-Ouest de la ville actuelle, en 206 avant notre ère.
Cette première capitale des Han nous est révélée par les fouilles qui illustrent et confirment les anciens textes. La muraille d'enceinte mesurait 22 km, était percée de 12 portes à 3 entrées, la cité quadrillée par 8 voies principales et 160 ruelles. Au S-O, sur une plate-forme haute de 10 m, se trouvait le palais Weiyang, comportant 40 salles et pavillons: Qiandian avait ainsi 183,30 m de long, 50 m de large et 12 m de haut... Sur les places se mêlaient les envoyés des pays tributaires - du Viêt-nam à la Corée -, les marchands indiens et persans, et même les acrobates byzantins.
Chang'an atteindra son apogée sous les Tang. La nouvelle cité est alors entourée d'une muraille de 36,7 km (la résidence impériale et la cité administrative impériale se situaient au N), et divisée en 108 blocs par un plan en damier et des avenues rectilignes, larges de plus de 100 m, pourvues d'un système de drainage, bordées d'ormes et d'acacias.
De très nombreux textes de l'époque fournissent un luxe de détails sur le quartier de l'Ouest où vivaient les étrangers, les boutiques du marché de l'Est, les courtisanes du quartier Ping kang, les temples bouddhiques et taoïstes du quartier de Chong ren. Après la chute des Tang, Chang'an se dépeuple et connaît un inexorable déclin. À la fin du XIVe siècle, les Ming lui rendent vie en reconstruisant une ville qui n'est plus que le sixième de celle de sa splendeur. Puis les Mandchous y installent une garnison qui sera massacrée en 1911 par les insurgés
 
Drum Tower
La Pagode de la Grande Oie
 
Man est une des rares villes dont les murailles et les douves (12 km de périmètre) datant des Ming ont été épargnées - et même restaurées - par les urbanistes de cette fin de siècle. Impossible d'ignorer la tour de la Cloche (Zhonglou), au coeur de la cité, au carrefour des deux principales avenues, avec son architecture carrée, ses quatre grandes portes voûtées et ses trois étages (27 m de hauteur). Au Nord-Ouest, la tour du Tambour (Gulou), construite en 1370, est plus large, plus haute (30 m) et ne doit pas être négligée. Le musée d'histoire du Shaanxi, ouvert en 1992 sur Xiaozhai donglu, dans la banlieue Sud, est un vaste ensemble s'inspirant de l'architecture des Tang qui expose d'admirables pièces (statues, bronzes, céramique) ainsi que des fresques des époques Shang, Zhou, Han, Sui, Tang et suivantes, récupérées dans plus de quarante tombes. La visite de la Forêt des stèles (Beilin), dans l'ancien temple de Confucius intra muros, sur Duanlümen, complète celle du musée: on y voit rassemblées 1 095 pièces, parmi lesquelles les 114 stèles des classiques, gravées en 837 et déposées en ce lieu depuis 1090, dont la célèbre stèle nestorienne de 781, dite de Si Ngan Fou, avec un texte en chinois et en syriaque. Cette collection unique et vénérable paraîtra toutefois un peu... absconse aux non-spécialistes de l'épigraphie chinoise. Les monuments anciens de Xian ont beaucoup souffert du vandalisme des gardes rouges pendant la Révolution culturelle, en particulier le temple des Dieux de la ville, les Cinq Terrasses de l'Ouest, le temple des Lamas, celui du Dragon couché (qui datait des Sui) et celui du Taishan. La grande mosquée fondée sous les Tang, dont les bâtiments remonteraient au XIVe siècle, et la tour de la Cloche furent à peu près les seuls préservés.
Les Pagodes des Oies sauvages remontent à l'époque des Tang. La première pagode (Xiaoyan ta), de treize étages (45 m) sur plan carré, fut bâtie en 706 près du célèbre monastère Daqing, édifié vingt ans plus tôt. Elle est à environ 1,5 km au S de la cité Qing (la "vieille ville") et à l'Ouest du grand axe sud-nord. Plus au Sud, à 4 km de l'ancienne muraille Qing et presque dans l'axe de l'avenue Yanta, se dresse la seconde pagode (Dayan ta), élevée en 652 pour recevoir les sutras bouddhiques ramenés de l'Inde par le célèbre pèlerin Xuanzang. Cette pagode de sept étages, haute de 74 m et large de 45 m à la base, est également de plan carré. Le temple proprement dit, reconstruit et restauré, conserve le souvenir du grand voyageur des Tang. Il est d'ailleurs toujours en activité.
On pourra consacrer quelques heures au Daxingshan si. Fondé au IIIème siècle, ouvert à des moines indiens au Ville s., détruit et reconstruit pour la dernière fois en 1956, et de nouveau desservi par des lamas. On terminera par le Baxian an (temple des Huit Immortels), à l'Est de l'ancienne ville, qui est toujours un centre taoïste réputé où vivent quelques daoshi.
 
Le mausolée de Qin Shihuangdi
 
Né en 259 av. J.-C., mort en 210 av. J.-C., Qin Shihuangdi, de son véritable nom Yingzheng, est monté sur le trône à l'âge de treize ans. Il est le fondateur de la dynastie des Qin et le premier empereur de Chine : c'est lui qui réussit véritablement à centraliser le pouvoir. Le tumulus sous lequel se trouve la tombe proprement dite de Qin Shihuangdi est à 1 km du mont Li. Il n'a pas encore été ouvert. D'après les textes de Sima Qian (ii' siècle av. J.-C.), la tombe est un immense palais enfoui, aux plafonds décorés d'or et de perles, équipé de rivières artificielles où coulerait du mercure !
 
L'armée de terre cuite 
 
A environ 1 500 m de ce tumulus se trouve l'armée enterrée. Elle fait certainement partie du vaste ensemble funéraire dont on ignore encore les dimensions exactes. D'après Sima Qian, toujours, cette oeuvre gigantesque mobilisa 720 000 personnes et dura trente-six ans. Elle ne fut terminée que peu de temps avant la mort de l'empereur. Après la chute de la dynastie, peu après la mort de l'empereur, un des anciens généraux de Qin Shihuangdi, Xiang Yi, aurait profané la tombe.
En 1974, des paysans qui creusaient des puits découvrirent une fosse contenant six mille statues de guerriers et de chevaux qui devaient constituer la garnison du tumulus. Des fouilles furent entreprises aussitôt, qui permirent de découvrir deux autres fosses renfermant respectivement mille et soixante treize statues. Ces trois fosses sont toutes des constructions souterraines de bois et de verre. Après avoir profané la tombe, Xiang Yi y aurait fait mettre le feu, provoquant ainsi l'effondrement des fosses. Ultérieurement, des infiltrations d'eau ont causé de grands dommages.
Les guerriers mesurent entre 1,78 et 1,87 m. Ils sont coiffés de casques et vêtus de cuirasses. A travers les parures, les expressions et la taille, on distingue des généraux, des conseillers, et quatre sortes de soldats : les cavaliers, les fantassins, les arbalétriers et les conducteurs de char. Les chevaux ont 1,70 m de haut et 2 m de long. Un char a pu être mis au jour dans la troisième fosse.
Un musée a été élevé au-dessus de la deuxième fosse. La salle d'exposition, de 230 m de long et 72 m de large, ne couvre qu'une partie de la fosse. Il a été inauguré le 1er octobre 1979 à l'occasion du trentième anniversaire de la république populaire de Chine. On y trouve également exposés des épées, des lances en bronze, des arcs et des flèches ainsi que des milliers d'armes en alliage à base de cuivre ou de fer et même des flèches en alliage toxique de cuivre et d'aluminium. En 1980, deux chariots et leurs équipages de quatre chevaux furent découverts à l'ouest du tumulus. Le chariot n° 2 est exposé dans une petite salle à gauche de la Grande Fouille. Considéré comme une des plus importantes découvertes de l'archéologie chinoise, ce chariot est une vraie splendeur. Les quatre chevaux, un peu plus petits que nature, sont remarquablement expressifs. Leur harnais, leur mors sont incrustés d'or et d'argent et le chariot lui-même est en bronze avec des incrustations d'or. L'état de conservation dans lequel il a été retrouvé est tout à fait miraculeux.
 
Tombeaux et sources thermales
 
Au Nord de la ville et de la Wei, sur les avancées du plateau, les sépultures impériales des Zhou, des Han et des Tang, encore inviolées, attendent les archéologues déjà débordés par l'exploitation des sites découverts à l'occasion des grands travaux du génie civil. Les guides proposent généralement la visite du site néolithique de Banpo (6000 ans av. J.-C.) qui a beaucoup d'intérêt pour les préhistoriens.
Leur seconde suggestion est une excursion aux sources thermales Huaqing, au pied du mont Lishan, à une vingtaine de kilomètres à l'est de la ville. On peut d'ailleurs s'y rendre par le train qui s'arrête à Lintong. La source chaude, qui sort de la montagne à 43 °C, est connue depuis la plus haute antiquité. Qin Shihuang y eut une résidence, et l'empereur Taizong y fit bâtir en 644 un palais que Xuanzong agrandit en 747 en lui donnant ce nom de Huaqing ou "Glorieuse Pureté". Son souvenir est toujours présent, et plus encore celui de sa belle favorite, Yang Guifei. Mais le merveilleux palais disparut avec les Tang et le site fut adopté par les taoïstes qui y édifièrent des temples (l'un dédié à Laozi) au sommet de la montagne et de petits ermitages encore occupés épisodiquement aujourd'hui. De nouveaux bâtiments, kiosques, pavillons, restaurants et maisons de thé, dans le style traditionnel, ont été construits en ces lieux au cours des dernières années. Avant de quitter Xian, on pourra rêver dans la banlieue Nord-Est sur le site de Long shou yuan (tête du Dragon), là où s'élevait jadis Daming gong, le palais de la Grande Clarté des Tang, ou dans la banlieue S, réputée pour la beauté de ses paysages et de ses temples des collines . Si l'on dispose de temps et d'un moyen de transport, on peut envisager le circuit des mausolées impériaux à l'Ouest de la ville : Maoling (45 km), le tombeau de Wudi des Han et le musée ; Zhaoling (70 km), le tombeau de Taizong des Tang, ouvert au public depuis 1979; ou encore Qianling (90 km), les tombeaux de Gaozong et de l'impératrice Wu Zetian.
 
Qianling   
 
Qianling se trouve à 6 km du siège du district de Qin, à l'ouest de Zhaoling. C'est une colline naturelle (Liangshan) qui servit de mausolée à Gaozong, fils de Taizong, troisième empereur des Tang et à son épouse, la terrible Wu Zetian, qui régna vingt et un ans après la mort de son époux. En 1958, des archéologues ont découvert l'entrée du passage, mais les fouilles n'ont pas encore commencé. Il s'agit d'un site grandiose perdu au milieu des collines de loess.En remontant la voie d'accès, on verra successivement : deux obélisques octogonaux, des chevaux ailés, deux autruches, symbolisant le Sud, cinq paires de chevaux, dix paires de statues représentant des généraux en armures, deux stèles de plus de 6 m de haut. Lune est dédiée à Gaozong, l'autre est la « stèle sans inscription », l'impératrice Wu Zetian laissant à ses successeurs le choix de l'épitaphe. Viennent ensuite soixante et une statues de pierre représentant les chefs de minorités nationales et les ambassadeurs de pays amis venus assister aux funérailles de l'empereur. Enfin, une paire de lions défendent l'enceinte de la tombe. Au sud de Qianling, il y aurait, d'après les textes, plus de soixante-dix tombes secondaires de dignitaires de l'époque. Parmi ces tombes, on pourra visiter celle de la princesse Li Xianhui, petite fille de l'impératrice. La tombe fut profanée. Il y reste peu de chose, hormis le cercueil, des fresques très belles et des niches contenant de superbes figurines de céramique « trois couleurs ». Dans la salle du cercueil, le plafond est couvert d'une fresque représentant le cosmos. Le tombeau du prince Zhang Huai, fils de Wu Zetian, a fait également l'objet de fouilles ; on peut voir le sarcophage, fait de trentetrois plaques de pierre, dont les fresques sont toujours intactes.
 
Huashan   
 
Dominant la vallée de la Wei, un peu en amont de son confluent avec le fleuve Jaune, le Huashan est l'une des cinq montagnes sacrées de la Chine antique, dont l'escalade par les touristes vient d'être de nouveau autorisée.
Le Huashan, qui culmine à 2 200 m, dresse cinq sommets correspondant aux points cardinaux (Nord, Sud, Est, Ouest et Centre), reliés les uns aux autres par des sentiers escarpés aux noms aussi évocateurs que "les Falaises qui collent aux oreilles", "les Escaliers qui s'élancent vers le ciel" et "la Passerelle à travers les précipices", déconseillés aux personnes sujettes au vertige. Ce paysage est depuis 2 000 ans un lieu d'élection des ermites taoïstes.
Les temples, les pavillons et les kiosques construits à l'intention des pèlerins dans les sites choisis pour leur beauté furent saccagés par les enragés de la Révolution culturelle. Une douzaine d'entre eux ont été restaurés ou reconstruits, dont Qun xian guan (temple des Immortels),
 
 
Le Henan
 
 

Une des provinces les plus habitées : 86 millions d'habitants
Superficie : 167 000 km²
515 habitants au km²

Située, comme son nom l'indique, « au sud du fleuve » (Jaune), le Henan est le véritable berceau de la civilisation chinoise et c'est dans cette province que l'on a découvert, et que l'on continue de découvrir, des vestiges permettant de reconstituer de plus en plus précisément les 3 500 ans d'histoire de la Chine.
 
Zhengzhou
 
Le site de l'actuelle Zhengzhou fut il y a très longtemps, au xve siècle avant notre ère, une des capitales de la première dynastie de l'âge du bronze, celle des Shang.
Par la suite, Zhengzhou resta un petit bourg sans importance jusqu'à la construction, au XIXème siècle, de la voie ferrée Pékin-Canton et d'une ligne estouest (long-hai). La ville devint alors le plus grand carrefour ferroviaire de la Chine. En 1923, les cheminots de la ligne de chemin de fer Pékin-Hankou organisèrent la première grève du mouvement ouvrier chinois, connue aujourd'hui sous le nom de Grève du 7 Février. Au centre de la ville, la Pagode du 7 Février commémore cet épisode de la lutte de la classe ouvrière chinoise.
Après 1949, la situation stratégique de Zhengzhou et la richesse de son sous-sol (charbon, fer et bauxite) allaient en faire la capitale économique de la province.
Aujourd'hui, on contemple une ville nouvelle, issue du premier plan quinquennal. En 1956, elle a été divisée en grandes zones : mécanique, textile, entrepôts et administration. Les quartiers d'habitation ont été conçus au centre de la ville. Grâce à une politique de reboisement efficace, 32 % de la surface de la ville est occupée par des espaces verts.
Lexpansion économique de Zhengzhou ne devrait pas remettre en cause l'aménagement de la ville. On prévoit
la construction d'autres villes nouvelles. Il en existe déjà une dans la région des mines de bauxite. Une autre est en chantier près du barrage, et des aménagements pour le tourisme sont prévus. Deux autres sont en projet l'une spécialisée dans l'industrie chimique, et l'autre pour les mineurs, sur le site du bassin houiller.
 
Shaolin
 
Il est une région un peu oubliée qui mérite qu'on s'y attarde : celle du Songshan, l'une des cinq montagnes sacrées de la Chine ancienne, dont les monastères fondés il y a quinze siècles sont à l'origine du kung fît.
Au Nord-Ouest de Dengfeng, le monastère de Shaolin (petite forêt) est entré dans la légende comme le sanctuaire des arts martiaux. Il fut créé en 495 sous les Wei postérieurs et accueillit, vers 525, le moine indien Boddhidharma (Damo) qui resta immobile, en méditation face à un mur, pendant neuf ans. Ce moine est reconnu comme le fondateur de la voie bouddhique du chan (devenu zen au Japon). Ce n'est que sous les Sui (589-618) que les moines auraient commencé à s'illustrer dans les arts martiaux.
Le temple principal est un beau bâtiment datant des Ming avec des fresques en bon état de conservation. Mais les invincibles maîtres du kung-fu ne sont pas parvenus à repousser la nuée des petits marchands qui en font le siège et harcèlent les touristes.
Au Nord de Dengfeng, on peut visiter les deux monastères Yongtai si et Huishan si, au Nord-Est celui de Songyue si, dont la pagode en briques, haute de 40 m, datant de 520, est la plus ancienne encore debout en Chine. À FE, Songyang shuyuan, l'Académie impériale fondée en 484, devenue taoïste sous les Sui, fut reconstruite au XVIIe siècle. À environ 4 km au Sud-Est de Dengfeng, un temple taoïste s'élève au pied du Songshan, également appelé Zhongyue (pic du Centre). Fondé sous les Tang, il connut son apogée sous les Song, bien que les constructions actuelles soient du XVIIIe s. Au fond d'un ensemble de salles classiques, de cours silencieuses et de vieux arbres, se dissimule le temple principal où l'empereur venait sacrifier au dieu de la Montagne.
 
Le Mont Song   
 
Le Songshan, appelé aussi Zhongyue Gaoshan ou pic du Centre, est l'un des cinq monts sacrés de Chine. Pour les Chinois, il existe cinq points cardinaux : les quatre que nous connaissons et le Centre. Le pic du Centre se trouve justement au centre d'un carré imaginaire qui irait du Taishan, à l'est, au Hengshan au sud, au Huashan, à l'ouest, et jusqu'au Hengshan au nord. Théoriquement, c'est le pic qui devrait être le plus respecté. De fait, le Taishan est, de beaucoup, le plus vénéré des cinq monts sacrés.
La montagne est en fait assez modeste d'apparence. Pour les Chinois, elle se compose de soixante-douze sommets auxquels correspondaient autrefois soixante-douze temples. Beaucoup ont disparu et on ne visite plus maintenant qu'une dizaine de sites.
 
Le temple du Pic du Centre
 
Le Zhongyuemiao est situé en face du pic Taishi, dans l'ensemble des monts Song. Ce pic symbolise l'épouse principale d'un empereur mythique Yu des Xia, et le temple lui est dédié. Il fut fondé sous les Qin, au IIIème siècle av. J.-C. et est considéré comme un des plus anciens temples taoïstes de Chine. Les bâtiments principaux ont été reconstruits sous les Qing, aux XVIème et XVIIème siècles. Sept grandes salles se succèdent, séparées par des cours agrémentées de pins et de cyprès aux formes intéressantes. Dans la première cour, sur la droite, se dressent quatre gardiens de bronze, plus grands que nature, posés à même le sol. Leur air féroce est censé repousser les malfaiteurs. Ils dateraient de la dynastie des Song du Nord. La dernière salle est dédiée à l'épouse de l'empereur Yu et on peut y voir une amusante statue contemporaine devant laquelle les fidèles viennent encore déposer des offrandes. Dans la cour centrale, vous remarquerez quatre petites terrasses qui n'ont aucune utilité apparente : elles représentent les quatre autres pics sacrés de Chine venus rendre hommage au pic du Centre.
 
Luoyang   
 
Le site, peuplé depuis le néolithique, fut le berceau de la civilisation des Ma (entre le XXIeèmeet le XVIème siècle av. J.-C.). Les fouilles d'Eurlitou, à une dizaine de kilomètres à l'Est de Luoyang, ont mis au jour les ruines du plus ancien palais - 3 700 ans - jamais découvert en Chine. Il est d'ailleurs possible de rencontrer les chercheurs de l'Institut archéologique et d'assister à leurs travaux de fouilles ou à la reconstitution des pièces exhumées, à condition d'en faire la demande, par le canal du C.I.T.S. Au XIème siècle av. J.-C., un roi des Zhou installa sa capitale dans la partie Nord-Ouest de la ville actuelle. En 770 av. J.-C., son successeur y édifia une "cité royale" et une citadelle. Pendant 1 700 ans, Luoyang fut ainsi la capitale de neuf dynasties. C'est aujourd'hui un véritable "musée souterrain", dont les découvertes ne cessent d'alimenter le Musée provincial. Après une éclipse, Luoyang reprit son rang de capitale: "l'ancienne cité des Sui et des Tang" occupait la partie orientale de la ville actuelle, de part et d'autre de la rivière. Elle était entourée d'une muraille longue de 27,5 km. Sous le règne de l'impératrice Wu Zetian (690-705), la population dépassa le million d'habitants. Des poètes, dont Wang wei, chantèrent la beauté, le raffinement et l'animation d'une cité qui était alors la première du monde.
Le déclin commence au Xe siècle La ville est détruite et la population décimée par les armées venues du Nord. Sous les Song, Luoyang n'est plus qu'une petite cité enclose dans une muraille de 4,5 km de pourtour: "l'ancienne ville" d'aujourd'hui, privée de ses remparts en 1939, conserve néanmoins une atmosphère pittoresque, notamment dans le quartier des marchands de lanternes (spécialité de Luoyang) et de céramiques (avec les copies des célèbres pièces Tang). Depuis les Tang, Luoyang est restée la ville de la pivoine, fleur emblématique de cette dynastie. Les anciens textes précisent qu'il existait 90 variétés de pivoines; en 1949, une quarantaine séulement s'étaient perpétuées mais aujourd'hui les responsables des jardins en présentent 110 variétés dont la plus précieuse est de couleur violet noir. Chaque année, en avril, les visiteurs se pressent dans les jardins publics pour en admirer la floraison... comme à l'époque des Tang, quand le poète Bal Juyi écrivait: "Fleurs qui, en vingt jours, s'épanouissent et se fanent/Réjouissant à la folie les gens de toute une cité". Vitalité des traditions chinoises !
 
Temple du Cheval Blanc
 
Au milieu de la plaine, s'élève la pagode de Baima si, construite en 68 sous les Han de l'Est. L'édifice actuel, de plan carré, à treize étages, haut de 30 m, a été souvent restauré au cours des siècles. Le temple voisin, encore actif, reconstruit sous les Ming, présente une succession de bâtiments et de cours avec, au fond, la "terrasse de la Fraîcheur", où, selon la tradition, les Écritures bouddhiques - portées par un cheval blanc deux moines indiens - furent introduites en Chine pour la première fois. Les tombeaux de ces deux moines sont dans l'enceinte.
Non loin de là, on retrouve des pans, hauts de 10 m, de la muraille de la "cité des Han et des Wei" (du début de notre ère au Ve siècle). Selon les textes et les poèmes anciens, cette ville était parsemée de palais somptueux, "des milliers de foyers y vivaient à l'ombre d'une végétation luxuriante". On y découvrit un grand nombre de stèles de l'académie, fondée en l'an 29, qui comptait 30 000 étudiants.
 
Les 100 000 bouddhas de Longmen
 
Le site de Longmen (la porte du Dragon) se compose de deux falaises, criblées de sanctuaires rupestres, entre lesquelles coule la rivière Yi. Sur 1 km, on a recensé 1 352 grottes, 750 niches, 39 petites pagodes sculptées dans le roc, 3 608 inscriptions et 97 306 statues dont la plus grande mesure 17,14 m et la plus petite 2 cm. Ce travail fabuleux fut commencé sur l'ordre de l'empereur Xiaowen des Wei du Nord dès le transfert de sa capitale à Luoyang, en 494. Il se poursuivit pendant quatre cents ans jusqu'au début des Song. Au début des Wei du Nord, la statuaire bouddhique conservait le souvenir des formes gréco-bouddhiques, mais le traitement schématique des corps renforça la spiritualité des visages. Puis le style s'adoucit et sous les Tang apparaissent des corps et des visages pleins, plus humains, plus "chinois" dans leur épanouissement. Une quinzaine de grottes sont particulièrement riches, mais toutes ont été "visitées" par des collectionneurs et des antiquaires de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe s. Les grands bouddhas et le décor qui les entoure furent épargnés, mais des milliers de petites statues sont mutilées et leurs têtes dispersées en Europe, en Amérique et au Japon.
Un plan de situation des grottes avec leur datation peut être obtenu au bureau du C.I.T.S. de Luoyang. Il est conseillé aux photographes amateurs de visiter cet ensemble en début de matinée pour avoir les meilleures conditions d'éclairage de la falaise O.
En partant du Nord-Est de la falaise O, on trouve la grotte de Qianqi si, puis les trois grottes Binyang. Celle du centre, creusée et sculptée par 800 000 ouvriers entre 500 et 523, abrite onze grandes statues, dont un bouddha dépassant 8 m de haut. Plus loin, Wan do dong, la grotte des 10 000 Bouddhas, date des Tang (680) et contient effectivement 10 000 petits bouddhas sculptés sur les parois, autour d'un bouddha central assis.
Après la grotte à la Fleur de lotus et les grottes des Caractères Wei et Tang, on arrive à Juxian si, la plus vaste de toutes: 35 x 30 m, avec le grand Bouddha de 17,14 m entouré de ses disciples Ananda et Kaçyapa, de deux bodhisattvas parés et de gardiens célestes. Puis, on passe à la grotte des ordonnances médicales, où l'on voit une centaine de formules de remèdes gravées, à la grotte Guyang, où le décor et les scènes des bas-reliefs sont très attachants, puis aux grottes Huoshao dong, Shiku si et Lu dong, chacune d'un intérêt particulier. La falaise orientale comporte un moins grand nombre de grottes datant des Tang: on remarquera Kanjing si, creusée sous le règne de l'impératrice Wu Zetian et ornée de vingt-neuf luohan avec, au centre, un bouddha assez curieux ; et Wanfo gou, une autre grotte de 10 000 bouddhas.
 
Kaifeng   
 
Kaifeng a longtemps été appelé Bianliang, ce qui signifie "pont sur le Bian".
Capitale des Song du Nord aux XIème et XIIème siècle, la cité était d'une richesse et d'une splendeur alors sans égales sous le ciel. En 1126, les barbares Jürchen, dévalant des confins mongols et mandchous, la mirent à sac et l'incendièrent. Elle retrouva un peu de son éclat sous les Ming lorsqu'elle fut balayée en 1642 par le fleuve Jaune après la rupture de ses digues; 300 000 habitants périrent dans la catastrophe. Rebâtie, elle conserve aujourd'hui, en certains quartiers, son aspect traditionnel de la fin du XVIIème siècle et mérite bien une journée de visite. Au Nord de la ville, on remarquera le pavillon des Dragons, qui ne manque pas de grandeur, et la pagode de Fer (1049), haute de treize étages (56 m), qui doit son nom à la couleur rouille de ses tuiles vernissées.
Au Sud, le Xiangguosi est un monastère fondé au VIème siècle, maintes fois reconstruit et restauré, qui abrite quelques belles statues en bronze des Song. Hormis les deux célèbres stèles gravées, il est inutile de rechercher d'autres souvenirs de la communauté juive de Kaifeng. La synagogue a été détruite en 1850 par les Taiping, et les derniers juifs se sont depuis mêlés à la population locale.
 
 
Le Shanxi
 
 

Superficie : 156 km².
Population : 29 millions d'habitants.
Capitale : Taiyuan.
Principaux cours d'eau : le fleuve Jaune qui sépate le Shanxi du Henan au sud, et le Shaanxi à l'ouest,
et la rivière Fen.
Prodiction agricole : blé, maïs, millet, sorgho.

Les plaines fertiles et riches en minerais du centre de la province furent l'un des premiers berceaux de la civilisation chinoise.
Les Chinois estiment que les empereurs mythiques Yao, Shun et Yu avaient établi leur capitale dans la région du Shanxi. Ce point de vue s'explique par la richesse et l'ancienneté des vestiges historiques qui y furent découverts.
A l'époque des Printemps et Automnes (770-475 av. J.-C.), le Shanxi était divisé en trois Etats dont celui de Jin, qui parvint à s'imposer aux deux autres de 632 à 597. Durant la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), Jin fut scindé en trois royaumes : Wei, Han et Zhao. Lunité ne se fit qu'en 221 av. J.-C. avec la victoire de l'Etat de Qin. Le nord du Shanxi fut occupé à maintes reprises par des « barbares » venus du Nord: au tv' siècle, les Xiongnu y fondèrent le royaume des Zhao antérieurs. Des tribus Xianbei y constituèrent une dynastie qui prit le nom de Wei du Nord (386-534).
Puis des Kitan vinrent envahir l'empire éclaté de la fin des Tang et fondèrent la dynastie des Liao (907-1125). Au XIIIème siècle, le Shanxi fut l'une des premières régions occupées par les Mongols.
Tout au long de son histoire mouvementée, le Shanxi est resté un important foyer culturel et religieux. De nombreux vestiges de temples bouddhiques témoignent de la ferveur religieuse qui régnait en ses terres. Les montagnes du nord de la province, que traversait la Grande Muraille, servaient de remparts aux tribus nomades. La province avait un rôle de bastion chaque fois que l'empire était fort et unifié et devenait une région puissante et quasi autonome chaque fois qu'il se morcelait.
La province du Shanxi est une province centrale du nord de la Chine. Bordée à l'est par le Hebei, au sud par le Henan, à l'ouest par le Shaanxi et au nord par la Mongolie, c'est une province dont la surface est occupée à 70 % par des massifs montagneux, d'où son nom « d'Ouest montagneux ». Son relief accidenté explique la faible densité relative de sa population.
Lindustrialisation de la province commença assez tardivement, dans les années 30. Taiyuan est aujourd'hui un grand centre sidérurgique, et la région de Datong un grand centre minier. Le climat de la province est continental et présente des différences de température très marquées : les hivers sont très rudes et les étés chauds.
 
Taiyuan
 
Taiyuan a une très vieille histoire, comme l'attestent les vestiges de la muraille des Zhou (497 av. J.-C.) au Sud de la ville, à l'époque où elle portait le nom de Jinyang. Mais son importance stratégique au débouché de la grande plaine lui valut d'être régulièrement assiégée, souvent pillée, incendiée et décimée par les barbares venus des steppes de l'Ouest. Sous les Tang, cette ville-clé eut son apogée économique, artistique, culturelle et devint une forteresse qui résista à tous les assauts. Mais au Xe s., après avoir été capitale des Han du Nord, elle fut enlevée par les armées des Song, brûlée et rasée jusqu'aux fondations. Reconstruite par les Ming avec ses murailles (abattues 1950), elle résista contre les Mandchous de 1644 à 1911, contre l'impérialisme occidental en 1900 (lors de la guerre des Boxers) et contre les japonais de 1938 à 1945.
Chef-lieu du Shaanxi, c'est aujourd'hui une grande cité industriel sidérurgique, textile, chimique, de 2 millions d'habitants, dont l'in rêt touristique est assez réduit. En fait, on ne passe à Taiyuan pour aller visiter les célèbres temples du Jinci.
 
Le Jinci
 
Le Jinci, édifié au pied du mont Xuanweng dans un très beau cadre de sources vives et de cyprès, a été fondé antérieurement à la dynastie des Wei du Nord (386-584) et agrandi au cours des siècles, notamment sous les Tang et les Song. Il forme aujourd'hui un vaste ensemble de temples, de pavillons, de terrasses, que les Chinois divisent en huit sites, chacun ayant son histoire et ses légendes. Les connaître ajoute au charme de la visite, aussi le concours d'un interprète ne sera pas superflu. Passé la porte ouverte dans l'enceinte du Jinci, le visiteur découvre un édifice d'accueil, dit la "terrasse du Miroir d'eau", traverse le "pont de la Rencontre des immortels", puis la "terrasse des Hommes d'or", accède au "temple des Offrandes" et débouche enfin devant le Pont volant avec un vivier (Yuzhaofeiliang) qui repose sur 34 colonnes de pierre et comporte deux ailes latérales inclinées "comme un oiseau planant dans les airs". Un exemple unique de construction des Song du Nord. En face, Shengmu dian (le temple de la Sainte Mère), appelé aussi sanctuaire de Yijiang, reconstruit en 1102, est l'édifice le plus imposant et le plus ancien du Jinci. On remarquera surtout sa charpente en excellent état de conservation et ses colonnes. À l'intérieur trônent la sainte mère et ses 43 suivantes, terres cuites en grandeur nature, toutes différentes dans leur costume, leur maintien, leur geste arrêté. Ces statues - malheureusement assez mal éclairées et difficiles à photographier - comptent parmi les plus représentatives de la sculpture Song. Il faut aussi découvrir le Shuimu lou (temple de la Mère de l'eau), du siècle dernier, le pavillon qui abrite la Nanlao quan (Source toujours jeune) et le pavillon entouré d'eau qu'est le Buji zhou (Bateau non amarré). À droite du temple de la Sainte Mère, dans la cour du Miaoyi tang (temple des Descendants), deux thuyas vieux, dit-on, de trois mille ans méritent d'être salués.
Dans la partie E, un pavillon abrite une stèle datée de 647 qui porte gravée la reproduction d'un texte de la main de l'empereur Taizong. Il jouxte le temple dédié au prince Shuyu de Tang (Tang Shuyu ci) dont les galeries latérales sont occupées par une centaine de stèles à quatre faces sur lesquelles figurent des sutras bouddhiques de l'an 700.
 
Pingyao
 
Édifiée au bord de la rivière Fengshui, la cité de Pingyao mérite le détour : sa muraille, ses portes et ses 72 tours de guet du XIVe siècle sont les mieux conservées de Chine. Elles protègent 76 "sites historiques".
 
Wutaishan
La "montagne des Cinq Terrasses"
 
Situé au nord-est de la province du Shanxi, le Wutaïshan est l'une des quatre montagnes sacrées du boudhisme chinois. Wutaishan comprend 58 temples répartis en deux ensembles distants de 50 km: à partir de Wutai, Foguangsi, les deux monastères de la Lumière du Bouddha, et Guangjisi, celui du Grand Secours ; sur la voie du sommet, le plus important, Xiantongsi (où se manifeste la puissance de la loi), comprend 400 salles et 5 tours de la Cloche. Il fut fondé sous les Han de l'Est. Puis Tayuansi (de la Cour du dagoba) et Zhenrongsi (de la Vraie Figure du Bouddha) enfin, qui fut reconstruit sous les Ming. Il est situé au sommet du Pusading, à près de 3 000 m d'altitude. On y accède par une volée de 108 marches, au terme d'un itinéraire jalonné d'autres temples.
 
Datong
 
Edifiée sur un plateau de maigre végétation à 1 200 m d'altitude, froide l'hiver (-15 °C en janvier) et brûlante en été (27 °C en juillet), balayée par les vents de Mongolie au printemps et environnée par des mines de charbon, Datong (Grande Harmonie) eut sa période de gloire de 386 à 494 comme capitale des Wei du Nord et centre religieux bouddhique. Plus tard, elle devint une place forte en arrière de la Grande Muraille et un centre d'échanges avec les Mongols. Plaque tournante des communications et cité industrielle, Datong est aujourd'hui le lieu de passage obligé pour visiter les célèbres grottes bouddhiques de Yungang, ainsi que le mur des Neuf Dragons, une paroi de 45 x 8 m de céramique de couleur, datant des Ming, et trois importants monastères.
Les deux premiers, Huayan si, fondés sous les Liao (916-1125), sont dits Shangsi (d'en haut) et Xiasi (d'en bas). Dans l'enceinte du temple d'en haut, le Daxiongbao dian (temple du Grand Trésor), construit en 1140, est un magnifique et rare exemple d'architecture ancienne. Dans l'enceinte du second, un bâtiment plus petit, datant de 1038, le Bojia jiaocang dian (bibliothèque) renferme des fresques et des sculptures de l'époque.
Le troisième monastère, Shanhua si, fondé sous les Tang, reconstruit sous les Jin et agrandi sous les Ming, est un bel ensemble où l'on découvre une série de bouddhas d'époque Liao et des fresques Ming.
 
Les grottes bouddhiques de Yungang
 
Au milieu d'un paysage aride où les arbres plantés depuis une vingtaine d'années ne grandissent qu'à force de soins intensifs, 53 grottes orientées face au Sud abritent, sur 1 km, 51 000 statues de bouddhas, bodhisattvas et gandharvas. Cet ensemble, sculpté et creusé de 386 à 534 sous les Wei du Nord, est donc antérieur à celui de Longmen près de Luoyang. L'inspiration gréco-bouddhique y est encore très nette et, avec elle, les influences indienne, sassanide, byzantine venues par l'Asie centrale. Mais si les personnages, les animaux, les thèmes décoratifs sont indiens, on assiste à Yungang au début de leur sinisation qui conduira à l'épanouissement de la statuaire Tang. Yungang n'a été découvert par les voyageurs étrangers qu'en 1903 et a moins souffert du vandalisme des collectionneurs et antiquaires que Longmen. Toutefois, les statues taillées dans un grès tendre ont subi davantage les injures du temps; de plus, malheureusement, les restaurateurs des Qing imaginèrent au siècle dernier de camoufler les ravages de l'érosion sous des badigeons de couleurs acides ou de dorures (en particulier dans la grotte 11).
Les deux premières grottes à l'Est n'ont qu'un intérêt limité. Le groupe central de 5 à 13 est de loin le plus riche. Au centre de la grotte 5, le Bouddha, haut de 17 m, est sans doute l'un des sommets de la sculpture Wei; la grotte 6 abrite une tour carrée portant des bodhisattvas et, sur les parois Sud et Est, des bas-reliefs illustrant les épisodes célèbres de la vie de Çakyamuni. Les grottes 7 et 8 comprennent de beaux bodhisattvas en prière et, pour la seconde, un Vishnu à trois visages et huit bras, ainsi qu'un Çiva à cinq visages et six bras.
Les grottes 9 et 10 offrent une abondance de bodhisattvas dans des niches, d'apsaras en vol au plafond, de décors végétaux et animaux. La grotte 11 fut la plus affectée par les restaurations "pieuses". Dans la grotte 12, les bouddhas et bodhisattvas sont environnés de gandharvas (musiciens célestes), tandis que dans la grotte 13 trône un bouddha haut de 13 m.
Le troisième groupe abrite essentiellement des bouddhas géants: celui de la grotte 16, de facture assez archaïque, mesure 13,5 m, et celui de la grotte 17, 15,6 m, comme celui de la grotte suivante qui, avec son entourage de bodhisattvas, est considéré comme un chef-d'oeuvre de la statuaire bouddhique chinoise. La grotte 19 annonce Longmen avec un bouddha haut de 17 m, et la grotte 20, à ciel ouvert, fait la joie des photographes qui ont le recul indispensable pour avoir dans l'objectif un bouddha assez austère mesurant 13,7 m. Victor Ségalen qui était fasciné par la vigueur de la sculpture des Han se montre sévère pour cet art religieux des Wei. Mais s'il est exact que, leur immobilité et leur "adhérence géologique" aidant, les statues de Yungang (et celles de Longmen) n'évitent pas une certaine monotonie, l'ensemble conserve une beauté baroque. Il faut savoir, d'autre part, que ces grottes étaient associées à une architecture classique de temples en bois et tuiles dont elles figuraient le sanctuaire.
 
Hengshan
 
Située à 70 km au sud de Datong, c'est une des cinq montagnes sacrées de Chine. Le chemin parcouru traverse les dix-huit sites de Hengshan. On remarquera à mi-chemin une tour de garde Ming, les vallées déchiquetées par l'érosion et les villages troglodytes. Après deux heures de trajet, on aperçoit le Xuankongsi ou Temple suspendu dans les airs, à flanc de montagne, au creux d'une vallée encaissée. Le temple fut fondé sous les Wei du Nord puis reconstruit sous les Liao, les Ming et les Qing. Il a été repeint en 1980. Ce temple étonnant épouse les contours de la falaise à laquelle il s'accroche, suspendu au-dessus du vide grâce à un savant système de poutres fichées dans la roche. C'était autrefois un passage obligatoire pour les pèlerins. Comme les dix-sept autres monastères du Hengshan, il servait à la t fois de lieu de culte et d'auberge. Dans ses quarante-cinq pièces encore en bon état, on peut voir aussi bien des statues bouddhistes que taoïstes ou confucéennes. Les figures bouddhistes occupent la position centrale mais voisinent avec Laozi, les Huit Sages, Guandi, etc.
Le temple a été fondé au VIIème siècle par une secte syncrétiste que dirigeait Qiu Chuji. Gengis Khan honora cet homme en lui donnant le titre de supérieur taoïste de Chine. Aujourd'hui encore, un vieux moine continue à recevoir les fidèles.
Dans le district de Yingxian, à 50 km de là, se trouve une pagode octogonale d'une grande beauté. Construite en 1056, elle faisait partie du Fogongsi, monastère détruit par un incendie. Haute de 67 m, c'est, dit-on, la dernière pagode de bois qui subsiste de cette époque.
 
