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Jusqu’au Ve siècle apr. J.-C., l’histoire de l’Italie se confond avec celle de l’Empire romain. Le Moyen Âge
En 475 apr. J.-C., le dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, est placé sur le trône par son père Oreste, ancien secrétaire d’Attila. En 476, Odoacre, le chef des Hérules, peuple germanique, assassine Oreste et détrône Romulus Augustule. Il rétablit cependant l’unité de l’Empire en se plaçant sous l’autorité de Zénon, empereur d’Orient. Mais ce dernier prend ombrage de la puissance de son vassal. En 489, il envoie Théodoric, roi des Ostrogoths, envahir l’Italie, et Odoacre est tué en 493, après le siège de Ravenne (490-493). Maître du royaume autonome qu’il fonde, romain par sa citoyenneté et par sa culture, tout en étant roi des Ostrogoths et chef des armées barbares, Théodoric tente de créer un lien entre les Goths présents dans le Nord et une tradition qu’il préserve en maintenant les institutions, l’administration et le droit romains. Il se lance également dans une politique de conquêtes territoriales (en Provence) et demeure souverain d’Italie jusqu’à sa mort en 526. Les peuples goths adhèrent majoritairement à l’arianisme. Jusque-là tolérés, les chrétiens commencent à être persécutés. En 535, Justinien Ier, empereur romain d’Orient (voir Byzantin, Empire) profite de cette lutte religieuse et confie au général Bélisaire la mission de libérer l’Italie, et tout l’Occident, de la domination barbare afin de réunifier l’Empire. Une guerre féroce s’ensuit jusqu’en 553, date de l’écrasement des armées goths aux monts Lattari, près de Naples. L’Italie redevient une province de l’Empire de Byzance.
Cet intermède byzantin est de courte durée. Dès 568, le nord du pays tombe sous la coupe des Lombards. Cette invasion va avoir une énorme influence sur l’histoire de l’Italie. À la différence des Barbares arrivés dans l’Empire romain précédemment, les Lombards ne s’affirment en effet non pas comme des « fédérés » mais comme de véritables conquérants, ennemis de Byzance et de la culture romaine. Leur roi Alboïn fait de Pavie sa capitale (Longobardie) et lance une série de campagnes militaires. En quelques années, les Lombards prennent le contrôle de la péninsule, à l’exception des régions demeurant sous la domination de Byzance : l’exarchat de Ravenne, la pentapole adriatique au nord, les îles et le sud de la péninsule. Après la mort d’Alboïn en 572, les Lombards restent un moment sans souverain. Regroupés sous l’autorité de potentats régionaux, les duci, les Lombards, comme les Goths avant eux, se convertissent à l’arianisme. Ils sont en conflit permanent avec les Italiens restés fidèles à l’Église catholique. Cette atmosphère de guerre religieuse perdure jusqu’à la conversion officielle d’Aribert Ier (641-661) au catholicisme, puis prend un tour plus politique en raison de l’éloignement de Byzance, de la prise d’indépendance des duci et de la montée en puissance du pouvoir papal, en particulier grâce à Grégoire le Grand qui soutient la primauté ecclésiastique de Rome. Cependant, les querelles religieuses « byzantines » fragilisent l’exarchat de Ravenne. Les Lombards en profitent et leur roi Liutprand (712-744) envahit le duché de Rome pour venir en aide aux catholiques menacés par une rébellion iconoclaste. Aistolf son successeur (749-754) s’empare de Ravenne en 751. Deux ans plus tard, le pape Étienne II (752-757) réclame alors l’aide des Francs en la personne de Pépin le Bref. Ce dernier bat les Lombards (754 et 756), puis les contraint à restituer l’exarchat qu’il offre au Saint-Siège en 756, avec les régions de Rome et de Pérouse, le pentatole (Rimini, Pesaro, Fani, Sinigaglia, Ancône) et la Corse. Cette date marque le début du règne de Didier (756-774), successeur d’Aistolf, ainsi que la formation des États pontificaux qui occupent le centre du pays jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle. Mais Didier reprend l’offensive contre Rome. Le pape Adrien Ier (772-795) demande alors l’aide de Charlemagne, roi des Francs.
Charlemagne l’emporte sur Didier en 774, se nomme roi des Lombards et, le jour de Noël de l’an 800, à Rome, se fait sacrer empereur d’Occident par le pape Léon III. Cette initiative met fin aux dernières relations entre la papauté et Byzance. La coïncidence des deux événements — la naissance de la théocratie pontificale et la domination franque — inaugure une nouvelle phase de l’histoire de l’Italie. Si les souverains carolingiens, qui portent le titre de « patrice », sont les protecteurs de l’Église, celle-ci affirme de plus en plus son pouvoir temporel. Pépin, le fils de Charlemagne, est nommé roi d’Italie jusqu’à sa mort, en 810. Le pays subit alors davantage l’influence orientale que franque et les échanges avec l’Orient lui permettent d’évoluer plus rapidement que les autres nations d’Europe. Mais, au IXe siècle, d’autres conquérants déferlent : les Normands, et surtout les Sarrasins qui s’attaquent à la Sicile en 827, prennent Palerme en 831, remontent au nord et pillent Rome en 846. La Vénétie demeure indépendante sous le contrôle d’un doge. Entre-temps, après le partage de l’empire carolingien par le traité de Verdun, en 843, l’Italie est revenue à Lothaire Ier, petit-fils de Charlemagne, puis au fils de Lothaire, Louis II. Le pape Léon IV se place sous sa protection. Si Louis II enraye momentanément la progression des envahisseurs, son décès (875) et la crise de l’empire carolingien plongent de nouveau l’Italie dans les troubles. À Rome, le pouvoir pontifical est détenu par les nobles : marquis, ducs, princes qui se disputent la couronne tout en se révélant incapables de refouler les Sarrasins au sud ou les Hongrois au nord. Mais à la même époque, les Byzantins, malgré la perte de la Sicile, reprennent pied en Italie en chassant les Sarrasins de leurs bases péninsulaires (Bari).
En 962, le souverain le plus puissant de l’Occident, le roi de Germanie Otton Ier détrône le roi d’Italie Bérenger II (950-961) et se fait couronner empereur par le pape Jean XII. Celui-ci est ensuite déposé par l’empereur qui, dès cette date, nomme lui-même les souverains pontifes. Ces événements sont fondamentaux pour l’histoire des relations entre l’Italie et le monde germanique. En effet, jusqu’au milieu du XIe siècle, la collaboration des deux puissances assure la cohésion de l’édifice politique impérial. Mais l’essor économique des villes et les idées de réforme alimentées par les mouvements monastiques va rompre cet équilibre. Le pape Grégoire VII (1073-1085) revendique son autonomie et sape l’autorité impériale en refusant tout contrôle laïque sur l’Église. Il déclenche ainsi la querelle des Investitures entre l’empereur et le pape, différend qui n’est réglé qu’avec le concordat de Worms, négocié en 1122 sous le pape Calixte II (1119-1124). L’empereur germanique Henri V abandonne au collège des cardinaux le droit d’élire le pape. Dans le même temps, depuis l’expulsion des Sarrasins en Sicile (1091), l’Italie commence à se transformer sur le plan économique et à entrer dans une ère de prospérité avec le développement des activités du commerce, de la banque et de l’industrie, notamment textile. En 1499, le roi Louis
XII de France, successeur de Charles VIII, s’empare de nouveau de Milan
et du
royaume de Naples, mais il est
chassé en
1504. Le jeu des alliances européennes devient alors décisif
: en 1508, la ligue de Cambrais est constituée afin de contrer la
puissance de Venise ; puis, en 1511, la Sainte Ligue oppose à la
France, le pape Jules II, l’Aragon, Venise, la Suisse et l’Angleterre.
Lors de la
bataille de Ravenne, en 1512, Louis XII doit renoncer.
La rivalité entre Charles Quint et François Ier conduit de nouveau la France à intervenir en Italie. Soutenues successivement par Gênes, Florence et la république de Venise, les armées françaises, après quelques victoires (comme la bataille de Marignan en 1515), sont finalement battues à Pavie (1525) et François Ier est fait prisonnier. Par le traité de Cambrai (1529), le roi de France renonce à ses revendications sur le territoire italien. Malgré de nouveaux conflits dans les années 1540, Charles Quint demeure maître du jeu. L’extinction de la famille Sforza, à Milan, en 1535, lui offre le contrôle de ce duché, qu’il intègre dans le domaine des Habsbourg d’Espagne. Milan demeurera espagnole pendant presque deux siècles. Seuls Venise, qui amorce son déclin, et le duché de Savoie sauvegardent leur indépendance. En 1559, le traité du Cateau-Cambrésis met fin définitivement aux guerres d’Italie et consacre l’hégémonie espagnole sur la péninsule. Mais, au seuil du XVIIIe siècle, la présence espagnole pèse lourdement : lourde fiscalité, Contre-Réforme, Inquisition, épidémies, et misère entraînent des révoltes.