Yuncheng   
Le Guandisi
 
Yuncheng se trouve à 200 km au sud de Linfen. Dans les environs de Yuncheng, on visite le palais de Yongle, le temple de Guandi et, à Dayudu, le fleuve Jaune.
Le temple de Guandi se trouve à 20 km au sud-ouest de Yuncheng, près de Jiezhou, dans le village appelé Guan Yu jiaxiang, « pays natal de Guan Yu ». Il fut édifié en 598 sous la dynastie des Sui, mais les parties conservées aujourd'hui datent du début des Qing (XVIIème siècle). Guan Yu fut un grand général de l'Etat de Shu au temps des Trois Royaumes (220-265), vénéré pour son courage et sa fidélité. Ses exploits ont été immortalisés dans Les Trois Royaumes, Louo Kouan Tchong (Flammarion, 1991). Il fut par la suite élevé au rang de divinité et de nombreux temples furent consacrés au culte de Guandi. Le culte qu'on lui voue est resté vivace, notamment parmi les Chinois d'outre-mer qui ont fait de lui le dieu de la Fortune. Le Guandisi a été construit sur le modèle d'un palais en deux parties : le parc Jieyiyuan et le temple lui-même organisé en deux cours. Les bâtiments principaux sont dans la partie nord. La porte principale, Duanmen, puis la porte de la Lune, Wumen, nous font accéder à la bibliothèque impériale, Yushulou. Derrière la bibliothèque se dresse la grande salle (Chongningdian), qui repose sur vingt-six piliers ornés de bas-reliefs. On passe ensuite sous un portique qui donne sur les pavillons de l'Epée et des Printemps et Automnes. Ce dernier, haut de deux étages, contient une statue de Guan Yu en train d'étudier les Annales des Printemps et Automnes. L'ensemble des bâtiments est surchargé de sculptures qui font regretter la pureté de ligne des temples Tang. Les tuiles vernissées jaune-bleu-vert s'harmonisent avec les cyprès du parc.
 
 
 
La région du Bas-Yangtsé
 
 
Shanghai
 
Sur la rive gauche du Huangpu, un peu au sud de l'embouchure du Yangtsé.
La plus grande ville de Chine : plus de 13 millions d'habitants, y compris la population de 10 cités industrielles satellites
et de 190 communes rurales, relevant de la municipalité autonome de Shanghai, qui administre un territoire de 6 340 km².
Municipalité sous contrôle du gouvernement central.
Depuis 1989, une des 14 villes côtières ouvertes.
Activité industrielle : chimie, machines-outils, pétrochimie.
Agriculture : coton, riz, blé.
Il existait, depuis les Song, un petit port de commerce très bien situé, devenu assez prospère aux XVIIe et XVIIIe siècles, dont la ville était protégée par une muraille presque circulaire de 4,5 km de circonférence. Puis, au traité de Nankin imposé par l'Angleterre en 1842, Shanghai est choisie pour être un des ports que la Chine doit ouvrir au commerce étranger, en particulier aux importations d'opium. Son développement ultérieur va dépasser les prévisions les plus folles.
Une concession britannique créée en 1843 deviendra vingt ans plus tard la concession internationale. En 1847, quelques Français fondent à leur tour, aux portes de la vieille cité fortifiée, une concession qui refusera la fusion proposée par la première. En 1895, les japonais obtiennent une zone bénéficiant de l'extra-territorialité.
Dans les années 1860, la grande armée des insurgés Taiping avait fait planer une menace sérieuse sur ces établissements, et même tenté - sans succès - l'assaut de la ville chinoise. L'euphorie revenue, toutes les puissances occidentales "jouèrent" Shanghai... sous la protection de leurs soldats et policiers.
Sur le front de mer, le célèbre Bund, une des grandes avenues du monde, bordée de gratte-ciel (en vérité assez laids), devient le symbole de l'impérialisme triomphant et l'artère principale du quartier des affaires et des banques, tourné vers le Huangpu où se croisent navires de guerre, cargos, paquebots, jonques et sampans. En 1910, une crise financière est surmontée et vite oubliée. La police de la concession française ignore, ou n'attache que peu d'importance, à la fondation du Parti communiste chinois, le ler juillet 1921 au 106 Wangzhi Road (aujourd'hui 76, Xingye lu). Ce n'est que cinq ans plus tard que la montée en force du mouvement ouvrier commence à inquiéter les milieux d'affaires. En mars 1927, les syndicats lancent l'insurrection contre le pouvoir des féodaux du Nord pour appuyer l'offensive de l'armée de Tchiang Kai-chek qui, le 12 avril, se retourne contre ses alliés et massacre quelques milliers de militants communistes. Il y aura encore de beaux jours pour les grandes sociétés capitalistes...! En 1936, les 60 000 étrangers qui vivent à Shanghai (dont 20 000 réfugiés russes, 20 000 Japonais, 9 000 Anglais, 4 000 Américains et 2 500 Français) forment un petit monde clos adonné au culte de l'argent et du plaisir. Aucune ville au monde n'aura jamais autant de boîtes de nuit, de lupanars, de casinos, de prostituées (russes, chinoises, japonaises, coréennes, européennes). Banquiers, hommes d'affaires, aventuriers, compradores, gangsters, européens et chinois s'y entendent comme larrons en foire au milieu de 3 millions de miséreux... Le 13 décembre 1937, après quatre mois de résistance, Shanghai tombe aux mains de l'armée japonaise, mais les concessions étrangères conservent provisoirement leur statut et leurs privilèges. Après la capitulation du japon en 1945, l'administration de Tchiang Kai-chek revient et renoue avec les "années folles" jusqu'à l'entrée de "l'armée populaire de libération", le 28 mai 1949. Alors, bon gré mal gré, Shanghai doit se mettre à l'heure de la Chine nouvelle. Les étrangers rentrent chez eux, les capitalistes trop compromis choisissent l'exil, et la pègre connaît des années difficiles. Quarante-quatre ans ont passé et aujourd'hui encore Shanghai n'est pas tout à fait une ville "comme les autres".
 
La vieille ville
 
La vie traditionnelle s'est réfugiée dans l'ancienne cité qui, avant 1949, était réputée dangereuse pour les étrangers. La muraille qui l'entourait est aujourd'hui une avenue qui, au Sud, porte le nom de Zhonghua lu et, au Nord, de Renmin lu. Elle enferme un entrelacs de ruelles où les voitures ne peuvent entrer et où l'on découvre avec ravissement de vieux restaurants que l'on dirait sortis d'une estampe, des boutiques obscures où l'on vend des épices, du thé, des livres anciens, et une population très dense et bruyante.
Dans ce quartier, le Yuyuan (jardin de la joie), un jardin classique sur un plan réduit - "mont et forêt au coeur de la ville" -, qui remonte aux Ming. Dans un espace de 20 000 m² divisé en deux parties, il comprend des pièces d'eau, des massifs de bambous, des kiosques et des pavillons, dont le Tienzhouentang où la "Société secrète des petits couteaux" (Xiaodao hui) avait installé son quartier général pendant l'insurrection de 1853. A l'entrée s'élève le pavillon Wuxingting. À deux pas du jardin, on pourra visiter le temple des Dieux de la ville (Cheng huangmiao) et, attenant, le jardin des Nuages pourpres d'automme (Qiuxia pu), fondé au XVIe siècle.
 
Le temple du Bouddha de Jade
 
Les bâtiments sont relativement récents puisqu'ils furent reconstruits vers 1918. Dans le premier bâtiment, situé à droite de l'entrée, trône une statue en bois d'un bouddha ainsi que celles, très menaçantes, de ses quatre gardiens. Dans le premier pavillon central, on peut voir la statue de Çakyamuni accompagné de ses disciples. Après avoir traversé la deuxième cour, il faut monter au premier étage du bâtiment suivant pour admirer le célèbre Bouddha de Jade.
Sur les côtés de la grande pièce court la bibliothèque qui renferme une très belle collection de classiques bouddhiques. La statue en jade du Bouddha assis ainsi que celle du Bouddha allongé, qui se trouve dans un autre pavillon, ont été ramenées de Birmanie à la fin du XIXème siècle par un moine chinois. Les salles latérales renferment également de très beaux objets religieux.
 
Le temple de la Paix
 
 
Le Jing'ansi est situé dans Nanjing xilu, à l'ouest de Nanjing lu, à l'angle de la rue Huashansi. Ce temple a une histoire qui remonte à 1700 ans, à l'époque des Trois Royaumes. Il est dédié à la déesse Guanyin représentée par une statue de marbre blanc tenant un lotus. Le bâtiment dédié au Bouddha Amitâbha (Nile) débouche sur une cour où se trouve l'attraction du temple : une dalle figurant un dragon. Les visiteurs doivent lancer une pièce dans la bouche du dragon et faire un voeu. Derrière, on pénètre dans la salle du Bouddha Çakyamuni entourée des dix-huit luohan avec un bas-relief d'inspiration birmane représentant la vie du Bouddha.
 
 
Le Jiangsu
 
 

Province située sur les rives de la mer Jaune.
Bordée au nord par leShandong, à l'ouest par l'Anhui et au sud par le Zhejiang.
Superficie : 102 000 km².
Population : 68 millions d'habitants.
La plus forte densité de Chine : 667 habitant au km².
Capitale : Nankin.
Production industrielle : sidérurgie, machines-outils, industrie du tissage de la soie et du coton.
Villes principales : Suzhou, Wuxi, Changzhou.

 
Nankin ou Nanjin
 
Située à l'est de la Chine, au sud-ouest de la province du Jiangsu. A 300 km au nord-ouest de Shanghai sur la rive méridionale du Yangtsé.
La création de Nankin en tant que ville murée remonte à la période des Printemps et Automnes (770-475 av. J.-C.). Le site de la ville fut occupé dès le IV` millénaire par des clans installés à Beiyingyang, près de la colline de la Tour du Tambour (Gulou). Elle apparaît pour la première fois dans l'histoire à l'époque des Printemps et Automnes. Elle se trouvait alors à la frontière de trois royaumes (Wu, Yue,
Chu). On raconte que les célèbres épées du roi de Wu auraient été forgées à l'emplacement de l'actuelle Chaotian Gong. Ayant conquis l'Etat de Wu, le roi de Yue commença à construire un mur de terre au-delà de la porte Zhonghuamen.
A partir du IIIème siècle ap. J.-C., la ville se développa et devint, sous le nom de Jiankang, la capitale des dynasties du Sud qui se succédèrent jusqu'à la réunification de l'empire sous la dynastie Tang. De cette époque, il reste cependant peu de choses : les tombes royales de la dynastie des Liang et la falaise des Mille Bouddhas à Qixiashan.
Sous les Sui et les Tang, la ville perdit beaucoup de son importance mais resta un centre florissant du bouddhisme. En 1368, Zhu Yuanzhang, fondateur de la dynastie des Ming, en fit sa capitale avant de reconquérir le Nord. La ville lui doit sa physionomie actuelle. Elle était alors traversée par de belles avenues pavées de marbre et le palais impérial était construit selon un plan qui inspira par la suite les architectes de la Cité impériale de Pékin. Il en reste aujourd'hui peu de choses. Une fois installés à Pékin, les empereurs Ming continuèrent toujours à considérer Nankin comme une seconde capitale.
Les ateliers de tissage étaient alors nombreux à Nankin, de même que les fours à céramique, sur la colline de Yuhuatai, contribuant à l'essor économique de la ville.
L'année 1840 vit éclater la guerre de l'Opium et c'est à Nankin que sera signé le premier des « traités inégaux ».
En 1853, l'armée des insurgés Taiping fit de Nankin leur Capitale céleste. Elle le resta jusqu'en 1864, année où la répression causa dans la ville des dommages terribles.
En octobre 1911, la révolution « bourgeoise », conduite par Sun Yatsen, mit fin à l'empire, et Nankin fut choisie comme capitale provisoire. Après le succès de l'expédition du Nord menée contre les Seigneurs de la guerre par le Guomindang et le PCC associés, Chang Kaï-chek s'installa dans l'ancien palais du roi céleste Hong, le chef des Taiping. Nankin restera la capitale du Guomindang et, pour les autorités de Taiwan, elle est encore la capitale de la Chine. Les japonais occupèrent la ville le 12 décembre 193,7 et massacrèrent plus de 200 000 civils. Cet épisode sanglant est retracé dans un musée ouvert récemment pour commémorer le drame. Le gouvernement nationaliste revint à Nankin en 1945, après la défaite des Japonais, et y resta jusqu'à ce que les communistes prennent possession de la capitale en avril 1949. Nankin n'est plus depuis qu'une capitale de province, mais reste l'un des points forts de l'armée qui y a installé l'une de ses plus importantes garnisons. En 1976, Nankin fut la première ville à manifester son opposition à la dictature de la bande des Quatre, en affichant des mots d'ordre incitant à la lutte sur tous les trains en partance, et contribuant ainsi aux événements de Tian'anmen qui éclatèrent quelques jours plus tard.
Aujourd'hui, la ville compte plus de 2 000 usines qui emploient 500 000 ouvriers. L'université de Nankin est l'une des plus importantes du pays. A l'ombre de ces deux cent mille platanes, l'ancienne capitale reste cependant bien silencieuses quand tout le reste de la province est pris dans la frénésie mercantile de la réforme.
 
L'Ouest de la ville
 
 
La tour du Tambour
 
Le Gulou est situé non loin de la tour de la Cloche, comme dans toutes les villes ; elle se trouve à l'emplacement des remparts septentrionaux. Elle était autrefois munie d'une clepsydre et d'un tambour de veille.
 
Les collines boisées
 
Au sud-ouest de la place du Gulou, vers les remparts de l'ouest, s'étend une zone de collines boisées, où se trouvent l'université de Nankin et le grand stade de Wutaishan. Sur la colline Qingliang, on pénètre dans un magnifique parc qui abritait autrefois des résidences d'été permettant de fuir les fortes chaleurs.
Derrière le parc, sur les contreforts des remparts de l'ouest, on peut voir les fondations de la Muraille de pierre (Shitoucheng) qui fut construite à la fin de la dynastie des Han de l'Est (212 ap. J.-C.).
En revenant vers le parc, on arrive sur une grande artère, la Hankou lu. Sur la droite, au 74 de la Tangzi jie, se trouve l'ancienne résidence d'un fonctionnaire Taiping. L'intérieur est orné de fresques de cette époque.
 
Le Palais qui fait face au ciel
 
En poursuivant dans la Tangzi jie, on débouche sur le Chaotiangong, au sud de la colline du même nom. C'est ici, à l'époque du royaume de Wu, qu'étaient rassemblés les forgerons. Le lieu s'appelait alors « ville de la forge ». Sous les Song, on y construisit un palais qui prit son nom actuel au début de la dynastie Ming. Les bâtiments sont aujourd'hui occupés par des musées. Les anciens du quartier aiment à se rassembler sur la place, tandis que des enfants s'entraînent le soir au wushu, art martial chinois.
 
Le quartier du temple de Confucius
 
Si vous continuez au-delà de Chaotiangong, vous pénétrez dans la vieille ville chinoise. C'est un quartier sillonné de canaux qui s'étend autour de deux axes, la Zhonghua lu et la Jiankang lu, et qui est bordé au sud par les murailles de la ville.
Le quartier est devenu une attraction de Nankin, depuis qu'il a été très joliment reconstruit dans le style des Ming et des Qing. C'est l'un des endroits les plus animés de la ville où sont concentrés les boutiques d'artisanat, les marchés, les restaurants... C'est aussi le centre de la ville nocturne de Nankin.
Le temple de Confucius (Fuzimiao), qui a donné son nom au quartier, fut construit au xi, siècle, puis détruit à plusieurs reprises lors des guerres et des révoltes. Le bâtiment actuel est une construction des années 50. Le sud du quartier est fermé par la porte du Sud (Zhonghuamen). C'est un ensemble de quatre portes à deux étages, véritable forteresse qui pouvait abriter 3 000 soldats. Aujourd'hui, une partie est occupée par des boutiques de souvenirs et des bars où il fait bon prendre le frais. La porte donne accès au mur de la ville sur lequel on pourra faire quelques pas.
 
Le Centre ville
 
L'Assemblée provinciale
 
Au numéro 292 de la Chnagjiang lu se dresse l'ancien siège du Guomindang qui fut installé à l'époque dans l'ancienne résidence du « roi » Taiping, Hong Xiuquan.
Cette résidence fut entièrement détruite en 1864 lors de la répression qui suivit la révolte. Le seul vestige est un bateau de pierre à l'intérieur du jardin. Le site ne se visite malheureusement pas car il accueille aujourd'hui les membres de l'Assemblée consultative du Jiangsu. La Hanfu jie prolonge cette rue Meiyuan xincun, la « nouvelle rue du jardin des pruniers ». Les deux maisons du numéro 30 ont accueilli de mai 1946 à mars 1947 la délégation du PCC conduite par Zhou Enlai.
 
L'Est de la ville
 
 
Le tombeau Xiaoling
Construit en 1380 pour Hongwu, le premier empereur de la dynastie, il n'a pas l'ampleur des tombeaux Ming de Pékin mais leur a toutefois servi de modèle. La Voie sacrée qui conduit au tombeau est bordée de belles statues de pierre représentant des animaux mythiques (comme le qilin qui a une corne sur le front ou le xiezi qui possède des cornes de cerf), des généraux et quatre fonctionnaires. La première porte donne accès à une cour qui débouche sur la tour de l'Esprit, que l'on peut visiter. Au-delà de la tour, un mur entoure le tumulus qui recouvre la tombe, laquelle n'a jamais été fouillée.
 
La mausolée de Sun Yatsen 
Il se dresse à l'est du tumulus de Hongwu, sur le versant sud. Avant de parvenir à l'enceinte même du mausolée, il faut escalader les centaines de marches d'un escalier monumental et passer par trois portiques recouverts de tuiles d'un très beau bleu. Les couleurs, bleu et blanc, rappellent le drapeau du Guomindang. L'escalier est en granit de Suzhou.
A l'intérieur du mausolée. Au plafond, le drapeau du Guomindang ; au fond de la rotonde, le cercueil de Sun Yatsen et une statue en marbre le représentant, que l'on doit au sculpteur français Paul Landowski. L'ensemble fut construit de 1926 à 1929 pour recevoir la dépouille du grand révolutionnaire, qui reposait alors à Pékin au temple des Nuages azurés (Biyunsi).
 
Le temple de la Vallée des Esprits
A l'est du mausolée, le Linggusi fut fondé en 1381 par Hongwu. Il contient des reliques du célèbre moine pélerin Xuanzang. A côté du temple, le Wuliangdian est un bâtiment de brique, construit en voûte à la romaine (forme très rare en Chine). C'est dans ce bâtiment que se faisait la lecture des Classiques. Par derrière, on accède à un parc et à une pagode construite sous le Guomindang au début du siècle.
 
Sur la route du temple Qixia
 
Les tombeaux des Conseillers
 
A 3 km au nord de la porte Taipingmen, non loin de la route, on aperçoit les tombeaux de deux grands conseillers de l'empereur Hongwu. On peut encore voir les stèles ainsi que les statues de pierre.
 
Les tombeaux des huit empereurs Ling
 
Ils datent du VIème siècle et se trouvent un peu plus au nord que les deux précédents. On ne voit que l'emplacement de quatre tombeaux, avec les statues de pierre représentant des chimères dont le rôle était de chasser les mauvais esprits.
 
Le monastère de Qixia
Il fut fondé en 487, restauré sous les Tang puis sous les Yuan. Les bâtiments actuels ne remontent guère au-delà de la fin du XIXème siècle. Le site se trouve à 25 km de Nankin.
Ce temple était un centre bouddhiste important : Jianzhen, un moine chinois mort au japon, y séjourna trois ans sous les Tang. Après avoir été occupé par l'armée pendant la Révolution culturelle, le temple est à nouveau en activité et ouvert au public. A droite, se trouve une très belle pagode de pierre, haute de cinq étages, qui fut construite sôus l'empereur Wendi des Sui (599-616). Des bas-reliefs relatent les grands moments de la vie du Bouddha. Soixante-quatre petites statues du Bouddha ont été sculptées sur les huit côtés de la pagode.
 
La falaise des Mille bouddhas
 
Non loin de la pagode se trouve cette falaise, Qianfo ling. Les Bouddhas sont sculptés à l'intérieur de grottes dont les plus anciennes remontent aux Qi (474-502). Beaucoup de ces Bouddhas ont été mutilés lors de la Révolution culturelle.
 
La colline de la tête de boeuf
 
Le Niutoushan est situé à 30 km au sud de la ville. Pour s'y rendre il faut prendre un bus qui part de la station de bus de la porte Sud (Zhonghuamen) et descendre à l'arrêt de Nantanglingshan (montagne des Tombes des Tang du Sud).
A proximité de cette colline ont été découvertes deux tombes de la dynastie des Tang du Sud (Xème siècle). Il s'agit des sépultures des deux premiers empereurs de cette dynastie. Chaque tombeau est orné de très belles fresques.
 
Suzhou

Le Beisita

Zhuozheng yuan

 
Au sud de la province du Jiangsu, à 80 km à l'ouest de Shanghai, entre le lac Taihu à l'ouest et le lac Yancheng à l'est. 840 000 habitants. Surnommée la Venise de l'Orient, à cause de ses nombreux canaux. Point fort : ses jardins.
Suzhou est avec Shaoxing et Chengdu (Sichuan) l'une des plus vieilles villes de la vallée du Yangtsé. Elle apparaît dans l'histoire au VIème siècle, lorsque le roi de Wu en fit sa capitale (518 av. J.-C.). Le nom de ce roi est encore attaché à de nombreux sites de la ville. Durant la période des Six Dynasties, du IIIème au VIIème siècle, la région du BasYangtsé bénéficia de l'arrivée massive d'émigrés du Nord fuyant l'avancée des barbares. Nankin, la capitale, et Suzhou devinrent alors une des bases de la sinisation de la Chine du Sud. Le creusement du Grand Canal en fit un centre commercial important. Mais c'est sous les Song qu'elle connut son apogée. La ville s'inscrivait alors dans un vaste rectangle, entourée et traversée par des canaux. Le commerce et le tissage de la soie étaient les activités principales. Marco Polo, qui y séjourna sous les Yuan, au XIVème siècle, la dépeint comme une cité de marchands et de gens habiles à tous les métiers. Sous les Ming et les Qing, l'industrie de la soie continue à se développer. Mais la ville est de plus en plus appréciée comme lieu de villégiature des élites. Un proverbe rappelle d'ailleurs que « en haut il y a le paradis, en bas il y a Suzhou et Hangzhou ». En 1860, l'armée des insurgés Taiping assiège Suzhou. Factuel musée d'histoire était alors la demeure d'un « roi » Taiping. Par la suite, elle tombe dans l'orbite économique de Shanghai, ville ouverte aux capitaux étrangers. Des concessions étrangères s'installent. L'industrie de la soie reste l'activité principale. Depuis 1949, les industries légères se sont diversifiées, l'artisanat a été réorganisé en vue de l'exportation : soie, broderie, jade, laque et confection d'éventails de santal. Par ailleurs, des industries chimiques et électroniques ont été créées.
Sur le plan agricole, la région est très riche et bénéficie du microclimat du lac Taihu. Les rendements de riz atteignent 5 000 kg par hectare. On y fait également une récolte de blé d'hiver, de coton et de millet. Suzhou est aussi célèbre pour ses crabes, pêchés en automne et distribués dans toute la Chine.
Le Zhuozheng yuan, dit "jardin de l'Humble Administrateur", ou encore "de la politique des simples" est caractérisé par ses étangs qui occupent les trois cinquièmes des quatre hectares qu'il renferme. La grande salle de la "Fragrance lointaine", qui domine au Sud, et son cadre de ponts, de kiosques, de tours et de belvédères, conserve le style simple et serein des jardins Ming.
Au sud de la ville, très proche du Grand Hôtel de Suzhou et au fond d'une ruelle, le Wangshi yuan (jardin du Maître des filets) ne couvre qu'un demi-hectare mais il est un pur exemple d'un jardin-résidence de la fin des Song du Sud (1127-1279). Dès l'entrée, le visiteur se trouve devant deux rangées de constructions parallèles et intercalées qui divisent le jardin en trois cours. Tout près, les pavillons, les kiosques et une galerie se reflètent dans un étang. À l'Ouest, dans une cour, le studio "Fin du Printemps", décoré de lanternes, de peintures et de calligraphies, a trois fenêtres ouvrant sur un mini-paysage de collines artificielles agrémenté de bambous, de bananiers et de prunus. Au Nord-Ouest, à environ 1 km des remparts, le Liu yuan, créé sous les Ming, est une succession de cours reliées par une galerie en zigzag de 700 m. Les ouvertures pratiquées dans les murs le long de cette galerie encadrent des vues claires ou voilées. Le visiteur passe une porte en forme de vase et entre dans un jardin de fleurs, puis franchit une autre porte en forme de pleine lune pour déboucher sur un sentier sinueux dans les treilles de vigne qui mène à une colline de 6 m de hauteur... Dans la partie Est du Liu yuan, deux grandes salles avec des meubles anciens et des lanternes classiques, et trois petites cours plantées de fleurs forment l'ensemble le plus rare qui soit d'une disposition classique.
Il est d'autres jardins qui justifient une visite: le Shizi lin, ou "jardin de la Forêt du Lion", tracé au XIVème siècle, le Canglang ting, ou "jardin du Pavillon des Vagues" datant des Song, et même le Yi yuan ou "jardin de l'Harmonie" assez baroque du siècle dernier.
En flânant, on découvre également quelques belles pagodes, parmi lesquelles Beisi, à neuf étages, fondée au début du Vlème siècle et reconstruite sous les Song, Shuangta si (temple aux deux pagodes), fondé sous les Tang, Rui guang, reconstruit à plusieurs reprises depuis l'époque des Trois Royaumes.
Enfin, au centre de la ville, le Xuanmiao guan, dit "temple taoïste du Mystère", qui existait déjà au IIIème siècle, avec la "salle des Trois Qing" aux stèles et divinités taoïstes, et sa cour et ses galeries redevenues un petit marché permanent et pittoresque.
On peut également effectuer une promenade en bateau sur le Grand Canal où la circulation est intense, découvrir les nombreux canaux et les fameux ponts en dos d'âne. Ou encore visiter à FE, sur le lac Jinji, une ferme aquatique où les voyageurs sont invités à choisir une huître perlière dans un parc et à en découvrir le "trésor". Au Nord-Ouest et à l'Ouest de la ville, il existe plusieurs sites touristiques importants. En particulier, Hu qiu, la colline du Tigre où, selon la tradition, fut inhumé le roi de Wu, portant au sommet une pagode à sept étages entourée de temples bouddhiques. Au Sud de cette colline, Hanshan si, le temple de la Montagne froide, conserve le souvenir de deux célèbres poètes du VIIème siècle : Hanshan et Shide, les "hippies" de l'époque, toujours représentés hilares et vêtus de haillons.
Enfin, à quelques kilomètres au Sud-Ouest, deux collines méritent une escapade: Lingyenshan, pour les vestiges du palais de Xi Shi (IIIème siècle av. J.C.) et pour son temple bouddhique, gardé par quelques moines ; Tianpingshan, pour ses paysages qui ont inspiré les peintres de Suzhou, et le monastère du Nuage blanc au sommet.
 
Wuxi
 
Wuxi signifie « dépourvue d'étain ». C'est une très vieille ville dont il reste peu de vestiges historiques. Les origines de la ville remontent aux Zhou, au 1er millénaire av. J.-C., quand le duc de Tai, fils aîné du prince de Zhu, fonda l'Etat de Juwu, avec pour capitale le village de Mei, près de l'actuelle Wuxi. Wuxi porta à l'origine le nom de Yaoxi, « pourvue d'étain ». Son nom actuel vient de l'épuisement des mines qui se trouvaient à proximité, sur la colline Xi.Wuxi est située non loin du lac Taihu, au sud du Yangtsé, sur la ligne de chemin de fer qui relie Nankin à Shanghai, à 145 km de cette dernière.
Sa population n'est pas loin d'atteindre 1 million d'habitants. Le climat y est tempéré grâce au microclimat que crée le lac. La zone est si fertile qu'on l'appelle « la terre du poisson et du riz ». Le lac Taihu est, par sa taille, le quatrième lac de Chine.
Avec 2 240 km2, il constitue la principale attraction touristique de la ville. Wuxi est une ville connue pour la qualité de ses soies. La tradition de sériciculture est vieille de plus de mille ans, mais les premières industries de tissage furent établies vers le milieu du xix' siècle. Depuis 1949, cette activité s'est développée en vue de l'exportation, tandis que se créaient d'autres branches d'industrie légère.
La meilleure saison pour découvrir Wuxi est le début du printemps, lorsque les pruniers, cerisiers et azalées du parc Meiyuan sont en fleurs. Il pleut beaucoup en mai et il fait le plus froid en février. Les opinions des touristes chinois et occidentaux semblent diverger en ce qui concerne le site de Wuxi. Pour les Chinois, Wuxi occupe, dans l'ordre d'importance touristique, la cinquième position. Pour les Occidentaux, « mieux vaut passer deux jours de plus à Suzhou ». Des goûts et des couleurs... On vient à Wuxi essentiellement pour goûter le spectacle du lac Taihu, le va-et-vient permanent des innombrables bateaux qui le parcourent, avec leurs voiles triples, rectangulaires et très hautes. Si les Chinois aiment tant ce site, c'est peut-être parce qu'ils l'associent à la mémoire du peintre Ni Zan (1301-1374), considéré comme le peintre le plus raffiné, et certainement l'un des plus imités de Chine. Ni Zan consacra les vingt dernières années de sa vie à sillonner le lac Taihu sur un sampan avec son épouse, et à peindre ses paysages favoris.
 
Yangzhou   
Pagode de Qiling
 
Yangzhou s'appelait à l'origine Guangling. Elle prit de l'importance sous les Sui lors de la construction du Grad Canal. La ville se trouvait à un carrefour de canaux et tout ce qui venait du sud devait y transiter. L'empereur Sui Wendi, voulait en faire sa seconde capitale. Sous les Tang, elle devint la troisième ville de Chine. Des textes relatent la richesse des commerçants, intermédiaires favoris de l'administration. Les marchands étrangers y étaient particulièrement nombreux. Lun d'eux, Marco Polo, aurait été chargé par les Mongols de l'administration de la ville pendant trois ans, de 1282 à 1285. La ville connut des heures sombres : en 766, le massacre des étrangers et, en 1645, le bain de sang dû à l'invasion des troupes mandchoues. Peu à peu la ville périclita au profit de Nankin et de Suzhou où les grands axes du commerce s'étaient transférés. Sous les Qing la ville resta un lieu d'agrément très apprécié des empereurs tandis que certains poètes et peintres venaient s'y isoler. Lun d'eux, Tao Shi, est célèbre pour y avoir tracé un grand nombre de jardins.
Considérablement endommagée lors de la répression des Taiping, elle est, aujourd'hui encore, très peu industrialisée. La ville est restée célèbre pour l'art de ses conteurs, art du Yangzhou pinghua. Ces conteurs qui se produisaient autrefois dans la rue le font aujourd'hui dans les salles de spectacles. Chaque conteur avait son répertoire d'histoires, prises le plus souvent dans des romans populaires comme Les Trois Royaumes et Au bord de l'eau. Le répertoire se transmettait de génération en génération. Actuellement, l'artiste la plus célèbre est Wang Litang, petite-fille du conteur Wang Shaotang.
 
Le parc de Shouxihu   
 
Très beau parc occupé par le lac Shouxi. Une barque coquette conduite souvent par une paysanne vous amènera, au terme d'une jolie promenade, au pont des Cinq Pavillons (Wutingqiao), encore appelé pont du Lotus (Lianhuaqiao) en raison de sa forme. Il fut construit sous les Qing en 1755 et est formé de trois arches. Non loin du pont on aperçoit un stupa blanc (Beita), de style népalais, qui rappelle la pagode du parc Beihai de Pékin. Au sujet de ce stupa, voici ce que l'on peut lire dans un guide chinois publié à Yangzhou en 1980
On raconte que lorsque l'empereur Qianlong, qui effectuait un voyage de reconnaissance à Yangzhou, vint se promener sur les rives du lac Shouxi, il s'exclama devant ceux qui l'accompagnaient : « On se croirait dans le parc Beihai à Pékin ! Quel dommage qu'il ny ait pas de stupa blanc ! » Un commerçant en sel, du nom de Jiang, voulut se faire bien voir de l'empereur et, en l'espace d'une nuit, fit construire un stupa blanc en sel pour l'empereur. Par la suite, il fit construire à grands frais et en très peu de temps le stupa que l'on voit encore. Cette histoire n'est pas nécessairement véridique mais elle démasque le comportement odieux de la classe dominante féodale et met en valeur l'intelligence et les compétences du peuple travailleur.
La langue de bois maoïste est aussi partie intégrante de la culture chinoise !
 
Le Damingsi
 
 
Le temple de la Grande Lumière (Damingsi) se trouve au nord-ouest du lac Shouxi. C'est un temple dont le rayonnement marqua profondément le bouddhisme japonais. En 601, l'empereur des Sui fit construire une pagode de neuf étages, mais elle fut incendiée par la suite. De 688 à 763, sous la dynastie des Tang, des échanges s'établirent avec des moines japonais. En 753, le supérieur du temple, Jianzhen, en conflit avec le pouvoir, se rendit au japon avec quatre autres moines. Il y mourut, au monastère Toshodaïji de Nara. Deng Xiaoping, au cours d'un voyage au Japon, se rendit à ce monastère, geste symbolique destiné à renouer les relations entre les deux pays. Les Japonais offrirent à cette occasion une reproduction en bronze de la statue de Jianzhen pour le temple de Yangzhou.
 
Le Shigongsi  
 
Au nord de la Guoqing lu, tout près de l'hôtel. Ce temple était dédié à l'origine au héros Shi Kefa, fonctionnaire de Yangzhou, qui préféra se suicider plutôt que se soumettre à la dynastie étrangère des Qing. Le temple accueille aujourd'hui le musée d'Histoire de la ville. On y verra de très belles collections retrouvées dans une tombe d'époque Han, découverte près de la ville, dans la commune de Ganquan. La plus intéressante de ces pièces est un corps entièrement recouvert de plaques de jade. Deux cercueils datant des Cinq Dynasties ou des Song du Nord se trouvent au fond du temple. Dans le jardin, on remarquera des sculptures Tang et la tombe de Shi Kefa, bien que son corps n'ait pas été retrouvé. Ne manquez pas la salle des peintures (reproductions) qui présente l'école des Huit Excentriques. Cette école, qui se développa dans les années 1740 à 1770, eut une grande influence sur la peinture moderne chinoise. Des peintres aux fortes personnalités comme Jin Nong, Zheng Xie (Banqiao), Lo Pin et Hua Yan vivaient alors à Yangzhou.
 
Les jardins
Le Geyuan
 
Yangzhou possède des jardins dont la renommée éclipsait autrefois ceux de Suzhou. On ne visite plus guère que le Geyuan, le Heyuan et le Xiaopangu. Ils ont presque tous été commandés par de riches commerçants de la dynastie des Qing et réalisés par quelques uns des nombreux peintres qui vivaient à l'époque à Yangzhou. Le Geyuan s'ouvre sur une ruelle (Dongguan lu), au nord de la ville, non loin du magasin de l'Amitié. Il fut en partie conçu par Shi Tao, célèbre poète et peintre de la fin des Ming et du début des Qing. Acheté par Huang Yingtai, un riche commerçant, il fut agrandi et orné de nombreux bambous. Aménagé en quatre parties, le jardin donne au promeneur l'illusion que sa promenade dure un an, chaque section représentant une saison.
 
Le Heyuan
Le Heyuan, jardin des He, s'étend au sud de la ville. Construit à la fin de la dynastie des Qing, il appartint à He Zhidao, qui fut ambassadeur à Paris. Le jardin est entu touré sur trois côtés par une longue galerie à étage qui zigzague sur 430 m et offre des perspectives variées sur les étangs et les montagnes artificielles. Des stèles reproduisant des poèmes anciens sont encastrées dans les murs à des endroits appropriés, de façon que p le promeneur ajoute au plaisir des yeux z celui de l'esprit.
 
La vallée de la Petite Assiette  
Xiaopangu, se trouve dans le même quar tier mais plus à l'ouest. En sortant du Heyuan, tournez deux fois sur la gauche. Ce jardin appartenait à un fonctionnaire de la fin des Qing. Tout en longueur, il est entouré, comme le Yuyuan de Shanghai, par un mur au faîte ondulé évoquant le corps d'un dragon volant.
 
 
Le Zhejiang 
 
 

Dans la partie centrale de la zone littorale de la Chine.
La province, dont le nom vient de la rivière Zhejiang et signifie « zigzag », se situe au sud du Jiangsu.
C'est la plus petite province de Chine.
Superficie : 101 800 km².
42,4 millions d'habitants.
Capitale : Hangzou.
Deux velles en plein expansion : Wenzhou et Ningbo.
Au dixième rang national pour la production globale.
Agriculture : riz, coton, chanvre, mûrier et thé.
Industrie légère : tissage de la soie, conditionnements des produits de la met et des jus de fruits.

Où se trouve le berceau de la civilisation chinoise ? Cette question est à l'origine d'une vieille querelle. Les habitants des régions situées autour du bassin du fleuve jaune vous diront que le Shaanxi, le Shanxi, le Henan sont les véritable sources de la civilisation chinoise, mais depuis quelques années des découvertes archéologiques tendent à prouver qu'une civilisation comparable s'est développée dans le bassin du Yangtsé et que le Zhejiang, le Jiangsu, le Hunan peuvent se targuer des mêmes lettres de noblesse que leurs prestigieux voisins du Nord. Vous entendrez donc, au cours d'un voyage dans le Zhejiang, que l'histoire de la province remonte à plus de quatre millénaires. Les premières anecdotes historiques ne concernent toutefois que le Vème siècle av. J.-C., durant la période des Royaumes combattants et relatent les conflits entre les Etats de Wu et de Yue, qui se disputaient alors le territoire de l'actuelle province. On raconte qu'en 496 av. J.-C., le roi Helu de l'Etat de Wu déclara la guerre à l'Etat de Yue. Vaincu par le roi Goujian de Yue, Helu dut battre en retraite et mourut de ses blessures. Son fils, Fuchai, réussit plus tard à dominer l'armée de Yue à Guiji (actuelle Shaoxing). Goujian dut à son tour s'humilier à demander la paix et ne l'obtint qu'à condition de rester comme otage avec sa femme dans l'Etat de Wu. De retour dans son royaume trois ans plus tard, il rumina longtemps sa vengeance. Pour être sûr de ne jamais oublier sa honte et l'humiliation de son pays, il s'imposait de coucher la nuit sur de la paille et buvait du fiel. Après de longs préparatifs, il finit par écraser l'Etat de Wu et devint le roi le plus puissant du sud-est de la Chine. A Shaoxing, de nombreux vestiges historiques entretiennent encore le souvenir du roi Goujian. Le Grand Canal permit à la région du Zhejiang de connaître un nouvel essor à partir du vile siècle. Mis en chantier en 605 sur ordre de l'empereur Yangdi de la dynastie des Sui, le Grand Canal était avant tout destiné au transport des céréales et de certaines denrées alimentaires comme le sel. Le blé cultivé au Nord était transporté vers le Sud et le riz du Sud était destiné au Nord. Cette organisation était indispensable à la survie du pays, dont au moins une région était accablée tous les ans par la sécheresse ou les inondations. Le Grand Canal servait alors à venir en aide aux régions sinistrées. Les côtes très découpées du Zhejiang
ont de tout temps favorisé les entreprises de piraterie. Des épisodes particulièrement violents se déroulèrent au v° siècle, lorsque des hordes de marins et de pirates se jetèrent sur Nankin, et au XIème siècle, lorsque pirates et ouvriers des salines du Zhejiang s'unirent contre l'occupant mongol. Ils contribuèrent à accélérer la chute de la dynastie des Yuan. Les pirates japonais, appelés par les Chinois les Wokou, faisaient également régner la terreur sur les mers et le long des côtes. Leurs exactions prirent des proportions insupportables sous la dynastie des Ming et se poursuivirent durant toute la dynastie des Qing.
 