Cherchant à se débarrasser de la tutelle encombrante des grands seigneurs et des évêques, les villes se développent et gagnent en autonomie au XIe et au XIIe siècle. En effet, le renouveau du grand commerce et les croisades rendent les populations urbaines et les ports florissants. Nombre de cités décident de se former en communes, associations jurées de citoyens unis pour défendre les libertés de leur ville, gouvernées par un collège indépendant de consuls (petits nobles et négociants), en charge du pouvoir exécutif. Seule Venise conserve son aristocratie souveraine. Cette mutation politique affecte surtout le centre et le nord de l’Italie, où Pise inaugure le mouvement dès 1085. En revanche, le sud demeure sous l’autorité des Normands à partir du XIe siècle. En Sicile, les Arabes et les Sarrasins sont chassés par Robert Guiscard et son frère Roger Ier qui établissent le pouvoir normand. Le fils de Roger Ier, Roger II, se fait proclamer roi de Sicile en 1130, instaurant ainsi le royaume des Deux-Siciles. Or, l’empereur du Saint Empire, Frédéric Ier Barberousse (de la dynastie des Hohenstaufen), veut unifier le pays et convoite la Sicile, alliée du Saint-Siège qui s’oppose aux Germains. Mais le pape Alexandre III apporte son appui à l’alliance des villes au sein de la Ligue lombarde, formée en 1167, qui réussit à l’emporter sur Frédéric Ier, à la bataille de Legnano (1176). Ce dernier concède l’autonomie des cités du Nord au traité de Constance (1183), tout en les conservant sous sa suzeraineté. C’est son fils Henri VI qui parvient enfin à s’emparer du royaume normand grâce à son mariage avec Constance de Sicile en 1194. Mais Henri VI décède et son fils, Frédéric II, après un imbroglio de successions orchestré par le pape Innocent III, récupère la couronne et place sous son autorité l’Empire et l’Italie du Sud tout en faisant des promesses d’indépendance qu’il ne tiendra pas. Au contraire, poursuivant la politique de ses prédécesseurs, il tente, sans succès, d’unifier le pays en soumettant les villes, mais il se heurte sans cesse à l’hostilité du pape. En outre, l’opposition grandissante des communes du Nord se cristallise avec la formation, en 1226, de la seconde Ligue lombarde ; celle-ci est écrasée en 1237 par les troupes impériales. Les rivalités entre l’autorité pontificale et le pouvoir impérial perdurent et, en 1245, le pape Innocent IV dépose Frédéric II. Les villes sont elles-mêmes divisées entre partisans de l’Empire (les gibelins) et défenseurs du pouvoir papal en Italie (les guelfes). Pourtant, cette période se caractérise par une prospérité économique et par un dynamisme culturel : des cités comme Gênes, Florence ou Milan s’enrichissent. Mais les rivalités politiques entre guelfes et gibelins entraînent bientôt des conflits entre les marchands importants et ceux qui se livrent aux métiers secondaires, ces derniers réclamant de siéger dans les conseils. En fait, cet antagonisme provoque la suppression du collège de consuls au profit du podestat. Au fil du temps, du rôle de magistrat principal, ce podestat se transforme en véritable seigneur. Cette fonction, bientôt dévolue à la noblesse, devient héréditaire : les Scaliger à Vérone, les Este à Ferrare, les Malatesta à Rimini, les Visconti, puis les Sforza à Milan constituent de véritables seigneuries, parfois tyranniques. Le successeur de Frédéric II, Manfred, essaie d’étendre son influence, mais Charles d’Anjou, que le pape a appelé à l’aide, se charge d’empêcher cette mainmise du Saint Empire sur la péninsule en tuant Manfred (1266) et son allié gibelin Conradin (1268). Le Sud et la Sicile sont alors soumis à la maison d’Anjou française. Mais en 1282, lors de la révolte des Vêpres siciliennes, la Sicile se libère du joug angevin pour se placer sous l’autorité et la protection de la maison d’Aragon.
Du XIVe au XVe siècle, l’Italie connaît une prospérité économique
et culturelle sans précédent qui lui offre une place prédominante
en Europe. Humanisme et Renaissance naissent en terre d’Italie. La Toscane
devient l’un des centres majeurs de ce nouvel âge, porteuse d’artistes
comme le poète Dante Alighieri ou le peintre Giotto. Venise, Gênes
vivent alors leur apogée, leurs marchands sillonnent les routes
terrestres et maritimes d’Europe et d’Asie. Mais malgré cette
effervescence, le pays est en proie aux luttes des factions, des ligues,
des princes, aux accrochages entre villes, et la papauté perd
de son influence ambitieuse. Vers la fin du XVe siècle, l’Italie du Rinascimento est le théâtre d’une série d’interventions étrangères nées de l’antagonisme franco-espagnol. En 1494, le roi Charles VIII de France revendique la succession de la maison d’Anjou et décide de prendre Naples, c’est le début des guerres d’Italie. Soutenu par Ludovico Sforza, le duc de Milan, et par les Médicis, il envahit l’Italie, occupe Naples, puis signe un traité avec Florence qui oblige les Médicis à quitter la ville. Inquiétés par les succès français, l’Espagne, le pape, l’empereur, Venise et Milan s’allient contre lui, et Charles VIII doit fuir Naples et se retirer en France. Les temps modernes
En 1499, le roi Louis XII de France, successeur de Charles VIII, s’empare de nouveau de Milan et du royaume de Naples, mais il est chassé en 1504. Le jeu des alliances européennes devient alors décisif : en 1508, la ligue de Cambrais est constituée afin de contrer la puissance de Venise ; puis, en 1511, la Sainte Ligue oppose à la France, le pape Jules II, l’Aragon, Venise, la Suisse et l’Angleterre. Lors de la bataille de Ravenne, en 1512, Louis XII doit renoncer. La rivalité entre Charles Quint et François Ier conduit de nouveau la France à intervenir en Italie. Soutenues successivement par Gênes, Florence et la république de Venise, les armées françaises, après quelques victoires (comme la bataille de Marignan en 1515), sont finalement battues à Pavie (1525) et François Ier est fait prisonnier. Par le traité de Cambrai (1529), le roi de France renonce à ses revendications sur le territoire italien. Malgré de nouveaux conflits dans les années 1540, Charles Quint demeure maître du jeu. L’extinction de la famille Sforza, à Milan, en 1535, lui offre le contrôle de ce duché, qu’il intègre dans le domaine des Habsbourg d’Espagne. Milan demeurera espagnole pendant presque deux siècles. Seuls Venise, qui amorce son déclin, et le duché de Savoie sauvegardent leur indépendance. En 1559, le traité du Cateau-Cambrésis met fin définitivement aux guerres d’Italie et consacre l’hégémonie espagnole sur la péninsule. Mais, au seuil du XVIIIe siècle, la présence espagnole pèse lourdement : lourde fiscalité, Contre-Réforme, Inquisition, épidémies, et misère entraînent des révoltes.
Venise affaiblie, la papauté de plus en plus repliée sur ses domaines et Florence ne jouant plus de rôle majeur, la seule puissance italienne qui émerge alors est le duché de Savoie, qui prend Turin pour capitale, à partir de 1562. Le territoire italien est, au XVIIIe siècle, le théâtre des guerres européennes et, en particulier, de l’affrontement entre la dynastie des Habsbourg et les Bourbons d’Espagne. La Couronne espagnole perd ses possessions italiennes à l’issue de l’épuisante guerre de Succession d’Espagne. Ainsi, par la paix d’Utrecht (1713), le Milanais, Naples, la Sardaigne et Mantoue passent aux Habsbourg d’Autriche. De son côté, le duc Victor-Amédée II de Savoie reçoit la Sicile dont il devient roi et qu’il échange contre la Sardaigne, en 1720. L’Autriche est désormais la puissance dominante en Italie pendant près de soixante-dix ans. D’autres conflits opposent cependant les puissances européennes sur le sol d’Italie : entre 1733 et 1735, se déroule la guerre de Succession de Pologne, puis de 1740 à 1748, la guerre de Succession d’Autriche. Finalement, les Habsbourg dominent le Milanais et la Toscane, les Bourbons, le royaume des Deux-Siciles, Parme, Plaisance et Guastalla, tandis que Gênes et Modène sont sous protectorat français. La Révolution française fait des émules dans la péninsule ; elle conduit à l’invasion et au rattachement de la Savoie et du comté de Nice par la France. Dès 1793, Naples, la Sardaigne et d’autres petits États se joignent à la coalition contre les Français. En 1796, le général Bonaparte lance la première campagne d’Italie (voir Napoléoniennes, guerres). Ses brillantes victoires obligent les Autrichiens à se retirer et lui permettent d’imposer à Vienne, par le traité de Campoformio (1797), la création de républiques qui marquent la fin de l’Ancien Régime et de la féodalité. Ainsi, la République cisalpine, dont Milan est la capitale, voit le jour en Lombardie ; elle intègre la République cispadane. En octobre 1797, une République ligurienne est instituée dans la région de Gênes, tandis que les Français instaurent une République romaine à Rome, en février 1798, et qu’à Naples est établie la République parthénopéenne, en janvier 1799. Venise et ses territoires sont attribués aux Habsbourg d’Autriche. En 1800, Bonaparte, devenu Premier consul, organise une seconde campagne d’Italie afin de chasser les troupes austro-russes qui sont intervenues à partir de 1799. Il les bat à la bataille de Marengo, le 14 juin 1800, et la paix est signée à Lunéville en février 1801, l’Italie passant sous l’hégémonie française. Peu à peu, le territoire est intégré au système continental français ; en janvier 1802, la République italienne est proclamée et Napoléon Ier devient son président. Puis, en mai 1804, le premier Empire est instauré et, en mars 1805, l’Italie devient un royaume dont le roi est Napoléon Ier et le vice-roi, Eugène de Beauharnais. En fait, l’Italie est découpée en petits territoires répartis entre les proches de l’empereur. Ainsi, le royaume de Naples, d’abord offert en 1806 au frère de Napoléon, Joseph, revient à son beau-frère Joachim Murat en 1808, tandis que sa sœur, Élisa Bonaparte, règne à Lucques dès 1809. Après l’annexion du Piémont, de la Vénétie en 1805, des provinces illyriennes, ainsi que du Trentin en 1809, Rome est incorporée dans l’empire en 1810 et l’ancien royaume d’Étrurie devient le grand-duché de Toscane. Pourtant, l’emprise napoléonienne sur l’Italie ne survit pas à la chute du régime et au congrès de Vienne (1815) ; l’Autriche et les souverains déchus récupèrent leurs possessions. Le Risorgimento
À l’issue de ces années françaises, seuls trois États sont parvenus à rester indépendants, du moins théoriquement, tant l’influence de Vienne se fait sentir : les royaumes de Naples, de Piémont-Sardaigne et les États du Saint-Siège. Mais la Révolution française a montré à l’Italie la faiblesse des régimes du passé. La Restauration, conduite par l’Autriche de Metternich, trouve des adversaires chez les patriotes libéraux, bourgeois, militaires et tous ceux qui veulent voir « resurgir » la nation italienne, d’où son nom de Risorgimento. Malgré la répression des souverains autocrates et les constantes menaces d’une intervention militaire autrichienne, des révolutions éclatent dès 1821. Conduites par des sociétés secrètes, comme celle des Carbonari, qui recrutent aussi bien en Italie qu’en France, ces mouvements se multiplient.