Hangzhou
 
"C'est alors que l'on trouve la très nobilissime et magnifique cité qui, pour son excellence, importance et beauté est nommée Quinsai, qui veut dire en français la cité du Ciel, car c'est la plus grande ville qu'on puisse trouver au monde, et l'on y peut goûter tant de plaisir que l'homme s'imagine être au paradis." En ce dernier quart du XIIIème siècle, Marco Polo n'avait pas menti.
Sept cents ans plus tard, cette cité, devenue Hangzhou, est encore, pour tous les Chinois, symbole de raffinement et de délicatesse. La ville, qui compte aujourd'hui 1 340 000 habitants (20 millions de touristes par an), est la capitale de la province du Zhejiang. Un peu avant le début de notre ère, il y avait là un golfe que les habitants des environs imaginèrent de fermer par une digue. Les mécanismes naturels d'alluvionnement en firent un cordon littoral. Il faudra d'autres digues au fil des siècles pour que le premier établissement devienne une ville murée à l'abri du mascaret d'équinoxe et des inondations.
En 1126, la Cour des Song chassée de Kaifeng par les Mongols était en quête d'une nouvelle capitale au sud du Yangzi. Elle choisira Hangzhou, qui deviendra ainsi le conservatoire de la civilisation chinoise face aux Mongols pas encore dégrossis... Les descriptions de Hangzhou au XIIIème s. sont nombreuses et concordantes: tant les sources étrangères que chinoises admirent cette ville qui, en 1270, a plus d'un million d'habitants alors que Paris n'en compte pas 200 000. L'invasion mongole de 1276 ne causera ni la ruine ni la désolation: les cavaliers de Qubilai n'étaient plus ceux de Gengis khan... Hangzhou conservera donc son éclat sous les Yuan, les Ming et les Qing jusqu'à l'irruption des Taiping qui l'incendièrent en 1853.
De la ville proprement dite, dépeinte par Marco Polo, Ibn Batuta et les jésuites, il ne reste que peu de chose. Les temples ont brûlé, les vieux quartiers ont cédé la place à des constructions modernes. Seule la mosquée de l'avenue Sun Yat-sen (fondée sous les Tang, elle fut elle aussi régulièrement la proie des flammes) a toujours été reconstruite et restaurée. Mais on ne vient pas à Hangzhou pour visiter le centre urbain. Sauf pour y faire des emplettes de soieries, de brocarts, de broderies ou d'éventails.
 
Xihu : le lac de l'Ouest 
 
Son cadre de collines, la qualité de la lumière, un charme indéfinissables ont depuis des siècles inspiré les poètes et les peintres qui recensèrent minutieusement tous les sites enchanteurs.
Le lac est divisé en trois par deux digues. La première, au nord, dite Bai ti en souvenir du poète Bai Juyi (772-846), est une chaussée bordée de saules pleureurs qui passe par l'île de Gushan. La seconde, Su ti, à FO, traverse le lac du sud au nord, est coupée de six ponts et fut construite par un poète qui était aussi gouverneur de la cité: Su Dongpo (1035-1101).
Au Nord, l'île Gushan ("Colline esseulée"), reliée à la terre par la digue et un pont, avait été aménagée au XVIIIème s. par l'empereur Qian long, mais les constructions souffrirent beaucoup pendant le soulèvement des Taiping. La grande bibliothèque, Wenlan ge, est devenue après restauration le musée du Zhejiang: sa visite sera une bonne initiation à Hangzhou.
On pourra ensuite flâner dans le parc Zhongshan (Sun Yat-sen), faire un crochet jusqu'au tombeau de Lin he qing, et surtout rêver au Pinghu qiuyue (lac Calme Lune d'automne), un pavillon à l'Est de l'île où l'empereur venait contempler le clair de lune, enfin s'arrêter au temple Shengyin si qui a été restauré. Trois îlots où l'on se rend en bateau sont très visités : Xiaoyingzhou et ses étangs aux lotus entourés de pavillons, dits souvent Santanyinyue (les Trois Trous d'eau qui reflètent la lune) d'où émergent trois petits stupas, Huxinting (le pavillon du Milieu du lac) et Ruanggongtun (le tertre du Seigneur Ruan).
 
La colline Baoshi
Source du Dragon Jaune
 
A son sommet s'élève la pagode Baoshi, haute de sept étages et construite en brique. Elle fut à l'origine édifiée sous les Song, en 968, puis restaurée en 1933. Sur le versant nord de la colline, jaillit la source du Dragon jaune. On y verra un grand nombre de grottes.
 
La tombe de Yue Fei
 
C'était un général très populaire. Il défendit la dynastie Song contre les envahisseurs Jin qui s'étaient emparés de la capitale, Kaifeng. Quand la Cour s'installa à Hangzhou, il continua la lutte contre les Jin, tandis que certains dignitaires soutenaient une politique de compromis. Le Premier ministre Qin Gui se trouvait à la tête de ce courant. Des généraux rivaux de Yue Fei complotèrent pour obtenir son arrestation. Yue Fei fut mis à mort en 1140. Plus tard, en 1162, pour le réhabiliter, les Song transférèrent sa dépouille à Hangzhou ; ils élevèrent un temple en 1221, qui s'appelait, à l'origine, temple du Martyr loyal.
La restauration du temple s'est achevée en 1979. La porte centrale porte l'inscription Yuewangmiao, « temple du roi Yue ». Après avoir traversé une magnifique cour plantée d'arbres, on parvient à une grande salle où se trouve une statue moderne du héros, haute de 4,5 m.
A l'ouest, l'ancien temple des ancêtres est transformé aujourd'hui en maison de thé et boutique de souvenirs. Enfin, on arrive à l'entrée de la tombe de Yue Fei. Une allée conduit au pavillon du Cyprès fidèle. De chaque côté se dressent vingt-six stèles. Après avoir traversé un pont, on arrive à la tombe même. De part et d'autre de l'allée se trouvent des statues de pierres d'époque Ming, représentant des chiens, des béliers, des chevaux et des fonctionnaires. A gauche, la tombe du fils de Yue Fei, Yue Yun, porte l'inscription suivante : « Les Song continuent à respecter la descendance. »
A côté de la tombe de Yue Fei, on verra les quatre statues de fonte des accusateurs de Yue Fei, les mains liées derrière le dos. Au premier plan, le Premier ministre Qin Gui et sa femme née Wan ; en arrière, les deux généraux qui complotèrent la perte de Yue Fei, Moqi Xie et Zhang Jun. Ils semblent devoir être exposés éternellement à la rancoeur des masses !
 
Le temple de Lingyin   
 
Appelé aussi Yunlinsi, temple de la Forêt des Nuages. A l'origine, il s'agit d'un très vieux temple qui remonterait à l'an 326, sous les Jin orientaux. Lors de la rébellion des Taiping, le temple fut complètement détruit et rebâti par la suite, il est maintenu fréquenté par des milliers de croyants. La salle du Roi céleste. Il s'y trouve une statue du Bouddha Nile. De chaque côté, des Gardiens célestes et un brûle-parfum en bois seraient des vestiges de l'époque Song.
La salle précieuse du Grand Héros. Le plafond a 33,6 m de haut. Sur le mur du fond, une grande fresque représente le boddhisattva Guanyin sur l'île de Putuoshan, dans le Zhejiang, entouré de cent cinquante luohan. Au centre, un bouddha de 1956. A l'entrée de la salle, on remarquera deux piliers, portant des inscriptions de sutras, oeuvre des Song en 969. De la même époque datent les très beaux stupas de neuf étages, hauts de 20 m.
 
Les grottes de Feilaifeng    
 
Tout près du temple, au sommet de la colline de l'Aigle sage, on découvrira les très belles grottes de Feilaifeng, dont le nom signifie « pic venu en volant ». La qualité des roches est très différente de celle des collines avoisinantes. La légende veut que ce pic soit arrivé d'Inde, déjà creusé de grottes. Parmi ces grottes, la plus ancienne est Qinglingdong. Il s'y trouve un Bouddha Amituofu, une statue de Guanyin et une quantité de petits bouddhas de 20 à 40 cm. Uensemble est très beau et aurait été creusé sous les Cinq Dynasties, en 951.
Au nord-est de la première se trouve la grotte Yurudong et, derrière, la grotte Lônghongdong, toutes deux creusées sous les Song et les Yuan. A mi-pente, on remarquera un pavillon. Il fut construit sous les Song, au XIIème siècle, par le général Fei Shizhong, à la mémoire de son compagnon d'armes, Yue Fei.
 
Les grottes de Yaolin   
 
Ces grottes, découvertes sous les Tang, furent chantées pendant des siècles par des poètes qui les présentèrent comme le « pays des merveilles ». Elles sombrèrent par la suite dans l'oubli, jusqu'à ce qu'elles soient redécouvertes en septembre 1979 par une expédition scientifique. Les « merveilles » de Yaoling sont encore peu fréquentées par les touristes. Les voyageurs en route pour les monts Huang pourront y faire une étape. Elles sont situées à 85 km au sud-ouest de Hangzhou, à proximité de la petite ville de Tonglu. On s'y rendra en bus à partir de Hangzhou.
Les grottes de Yaolin, de formation calcaire, ont été travaillées par l'érosion au cours des siècles. Elles couvrent une superficie de 28 000 m² et sont composées de six salles reliées par des galeries. Vous vous trouverez plongé dans une symphonie de couleurs, de formes et de sons.
 
Les grottes de Lingqi et la rivière Xin'an
 
Les grottes de Lingqi et la rivière Xin'an, avec le lac Qiandao (lac aux Mille Iles), peuvent constituer une deuxième étape sur votre route en direction de Huangshan. La Xin'anjiang prend sa source dans les Huangshan à environ 100 km des grottes et du lac. Les grottes de Lingqi forment un ensemble de dix-sept grottes dont trois seulement sont ouvertes au public : Lingqi, Qingfeng et Aiyun. Une légende rapporte que quatre esprits, le Dragon, le Phénix, la Tortue et la Licorne, vécurent en paix dans la grotte de Lingqi, jusqu'au jour où elle fut découverte par les gens de la région. La grotte couvre un espace de 2 800 m², divisé en deux salles : le palais du Lotus et le palais de Cristal où l'on attirera votre attention sur une stalagmite haute de 8 m et dénommée «fils du Dragon ». Il s'agirait d'une incarnation du fils du Dragon. A l'intérieur, un vaste bassin était autrefois un lieu de sacrifices dédiés au dieu de la Pluie. La grotte Qingfeng est située non loin de là, à 100 m, sur la rivière Shouchang (affluent de la Xin'anjiang). Elle est célèbre surtout pour les « souffles » qui la parcourent. Une ouverture de 90 m permet une circulation des courants, frais l'été et chauds l'hiver, maintenant une température constante de 23 °C. Aiyun se trouve à 800 m de Qingfeng. Un chemin de 390 m vous conduit à travers un paysage de stalactites et de stalagmites. Lattraction est ,une stalactite ayant à peine 10 cm de circonférence et haute de 7 m, si fine qu'il vous suffira de l'effleurer du doigt pour qu'elle émette une vibration sonore.
Un pont de 380 m relie la grotte Lingqi à la petite ville de Baisha, dans le district de Jiande, sur les bords du lac Qiandao. Un barrage construit en 1960 lors des fantastiques mobilisations du Grand Bond en avant est devenu aujourd'hui un lieu de villégiature.
 
Shaoxing     
 
Shaoxing est une des plus vieilles villes de Chine. Là se trouvait la capitale de l'Etat de Yue durant la période des Royaumes combattants, au V' siècle av. J.-C. Sous les Han, les fours de l'ancienne Yue zhou, Shaoxing, produisaient les célèbres poteries de Yue, poteries grises recouvertes d'un vernis vert olive. Lorsque les Song installèrent leur capitale à Hanghou, les fours se remirent en action pour produire les plus beaux céladons de l'époque. Par ailleurs, Shaoxing est réputée pour avoir été, au cours des siècles, une pépinière de fonctionnaires lettrés. C'est là que naquirent deux figures de la Chine moderne, l'écrivain féministe Qiu Jin (1875-1907), et le plus grand écrivain contemporain, Luxun (18811936).
Sur le plan économique, Shaoxing n'a jamais bénéficié d'un grand essor, et, comme toutes les villes du BasYangtsé, elle a été saccagée durant la révolte des Taiping. Aujourd'hui, elle est encore peu industrialisée et l'activité la plus importante est la production de son fameux vin jaune. Shaoxing a gardé beaucoup de caractère. Les rues sont encore pavées de dalles de pierre provenant de carrières proches.
 
Le tombeau de l'empereur Yu le Grand   
 
Les Dayuling et Dayumiao, tombeau et temple de Yu le Grand, se trouvent à quelques kilomètres au sud-est de la ville, au pied du mont Guiji. C'est là que fut enterré l'empereur Yu le Grand, fondateur de la dynastie des Xia. Létat actuel des bâtiments n'est pas antérieur au XVIIIème siècle.
En entrant par la porte du sud-ouest, on remarquera sur la droite le pavillon des stèles du mont Goulou. Après avoir franchi la porte centrale, on verra sur la droite : un pavillon abritant des stèles Ming, un autre abritant des stèles Qing et le pavillon du Bateau en pierre.
En revenant vers le centre, avant de pénétrer dans la salle centrale, on remarquera le pavillon de la stèle de Qianlong. A droite de la salle centrale, le pavillon de la stèle de la fondation du temple.
Les fragments de céramique dont regorgent les environs du temple rappellent que cette zone fut un des plus grands centres de céramique, à l'époque du royaume de Yue, sous les Han et jusqu'aux Song du Sud. Certaines de ces pièces de poterie de Yue ont été retrouvées à Bornéo et au Moyen-Orient. C'est à cet endroit que se faisait un émaillage connu en Occident sous le nom de pise. Les sites des fours ont été découverts dans les années 30.
 
Putuoshan     
 
Le nom de Putuoshan vient d'une abréviation du sanskrit potolaka, qui signifie « une belle fleur blanche ». Sous les Tang, le culte de Guanyin se développa et une centaine de temples furent construits au milieu d'une végétation luxuriante. Un grand nombre d'entre eux furent détruits durant la Révolution culturelle. Guanyin est pour les bouddhistes une incarnation d'Avalokitesvara (bodhisattva de la Miséricorde), et son culte en Chine a été confondu avec celui d'une ancienne divinité chinoise, Da Bei, troisième fille du roi Chuzhuang. La légende raconte que Da Bei, voulant devenir nonne, fut persécutée par son père. Pour la sauver, les dieux la transformèrent en fleur de lotus et lui permirent de renaître dans l'île de Putuoshan ; par la suite, elle guérit son père atteint d'une grave maladie. Ce dernier fit ériger une statue de sa fille « quan shou quan yan » qui signifie « absolument entière», mais le sculpteur comprit « gian shou qian yan », c'est-à-dire « mille bras, mille yeux ». C'est pourquoi Guanyin est souvent représentée ainsi. Ce culte de Guanyin sous une forme féminine se généralisa sous les Ming, mais aujourd'hui encore, dans le Guangdong et le Henan, on trouve un Guanyin barbu. Le culte de Guanyin à Putuoshan est également lié au moine japonais Hui E (époque Tang). Ce dernier, de retour au Japon, emporta une statue
de Guanyin, mais une centaine de fleurs blanches barrèrent le passage de son bateau. Voyant là un signe du Bouddha, le moine s'installa à Putuoshan où il construisit un petit ermitage. C'est le premier temple de Putuoshan et il est connu sous le nom de « Guanyin qui refuse de quitter le pays ».
 
Le Pujisi   
 
Le temple de la Sauvegarde fut construit sous les Song (1080), au sud de l'île. D'une superficie de 11 400 m2, il suit l'agencement classique des temples. On visite surtout la salle Yuantongdian, salle de la Compréhension parfaite de toute chose. Au centre, une statue de Guanyin haute de 9 m, en bois ; sur les côtés, les trente-deux réincarnations de Guanyin. C'est à cet emplacement que fut construit le premier temple de Hui E. Par la suite, le temple Song fut brûlé sous l'occupation hollandaise (1669), reconstruit sous le règne de Kangxi, puis saccagé durant la Révolution culturelle et enfin restauré en 1981.
 
Le Fayusi
 
A l'entrée du temple de la Loi, on remarquera le mur des Esprits (Yingbi), qui porte l'inscription suivante : « La force de l'Esprit ne peut se concevoir ». A l'intérieur on traverse successivement la salle des Gardiens, puis, la salle du Bouddha de Jade, où se trouve une effigie du Bouddha Shijiamuni en jade blanc de Birmanie (fin des Qing) et enfin Yuantongdian, salle dédiée à
Guanyin, appelée aussi salle des Neuf Dragons.
Cette salle était à l'origine dans la Cité interdite des Ming à Nankin. Elle fut démontée et déplacée à Putuoshan. C'est un très beau bâtiment avec une façade vert-or ; à l'intérieur, le plafond est constitué en forme de voûte céleste, avec, au milieu, suspendue, une énorme boule entourée de neuf madriers sur lesquels sont sculptés neuf dragons qui semblent se disputer la balle.
 
Le Huijisi
   
 
Le temple de la Complaisance se trouve à 300 m au-dessus de la mer, au sommet du mont Bouddha. Autrefois, il ne s'agissait que d'un simple pavillon de pierre avec une statue du Bouddha. Il fut agrandi et devint un temple sous les Ming. Les bâtiments actuels datent des Qing. On visitera la salle de Guanyin (Yuantongdian), la salle de l'Empereur de jade, le pavillon de Da Bei (autre nom de Guanyin) et la bibliothèque.
 
 
L'Anhui
 
 

Enclavée entre six provinces : le Jiangsu, le Zhejiang, le Henan, le Hubei, le Jiangxi et le Shandong.
Superficie : 130 000 km².
Capitale : Hefei.
Syviculture et culture du thé, du riz, du maïs et des arbres fruitiers, importants gisements de fer.

On a retrouvé sur les rives de la Huai et du Yangtsé des vestiges attestant la présence de pêcheurs dans la région il y a environ 350 000 ans. Durant la période des Printemps et Automnes (770475 av. J.-C.) l'Etat de Wan occupait une partie de l'actuel Anhui. Ce nom est resté attaché à la province et se retrouve dans de nombreuses appellations (hôtels, marques, etc.). La province n'a été officiellement constituée que sous la dynastie des Qing en 1667.
L'Anhui se trouve à l'ouest des provinces côtières du Jiangsu et du Zhejiang. Deux cours d'eau importants, la Huai et le Yangtsé, la divisent en trois régions distinctes. Le nord de l'Anhui est appelé le Huaibei, « nord de la Huai », et fait encore partie des grandes plaines du nord de la Chine. C'est une région qui a connu de nombreuses inondations catastrophiques, et de grands travaux d'irrigation et de contrôle des eaux y ont été réalisés depuis 1949. Le centre de la province est appelé le Huainan, « sud de la Huai ». C'est une zone de collines et de petites vallées. Enfin la troisième région s'appelle le Wannan ou « sud de l'Anhui ». Montagneuse et boisée, elle abrite les célèbres Huangshan. L'Anhui est une province essentiellement agricole : coton, riz, patates douces et soja y sont récoltés en grandes quantités, 10 % du thé chinois viennent du Huainan. Bien que fertile, la province de l'Anhui n'et pas toujours parvenue à nourrir son importante population : les terribles famines des années noires (1959-1961) y firent des centaines de milliers de morts et on peut encore apercevoir des villages fantômes dont la population a entièrement disparu, chassée ou décimée par la famine. Certaines tentatives d'irrigation, réalisées également pendant le Grand Bond en avant, eurent pour résultat d'alcaliniser des terres cultivables et de les rendre, à tout jamais peut être, impropres à la culture.
Depuis 1979, l'Anhui connaît une nouvelle prospérité : c'est devenu une province pilote sous l'impulsion de Wan Li, actuel vice-Président ministre qui fut longtemps le premier secrétaire régional du Parti.
 
Hefei
 
Capitale de l'Anhui. Au coeur de la province, entre le Yangtsé et la Huai.
Hefei est une ville très ancienne, déjà illustre à l'époque des Trois Royaumes (220 à 265 ap. J.-C.). En 215, le général Sun Quan, roi de Wu, engagea une terrible bataille contre le général Zhang Liao du royaume de Wei. Les combats firent rage sur les rives de la Feihe. Il y avait là un pont qui s'appelait Xiaoyao. Lorsque Sun Quan, défait, tenta de fuir, il découvrit que le pont avait été brisé. Il encouragea son cheval tant et si bien que celui-ci s'envola au-dessus de la rivière et sauva la vie de son maître. Dans le parc Xiaoyaojin, on peut toujours voir ce pont ainsi que la tombe, le casque et l'armure du général Zhang Liao. Cet épisode a inspiré de nombreuses oeuvres littéraires et théâtrales. Sous la dynastie des Song du Nord, Hefei eut l'honneur de donner le jour à un mandarin, Bao Zheng, dont l'intégrité et le respect des lois restent aujourd'hui encore dans la mémoire des Chinois. Il grandit et fit ses études à Hefei. C'est en partie de la vie de ce personnage que Robert Van Gulik a tiré ses fameuses histoires du Juge Di.
Le tombeau et la statue de Bao gong, Maître Bao », se trouvent dans le parc Baohe. Lorsque les Qing créèrent la province de l'Anhui, ils choisirent Anqing comme capitale. Hefei ne devint capitale de la province qu'en 1937 et le resta depuis.
La vieille ville occupe une petite surface et a la forme d'un O couché. Elle est entourée par un canal. La ville moderne s'est beaucoup développée audelà de ses anciennes limites.
Le parc Xiaoyaojin se trouve au nord-est de la vieille ville ; on y accède par la rue Shouchun. Le temple Mingjiao est situé au sud du parc, dans la Huaihe lu. Non loin du temple se trouve un puits qui date de 269 ap. J.-C. Le parc Baohe s'étend au sud-est de la vieille ville. On y accède facilement en longeant le canal à partir du parc Xiaoyaojin. Le temple érigé à la mémoire du juge Bao Zheng est entouré de pins et de cyprès, qui donnent un air solennel à l'ensemble. Le musée de la province se situe au
 
Huangshan
 
C'est un massif aux 72 sommets, aux 36 sources, aux 24 torrents, aux 8 falaises et aux 12 grottes, une "montagne magique" qui culmine à 1 873 m... un univers fantastique de pics, de rochers et de pins que parcourt depuis des siècles un flot de randonneurs chinois. La brume (fréquente) et les nuages sont particulièrement appréciés ici car ils ajoutent au caractère fantasmagorique des lieux. Le Huangshan comprend trois sommets principaux: Tiandufeng, le pic de la Capitale céleste (1 810 m), est considéré comme celui dont l'ascension est la plus périlleuse; Lianghuofeng, le pic du Lotus (1 860 m), dont le sommet, large de 10 pieds, est appelé Shichuan ("bateau en pierre") ; enfin Quangmingding, le dôme de Clarté (1 840 m), qui est le meilleur endroit - avec le Qinggliangtai, une terrasse de fraîcheur à 1 700 m d'altitude et d'accès plus facile - pour contempler le lever du soleil et la mer de nuages.
Entre autres sites remarquables au coeur du massif, il faut mentionner également Liandanfeng, le pic de la Préparation de la Pilule d'Immortalité (1827 m), dont la vaste terrasse offre un excellent point de vue sur les pics alentours, et Aoyufeng, le pic de la Grande Tortue marine (1 780 m). Au N, il faut faire un détour au Shizifeng, le pic du Lion (1690 m), couvert de pins et de sapins, d'où jaillit une source. La découverte de ce paysage idéalement chinois a plus de charme encore à l'énoncé des désignations. On traverse ainsi l'Escalier éthéré, on aborde aux trois îles des Immortels, puis on découvre Jiulongjiu, la chute des Neuf Dragons et le torrent du Dragon Bleu. Depuis 1986, l'ascension est raccourcie par un téléphérique qui relie Yungu, la "Vallée des Nuages", à Bai'eling, "le sommet de l'Oie blanche", soit 771 m de dénivelé, en 8 minutes (37 yuans à la montée, 31 à la descente en 1993). Les touristes qui auraient présumé de leurs forces peuvent répondre (pour la modique somme de 400 yuans) aux sollicitations des porteurs de palanquins, que l'on appelait jadis des "hippocampes".
 
Jiuhuashan

La Terrasse Céleste

 
Massif montagneux du sud-est de l'Anhui. Haut lieu du bouddhisme.
Jiuhuashan est un des quatre hauts lieux du bouddhisme, avec Emeishan, Putuoshan et Wutaishan. D'après les textes historiques, le bouddhisme y aurait été introduit en 401 ap. J.-C. par un moitié indien. Durant la dynastie des Tang (618-907), un moine coréen du nom de Kim Kyo-gak serait venu pratiquer les préceptes du bouddhismeau Jiuhuashan et y aurait vécu pendant soixante-quinze ans. Il serait mort en 794 à l'âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, et ses restes seraient demeurés trois ans intacts. On a dit qu'il était une réincarnation du bodhisattva Ksitigarbha (Dizang, en chinois), ou Trésor de la terre. Jiuhuashan fut dès lors consacré au culte de Dizang, un des quatre pusas qui jugent les âmes au seuil des réincarnations et les délivrent des Enfers. Quelque trois cents temples habités par plus de quatre mille moines firent de l'endroit un lieu de pèlerinage important. Les plus grandes cérémonies se déroulaient le 30' jour du 7` mois lunaire, considéré comme la date anniversaire de Ksitigarbha. Aujourd'hui, ils sont quatre cent cinquante moines et nonnes à occuper les soixante-dix-huit monastères et temples de la montagne. Depuis 1979, les services religieux ont été restaurés. En 1983, la foire qui se déroulait autrefois autour du temple à l'occasion des grandes fêtes religieuses a été de nouveau autorisée. Les fêtes ont maintenant repris des proportions importantes et des centaines de milliers de fidèles effectuent tous les ans le pèlerinage, brûlant de l'encens, s'inclinant devant les statues et présentant leurs voeux au Bouddha. Les fêtes se tiennent entre la fin août et le début septembre, en fonction du calendrier lunaire.
Située dans le district de Qingyangxian, au nord-ouest de Huangshan, la chaîne de Jiuhuashan est constituée de quatre-vingt-dix-neuf pics dominés par le pic Shiwang, haut de 1 341 m.
Perdues au milieu d'une végétation luxuriante, à l'écart des circuits touristiques habituels, ces montagnes ont acquis depuis toujours la réputation d'être les plus pittoresques du Sud-Est. D'une beauté rivalisant avec celles des Huangshan, leurs versants sont couverts de pins et de bambous. Au milieu de cet écrin de jade, de ravissants villages aux modestes maisons blanches font de ce lieu une retraite idéale qui vous transportera au coeur de la Chine, et hors du temps.
Li Bai, dans un verset célèbre sur Jiuhuashan, compare ses neuf pics principaux à neuf fleurs (Jiuhua). C'est pourquoi la chaîne porte le nom de montagne des Neuf Fleurs. Parmi les sites les plus connus, nous vous conseillons Minyuan et sa très belle forêt de bambous. Les pins aux formes étranges de Fenhuang, dissimulés dans la brume, méritent également un détour, tout comme la mer de nuages que l'on peut voir du Lianfeng et le lever de soleil du mont 'Fiantai. Nous vous suggérons, durant votre séjour, de vous laisser guider par votre intuition et de prendre le temps de vous asseoir dans la cour d'un temple afin d'observer les lieux, ou de bavarder avec les moines. Vous découvrirez alors une atmosphère particulière, sans horaire ni guide.
 
Le temple Huacheng
 
 
le plus grand de tous, fut fondé sous les Tang. Il est consacré à Dizangwang et contient le Q stupa dans lequel sont placées les reliques du moine Kim Kyo-gak. Les bâtiments timents actuels datent des Ming, comme la plupart des temples de Jiuhuashan.
 
Le temple Baisuigong
 
 
au sommet du mont Dongyan. Caché dans un écrin de verdure, ce ravissant petit temple de montagne est accessible par un escalier. On pourra voir à l'intérieur une statue du moine Wuxia qui vécut sous les Ming. On raconte qu'il mourut à l'âge de cent-vingt-six ans après avoir passé la plus grande partie de sa vie assis dans une grotte du pic Dongyan. Après sa mort, son corps resta intact. L'empereur le consacra pusa et fit édifier ce temple.
 
Ma'anshan
 
 
Sur la rive sud du bas Yangtsé. Baignée directement par le Yangtsé, Ma'anshan est une belle ville, entourée d'eau et de collines. Les touristes viennent ici chercher les traces du poète Li Bo qui passa ses dernières années dans les environs de Ma'anshan.
La maison que Li Bo est censé avoir occupée se trouve à 7 km au sud du Ma'anshan, dans un site appelé Caishiji, sur le Yangtsé. C'est ici que le poète écrivit quelques-uns de ses plus beaux poèmes tels que En traversant le fleuve, Contemplation de la montagne Tianmen, etc. La demeure actuelle date de 1877 mais se trouve sur l'emplacement d'une maison construite sous les Tang. C'est un bâtiment de trois étages
couvert de tuiles vernissées vertes avec des auvents recourbés. On y voit quelques calligraphies de Li Bo, diverses éditions de ses oeuvres, etc.
â La tombe du poète se trouve sur le mont Qing. Li Bo mourut dans la pauvreté en 762 après avoir cherché refuge chez un oncle, Li Yangbing, et il fut d'abord enterré sur le mont Long, près de chez cet oncle. Plus tard, sa tombe fut déplacée sur le site actuel. Une stèle imposante signale la « Tombe de Li Bo, un homme célèbre et vertueux de la dynastie des Tang ».
 
Anqing
 
 
Au sud-ouest de l'Anhui.
Superficie de la circonscription : 15 000 km².
Population : 5,5 millions d'habitants.

Anqing fut la capitale de l'Anhui de 1662 à 1937. On trouve de nombreux sites historiques autour de la ville proprement dite. Le plus célèbre est la pagode Zhenfeng. Considérée comme la plus belle pagode des rives du Yangtsé, elle fut construite en 1570. C'est une pagode octogonale en brique où l'on peut encore admirer plus de six cents bas-reliefs sculptés sur les parois. On
accède d'un étage à l'autre par des escaliers, mais certains sont des trompe l'oeil et d'autres ne mènent nulle part, transformant la pagode en un véritable labyrinthe que seuls les initiés avaient le droit de pénétrer. Moins connu que Huangshan ou Jiuhuashan, Tianzhushan fait partie de ces ensembles montagneux exceptionnels qui font la beauté de l'Anhui. Situé à la frontière des districts de Qianshan et de Yuexi, il s'élève à 1 751 m au-dessus du niveau de la mer. La zone touristique couvre une surface de 80 km². Fidèle à la tradition qui veut que l'on divinise les montagnes, l'empereur Liu Che de la dynastie des Han de l'Ouest avait donné à l'ensemble le titre de Haute Montagne du Sud en 106 av. J.-C. et venait y faire des sacrifices. Par la suite des taoïstes en firent la Quatorzième Résidence des immortels.
Dans le district de Yushan, on peut également voir la tombe de Zhu Ran (181-249 ap. J.-C.) qui fut un ami du roi de Wu, Sun Quan, durant la période des Trois Royaumes. Sa tombe a été découverte en 1984 et on y a trouvé quelques objets intéressants, exposés au musée de la province à Hefei.

 
 
 
Le bassin moyen du Yangtsé
 
Le Sichuan
 
Sur le cours supérieur du Yangtsé.
Superficie : 570 000 km².
Population : 108 millions d'habitants
Capitale : Chengdu.
Production agricole : riz, agrumes, thé, bambou, mûriers, colza.
Ressources minières : titane, cobalt, gaz naturel, amiante, etc.
Minorités nationales : Tibétains, Miao, Yi, Qiang.
A l'époque des Royaumes combattants (475 à 221 av. J.-C.), la Chine était divisée en sept principautés qui se faisaient la guerre. L'une d'elles, l'État de Qin, qui voulait s'assurer des arrières solides avant de se lancer à la conquête de ses voisins, commença par annexer l'État de Shu (actuel Sichuan) et y installa un gouverneur nommé Li Bing. Ce dernier transforma le destin de la région. En 250 av. J.-C., il entreprit la construction du complexe hydraulique de Dujiangyan a .fin d'utiliser les eaux du fleuve Min pour irriguer la plaine de Chengdu, transformée ultérieurement en un véritable grenier à céréales destiné à l'approvisionnement des Qin. La zone irriguée par le complexe de Dujiangyan ne cessa de s'étendre et la conception de Li Bing n'a jamais été remise en cause.
Depuis cette époque, le Sichuan est l'une des provinces les plus fertiles du pays. Vers 200 av. J.-C., l'artisanat local commença à être connu par ses brocarts et son argent ciselé. A l'époque des Tang (618-907), l'itinéraire méridional de la route de la soie traversait le bassin du Sichuan, continuait vers le Yunnan, et traversait la Birmanie avant d'arriver en Inde. L'exportation des brocarts empruntait cette route.
A l'époque des Song (960-1279), apparurent des poètes célèbres tels Su Shi (alias Su Dongpo), son père et son frère. Un temple leur a été consacré sur le mont Émei, à 320 km au sud de Chengdu. C'est à cette époque que furent creusées les merveilleuses grottes de Dazu. De tout temps, le Sichuan servit de refuge aux fonctionnaires et à leurs familles lorsque des menaces de guerre pesaient sur les plaines centrales de la Chine. D'ailleurs, au xxème siècle, peu avant la victoire des communistes sur les nationalistes, les troupes de Chang Kaï-chek et son administration se sont établies à Chongqing. Aujourd'hui, le Sichuan est surtout connu pour être la province natale de Deng Xiaoping. En effet, ce dernier a toujours manifesté un attachement certain à son pays d'origine et s'est volontiers entouré de « compatriotes ».
Certaines régions du Sichuan sont parmi les plus fertiles de Chine. Presque totalement fermé sur lui-même par les hautes montagnes qui l'entourent, le Sichuan a longtemps joui d'une réputation de petit paradis terrestre, lointain et inaccessible, où poussent sans effort riz, fruits et légumes de toutes espèces. Après 1949, la population a augmenté extrêmement rapidement et depuis quelques années les jeunes sont obligés d'émigrer par centaines de milliers vers d'autres provinces pour trouver du travail. L'exode est en partie organisé par l'État qui tente de résoudre la crise du chômage au Sichuan.
Avec ses 570 000 km², le Sichuan est plus étendu que la France. On peut distinguer deux grandes régions géographiques : à l'est, le bassin du Sichuan et à l'ouest, les hauts plateaux. Le bassin du Sichuan couvre près de 200 000 km². Il est encadré par quatre chaînes de montagnes atteignant 3 000 m de hauteur. A cause de ses collines de grès rouge, il a été surnommé le « bassin rouge ». Ce bassin, qui comprend la plaine de Chengdu irriguée par le fleuve Min, constitue la zone la plus peuplée de Chine.
L'ouest du Sichuan occupe la partie orientale du plateau tibétain. Son altitude dépasse en général 3 000 m. Sa plus haute montagne, le pic Gongga, s'élève à 7 590 m. De puissantes rivières ont creusé des vallées profondes et étroites, comme celle de la rivière Du que l'Armée rouge dut traverser au prix de nombreux efforts durant la Longue Marche.
Le climat du bassin rouge se prête admirablement à l'agriculture et permet deux à trois récoltes annuelles. Les températures varient entre 4 °C et 8 °C en janvier, et la moyenne estivale est de 24 °C. Les pluies sont abondantes, surtout en juillet et août pendant la mousson. Sur les hauts plateaux, les températures tombent souvent en dessous de 0 °C en hiver et les pluies sont rares.
On peut accéder au Sichuan par avion, par train à partir de Xi'an, au nord, ou de Kunming et Guiyang au sud, et surtout par bateau, le Yangtsé reliant Chongqing à Wuhan et Shanghai. De petits bateaux à vapeur peuvent remonter le Yangtsé jusqu'à Yibin, en toute saison. Les rivières Jialing, Min et Tuo, orientées nord-sud et se jetant dans le Yangtsé, sont également navigables. Le dispositif fluvial du Sichuan constitue le dixième du dispositif fluvial de la Chine entière. Bien que la province du Sichuan s'industrialise progressivement, ses ressources principales restent agricoles. C'est la première province de Chine pour le riz. Viennent ensuite l'orge, le maïs et les patates douces, pour les régions sèches. On cultive aussi du coton, des oléagineux et de la canne à sucre ainsi que le mûrier (pour la soie), le thé, le jute, etc. Les hauts plateaux, moins fertiles, sont des régions d'élevage et d'exploitation forestière. La région de Chongqing est riche en charbon, et des installations sidérurgiques s'y sont implantées. Les mines de sel gemme de la région de Zigong sont soigneusement exploitées depuis des siècles. On a également découvert quelques gisements de pétrole et de gaz naturel dans le sous-sol du Sichuan
 
Chengdu
 
 
Chengdu existait déjà à l'époque des Printemps et des Automnes (770-475 av. J.-C.). Au IIème siècle avant notre ère, de riches familles y possédaient terres, parcs et même entreprises sidérurgiques. Chengdu devint la capitale du royaume de Shu à l'époque des Trois Royaumes (221-265). En raison des tissus de brocart qui s'y fabriquaient, Chengdu fut baptisé sous les Han Jinguancheng, la « ville du magistrat des brocarts ». Puis, à l'époque des Cinq Dynasties, elle fut nommée Furongcheng, la « ville hibiscus ». Jusqu'en 1949, Chengdu avait gardé son aspect traditionnel et ses murailles carrées. Le centre de la ville a conservé son aspect traditionnel et ses belles maisons hautes à poutres apparentes et fenêtres de bois finement ajourées jusqu'en 1980. Hélas, tout a été progressivement détruit.Chengdu, capitale de la province du Sichuan, était l'une des villes les plus plaisantes de Chine. L'imparfait est de rigueur depuis qu'un vent de construction frénétique s'est abattu ces dernières années sur la ville, engendrant le saccage des quartiers les plus pittoresques au mépris de l'harmonie architecturale.
Ses larges avenues bordées de grands arbres restent peu encombrées et le climat tempéré qui règne permet aux habitants de se reposer le soir sur le pas de leur porte, à demi étendus sur des fauteuils de bambou.
 
Le Wuhousi
 
Le temple de Wuhou, situé au sud-ouest de la ville, est dédié à la mémoire de Zhuge Liange (181-234), l'un des plus grands stratèges et hommes politiques de l'histoire chinoise. La légende populaire le considère comme l'Intelligence personnifiée et de nombreux temples en Chine lui sont consacrés. Cette construction couvre actuellement une superficie de 37 000 ml et remonte à la dynastie des Tang. En 760, le poète Du Fu fit allusion, dans un vers, à la forêt de cyprès qui l'ombrage. Sous les Qing, l'empereur Kangxi fit construire de nouveaux bâtiments (1672) et restaurer les anciens. On peut voir, se succédant du sud au nord, la porte principale, la deuxième porte, le pavillon de Liu Bei, le pavillon intermédiaire et le pavillon de Zhuge Liang. Après avoir passé la porte principale, on remarquera sur la droite des stèles Tang et sur la gauche des stèles Ming remarquablement bien conservées. La plus grande stèle Tang date de 809 et a été calligraphiée par Liu Gongchuo, gravée par Lu Jian et le texte a été rédigé par Pei Du. Ces trois hommes sont considérés comme des maîtres dans leur art respectif.
 
Le pavillon de Zhuge Liang
 
 
A l'intérieur est exposée la statue colorée du célèbre stratège. Devant elle, on découvre trois tambours en bronze. Le plus grand, du XVème siècle avant J.-C., est censé avoir appartenu à Zhuge Liang. En quittant le pavillon de Zhuge Liang vers la gauche, on trouve la tombe de Liu Bei, mort en 223. Le tumulus n'a pas encore été fouillé. En poursuivant vers la gauche, on rejoint un parc public où les promeneurs du dimanche viennent pique-niquer et boire du thé, confortablement installés sur des chaises de bambou
 
La chaumière de Da Fu
 
En bordure ouest de la ville, dans un cadre de bambous et de rizières, s'étend le parc de la « chaumière » du très grand poète Du Fu (712-770), Du Fu caotang. Du Fu et son contemporain Li Bai sont les deux plus célèbres poètes chinois. Du Fu, qui vécut sous les Tang, connut une existence vagabonde. Né au Henan, il quitta son village à l'âge de vingt ans pour parcourir la Chine. Il passa dix ans à Chang'an (actuelle Xi'an), puis visita le Gansu et arriva à Chengdu en 759 pour rester près de quatre ans dans sa « chaumière », où il composa plus de deux cent quarante poèmes. Il décrit dans l'un d'eux une nuit d'orage durant laquelle un vent violent arracha son toit de chaume. Sensible aux malheurs du peuple, il conclut son poème par la question suivante
"Quand y aura-t-il des palais de mille et dix mille chambres pour abriter tous les pauvres lettrés de l'empire et dans lesquels on ne verra plus que visages souriants ? "
La chaumière du poète fut détruite après sa mort, puis reconstruite sous les Song, agrandie et rénovée sous les Ming et les Qing.
La partie gauche du jardin comprend, au nord du ruisseau qui l'arrose, trois petits bâtiments. Le bâtiment du centre abrite la statue en pied du poète. Les deux bâtiments latéraux renferment diverses éditions chinoises et étrangères des oeuvres de Du Fu. En retrait, à droite, se trouve la fameuse « chaumière ».
Les chemins ombragés par une forêt de bambous, les cours intérieures artistiquement envahies par une luxuriante végétation et les pavillons aux couleurs sobres, soigneusement repeints, offrent un lieu de promenade reposant et poétique.
 
Le pavillon de Liu Bei
 
Il abrite en son centre la statue qui lui est consacrée. Liu Bei, descendant des empereurs Han, est le fondateur du royaume de Shu (au Sichuan), dont Zhuge Liang était le conseiller. Dans l'allée couverte de gauche se trouvent les statues des ministres guerriers et dans l'allée de droite, les statues des ministres lettrés de Liu Bei.
 
Le temple de la précieuse Lumière
 
 
Le Baoguangsi est le temple bouddhique le plus actif de la région de Chengdu. Une vingtaine de bonzes y vivent et de nombreux pèlerins, tibétains entre autres, s'y rendent pour brûler de l'encens, adorer les statues du Bouddha et écouter la lecture quoti
dienne des sutras. Ce temple a bénéficié du patronage des hauts dirigeants originaires du Sichuan, comme Deng Xiaoping, Guo Moruo, Chen Yi et Zhu De, et a été soigneusement protégé pendant la Révolution culturelle. Le temple a été fondé sous les Tang, en 880. Détruit sous les Ming, il a été reconstruit sous les Qing en 1671. En 1956, il a été classé « trésor culturel provincial ».
Le temple dans son ensemble comprend une pagode de treize étages datant de la dynastie des Tang, cinq bâtiments principaux et seize cours. Dans le Daxiongbaodian, pavillon du Trésor, on peut voir un bouddha de jade blanc, importé de Birmanie au début du siècle, et seize peintures Qing.
Le plus grand pavillon, Zangjinglou, pavillon des textes sacrés tibétains, est richement décoré de peintures Ming et Qing. On y observera une peinture dont chaque trait est composé de centaines de petits caractères, et une peinture exécutée par l'impératrice douairière Cixi.
Dans les deux petits pavillons, situés à droite et à gauche du Zangjinglou, sont exposés de nombreux objets d'art, dont ii la stèle aux Mille Bouddhas, sculptée en 540. Les peintures les plus précieuses sont dans un pavillon fermé au public mais vous pouvez demander à le visiter. On y voit des peintures Song (empereur Huizong), Yuan (Zhao Mengfu), Ming (Wen Zhengming) et quelques autres grands peintres contemporains comme Xu Beihong et Zhang Daqian. La partie droite du temple comporte en
cote un Luohantang, salle des Arhats, où sont réunies 576 statues de 2 m de haut représentant les disciples du Bouddha. Ces statues datent de la fin du xix° siècle et, bien qu'amusantes, ne présentent pas un grand intérêt artistique. La partie gauche du temple est occupée par un salon de thé où l'on peut se délasser agréablement.
 
Jiuzhaigou et la réserve de Wolong
 
Jiuzhaigou est un gigantesque parc naturel qui se trouve à plus de 200 km au nord de Chengdu. On s'y rend par la route en suivant le cours du fleuve Min. On y découvrira l'un des plus splendides paysages de montagnes de Chine, ainsi qu'une très grande variété d'animaux sauvages en liberté : singes, oiseaux, pandas. Il y a en tout trois vallées et neuf villages dans cette réserve. W Les villages sont occupés par des « minorités nationales » qiang et tibétaines. Comme l'un de ces villages se trouve à la même altitude que Lhassa, capitale du Tibet, une excursion à Jiuzhaigou vous permettra de « voir » le Tibet à moindres frais.
A mi-chemin entre Chengdu et Jiuzhaigou, la route traverse le district autonome giang de Maowen. On ne manquera pas de s'arrêter dans la région (à Songjibao puis au village de Heihu) pour admirer les constructions en pierre sèche des Qiang : les vieux châteaux de sept à douze étages abandonnés qui s'élèvent au centre des villages ou au sommet d'une montagne et les habitations villageoises aux toits horizontaux. Si vous voyagez seul, munissez-vous de fruits secs et autres aliments énergétiques. Les étapes sont longues et les conditions d'hygiène souvent rudimentaires.
 
Qinchengshan
 
Qinchengshan se trouve à 15 km au sud de Dujiangyan. C'est l'un des lieux sacrés du taoïsme. On raconte que Zhang Daoling, fondateur de la religion taoïque, vint y prêcher à la fin de la dynastie des Han de l'Est (vers 210 ap. J.-C.).
 
Emeishan
 
L'une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme. Dans le massif des Qionglai, qui surplombe le sud-ouest du bassin du Sichuan.
Point culminant : 3 099 m.
Le bouddhisme fut introduit très tôt au mont Émei. Des temples et des monastères ont commencé à apparaître dès le début de notre ère. Le taoïsme était prédominant mais le bouddhisme l'a peu à peu supplanté. La montagne n'a été vraiment considérée comme un sanctuaire bouddhique qu'à partir de la dynastie des Tang (618-907).
 
Le mont Emei
 
Le mont Émei se trouve à environ 200 km au sud-ouest de Chengdu. Il s'élève à 3 099 m au-dessus de la mer et à 2 000 m au-dessus de la plaine du Sichuan. C'est un des plus grands sanctuaires bouddhistes de Chine et les pèlerins continuent à s'y rendre en foule pour vénérer la divinité Puxian (Samantabhadra, en sanscrit). La beauté du paysage attire également les noncroyants et la longue route qui mène au sommet offre le spectacle d'une grande animation.
Les multiples temples disséminés le long de la route ont beaucoup souffert de la guerre sino-japonaise et de la Révolution culturelle.
On part du Baoguosi, temple construit au XVIème siècle, puis on passe devant le Fuhusi, « temple du Tigre couché », le plus grand ensemble du mont Émei. Les bâtiments actuels datent de 1652. On verra ensuite la Da E si puis le Qingyinge, pavillon du Son pur. Ce temple a été fondé auIVème siècle de notre ère. Il est entouré par deux torrents de montagne qui se rejoignent devant son portique et s'écoulent en cascade. On peut passer la nuit au temple Hongchunping. Le lendemain, on découvre le Xianfengsi, temple du pic des Immortels, avant d'atteindre le Xixiangchi, l'Étang où se lave l'éléphant, d'après une légende qui veut que le dieu Puxian ait mené son éléphant se baigner dans cet étang. Le sommet Jinding, le pic d'Or, offre une vue splendide sur les pics et vallées environnantes. Il faut avoir vu les trois spectacles suivants : le lever du soleil qui embrase progressivement les nuages matinaux ; la mer de nuages fantomatiques qui masque et dévoile alternativement le paysage ; la « lumière du Bouddha » qui peut être aperçue entre 10 h et 16 h. Ce dernier phénomène ne dure que quelques minutes durant lesquelles le spectateur peut voir sa propre silhouette reflétée dans le ciel.
A la descente, on se dirige vers le Wanniansi, temple des Mille Ans, où l'on peut passer la nuit. Le temple a été fondé au IVème siècle. Il contient une statue Song (980) du dieu Puxian sur son éléphant. L'ensemble mesure plus de 3 m
 
Leshan
 
 
La ville de Leshan, appelée autrefois Jiading, est une ville dont l'histoire remonte à plus de 1 300 ans. Les rivières Qingyi, Daduhe et Minjiang y confluent. La ville se trouve d'un côté de la rivière, de l'autre s'élèvent les monts Lingyun et Wuyou.
 
Le mont Wuyou
 
Sur une pente abrupte du mont Lingyun, qui plonge directement dans la rivière, se dresse un énorme bouddha sculpté à même le roc, flanqué de deux guerriers armés. Les guerriers mesurent plus de 10 m et le Grand Bouddha contemple les trois rivières qui se rejoignent à ses pieds du haut de ses 70 m. Une passerelle vertigineuse a été creusée à flanc de montagne, sur le côté gauche du Bouddha. La statue fut sculptée en l'an 713 sur ordre du bonze Haitong du temple Lingyun, à l'époque des Tang. On croyait que son influence bénéfique ralentirait le courant des eaux et assurerait la sécurité des bateaux. Il fallut neuf ans pour venir à bout de ce gigantesque chef d'oeuvre. Un système de drainage invisible, installé dans le corps de la statue, lui a permis d'échapper à la détérioration qu'aurait dû causer l'érosion.
 
Le mont Lingyun
 
 
Sur une pente abrupte du mont Lingyun, qui plonge directement dans la rivière, se dresse un énorme bouddha sculpté à même le roc, flanqué de deux guerriers armés. Les guerriers mesurent plus de 10 m et le Grand Bouddha contemple les trois rivières qui se rejoignent à ses pieds du haut de ses 70 m. Une passerelle vertigineuse a été creusée à flanc de montagne, sur le côté gauche du Bouddha. La statue fut sculptée en l'an 713 sur ordre du bonze Haitong du temple Lingyun, à l'époque des Tang. On croyait que son influence bénéfique ralentirait le courant des eaux et assurerait la sécurité des bateaux. Il fallut neuf ans pour venir à bout de ce gigantesque chef d'oeuvre. Un système de drainage invisible, installé dans le corps de la statue, lui a permis d'échapper à la détérioration qu'aurait dû causer l'érosion.
 
Dazu
 
Dazu se trouve à 160 km à l'ouest de Chongqing, perdu dans les collines verdoyantes du Sichuan. C'est un petit village encore peu visité, qui a gardé son aspect traditionnel, ses fabriques artisanales de nouilles fraîches (que l'on peigne comme de longs cheveux), ses porte-bébés en osier (que les grands-pères accrochent à leur dos) et son rythme paisible. On le visite pour ses sculptures bouddhiques. Il existe trois ensembles de grottes presque aussi prestigieuses que celles de Dunhuang (au Gansu), de Longmen (au Henan) ou de Yungang (au Shanxi). On peut y voir plusieurs dizaines de milliers de statues érigées entre la fin de la dynastie Tang et la fin des Song.
 
Le site de Boading
 
La colline de Baoding se trouve à 15 km au nord-ouest de Dazu. Elle abritait autrefois un important monastère du bouddhisme tantrique de la secte Mizong. Les pèlerins s'y rendaient aussi nombreux qu'au mont Emei. Puis, le monastère est peu à peu tombé dans l'oubli et ce n'est qu'en 1951 qu'il y est à nouveau fait officiellement allusion après un silence de plus de 500 ans !
Eoriginalité de ce site réside dans sa forme - encaissé dans une vallée en fer à cheval - et son unité. En effet, il a été entièrement réalisé du vivant d'un seul homme, Zhao Zhifeng, qui passa plus de soixante-dix ans (de 1179 à 1249) à collecter des fonds pour faire sculpter ces statues. On ne connaît pas d'autre
exemple d'ensembles rupestres réalisés en aussi grand nombre en un laps de temps si court. Les sculptures sont organisées en trente et un grands ensembles. A côté de chacun d'eux se trouve un texte calligraphié d'explications et de prières au Bouddha. En descendant vers la vallée, on voit d'abord un ensemble de gardiens à l'aspect féroce. Suit une sculpture expliquant les « six voies de la transmigration ». Enfin, trois statues aux cheveux bouclés représentent Zhao Zhifeng aux trois âges de sa vie : jeune, d'âge mûr et vieux.
On visitera ensuite une grotte avec trois statues gigantesques de Bouddha, Manjusri et Samantabhadra. Ces statues mesurent 7 m. Au bout de la paroi sud de l'ensemble se trouve le pavillon de Mahakaruna, et, à l'intérieur, une très impressionnante statue d'Avalokitesvara aux mille mains. Le plus grand ensemble de statues se trouve au creux du fer à cheval, en quelque sorte. Il s'agit d'une statue du Bouddha entrant en nirvana entouré de ses disciples. La statue du Bouddha mesure 31 m et, pour donner une impression de grandeur encore plus saisissante, les pieds du Bouddha couché ne sont pas sculptés, la paroi de la colline s'arrêtant aux genoux. Dans l'angle, une niche a été conçue avec beaucoup d'ingéniosité : profitant d'une source dans la montagne, le sculpteur a représenté la naissance du Bouddha, arrosé par neuf dragons.
La grotte suivante illustre le Sutra du roi des Paons, que l'on voit représenté assis sur un paon aux ailes déployées. Vient ensuite une scène charmante qui représente Bouddha enseignant la sagesse. Les visages sont recueillis et les costumes richement rendus. Ensuite, une grotte donne à voir, sur deux niveaux, les Soucis des parents pour leurs enfants au cours de la conception, de la naissance, de l'éducation (on voit même une mère lavant des couches), puis du mariage, etc.
L'ensemble qui suit décrit comment, de son vivant, Bouddha a fait preuve d'amour filial. Il était destiné à rassurer les fidèles chinois qui, en dépit de leur
adhésion au bouddhisme, ne pouvaient renoncer au principe confucéen de la piété filiale. Vient ensuite un vaste ensemble qui décrit le Paradis. Après le paradis, bien sûr, les Enfers. Le dernier ensemble, enfin, représente les Dix Epreuves de maître Liu, le maître de Zhao Zhifeng, pour parvenir à l'état de Bouddha. On le voit se coupant un bras, s'arrachant les oreilles, etc.
 
Le site de Beishan
 
Il se trouve à 23 km de Dazu et se compose de statues datant de la dynastie des Song. On y découvre, côte à côte, de nombreuses statues d'inspiration bouddhique et d'autres d'inspiration taoïste, intéressantes pour l'étude des rapports entre ces deux grandes religions.
 
Fengdu
 
Fengdu se trouve sur le Yangtsé, à 170 km à l'est de Chongqing, à mi-chemin entre Chongqing et Wanxian. Elle est surnommée la « ville des fantômes » et son origine remonte au VIIème siècle. De nombreux temples sont consacrés au roi des Enfers et abritent de multiples statues de fantômes. Ce roi est censé vivre sur la colline Ming, au nord-est de la ville, là où les esprits se rassemblent. Du VIIème au XIXème siècle, un culte rendu aux fantômes prenait cette colline pour cadre.
 
 
Le Hubei
 

Superficie : 180 000 km².
Population : 54,7 millions d'habitants.
Capitale : Wuhan.
Nombreux lacs, cours d'eau et petites montagnes.
Ethnies : Han, Tuja, Hui, Miao et Meng.

Pays de montagnes et d'eau, autrefois couvert de forêts épaisses, la région du Hubei est habitée depuis la préhistoire. Les premiers vestiges archéologiques ont été trouvés dans la plaine de Jianghan, au centre sud de la province, la région la plus fertile. Il s'agit de morceaux de poterie très fine, témoins de la culture dite de Qujialing. Dans le district de Huangpi, on a découvert les vestiges de la cité de Panlong, qui remonterait à la dynastie des Shang (1500-1027 av. J.-C.). C'est l'une des plus anciennes villes de Chine découvertes à ce jour. Toujours dans la même région se trouve l'ancienne capitale du royaume de Chu, Jiangling, de l'époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.). Jiangling resta la capitale de Chu pendant plus de 400 ans, ce qui explique l'abondance de reliques historiques découvertes dans son sous-sol. A 5 km au sud de Jiangling, également appelée Jinan, est installée une autre capitale prestigieuse, Jingzhou. Jingzhou fut, à partir de 220 ap. J.-C., le théâtre d'innombrables batailles entre les Trois Royaumes de Wu, Wei et Shu qui se disputaient la place pour sa position stratégique. Malgré la douzaine de batailles importantes qui s'y déroulèrent, Jingzhou a conservé ses murailles et son apparence de ville moyenâgeuse jusqu'à nos jours. Jingzhou continua d'être habitée par des membres de la famille impériale sous les Ming, au Rive siècle. A partir du XIXème siècle, le Hubei connut de multiples rébellions antimandchous et subit l'intrusion de puissances étrangères qui établirent des concessions à Hankou (Hankéou, selon la graphie de l'époque). En octobre 1911, la révolution démocratique bourgeoise, qui entraîna la chute de la dynastie des Qing, débuta à Wuchang, sous la direction de Sun Yatsen. En 1923, la fameuse grève ouvrière du 7 février éclata à Hankou et confirma la présence des communistes dans le Hubei. Ils firent de Wuhan le centre révolutionnaire de la Chine de 1924 à 1927, jusqu'au début de la première guerre civile.
Le Hubei partage avec le Hunan le grand bassin agricole du lac Dongting, dans le cours moyen du Yangtsé. La province est bordée au nord par le Shaanxi et le Henan, à l'est par l'Anhui, au sud par le Hunan et le Jiangxi, à l'ouest par le Sichuan. Son nom, qui signifie « au nord du lac », vient du fait qu'il est situé au nord du lac Dongting.
Mis à part la partie ouest, montagneuse, voisine du Sichuan, le Hubei est principalement constitué par des plaines alluviales du bassin de la Han et du Yangtsé. Ce dernier, dont les crues sont contrôlées par des digues renforcées et deux bassins de dérivation, est navigable en amont jusqu'à Wuhan, pour les gros bateaux de haute mer. Les bassins de la Han et du Yangtsé sont très peuplés et intensivement cultivés.
Avec des hivers relativement doux, des
étés chauds et humides, de fortes pluies annuelles, les conditions climatiques sont favorables à la culture du riz. Le riz, le soja et le blé d'hiver sont les principales productions agricoles. La province est au cinquième rang pour la production nationale de grains et de soja. Les récoltes de thé et de coton sont également importantes. Les principales ressources naturelles du Hubei sont : le cuivre, l'anthracite, le gypse et le phosphate. Les industries de la' province sont concentrées dans les environs de Wuhan. Le Hubei n'est, par la valeur de sa production, que la huitième province industrielle de Chine. Les centres majeurs de la province sont : Wuhan et Shashi.
 
Wuhan
 
Pagode de la Grue Jaune
 
Situation : au confluent de la rivière Han et du Yangtsé.
Dans l'histoire ancienne, le centre régional était situé plus à l'ouest, à Jiangling. Mais dès le vil, siècle ap. J.-C., le développement agricole de l'est du Hubei encouragea la population à se fixer aux alentours de Wuhan. Des trois villes-quartiers qui composent Wuhan, Wuchang, située sur la rive droite du Yangtsé, est la plus ancienne. Sous les Yuan et les Ming, Wuchang fut la capitale provinciale du Huguang qui comprenait à l'époque les provinces actuelles du Hubei et Hunan. Aujourd'hui, elle abrite le siège administratif de la province du Hubei.
Située sur la rive gauche du Yangtsé, au sud de la Han, Hanyang est la plus petite des trois municipalités. Son développement remonte au XIXème siècle dans le cadre d'un plan de modernisation du pays, le gouvernement chinois y fit construire en 1891 la première aciérie moderne du pays. Au début du XXème siècle, un arsenal et d'autres usines furent également installés. Hankou, qui s'étend au nord de la Han, ne fut pendant longtemps qu'un petit village de pêcheurs. Son développement date de 1861, quand la ville fut ouverte aux étrangers. Anglais, Français, Russes et Japonais y établirent des concessions. Wuhan a été associée aux grands moments de l'histoire moderne de la Chine. C'est à Wuchang, le 10 octobre 1911, que fut déclenchée la révolution qui devait renverser l'Empire mandchou. Le développement d'un prolétariat combatif fit de Wuhan un centre de luttes important. Le gouvernement révolutionnaire y établit sa capitale de 1926 à 1927. Le président Mao y dirigea également l'Institut du mouvement paysan. Pendant la guerre, Wuhan fut occupée par les troupes japonaises. Wuhan, avec près de 4 millions d'habitants, est l'un des principaux centres industriels de Chine. La construction du grand pont sur le Yangtsé, achevée en 1957, a contribué à l'essor de la ville. Celle-ci est la troisième ville productrice d'acier après Anshan et Shanghai ; cet acier est utilisé dans l'industrie lourde de la région.
Wuhan est une ville déroutante. De dimension géographique importante, elle est divisée en trois par la présence de deux grands cours d'eau, le Yangtsé et la Han. Entreprendre une expédition à Hankou lorsqu'on se trouve à Wuchang demande une certaine énergie, car il faut généralement changer de bus une ou deux fois, traverser le Yangtsé par le grand pont ou par le ferry et avancer au pas parmi les nombreuses voitures et les piétons qui encombrent les rues. La densité urbaine n'atteint pas toutefois, et de loin, celle de Shanghai. Mais, comme Shanghai, Wuhan ressemble par bien des aspects à un musée de l'architecture occidentale de la fin du XIXème siècle. De grands bâtiments de type colonial, massifs et prétentieux, bordent, à Hankou, la rive du fleuve. Les rues sont larges et bordées de platanes. Les grands magasins attirent une clientèle élégante et prospère. Les lieux d'attraction se multiplient, le soir, cinémas et théâtres illuminent les rues.
Les principaux sites touristiques sont répartis dans les trois villes-quartiers qui forment Wuhan : le temple bouddhique Guiyuansi se trouve à Hanyang, l'ancien quartier des concessions, à Hankou, et le musée provincial et la tour de la Grue jaune, à Wuchang.
 
Le Wuchang
 
Le plus bel ensemble naturel de Wuhan se trouve à Wuchang, autour du lac de l'Est (Donghu). Pour faire le tour du lac à vélo et visiter les différents centres d'intérêt, il faut prévoir une journée. L'ensemble couvre 87 km², dont 33 km² occupés par le lac proprement dit. De nombreux kiosques et pavillons, judicieusement placés, contribuent à l'esthétique de l'ensemble. En partant du musée vers le nord, on passe devant le pays des Eaux et des Nuages (Shuiyunxiang) et la zone de baignade, puis le Pavillon où l'on écoute les vagues (Tingtaoge), le pavillon de la Poésie (Xingyinge), la Galerie au bord du lac et le pavillon à la mémoire du Qu Yuan, et enfin le pavillon du Ciel infini, (Changtianlou). Au milieu du lac se trouve le Pavillon pour voir le lac (Huguangting), que l'on peut atteindre en barque. Au nord du parc de promenade se dresse la colonne à la mémoire des Neuf Héroïnes (Jiunüdun) de l'armée Taiping qui furent capturées et tuées à Wu chang en 1855.
 
Sashi
 
 
La ville se situe à l'ouest du Hubei, sur la rive gauche du Yangtsé, à 488 km de Chongqing et 200 km de Wuhan. Elle compte 220 000 habitants. La fondation de Shashi remonte à la dynastie Shang (1766-1122 av. J.-C.). Ce fut une ville très importante de l'Etat de Chu pendant la période des Printemps et Automnes (770-475 av. J.-C.). La région fut le théâtre de nombreuses batailles et Shashi fut détruite et reconstruite plusieurs fois.
 
La Pagode Wanshoubao
 
 
Située à l'ouest de la ville, sur le bord du Yangtsé, elle fut construite sous les Ming et comporte sept étages. C'est l'empereur Shizang qui fit édifier cette pagode en 1552 pour les soixante ans de sa concubine favorite, Maotai fei. Entièrement en brique, elle est octogonale et mesure 31 m de haut et son aspect extérieur imite le bois. Autrefois, une centaine de statues de Bouddha étaient disposées dans les niches qui ornent ses pans. Le premier étage de la pagode se trouve actuellement à une dizaine de mètres sous la surface du sol, dans une espèce de cuvette. Ce phénomène est dû à l'accumulation des alluvions apportées par le Yangtsé voisin. Le corridor qui longe la berge et mène à la pagode est, en été, l'endroit le plus agréable de Shashi grâce à la brise qui souffle en permanence.
 
Jingshou
Pagode de la Bienfaisance
 
Une très belle promenade consiste à faire le tour de la muraille, de la porte est vers la porte nord. Cette dernière est d'ailleurs la mieux conservée. Cette balade le long des étendues d'eau qui bordent la muraille prend une heure, et, avant d'atteindre la porte Nord, on traversera un petit village tout en longueur. On pourra également se promener sur les remparts d'où la vue sur la campagne environnante est très agréable.
En se rendant de Shashi à Jingzhou, on longe un canal vieux de 2000 ans. Il est question de le nettoyer et d'y faire naviguer des bateaux de plaisance pour permettre aux touristes d'effectuer le chemin plus confortablement. La ville actuelle comprend 90 000 habitants.
 
Le temple de Tai Hui
 
 
Situé à l'extérieur de l'enceinte de la ville, ce temple a un charme tout particulier, malgré son état de délabrement. Il est l'objet de restaurations qui seront sûrement longues. Construit en 1393 par le douzième fils du premier empereur Ming, c'était à l'origine un palais. La décoration de ce palais fut jugée excessive eu égard au rang de son propriétaire. Il avait par exemple fait sculpter de magnifiques colonnes représentant des dragons enroulés. On peut encore les admirer aujourd'hui.
On trouvait ce prince ambitieux et on lui prêtait l'intention d'usurper le pouvoir. L'empereur envoya des officiels pour enquêter : ils le déclarèrent coupable. En apprenant la nouvelle, le prince changea l'appellation de palais pour celle de temple. Mais la cour impériale ne lui pardonna pas, et le malheureux se suicida par le feu.
Ce « temple palais » envahi par les herbes, dangereusement entouré d'arbres, est actuellement ouvert au culte ; de nombreux bâtonnets d'encens à demi consumés et fichés dans la cendre en témoignent. Il a été saccagé pendant la Révolution culturelle, ses portes arrachées, ses statues brisées. On dit que ce sont les paysans qui ont sculpté les deux effrayants personnages que l'on voit à l'intérieur : un dignitaire à la face rouge écarlate, tenant un livre, et un Bouddha, ceint d'une écharpe verte.
 
Les Wudangshan
 

Dans le nord-ouest du Hubei, la chaîne des Wudangshan s'étend sur 400 km.
Altitude maximale : 1 613 m
La renommée des Wudangshan est très lié à celle du grand maître des arts martiaux, Zhang Senfeng. vers 1368, dans la période tourmentée de la fin des Yuan et du début des Ming, Zhang Sanfeng vint se réfugier dans ces montagnes pour poursuivre ses recherches sur ce qui allait devenir le taijiquan. C'est en imitant les mouvements des animaux, et surtout ceux de la tortue, du serpent, du cerf et de la grue qu'il mit au point une technique qui permet de détourner la force des coups portés et de la retourner contre l'adversaire. Mêlant à son art la pensée taoïste, Zhang Sanfeng est considéré comme le fondateur des arts martiaux « internes », par opposition aux techniques de Shaolin qui sont considérées comme externes.
Les monts Wudang s'étendent sur 400 km dans le nord-ouest du Hubei. Soixante-douze pics entourent le pic Tianzhu (1613 m), du sommet duquel on a une vue panoramique sur la chaîne de montagnes Shennongjia. On surnomme cette chaîne le « toit de la Chine centrale ». C'est autour du pic Tianzhu que se tient l'un des plus grands centres taoïstes de Chine. On y célèbre le culte d'une divinité taoïste (Zhenwu), souverain du royaume mythique de Jingle, pays de la Pureté et de la Félicité.

 
Le temple des Cinq Dragons
 
 
Il fut fondé sous les Tang mais la majeure partie des bâtiments datent des Ming. En 1412, l'empereur Zhu Di fit construire en dix ans un ensemble de dix temples (guan et gong), trente-six monastères, soixante-douze grottes et douze pavillons.
 
Le temple du Pur Esprit
 
 
le Yuzhenggong, temple du Pur Esprit, fut construit en 1417 à la mémoire du maître taoïste Zhang Sanfeng (connu aussi sous le nom de Yu Dongren) car les habitants de la région le considéraient comme un pur esprit. A l'intérieur se trouve une statue du saint portant des chaussures de paille et un chapeau en bambou.
 
Le temple de Vérité Eternelle
 
 
le Fuzhenguan, temple de la Vérité éternelle (1414) appelé aussi Taizi po, le versant du fils de l'empereur (ici Zhenwu) avec une très belle charpente en bois. Derrière, un bâtiment de cinq étages renferme de très belles tapisseries murales couvertes de lotus et de phoenix.
 
Le temple des Nuages Pourpres
 
 
Dressé sur une triple terrasse, il resplendit sous les tuiles vert jade et bleu lapis-lazuli. A l'intérieur se trouvent des statues de bronze et de terre cuite. Derrière la salle, dans la montagne, on accède à une grotte naturelle, la grotte du Fils de l'empereur, où l'on découvre un petit temple de pierre avec, au centre, une statue de Zhenwu, et, sur les côtés, des stèles datant des Yuan (1291) et retraçant l'histoire des Wudangshan.
 
Le temple du Rocher du Sud
 
Le Nanyuangong, temple du Rocher du Sud, est l'un des sites les plus connus des Wudangshan. Construit sous les Yuan (1314) à flanc de montagne, au coeur de la végétation, il est entièrement en pierre mais imite une structure en bois. A l'intérieur, cinq cents fonctionnaires défunts sont représentés par des statues taillées dans la pierre. Devant le temple, on remarquera un brûle-parfum reposant sur un pilier haut de 2,9 m, sculpté en forme de dragon. Y faire brûler de l'encens porte bonheur. Neuf escaliers de cent vingt marches conduisent au sommet le mont Tianzhu, en contrebas duquel s'étend la Cité pourpre entourée d'un mur de pierre de 1 500 m, chaque pierre pesant 500 kg. A l'extérieur de la porte Sud s'élève le Taihegong, temple de l'Harmonie universelle, construit en 1416.
 
Le pavillon d'Or
 
Le Jingian, : haut de 5,5 m, large de 5,8 m, il est entièrement en bronze, pailleté d'or, reposant sur une terrasse en pierre. Les intempéries n'ont aucunement altéré les structures. A l'intérieur, une statue de Zhenwu en bronze recouvert d'or entouré de ses disciples, « l'enfant d'or » tenant dans ses mains des tablettes, et la « fille de Jade » portant l'insigne de la Dignité, « l'Eau et le Feu », deux généraux brandissant le drapeau et tirant l'épée.
 
 
Le Hunan
 
Centre-sud de la Chine.
Superficie : 210 000 km².
Population : 60 millions d'habitants.
Capitale : Changsha.
40 minorités nationales donts les Tujia, les Miao et les Dong.
Bien que la présence de l'homme soit attestée au Hunan depuis environ huit mille ans, le touriste amateur d'histoire est surtout intéressé par l'histoire contemporaine. En effet, le Hunan étant la province natale du président Mao, Shaoshan, son lieu de naissance, l'école de Changsha où il fit ses études et les lieux où il organisa le mouvement communiste et syndical de la province dans les années 20 ont été transformés en musées. Les deux autres grands hommes du régime, Liu Shaoqi et Ren Bishi, ont également leurs musées respectifs.
Pourtant la province peut se vanter d'avoir abrité bien d'autres grands hommes de l'histoire chinoise. La légende prétend que l'empereur mythique Yandi aurait déplacé la tribu Shennong des rives du fleuve jaune pour l'installer dans le sud de l'actuel Hunan. Sa tombe présumée, non loin de Lingxian, est devenue un véritable lieu de pèlerinage, notamment pour les Taiwanais originaires de Chine continentale, qui viennent y rechercher l'origine de leur identité chinoise. A partir du VIII, siècle av. J.-C., le Hunan faisait partie de l'Etat de Chu. La culture chu est un mélange de la culture du centre de la Chine et des traditions aborigènes. On en retrouve des vestiges dans les tombes anciennes. Un autre grand personnage, le poète Qu Yuan (üt` siècle av. J.-C.), ministre de l'Etat de Chu, fut banni du gouvernement et erra sur les bords des rivières Xiang et Yuan, composant des odes et des élégies considérées depuis comme les plus beaux modèles de littérature patriotique. Il se donna la mort en se jetant dans la rivière Miluo, et l'on peut visiter, dans la ville de Miluo, le temple et la tombe qui lui sont consacrés. Cet événement tragique est à l'origine de la tradition des fêtes du Double Cinq (5` jour du mois de mai lunaire), durant lesquelles sont organisées des courses de bateaux-dragons. On mange alors du riz glutineux enveloppé dans des feuilles de bananier. Le Hunan commença à prendre sa forme actuelle sous le nom de royaume de Changsha à partir de 206 av. J.-C-, sous la dynastie des Han.
Au début de IIème siècle ap. J.-C., Cai Lun, originaire de Leiyang, au sud-est du Hunan, mit au point la technique de fabrication du papier. Un temple a été érigé en son honneur au sud de Leiyang et sa tombe est restée intacte. Autre vestige de cette époque, la célèbre tombe de Mawangdui, découverte en 1972 dans la banlieue de Changsha, témoigne de la richesse culturelle de la province. La région prit le nom de Hunan sous la dynastie des Song, et, durant les mille ans qui suivirent, elle connut la plus grande prospérité. En effet, le Hunan et le Hubei étaient considérés comme les greniers à riz de l'empire. Sous les Song, les lettrés chinois fréquentaient quatre grandes académies. Deux d'entre elles se trouvaient au Hunan, l'une à Changsha, l'académie de Yuelu, et l'autre à Hengyang, l'académie de Shigu. Ces deux pôles de culture confucéenne attirèrent de nombreux écrivains et hommes d'Etat. Après les guerres de l'Opium de 1840, les étrangers vinrent s'installer au Hunan pour y développer l'industrie minière et le commerce ; les missions y construisirent de nombreuses églises. On trouve des signes de leur présence dans presque toutes les villes de la plaine centrale du Hunan. A partir de 1911, la province participa activement à la révolution. Huang Xing, qui devint le bras droit de Sun Yatsen, et Cai E, qui mena une rébellion armée contre Yuan Shikai en 1915, sont tous deux originaires de Hunan et l'on vénère encore leurs tombes dans le parc Yuelu de Changsha.
Hunan signifie « au sud du lac ». Il s'agit du lac Dongting, le deuxième lac d'eau douce en Chine par sa superficie. Le Hunan est situé sur la rive sud du cours moyen du Yangtsé. Il est bordé par la province du Guangdong au sud, les montagnes du Guangxi et du Sichuan à l'ouest, celles du Jiangxi à l'est et la province du Hubei au nord. La province occupe, sur 210 000 km², le bassin du drainage de la rivière Xiang, qui coule du sud au nord et se jette dans le lac Dongting.
La population est estimée à 60 millions d'habitants. Elle comprend, mis à part les Han, des représentants de quarante minorités nationales, les mieux représentées étant les Tujia, les Miao, les Dong, les Yao, les Bai, les Hui et les Zhuang. La capitale, Changsha, 1,3 million d'habitants, se trouve dans la plaine centrale de la province, sur la ligne de chemin de fer qui relie Pékin, Wuhan et Canton. Les autres grandes villes industrielles du Hunan sont Hengyang, Xiangtan et Zhuzhou. Grâce à la proximité de la province du Guangdong, le Hunan s'est développé très rapidement depuis 1980. C'était auparavant une province essentiellement agricole. Le développement des moyens de transport terrestres, aériens et fluviaux a entraîné un essor remarquable de l'industrie minière, de la métallurgie (le Hunan est riche en métaux non ferreux tels que l'antimoine, le mercure, le manganèse et le tungstène), et des usines productrices de biens de consommation courante. Toutefois, le Hunan reste un grand producteur de riz, de coton, de thé, de soie, de fruits de toutes sortes et près de 30 millions de porcs par an sont élevés pour la consommation nationale.
 
Changsha
 
 
Capitale provinciale du Hunan. S'étend de part et d'autre de la rivière Xiang.
A l'époque des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), le site de Changsha aurait déjà été habité, mais le nom de la ville n'apparaît que sous les Qin. Sa situation géographique, au coeur d'une très importante région agricole et au bord de la Xiangjiang, fit d'elle un centre de redistribution. Sous les Song, la ville accueillit des établissements d'enseignement. Au début de la dynastie Ming, elle fut entourée d'une muraille dont on peut actuellement voir quelques vestiges. En 1664, la province de Huguang fut scindée en deux et Changsha devint la capitale du Hunan. La ville s'ouvrit aux étrangers en 1904 ; des comptoirs commerciaux et des missions s'y installèrent. Lachèvement, en 1918, de la ligne de chemin de fer Guangzhou-Wuchang, donna un coup de fouet à ses activités commerciales. Pendant la dernière guerre sino-japonaise, Changsha fut partiellement détruite. Sa reconstruction date de 1952.
 
Le monastère Kaifu
 
 
Le Kaifusi se trouve au nord de la ville non loin du Beidaqiao, le nouveau grand pont de Changsha. Rouvert en 1991, le monastère a été complètement restauré mais n'avait pas encore retrouvé son « âme» lorsque nous l'avons visité. C'est malgré tout un assez bel ensemble, siège de l'Association provinciale du bouddhisme. Beau portail sculpté de dragons à l'entrée. Le monastère fut fondé en 927 et devint un haut lieu du bouddhisme chan (zen).
 
Qingshuitang
 
 
L'ancien siège du Parti communiste du Hunan, transformé aujourd'hui en musée de la ville de Changsha. Sur Bayi ': i lu. Du musée hagiographique qu'il fut dans les années 60 et 70, Qingshuitang a conservé seulement quelques statues et portraits du président Mao. On n'y trouve plus guère de documents sur l'histoire de la révolution. C'est pourtant là que Mao travailla de 1921 à 1922 et rédigea son célèbre rapport sur le mouvement paysan au Hunan, dans lequel il analysait la condition paysanne et lançait les bases de la politique qui allait mener le Parti communiste au pouvoir. Quelques objets sont présentés, pour la plupart des reproductions, qui couvrent la période allant des Han antérieurs aux Qing.
 
Yueyang
 
Située au confluent du lac Dongting et du Yangtsé, au nord-est du Hunan.
Yueyang est une petite ville, bordée à l'ouest par le lac Dongting, au sud par le lac Daqiao et au nord par le lac Dongfeng. Yueyanglou se trouve dans le' nord de la ville. La très grande célébrité de cette tour de trois étages aux beaux toits recourbés vient essentiellement des poèmes que lui ont consacrés de nombreux lettrés, dont le poète de la dynastie des Tang, Du Fu. Détruite puis reconstruite en 1044, Yueyanglou fut de nouveau célébrée par des poètes
Le monument le plus célèbre de la ville est le Yueyanglou, la tour de Yueyang, située sur la rive orientale du lac Dongting, d'où l'on a une vue superbe sur le deuxième plus grand lac de Chine.
Yueyang est une petite ville, bordée à l'ouest par le lac Dongting, au sud par le lac Daqiao et au nord par le lac Dongfeng.
Yueyanglou se trouve dans le nord de la ville. La très grande célébrité de cette tour de trois étages aux beaux toits recourbés vient essentiellement des poèmes que lui ont consacrés de nombreux lettrés, dont le poète de la dynastie Tang, Du Fu. Détruite puis reconstruite en 1044, Yueyanglou fut de nouveau célébrée par des poètes Song et notamment Fan Zhongyan, qui rédigea un texte que l'on voit reproduit dans la tour. Il y est écrit : " Sois le premier à te soucier des difficultés du pays. Sois le dernier à jouir du bonheur universel.
Associant cette sévère leçon de morale et le pavillon, les Chinois ont fait de Yueyanglou un véritable symbole national de civisme. Du Fu était plus descriptif et la sensibilité du poète donne à la tour une forte connotation émotionnelle.
Naguère on me raconta les eaux du lac Dongting
Et me voilà aujourd'hui au sommet du Yueyanglou.
Le lac enserre les terres de Wu et Chu à l'est et au sud
Nuit et jour vogue le monde sur ses eaux mouvantes.
Je suis sans nouvelle de ma famille et de mes amis.
Seul et malade, je n'ai plus que ma pauvre barque.
J'entends les sabots des chevaux qui partent en guerre au nord des passes.
Je me penche sur la balustrade et laisse couler mes larmes.
 
Hengyang et le Hengshan
La porte de la montagne Hengshan
 
Hengyang, au centre du Hunan.
Hengyang est connu des historiens comme étant le lieu de naissance de Wang Fuzhi (1619-1692), célèbre philosophe du xvII' siècle. C'est aussi à Hengyang qu'est censée se trouver la tombe du vénéré poète Du Fu (712770). Mais généralement, le touriste ne fait que traverser la ville pour se rendre au Hengshan, l'un des cinq monts sacrés de la Chine. Il est appelé Nanyue, le pic du Sud. Il s'agit en fait d'une chaîne de montagnes qui s'étend sur 400 km. Des soixante-douze pics répertoriés, Zhurong, à 1 290 m d'altitude, est le plus élevé. La chaîne commence à Hengshan, avec le mont Huiyuan et se termine à Changsha, avec le mont Yuelu. Dans la Chine antique, les empereurs se rendaient dans ces montagnes pour y chasser et au Nanyue pour y effectuer les sacrifices rituels au Ciel et à la Terre. A partir du iv, siècle, la religion bouddhique y connut un grand développement et les sectes Tiantai, Caodong et Linji, de l'école bouddhique du sud, sont bien implantées dans la région. Ces sectes se répandirent à travers l'Asie du Sud-Est et le Japon, faisant du Nanyue un lieu de pèlerinage pour de nombreux bouddhistes d'Asie. La ville est également un haut lieu du taoïsme et le berceau de nombreuses légendes chinoises.
 