La Révolution de juillet 1830, qui chasse définitivement les Bourbons du trône de France, a des répercussions jusqu’en Italie. En 1831, après la mort de Pie VIII, des insurrections éclatent dans les États pontificaux. Un congrès de députés issus de ces régions (sauf Rome et quelques villes situées dans la Marche d’Ancône) siège à Bologne, adopte une Constitution et se dote d’un gouvernement républicain. À la demande du pape Grégoire XVI, l’Autriche, désormais rodée dans son rôle de gendarme de l’Italie, envoie des troupes afin d’écraser le mouvement et place Bologne sous surveillance militaire. Lorsque le roi Félix de Sardaigne disparaît, en 1831, la couronne est offerte à Charles-Albert, prince de Savoie et du Piémont. Celui-ci, en 1821, pendant sa régence, a proposé d’accorder une Constitution à ses sujets. Croyant que ce nouveau roi restera attaché à ses idées libérales, Giuseppe Mazzini, un ardent patriote, membre des carbonari, le sollicite pour prendre la tête du sursaut révolutionnaire, mais le souverain décide de faire arrêter Mazzini. Malgré cet échec, les patriotes italiens continuent d’espérer en la monarchie sarde autour de laquelle l’unité italienne devra finalement se faire. Exilé à Marseille, en 1831, Mazzini fonde une nouvelle organisation Jeune Italie (en italien Giovine Italia) pour répandre ses idéaux nationalistes et républicains, et participer au vaste mouvement de libération et d’unification de l’Italie. Elle est à l’origine de plusieurs insurrections, comme celle de Savoie, qui sont autant d’échecs. D’autres partisans choisissent le courant néoguelfe de Vincenzo Gioberti qui propose de faire l’unité de l’Italie autour du pape. En 1846, les mouvements nationalistes et néoguelfes sont pris de court par l’élection du pape Pie IX, perçu comme un homme aux opinions libérales et nationalistes. En effet, il entreprend immédiatement un vaste programme de réformes dans ses États, qui le rend très populaire et qui tranche avec le conservatisme de ses prédécesseurs ; il amnistie les prisonniers et les exilés politiques, introduit la liberté de la presse, ouvre les plus hauts postes aux laïcs et crée une Assemblée consultative. Son exemple est suivi à Lucques, en Toscane et au Piémont. Cependant, au lieu d’apaiser le mouvement révolutionnaire, les réformes de 1846 et 1847 l’intensifient. En janvier 1848, les habitants de Palerme se révoltent et chassent les soldats de Ferdinand II, roi des Deux-Siciles ; celui-ci décide alors de concéder une Constitution à ses sujets. À la même époque, Léopold II, le grand-duc de Toscane, dote également son duché d’une nouvelle Constitution et à Turin, le roi Charles-Albert, conseillé par Camillo Benso, comte de Cavour, promet des réformes. Craignant une crise politique, le pape Pie IX consent, à son tour, à adopter une Constitution dans les États pontificaux.
Les révolutions de 1848 à Paris et à Vienne (entraînant la chute de Metternich) donnent le signal des soulèvements en Italie. Le 18 mars, à Milan, le peuple chasse les troupes autrichiennes. Le 22 mars, les Vénitiens proclament la république et leur guide, Daniele Manin, en devient le président. Les ducs de Parme, de Modène et le grand-duc de Toscane sont renversés. En Piémont, les nationalistes réclament une guerre de libération pour chasser les Autrichiens. Après avoir hésité, Charles-Albert mobilise son armée et entre en Lombardie où il est accueilli en libérateur. Mais les espoirs s’évanouissent à la fin du mois d’avril, lorsque le pape, effrayé par l’ampleur des soulèvements, refuse de se joindre au conflit. À la mi-mai, la révolution est moribonde à Naples et, le 24 juillet, les Piémontais sont écrasés par les Autrichiens à la bataille de Custozza. Selon les termes de l’armistice, le Piémont doit renoncer à la Lombardie.
Pie IX, après avoir refusé de soutenir la guerre d’indépendance, fuit la capitale en novembre 1848 et se réfugie en territoire napolitain. Une République romaine, proclamée le 9 février 1849, prononce sa déchéance et est présidée par le triumvirat Armellini, Saffi et Mazzini. En mars 1849, Charles-Albert, qui décide de reprendre les armes contre l’Autriche, est de nouveau battu à Novare. Il abdique alors en faveur de son fils, le jeune Victor-Emmanuel II. Cependant, la France, l’Autriche, l’Espagne et Naples, inquiètes de l’étendue de la contestation, interviennent pour renverser la République romaine. Malgré les efforts de Mazzini et le talent militaire de Giuseppe Garibaldi, les Autrichiens envahissent le nord de l’Italie, les Espagnols et les Napolitains le sud, tandis que les Français occupent Rome en juillet 1849, restaurant le régime pontifical. L’échec des tentatives populaires de 1848 est donc patent ; l’unité italienne est désormais entre les mains de la bourgeoisie libérale.
Le
royaume de Piémont-Sardaigne, indépendant depuis 1849, représente
l’espoir des patriotes italiens. Victor-Emmanuel II, demeuré fidèle à la
Constitution libérale de monarchie constitutionnelle promulguée
par son père, laisse rentrer dans son royaume les réfugiés
politiques. En 1849, Massimo D’Azeglio forme le premier gouvernement du Piémont
; en 1852, Cavour devient président du Conseil et ministre des Finances,
décidé à faire valoir les droits de son pays. Diplomate
lucide, il a deviné que l’unité italienne ne pourrait se faire
sans l’appui des grandes puissances. Il engage alors son pays dans la guerre
de Crimée, aux côtés de la Grande-Bretagne et
de la France. Dès le traité de Paris, en 1856, en soulevant la question italienne, Cavour peut réclamer l’application du principe des nationalités, avec le soutien de l’empereur des Français, Napoléon III. Puis, le 21 juillet 1858, lors de l’entrevue de Plombières, l’empereur et le président du Conseil ébauchent une alliance franco-sarde et un plan de partage de l’Italie. La guerre éclate en 1859, les deux alliés remportent les sanglantes batailles de Magenta (4 juin) et de Solférino (24 juin) qui contraignent les Autrichiens à quitter la Lombardie (voir Italie, campagne d'). Cependant, la crainte d’une intervention prussienne et les importantes pertes en hommes amènent Napoléon III à arrêter la campagne. Il signe même, sans en référer à Cavour, les préliminaires de paix de Villafranca avec François-Joseph, l’empereur d’Autriche-Hongrie. Le Piémont reçoit néanmoins la Lombardie. En 1860, l’unification est en marche. La Toscane, Parme et Modène renversent leurs souverains et plébiscitent leur annexion au Piémont-Sardaigne. En mars 1860, la France reçoit Nice et la Savoie en échange de son aide (traité de Turin). Au mois d’avril, Palerme se révolte contre François II, roi des Deux-Siciles, qui signe sa reddition à Gaète. En mai, Garibaldi reçoit le soutien officieux de Cavour et l’aide des Siciliens ; il lance depuis Gênes l’expédition des Mille. Aidé de 1 000 « Chemises rouges », il contrôle toute la Sicile et entre à Naples le 7 septembre. L’Ombrie et les Marches votent leur rattachement à l’Italie qui se forme ; le 5 novembre, le royaume de Naples fait de même. Rien ne s’oppose à ce que Victor-Emmanuel II soit désigné roi d’Italie. L’étau se resserre sur Rome et sur le pape, placé sous la protection des Français. (Voir aussi Unification italienne.) Le royaume d'Italie
Le royaume d’Italie
naît à Turin, le 17 mars 1861 ; Victor-Emmanuel
II est couronné le 27 avril, après un vote du Parlement.
Cependant, Rome et Venise n’en font pas partie. Garibaldi, mécontent
que Nice revienne à la France, se brouille avec Cavour au sujet
des États pontificaux. Il tente un coup de force sur Rome qui échoue
et les troupes royales l’arrêtent à l’Aspromonte, en août
1862. Cavour meurt en 1861 et ses successeurs renforcent le pouvoir du
Nord qui voit son opposition avec le Sud s’accroître.