 
Le Jiangxi
 
Chine du Sud-Est.
Superficie : 166 900 km².
Population : 37 millions d'habitants.
Capitale : Nanchang.
Bordé au nord par le Yangtsé et les provinces de l'Anhui et du Hubei ; à l'est, par le Zhejiang et le Fujian ;
au sud par le Guangdong et à l'ouest par le Hunan.
Des chaînes de montagnes de moyenne altitude ceinturent la plaine centrale, formée par le bassin du Ganjiang et le lac Poyang.
Ressources minières : cuivre, tantale, césium, uranium, argent, or et soufre entre autre.
Minorités nationales : Hui, Miao, She, Yao, Zhuang.
Le nom de la province remonte à la dynastie des Tang et signifie « à l'ouest du Yangtsé ». Intégrée à l'empire du Milieu par Qin Shihuangdi entre 221 et 214 av. J.-C., la région avait développé une brillante civilisation du bronze depuis le II` millénaire av. J.-C. Ses importants gisements de kaolin lui valurent d'être connue, en Chine d'abord, puis dans le reste du monde. En effet, la fabrication de porcelaine débuta dès les Han de l'Est (début de notre ère). Elle se développa de façon industrielle à partir de la dynastie des Tang (vie siècle) et connut un essor considérable sous les Song. Les amoureux de porcelaine chinoise visiteront les anciennes manufactures dans l'est de la province, à Ji'an et Jingdezhen, où la tradition s'est maintenue jusqu'à nos jours. Le commerce du thé, des oranges et du bois contribuèrent également à la prospérité de la province. Toutefois, la province du Jiangxi est surtout connue, dans la république populaire de Chine, pour les monts Jing gang qui servirent de bases révolutionnaires. Entre 1927 et 1934, l'armée communiste s'installa dans cette région reculée et fit de Ruijin, alors modeste bourgade de 12 000 habitants, la capitale de la « république soviétique de Chine ». Egalement très présentes au Jiangxi, les troupes nationalistes de Chang Kaï-chek harcelèrent les communistes et forcèrent 100 000 d'entre eux à briser l'encerclement et à s'engager, le 16 octobre 1934, dans ce qui allait devenir la Longue Marche. Seuls sept mille hommes et femmes parvinrent au terme de cette épopée, à Yan'an au Shanxi, un an plus tard et au prix de nombreuses souffrances. Ils avaient parcouru 12 000 km !
Avec 80 % de sols rouges et acides, la province reste l'une des plus pauvres du centre de la Chine. La production de grains est malgré tout importante : deux récoltes de riz par an et une de blé d'hiver, quand les inondations ou la sécheresse ne sévissent pas sur ces terres. Le Jiangxi est également la première province productrice de charbon de Chine du Sud. Ce minerai alimente les aciéries de Wuhan. Des industries sidérurgiques, mécaniques et textiles ont été implantées dans la région de Nanchang et de Jiujiang. Un nouveau pont, reliant le Hubei au Jiangxi à la hauteur de Jiujiang, vient d'être ouvert et devrait permettre de faciliter les échanges commerciaux entre ces deux provinces, qui communiquaient jusqu'à présent presque exclusivement par voie fluviale.
La province est bien arrosée et bénéficie d'un climat assez doux. Selon les localités, la moyenne des températures oscille entre 16 et 20 °C. Les dignitaires du Guomindang, puis les communistes, venaient volontiers rechercher la fraîcheur sur les hauteurs du mont Lu ou sur les rives du lac Poyang, le plus grand lac d'eau douce chinois. Depuis l'ouverture de la Chine au tourisme taiwanais, le Jiangxi est devenu l'une des provinces les plus visitées par les Chinois qui s'étaient exilés avec Chang Kaï-chek, en 1949. Ils viennent y retrouver pour certains leur famille, pour d'autres les souvenirs de leur histoire en tant que soldats du Guomindang. C'est pourquoi on n'entend plus guère de critiques à l'égard de Chang Kaï-chek, que les guides locaux appellent désormais « Monsieur Chang », alors qu'il y a quelques années seulement on le traitait de « gangster ». Pour les touristes occidentaux, la visite du Jiangxi ne constitue pas une priorité. La capitale, Nanchang, manque de charme. La région la plus intéressante est celle de Jiujiang et du Lushan tout proche. Jingdezhen n'intéressera que les amateurs de porcelaine. La ville elle-même est quelconque et très polluée. En revanche, la campagne, les collines rouges et les petits villages iso
lés sont, comme partout en Chine, tout à fait charmants. A partir de Nanchang, il faut compter de cinq à six jours pour faire le circuit du nord : Nanchang, Jiujiang, Guling (sur le Lushan), Jingdezhen et retour à Nanchang. On peut aussi choisir de rejoindre l'Anhui et de visiter le Huangshan à partir de Jingdezhen.
 
Nanchang
 
 
Capitale du Jiangxi. Au sud du lac Poyang, sur la rive droite de la rivière Gan. Au coeur de la région agricole du Jiangxi.
Nanchang signifie « prospérité du Sud ». La ville fut fondée sous la dynastie des Han et connut une grande prospérité grâce au commerce de la fameuse porcelaine du Jiangxi. Son monument le plus célèbre, la tour Tengwang, fut visitée par Wang Bo, grand poète du début de la dynastie des Tang ; dans un long poème, il fit l'éloge du paysage découvert du haut de la tour ; ses écrits contribuèrent à la renommée de Nanchang. De sa longue histoire, Nanchang ne garde malheureusement que quelques rares vestiges. Seuls les historiens du Parti communiste chinois trouveront à alimenter leur curiosité. En effet, la tour Tengwang fut brûlée en 1926 par un Seigneur de la guerre, Deng Ruzuo. La tour actuelle date de 1983... et c'est visible. Le nom de Nanchang reste aujourd'hui attaché à la création de l'Armée populaire de libération (APL). Après la répression déclenchée à Shanghai le 12 avril 1927 contre les syndicalistes par Chang Kaï-chek, le Parti communiste organisa, le 1"août 1927, une insurrection dirigée par Zhou Enlai, He Long, Ye Ting, Liu Bocheng et Zhu De, à laquelle participèrent 30 000 militaires, revenus de l'Expédition du Nord contre les Seigneurs de la guerre. Ils réussirent à tenir la ville pendant cinq jours. Depuis, cette date du 1er août 1927 est considérée comme l'anniversaire de l'APL. Vous ne serez donc pas surpris de savoir que la plus grande avenue de Nanchang, qui traverse la ville du nord au sud sur 5 km de long et 60 m de large, s'appelle Bayi dadao « l'avenue du 1er Août ». Le coeur administratif et commercial s'étend autour de cette avenue.
 
La tour Tengwang
 
Le Tengwangge s'élève sur la rive de la Ganjiang, à l'ouest de la ville. C'est, avec celle de la Grue jaune à Wuhan et celle de Yueyang dans le Hunan, l'une des plus célèbres tours chinoises. Elle porte le nom de celui qui en ordonna la construction en 653, Li Yuanying, prince de Teng (Teng wang) frère de l'empereur Li Shimin des Tang. Elle fut détruite et reconstruite vingt-six fois. Ses dimensions et sa forme furent modifiées et la forme actuelle s'inspire de la tour des Song (960-1279).
 
La pagode de la Corde Dorée
 
La Shengjinta est le plus ancien monument de Nanchang. Comme la tour Tengwang, elle est située sur la rive de la Ganjiang, mais au sud de la ville. Fondée en 904, on raconte que, en creusant ses bases, les ouvriers trouvèrent dans le sol des ligatures d'or ; son nom viendrait de là. La pagode actuelle date de 1713. Elle est octogonale, haute de 50 m et comprend sept étages.
 
Le jardin des Nuages Bleus
 
Le Qingyunpu se trouve à 11 km du centre-ville, vers le sud. C'était à l'origine un temple taoïste fondé au IVème siècle. En 1661, le peintre Zhu Da, également écrivain sous le pseudonyme de Badashanren, vint s'y réfugier et y vivre en ermite. Fidèle à la dynastie des Ming (il était descendant du fondateur de la dynastie, Zhu Yuanzhang, à la neuvième génération), il manifesta un constant mépris pour l'envahisseur mandchou et la dynastie des Qing. Cet état d'esprit est flagrant dans ses peintures : Zhu Da représente souvent des corbeaux regardant le ciel d'un air furibond. Dans le musée, on ne voit malheureusement que des reproductions de ses oeuvres.
 
Le temple de la Montagne à la grotte
 
 
C'est là qu'est érigé le Dongshansi, site révéré par les bouddhistes pratiquants, notamment les Japonais appartenant à la secte Sôtô (Caodongzong, en chinois). Les cendres du fondateur de la secte sont conservées dans un stupa du temple. La route est pittoresque et traverse de jolis villages de campagne mais il reste peu de choses de ce grand centre religieux : un pont de la dynastie des Song envahi par la mousse, une roche en forme de muyu (« poisson de bois »), cloche en bois utilisée dans les cérémonies religieuses, la "porte de la nuit », que les bonzes devaient ne plus franchir après la tombée de la nuit et, bien sûr, le stupa vénéré. Le temple est encore entretenu par un moine solitaire et son jeune acolyte.
 
Le palais de la Longévité
 
 
Le Wanshougong se trouve dans le district de Xishan, à 28 km au sud-ouest de Nanchang, dans la direction de Gao'an. Cet important centre religieux taoïste fut fondé en 376 en l'honneur d'un grand taoïste de la dynastie des Jin, Xu Xun (ou Xu Zhenjun), né en 239 à Nanchang. Remarquable lettré, versé en astronomie, géographie, histoire et principes de la philosophie chinoise, il fit entreprendre de grands travaux d'aménagement des eaux et obtint d'excellents résultats dans la prévention des inondations, fléau chinois par excellence. Il fut canonisé après sa mort.
Les fidèles viennent encore dans le temple brûler de l'encens devant son effigie. Ses multiples bâtiments, cours intérieures et tours de guet, en font un véritable palais. Remarquez les dix pins vénérables qui ornent l'entrée du temple. Les trois pins centraux auraient été plantés lors de l'inauguration du bâtiment et l'un d'eux aurait été mis en terre par Xu Xun en personne.
 
Jiujiang
 
 
Au nord du Jiangxi, au pied du Lushan, sur les rives du lac Poyang et du Yangtsé.
Jiujiang est considéré comme la porte Nord de la province du Jiangxi. La région avait déjà le statut de district en 220 av. J.-C. et a porté les noms successifs de Xunyang, Jiangzhou et Chaisang. C'est le lieu de naissance de Tao Yuanming, célèbre poète de la dynastie des Jin (265-420) et de nombreuses personnalités littéraires y ont laissé leur marque. Pourtant, Bai Juyi, poète des Tang, ne semble pas avoir apprécié son séjour ici puisqu'il écrivait, au IXème siècle : Xunyang, perdu dans un coin isolé, ne connaît pas le son de la musique d'un bout à l'autre de l'année. Zhu Yuanzhang, fondateur de la dynastie des Ming, livra une bataille féroce sur le lac Poyang. Jiujiang devint un important port fluvial dès la dynastie des Tang (618-907) et la région est depuis lors considérée comme l'une des quatre grandes régions rizicoles et l'un des trois grands centres producteurs de thé. Les commerçants voyageant sur le Yangtsé faisaient généralement une halte à Jiujiang. En 1862, les puissances occidentales exigèrent l'ouverture du port au commerce international et les Russes, les Anglais, les Allemands, les Français et les Américains obtinrent l'autorisation de construire des concessions. On peut encore voir un quartier résidentiel d'architecture européenne et quelques églises, dans le quartier du temple Nengren. Ils firent également construire de superbes villégiatures sur le mont Lu où ils venaient pour fuir les chaleurs de Wuhan ou de Nankin, en remontant ou en descendant le Yangtsé sur leurs canonnières.
 
Le pavillon de la Brume et de l'Eau
 
 
Le Yanshuiting se trouve sur une petite île du lac Gantang, non loin du centre ville. Le renom du pavillon vient d'un poème de Bai Juyi, célèbre poète des Tang qui fut banni de la capitale et vécut quelque temps à Jiujiang. Les bâtiments, modernes pour la plupart, forment un ensemble charmant, dont les murs blancs et les tuiles noires se reflètent dans l'eau. Vous remarquerez une stèle sur laquelle est calligraphié un seul grand caractère, shou, qui signifie « longévité ». La tradition veut qu'il soit l'oeuvre de Lü Dongbing, un immortel taoïste.
 
Le temple Nengren
 
Le Nengrensi est le plus ancien bâtiment de Jiujiang. Fondé au vie siècle, il a été reconstruit sous les Qing puis restauré après la Révolution culturelle. L'ensemble des bâtiments, entretenu par quelques moines et peu visité, dégage une atmosphère de paix. La pagode Dasheng, dans l'enceinte du temple, construite sous les Tang puis restaurée sous les Qing, hectagonale, mesure 42 m. Elle semble tout « échevelée », avec des arbustes qui poussent sur les tuiles à chaque étage. La tour de Xunyang (Xunyangta) a été entièrement refaite en 1988. Elle domine la rive méridionale du Yangtsé et ressemble vaguement aux autres tours célèbres de la région, sans en avoir l'élégance. On aperçoit, à quelques centaines de mètres, sur la même rive, la petite pagode de Suojianglou. Edifiée en 1585 pour tenter d'emprisonner le dragon qui était censé causer les crues du fleuve, on fit garder la pagode par quatre buffles d'airain. C'était le premier monument de Jiujiang qu'apercevaient les bateliers lorsqu'ils remontaient le fleuve en venant de Shanghai.
Le nouveau pont, qui enjambe le Yangtsé et relie le Jiangxi au Hubei, se trouve derrière cette pagode.
 
Lushan
 
Le temple de la forêt de l'Est
 
Donglinsi fut fondé en 384 par un grand moine de la dynastie des Jin de l'Est, Huiyuan (334-417). Ce temple est considéré comme le lieu d'origine de la secte de la Terre pure, l'une des huit grandes sectes du bouddhisme chinois. Sous la dynastie des Tang, le temple abritait une dizaine de milliers de
moines et comprenait plusieurs centaines de bâtiments, pagodes, bibliothèques, etc. En 753, c'est de là que le moine Jianzhen partit pour porter la bonne parole au Japon. Pour les nombreux fidèles japonais, le Donglinsi reste un lieu d'intense ferveur religieuse. Restauré en 1991, le temple ne présente pas un intérêt majeur pour le touriste profane. Du passé, il ne reste qu'une stèle de la dynastie des Ming présentant un texte de Wang Yangming, une calligraphie de Li Taohai et le pont qui mène au temple (Huxiqiao), ou « pont de la rivière du Tigre », avec une calligraphie de l'époque des Tang.
 
Les Jingganshan
 
Dans la chaîne montagneuse des Luoxiao, qui sépare le sud-ouest du Jiangxi et le Hunan. Base révolutionnaire de la fin des années 20.
En 1927, après l'échec du soulèvement de la Moisson d'automne au Hunan, Mao Zedong conduisit ses troupes dans les monts Jinggang. En avril 1928, les troupes de Zhou Enlai et Zhu De s'y établirent. La base des Jinggangshan devint le prototype d'une longue série de bases révolutionnaires qui s'étendront en Chine du Sud jusqu'en 1934, puis après la Longue Marche, en Chine du Nord. Cette base permettra la première mise en pratique de la théorie de l'encerclement des villes par les campagnes. Elle préconisait en effet la lutte armée, l'assise paysanne et la conquête locale du pouvoir.
Les monts Jinggang sont situés dans une zone isolée, couverte de forêts. Le climat est doux et humide. La végétation est dense et les cultures poussent bien. la région reste peu peuplée.
 
 
 
Le sud de la Chine
 
Le Guangxi
 
Province côtière du sud de la Chine.
Superficie : 236 000 km².
Population : 42 millions.
Frontières avec le Vietnam et les provinces du Guangdong, du Hunan ,du Guizhou et du Yunnan. Mince façade maritime sur la mer de Chine méridionale.
Statut administratif : région autonome de minorité zuang.
Plus du tiers des 42 millions d'habitants que compte le Guangxi appartient à la plus importante minorité vivant en Chine, les Zhuang, qui occupent 60 de la superficie de la région. La prise en compte de cette composition ethnique a conduit les dirigeants chinois à accorder au Guangxi le statut de région autonome de minorité zhuang. Comme pour les autres provinces du sud-ouest, la sinisation du Guangxi a été tardive, entre le VIIème et le Xème siècle. Le relief difficile et le réseau de communications restreint ont ralenti la pénétration Han et préservé jusqu'à nos jours l'individualité des minorités. Le Xijiang et ses affluents ont constitué au sud-est une voie de pénétration pour les marchands du Guangdong. Province très pauvre, le Guangxi a connu des troubles tout au long de la première moitié du XIXème siècle. Les tensions entre les différents groupes ethniques - populations allogènes établies avant l'arrivée des Han, premiers colons chinois établis sur les meilleures terres, familles chinoises arrivées tardivement et installées sur les plus mauvaises terres - sont à l'origine du mouvement Taiping. Ce mouvement paysan, nationaliste et moderniste, né vers les années 1840, se transforme en une insurrection qui commence en 1850 à Jintan, pour finalement s'étendre en 1852 au-delà des limites provinciales du Guangxi. Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, les Anglais étendirent leur influence au Guangxi et s'installèrent à Nanning. La province connut de nombreuses famines au début du XXème siècle. Jusqu'en 1949, le Guangxi, dirigé par des potentats militaires locaux, échappa de fait à l'autorité centrale du Guomindang. La province et sa capitale étaient occupées par les troupes japonaises. En décembre 1949, les troupes commandées par Lin Biao libérèrent le Guangxi.
 
Nanning
 
Située au sud-ouest de la province, à 749 km de Canton, 264 km de Liuzhou et 431 km au sud de Guilin. Capitale de la province autonome des Zhuang.
Fondée en 214 ap. J.-C., Nanning demeura jusqu'au XXème siècle un centre de commerce local. La région fut l'un des points de départ de la grande insurrection paysanne des Taiping, qui éclata en 1851. Wei Changhui fut l'un des principaux chefs du mouvement. La révolte s'étendit dans tout le sud de la Chine et fit de Nankin la capitale du « royaume céleste de la grande paix ». Nanning fut promue capitale de la province de 1912 à 1936, puis après 1949. Aujourd'hui, l'industrie légère commence à se développer. Au sud de la province, le port de Beihai, coincé entre la côte vietnamienne et le Guangdong, est devenu une ville côtière ouverte au développement économique.
Douze minorités vivent dans la région. La plus importante, les Zhuang, constitue un tiers de la population. Viennent ensuite les Miao et les Yao (district de Jinxiu).
 
Les grottes de Yiling
 
 
Sur la route du retour, à 25 km de Nanning, un arrêt est prévu pour visiter les grottes de Yiling. Les différentes salles sont illuminées de manière à recréer des scènes imaginaires.
 
Guilin
 
La fondation de Guilin remonte auIIème siècle av. J.-C. La ville gagna de l'importance avec le creusement du canal Linqqu. Ce canal, toujours utilisé pour l'irrigation, mettait en communication le Yangtsé, au nord, avec le bassin de la rivière des Perles, au Guangdong.
De la dynastie Ming jusqu'en 1914, Guilin fut capitale provinciale du Guangxi. Puis la capitale fut transférée à Nanning, avant de s'installer encore, de 1936 à 1954, à Guilin. Pendant la guerre sino-japonaise, la ville fut un centre important de résistance et fut partiellement détruite par des bombardements.
L'expansion de Guilin date de la « libération ». Sa superficie ainsi que sa population ont plus que doublé depuis 1949.
Le nombre d'usines est passé de quatre en 1949 à deux cent cinquante, non sans poser quelques problèmes de pollution pour un endroit si touristique, `comme le reconnaissent les responsables. Des quartiers insalubres ont été rasés et remplacés par des cités à immeubles de cinq ou six étages. Comparativement aux autres villes chinoises, Guilin n'est ni riche, ni pauvre. On y rencontre pourtant, aujourd'hui encore, des mendiants. 8 % des habitants vivent du tourisme.
Guilin se trouve au nord-est du Guangxi, dans une région calcaire dont l'érosion a donné naissance à un relief karstique. Dans la petite plaine de Guilin, entourée de collines élevées, se dressent des pains de sucre aux formes les plus bizarres. De tout temps, la beauté du cadre n'a cessé d'attirer un grand nombre de peintres et de poètes chinois. Guilin est l'une des vingt-quatre villes dont le patrimoine est sous la protection du Conseil d'Etat.
 
La colline en Trompe d'Eléphant
 
La grotte des Flûtes de Roseau
 
Le relief karstique est à l'origine de nombreuses grottes souterraines, mais la plus impressionnante est sans doute Ludiyan, la grotte des Flûtes de Roseau. Elle fait 200 m de long et offre toutes sortes de spectacles étranges, mis en valeur par des éclairages colorés. La partie centrale de la grotte a les dimensions d'une cathédrale et peut facilement abriter un millier de personnes à la fois, comme ce fut le cas pendant les alertes aériennes de la guerre sino-japonaise. La grotte se trouve au nord-ouest de la ville, dans la campagne.
 
La rivière Li
 
Le pic du Lotus vert
 
Le Bilianfeng est le pic principal à la sortie sud-est de la ville. Le mont de l'Homme se dresse dans le parc de Yangshuo, à l'ouest. En suivant la rivière, aux abords de la ville, vous découvrirez d'autres montagnes dont les noms et les formes évoquent des animaux : vous pourrez vous amuser à découvrir lesquels. Un peu plus loin, la colline de la Lune se trouve au sud de la rivière. Le panorama que l'on y découvre n'a pas d'égal.
 
Liuzhou
 
A l'ouest de la province du Guangxi, sur la rivière des Perles, à 907 km de Canton et à 176 km au sud de Guilin.
Comme presque toutes les villes chinoises, Liuzhou a une histoire riche de plus de 2 000 ans ! Nous retiendrons seulement ici qu'elle fut longtemps une ville d'exil où étaient relégués les mandarins indésirables à la Cour. L'un d'eux, devenu très célèbre, Liu Zongyuan, lui a d'ailleurs donné son nom. Liuzhou s'étend au coeur d'un paysage karstique, dans une boucle de la rivière Liu.
 
Le parc Liuhou gongyuan
 
 
Dans ce parc est érigée la tombe du grand poète chinois Liu Zongyuan qui vécut sous les Tang. Mandarin envoyé en exil dans la ville, il est très apprécié des Chinois, pour ses poèmes qui décrivent les conditions de vie du peuple de l'époque. Les sinologues apprécieront tout particulièrement la stèle gravé-de l'« Aubergine » (Qie zi) dont le texte à la mémoire de Liu fut écrit par un autre poète célèbre, Han Yu (1217 ap. J.-C.), et la calligraphie du non moins célèbre Su Dongpo.
 
Le pays des Dong
   
Les Dong vivent principalement dans le sud-est du Guizhou, dans des villages construits au bord des cours d'eau et au pied des montagnes. Le grand intérêt de ces villages réside dans leur architecture en bois ; il faut voir en particulier la tour du Tambour qui symbolise l'unité de la communauté. Chaque village possède deux tours : ce sont les lieux de rassemblement des villageois. La tour du Tambour de Mapang est l'une des plus belle (25 km au nord de Sanjiang).
Un autre chef-d'oeuvre de l'architecture dong est le pont - pagode Yongji (« pont du Vent et de la Pluie »), sur la rivière Xihe à Chenyang (à 20 km de Sanjiang). Long de 64 m, il est couvert de plusieurs bâtiments en forme de pagode. C'est un des plus beaux vestiges de ce type de construction. Il y aurait .. plus de quatre-vingts ponts de ce genre dans tout le district.
 
 
Le Fujian 
 
Province côtière au sud-est de la Chine, face à Taiwan.
Superficie : 120 000 km².
Population : 30 millions d'habitants.
Capitale : Fuzhou.
Villes principales : Xiamen, Quanzhou, Zhangzhou, Putian.
3 préfectures, 79 districts.
Minorités : She, Hui, Gaoshan.
Ressources minières : céréames, blé, thé, fruits tropicaux.
Industrie : acier, électronique.
Le Fujian est isolé du reste du pays par une barrière montagneuse qui constitue sa frontière au nord, à l'ouest et au sud. C'est, avec le Guangdong, l'une des rares provinces à vocation maritime, ouverte depuis des siècles sur le reste du monde, comme en témoignent les communautés de Chinois d'outre-mer (Huagiao) qui sont, pour près de la moitié, originaires du Fujian.
L'histoire de la diaspora chinoise commença au Fujian dès la fin des Song, avec les Hakka, population originaire du Nord, qui s'aventurèrent dans les mers du Sud. L'émigration s'accrut sous la dynastie Ming avec le décret impérial qui associait le commerce avec l'étranger (source principale de revenus de la région) à des activités d'espionnage. Les gens partirent en masse
pour former les premières communautés à l'étranger, et surtout dans le Sud Est asiatique. Au XIXème siècle ce fut le trafic des coolies qui draina une partie importante de la population vers les Etats-Unis et l'Europe.
L'ouverture du pays, en 1978, a entraîné un quatrième grand courant d'émigration, favorisé par la présence de parents déjà installés à l'étranger. Grâce à l'appui des Chinois d'outremer, le Fujian, tout comme le Guangdong, est l'une des provinces qui bénéficient le plus des investissements étrangers. Des mesures récentes permettent aux Taiwanais (à 80 % originaires du Fujian) de visiter à nouveau leur terre ancestrale et d'y faire des affaires. Pour faciliter cet apport d'argent, Pékin a accordé à Xiamen un statut de Zone spéciale et à Fuzhou, celui de port ouvert. Cette province, peu développée en raison du relief (20 seulement du territoire est cultivé) et isolée du pays pour des raisons stratégiques, est en passe de devenir l'une des régions les plus riches de Chine.
Le Fujian est le royaume du taoïsme, qui a su tenir cachés ses rites et mystères. Un voyage imprégné de cette atmosphère vous plonge, au coeur de la tradition chinoise, dans un cadre naturel et un habitat harmonieux et protégé.

Fuzhou
 
 
Capitale du Fujian, située au nord de la province, sur les rives du fleuve Min.
Fondée au vie siècle, Fuzhou devint, à la fin de l'empire Tang, la capitale du royaume Min. Son véritable essor commercial date des Song et plus tard la ville fut associée aux grandes expéditions de l'amiral eunuque Zheng He. La prospérité de la ville attira de nombreux marchands musulmans ou persans, ces derniers introduisant avec eux le culte manichéen qui fit à l'époque de nombreux adeptes. Située dans une province isolée du reste de la Chine par ses montagnes, mais ouverte sur le reste du monde par son accès à la mer, Fuzhou fut un bastion de résistance des dynasties déchues. Déjà fief de la résistance des Song contre l'invasion mongole, Fuzhou fut la dernière ville cédée aux communistes en 1948.
Sous les Qing, la ville fut fortifiée et devint une garnison. Mais la pression étrangère eut finalement raison de la résistance chinoise et le traité de Nankin, qui mit fin à la guerre de l'Opium, fit de Fuzhou une des cinq villes ouvertes aux concessions étrangères. De nouveaux incidents surgirent en 1884 avec les Français, qui réclamaient davantage de concessions, et commençaient leur percée vers le nord jusqu'au Yangtsé. Pendant les trois dernières décennies (1960-1990), la province fut tenue à l'écart de l'effort de reconstruction, du fait de sa position fragile face à Taiwan. Récemment, la politique de réformes a rendu Fuzhou à sa vocation de port ouvert sur l'étranger et, aujourd'hui, les activités de la ville sont davantage orientées vers Taiwan et Singapour que vers le reste de la Chine.
 
Le temple de la Source qui Jaillit
 
 
Le Yongquansi est situé à 17 km à l'est de Fuzhou, dans le ravissant cadre des monts Gu (Gushan).
La tradition veut que l'on accède au temple par les quelque 2 145 marches qui, peu à peu, vous font découvrir le magnifique panorama surplombant le fleuve Min. Une source d'eau chaude jaillit à l'entrée du temple. Elle est flanquée de deux pagodes octogonales en porcelaine dont les parois sont ornées de 1 038 statues de Bouddha, un véritable chef-d'oeuvre ! La salle principale s'ouvre sur une ravissante cour fermée sur les côtés par les tours de la cloche et du tambour, en briques roses, surmontées chacune d'une pagode de pierre. La lumière en fin d'après-midi rehausse toutes les nuances de couleurs, tandis que résonnent les psalmodies des moines réunis pour le service religieux de 15 h. A gauche, une série de cours conduit aux cuisines, où sont encore utilisées d'énormes poêles (les wok) fondues en 1034, destinées à cuire le riz pour 1 000 personnes ! Trois sagoutiers aux formes étrangement tordues, plantés il y a 800 ans, occupent une des cours. La bibliothèque renferme une très belle collection de 9 000 volumes et le bibliothécaire, qui parle anglais, se fera un plaisir de vous présenter les trésors dont il a la charge, en particulier un très beau bouddha en jade blanc.

 
Le temple de la Contemplation de l'Ouest
 
 
Le Xichansi est situé à l'ouest de la ville, près de l'université. La dernière rénovation de ce temple, fondé sous les Liao en 807, a malheureusement détruit l'harmonie de l'ensemble. Seuls subsistent les piliers de la salle des prières, ornés de dragons ciselés par des artisans de Hui'an, et un très beau tapis de brocart d'or recouvrant l'autel. Cent trente moines, dont de nombreux novices, vivent dans le temple.
 
Xiamen
 
 
L'origine de la ville remonterait aux Tang. Elle prospéra très vite sous les Ming qui la fortifièrent pour la protéger contre les raids des pirates, et supplanta le port de Quanzhou, ensablé. L'année 1551 vit arriver les premiers étrangers, des marchands portugais qui venaient de s'installer à Macao, à la recherche de la soie et du thé qu'ils troquaient contre des textiles. Lors de la conquête mandchoue, la ville fut le dernier bastion de la résistance Ming, sous la conduite du général Zheng Chenggong, plus connu sous son nom portugais Coxinga, dont le fils gouverna pour un temps l'île de Taiwan avant qu'elle ne soit conquise par les Qing. Lors des négociations du traité de Nankin en 1842, Xiamen, aussi appelée Amoy, fût l'un des cinq ports ouverts. Les étrangers s'installèrent sur l'île de Gulangyu. Pendant la guerre, les Japonais occupèrent la ville, imposant un blocus économique à tout le pays. Xiamen continua à vivre en état de guerre longtemps après l'instauration du nouveau régime, du fait de sa position stratégique en face de Taiwan, où se trouvaient les bases américaines. Depuis 1981, elle est l'une des cinq zones économiques spéciales (ZES) de la Chine.
Xiamen a beaucoup de charme, mais elle ne nécessite pas un séjour prolongé. Xiamen s'étend sur deux îles d'une superficie totale de 124 km2, à l'intérieur d'une baie profonde qui la laisse à l'abri des typhons, ce qui fait d'elle, à l'instar de Hong Kong, un port idéal. En 1956, le nouveau régime fit construire une digue pour relier la plus grande île à Jimei, sur le continent. Lautre île, Gulangyu, étant accessible par ferry. Aujourd'hui, la ZES s'étend largement sur le continent, jusqu'à Huli, au nord-ouest de l'île, non loin de l'aéroport. C'est là que se trouvent les sièges des sociétés étrangères, les grands hôtels et les nouveaux complexes résidentiels. On est loin des langueurs coloniales de Gulangyu !
 
L'île de Gulangyu
 
Du quai Lundu, qui se trouve en face de l'hôtel Lujiang, un ferry part pour l'île toutes les quinze minutes. La traversée prend 5 mn. Le nom de l'île, la «vague tambour », lui vient de la rumeur des vagues qui, à marée haute, viennent frapper les parois d'une grotte. L'endroit est par ailleurs lié à la légende des deux hérons argentés séparés par la mort. L'île se visite à pied. Aucune voiture ne vient rompre le charme de ce lieu dont la splendeur ne s'est pas encore évanouie. Perdez-vous dans ce dédale de ruelles, vous verrez se découper, au travers des arbres, de superbes façades baroques. L'intérieur offre une image qui n'est certainement pas celle qu'ont connue les occupants précédents. Si l'on prend une des petites rues qui montent, en face du ferry, légèrement sur la gauche, on arrive à une église de pierre rose bâtie en 1882, mélange de baroque et d'art décoratif chinois. Le sommet de l'île est occupé par un petit temple bouddhiste. Au nord-ouest la vue plonge sur une curieuse construction coiffée d'une grande coupole bleue : il s'agissait à l'origine de la maison d'un riche Chinois d'outre-mer, construite en 1941 et occupée aujourd'hui par le musée de la Ville. En redescendant vers i: le nord, on arrive au mémorial Coxinga : Gulangyu fut sa base de résistance, forte de 240 000 hommes et 8 000 jonques. Du mémorial, on peut redescendre vers le sud, en direction des plages et découvrir le jardin Shuzhuang, ancienne propriété d'un Taiwanais, dont le cadre associe harmonieusement le paysage marin et les éléments traditionnels du jardin chinois.
 
Le temple du sud de Putuo
 
 
Le Nanputuosi fait référence à une des quatre montagnes sacrées du bouddhisme, Putuoshan, dans le Zhejiang. Cent soixante moines vivent dans ce monastère, prospère grâce aux largesses des Chinois d'outre-mer. Fondé il y a plus de 1 000 ans, le temple comprend des bâtiments plus récents, mais les reliques de l'intérieur sont de l'époque Song. La plus impressionnante est la « Guanyin aux mille mains et aux trois visages », qui se trouve au-dessus du bâtiment central, dans une sorte de pagode, sous un dais. Dans la dernière salle, qui contient la bibliothèque, on sera surpris de trouver des livres de Darwin, Freud, Rousseau, Croce voisinant avec des ouvrages plus propres à nourrir le sentiment religieux...
 
Quanzhou
 
 
Quanzhou fut fondée en 711 et grâce à sa remarquable position à l'intérieur d'un port naturel, elle connut un essor rapide sous les Song, puis sous les Yuan. Un bureau spécial des douanes fut créé en 1086 pour gérer le commerce avec les marchands étrangers. La ville comptait alors 500 000 habitants et exportait ses soies et sa porcelaine jusqu'aux côtes africaines. Quanzhou serait même mentionnée dans des textes arabes du XIIème siècle sous le nom de Zaiton. Ses splendeurs furent décrites par Marco Polo, qui y séjourna au temps de l'empereur mongol Kubilai. Le déclin commença sous les Ming, un décret interdisant le commerce avec l'étranger. Plus tard, Quanzhou, comme les autres villes du littoral du Fujian, eut à souffrir des raids des pirates japonais, de la guerre sino-japonaise, et, plus récemment, de sa proximité avec Taiwan. Aujourd'hui, la petite ville connaît un regain de prospérité grâce aux touristes, principalement des Chinois du Sud-Est asiatique qui visitent la ville de leurs ancêtres. Seule une petite partie des quelque 3,2 millions de Chinois de la diaspora originaires de cette ville continuent à envoyer leurs enfants à l'université des Chinois d'outre-mer (est de la ville).
 
Le temple Kaiyuan
 
Le temple est un très bel ensemble représentatif de l'architecture du Sud malgré les rénovations successives depuis sa fondation à l'époque Tang. La salle principale s'appuie sur une centaine de piliers, dont deux face au Bouddha, finement sculptés. Vingtquatre de ces colonnes sont surmontées de musiciennes célestes mi-femme, mi-oiseau (les apsaras), qui semblent supporter le toit.
Une autre pièce intéressante est la statue de Guanyin aux mille bras, protégée par trente-deux figures de saints indiens et chinois, qui se trouve dans la salle d'ordination.
Deux imposantes pagodes de granit, d'une quarantaine de mètres, se dressent hors de l'enceinte du temple, à côté du musée. Elles ont remplacé les originaux qui étaient en bois. Trente neuf bas-reliefs représentant des scènes de la vie du Bouddha ornent les parois de la pagode de l'Est, tandis que la pagode de l'Ouest est décorée de motifs floraux et d'oiseaux.
 
La mosquée Qingjingsi
 
La mosquée, la plus ancienne de Chine, fut construite en 1009, puis rénovée en 1310 sur le modèle d'une mosquée de Damas. A l'époque, il y en avait six à Quanzhou. Aujourd'hui, 400 Hui (Chinois musulmans), la plupart vivant dans le quartier, la fréquentent encore régulièrement. De la rue, on remarque immédiatement l'entrée en forme de tour, construite en granit dans un pur style arabe. A l'intérieur, il ne reste que les murs de l'ancienne salle de prière portant des inscriptions en arabe. L'ensemble a cependant gardé une harmonie particulière venant probablement de ce mélange original de style arabe et d'architecture d'Asie centrale. L'endroit est assez fréquenté par les musulmans du Xinjiang en voyage d'affaires, passés maîtres dans le marché noir des devises.
 
Le rocher du Vieil Homme
 
 
Il s'agit d'une impressionnante statue de Laozi, haute de 5 m, réalisée il y a plus de 600 ans. A l'origine, elle était protégée par un temple, détruit lors d'un séisme sous les Ming.
 
Le temple Cao An
 
 
Il est situé dans le district sud de Anhai, à 4 km environ au sud de Quanzhou. C'est le seul temple manichéen qui ait subsisté en Chine. D'autres se trouvaient à Xi'an et à Luoyang, mais furent détruits lors de la répression contre les religions étrangères, parmi lesquelles le bouddhisme en 843. Les prêtres se réfugièrent alors à Quanzhou. De cet édifice construit en 1339, ne subsistent plus que des ruines, mis à part une statue d'homme haute de 1,52 m et très expressive. Des stèles, dispersées dans les environs, en particulier sur le pic Wanshi, évoquent encore le souvenir de cette religion venue de Perse. En continuant vers le sud, toujours dans le district de Anhai, à 30 km de Quanzhou, se trouve le vieux pont d'Anping d'époque Song. Ses 2 km de longueur constituaient un record mondial en matière de génie civil. Les 331 dalles de granit n'ont pas bougé. Des cinq pavillons construits sous les Qing, seuls deux sont restés debout. Le lit de la rivière s'est envasé peu à peu et est aujourd'hui recouvert par des champs.
 
Zhangzhou
 
La ville fut fondée sous les Tang par le général Chéri Yuangang, qui avait pressenti les potentialités de cette riche plaine alluviale. Elle prospéra jusqu'au XVIIème siècle comme centre d'exportation de la soie et du sucre. Le déclin commença avec l'ensablement de la rivière Jiulong, et Xiamen supplanta Zhangzhou comme centre des affaires. La ville est célèbre pour ses narcisses et ses fruits exotiques. C'est également là que naquit le spectacle de marionnettes, sous la dynastie Song. La région est aujourd'hui devenue un centre d'expériences agronomiques et devrait bénéficier de divers projets d'irrigation. De nouvelles cultures, comme celle du caoutchouc, ont été récemment introduites.
 
Les monts Wuyi
 
Les monts Wuyi ont été de tout temps le lieu de retraite des peintres, et des Immortels qui en firent leur jardin de plantes médicinales. Au temps d'un souverain mythique, l'empereur Yao, un sage du nom de Peng Zu, qui aurait vécu 700 ans, ordonna à ses fils Peng Wu et Peng Yi de creuser la montagne afin de tracer un passage pour les affluents du fleuve Jian, dont les inondations étaient désastreuses pour la région. C'est ainsi que naquit la « rivière aux neuf méandres » (Jiuquxi) : le nom de Wuyi reprenait les prénoms des deux fils. Une autre explication du nom est quelquefois avancée : il serait lié à la tribu des Yi, assez belliqueuse (wu), qui occupait la région.
 
Le temple de Wuyi
 
 
Le Wuyigong était à l'origine un temple taoïste dédié au seigneur de Wuyi, envoyé par l'empereur de jade pour cultiver les herbes médicinales. C'est aujourd'hui une bâtisse grise qui abrite les locaux du CITS.
 
La descente de la rivière aux Neuf Méandres
 
La Jiuquxi est l'attraction majeure des monts Wuyi. L'embarcadère se trouve au neuvième méandre, à l'opposé du palais de Wuyi. La descente dure deux heures, sur un radeau de bambou sur lequel sont disposées des petites chaises. Le trajet offre une image bucolique de la campagne chinoise avec ses rizières et ses buffles. On passe le plus haut pic des monts Wuyi : le rocher des Nuages blancs, sur les versants duquel on peut apercevoir un ancien temple taoïste et, au pied, l'ancienne salle de lecture d'un philosophe de la dynastie Song. Au huitième méandre, vos accompagnateurs chinois vous signaleront la pierre des Tortues et la statue de la déesse Guanyin et au septième, les visages de trois moines regardant vers le ciel. Le sixième méandre longe deux sites : la grotte des Pêchers (Taoyuandong) et le pic de la Promenade céleste (Tianyoufeng). C'est au bord du cinquième méandre que le célèbre philosophe Song, Zhu Xi, fit construire un ensemble de pavillons qui devait servir de club pour les lettrés (il a été transformé depuis en hôtel). Au quatrième méandre, vous découvrirez le pic du Grand Trésor (Dacanfeng) habité par un dragon. Le site le plus intéressant se trouve au troisième méandre : des cavités creusées dans la montagne abritent des cercueils en forme de barque, vieux de 3 800 ans, qui seraient des vestiges de la tribu des Yi. Le deuxième méandre raconte la triste histoire de la « Beauté de Jade », une immortelle amoureuse d'un séduisant planteur de thé. Les amants, transformés en pierre sur ordre de l'empereur de Jade, sont séparés par la rivière. Le voyage se termine au palais de Wuyi.
 
La grotte des Pêchers
 
 
Un sentier, bordé d'innombrables fleurs, vous conduit à un passage creusé dans la roche, qui débouche sur le paradis décrit par le poète Tao Yuanming : le célèbre « jardin des Pêchers », loin des vicissitudes du monde. Au fond de la petite vallée couverte de pêchers se dresse le temple du jardin des Pêchers (Taoyuanmiao), d'époque Song, où vivent encore quelques vieux moines.
 
La grotte de l'Ecran d'Eau
 
La Shuiliandong est à 8 km au nord du palais de Wuyi, et à 10 km de Chong'an. Suivre la route pour Chong'an jusqu'au pont. Là, un petit sentier de montagne vous conduira au canyon dit « des neuf dragons ». Les versants des collines sont aménagés en terrasses où l'on cultive l'une des meilleures variétés de thé Oolong, appelé « grande robe rouge » car il était destiné à l'empereur et donc cérémonieusement enveloppé dans une étoffe rouge. Suivez le chemin qui grimpe entre les terrasses jusqu'au petit lac du Bain du dragon (Yulongchi). Un peu plus haut, vous apercevrez dans la montagne une ouverture qui est l'entrée de la grotte de l'Ecran d'eau.
Un escalier vous mène à l'entrée d'un ancien temple transformé en maison de thé. On vous sert le thé local préparé avec l'eau de la source : un moment divin pour les amateurs de thé.
 
Le Pic Royal
 
Le Dawangfeng, haut de 530 m, fait face au palais de Wuyi.
 
 
Le Guangdong
 
Superficie : 180 000 m².
Population : 63 millions d'habitants.
Trois zones économiques spéciales : Shenzhen, Zhuhai et Shantou.
Comprend deux des quatorze villes côtières ouvertes au développement économique : Canton et Zhandjiang.
Troisième rang chinois pour la production globale.
Premier rang chinois pour le revenu par habitant et le volume à l'exportation.
La province du Guangdong est la plus méridionale de Chine, située, en latitude, au niveau du tropique du cancer. Elle a connu au cours des siècles passés une forte pression démographique poussant sa population à émigrer vers les provinces voisines. Guangxi et Sichuan, mais aussi en Asie du Sud-Est Thaïlande, Malaisie, Singapour et Indonésie, etc.
Le Guangdong entre dans l'orbite chinoise dès le IIIème siècle av. J.-C. C'est sous la dynastie Song (960-1280) que s'intensifie le peuplement Han et que commence l'assimilation progressive des populations indigènes.
L'histoire de la province est étroitement liée à sa situation géographique propice aux échanges commerciaux entre provinces - route du nord vers le Hunan et le centre du pays, route de l'ouest vers le Guangxi, le Yunnan et le Vietnam - et aussi avec le reste du monde. Une colonie musulmane s'installe d'ailleurs à Canton au VIIème siècle. L'influence européenne se fait sentir dès le XVIème siècle avec l'arrivée des missionnaires : la province devient un point de pénétration des intérêts étrangers en Chine, surtout à partir du XIXème siècle.
A la fin des années 80, la Chine du Sud, centrée autour de Canton et du delta de la rivière des Perles, s'est démarquée du reste du pays par un rythme de croissance très élevé pour rallier, semble-t-il, le pôle de développement de Hong Kong. Certains y voient poindre le cinquième "dragon" économique de l'Asie. La province jouit d'un rythme de croissance annuel sans précédent (28 %), que même le repli économique consécutif aux événements de 1989 n'a pas affecté. 60 des investissements étrangers se concentrent dans les ZES, lesquelles bénéficient de politiques préférentielles pour les encourager. La présence française est importante : on compte 1 500 ressortissants dont 1 300 travaillent à la réalisation de la centrale nucléaire de Daya Bay.
 
Canton
 
Canton (ou Guangzhou) est aussi connue sous le nom de cité des chèvres en référence à une légende qui conte que cinq fées, montées sur cinq chèvres, apparurent lors de la fondation de la ville.
Les origines de Canton restent assez mal connues. La ville aurait été fondée au IIIème siècle av. J.-C. Très tôt, ses activités sont essentiellement commerciales. En 714, la dynastie Tang reconnaît son importance et y nomme un responsable pour le commerce extérieur. Canton devient alors le premier port de commerce de Chine. Au VIIème siècle, une importante colonie musulmane s'y installe. La ville devient pour un temps la capitale du royaume des Han du Sud au Xème siècle. La première influence européenne date de 1514, lorsque débarque à Canton une ambassade portugaise qui obtient, en 1557, la permission des empereurs Ming de s'établir sur l'île de Macao, située à une centaine de kilomètres en aval de la ville. Les Espagnols, les Hollandais puis les Anglais entreprennent des échanges commerciaux avec le Guangdong. Afin de mieux contrôler les activités des compagnies étrangères, les autorités chinoises permettent l'ancrage des bateaux dans le seul port de Whampoa, situé à une vingtaine de kilomètres de Canton. La Compagnie anglaise des Indes orientales devient au xvnt, siècle la plus importante des compagnies étrangères qui commercent avec la Chine. A l'instigation des Anglais et sous leur contrôle, le trafic d'opium prend de plus en plus d'ampleur, provoquant un déséquilibre du système commercial et monétaire chinois à l'avantage des étrangers. Tel était d'ailleurs l'effet recherché. En 1839, Lin Zexu, commissaire impérial de Canton, fait brûler d'opium et ferme la ville au commerce étranger. LAngleterre déclenche les hostilités qui marquent le début des guerres de l'Opium. En 1858, Canton est prise par les Anglais et les Français qui obtiennent, en 1861, le droit d'y établir une concession sur l'île de Shamian.
Canton, première ville chinoise à avoir connu l'influence occidentale, devient au début du xx, siècle un important centre d'activités révolutionnaires. Un soulèvement contre la dynastie mandchoue a lieu en 1911. Au début des années 20, Sun Yatsen, rentré à Canton, réorganise le Guomindang et lance un programme pour réaménager la ville. En 1925 et 1926, Mao Zedong dirige l'Institut des cadres pour le mouvement paysan. De grandes grèves ouvrières éclatent en 1925. Deux ans plus tard, la ville connaît une insurrection qui est écrasée comme celle de Shanghai par Chang Ka'i-chek. Canton, occupée par les japonais de 1938 à 1945, restera sous le contrôle des forces nationalistes jusqu'en octobre 1949.
 
Shantou
 
 

A 300 km à l'est de Canton. Port en eau profonde. La plus petite des Zones économiques spéciales. Deux villes Shantou et Chaozhou. Population 1 million d'habitants. La ville était connue des Européens sous le nom de Swatou, lorsque son petit port était utilisé pour le trafic de l'opium. Mais la dette morale qu'ont contracté les étrangers a encore d'autres origines : de nombreux émigrants installés aux Etats-Unis et en France descendent d'anciens coolies kidnappés par les puissances coloniales à la fin du XIXème siècle.
Malgré tout, la petite ville a réouvert ses portes aux « diables étrangers » et offre même des conditions avantageuses aux investisseurs éventuels. Pour un touriste, l'attraction principale est Chaozhou (34 km au nord de Shantou), ville très ancienne qui a gardé son cachet et dont l'architecture date de l'époque Song. Contrairement à la mauvaise réputation de sa voisine, elle s'enorgueillit d'avoir reçu l'infortuné Han Yu, grand commis de l'empire, et aussi l'un des plus grands écrivains chinois, envoyé en exil pour avoir offensé le Fils du ciel. Han Yu, fervent confucéen, avait en effet réprouvé les folles dépenses de l'empereur en faveur du bouddhisme. Son zèle anti-bouddhiste ne faillit pas à Chaozhou, où le
temple Lingshan conserve le souvenir d'une des disputes entre Han Yu et le moine fondateur du temple. A Chaozhou, tout rappelle le séjour de l'illustre hôte, à commencer par son mausolée (Hanwengong). Il se trouve à l'est du pont Xiangzi, beau vestige de la dynastie des Song, au coeur d'une luxuriante végétation. L'architecture est de style local : motifs floraux et mosaïques de porcelaine sur les toits,.
On se rendra également au temple Kaiyuan et à l'atelier de broderie qui fait la fierté des habitants de ChaoIlbou. A Shantou, l'île de Queshi mérite une visite. Un ferry vous y conduit en dix minutes, à partir du quai Xidi matou. L'île est un amoncellement de rochers semblable à un jeu de construction un peu bancal. On remarquera de nombreuses inscriptions d'origines diverses. Plus intéressante encore est l'île de Mayu où les gens vont rendre hommage à deux personnages historiques, vénérés comme des dieux : Guan Yu, le général sans peur des Trois Royaumes, et Mazu, l'obscure fille de pêcheur élevée au rang d'impératrice céleste !. Les mosaïques et les sculptures des temples constituent un beau témoignage de l'art local. Un projet d'aménagement des plages est en cours. On arrive sur l'île après une heure et demie de traversée.

 
Le Hainan
 

Chine du Sud.
A 30 km des côtes du Guangdong, face au Viêt-nam.
Superficie : 34 000 km².
Population : 6 millions d'habitants.
Minorités : Li, Miao et Hui.
Capitale : Haikou.
Ressources : thé, café, caoutchouc, sucre, noix de coco, pétrole.
La province créee en 1988 comprend aussi les îles Xisha (Paracels), Nansha (Spratleys) et Zhongsha.

La province, créée en 1988, comprend aussi les îles Xisha (Paracels), Nansha (Spratleys) et Zhongsha. Statut économiqueL'île de Hainan fut conquise dès la dynastie Han. C'était la terre d'exil, de tous temps assaillie par les pirates, infestée par la malaria, où étaient envoyés les fonctionnaires en disgrâce. Pendant les années 30, elle fut une base importante de la guerilla communiste, grâce à la collaboration des minorités miao et li. En 1978, lorsque éclata le conflit sino-vietnamien, l'île devint la base militaire la plus importante du pays, avec une forte concentration d'hommes et d'aires de lancement de missiles.
Depuis 1980, il semble que la roue du destin ait tourné pour Hainan : les autorités veulent faire de l'île un second Hong Kong et vantent les richesses du sous-sol (cuivre, gaz naturel). L4ancienne terre de relégation devrait devenir un nouveau Hawaii ou la rivale de Phuket. On en est loin ! Hainan ne dispose encore d'aucune infrastructure et les grands projets prévus par le plan quinquennal (ports, routes) n'ont toujours pas vu le jour. Quant à l'ouverture sur l'étranger, à défaut d'attirer les investissements tant attendus, elle a pour effet premier de transformer Hainan en un vaste espace de contrebande dont les militaires ne sont pas les derniers à bénéficier. Hainan est le nouvel Eldorado pour faire de l'argent facile et le havre de paix de quelques intellectuels qui veulent un moment « se mettre à l'ombre », des cocotiers bien sûr...
Les habitants de Hainan étaient à l'origine les Li (930 000). 90 % d'entre eux vivent aujourd'hui au centre de l'île, dans les monts Wuzhi, région qui a obtenu le statut de district autonome des Li et des Miao. Les Miao (466 000), venus plus tard, seraient les descendants de soldats recrutés dans le Guangxi, sous la dynastie Ming. Les Hui (5 000) seraient originaires du Vietnam, venus en Chine sous les Song. Ils vivent près de Sanya et sont pour la plupart musulmans intégristes. Le soutien de l'Iran leur permet de reconstruire les mosquées locales.
 
Les monts Dong
 
   
 
Les monts Dong (Dongshan), à 3 km au nord-est de Wanning, sont une attraction surtout pour les Chinois d'outre-mer attirés par cette étrange configuration de rochers. L'ascension amène au temple Zhaoyin miao, dédié à la mémoire de Li Kang, valeureux général qui s'illustra dans la lutte contre les barbares Jin du Nord, à l'époque des Song. Les quatre bouddhas (dont Guanyin) offerts par un moine chinois de Thaïlande font l'objet d'une vénération locale. On remarquera aussi la salle des Dix-Huit Luohan et des sculptures de noix de coco. A proximité se trouve un hôtel de caractère, construit en granit. Malheureusement, rien ne justifie une halte pour la nuit, si ce n'est le beau panorama sur la vallée. A 30 km à l'ouest de Wanning, la réserve de Xinlong a été défrichée par plus de 20 000 Chinois d'outre-mer, revenus d'Asie du Sud-Est dans les années 50 pour participer à la construction de la « Nouvelle Chine ». C'est aujourd'hui un immense jardin botanique accompagné de plantations de café, de cacao, et un centre de villégiature fréquenté surtout par les cadres du régime et les Chinois d'outre-mer (peu d'étrangers). On peut y faire de superbes balades et se baigner dans la piscine (un peu étroite), alimentée par une source d'eau chaude, dans l'enceinte d'un des hôtels. Nous vous recommandons particulièrement cette étape pour passer la nuit.
 
 
Le Guizhou
 
Au sud-ouest de la Chine, à l'extrémité est du plateau Yunnan Guizhou, entouré par le Sichuan et le Hunan au nord et à l'est, par leYunnan à l'ouest et le Guangxi au sud.
Population : 32 millions d'habitants.
Cultures principales : riz, tabac et thé.
Production de vin (maotai et dongjiu)Peu industrialisé mais riche en réserves minérales.
Situé au sud-ouest, l'ancien royaume de Yelangguo fut le dernier Etat « barbare » du Sud à être rattaché à l'empire. Ce fut l'empereur Qing Qianlong (1736) qui, en venant à bout de la résistance acharnée de ces « hommes du Guizhou », mit fin à la relative indépendance de cette province éloignée et inaccessible. Par la suite, sous le Guomindang, quelques révoltes sporadiques éclatèrent, vite réprimées. Aujourd'hui encore, les noms des villes témoignent de cette longue série de soulèvements : Qingzhen, Zhenyuan, Zhenning contiennent tous le mot répression (zhen), tandis que Anshun ou Pu an signifient « restauration de l'ordre ».
L'occupation Han de cette province peuplée par de nombreuses minorités nationales, dont les plus importantes sont les Miao, les Buyi, les Dong et les Gelao, débute sous la dynastie Han. Au préalable, ces tribus avaient été reléguées vers ces montagnes par les Chinois qui, avançant vers le sud, avaient occupé le bassin du Yangtsé. A l'époque des Trois Royaumes, le célèbre général Zhuge Liang envoya ses armées au Guizhou, mais sut reconnaître l'autorité des chefs de tribus. Curieusement, ce personnage légendaire est passé dans la mémoire populaire des tribus. Un autre conquérant, Kubilai, occupa la région en 1252, mais le Yelangguo résista. C'est à partir des Ming que des garnisons militaires chinoises s'installèrent, formant le premier contingent d'émigrants. Au XIXème siècle, une autre vague d'émigration se fit à partir des provinces surpeuplées du Sichuan et du Hunan, mais la province resta la plus arriérée et la plus pauvre de l'empire, servant de terre d'exil aux fonctionnaires indésirables. Durant l'invasion japonaise, le gouvernement du Guomindang se retrancha à Chongqing. La construction de lignes de chemins de fer et d'usines fit sortir la province de son terrible isolement. Mais la politique d'assimilation de Chang Kaï-chek devint vite impopulaire et les soulèvements de la population furent récupérés au cours de la Longue Marche, par les communistes qui promettaient aux habitants un statut d'autonomie. C'est à Zunyi que se tint en 1935 la réunion décisive du Parti communiste où Mao conquit définitivement la direction du Parti. Après 1949, oubliant ses promesses, le nouveau gouvernement reprit la politique d'intégration. Des efforts furent faits pour implanter des usines et exploiter les nombreuses richesses minières du sous-sol, mais les résultats de cette politique du « centre » restèrent peu probants. Les déboisements massifs ont créé un sérieux problème d'érosion. Le niveau de vie est l'un des plus bas de Chine. Au cours de la Révolution culturelle, les autorités perdirent le contrôle de la situation, la province fut mise à feu et à sang par les factions et les tufei (bandits). Il y a dix ans, on respectait encore le couvre-feu à Guiyang en raison des agressions, tandis que dans le reste de la province des bandes de brigands faisaient dérailler les trains.
 
Guiyang
 
Guiyang signifie « précieux soleil ». La ville, encaissée au milieu des montagnes, sous une chape de nuages, est en effet assez peu privilégiée par le soleil. Les origines de la ville remontent à la dynastie des Han. Sous les Ming, elle devint une ville garnison entourée de remparts, où étaient envoyés les fonctionnaires en disgrâce. L'industrialisation date de la guerre quand le gouvernement nationaliste se retrancha dans le Sud-Ouest remontant pièce par pièce les usines de Shanghai. Après 1949, Mao Zedong essaya de décentraliser l'appareil industriel en implantant des usines stratégiques dans le centre du pays. Cette politique a, jusqu'à présent, été peu concluante à cause de l'insuffisance des infrastructures. Depuis 1990, l'avenir du pays a de nouveau basculé vers les côtes de l'Est et surtout le Sud. Aujourd'hui, l'usine la plus importante de la ville est une usine de traitement d'aluminium, construite avec l'assistance japonaise.
Guiyang a la triste réputation d'être une des villes les plus polluées de Chine et il est vrai que l'impression que l'on a à la sortie de la gare est souvent malheureuse : c'est une ville caserne sur les bords d'une rivière immonde, la Nanming. Mais, derrière la ville caserne se cache le vieux Guizhou, épargné par les bombardements japonais, où l'on retrouve avec plaisir les ruelles aux rangées de maisons à un étage, en bois, ouvertes sur la rue. L'été, les soirées se prolongent autour des marchés de nuit, dans les petits restaurants aux étals de fortune, dans les salles de bal qui diffusent généreusement leurs flonflons.
 
Les Chutes de Huangguoshu
 
Au sud-ouest de Guiyang, il existe un circuit historique où les brigands n'ont pas eu un rôle moindre. La distance de Guiyang à Huangguoshu est de 142 km ; une nouvelle route, achevée en mai 1992, permet de faire le trajet en deux heures.
Le nom de Huanggoshu vient d'un certain type de mandarinier que l'on trouvait autrefois dans la région. Ils furent arrachés
dans les années 60 pour développer la culture des céréales, les paysans étant contraints de produire un certain quota fixé par l'Etat. Les dix-huit cascades sont la conséquence d'un phénomène unique d'érosion des plateaux calcaires sous l'effet des eaux souterraines. Les chutes les plus importantes se trouvent dans le village de Huangguo, et atteignent 70 m de haut. Lorsque les autorités locales voulurent percer la grotte qui se trouve derrière le rideau d'eau, les paysans racontèrent que les tufei y avaient caché leur butin. La police dut intervenir pour protéger les ouvriers ; la galerie fut creusée tandis que quelques coups de feu mystérieux étaient tirés, mais le butin est resté introuvable !
Un certain nombre de promenades peuvent être faites dans la région à partir de Huangguo. En continuant sur la route, après le village, à 3 km on aperçoit les chutes en spirales de Luositan qui s'étendent sur 90 m. Un peu plus loin, après le village de Baishuixiang, un chemin sur la droite conduit à travers la montagne à la cascade de Dishuitan. Si l'on continue la route après Luositan on arrive à la rivière Balinghe (3 km) où l'on peut encore voir le vieux pont de Baling qui était autre - I fois une étape sur la route de la soie du sud qui passait par le Yunnan et la Birmanie. Au-dessus du pont, on aperçoit les ruines du temple Shuangquan et au sommet de la montagne, une porte d'où l'on aborde la descente sur le bourg de Guanling. En continuant toujours sur la même route on arrive à la mystérieuse «,roche rouge » dont les
 
Anshun
 
 
Anshun était autrefois un centre commercial et l'une des villes les plus prospères de la province, vivant du commerce du thé et de l'opium. Aujourd'hui la ville a sombré dans le déclin. Les gens de Anshun ont toujours eu la réputation d'être paresseux, avides au gain et filous.
L'expression chaye (feuille de thé), souvent employée dans la région, signifie « tromper les gens ». Elle remonte à une époque encore proche où les gens d'Anshun trompaient les voyageurs en leur vendant des feuilles d'arbre en guise de thé. Cette pratique a disparu et l'on peut acheter en toute confiance le délicieux thé d'Anshun, peu connu, mais dont la saveur égale celle des meilleurs thés de Chine.
 
La grotte du Palais du Dragon
 
Longgong se trouve dans le district d'Anshun, à 127 km de Guiyang et 27 km d'Anshun. Longgong fait partie d'une zone d'aménagement en parc naturel ouverte depuis peu au tourisme. Le site le plus visité est la grotte de Longgong avec sa cascade, mais c'est aussi une zone de minorités buyi et miao dont on essaie de revaloriser le folklore dans une perspective touristique.
 
La grotte
Longue de 844 m, elle est divisée en cinq salles : la salle de l'accueil des Dragons, la gorge du Dragon, la salle des Cinq Dragons qui jouent à la balle, la salle du Puits et la salle des Trois Gorges, haute de 75 m. A l'extrémité de cette salle, la rivière souterraine se transforme en rapides. La profondeur des eaux à l'intérieur de la grotte est de 17 m.
 
La cascade
La cataracte haute de 50 m et large de 25 m surgit d'une fente à l'intérieur de la montagne, d'où le nom de porte du Dragon. L'eau de la cascade vient d'un petit lac de montagne qui se trouve à l'entrée de la grotte.
 
Les grottes de Daji
 
 
Les plus grandes et les plus belles de la région. Situées dans les monts Zhijing, quarante-sept cavernes se succèdent sur 13 km dont 3,5 aux visiteurs. Un véritable musée du relief karstique parmi lequel "l'arbre de pluie d'argent », une magnifique stalagmite de 17 m de haut.
 
 
Le Yunnan
 

Sud-ouest de la Chine. Frontières avec la Birmanie, le Laos et le Vietnam.
Zone montagneuse qui comprend d'une part un vaste plateau divisé entre le Yunnan et le Guizhou (altitude moyenne 2000) et d'autre part les contreforts de l'Himalaya au nord-est (5 000 m).
4 fleuves : le Salween, le fleuve Rouge, le Canlangjiang (Mékong) et le Jinshajiang (Yangtsé).
Population : 33 millions d'hatbitants dont le tiers composé de divers minorités nationales..
Capitale : Kunning.
Deux villes importantes : Dongchuan et Wanding.
15 préfectures dont 8 préfectures autonomes.
Cultures : riz, blé, maïs, thé, tabac, coton, sucre.
Peu industralisé.

De tout temps carrefour culturel et commercial important, la région du Yunnan regroupa divers royaumes tributaires des empereurs chinois ou dirigés par des princes locaux suivant les époques. Les deux plus connus par leur importance, leur étendue, leur rayonnement culturel et leur volonté d'indépendance à l'égard de l'empire chinois, sont le royaume de Nanzhao entre le vide et le Xème siècle, fondé par des peuples Thaï qui émigrèrent vers le Siam et celui de Dali jusqu'au XIIIème siècle. Bien que la province ait déjà connu des peuplements Han au Ivème et XIIème' siècle, l'intégration administrative du Yunnan à l'empire ne se fera qu'assez tardivement, sous les Ming. Ses habitants ne manqueront pas d'ailleurs de se soulever à plusieurs reprises contre le pouvoir central, notamment sous les Qing.
En 1856 éclata une révolte qui, en s'étendant à la population musulmane, confirma son assise populaire dans la province. Elle tint tête au pouvoir mandchou jusqu'en 1873. En retour, une répression féroce décima plus de la moitié des habitants du Yunnan. Le Yunnan ne manqua pas de susciter la convoitise des puissances étrangères, d'autant qu'à la fin du XIXème siècle, l'Angleterre s'était installée en Birmanie et la France avait établi son protectorat sur le Vietam, après la guerre francochinoise de 1884. La France chercha par tous les moyens à établir une zone d'influence au Yunnan et obtint en 1898 le droit d'y construire la ligne de chemin de fer Hanoi-Hekou-Kunming, alors appelée Yunan fa.
A la fin du XIXème. siècle, les villes de Si Mao, Mengzi, Hekou et Kunming étaient ouvertes au commerce étranger. Jusqu'à la libération de décembre 1949, le Yunnan resta le fief des Seigneurs de la guerre qui manifestèrent à plusieurs reprises, notamment à la fin des années 1910, leur volonté d'autonomie à l'égard du pouvoir central.
 
Kunning
 
Capitale du Yunnan, situé au nord du lac Dianchi, à 1 894 m d'altitude.
Choisie comme capitale provinciale, Kunming fut entourée de remparts au début de la dynastie Ming. Isolée au fin fond de l'empire, elle resta jusqu'à la fin du XIXème siècle un centre régional pour le commerce et un noeud de communications important. Les activités de la ville s'accrurent avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer Hanoi-Kunming en 1910, mais ne prirent véritablement d'importance que pendant la Seconde Guerre mondiale, avec l'installation, à Chongqing, de la capitale de guerre.
Kunming était le terminus de la fameuse « route birmane », mais seule une infime partie de l'aide américaine parvenait aux nationalistes. En effet, les livraisons de matériel tombaient souvent entre les mains des Seigneurs de la guerre ou des brigands, lorsqu'elles n'étaient pas interceptées par les japonais, qui voulaient faire du Yunnan une base pour la conquête du Sud-Est asiatique.
En dépit de l'urbanisation moderne d'une partie de la ville, Kunming conserve de très nombreux quartiers pittoresques. Le cadre est admirable, et les environs de la ville offrent aux visiteurs l'occasion d'agréables promenades.
La ville se trouve comprise à l'intérieur d'un cercle de 4 km de diamètre délimité par le périphérique Huancheng lu. Elle est traversée par deux artères principales : Beijing lu (nord-sud) et Dongfeng lu (ouest-est). Le quartier commerçant se situe au nord et au sud de Jinbi lu, tandis que le quartier résidentiel (nord) où se trouve l'université du Yunnan s'étend autour du lac Cui. La ville se visite aisément à vélo. Il faut au moins deux jours pour découvrir la ville. Kunming est le point de départ et d'arrivée de tous les itinéraires dans le Yunnan, à moins que vous ne quittiez la province par le nord (Lijiang) ou par le sud (vers la Birmanie).
 
Les Xichan
 
 
Les monts s'étalent sur 10 km à l'ouest du lac. Le site est magnifique, les versants de la colline sont couverts de pins, théiers, bambous, pêchers, etc.
 
La porte du Dragon
 
La Longmen se trouve au sommet des Xishan. On a une vue exceptionnelle sur l'ensemble du lac Dianchi.
L'autel creusé dans la roche contient la statue de Kuixing, patron des lettrés. Il est flanqué du dieu de la littérature et de Guangong, dieu de la guerre et de la justice. Les heureux lauréats des concours officiels (donnant accès à la carrière mandarinale) laissaient des poèmes de remerciement, tandis que quelques infortunés se précipitaient du sommet de la porte du Dragon.
 
Le temple d'Or
 
Le Jindian est situé à 8 km au nord-est de Kunming, dans les collines Minfeng. Il est situé à l'intérieur du temple de la Grande Concorde (Taihegong) de culte taoïste, auquel on accède par quatre arches. Construit en 1671 par le prince Wu Shangui, fonctionnaire Ming rallié aux envahisseurs Qing, il est la réplique d'un temple plus ancien situé dans les monts sacrés Jizushan (ouest du Yunnan). Le temple est dédié à Zishi, dieu taoïste supposé vivre à l'extrémité nord de l'univers. Lensemble du temple, d'une masse de 300 t et d'une hauteur de 6,5 m, a été fondu dans le bronze et repose sur une terrasse de marbre de Dali. Un superbe camélia vieux de 600 ans attire tous les ans, en février, une foule venue admirer sa floraison : c'est un rite de Kunming.
 
L'étang du Dragon Noir
 
Le Heilongtan se trouve à 15 km au nord-ouest de Kunming. Le palais du Dragon noir, ancien temple taoïste d'époque Ming, a été transformé en maison de thé. A quelques minutes de marche de l'entrée se tient le jardin botanique et ses collections de camélias, pins du Yunnan, rhododendrons et azalées.
   
Le temple des Bambous Qiong
 
Le Qiongzhusi est situé à 10 km au nord-ouest du Kunming, au sommet de la colline Yuan.
La fondation de ce temple, l'un des premiers temples bouddhiques du Yunnan, remonte au royaume de Nanzhao (638). Sa construction est liée à une légende faisant référence à des apparitions furtives de moines dont les cannes se seraient transformées en bambous. Ce temple de l'école chan fut reconstruit à diverses reprises. Les bâtiments actuels datent du règne de Kubilai. La salle des Cinq Cents Luohan nous montre des bodhisattvas aux traits expressifs dans des positions différentes incarnant chacune une valeur du bouddhisme. Ces statues sont l'oeuvre d'un sculpteur de renom originaire du Sichuan, Li Guangxiu. Sur le mur est de la salle principale, on remarquera une stèle datée de 1314 : il s'agit d'un décret impérial en chinois et en mongol.
 
Shilin
 
A 80 km au sud-est de Kunming, dans le district de Lunan.
Shilin, la « forêt de pierre » que les Chinois considèrent comme le « plus grand spectacle du monde », est le résultat d'un curieux phénomène géologique survenu il y a 220 millions d'années. Sous l'effet de secousses sismiques, la mer se retira de cet endroit, laissant apparaître des montagnes de calcaire, soumises ensuite pendant des siècles à l'érosion, jusqu'à donner ces formes fantastiques.
Ce site, qui peut être comparé au Grand Canyon, est l'une des plus grandes attractions touristiques de Kunming. Chaque pinacle ou sommet renvoie à une légende du peuple Sani (sous-groupe de la minorité Yi) qui habite l'endroit. On raconte qu'un jeune Sani alla voler dans la grotte des dieux un talisman en forme de fouet pour rassembler les montagnes et construire une énorme digue capable de protéger la région contre les inondations. Mais
le talisman perdit son pouvoir avant que l'oeuvre ne soit achevée, arrêtant les montagnes dans leur course. Les dieux, furieux, infligèrent un terrible supplice au jeune homme et les fissures des montagnes seraient les traces des coups de fouet donnés au malheureux. Les Chinois aiment projeter leur imagination sur les formes naturelles et vous pourrez à votre tour vous amuser à reconnaître le paravent (shipingfeng), l'aile du phénix (fenghuangshuchi), la promenade de la mère et du fils (muzi jieyou) et la pointe du pied de l'éléphant (xiangjushi tai). Deux chemins vous conduisent au travers de ce dédale : le plus court se parcourt en deux heures et demie. Au nord du site, à proximité du lac, se trouve un village sani qui semble n'avoir rien perdu de son mode de vie et de son naturel malgré l'affluence des touristes. Au-delà de la limite sud, des sentiers conduisent à d'autres villages sani, rarement visités. Si vous vous trouvez là fin juillet-début août, vous pourrez peut-être assister à la fête des Torches (24 juin du calendrier lunaire) qui est l'occasion de courses de chevaux, combats de taureaux, danses... et le soir, un défilé de torches à l'intérieur de la forêt de pierre.
 
Dali
 
Dali fut la capitale du royaume de Nanzhao (VIIIème - IXème siècles), qui refusa de se soumettre à l'empire Tang, puis du royaume de Dali conquis par les armées de Kulibai Khan en 1253.
Sous la dynastie Song, Dali était déjà un grand fournisseur de chevaux appréciés des Chinois pour leur robustesse, en échange de soie, sel et argent. Le marché aux chevaux de Dali garde encore son importance aujourd'hui, en particulier lors de la foire du Troisième Mois (Sanyue jie) qui se tient depuis près de mille ans entre la fin avril et le début mai. Plus de 100 000 personnes s'y réunissent, pour les chevaux mais aussi pour les herbes médicinales que les Tibétains y apportent. Ce sont quatre jours de divertissements et de joutes où l'on vient admirer les prouesses des coursiers et de leurs cavaliers.
 
Les trois Pagodes
 
Les Santasi se trouvent à 4 km au nord-ouest de la ville (sortir par la porte nord, puis prendre à gauche). La plus haute (70 m) fut construite au milieu du IXème siècle ; les deux autres (42 m) 200 ans plus tard. Le temple Chongsheng a depuis longtemps disparu. paru. La vue panoramique sur le lac et les montagnes enneigées est typique de Dali.
 
La stèle de Nanzhao
 
 
La Nanzhao Dehua bei se situe à 7,5 km au sud de Dali, sur la route de Magnan (sur la droite). Elle fut découverte au XVIIIème siècle, sur le site de l'ancienne capitale Taihe (739-779). Sur la stèle, érigée par le roi Geluofeng en 766, des inscriptions évoquent, sur l'une des faces, le système politique de Nanzhao et les deux guerres avec l'empire Tang (742 et 756). Sur l'autre face est dressée la liste de tous les fonctionnaires en titre du royaume. Bien que la stèle ait été endommagée par les ans et que la population locale ait brisé des morceaux pour les moudre dans diverses potions médicinales..., elle reste un document historique de grande valeur.
 
Lijiang
 
La petite ville connut son heure de gloire comme principauté autonome au ville siècle, avant d'être intégrée au royaume de Nanzhao. Le XVIIème siècle fut une époque de « renaissance », principalement sous le règne du seigneur local, le « roi céleste Mu » (Mutianwang) qui prit le pouvoir en 1598. Grand poète, mais aussi excellent administrateur, il oeuvra toute sa vie comme gardien des frontières chinoises pour le compte des Ming. Fervent bouddhiste de la secte tibétaine, des « chapeaux rouges » (Karmapa), c'est à lui que l'on doit la construction des principaux temples de la région.
Les Naxi seraient les descendants de tribus nomades tibétaines, sédentarisées il y a plusieurs siècles dans la vallée de Lijiang. Leur religion, encore vivante, est un curieux mélange de bouddhisme tibétain, de chamanisme, de l'antique religion dongba (animiste) et du taoïsme chinois. Une des caractéristiques qui frappe immédiatement le visiteur est la prédominance des femmes dans la structure sociale : l'héritage se transmet par la fille cadette et ce sont les femmes qui « font les affaires » au marché et gèrent la maison. Les hommes s'adonnent à leur passion des chevaux, grande tradition de Lijiang. Tous les ans, début avril, se tient une foire aux chevaux et aux mules, souvenir des « grands jours » quand Lijiang était le terminus des caravanes tibétaines sur la route reliant la Chine à l'Inde.
 
Le temple du Sommet de Jade
 
Le Yufengsi se situe à 11 km au nord-ouest de Lijiang, au-dessus du village de Nguluko (en chinois : Xuecongsun). Décrit comme « le plus désolé et sordide des temples », par l'explorateur Joseph Rock, dont le nom est désormais attaché à la région, c'est en fait un temple charmant, dominant le superbe panorama de la vallée. L'unique lama résidant sur les lieux vous racontera ce qu'il a enduré pour sauver son trésor un superbe camélia (dans la cour du bâtiment le plus élevé) connu dans tout le Yunnan pour sa floraison fin février-début mars ! Malgré les destructions, ce temple dédié au dieu de la montagne et seigneur des monts Yulong (qui dressent leurs treize pics au dessus de Lijiang), possède encore quelques fresques tibétaines et de très beaux éléments sculptés sur les portes et fenêtres.
 
Le temple des Bienfaits universels
 
 
Le Pujisi est situé à 5 km au nord-ouest de Lijiang, près du village de Baisha. C'est ici, sous les symboles taoïstes, que les gardes rouges tinrent leurs tribunaux populaires. Le temple est aujourd'hui à l'abandon mais l'on peut y voir encore quelques tanka (peintures tibétaines).
 
Le temple de la Source du Dragon
 
 

Le Longquansi s'élève à l'ouest de Li jiang, près du village Wenmingcun. Le temple fut complètement dilapidé durant la Révolution culturelle. Le dieu de l'autel central est de la religion dongba. Quelques belles sculptures sur les portes et fenêtres présentent des motifs taoïstes, bouddhistes et animistes.
 
L'étang du Dragon Noir
 
L'étang du Dragon noir, à la sortie nord de Lijiang, reflète les monts Yulong, couverts de neige. On trouve, sur sa rive, quelques vieux édifices intéressants : la bibliothèque, qui est une des salles de l'ancienne lamaserie Fuguosi, déplacée sur le site actuel, en 1982. De même, Le pavillon des Cinq Phénix est tout ce qui reste de la plus grande lamaserie de Lijiang, construite au XVIIème' siècle. Ce bâtiment de trois étages, entièrement en bois, doit son nom aux angles recourbés des toits. Il a été transformé en un musée où l'on pourra admirer de belles collections de vêtements et d'objets naxi, des artefacts de la culture dongba et du bouddhisme tibétain. Un autre édifice est celui de l'Institut de recherche sur les dongba : une trentaine de dongba sont encore vivants et cinq d'entre eux collaborent aux travaux de l'institut. Le dongba était, chez les Naxi, le chamane dépositaire de la culture de l'ethnie.
 
La gorge du Saut du Tigre
 
La Hutiaoxia est une section de la rivière Jinshajiang - appelée ensuite Changjiang par les Chinois (Yangtsé pour nous) à partir du Sichuan -, longue d'une vingtaine de kilomètres, encaissée entre des montagnes de 3 000 m d'altitude. La partie la plus impressionnante se trouve entre Daju et Qiaotou : les gorges sont si étroites qu'un « tigre peut les franchir d'un saut ».
 
 
 
Les confins de la Chine
 
 
La Mandchourie
 

La Mandchourie première région industrielle, est depuis le déclin du tourisme politique, la dernière région touristique de Chine.
Trois provinces, Liaoning, Jilin et Heilongjiang, la composent qui furent à la Chine ce que le Far West fut aux Etats-Unis : terres de colonisation récente, elles sont aussi riches en matières premières que pauvres en monuments anciens.

Lorsque les Mandchous envahirent la Chine au XVIIème siècle pour fonder la dynastie Qing, ils découragèrent les colons chinois de venir s'installer sur leurs terres qui restèrent longtemps une vaste steppe en friche, où les empereurs Qing venaient pratiquer leur sport favori : la chasse. Au cours du xiX siècle, la Chine surpeuplée commença à déverser ses flots de colons dans toute l'Asie du Sud-Est, pour la région de Canton, et en Mandchourie pour les provinces du Nord. Mais ce sont les Russes qui, les premiers, au début de ce siècle, s'intéressèrent à l'industrialisation du nord-est de la Chine. Attirés par ses richesses naturelles, les japonais entrèrent en conflit avec eux dès 1905 et finirent par bouter les Russes hors de Chine pour ériger en 1933 le Mandchoukouo, un Etat nominalement indépendant mais dirigé en fait par les japonais, qui installèrent à sa tête Puyi, le dernier empereur Qing réfugié à Changchun.
En 1945, les Russes prirent leur revanche et chassèrent les japonais de Mandchourie. On peut encore voir à l'heure actuelle des monuments érigés à la gloire des héros soviétiques morts à cette époque, dans les trois capitales provinciales de Harbin, Changchun et Shenyang. Ces monuments célèbrent « l'amitié impérissable entre les peuples chinois et soviétique ». Ce n'est qu'en 1960 que toute présence russe disparaîtra totalement de la Mandchourie.
Ces colonisations successives ont donné aux villes du nord-est de la Chine un aspect occidental qu'on ne retrouve qu'à Shanghai. Les larges avenues sont bordées de grands bâtiments dont le charme désuet rappelle une banque londonienne ou le casino de Deauville. Les façades semblent malheureusement n'avoir pas été ravalées depuis 1949. La campagne aussi a un petit air occidental : on y cultive surtout du blé, dans des champs immenses qui s'étendent à perte de vue dans un paysage monotone. La densité de la population étant l'une des plus faibles du pays, les petits villages sont rares. Les maisonnettes en terre battue sont recouvertes d'un toit long en forme de tuile, qu'on ne retrouve pas ailleurs. On peut se faire une idée des capacités de production de la région du Nord Est en visitant l'exposition des réalisations industrielles du Liaoning, exposition permanente située dans un bâtiment de 33 000 m2 à Shenyang. Les hauts lieux de l'industrie lourde en Mandchourie sont Daqing, pour ses puits pétrolifères et Anshan, pour ses mines de charbon.
 