La « droite historique », héritière des principes de Cavour, est défaite aux élections de 1876. La gauche, sous l’impulsion des mazziniens et des garibaldiens, arrive au pouvoir et mène une série de réformes, parmi lesquelles l’instauration de l’instruction primaire obligatoire (1879). À Victor-Emmanuel, décédé en janvier 1878, succède son fils, Humbert Ier qui commence à diriger le pays avec Agostino Depresis. C’est sous son règne que l’Italie se lance dans l’aventure coloniale. En 1885, le pays occupe une partie de l’Afrique orientale (territoires intégrés plus tard, en 1890, dans la colonie d’Érythrée) et établit un protectorat en Somalie. Puis, le président du Conseil, Francesco Crispi, décide de soumettre l’Éthiopie. Cependant, la sévère défaite des Italiens, infligée à Adoua, en 1896, par les troupes du négus Ménélik II, les oblige à reconnaître l’indépendance de l’Éthiopie. En Afrique du Nord, la Libye est définitivement conquise en 1913, après une guerre qui oppose les forces turques aux troupes italiennes. En Europe, l’Italie reste tournée vers les Empires centraux, en raison du différend colonial avec la France au sujet de la Tunisie, et signe, en 1882, la Triple-Alliance ou Triplice avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Dans un climat de conflits sociaux et de contestations grandissantes, Humbert Ier est tué lors d’un attentat anarchiste le 29 juillet 1900 ; Victor-Emmanuel III lui succède.
Giovanni Giolitti, plusieurs fois président du Conseil entre 1903 et 1914, entreprend la modernisation politique, sociale et économique du pays. Il est critiqué pour son ingérence dans le processus électoral et sa volonté de protectionnisme, mais les réformes entreprises sous son mandat fondent l’Italie moderne. Le repos hebdomadaire, la journée de huit heures, le droit de grève sont accordés aux travailleurs, le suffrage universel est institué en 1912. En outre, les catholiques cessent de s’opposer à la politique du gouvernement. Sur le plan économique, après une profonde récession et un clivage grandissant entre le Nord et le Sud, le début du XXe siècle se caractérise par une croissance due à la révolution industrielle, qui touche particulièrement le secteur des transports (l’entreprise Fiat est fondée à Turin en 1899). Les premières lois pour favoriser le développement du Mezzogiorno sont votées à cette époque. Pourtant l’essor industriel n’empêche pas la pauvreté, les conflits sociaux et les grèves. En matière de politique étrangère, si l’Italie reste dans la Triplice, renouvelée en 1902, elle se rapproche aussi de la France. La Grande Guerre Quand la Première Guerre mondiale éclate en juillet 1914, le libéral Antonio Salandra remplace Giolitti depuis le 29 mars. L’Italie fait jouer une clause de la Triple-Alliance et déclare sa neutralité le 27 juillet. Puis, sous la pression des nationalistes et de l’intervention personnelle du roi, le pays ratifie le traité secret de Londres (26 avril 1915) avec les puissances alliées. Sur la promesse de compensations mal définies, l’Italie entre en guerre un mois plus tard. L’armée italienne se bat essentiellement contre l’Autriche, sous la direction du généralissime Luigi Cadorna, peu regardant sur le sort de ses hommes. Le front se stabilise très vite sur l’Isonzo où les adversaires se livrent à des offensives stériles et coûteuses en vies humaines. Le pays s’épuise, le défaitisme gagne l’opinion. Le 24 octobre 1917, une violente offensive austro-allemande, à Caporetto (actuelle Slovénie), décapite la défense italienne. Les Italiens reculent, abandonnant Gorizia et le plateau de Karst pour reconstituer un front continu à l’abri du Piave. La situation est redressée avec l’aide de renforts français et britanniques. En 1918, les Italiens (avec le nouveau généralissime Armando Diaz) et leurs alliés passent même à l’attaque et remportent une victoire écrasante à Vittorio Veneto (24 octobre-4 novembre). L’armée italienne victorieuse occupe Udine, Trente et Trieste. Le 3 novembre 1918, le gouvernement austro-hongrois et les Alliés signent un armistice. L’Italie sort de la guerre épuisée : 650 000 morts, 1 million de blessés, une économie ruinée, désorganisée. Les traités de paix vont accroître la déception italienne. En effet, l’Italie a acquis Trente, Trieste, l’Istrie et le Haut-Adige, mais la Dalmatie et Fiume (actuelle Rijeka), terres irrédentes promises imprudemment à Londres en 1915, lui échappent (voir Irrédentisme). Après une tentative d’annexion de Fiume, organisée par Gabriele D’Annunzio, chef de file des nationalistes, en septembre 1919, l’Italie et le royaume de Yougoslavie signent le traité de Rapallo en novembre 1920 : Fiume est déclarée État libre et l’Italie renonce à ses prétentions territoriales sur la Dalmatie. La crise de l'après-guerre De 1918 à 1922, l’Italie est en proie à une crise grave. L’écroulement des Empires centraux, la révolution russe de 1917, la crise économique, aggravée par la « victoire mutilée » dénoncée par les nationalistes, poussent les Italiens vers les partis extrêmes. Les socialistes organisent des grèves et occupent des usines. Dans ce contexte, Benito Mussolini, qui a dû démissionner du Parti socialiste au début de la Grande Guerre pour une affaire de corruption, gravement blessé au combat en 1917, fonde, en mars 1919, les Faisceaux de combat italien, une organisation paramilitaire à l’origine du mouvement fasciste (voir Fascisme). Nationalistes et activistes d’extrême droite se regroupent autour de lui et affrontent socialistes et communistes ; le Parti national fasciste est créé en 1921. Rome, Bologne, Trieste, Gênes, Parme connaissent émeutes et combats de rue. Le rappel de Giolitti au pouvoir ne suffit pas à calmer les esprits. Il ne parvient pas à former de majorité parlementaire stable car les deux partis les plus puissants de l’échiquier politique, les socialistes et le nouveau Parti populaire catholique, lui refusent leur soutien. Il quitte le pouvoir et est remplacé par Ivanoè Bonomi, puis par Luigi Facta. Le mouvement fasciste continue de se développer, soutenu financièrement par les propriétaires terriens qui craignent de voir leurs terres confisquées par les paysans, par la grande industrie qui redoute une victoire communiste en Italie, et par les catholiques conservateurs qui ont peur que le socialisme, le communisme et l’athéisme ne balaient l’ordre religieux. Le 24 octobre 1922, Benito Mussolini, après avoir été élu au Parlement avec 24 autres fascistes, enhardi par l’appui de conservateurs et d’anciens militaires, réclame la direction du gouvernement pour son parti, menaçant d’employer la force. Le 28 octobre, les Chemises noires fascistes organisent la marche sur Rome. Le gouvernement veut résister, mais sans soutien, Facta démissionne. Le 30 octobre, Victor-Emmanuel III demande à Mussolini de former le nouveau gouvernement ; le 31 octobre, les fascistes entrent dans la capitale. L'Italie fasciste
Habilement, Mussolini dirige d’abord le pays en respectant les lois. Il se veut légaliste et légitimiste et forme, en 1923, un gouvernement de coalition (libéraux, nationalistes, catholiques), majoritaire aux élections de 1924. L’indignation soulevée par l’assassinat, le 10 juin, du député socialiste Giacomo Matteotti par des hommes de main de Mussolini, les squadristes, aurait pu renverser la situation, mais l’opposition ne saisit pas l’occasion. Peu à peu, Mussolini opère la « fascisation de l’État » sans rencontrer d’autre résistance que celle des socialistes et des communistes déjà laminés par la répression. Le Parlement se voit interdire l’initiative des lois, puis il est invité à autoriser le Duce (le « Guide », équivalent du « Führer » allemand) à gouverner par décret. La liberté de la presse est supprimée en 1926 et les partis d’opposition, interdits.
Le régime mis en place par Mussolini est une dictature antiparlementaire et antidémocratique. Les fascistes instaurent toute une série de mesures destinées à encadrer au maximum la société italienne. Dès janvier 1923, la Milice fasciste est instituée. La même année, le philosophe officiel du régime Giovanni Gentile, ministre de l’Instruction publique, réforme le système scolaire et universitaire en instituant des manuels uniques. Tout en promouvant une politique nataliste, l’État embrigade la jeunesse dans des organisations paramilitaires dès l’âge de quatre ans : les Fils de la louve, de quatre à huit ans, Balilla de huit à dix-huit ans. En 1927, la charte du Travail, qui regroupe les salariés dans des corporations, est censée régler l’antagonisme entre capital et travail. Le pouvoir législatif est détenu, en théorie, par
le Sénat et la Chambre des députés, mais surtout par
le Grand Conseil fasciste créé en 1923. Cette instance décisionnaire
suprême du parti reçoit pour mission d’opérer la sélection
des futurs députés et d’être consultée sur le
choix de l’héritier du trône et du successeur de Mussolini.
En 1939, la Chambre des députés est transformée en
Chambre des faisceaux et corporations. À partir de 1932, l’inscription au parti devient obligatoire pour les candidats à la fonction publique. En matière économique, l’État intervient de plus en plus dans la vie du pays, favorisant le protectionnisme. La création, après la crise de 1929, de l’IRI, l’Institut pour le renflouement des grandes entreprises, évite une aggravation de la récession économique. L’État réorganise les industries du fer et de l’acier, modernise les centrales hydroélectriques, favorise les industries d’armement et lance de grands travaux d’intérêt général, comme la bonification des plaines insalubres, la construction d’autoroutes, et toutes sortes de défis à relever par la nation : la « bataille de la lire », la « bataille du blé », etc.
La nomination en 1933 d’Adolf Hitler comme chancelier du Reich est accueillie avec prudence par la presse italienne soumise à la censure. Hitler, pour qui Mussolini est un exemple, exprime sa sympathie pour le Duce et son régime. Cependant, le rapprochement germano-italien n’est pas immédiat, freiné, entre autres, par la volonté hitlérienne de réaliser l’Anschluss (le rattachement forcé de l’Autriche), ce qui risque de menacer les provinces italiennes de langue allemande (Haut-Adige). Dans un premier temps, l’Italie se rapproche donc de la France et signe, en janvier 1935, les accords Laval-Mussolini, qui laissent les Italiens libres d’agir en Éthiopie ; puis en avril 1935, la France, le Royaume-Uni et l’Italie réunissent la conférence de Stresa et forment le « front de Stresa » afin de protester contre le réarmement et les violations répétées du traité de Versailles par l’Allemagne.
L’événement qui rapproche les deux dictatures est l’invasion de l’Éthiopie en 1935. Ce pays souverain est considéré comme faisant partie de la sphère d’influence italienne, en raison de la présence de Rome en Érythrée et en Somalie ; et l’Italie cherche la moindre occasion de l’intégrer à son empire colonial. La Grande-Bretagne, qui considère cette expansion comme une menace contre ses intérêts, s’oppose vigoureusement au projet de Mussolini ; la France, craignant toute modification par les armes de l’équilibre des nations, proteste également, mais sans conviction. Rien ne peut sérieusement contrecarrer Mussolini dans son désir d’expansion et dans sa volonté de renouer avec la grandeur de l’Empire romain. La guerre débute le 3 octobre 1935. Quatre jours plus tard, le Conseil de la Société des Nations (SDN) condamne l’Italie, coupable de violer le règlement de l’organisation internationale, et impose des sanctions économiques contre l’agresseur. Cependant, l’incapacité à faire appliquer ces sanctions favorise la victoire italienne. Après la prise d’Addis-Abeba, le 9 mai 1936, Mussolini annexe officiellement l’Éthiopie et proclame le roi Victor-Emmanuel III empereur d’Éthiopie. Un mois plus tard, le pays fait partie, avec l’Érythrée et la Somalie italienne, d’une colonie unique, l’Afrique-Orientale italienne. En octobre 1936, la reconnaissance par l’Allemagne de cette conquête ouvre la voie à une alliance étroite entre les deux nations.
L’année 1937 constitue un tournant. En septembre, après la visite de Mussolini en Allemagne, l’Italie annonce son adhésion au pacte Antikomintern signé par l’Allemagne et le Japon (en novembre 1936), puis, quitte bientôt la SDN. La création de l’Axe, par la signature de l’axe Rome-Berlin, est annoncée le 1er novembre et l’intervention de Mussolini dans la guerre d’Espagne suit immédiatement. La cause du franquisme ne peut qu’enthousiasmer le Duce. Les troupes fascistes participent aux batailles de Málaga et de Santander, sur le front de Guadalajara, avant d’être battues par les républicains espagnols en mars 1937. La première conséquence importante de la constitution de l’Axe est le refus de Mussolini d’aider l’Autriche, lorsque celle-ci se trouve envahie par l’armée allemande en mars 1938. En outre, les régimes dictatoriaux se ressemblent de plus en plus : les fascistes italiens s’alignent sur l’antisémitisme nazi et promulguent, en 1938, des lois raciales, excluant les Juifs de l’administration civile et militaire. La propagande s’intensifie et le culte de la personnalité envers le Duce prend des proportions importantes. Lors des négociations des accords de Munich, en 1938, et, plus tard, lors du démembrement de la Tchécoslovaquie, Mussolini apporte un soutien total aux exigences d’Hitler. Les deux dictateurs signent le pacte d’Acier, pacte d’assistance militaire, en mai 1939. Hitler ayant annexé la Bohême et la Moravie, Mussolini, pour ne pas être en reste, s’en prend à l’Albanie, en avril 1939. La Seconde Guerre mondiale
Dans un premier temps,
Mussolini hésite : nombre de militaires
estiment que l’Italie n’est pas prête à combattre, et le
Duce proclame « l’état de non-belligérance ».
La rapide victoire de l’Allemagne en Pologne et en France l’amène,
cependant, à inverser sa politique et à déclarer
la guerre à la France et au Royaume-Uni, le 10 juin 1940. Cette débâcle coûteuse en hommes est suivie de victoires britanniques en Méditerranée et en Libye. Le régime mussolinien en est profondément ébranlé. Le Duce doit réclamer l’aide d’Hitler et, aux yeux des nazis, l’Italie ne devra plus dès lors livrer qu’une « guerre subalterne » ; la dépendance à l’égard de l’Allemagne ne peut que s’accentuer. Dès 1941, les revers militaires s’accumulent. Le blocus naval britannique et les bombardements aériens entraînent le rationnement économique. Seule l’intervention allemande victorieuse dans les Balkans permet à l’Italie d’occuper la Grèce et la Yougoslavie. Enfin, Mussolini, sans que Hitler le lui demande, déclare la guerre à l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) le 22 juin 1941. Il y envoie ses meilleures troupes et son meilleur matériel qui sont emportés dans la tourmente de Stalingrad.
À la fin de l’année 1941, l’attaque japonaise sur Pearl Harbor bouleverse la donne mondiale. Désormais, les États-Unis rejoignent le Royaume-Uni et l’URSS, les deux puissances qui ont soutenu seules l’effort de guerre contre l’Axe. En Afrique du Nord, les gains temporaires italo-allemands sont anéantis, en 1942, par l’offensive britannique d’El-Alamein. Les forces de l’Axe sont partout contenues ou forcées de battre en retraite. Le rationnement, le bombardement massif des grands centres italiens (Turin, Gênes, Milan), le contrôle grandissant des Allemands sur la vie économique, la corruption et la brutalité inefficace des cadres du régime fasciste ont démoralisé la population civile. Le prestige politique du Duce décline rapidement. Lorsqu’en mai 1943 la Tunisie, dernière tête de pont de l’Axe en Afrique du Nord, tombe aux mains des Alliés, plus personne ne se leurre : l’Italie sera la prochaine cible.
En apprenant la
chute de l’île de Pantelleria, dont il a voulu
faire une nouvelle forteresse de Malte, Mussolini aurait déclaré : « On
frappe au portail. » Effectivement, le 10 juillet 1943, les Alliés
débarquent en Sicile. Sans aucun espoir de résistance possible,
la cour et le Grand Conseil fasciste décident d’agir. Dans la
nuit du 24 au 25 juillet 1943, au cours d’une séance dramatique,
Mussolini est mis en minorité. Le lendemain, le roi Victor-Emmanuel
III le fait arrêter puis déporter, tandis que le maréchal
Pietro Badoglio, le vainqueur de l’Éthiopie, forme un gouvernement
de transition. Immédiatement, il démantèle, sans
opposition, les institutions clés du fascisme et entre en contact
avec les Alliés.
En réponse à l’armistice, le IIIe Reich déclenche l’opération Alaric : en moins de quarante-huit heures, toute l’armée italienne (90 divisions) est désarmée et des milliers d’opposants au fascisme et au nazisme sont arrêtés. Le roi, Badoglio et des ministres se réfugient à Brindisi tandis qu’une course folle s’engage entre les Alliés et les Allemands. L’énorme force amphibie britannico-américaine, débarquée le 9 septembre sur les plages de Salerne, au sud de Naples, n’arrive pas à piéger les divisions allemandes qui lui font face. La VIIIe armée britannique remonte difficilement de la Calabre vers Naples qui s’est soulevée contre l’occupant nazi. Le front se stabilise de longs mois, au sud de Rome, obligeant les Alliés à engager de coûteuses offensives. S’ils réussissent à prendre pied sur la péninsule et à recueillir pratiquement tous les navires de guerres italiens de la base de La Spezia et des autres ports encore sous contrôle italien, les Alliés ne remportent qu’une demi-victoire. Afin de mieux contrôler le pays, les Allemands réactivent le mouvement fasciste. Mussolini, détenu au Gran Sasso, est libéré le 12 septembre 1943 par un commando parachutiste et mis à la tête d’une république fantoche, la République sociale italienne, fondée à Salò, dans le nord du pays, qui se distingue surtout par ses exactions à l’égard de la population et des résistants. Le Duce fait exécuter certains de ses anciens fidèles, dont son propre gendre, le comte Ciano.
Afin de respecter ses
engagements vis-à-vis des Alliés
et du peuple italien, le président du Conseil Badoglio déclare
la guerre à l’Allemagne le 13 octobre 1943. Mais l’Italie ne rentre
dans le camp allié qu’avec un statut de cobelligérant,
en raison de son lourd passé fasciste. Badoglio, qui, tout comme
Victor-Emmanuel, s’est compromis avec le régime fasciste, tente
d’élargir la base du gouvernement en y faisant entrer les dirigeants
des partis politiques dissous par Mussolini puis regroupés dans
un Comité de libération nationale. Mais, libéraux
et socialistes exigent l’abdication du roi. En novembre 1943, le Comité de
libération nationale refuse la confiance au gouvernement Badoglio
et réitère ses conditions préalables.