Le Liaoning
 
 
Province méridionale de la Mandchourie, berceau des Mandchous. La partie centrale de la province est occupée par la plaine dela Songliao. 60 % de la surface de la province est occupée par des montagnes. De vastes forêts en font l'une des rares provinces chinoises productrices de bois et de papier.
La capitale provinciale, Shenyang, connut la naissance de la dynastie des Qing, qui commença avec Huangtaiji, fils de Nurhachi, chef d'une tribu mandchoue. Aujourd'hui, sur une population de plus de 4 millions de Mandchous, plus de la moitié vivent à Shenyang.
La province est riche en ressources minérales de toutes sortes : d'importants dépôts de métaux ferreux et non ferreux ont facilité le développement de ce qu'on appelle la « Ruhr chinoise ». Les transports étant relativement bien développés au Liaoning, Shenyang sert de plaque tournante entre le nord de la Chine et les autres régions du pays. Les principales minorités qui vivent au Liaoning sont les Mandchous, les Xibo, les Hui, les Coréens et les Mongols, les Han étant évidemment en majorité. La population globale de la province est de 40 millions d'habitants.
 
Shenyang
 
 
Shenyang, capitale de la province du Liaoning, est la plus grande ville de Mandchourie. Située à 840 km au nord-est de Pékin, c'est un noeud ferroviaire important, carrefour entre Pékin et la Corée, la péninsule du Liaoning, la Mandchourie et la Sibérie orientale.
Shenyang, grand centre industriel producteur de locomotives, machines-outils, etc., possède également un arsenal : la ville est le siège d'une des plus importantes régions militaires du pays. Shenyang occupe en effet une situation stratégique : la section la plus sensible de la frontière sino-soviétique.
Shenyang est la seule grande ville de Mandchourie à s'enorgueillir de quelques sites historiques. C'est en effet le berceau de la dynastie mandchoue des Qing qui y établit sa première capitale en 1625. Une fois la capitale transférée à Pékin en 1644, Shenyang fut rebaptisée Feng dan, soit Moukden en mandchou.
Moukden tomba entre les mains des Japonais en 1931, fut reprise par les Russes en 1945 avant de passer sous la domination du Guomindang et, en novembre 1948, sous celle du PCC. Shenyang, qui a retrouvé son nom chinois, a aujourd'hui 4,5 millions d'habitants, dont 2,8 millions pour la ville proprement dite.
L'histoire de Shenyang est indissolublement liée à celle d'un peuple très particulier, les Mandchous, qui, après avoir dominé la Chine pendant 300 ans, s'est si bien identifié aux Chinois qu'il a pratiquement disparu. Avant d'envahir la Chine, les Mandchous avaient successivement choisi Xinbin, Liaoyang et Shenyang pour en faire leur capitale. A Xinbin, Nurhachi, le premier grand roi de ce qui était alors connu comme la tribu Jürchen, mit au point en 1615 le système des qi ou bannières, qui allait devenir la clé de voûte de l'armée puis de la noblesse Qing. Les Mandchous étaient divisés en huit bannières. Les bannières « entières » étaient, par ordre hiérarchique, la jaune, la blanche, la rouge et la bleue. Les bannières « bordées » étaient la jaune, la blanche et la rouge bordées de bleu, puis la bleue bordée de blanc. La bannière jaune regroupait les nobles les plus importants et, plus tard, la famille impériale. Au début, les troupes des huit bannières appartenaient aux ethnies mandchoue et mongole. Le nombre de Mongols augmentant, Huangtaiji, fils de Nurhachi, créa les huit bannières mongoles, puis en 1642, il ajouta les huit bannières dans son armée. Tous ceux qui appartenaient à ces corps constitués qu'étaient les bannières s'appelaient les Qiren, « hommes des bannières ». Sous la dynastie des Qing, les Qiren formèrent une classe privilégiée qui n'était astreinte à aucun travail. Si Nurhachi s'était donné tant de peine pour constituer une armée puissante et bien organisée c'était, dit-on, parce qu'il voulait venger la mémoire de son père et de son grand-père assassinés par les dirigeants de la dynastie des Ming. Il se donna le titre de Khan en 1622 et fonda le royaume des Jin postérieurs, avec pour capitale Dongjing (actuelle Liaoyang). En 1625, Nurhachi fut blessé en luttant contre le général Yuan Chonghuan des Ming. Il mourut en août de la même année. Son fils Huangtaiji prit sa succession et, en 1632, après avoir capturé les villes de Fushun et Shenyang, il déplaça sa capitale à Shenyang. Huangtaiji prit sept ans pour construire Shenjing (actuelle
Shenyang) et en faire une véritable place forte. C'est de Shenyang qu'il partit pour franchir la Grande Muraille et conquérir la Chine en 1644. Depuis quelques années, les Mandchous revendiquent à nouveau leur identité. A la chute de l'empire des Qing, en 1911, de violents sentiments anti-mandchous chez les Han poussèrent les Mandchous à cacher leurs origines et à se fondre dans la masse en adoptant des noms han. Le clan des Aisin Gioro, de la famille impériale, a adopté le nom de « Jin », le clan des Gaerjia celui de « Guan ». Les sentiments nationalistes, qui se sont à nouveau exprimés pendant la Révolution culturelle, n'ont pas contribué à faire sortir les Mandchous de leur anonymat. Ce n'est que depuis le début des années 80 que des efforts ont été entrepris in extremis pour sauver la langue, l'écriture et les coutumes des Mandchous, dont le nom signifie littéralement « les perles ».
 
Le Palais Impérial
Il fut, de 1625 à 1643, la résidence des empereurs Qing avant que ceux-ci ne conquièrent la Chine entière. Construit entre 1625 et 1637, le palais comporte trois ensembles de bâtiments qui rappellent, en plus petit, le Palais impérial de Pékin.
On entre par la porte de l'Est qui donne sur une allée, bordée par les pavillons des dix rois, menant jusqu'à la salle du trône. Ces pavillons abritent une belle collection d'armes des XVIIème et XVIIIème Dans les bâtiments centraux, on visite tout d'abord deux pavillons, rajoutés au XVIIIème siècle, où l'on peut voir exposés de magnifiques instruments traditionnels chinois, comme le sheng (orgue à bouche) ou le gin (cithare à sept cordes), du XVIIIème siècle.
La tour centrale servait de lieu de réception à l'empereur. Derrière elle se trouve la cour du centre : à gauche, les chambres des concubines où sont maintenant exposés des objets précieux en jade et en ivoire ; et à droite, la salle de lecture du fils de l'empereur, où est périodiquement exposée une collection de peintures qui présente d'admirables spécimens des plus grands peintres Ming et Qing. Au centre de la cour se trouve la salle des ancêtres. C'est là que les empereurs Qing se livraient à des sacrifices rituels inspirés du chamanisme pratiqué par les Mandchous. L'objet du sacrifice était un porc dans les oreilles duquel on versait du vin bouillant qui devait le tuer. Les cris que poussait alors le pauvre animal étaient censés attirer l'attention des ancêtres déifiés. On le dépeçait ensuite pour le faire cuire dans le vin avant de l'offrir devant l'autel des ancêtres. Dans le palais de l'Ouest se trouvent la salle de lecture et la chambre à coucher de l'empereur, joliment décorée de peintures exécutées par des ministres de la dynastie Qing.
 
Jinzhou
 
 
Jinzhou est connue dans l'histoire de Chine comme un terrain de bataille où de nombreuses armées se sont affrontées. De Jinzhou, on peut rayonner et visiter le district de Yixian, où se trouvent le monastère Fengguo et sept statues gigantesques de Bouddha, qui remontent à la dynastie des Tang. On y visitera aussi les grottes Wanfotang,
qui datent de la dynastie des Wei du Nord (499) et sont les plus anciennes que l'on puisse trouver si loin au nord de la Chine. On visitera ensuite le village de Beizhen, son temple et le mont Lüshan. Yixian et Beizhen se trouvent au Nord de Jinzhou et chaque excursion prend une journée entière. Au sud de Jinzhou, il faut voir la cité de Xingcheng qui fut édifiée sous les Ming. Cette cité est assez bien préservée. Xingcheng se trouve sur la mer de Bohai et offre de nombreuses curiosités
naturelles notamment un pont recouvert par la mer à marée haute et trois énormes rochers au sommet desquels ont été construits des pavillons. Des cars sont prévus pour toutes ces excursions.
 
Le Jilin
 
 
La province du Jilin se trouve directement au nord du Liaoning. 24 millions d'habitants. Le Jilin possède la plus longue fraction de la frontière sino-coréenne et de nombreuses minorités nationales coréennes y habitent.
 
Changchun
 
Capitale de la province du Jilin, elle a une population de 2,1 millions d'habitants. Son nom que l'on traduit par « éternel printemps » est justifié - tant qu'il ne neige pas ! - et s'explique par les superbes arbres qui bordent les avenues de la ville et la font ressembler à une vaste forêt.
Choisie en 1932 par les Japonais pour être la capitale du Mandchoukouo, l'agencement des rues et des immenses bâtiments administratifs témoigne de l'importance qu'elle connut à l'époque.
 
La réserve des monts Changbai
 
La chaîne des monts Changbai « éternellement blancs », se trouve à l'est de la province de Jilin et s'étend jusqu'en Corée du Nord. C'est sur ses flancs que se trouve la plus grande réserve naturelle (215 000 ha) de Chine. Le paysage le plus apprécié de la réserve est aux alentours du lac Tianchi. Ce lac apparaît à 2 194 m d'altitude et fait plus de 13 km de diamètre. Il occupe le fond d'un cratère volcanique de la chaîne des Changbaishan. Ces monts - Paek Tu San, en coréen - ont une importance mythique pour le peuple coréen qui les considère comme protecteurs du nord de la péninsule coréenne.
 
Le Heilongjiang
 
 
Le Heilongjiang se trouve tout au nord de l'ensemble des trois provinces qui composent la Mandchourie. C'est la plus vaste des trois, avec une surface de 469 000 km2 pour 35 millions d'habitants ; c'est donc une province à faible densité humaine. Sa longue frontière avec la Communauté des Etats indépendants (CEI) en a fait longtemps une province stratégique, fermée aux touristes étrangers.
La détente dans les relations sinorusses a permis la réouverture de certaines régions du Grand Nord chinois et on peut en profiter pour découvrir quelques beaux paysages de montagne et des lacs isolés.
La province est relativement bien équipée en voies ferrées mais le touriste ne doit pas s'y méprendre : circuler est aussi difficile qu'ailleurs en raison des nombreux changements de train nécessaires pour la traverser transversalement. Il faut aussi constater que les principales villes du Heilongjiang se distinguent par leur laideur et leur saleté. Les campagnes de propreté pour lutter contre les crachats n'y ont pas, jusqu'à présent, donné de résultats visibles !
 
Harbin

L'église Saint Sophie

 
Capitale du Heilongjiang, Harbin est une belle ville de près de 3 millions d'habitants. Comme les autres capitales du Nord-Est, sa conception a été très influencée par l'Occident et on ne s'y sent pas dépaysé. Les Chinois l'ont surnommée la « ville allemande ». En fait, elle évoque plutôt la Russie avec ses coupoles d'églises orthodoxes en forme de bulbes. Certaines de ces églises continuent à être fréquentées par des Chinois d'origine russe, parés de leurs vêtements traditionnels.
Harbin n'a commencé à se développer qu'à la fin du XIXème siècle, autour d'un carrefour ferroviaire construit par les Russes, et est longtemps restée une ville marquée par la présence russe. Au début du siècle, 100 000 résidents, en majorité des Russes blancs, s'y étaient établis avec leurs familles, installant leurs écoles, églises, clubs de poètes, de musiciens, etc. Ce qui était alors la plus grande ville russe en dehors de l'Union soviétique comptait vingtdeux églises orthodoxes et plusieurs synagogues. La plupart des Russes sont partis entre 1945 et 1960. Pendant la Révolution culturelle, la plus belle église orthodoxe de la ville, la cathédrale Nicolaevski, fut détruite, peintures et icônes firent brûlées et pillées par les gardes rouges. Aujourd'hui, il ne reste à Harbin que quarante résidents russes, éparpillés dans la ville.
 
Wudalianchi
   
 
Wudalianchi se trouve à 415 km au nord de Harbin ; son nom signifie « cinq lacs réunis ». C'est un endroit apprécié des Chinois pour la beauté des paysages et la qualité des eaux minérales, réputées guérir de nombreuses maladies gastriques, dermatologiques, cardiaques ou neurologiques. Ce gros bourg rural assez étendu est au centre d'une plaine parsemée de quatorze cônes volcaniques dont certains étaient encore en activité au XVIIIème siècle. Les coulées de lave qui s'en sont échappées ont obstrué en plusieurs endroits la rivière Baihe entraînant ainsi la formation des cinq lacs. Dans les environs, on effectue l'ascension du volcan Heilongshan ; il faut une bonne demi-heure pour atteindre le bord le plus élevé du cratère. Puis, en route vers un autre volcan, le Huashaoshan, on traverse d'importants champs de lave et on visite une grotte où la température est si basse que des sculptures et des palais de glace s'y conservent même l'été. La vocation thermale de Wudalianchi est donnée à voir par ses tronçons de route cimentée et bordée de fleurs, ses nombreux établissements de cure et ses deux sources. La source du nord est signalée par une porte monumentale et possède un pavillon dédié à la bonne santé. Le goût de l'eau minérale gazeuse tant recherchée des curistes n'est pas particulièrement agréable. Il évoque celui d'une eau ayant longtemps séjournée dans une tuyauterie entartrée !
PouOn est là dans la Mandchourie profonde. Nombreuses sont les maisons de pisé au toit de chaume. Les jardins familiaux sont clos par des palissades de rondins de bois ou des murets de pierres volcaniques. Le blé est cultivé en larges bandes dans la plaine environnante. Les poules, canards, cochons se promènent à leur aise le long des chemins. Ici, les gens ont la peau plus foncée ; ici, on est loin de Harbin et davantage encore de Pékin. La présence d'une mosquée et de quelques restaurants musulmans témoignent aussi de l'existence d'une petite communauté hui.
Le quartier le plus rural du bourg se trouve au pied de la montagne Yaoquanshan, à quinze minutes de l'hôtel. En sortant, il faut prendre à droite, puis au rond-point à droite et, au bout, continuer à droite vers la colline. Au sommet de cette colline apparaît un petit pavillon que l'on atteint par un escalier assez raide. Non loin de là, dans une clairière en contrebas à gauche, une vulgaire maison moderne tout en longueur fait office de temple. Elle se compose d'une salle à manger, de trois cellules et d'une pièce où sont exposées, sur un autel, trois statues dont celle d'Amitâbha. Lors de votre passage, les trois vieux prêtres qui méditent ici ne manqueront pas de vous inviter à partager leur repas frugal en échange d'une petite obole déposée dans une urne au pied de l'autel.
 
 
La Mongolie Intérieure
 
Par sa superficie, 1 118 000 km², la Mongolie est la troisième province de Chine après le Xinjiang et le Tibet. La région autonome de Mongolie intérieure est encore très mal connue des touristes occidentaux. Son climat continental aux hivers excessivement longs et rigoureux en interdit pratiquement l'accès plus de six mois de l'année. Patrie des Huns qui envahirent l'Europe et des redoutables cavaliers Xiongnu qui harcelèrent la Chine pendant des siècles, la Mongolie intérieure reste une région sauvage auxvastes étendues désertiques traversées de loin en loin par un troupeau de chevaux ou de chameaux.
Les Mongols proprement dits apparaissent à la fin du XIIème siècle avec Gengis Khan. Avant cette date, l'immensité des steppes de l'Ordos était occupée par des tribus turques et protomongoles. Au début du XIIème siècle, le redoutable Gengis Khan fit entrer les Mongols dans l'histoire en anéantissant successivement les Tatar, les Taicut, les Naiman et les Merkit, autant de tribus qui se disputaient le pouvoir dans la région. Il fonde en 1206 le premier Etat mongol. De là, Gengis Khan part « à la conquête du monde ». En 1209, Gengis Khan soumet le royaume des Turcs ouïghour à l'ouest, en 1212, les Kitan à l'est puis, au nord, les peuplades de Sibérie. C'est à partir de 1211 que Gengis Khan s'attaque à la Chine et parvient à Pékin (qui s'appelait alors Daxing). Avec son appétit effréné de conquêtes, Gengis Khan réussit, avant sa mort en 1227, à jeter les bases d'un empire colossal, à répandre la culture mongole et à l'enrichir des cultures des pays sédentaires qu'il soumettait. Cet empire s'étendait des rives du Pacifique à celles de la mer Caspienne ! Mais les quatre fils de Gengis Khan ne surent préserver ce bloc unifié et se partagèrent l'empire, dont ils continuèrent cependant à élargir les frontières, chacun pour soi.
En Chine, c'est le petit-fils de Gengis Khan, Kubilai, qui fonda la dynastie des Yuan en 1279. Il régna pendant trente-cinq ans et acheva la conquête du royaume des Song (qui s'étaient réfugiés au sud de la Chine) en 1277.
Pour la première fois, la Chine était entièrement sous domination étrangère. Les lettrés chinois voyaient cela d'un très mauvais oeil et les empereurs Yuan furent obligés de faire appel à des conseillers venus de Perse, du Tibet ou d'ailleurs. Peu à peu, la population se rebella et les Ming expulsèrent les Yuan en 1368.
Le règne des Mongols fut caractérisé par une ouverture exceptionnelle sur le monde : des étrangers (dont Marco Polo) vinrent en grand nombre en Chine et c'est de cette époque que datent les premières descriptions occidentales des Mongols et des Chinois. Du XIVème à la fin du XVIème siècle, les Mongols, renvoyés dans les steppes, tentent de retrouver une cohésion de leur nation divisée. Pendant cette période, les khans se tournent vers le lamaïsme tibétain de la secte Jaune pour appuyer leur pouvoir temporel. C'est ainsi que les khans et les religieux tibétains font cause commune et que le titre mongol de dalaï-lama est pour la première fois décerné vers 1580 au troisième successeur de Tsongkhapa, titre par lequel le chef de la secte jaune sera désormais connu. Les Han avaient réussi à chasser les Mongols de Chine mais ils ne les avaient pas soumis. Ce sont les Mandchous qui, partis des forêts orientales, fondèrent la dynastie des Qing en 1644 et soumirent la Mongolie. Ils surent se faire des Mongols des alliés puissants qui devaient intervenir pour faire régner l'ordre parmi les Han. Favorisant la religion lamaïste des Mongols car elle était alors la religion de la Cour, ils firent construire d'immenses lamaseries
dans la steppe mongole. Pendant la Révolution culturelle, nombreux sont les monastères qui furent détruits ou pillés et il ne faut pas espérer en voir grandchose à l'heure actuelle.
En 1911, la république fut proclamée en Chine et les tribus méridionales de Mongolie restèrent attachées à l'Etat chinois et formèrent la Mongolie intérieure alors que les tribus du Nord s'en détachèrent pour fonder plus tard la république populaire de Mongolie dont l'Union soviétique garantira « l'indépendance ». En 1935, les Japonais, qui avaient déjà envahi la Mandchourie, tentaient de s'imposer en Mongolie. Ils n'y parvinrent qu'à moitié et les Mongols sinisés se rallièrent en 1947 aux communistes sous la direction d'Ulanfu, qui reste aujourd' hui, bien qu'à la retraite, le plus haut dirigeant chinois d'origine non han. Dès lors la Mongolie intérieure devient une région autonome mais les immigrants chinois - ouvriers, agriculteurs, ou prisonniers condamnés à la rééducation par le travail - transforment progressivement la région en une province chinoise où les Mongols ne représentent plus que 10 % de la population.
La Mongolie intérieure est occupée en grande partie par un haut plateau d'une altitude moyenne de 1 000 m. Elle est séparée de la plaine de Mandchourie à l'est par les monts Daxingan et sa partie ouest constitue le plateau des Ordos, bordé au nord par la bouche du fleuve Jaune. C'est une région peu fertile, semi-désertique. La Mongolie est traversée d'est en ouest par le désert de Gobi. Gobi signifie en mongol « graviers et cailloux » mais le désert est également très sablonneux par endroits et, par suite des déforestations perpétrées depuis des siècles, le sable n'a cessé de gagner du terrain. Le désert de Gobi est en fait composé de trois déserts distincts : Ulan Bush, Tengger et Badain Jaran. A l'extrême ouest, au Xinjiang, le désert de Gobi rejoint celui du Taldamakan. De gros efforts sont faits dans le désert de Tengger pour lutter contre l'ensablement. On aperçoit du train un immense damier de paille fixé au sol pour retenir le sable et la végétation.
 
Huhehot
 
 
Huhehot (Huhehaote, en transcription chinoise) est la capitale administrative et politique de la région autonome de Mongolie intérieure. La ville proprement dite comprend 890 000 habitants ; la municipalité, 1,4 million. Son nom signifie «ville verte » en mongol, mais elle est maintenant devenue une ville industrielle dont l'activité principale est l'industrie de la laine.
 
La pagode Wutazhao
 
C'est le monument le mieux conservé de Huhehot. Il se trouve au sud de la ville et on y accède par le bus ri 1. La pagode, appelée aussi Wutasi, a été construite en 1738. Elle je compose d'une base en briques blanches surmontée d'un socle de 11,30 m sur 10 m orné de sculptures Qing représentant les animaux et les objets symboliques du bouddhisme. Sur ce socle ont été érigées cinq petites pagodes. Celle du centre est haute de 6 m, décorée de tuiles vernissées de couleur, et de niches abritant des statues de Bouddha. On remarquera, derrière la pagode, deux pierres gravées du xvIie siècle. La première représente les cycles de la vie humaine et la seconde une carte du ciel.
 
Le temple Dazhao
 
C'est le plus grand temple lamaiste de la ville. Sa construction commença en 1579 selon une architecture de style chinois. Au XVIIème siècle, le toit d'origine du temple principal fut remplacé par un toit de tuiles jaunes.
 
Le temple Xilituzhao
 
 
Situé non loin du temple Dazhao, sa construction remonte à la même époque, 1585. C'est dans ce temple que réside le grand lama, responsable religieux de la ville.
 
Le temple Usutzhao
 
 
Dans une tout autre direction, à 12 km au nord-ouest de Huhehot, à proximité du village d'Usut, on visite le temple Usutzhao. Il se compose de cinq grands bâtiments centraux dont la construction s'étala sous les dynasties Ming et Qing. Ce temple a la particularité d'être le seul de la région à avoir été construit par un architecte mongol. L'ensemble religieux allie subtilement les styles mongol, chinois et tibétain.
 
La lamaserie Meidai
 
 
Il y a 400 ans, la lamaserie fut construite sur le flanc sud des montagnes Daqing. Ce complexe religieux a une superficie de 4 ha.Le nom de cette lamaserie est une déformation de Maidali, le nom d'un lama, réincarnation du Bouddha, qui vient y prêcher en 1606.
 
La mausolée de Gengis Khan
 
A 50 km au sud-ouest de Baotou, dans la bannière Ejin Horo (préfecture Ih Ju meng). Il se compose de trois bâtiments reliés entre eux, chacun construit dans le style mongol. Dans le bâtiment central, se dresse la statue de Gengis Khan et sur l'autel sont déposées son épée et sa selle. Les bannières et les cornes de ses neuf généraux sont exposées dans le bâtiment de l'ouest. Des affaires personnelles de son quatrième fils et de l'épouse de ce dernier sont déposées dans celui de l'est. Des services à la mémoire de Gengis Khan ont lieu quatre fois par an dans le mausolée. Le plus solennel se déroule le 17ème jour de la 3ème lune.
 
 
Le Gansu
 

Province du nord-ouest de la Chine bordée à l'ouest par le Xinjiang et le Qinghai, au sud par le Sichuan, à l'est par le Shaanxi et le Ningxia, au nord par la République de Mongolie.
Superficie : 530 000 km².
Population : 23 millions d'habitants.
Capitale : Lanzhou.
Ressources : pétrole, nickel.

Le Gansu s'étend en forme de croissant sur 1 600 km d'est en ouest. La route de la soie qui reliait la Chine à l'Inde et au reste du monde traversait cet étroit corridor dont le contrôle a toujours été d'un intérêt primordial pour les Chinois. La Grande Muraille qui part de Shanhaiguan dans le Hebei se termine dans le Gansu à la passe de Jiayuguan où l'on peut encore voir un important dispositif militaire construit sous les Ming. La Grande Muraille marquait les limites de l'Empire, frontière entre le monde civilisé et le monde « barbare ». C'est par le Gansu que s'est opérée la pénétration du bouddhisme ; de nombreuses grottes témoignent de cet âge d'or des échanges avec l'Occident qui connut son apogée sous les Tang. Au XIIIème siècle, le célèbre marchand italien Marco Polo emprunta cette route pour pénétrer en Chine. La découverte des grottes de Dunhuang au début du siècle par deux explorateurs, le Français Pelliot et l'Anglais Stein, révolutionna le monde de la sinologie. Des peintures murales et des manuscrits d'une valeur inestimable furent à l'époque achetés à un moine qui les vendit à vil prix. D'autres grottes nous font découvrir la splendeur de cet art bouddhique : les grottes de Binglingsi dans le district de Yongjing près de Lanzhou, les grottes de Matisi à l'ouest dans les monts Qilian, les grottes de Tianshui à l'est. Des découvertes archéologiques récentes faites dans cette région ne cessent d'enrichir le patrimoine historique de cette vieille civilisation du fleuve Jaune. Le musée de Wuwei, à 270 km à l'ouest de Lanzhou, et le musée de Lanzhou figurent parmi les plus beaux musées de Chine et possèdent des pièces uniques. Cette région, au passé si prestigieux, est tombée dans l'oubli et est aujourd'hui l'une des provinces les plus pauvres de Chine. Elle compte 23 millions d'habitants dont 7,6 % de Hui, Ouïghour, Dongxiang. Le Gansu, au climat aride, est menacé depuis des siècles par l'érosion. Le désert ne cesse d'avancer et occupe actuellement un quart de la province. Tout au long de l'histoire, ,es dunes mouvantes ont enseveli villes et villages. Les tentatives de détournement des cours des rivières meurtrières sont restées sans succès. Depuis 1949, des travaux ont été réalisés pour exploiter les ressources hydrauliques abondantes comme en témoigne le barrage de Liujiaxia, qui est jusqu'à présent le plus puissant barrage du fleuve jaune. Lautre richesse du Gansu réside dans son sous-sol. Le plus grand centre d'exploitation du nickel se trouve dans la ville nouvelle de Jinchang construite en 1981 dans le corridor de Hexi : les réserves de nickel y sont les secondes du monde en importance. Les premiers champs pétroliferes chinois furent découverts dans le Gansu, à Yumen. Le sous-sol renferme également d'abondantes réserves non exploitées de métaux non ferreux.
 
Lanzhou
 
Capitale du Gansu. Sur les rives du fleuve jaune, à 1 500 m d'altitude.
Lanzhou, capitale du Gansu, était sous l'Empire une importante garnison sur la route de la soie. Sous les Han, elle fut connue sous le nom de "ville d'or".
De 200 000 habitants en 1949 la population de Lanzhou est passée à 2 millions d'habitants. La ville s'étire en longueur sur les rives du fleuve Jaune. Le développement industriel de Lanzhou débuta en 1949 par la construction d'un important réseau de voies ferrées autour de la ville. Dans les années 60, la raffinerie de pétrole de Lanzhou produisait plus que l'ensemble des autres raffineries du pays. factuelle usine d'équipement de forage était sous les Qing un atelier d'armes à feu et de sabres.
Tout en longueur, Lanzhou se trouve dans un corridor du fleuve jaune, entourée de collines dénudées. Sauf au printemps, à l'occasion des vents de sable, l'air y est très pollué par la présence de nombreuses industries, c'est pourquoi les promenades n'y sont guère agréables. La ville est divisée en plusieurs quartiers isolés les uns des autres. Dans le district le plus oriental, Chengquan qu, se trouvent la gare ferroviaire, le siège du gouvernement provincial, l'hôtel Lanzhou, la plupart des instituts d'études supérieures et le parc des Cinq Sources. Les quartiers commerçants se situent sur Dingxi lu et Tianshui lu et, dans la vieille ville, dans Zhongshan lu et Jiuquan lu. Le deuxième district, Qilihe qu, central, comprend l'hôtel de l'Amitié et le musée provincial. Le dernier district, Anning qu, est un quartier d'habitations ouvrières. Sur l'autre rive du fleuve jaune, face au district de Chengquan se trouve la pagode Blanche, symbole de la ville.
 
Les grottes du Binglingsi
 
La première étape est le barrage de Liujiaxia. Commencé en 1964, il fut mis en fonction en 1974. Le barrage est haut de 147 m ; le réservoir, d'une superficie de 130 km2, a une capacité de stockage de 5 700 millions de m3 d'eau. La production d'électricité est de 2,5 millions de kW. C'est le plus puissant des barrages du fleuve jaune. Le site fut ouvert au public en 1980. Situées à 35 km au sud-ouest de Yongjing, les grottes furent redécouvertes en 1952. C'est un ensemble de 183 grottes contenant 694 statues de pierre, 82 statues d'argile et 900 m2 de fresques. La plus vieille grotte, la grotte n° 169, date des Qin de l'Ouest (385431) ; elle contient un grand bouddha et deux bodhisattvas : Guanyin et Dashizhi. La grotte la plus impressionnante est la grotte n° 171 avec la grande figure du Bouddha Maitreya assis, sculptée dans la pierre ; la statue est haute de 27 m. Elle fut creusée sous les Tang. La grotte n° 8 est d'époque Sui, les grottes 64, 30 et 10 sont d'époque Tang. Le site de Binglingsi vous plonge dans un univers étonnant de pics déchiquetés par l'érosion.
 
Le Lapulengsi
 
 
Le monastère est accolé à la montagne Feng et fait face au mont Long. Entre les deux, coule la rivière Daxia que les Tibétains appellent « le bol aux trésors ». Adossées à la montagne et regardant le fleuve, toutes les lamaseries respectent cette configuration classique. Lapulengsi était autrefois le second centre intellectuel du lamaïsme après Lhassa, et le centre culturel et politique pour le Gansu, le Qinghai et le Sichuan. Le monastère couvre une superficie de 1 234 m2, avec 234 temples et bâtiments pouvant abriter 3 000 moines. Aujourd'hui plus de 300 lamas y résident dont quatre « Bouddhas vivants » (réincarnation du Bouddha) et le septième Jiamuyang (supérieur du monastère) qui est âgé de quarante-cinq ans. Le monastère compte six instituts, les zacang: philosophie (wensi), médecine tibétaine, astronomie, science des successions antérieures et postérieures. Elnstitut de philosophie, wensi xueyuan, est l'édifice central du Lapulengsi : il comprend trois salles. Lautre bâtiment central est la grande salle des Sutras, Dajingtang ; elle peut contenir 4 000 lamas. Toute cette partie centrale a brûlé en avril 1985, entraînant d'énormes dégâts. Lédifice le plus haut du Lapulengsi est le Shouxisi, temple de la Longévité et du Bonheur, qui semble avoir six étages alors qu'il n'en a que quatre ; il s'agit d'un trompe-l'oeil obtenu par des successions de constructions sur des plans différents. A l'intérieur, on peut voir une statue de Maitreya et dix-huit luohan. On remarquera une très belle pagode de bronze et des galeries de manikala (moulins à prière) qui courent autour des bâtiments sur 1,5 km. L'architecture de Lapulengsi révèle une stricte hiérarchie parmi les lamas. Les simples lamas habitent les résidences peintes en blanc et en noir qui se trouvent en bas de la lamaserie. Les « Bouddhas vivants » habitent en général les palais peints en rouge qui se trouvent en haut. L'architecture est dans l'ensemble tibétaine mais amalgame des éléments d'architecture chinoise et hui, comme la forme de certains toits à auvents, les fresques, les sculptures sur bois. Les tapis et les tentures, ainsi que la forme des fenêtres et
des portes, dénotent une musulmane.
La bibliothèque de Lapuleng contient encore plus de 65 000 brochures qui, mis à part les sutras et une encyclopédie de plus de 200 volumes, se rapportent à la langue et à la littérature tibétaine, à l'histoire du Tibet, à la médecine tibétaine, à la musique et aux beaux-arts.
 
Les grottes de Maijishan
 
Les grottes de Maijishan son 45 km au sud-est de Tians . Elles font partie des dix sanctuaires les plus célèbres de la route de la soie et méritent largement le détour. Le mot maiji signifie « gerbier de blé », ou « meule de paille» et maijishan, « montagnes en forme de meules de paille ». On a ainsi appelé ce massif à cause des formes très particulières de son relief érodé. Contrairement aux autres sanctuaires de la route de la soie, celui de Maijishan se trouve dans une région fertile et verdoyante. Les grottes, creusées directement dans la falaise, sont situées à plus de 40 m du sol. L'origine de ces grottes remonte à la fin des Qin de l'Est (384-417) et leur excavation s'est poursuivie durant plus d'un millénaire. Les grottes les plus anciennes furent détruites lors d'un tremblement de terre en 734. Il reste aujourd'hui cent quatre-vingtquatorze grottes et plus de mille statues d'argile qui retracent l'histoire de l'art bouddhique à travers les siècles. On peut se demander comment travaillaient les sculpteurs du ive siècle pour creuser des grottes situées loin du sol. En fait, la technique est simple et a été importée d'Inde : un immense échafaudage courait le long de la paroi, fiché dans la falaise par de gros madriers. Puis on construisait une plateforme à l'emplacement de la grotte qu'on évidait en commençant par le plafond. Le chef-d'oeuvre du sanctuaire de Maijishan est le pavillon des Sept Bouddhas qui se compose de sept grottes communicantes creusées au milieu du vie siècle. Sous ces grottes, à 55 m du pied de la falaise, se trouve un grand bouddha de 15 m de haut, datant des Sui (581-618).
 
Jiayugan
 
 
La passe de Jiayu (Jiayuguan) est le point de départ de la Grande Muraille sous les Ming. Jiayuguan est une ville moderne, de construction parfaitement symétrique, en forme de damier. En construisant cette ville nouvelle, on a découvert des tombes du plus haut intérêt. La section de la Grande Muraille que l'on voit à Jiayuguan date de 1372. Sous les Han, la Grande Muraille se prolongeait au-delà de Dunhuang. La muraille Ming marque donc un léger retrait par rapport à la muraille Han. En effet, la Grande Muraille a été construite et reconstruite au cours des dynasties, en fonction de l'étendue du territoire chinois de l'époque et des dangers que représentaient les « Barbares » aux frontières. La forteresse de Jiayuguan marque la limite du territoire chinois sous les Ming. C'est là que s'arrêtait le royaume. On est frappé par l'élégance de la forteresse dans le contexte désolé où elle se trouve : à l'ouest, au-delà de la muraille, ce ne sont que cailloux et désert. A l'est, la civilisation apparaît avec Jiuquan, ses 100 000 habitants et leurs multiples réalisations industrielles. On a découvert en 1972 huit tombes qui datent du iiI et du ive siècle de notre ère, à Dingjiazha. On a trouvé dans ces tombes des peintures murales d'une très grande finesse. Elles sont exposées dans le musée de Jiayuguan. On remarquera la similitude de style entre ces peintures et des peintures de la même époque à Dunhuang. La tombe la plus célèbre fut répertoriée sous le n° 5 ; c'est la tombe d'un haut fonctionnaire de la cour des Liang de l'Ouest (400-421). La tombe n° 6 est également ouverte au public. On y voit trois chambres mortuaires construites en forme de voûte de brique, entièrement décorées de peintures représentant la vie du riche fonctionnaire et de sa femme qui furent ensevelis là au IIIème siècle. On pense que les peintures ont été gardées intactes grâce à une lampe qui avait été laissée allumée dans la tombe lors des funérailles et qui a consommé tout l'oxygène.
 
Dunhuang
Le lac du Croissant de Lune
 
A l'extrémité ouest du corridor de Hexi, au pied des hauts plateaux de Mongolie au nord et de la chaîne des monts Qilian au sud. A l'est, le désert de Gobi, à l'ouest le désert de Taklamakan.
Centre religieux dès leIVème siècle, lieu de passage des pèlerins qui l'enrichissaient de leurs dons, Dunhuang devait naturellement devenir un centre artistique capital. Une inscription sur une stèle, datée de 698, relate qu'en 366 un moine pèlerin, Lo Cun, frappé par la vision de dix mille bouddhas dans les cieux, alla vivre en ermite dans la falaise et y aménagea un sanctuaire. Depuis le Vème siècle (quand la dynastie des Liao du Nord y agença les premières grottes peintes et sculptées), après une période de splendeur sous les Tang aux VIIème et VIIIème siècles, et jusqu'au règne des empereurs mongols, les Yuan, le complexe monastique allait être le reflet de l'évolution de l'art bouddhique en Chine, et aussi celui de la situation politique et économique de l'Empire. Sous les Ming, puis sous les Qing, malgré les restaurations massives, la veine artistique s'épuise : l'art de Dunhuang est mort.
Dunhuang, chef-lieu de district et important centre agricole, possède une industrie en voie de développement. La ville, située dans une vallée enchâssée entre les monts Mingsha et Sanwei, compte 12 000 habitants. La Dunhuang d'aujourd'hui fut fondée en 1725 mais on peut encore apercevoir les ruines de l'ancienne Dunhuang (à l'époque de sa splendeur sous les Tang), à l'ouest de la ville actuelle.
 
Les grottes de Mogao
 
Situées à 25 km au sud-ouest de Dunhuang, en plein désert, les grottes ne sont accessibles que par car ou voiture. Le trajet à vélo, à travers le désert, est à entreprendre à vos risques et périls.On ne peut pas visiter librement. Il faut se faire accompagner par un guide local qui dispose d'un trousseau de clés et ouvre les grottes au fur et à mesure de la visite. Par ailleurs, seules quarante grottes sont ouvertes au public par an. Ces quarante grottes varient tous les ans, donc pour les voir toutes, il faudrait revenir à Dunhuang chaque été pendant cinq ans... On accède aux grottes par une arche triomphale rutilante et dorée (pailou) de date récente, dont l'inscription est due au coup de pinceau du célèbre poète Guo Moruo. Un jardin où serpente une petite rivière mène à la falaise qui barre le paysage. Elle est creusée de trous qui sont les entrées de cent quatre-vingt-douze grottes dénombrées actuellement, disposées sans ordre apparent en deux, trois, cinq registres sur une longueur de 1 600 m. Ces grottes abritent plus de 45 km de fresques et des milliers de sculptures ! Accolés à la falaise au centre, quatre temples de bois charpentés, à toits superposés, ont été élevés vers le xie siècle ; un autre date des Qing. Des restaurations ont été entreprises de 1963 à 1966 alors que la falaise menaçait de s'écrouler. Les grottes les plus anciennes datent des Wei (368-580). Elles se situent dans l'ensemble au milieu de la partie sud de la falaise, à peu près à mi-hauteur et se répartissent sur une distance de quelque 200 m. La dimension des bouddhas est relativement grande et l'influence indienne est très forte. Les peintures murales des Bei Wei sont étonnamment modernes, stylisées au point d'en devenir abstraites (grotte ri 249). Sous les Xi Wei, le coup de pinceau s'affine, les traits des personnages ressortent plus nettement. Les grottes de la dynastie des Sui sont situées au nord des grottes Wei, et s'étalent sur une longueur d'environ 400 m. Les statues des Bouddhas font de 4 à 5 m de haut et l'influence de l'Asie centrale est déjà en régression. Les motifs ornementaux de la peinture Sui sont d'une richesse étonnante : pas un centimètre de plafond ou de robe de bouddha n'est laissé vierge. Partout on admire de grandes fleurs de lotus aux pétales géométriques, des animaux stylisés se poursuivant sur un cercle, des nuages aux volutes régulières. C'est sous la dynastie des Tang (618906) que Dunhuang connut son apogée artistique. Grâce à la sécheresse du climat, les peintures aux couleurs chatoyantes ont gardé toute leur fraîcheur (grotte n° 328). Les statues sont é ement colorées et l'expression des visages, les positions des mains et les mouvements des robes contribuent à donner l'impression que l'on se trouve devant des personnages bien vivants. Les motifs décoratifs sous les Tang sont beaucoup plus marqués par les influences étrangères (Perse et Inde centrale) que ceux des Wei et des Sui (grotte n° 158). Le caractère géométrique des motifs Sui fait place à des motifs floraux et des volutes végétales qui s'enroulent autour des peintures. La forme des grottes, la couleur bleue qui domine par endroit et la lumière indirecte ne sont pas sans rappeler les mosquées d'Ispahan. De 907 à 1206 (époque des Cinq Dynasties et des Song), l'art de Dunhuang périclite. Les expressions se figent et si les sculptures sont gigantesques, elles manquent de coeur et de génie. Il faut tout de même relever l'extraordinaire peinture du Wutaishan au Shaanxi qui date des Song du Nord, dans la grotte n° 61.
Sous les Yuan, les peintures murales sont intéressantes mais les sculptures décevantes. Mais Dunhuang aura tout de même connu dix siècles de réussite en architecture, en sculpture et en peinture.
 