Au mois d’avril 1945, les dernières troupes allemandes sont écrasées en quelques semaines par l’action conjuguée des Alliés et des partisans italiens. Alors qu’ils cherchent à gagner la Suisse, cachés dans un convoi militaire allemand, Mussolini, sa maîtresse Clara Petacci et de hauts dignitaires fascistes sont capturés par des patriotes à Dongo, sur les rives du lac de Côme. Le 28 avril, le dictateur et ses compagnons sont abattus, leurs cadavres exposés en place publique à Milan. L’armistice entre les Alliés et les armées allemandes est signé à Caserte le 29 avril et la capitulation de toutes les troupes de l’Axe est effective le 2 mai 1945.
Le ministère Bonomi (représentant des seuls antifascistes du Midi) doit céder la place à un gouvernement présidé par le vice-commandant de la résistance en Haute-Italie, le professeur Ferruccio Parri assisté de 400 représentants choisis dans les partis antifascistes et les syndicats. La faillite de l’ancien État est totale, mais Parri réussit à amorcer la solution de la plupart des problèmes vitaux de l’Italie. Le 11 décembre 1945, le démocrate-chrétien Alcide De Gasperi est chargé de former un nouveau gouvernement. Malgré les troubles intermittents provoqués par les privations et les règlements de compte, les premières élections libres depuis 1921 se déroulent sans incident les 2 et 3 juin 1946. Pour la première fois, les femmes votent. Le scrutin est couplé avec un référendum institutionnel où 54,3 % des électeurs choisissent la république. Les résultats montrent la coupure profonde existant entre l’Italie du Nord, massivement républicaine, et le Mezzogiorno monarchiste. Entre-temps, le roi Victor-Emmanuel III a abdiqué le 9 mai au profit d’Humbert II qui se retire au Portugal le 13 juin. La reconstruction
Un ex-député de la période préfasciste, Enrico De Nicola, est nommé président provisoire de la République. Ainsi, le changement des institutions peut s’effectuer sans effusion de sang, malgré un climat de tension permanente et une économie ravagée par les pénuries, le chômage et l’inflation. Aux élections de la première Assemblée constituante, la Démocratie chrétienne (DC, l’ancien Parti populaire des années vingt rajeuni) remporte la majorité avec 207 sièges, devenant ainsi la première formation politique d’Italie, soutenue par l’Église catholique. Le Parti socialiste gagne 115 sièges, le Parti communiste, dirigé par Palmiro Togliatti, remporte 104 sièges. Le chef de la DC, Alcide De Gasperi, forme le nouveau gouvernement républicain de coalition, malgré de profonds désaccords avec les communistes. Pendant six ans, il gouverne dans un climat parfois très tendu, mais sans opposition véritable.
À la même époque, la déception italienne est aggravée par les premières décisions des Quatre Grands (France, Grande-Bretagne, États-Unis et URSS), lors de la conférence de paix de Paris, en juillet 1946. Les Alliés décident l’internationalisation de Trieste, la cession de territoires et le paiement de 400 millions de dollars de réparation à l’URSS, l’Albanie, la Grèce, la Yougoslavie et l’Éthiopie. De plus, le traité réduit l’armée italienne à 250 000 hommes. Le traité de Paris est signé le 10 février 1947, puis ratifié par l’Assemblée constituante italienne, sans l’appui des communistes ni des socialistes. Il entre en vigueur le 15 septembre : l’Italie perd ses colonies africaines, Zara, les îles du Dodécanaise. Fiume et l’Istrie sont cédées à la Yougoslavie, la zone de Trieste prend le statut de ville libre. Brigue, Tende et quelques parcelles des Alpes sont rattachées à la France. Les forces d’occupation alliées quittent le sol italien peu de temps après. Malgré l’opposition générale de l’opinion publique au traité de paix, les clauses territoriales sont appliquées. Les débuts de la guerre froide ne tardent pas à adoucir le sort des Italiens.
En mai 1947, les communistes et les socialistes sont écartés du gouvernement. Le coup de Prague fait éclater, comme dans toute l’Europe de l’Ouest, les partis de la gauche non communiste. Le Parti socialiste italien se scinde en deux tendances : les modérés dirigés par Giuseppe Saragat constituent le Parti social-démocrate, les « durs », avec Pietro Nenni restent favorables à un rapprochement avec le Parti communiste. Celui-ci adhère au Kominform. Voir Internationales ouvrières. L’Assemblée constituante adopte une nouvelle Constitution qui est
approuvée le 22 décembre 1947, par 453 voix contre 62, et
entre en vigueur le 1er janvier 1948. Cette Constitution institue une démocratie
sociale, régime parlementaire fondé sur deux Chambres : le
Sénat et la Chambre des députés. En outre, elle intègre
les accords du Latran qui constituent l’article 7. Aux élections législatives des 18 et 19 avril 1948, la Démocratie chrétienne remporte une victoire écrasante : 49 % des suffrages, soit 307 sièges à la Chambre des députés, l’aile gauche des socialistes gagne 182 sièges (31 sièges au Sénat), l’aile droite des socialistes 33 sièges, tandis que les petits partis se partagent les 52 sièges restants. Le gouvernement mené par De Gasperi se lance alors dans une importante réforme agraire tentant d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs et d’augmenter les rendements.
La victoire des démocrates-chrétiens réduit considérablement le climat de tension politique. Cependant, du fait de la force imposante que représente le Parti communiste, tout consensus reste exclu. Le 11 mai 1948, Luigi Einaudi, le candidat démocrate-chrétien, est élu président de la République ; De Gasperi est reconduit dans ses fonctions. Le ravitaillement et les crédits du plan Marshall commencent, à cette époque, à irriguer le pays. Cet afflux de marchandises et de capitaux crée des conditions favorables à la reconstruction de l’économie nationale. Pourtant, fidèles à leur politique de lutte incessante contre toute aide en provenance des États-Unis, les syndicats et le Parti communiste organisent une grande grève réclamant une augmentation des salaires. Le mouvement culmine, le 2 juillet, par un débrayage surprise de douze heures. Deux semaines plus tard, une tentative d’assassinat contre le secrétaire général du Parti communiste italien, Palmiro Togliatti, aggrave la crise. La Confédération générale du travail, tenant le pouvoir pour politiquement responsable de cet attentat, réplique par une grève générale. Pendant deux jours, de violentes manifestations ont lieu dans presque toutes les villes italiennes. Seule la mobilisation des militaires et des policiers peut rétablir le calme.
En 1949, la proposition de créer l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) offre un nouveau motif de contestation aux communistes. Cependant, le soutien unanime de son gouvernement et de la Chambre des députés permet à De Gasperi de ratifier le traité à Washington, le 4 avril 1949 : l’Italie entre définitivement dans le « club » des pays de l’Ouest. Le gouvernement annonce, en juillet 1950, le renforcement de l’armée, augmentée au mois de décembre suivant, grâce à l’annulation des clauses de restriction du réarmement italien figurant dans le traité de paix de Paris. Après le soutien italien au projet de Communauté européenne de défense (CED), le Parlement approuve le plan Schuman en juin 1952, créant la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), à l’origine de la Communauté européenne (aujourd’hui Union européenne). Instabilités ministérielles
En mars 1953, les démocrates-chrétiens et leurs alliés votent une loi de réforme électorale, afin de permettre au parti au pouvoir d’obtenir une majorité stable au Parlement. Cette loi autorise un parti ou une coalition ayant obtenu au moins 50 % des voix à recevoir 65 % des sièges de la Chambre des députés. Des élections législatives ont lieu les 7 et 8 juin. Les démocrates-chrétiens les remportent avec 40 % des votes. Les communistes arrivent juste derrière avec 22,6 %, mais les formations de droite enregistrent des gains importants (12,7 % contre 4,2 % en 1948). L’ancien ministre des Finances, Giuseppe Pella, succède à De Gasperi au poste de président du Conseil. Pour gouverner, il s’assure de la neutralité des socialistes et de l’appui des monarchistes. À la fin de 1953, la question du statut du territoire libre de Trieste amène l’Italie et la Yougoslavie au bord de la guerre ouverte, mais la tension décroît après la décision, par les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, de trouver un compromis acceptable par les deux protagonistes, le « mémorandum d’entente ». L’accord de 1954 confirme le caractère italien de la ville de Trieste, tandis que la Yougoslavie reçoit la plus grande partie de l’arrière-pays. La crise est définitivement réglée. Longtemps écartée par le veto soviétique, l’Italie devient membre des Nations unies en 1955.
La condamnation de Staline au XXe Congrès du Parti communiste soviétique, en février 1956, plonge le puissant Parti communiste italien dans la confusion. Cet événement constitue une désillusion pour les socialistes les plus à gauche et affaiblit le front commun des deux partis. Combinée avec la répression de la Révolution hongroise d’octobre 1956, la crise interne se traduit par une diminution du nombre des sympathisants communistes et par 300 000 démissions. Menées par Nenni et Saragat, les deux branches du Parti socialiste se réconcilient et soutiennent le traité de Rome qui est signé en mars 1957 et établit la Communauté économique européenne (CEE). Aux élections des 26 et 27 mai 1958, la coalition centriste obtient la majorité dans les deux Chambres. La nouvelle coalition gouvernementale, composée de démocrates-chrétiens et de l’aile droite des socialistes, dirigée par Amintore Fanfani, commence son mandat le 2 juillet. En janvier 1959, un gouvernement exclusivement démocrate-chrétien dirigé par Antonio Segni lui succède. Le ressentiment à l’égard de l’URSS reste fort et la visite du président de la République, Giovanni Gronchi, en Union soviétique, en février 1960, entraîne la chute du gouvernement. En juillet 1960, Fanfani, avec l’accord des trois partis centristes, retrouve le chemin du pouvoir et forme un nouveau gouvernement démocrate-chrétien. Deux ans plus tard, l’ancien président du Conseil Segni, nommé ensuite ministre des Affaires étrangères de Fanfani, est élu président de la République. Les élections locales de 1962 confirment l’assise populaire des partis de gouvernement. Pour la première fois, le capital électoral acquis par le Parti communiste dans la résistance se trouve entamé. L’incapacité de Fanfani à mettre en route les réformes économiques, la fiscalité, la hausse des prix et la tension sociale affaiblissent son cabinet. Les résultats du scrutin des 28 et 29 avril 1963 aggravent la situation. Le vote démocrate-chrétien décline pour atteindre 38,3 % des suffrages, tandis que le Parti communiste en recueille 25,3 %. Fanfani démissionne le 16 mai, mais demeure à la tête d’un gouvernement de transition jusqu’à la formation du cabinet démocrate-chrétien temporairement minoritaire de Giovanni Leone, l’ancien président de la Chambre des députés.
Les années cinquante et soixante se caractérisent par un véritable miracle économique. En effet, l’Italie, sortie exsangue de la Seconde Guerre mondiale, se lance alors dans une période de reconstruction. Celle-ci est favorisée par les crédits du plan Marshall et par les divers débouchés qu’offre la participation de l’Italie au Marché commun. Outre un secteur agricole en pleine expansion, le secteur secondaire se développe et, en particulier, la chimie, la sidérurgie et la mécanique. Une des particularités italiennes est l’intervention de l’État dans plusieurs domaines, qui se dote de moyens d’intervention directs grâce à deux organismes : l’IRI, devenu l’Institut pour la reconstruction industrielle, et l’Office national des hydrocarbures (ENI). Cependant, ce miracle économique ne remédie pas aux disparités régionales entre le Nord industrialisé et dynamique et le Sud moins favorisé. En outre, la pratique de salaires moins élevés que dans le reste de l’Europe contribue à accentuer les inégalités sociales. Les évolutions sociales, politiques et économiques
L’idée d’un renouvellement du jeu politique fait son chemin. En octobre 1963, la tendance du Parti socialiste italien menée par Nenni accepte de rejoindre un gouvernement de centre gauche, pour la première fois depuis 1947. Un cabinet de coalition de quatre partis (sociaux-démocrates, socialistes, démocrates-chrétiens et républicains) est organisé par le démocrate-chrétien Aldo Moro, qui devient président du Conseil en décembre 1963. Cette ouverture à gauche a de graves répercussions (effondrement de la Bourse, fuite des capitaux) mais elle est poursuivie avec habileté, ce qui calme l’effervescence économique. Cependant, les éléments conservateurs et progressistes du gouvernement s’opposent de plus en plus. La situation se trouve encore plus détériorée par les prodromes de la fin du boum économique que les désaccords entre les factions parlementaires semblent devoir aggraver. Le 4 mars 1965, les quatre partis au pouvoir acceptent de mettre de côté leurs divergences afin de mener une action concertée contre la récession économique. De 1965 à 1966, Aldo Moro, malgré des gouvernements successifs, conserve la confiance des membres de la coalition.
Les troubles généralisés de la fin des années soixante n’épargnent pas l’Italie. La mutation profonde du pays, passé du rang de nation agricole au statut de pays industriel, l’émigration interne, l’évolution des mentalités conduisent aux graves événements des années 1968-1969. En 1968, les étudiants réclamant des réformes universitaires
affrontent la police et les carabiniers à Rome et à Bologne.
Le mouvement social prend une tournure prérévolutionnaire
quand les syndicats appellent à la grève générale
pour obtenir la modernisation du système de Sécurité sociale.
S’il se désamorce de lui-même, le conflit favorise l’émergence
de nouvelles formations, féministe et écologiste notamment.
Ces multiples contestations aboutissent à l’adoption, en mai 1970,
du statut des travailleurs qui améliore leurs conditions de travail
et reconnaissent le rôle des syndicats dans les entreprises. Une
autre conséquence de ces mouvements est la libéralisation
de la société ; ainsi, en 1973, la loi italienne autorise
le divorce, puis légalise l’avortement en 1978. La violence des bouleversements sociaux, l’extension du travail au noir, la crise permanente amplifient le malaise politique. Le système a le plus grand mal à évoluer à la même vitesse que la société. La fin des années soixante-dix voit se succéder des gouvernements toujours dirigés par des démocrates-chrétiens. Pendant une brève période, en 1974, le pays se trouve même sans dirigeants. Les problèmes économiques de l’Italie augmentent, une vague d’enlèvements et de violence déferle sur la péninsule, la confiance des citoyens dans ses représentants décline. De son côté, l’influence du Parti communiste s’étend, sous l’impulsion de son nouveau secrétaire général depuis 1972, Enrico Berlinguer. En juin 1975, les élections régionales sont remportées par les démocrates-chrétiens (35 % des voix), mais les communistes sont en nette progression avec 33 % des suffrages. Ils adoptent alors une nouvelle stratégie qui prend le nom de « compromis historique » et se caractérise par une alliance entre les formations de gauche et les partis du centre, autrement dit un rapprochement entre le PCI et la DC. Au scrutin suivant, en juin 1976, le Parti communiste progresse encore, avec 35 % des votes, tandis que les démocrates-chrétiens en obtiennent 39 %. Le chef du Parti démocrate-chrétien, Giulio Andreotti, forme un nouveau gouvernement avec le soutien de Berlinguer, mais sans ministres communistes. Son cabinet est renversé en janvier 1978 quand le Parti communiste exige la mise en place de mesures d’urgence pour lutter contre la crise économique et réclame des ministères d’État. Au mois de mars, Andreotti forme un nouveau cabinet démocrate-chrétien, toujours avec le soutien officiel des communistes. Il doit démissionner en janvier 1979 quand le Parti cesse de l’appuyer, consacrant ainsi l’échec du compromis historique dont il avait rêvé.
La violence latente qui gangrène la société au cours des années soixante-dix aboutit à l’émergence d’un terrorisme nouveau d’extrême gauche, qui s’ajoute à un terrorisme d’extrême droite et multiplie les attentats. La décomposition politique du pays, la rupture entre le Parti communiste et une partie de sa base, la jeunesse refusant le compromis historique font basculer dans le terrorisme plusieurs factions et groupuscules. Le plus important d’entre eux, les Brigades rouges, s’attaque à l’État, aux politiciens, à la police, aux journalistes et aux hommes d’affaires. En mars 1978, les Brigades enlèvent l’ancien président du Conseil, Aldo Moro, et exigent la libération de militants détenus dans les prisons italiennes. Le gouvernement refuse de négocier et Aldo Moro est exécuté. Cette crise, sans doute la plus grave qu’a connue l’Italie d’après-guerre, met en lumière la faiblesse de l’État et du système politique et montre du doigt la gestion politique de tous les partis traditionnels. L'Italie contemporaine
De juin 1979 à juin 1981, les démocrates-chrétiens se maintiennent au pouvoir. Cependant, en 1981, Giovanni Spadolini, le dirigeant du petit Parti républicain, devient le premier chef de gouvernement non démocrate-chrétien de l’après-guerre. La Démocratie-chrétienne, atteinte par le scandale de la Loge P 2, une loge maçonnique secrète recrutant dans la classe politique et la haute administration, est déstabilisée. En août 1983, une autre série de crises aboutit à la nomination du premier chef de gouvernement socialiste depuis la guerre, Bettino Craxi. Très populaire, le nouveau président du Conseil doit cependant faire face à une situation difficile alliant à la fois de réelles difficultés économiques, la multiplication de scandales et l’extension de la corruption, ainsi que la poursuite du terrorisme. Il réussit néanmoins à maintenir la croissance économique et à réduire l’inflation. En matière diplomatique, Craxi oriente son action en direction de la construction européenne et particulièrement vers les pays du bassin méditerranéen. Religion dominante en Italie (83,7 % de la population), longtemps religion nationale, le catholicisme perd ce statut en 1984, lorsqu’un nouveau concordat, signé le 18 février entre le Vatican et le gouvernement de Craxi, instaure la séparation de l’Église et de l’État et reconnaît le pluralisme religieux. En juillet 1987, le démocrate-chrétien Giovanni Goria devient président du Conseil, et prend la tête d’une coalition de cinq partis. Celle-ci se brise en mars 1988, et Ciriaco De Mita, chef de l’aile gauche des démocrates-chrétiens, dirige le gouvernement suivant. Un an plus tard, il doit démissionner de son poste de secrétaire du parti, puis abandonner son fauteuil de président du Conseil deux mois après. En juillet, Andreotti revient au pouvoir pour la sixième fois. Les divisions entre les démocrates-chrétiens et la coalition des cinq partis l’amènent à quitter ses fonctions en mars 1991. Aucun homme politique ne voulant former de cabinet, Andreotti reprend du service en avril ; la coalition qu’il forme reste au pouvoir pendant un an environ.
La chute des régimes communistes d’Europe de l’Est bouleverse
le paysage politique italien. En 1990, les communistes italiens exsangues
se rebaptisent Parti démocratique de gauche (PDS). Abandonnant
la rhétorique communiste traditionnelle lors du Congrès
de Rimini en février 1991, le mouvement dirigé par Achille
Occhetto élargit sa réflexion à l’environnement,
au féminisme et à l’écart économique toujours
présent entre le Nord industriel et le Sud agricole. Le Parti
socialiste, toujours dirigé par Craxi, tente d’unifier la gauche
et se baptise le Parti de l’unité socialiste. En avril 1993, l’électorat italien approuve huit référendums de réformes du système électoral du pays. Puis, le président du Conseil, le socialiste Giuliano Amato, démissionne, après l’opération « Mains propres » visant la corruption des partis politiques et est remplacé par le directeur de la Banque d’Italie, Carlo Azeglio Ciampi.