 
Le Qinghai
 

Province du nord-ouest de la Chine bordée au sud par le Tibet, le Sichuan, à l'est par le Gansu et au nord par la Xinjiang.
Superficie : 721 000 km².
Population : 4,4 millions d'habitants.
Capitale : Xining.
Climat désertique.
Ressources : l'élevage de yaks et de chèvres.
Minorités nationales : Tibétains, Mongols, Tu.

Qinghai signifie « mer bleue » et fait référence au lac Qinghai qui se trouve au nord-est de la province du même nom. C'est un haut plateau d'une altitude moyenne de 3 000 m avec des sommets de 5 000 m, situé entre le Tibet, le Xinjiang au nord et le Gansu à l'est. Les régions cultivées se trouvent entre le lac et le bassin du Xining et représentent une faible partie du territoire. Le nord-ouest du Qinghai, le bassin de Tsaidam, est couvert de marécages et de lacs salés. C'est une région désertique riche en ressources minérales ; c'est là que se trouvent les plus grosses réserves de potasse, de magnésium et d'amiante ainsi que de pétrole. Le sud du Qinghai est, à 3 500 m, séparé du Tibet par une chaîne de montagnes de 6 500 m où le fleuve Jaune prend sa source. La région, couverte de pâturages, est habitée par les Tibétains. Cette province quasi désertique est peuplée seulement de 4,4 millions d'habitants dont 57 % de Tibétains, de Hui, de Kazakh et de Mongols. Le Qinghai souffre d'une grave pénurie de moyens de communications qui freine sa mise en valeur. Seul un petit tronçon de chemin de fer relie Goldmud à Lanzhou via Xining et un seul aéroport à Xining assure une liaison hebdomadaire avec Pékin et Taiyuan. Le réseau routier reliant Xining au Tibet en passant par Goldmud et reliant Xining au Xinjiang est en très mauvais état, menacé en permanence par les pluies. L'économie repose surtout sur l'élevage : le cheptel local compte 22 millions de yaks et de chèvres dont la laine a une réputation mondiale. Des perspectives de développement agricole existent : les terres de loess sont riches et une irrigation à grande échelle, utilisant l'eau qui provient des monts Kunlun, permettrait la mise en valeur de ce désert. Le barrage de Longyangxia (le plus puissant du fleuve jaune), de construction récente, devrait alimenter en eau le Qinghai, le Gansu, le Ningxia et le Shanxi. Le Qinghai est aussi la « Sibérie chinoise » où sont installés les camps de travail. C'est là que furent envoyés les prisonniers des diverses campagnes politiques les droitiers de 1956, les gardes rouges de la Révolution culturelle, plus récemment les dissidents du Mur de la démocratie de 1979 et ceux de 1989. Les campagnes contre la criminalité envoient des contingents de jeunes délinquants, les liumang. Des camions conduisent les détenus dans ces régions désolées où les conditions climatiques sont difficiles. Parfois, des échos de mutineries se déroulant à l'intérieur des convois parviennent aux oreilles des étrangers. Tout cela est entouré d'un épais mystère et la simple évocation du Qinghai fait frémir les Chinois, qui n'ont guère envie, eux, d'aller y faire du tourisme ! Beaucoup de détenus, après avoir purgé leur peine, restent travailler dans ces camps comme « travailleurs libres », la perte de leur hukou (certificat de résidence qui assigne chaque Chinois à une résidence fixe) les bannissant à vie des villes. Un autre contingent de travailleurs fut fourni par les « jeunes instruits », envoyés dès les années 60. La directrice de 'l'hôtel Huangzhong est arrivée en tant que « jeune instruite » à Taersi en 1965 et y restera très probablement jusqu'à la retraite. Depuis 1980, les autorités font appel aux volontaires en faisant vibrer la fibre patriotique mais en offrant cette fois des salaires plus élevés, une perspective de carrière plus rapide et surtout la possibilité de partir au bout de quelques années.
 
Xining
 
 
A l'est de la province, à 2 300 m au dessus du niveau de la mer. Capitale de la province du Qinghai.
L'origine de la ville remonte à la dynastie Han ; il s'agissait alors d'une garnison militaire. Par la suite elle devint un important centre commercial sur la route de la soie. Ce n'est qu'au xvttie siècle que le Qinghai fut définitivement rattaché à l'Empire. Aujourd'hui Xining est surtout une étape pour les voyageurs en route pour le Tibet. Un jour de visite dans la ville vous permettra de voir la lamaserie de Taersi, un des hauts lieux de la secte Jaune, qui se trouve dans la banlieue de Xining. Visitez aussi la mosquée de Dongguan, l'une des plus grandes du nord-ouest de la Chine.
 
La mosquée Dongguan
 
La mosquée Dongguan ou Qingzhendasi est située dans Dongguan dajie. C'est la plus grande mosquée de Xining, ses origines remontent aux Ming, mais les bâtiments actuels datent de 1919. La grande salle de prières, dans laquelle il n'est malheureusement pas possible d'entrer, a une superficie de plus de 1 000 m2, trois mille personnes peuvent y tenir. Tous les vendredis, la grande prière rassemble à 13 h un millier de fidèles.
 
Le temple de la Montagne du Nord
 
 
Beishansi, le temple de la Montagne du Nord, est aussi appelé temple zen du Nord. Il se trouve au nord de la ville, accolé à la montagne Tulou, surplombant la rivière Huangshui. Lorigine du temple remonte aux Wei du Nord (386534). Lintérieur du temple est formé de dix-huit grottes à l'extérieur desquelles ont été construites des façades en bois. Les fresques datant des Wei et des Tang ainsi que les très beaux plafonds à caissons sont en assez mauvais état.
La pagode Ningshou, d'époque Ming, est derrière le temple au sommet de la montagne, recouverte de tuiles vertes ; elle a été construite en 1915.
 
Le monastère de Kumbum
 
 
Le Taersi (nom chinois) est l'une des six lamaseries importantes de la secte Jaune qui est la secte prédominante du lamaïsme (quatre sont au Tibet et une dans le Gansu). Il est situé à 25 km de Xining, dans le district de Huangzhong qui est aussi le lieu d'origine du fondateur de la secte Jaune, Tsongkhapa. Non loin de là, à 60 km, se trouve le village natal de l'actuel dalaïlama.
Taersi, qui signifie « la pagode qui précéda le temple », fut construit en 1560, mais le premier édifice fut une pagode que la mère de Tsongkhapa fit ériger en 1379 en l'honneur de son fils. A l'origine il ne s'agissait que d'un petit temple où vivaient sept lamas. Les empereurs Qing, convertis à la secte jaune du lamaïsme, en firent un monastère avec plus de 1 000 bâtiments où résidaient 2 000 moines. Aujourd'hui le temple ne compte plus que 600 moines mais il est resté un lieu de pèlerinage des Tibétains. Chaque année, surtout l'hiver au moment de la fête du Printemps, des milliers de pèlerins viennent rendre hommage au premier dalaï-lama, Tsongkhapa. Le voyage dure sept jours. Les pèlerins sont entassés à l'arrière des camions et on leur demande la bagatelle de 300 yuan par personne. Ces camions appartiennent évidemment aux lamas ! La fête la plus importante de l'année se tient au 15' jour du 1er mois lunaire à la fête des Lanternes. C'est à cette occasion que les sculptures sur beurre, qui font depuis des siècles la réputation de Taersi, sont exposées. Une autre fête se tient en plein été au 6' mois lunaire (juillet-âout), mais là, les fêtes perdent de leur caractère sacré et deviennent un spectacle pour touristes.
Traditionnellement, les lamaseries sont accolées à la montagne. A Taersi, les bâtiments sacrés et les résidences des lamas supérieurs sont tous situés à gauche de la rivière, tandis que les demeures des simples lamas se trouvent à droite ; elles sont peintes en blanc et sont d'architecture plus fruste, construites sans ordre, au fur et à mesure que s'accroissait le nombre des moines.
La petite salle au Toit d'or, Xiaojinwadian, se trouve derrière les huit pagodons de l'entrée. Dans la salle de la Protection de la loi, construite en 1692, on peut voir dans la cour, à l'intérieur des galeries, des fresques qui décrivent les supplices de l'Enfer. Au premier étage, des animaux empaillés témoignent de la nature animale de certaines divinités. La légende raconte qu'un cheval blanc aurait amené du Tibet jusque-là, en une journée, le 9ème dalaï-lama.
La salle de la Longévité, Changshoudian, appelée aussi temple des Fleurs (Huasi), se trouve presque en face de l'hôtel. A l'intérieur, se trouve la pierre de la Loi. La tradition veut que la mère de Tsongkhapa s'y soit reposée avec sa charge d'eau.
La grande salle des Sutras, Dajingdian, a été construite en 1612, 168 piliers la soutiennent. A l'intérieur, les statues de Tsongkhapa (reconnaissable à son bonnet) et de Çakyamuni occupent le centre. Sur les côtés, les sièges sont réservés au dalaï-lama et au panchenlama. On remarquera les photos de l'actuel et du précédent panchen-lama et l'absence de celle du dalaï-lama.
C'est là que se réunissent les lamas pour lire à haute voix les sutras. Derrière la grande salle des Sutras, se trouve la grande salle au Toit d'or, Da Jinwadian, qui est le haut lieu sacré du monastère. C'est là que les milliers de pèlerins viennent se prosterner pour rendre hommage au fondateur de la secte Jaune. Le bâtiment a trois étages dont deux sont recouverts de tuiles de bronze. Une pagode de 12 m, dont la construction fut ordonnée par la mère de Tsongkhapa, est l'objet de vénération. A l'intérieur, des fresques relatent l'histoire du bouddhisme. Dans le prolongement, on arrive à la salle de Wenshu (bodhisattva de la Sagesse) appelée aussi la salle des Neuf Chambres. Dans la cour se tient chaque année, au 6` mois lunaire, la fameuse « danse du diable ». A gauche de la salle, des galeries abritent les moulins à prières (manikala).
Le monastère abrite trois Zacang qui sont des sortes d'instituts où l'on enseigne la médecine tibétaine, la doctrine, l'astronomie... Ces Zacang sont sous l'autorité des « Bouddhas vivants ». Factuel « Bouddha vivant » de Taersi est âgé d'environ quarante ans. LInstitut de médecine, le Yiming jingyuan (Yiming signifiant « doctrine de la médecine »), se trouve à droite de la grande salle au Toit d'or ; on y accède par la grande salle des Sutras. L'institut de la roue du temps, Shilun jingyuan, est l'institut où l'on étudie l'astronomie, le calendrier et la divination.
LInstitut de philosophie, le Mizong jingyuan, où l'on étudie la « doctrine du pourquoi », équivalent de la logique.
 
 
Le Ningxia
 
Province du nord-ouest de la Chine.
Son nom exact est Ningxia huizu zizhiqu, région autonome de la minorité hui du Ningxia.
Elle est située dans le cours moyen du fleuve jaune.
Superficie : 66 000 km².
Population : 4,2 millions d'habitants.
La province se découpe en 3 régions, 16 districts, 1 bannière et 2 municipalités.
Du point de vue historique, on retrouve des traces de la présence Han sous la dynastie Qin, au IIIèmesiècle av. J.-C. Les troupes chinoises stationnant aux frontières de l'empire défrichèrent et mirent la région en valeur par la construction d'un immense réseau de canaux d'irrigation. De la fin du X' siècle au début du xiie siècle, la région vit s'établir le royaume Xixia, le royaume des Xia de l'Ouest, attaqué par Gengis Khan et renversé par ses descendants qui allaient contrôler toute la Chine. Ayant obtenu le statut de province en 1928, le Ningxia fut intégré au Gansu en 1954 puis obtint le statut de région autonome en 1958.
On distingue cinq zones géographiques distinctes : Le haut plateau du Ningxia, entre la chaîne des monts Helan et les plateaux de l'Ordoss, à environ 1 100 m d'altitude. C'est là que se concentre l'essentiel des terres arables de la province. La capitale, Yinchuan, se trouve au nord de ce plateau ; les plateaux de loess à l'est ; la région des monts Liuban, longue de 240 km, qui sépare les provinces du Ningxia, du Gansu et du Shaanxi ; le haut plateau de l'ouest, à environ 830 m d'altitude ; la chaîne des Helanshan, longue de plus de 200 km, à une altitude de plus de 2 000 m, à l'ouest de la province. Le climat est de type continental, avec de grands écarts de température, allant de -13 °C en moyenne en janvier, à + 26 °C en moyenne en juillet. Les hauts plateaux ne connaissent que 4 à 5 mois sans gel par an. Les précipitations sont rares, moins de 100 mm par an au nord, et environ 700 mm par an au sud. De plus, les vents de sable sont fréquents et violents. En deux mots, le Ningxia est une région pauvre, aux conditions de vie pénibles.
 
Yinchuan
 
 
Capitale du Ningxia, c'est une ville industrielle, construite de façon assez déroutante, avec de grands espaces encore occupés par des champs cultivés, entre les zones d'habitation. Elle est située entre les monts Helan (Helanshan) à l'ouest et le fleuve jaune à l'est.
 
La pagode du Nord
 
 
La première construction de la Beita remonterait au Vème siècle, -mais celle qu'on observe aujourd'hui date du XVIIème siècle. Haute de 54 m, elle est construite en brique et ses onze étages sont percés de trois ouvertures sur chacune de leurs faces.
 
La pagode de l'Ouest
 
 
Haute de 64 m, elle comprend treize p étages. Elle fut édifiée en 1820 à l'emplacement du temple bouddhique Chengtian, détruit par un tremblement de terre au XVIIIème siècle.
 
 
Le Xinjiang
 

Statut administratif : région autonome ouïghour du Xianjinag.
Superficie : 1 648 800 km²
La plus vaste province de Chine bordée au sud par le Tibet, le Qinghai et le Gansu.
Frontières communes avec le Kazakhstan, le Kirghistan et le Tadjikhistan.
Climat désertique.
Capitale : Urumqi.
Population : 15,3 millions d'habitants.
Ressources : pétrole, uranium, production fruitière.
Minorités nationales : Ouïghour, Kazakh, Hui, Kirghiz, Mongols, Ouzbek, Tadjik, Dawor, Xibo, Russes, Tartares.

Situé aux confins de deux puissants empires, le chinois et le russe, le Xinjiang a connu une histoire mouvementée, revendiqué par les uns ou les autres, indépendant parfois. Dès 91 ap. J.-C., la dynastie Han établit son contrôle sur le bassin du Tarim. Les Huns l'envahirent par la suite et ce n'est qu'au VIIème siècle, sous la dynastie des Tang, que la Chine parvint à y rétablir sa domination. La région était alors occupée par un peuple turc, les Ouïghour. A partir du VIII, siècle, l'islam s'introduisit au Xinjiang et, aidant la création de principautés turques indépendantes, rejeta les Chinois loin à l'est. Ce n'est qu'en 1757 que l'empereur Qianlong récupéra définitivement la région et la baptisa « nouvelles frontières », Xinjiang. L'implantation chinoise se faisait essentiellement à l'aide de garnisons militaires et de marchands venus par la route de la soie. Il y avait aussi des bannis (pour crime de droit commun ou crime politique) et quelques paysans. Mais les Chinois, très minoritaires, étaient mal tolérés par les populations locales. Les oasis se rebellèrent fréquemment et firent sécession avant d'être énergiquement reprises par les Chinois. En 1865, Yakub-beg, musulman, prend la tête d'un soulèvement, ce qui en fait en 1873 le maître du bassin du Tarim et des oasis au sud des Tianshan. En 1878, Zuo Zongtang, célèbre fonctionnaire qui venait d'en finir avec la rébellion des Taiping en Chine, réoccupe les territoires insurgés du Xinjiang et noie l'insurrection dans le sang de centaines de milliers de victimes. Au même moment, la Russie occupe la vallée de l'Ili et ce n'est qu'avec l'un des fameux Traités inégaux que la Chine parvient, en 1881, à récupérer une partie de ce territoire.
Après 1911 et la fondation de la République chinoise, le Xinjiang se retrouve sous la domination d'un Seigneur de la guerre, Jin Shuren. Il se fait rapidement haïr pour son despotisme et des révoltes éclatent, encouragées de façon souterraine par les Japonais, les Turcs, les Britanniques (via l'Inde) et les Soviétiques, successivement. Jin Shuren est remplacé en 1933 par Sheng Shicai. Sheng signe de nombreux accords avec l'URSS qui vont à l'encontre des intérêts de la Chine et le Xinjiang devient un quasiprotectorat soviétique. En 1949, l'Armé populaire de libération, avec l'aide de mouvements locaux dirigés en particulier par Saifudin (qui a été évincé du bureau politique en 1978), réintègre le Xinjiang dans la Chine. Depuis, la population Han ne cesse de croître, notamment au cours de la Révolution culturelle où de nombreux jeunes gardes rouges et intellectuels déchus furent envoyés dans cette lointaine province pour « renforcer les frontières ». Leur présence est plus ou moins bien tolérée et un certain nationalisme local reste vivace. En 1955, le Xinjiang devient une région autonome, ce qui lui donne théoriquement des droits plus importants que ceux d'une simple province. Mais, lorsqu'il fut question parmi les délégués locaux de créer un « Ouïghourstan », Pékin décida d'intervenir (1957) et dégrada des milliers de cadres. Aujourd'hui, les progrès économiques sont tels au Xinjiang qu'ils semblent garantir la stabilité politique. En effet, le sous-sol est riche en pétrole (bassin de Karamai) et en uranium (dans les Tianshan), et d'importants centres industriels, comme celui d'Urumqi, se développent rapidement.
A la campagne, le défrichement des terres et l'irrigation ont triplé en trente ans la surface des terres arables et permis la culture extensive mécanisée dans plusieurs régions. On cultive essentiellement du blé ; viennent ensuite le maïs, le riz et le coton. Mais c'est surtout pour sa production fruitière que le Xinjiang est célèbre : melons, prunes, raisins, pêches et abricots sont exportés dans toute la Chine.
La région autonome ouïghour est une des provinces les moins chinoises de Chine. Au coeur de l'Asie centrale, cette province du Turkestan oriental résonne déjà des rythmes que l'on retrouvera tout près, juste de l'autre côté de la frontière, à Tachkent, ou beaucoup plus loin à Istanbul. Sur les marchés, ce sont les effluves de l'Arabie, épices et poivrons mélangés, qui assaillent les narines. Les visages surtout frappent le touriste de passage : plutôt que des yeux bridés et des cheveux lisses comme on en recontre dans les rues de Pékin, ce sont des nez busqués, de belles boucles châtain et des barbes épaisses qui vous accueillent. Le Xinjiang compte aujourd'hui plus de 15 millions d'habitants dont 36 sont des Han. Les Ouïghour sont, à eux seuls, plus de 6 millions. Le reste de la population est composé de Kazakh, Hui, Kirghiz, Mongols, Ouzbek, Tadjik, Russes, etc.
Situé au nord-ouest de la Chine, le Xinjiang est la plus grande province du pays : avec ses 1 648 800 km', elle représente un sixième du territoire national. C'est plus que la superficie qu'occuperaient la France, l'Angleterre, l'Allemagne et l'Italie réunies. Terre de violents contrastes, elle réunit des montagnes vertigineuses et des déserts impitoyables. Il y fait terriblement froid en hiver et insupportablement chaud en été. Les monts Tian forment l'un des ensembles montagneux les plus importants du monde. Le désert du Taldamakan est l'un des plus arides de la planète.
Les Tianshan, dont l'altitude moyenne est de 4 000 m, divisent la province en deux : au sud, le bassin du Tarim, au nord, le bassin de la Dzoungarie. Le bassin du Tarim (500 000 km2) est encadré au nord par la chaîne des Tianshan (avec des pics allant jusqu'à 7 400 m), au sud par celle des Kunlun (pics de 7 700 m), et à l'ouest celle du Pamir (pics de 7 700 m), au sud-ouest enfin par le massif du Karakoram (pics de 8 600 m). Sa seule ouverture se trouve à l'est : le corridor du Gansu. Plus élevé à l'ouest qu'à l'est, ce bassin se trouve à une altitude moyenne de 1 100 m. C'est dans la partie orientale du bassin, non loin de la province du Gansu, que se trouve la base de Lop Nor, centre d'expérimentations spatiales et nucléaires de la Chine. C'est là qu'explosa en 1968 la première bombe chinoise. Tout le centre du bassin est occupé par le terrible désert du Taklamakan, vaste mer de dunes, dont le nom signifie en ouïghour : « une fois dedans, jamais dehors ». C'est le seul désert du monde où il fasse froid en hiver : la moyenne de janvier se situe entre -10 °C et -15 °C. Au pied des chaînes Kunlun et Pamir s'égrène un mince collier d'oasis, qui mettent à profit les torrents des montagnes avant que ceux-ci n'aillent s'évanouir dans le désert. 40 % de la population du bassin du Tarim est occupée à cultiver ces oasis.
Le bassin de la Dzoungarie est un peu moins élevé et un peu moins aride. Il couvre 380 000 km. Il a la forme d'un triangle dont la pointe serait au nord et la base au sud. Comme il est plus élevé au sud et à l'est qu'à l'ouest et au nord, avec une moyenne de 500 m d'altitude, toutes les rivières coulent d'est en ouest, à l'inverse des principaux fleuves chinois. Comme dans le bassin du Tarim, on retrouve au centre un désert, et des oasis au pied de la chaîne des Tianshan : Urumqi, Wusu, Turfan, etc.
 
Urumqi
 
 
Capitale de la région autonome ouïghour du Xinjiang.
Ville du monde la plus éloignée de toute mer, Urumqi, capitale provinciale du Xinjiang, se trouve à 3 270 km de Pékin. C'est une oasis protégée par une ceinture de verdure soigneusement entretenue. Les hivers y sont très rigoureux et les étés sont chauds et secs. Ville industrielle en pleine expansion, elle abrite aujourd'hui 1,1 million d'habitants. La majorité est composée à 75 % de colons Han. Les minorités sont représentées de la façon suivante : 125 000 Ouïghour, 100 000 Hui, 30 000 Kazakh. Ville de pionniers du Grand Ouest, Urumqi s'est développée de façon assez anarchique et de grandes avenues bordées d'arbres traversent des quartiers de masures en ruine alors que, vingt mètres plus loin, d'étroites ruelles serpentent entre dés immeubles de cinq ou six étages. Seule constante : la poussière, omniprésente.
Urumqi, dont le nom signifie en mongol « beau pâturage », n'a plus grand chose à voir avec son passé pastoral. C'est avant tout une ville industrielle dont on peut notamment visiter les usines textiles et les fabriques de tapis traditionnels, et où l'on peut acheter des pulls en cachemire. La ville est dominée par une pagode située au sommet d'une colline, Hongshan. Lislam étant la religion dominante au Xinjiang, ce sont les petits minarets des quelque cinquante mosquées de la ville qui frapperont le voyageur de passage.
 
Turfan
 
 

Prononcé en chinois "Tu-lu-fu". Oasis du désert de Gobi.
Fondée au Ier siècle av. J.-C., sur les ordres de Wudi, empereur des Han de l'Ouest, Turfan connut sa première implantation à une dizaine de kilomètres à l'ouest de la ville actuelle. Elle se nommait alors Yar, ou Kia-ho, soit Jiaohe en pinyin. Jiaohe était une petite commanderie en plein territoire Xiongnu, destinée à maintenir ces nomades hors des frontières de la Chine. De ce premier emplacement ne subsistent que des ruines, après une activité relativement importante qui dura sept siècles. A partir de 376, Jiaohe se trouva sous la domination du roi Fu Jian, assimilé aux Tibétains, qui prit la tête d'un vaste empire en Chine du Nord. Les Xiongnu reprirent le pouvoir en 439 et la région resta sous le contrôle de nomades turco-mongols jusque vers 640.
En 642, les Chinois tentèrent une deuxième implantation à une quarantaine de kilomètres plus à l'est, à Kotcho, soit Gaochang en pinyin. Les ruines de Gaochang sont en meilleur état que celles de Jiaohe. A partir de 744, Gaochang fit partie d'un royaume turc et subit une forte influence islamique jusqu'au XVIIIème siècle, alors que Jiaohe avait baigné dans la pensée bouddhique depuis le Ier siècle de notre ère.
La Turfan actuelle est le troisième emplacement de la ville.
De ce foisonnant passé historique oublié jusqu'au début du XXème siècle, des monuments et des manuscrits restés plus ou moins intacts grâce à la sécheresse du climat ont été découverts par de célèbres explorateurs dont les noms restent associés à la région. Le premier, un Russe, Albert Regel, a daté la ville de Gaochang en 1879. Puis un Hongrois, naturalisé anglais, sirAurel Stein, fouilla les tombes d'Astana et le monastère de Bezeklik en 1915 et emporta de nombreuses fresques arrachées aux grottes des Mille Bouddhas. En 1904, l'Allemand Albert von Le Coq découvrit des peintures abîmées par les paysans locaux qui prétextaient la peur des fantômes, et des bâtiments détruits pour cultiver la terre. De ses fouilles à Gaochang, il rapporta des centaines de caisses contenant des fragments de sculptures et des manuscrits. Dans le même temps, Paul Pelliot fouillait, entre autres, les grands sites de Dunhuang, de Kashgar, de Kuqa et d'Urumqi. Trois expéditions japonaises se succédèrent, entre 1902 et 1912, dans la région de Turfan. Les Américains n'arrivèrent qu'en 1923. On trouve le résultat de ces pillages successifs dans les grands musées de Berlin, Londres, New-Delhi, Paris (musée Guimet), Saint-Pétersbourg, Tokyo, Séoul, Kansas, etc., mais pas grand-chose à Turfan même, dont le musée mérite pourtant qu'on s'y arrête pour les découvertes effectuées ces dernières années dans les tombes de la région. Les objets qui y sont présentés ne sont qu'un pâle reflet des cultures qui ont influencé la région. En effet, des manuscrits permettent d'affirmer que des nestoriens étaient venus s'établir ici après avoir été bannis d'Occident à partir de 432. Fuyant les persécutions de la fin du Vème siècle, des manichéens arrivèrent et leurs idées furent diffusées du vie au x° siècle. Plusieurs bibliothèques manichéennes découvertes autour de Turfan témoignent d'une intense activité intellectuelle. De nombreux Turcs ouïghour s'étaient convertis. Par la suite, l'islam prit le relais du manichéisme. Toutefois, un grand nombre de pièces de monnaies d'argent de la Perse sassanide sont exposées, ainsi que des statuettes funéraires typiquement chinoises et quelques reliques bouddhiques.
Turfan, nom prestigieux qui évoque l'ancienne route de la soie, les chameaux épuisés par la chaleur du désert et le faste de l'oasis miraculeuse, verdoyante et ombragée. Il ne reste pas grand-chose de cette haute Antiquité de l'Asie centrale. Dans Turfan même, on chercherait en vain la trace d'une véritable architecture urbaine. Il reste encore une mosquée coiffée d'un dôme en tuiles de faïence verte. On admirera plutôt les petites maisons d'habitation construites toutes dans le même matériau : la brique de pisé (terre et paille finement hachées, mêlées à de l'eau), matériau qui défie le temps et le climat continental de la région. En été, la température approche de 50 °C et en hiver, elle tombe à -28 °C.
Cependant, une promenade dans les ruelles de la ville permet de découvrir le mode de vie très particulier des habitants de Turfan, et d'observer les rigoles au bord desquelles jouent les enfants et travaillent les femmes, les treilles sous lesquelles les vieux fument la pipe, les bazars... Seule la mosquée Imin, appelée aussi Sugongta, peut être visitée à pied à partir du Turfan binguan. Ce haut lieu de l'islam a été édifié en 1778 dans un style très dépouillé, avec un seul minaret de 44 m de haut, d'où l'on a une vue splendide sur l'oasis et le désert. Sans les karez, Turfan n'existerait pas. Ce système d'irrigation très particulier, qui existe depuis plus de deux mille ans en Chine, a été conçu en Perse. Il s'agit de puits et de canaux souterrains qui vont chercher l'eau au pied des montagnes qui bordent le désert. Chaque karez parcourt une distance de 3 km à 10 km, soit près de 3 000 km de canalisations souterraines pour la seule région de Turfan !

 
La chaîne de Tianshan
 
La chaîne des Tianshan, en chinois « montagnes du Ciel », formée par plusieurs séries de sommets orientés d'est en ouest, est coupée par des vallées et un large col au creux duquel se trouve la capitale provinciale, Urumqi. La vallée la plus, célèbre de cet ensemble est la vallée de l'Ili, à l'ouest, région la plus fertile du Xinjiang. Au sud-est de la chaîne se trouvent les deux dépressions de Turfan et de Hami. La dépression de Turfan atteint 154 m au-dessous du niveau de la mer. C'est le point le plus bas de Chine et le plus chaud en été, avec des températures dépassant 40 °C.
 
Kashgar
 
 
Kashgar se dit en chinois "Ka-shi".
L'histoire de Kashgar, qui fut une importante halte sur la route de la soie, où commerçants et conquérants affluèrent, n'est plus qu'une ville tranquille au rythme lent. Pourtant, l'histoire de Kashgar, qui portait autrefois le nom de Shule, remonte au IIème siècle av. J.-C. La population de Shule était alors constituée d'une majorité d'Iraniens d'origine indo-européenne. Au Ier siècle de notre ère, la quiétude de ce petit Etat fut brisée par de féroces combats opposant Xiongnu et Han. Au IIème siècle, Shule passa officiellement sous la suzeraineté de la Chine. Le site de Shule est aujourd'hui recouvert par la banlieue sud de la ville et on ne peut plus rien en voir. Sous les Tang, la cité connut un nouvel essor. Bien que portant le même nom, elle se trouvait ailleurs, à 35 km à l'est de la ville actuelle. On y a mis au jour de nombreuses reliques archéologiques. Puis les ancêtres des Ouïghour, les Huihu, les Tibétains, des populations turques et mongoles se partagèrent l'actuel Xinjiang et une civilisation brillante s'y développa, influencée par l'islam et le bouddhisme. Sous les Yuan, ce qui était devenu la Kachgarie devint un Etat vassal de la Chine, un Etat presque complètement islamisé. Sous les Ming, l'influence de la Chine se fit de plus en plus lointaine et il fallut attendre la poigne des empereurs Qing, Kangxi et Qianlong, pour que le pouvoir chinois se réaffirme dans la région.
Au milieu du XIXème siècle, les grandes puissances s'intéressèrent activement à la Haute-Asie : les Anglais et les Russes établirent des consulats à Kashgar et, en 1860, le tsar obtint l'ouverture aux relations commerciales entre le Turkestan chinois et la Russie. En 1862, c'est la révolte des musulmans, dirigés par Yakub-beg ; Kashgar se trouva au coeur des déchirements que connut le Xinjiang et qui se ressentent aujourd'hui encore. Ce n'est, par exemple, qu'en 1983 que la région autonome du Xinjiang et les républiques soviétiques de Kirghizie et Kazakhstan ont rouvert des points de passage qui permettent la circulation des biens et des personnes. Lun de ces points, fermé depuis 1967, se trouve près de Yining, l'autre à 160 km de Kashgar. C'est dire si Kashgar est vraiment « au milieu des empires » !
Depuis 1991, les résidents de l'exURSS, les Pakistanais et les Indiens n'ont plus besoin de visa pour se rendre au Xinjiang. Dès l'ouverture des frontières, mille cinq cents Russes, Estoniens, Kazakh, etc., arrivaient chaque jour à Kashgar pour s'approvisionner en biens de consommation chinois de moindre coût, introuvables dans leurs pays respectifs. Kashgar sort progressivement de son isolement et l'on ressent nettement que l'on se
trouve ici à quelques centaines de kilomètres de Tachkent ou d'Alma-Ata... et à quelques milliers de kilomètres de Pékin.Ce qui fait la beauté de cette ville médiévale, c'est d'abord, dans chaque quartier, le nombre et la splendeur des mosquées. La plus grande est la mosquée d'Id Kar, construite en 1460, qui marque le centre de la ville. Sa porte monumentale est flanquée de deux tourelles de couleur ocre jaune, sans aucune décoration. Une dizaine de milliers de fidèles viennent y faire leurs prières, cinq fois par jour. Sur la grande place, devant la mosquée, sont installées les échoppes d'un bazar gigantesque. Il ressemble à tous les souks orientaux : des venelles encombrées de magasins à volets de bois où s'activent cordonniers, tailleurs, coiffeurs, forgerons, marchands de tapis, herboristes, etc. Chaque ruelle est spécialisée dans un corps de métier et la rue des couteaux, comme celle des chapeaux sont particulièrement renommées dans la province. Ce bazar, qui couvre une surface de 11 ha, abrite huit mille échoppes et reçoit quelque 400 000 visiteurs par jour, est censé être le plus grand d'Asie. Le plus beau monument de la ville est le mausolée d'Abakh Hodja, dont la coupole de faïence vert sombre reflète les rayons du soleil. Descendant, paraît-il, du prophète Allah, la famille Hodja, venant de Samarkand, s'installa à Kashgar au début du xvie siècle. Elle y instaura un Etat théocratique, dont Abakh Hodja fut, au XVIIème siècle, le grand consolidateur. C'est dans ce mausolée qu'on révère la mémoire de son arrière petite-fille, la concubine impériale Xiangfei, bien qu'elle soit en fait ensevelie à Pékin. On raconte que vers le milieu du XVIIIème siècle la belle Ouïghour fut emmenée à Pékin comme trophée de guerre pour servir de concubine à Qianlong mais que, nostalgique et humiliée dans son orgueil national, elle refusa les avances de l'empereur. Finalement la reine mère lui ordonna de se suicider devant elle, ce qu'elle fit en s'étranglant de ses propres mains.
Le mausolée comprend également la bibliothèque (vide) où enseignait Abakh Hodja ainsi qu'une belle mosquée à colonnes et chapiteaux de bois richement décorés.
Le spectacle de la rue, enfin, n'est pas, et de loin, ce qu'il y a de moins intéressant à observer à Kashgar. Les regards, les visages, les attitudes font davantage penser à des enluminures persanes qu'à la puissante Chine. Pour tenter de vous y retrouver dans le labyrinthe des minorités nationales, observez les couvre-chefs : l'homme ouïghour porte un bonnet carré et légèrement pointu, brodé en vert. Sa femme porte une calotte plus petite, avec des dessins de couleurs. La veuve ouïghour a droit à une calotte dorée posée sur un voile blanc. Les Kirghiz portent un bonnet pyramidal, avec un grand bord, blanc ou vert, surmonté d'une petite flamèche. Les Tadjik portent une coiffe ronde, plate comme une boîte à fromage. Les bergers qui vivent en altitude portent des bonnets en mouton retourné. On croise aussi des femmes couvertes d'un voile brun, à maille lâche. Aux environs de Kashgar, on visitera l'emplacement de l'ancienne Shule. Il ne reste malheureusement pratiquement rien de visible et c'est plutôt l'occasion de voir la campagne et ses habitants. Dans le désert, au nord et à proximité de l'aéroport se trouvent les ruines des grottes bouddhiques des Trois Immortels, Sanxiadong. Là aussi, il ne reste plus grand chose à voir, car la rivière a creusé son lit et les grottes, qui étaient autrefois au niveau du sol, se trouvent à plus de 20 m de hauteur.
 
Les grottes des Milles Bouddhas de Kizil
 
Ces grottes se trouvent à quelques dizaines de kilomètres à l'intérieur du désert. Elles comprennent à peu près soixante-dix grottes bien préservées et les trésors qu'elles renferment méritent la peine qu'il faut se donner pour les découvrir. Les fresques qui les ornent couvrent une surface de près de 10 000 ml et sont conservées dans le même état de fraîcheur que les plus belles grottes de Dunhuang. Baicheng était autrefois situé dans l'antique royaume de Guizi. Ce royaume entretenait des relations diplomatiques avec la Chine sous les Han et également sous les Tang. Traversée par la route de la soie, la région fut influencée très tôt par le bouddhisme et on pense que l'exécution des fresques de Kizil s'étendit sur plusieurs siècles à partir du iii' siècle de notre ère.
Les couleurs employées sont surtout le bleu vif, le vert, le blanc et le noir. Le sommet des grottes a été taillé en forme de dôme et les parois de ces dômes sont décorées par des fresques découpées en losanges. Chaque losange décrit une étape de la vie du Bouddha. Certains comprennent le portrait du mécène qui a fait décorer la grotte ou le mur en question. Les murs sont occupés par d'élégants ballets exécutés par les divinités volantes, les apsaras, danseuses et musiciennes. On peut aussi voir de nombreuses scènes de la vie quotidienne du temps du royaume de Guizi : des caravanes, des paysans et des chasseurs, ainsi que les costumes de l'époque. Ces fresques sont un témoignage du très haut degré de culture auquel étaient parvenus les artistes de cette région d'Asie centrale. A 13 km au nord-ouest de Kucha se trouvent les grottes bouddhiques de Kizil Kira.
 
Yining
 
 
Capitale de la préfecture autonome Kazakh de Ili.
A l'ouest d'Urumqi, sur la frontière entre la Chine et le Kazakhstan.
Ancien nom : Kuldja.
Les riches pâturages de la région de Yining, arrosés par la rivière Ili (qui prend sa source dans les Tianshan), ont attiré de nombreux envahisseurs au cours des siècles. Les Kazakh, descendants des nomades Wusun, sont arrivés là au début de notre ère. En 744, l'empire Tang annexa ces terres alors gouvernées par des khans turcs. Gengis Khan annexa à son tour le Yili en 1218. Puis l'empereur mongol Kubilai Khan y installa une garnison militaire, imité en cela, cinq siècles plus tard, par l'empereur mandchou des Qing, Qianlong, qui y fit déporter de nombreux condamnés chinois, ouïghour et autres, à partir de 1758. Les Russes occupèrent la région de 1871 à 1881, puis à partir de 1949, quand le Yili demanda la protection des Soviétiques pour maintenir l'indépendance de la république du Turkestan oriental. Tandis que Staline et Mao Zedong poursuivaient leurs négociations, les relations économiques privilégiées entre les Russes et les habitants de la région se poursuivirent jusqu'en 1960. La rupture sino-soviétique du début des années 60 conduisit, en 1962, à l'exode massif vers l'Union soviétique de quelque 60 000 Kazakh et Oùighour mécontents de la politique agraire du Grand Bond en avant. Avec l'ouverture actuelle des frontières, ces exilés commencent à revenir progressivement dans la région.
Avec le développement du tourisme entre Urumqi et Alma-Ata, Yining devient une étape intéressante pour les amateurs de ces villes frontières où l'on voit littéralement les grandes cultures se toucher et s'interpénétrer. La variété architecturale de Yining, déjà, témoigne autant de la présence russe que de la présence de l'islam ou de celle de la Chine. La plupart des grands édifices sont de style russe et on peut voir l'église, le cimetière et l'école russe (rouvert en 1985). Mais il y a aussi plus de cent mosquées, fréquentées par les Ouïghour et les Hui. La mosquée Ouïghour, sur Jiefang nanlu, et la mosquée du Shaanxi, sur Shengli jie, sont à voir. Elles sont toutes les deux de style chinois, comme la mosquée de Xi'an.
 
 
 
Tous les éléments de cette page proviennt des livres et des sites suivants :
 
En Chine, à Hong Kong et macao, Guides Visa, Hachette Guide Voyages, 1994
 
Chine, Guides Arthaud, Paris, 1993
 
 
 
 
 
 
 

 
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