Après le scrutin de mars 1994, une coalition appelée le Pôle de la liberté accède au pouvoir, avec 43 % des suffrages. La gauche ne remporte que 34 % des voix, les partis centristes, 16 %, signe de leur déclin historique. Le Pôle de la liberté est composé de Forza Italia,
du parti néofasciste de l’Alliance nationale de Gianfranco Fini
et de la Ligue du Nord d’Umberto Bossi. Cette dernière est arrivée
en quatrième position aux élections de 1992, en réclamant
la partition de l’Italie en trois républiques distinctes. En 1994,
elle revient à des positions plus modérées, prônant
des réformes économiques, un nouveau système d’imposition
et l’institution d’un fédéralisme à l’allemande. Cette
nouvelle formation se limite géographiquement dans le Nord et met
en avant les spécificités de la Lombardie ; parti xénophobe,
elle dénonce tous les dysfonctionnements de la société. Silvio Berlusconi est remplacé par Lamberto Dini, son ministre du Trésor, qui reste président du Conseil jusqu’en mai 1996. Durant son mandat, Dini, avec l’appui de la gauche, réduit le quasi-monopole médiatique de Berlusconi. Néanmoins, l’arrivée au pouvoir d’un homme des médias et de partis fédéralistes et populistes comme la Ligue du Nord a révélé la crise d’adaptation qui touche l’Italie. Sécularisation de la société, répartition des richesses entre provinces riches et provinces pauvres, désagrégation des unités nationales anciennes et des partis politiques traditionnels, mondialisation de l’économie, ces facteurs concourent à une crise de la formulation des identités nationales qui se développe en Italie.
Le discours démagogique du Pôle de la liberté lui coûte les élections de 1996. À l’issue du scrutin, la coalition de l’Olivier conduite par un économiste catholique, Romano Prodi, l’emporte. Il semble que l’Italie amorce alors un nouveau virage. Cette coalition rassemble le PDS (21,1 % des suffrages) devenu social-démocrate sous l’impulsion de son dirigeant Massimo D’Alema ; Refondation communiste (8,6 %) ; le PPI (6,8 %) ; une liste formée par Lamberto Dini (4,3 %) ; et les Verts (2,5 %). En septembre 1996, la Ligue du Nord (10 % des suffrages aux élections de 1996) proclame la sécession de la plaine du Pô, la « Padanie », en une république indépendante et souveraine. Cette sécession n’est considérée que comme un simulacre, cependant les dirigeants italiens demeurent inquiets à l’égard de cette formation politique. Afin de satisfaire aux critères de convergence de Maastricht, Romano Prodi et son ministre de l’économie, Carlo Azeglio Ciampi lancent un vaste programme d’austérité, qui permet de réduire l’inflation et le déficit et de redresser les finances publiques. Retenue pour adhérer à l’Union économique et monétaire (UEM) en mars 1998, l’Italie ratifie le traité d’Amsterdam en 1998 et intègre la zone euro le 1er janvier 1999. Cette politique de rigueur se heurte aux critiques de Refondation communiste, qui, en retirant son soutien au gouvernement, provoque en octobre 1997 une grave crise politique marquée par la démission de Prodi. Celui-ci est reconduit presque aussitôt dans ses fonctions, grâce au soutien des communistes. Cependant, ces derniers retirent de nouveau ce soutien un an plus tard, lors du vote du budget en octobre 1998. Après plus de deux ans et demi au pouvoir, Romano Prodi démissionne. Dans l’opposition, Silvio Berlusconi cherche à transformer Forza Italia en un véritable parti dont il devient le président en avril 1998. En juin 1998, revenant sur un accord passé plus tôt, il fait échouer le processus engagé pour une révision de la Constitution (nouvelle loi électorale). Massimo D’Alema, secrétaire du Parti démocratique de la gauche (PDS), rebaptisé Démocrates de gauche (DS) en janvier 2000 (avec à sa tête Walter Veltroni), succède à Romano Prodi et forme un gouvernement comprenant des néocommunistes, des démocrates-chrétiens et des Verts. Il est le premier ex-communiste à diriger un gouvernement dans l’UE. Romano Prodi, qui a fondé un nouveau parti, les Démocrates, est désigné en mai 1999 président de la Commission de Bruxelles. En mai 1999, l’ancien ministre de l’Économie, Carlo Azeglio Ciampi succède à Oscar Luigi Scalfaro à la tête de l’État. Sur le plan international, l’« affaire Öcalan » envenime les relations avec la Turquie. Arrêté à Rome en novembre 1998, Abdullah Öcalan, le leader du Parti des travailleurs kurdes (PKK) n’est pas extradé vers la Turquie comme le demandent les autorités turques et peut quitter l’Italie en janvier 1999. L’Italie s’engage, par ailleurs, le 24 mars 1999, aux côtés de treize des dix-neuf membres de l’OTAN, dans l’opération « Force alliée » menée contre la Yougoslavie. Après la fin du conflit et le retrait serbe du Kosovo, l’Italie obtient une des cinq zones de la KFOR. Aux élections européennes de juin 1999, les démocrates de gauche au pouvoir, en recul, recueillent 17,3 % des suffrages (soit 15 sièges au Parlement européen), Forza Italia de Silvio Berlusconi 25,2 % des suffrages (22 sièges), les Démocrates de Romano Prodi 7,7 % (7 sièges) et la liste d’Emma Bonino (commissaire européenne) font une percée avec 8,5 % (7 sièges). À l’issue de la crise avec les socialistes en décembre 1999, Massimo D’Alema démissionne mais, à la demande du président de la République, forme un nouveau gouvernement de centre-gauche. Le succès de la droite de Silvio Berlusconi aux élections régionales d’avril 2000 l’amène à présenter à nouveau sa démission. Il est remplacé à la présidence du Conseil par un socialiste modéré, Giulano Amato, qui prend la tête d’un gouvernement de continuité, le quatrième de la législature. Le référendum du 21 mai, qui porte principalement sur la réforme de la loi électorale — suppression de la proportionnelle aux législatives, notamment — mais également sur la Justice et sur le monde du travail (7 questions en tout), est invalidé, en raison du faible taux de participation (environ 30 %, alors que le quorum minimum requis est de 50 %). L’échec de ce scrutin ébranle la coalition au pouvoir et renforce l’opposition dirigée par Silvio Berlusconi, qui a appelé à l’abstention et qui a réclamé la tenue d’élections législatives anticipées. Sur le plan économique, l’Italie enregistre une hausse record de 2,9 % de son produit intérieur brut en 2000. Mais si le chômage recule, la question de l’immigration tend à devenir un problème majeur. En effet, de nombreux étrangers en provenance d’Europe de l’Est (Albanie), du Maghreb et surtout d’origine kurde arrivent en Italie. On estime à près de 350 000 le nombre de clandestins, dont l’augmentation, due à la situation dans les Balkans et en Turquie, devient un thème électoral majeur pour les législatives anticipées du 13 mai 2001.
Face à l’Olivier (la coalition sortante de centre-gauche dirigée par l’ancien maire de Rome Francesco Rutelli), le centre-droit et la droite plus radicale (avec notamment Forza Italia, l’Alliance nationale de Gianfranco Fini et la Ligue du Nord d’Umberto Bossi) se regroupent au sein de la Maison des libertés derrière Silvio Berlusconi. Le 13 mai, cette coalition remporte la majorité absolue. À la Chambre des députés, sur 630 sièges, la Maison des libertés en obtient 368, tandis que la coalition de centre-gauche, l’Olivier, en gagne 242, et Refondation communiste 11. Au Sénat, la Maison des libertés obtient 177 sièges sur 315, l’Olivier 128 et Refondation communiste 3. Ces élections font apparaître une bipolarisation de la vie politique italienne, tandis que Forza Italia s’affirme comme la première formation politique du pays, avec 29,4 % des voix. Silvio Berlusconi devient président du Conseil le 11 juin, et Gianfranco Fini vice-président du Conseil. La question du conflit d’intérêts entre les fonctions publiques et les activités privées de Silvio Berlusconi est à nouveau à l’ordre du jour, tandis que les premières lois votées visent à réduire les charges judiciaires qui pèsent encore sur lui. Le lancement de l’euro en janvier 2002 entraîne la démission du ministre des Affaires étrangères, un européen convaincu, Renato Ruggiero, qui préfère quitter un gouvernement majoritairement eurosceptique. |
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Italie,
en italien Italia, officiellement République
italienne, pays d’Europe du Sud, bordé au nord par la Suisse et
l’Autriche, à l’est par la Slovénie et la mer Adriatique,
au sud par la mer Ionienne et la mer Méditerranée, à l’ouest
par la mer Tyrrhénienne, la mer Ligurienne, la Méditerranée
et au nord-ouest par la France. La Sicile (25 710 km²), la Sardaigne
(24 090 km²) et l’île d’Elbe (224 km²) en sont les principales îles.
Deux petits États indépendants sont enclavés dans
le territoire : la république de Saint-Marin, située à la
limite de l’Émilie-Romagne et des Marches, et la cité du
Vatican, sur la rive droite du Tibre, dans la capitale romaine. La superficie totale du pays est de 301 323 km² et Rome est la capitale. L’Italie a la forme caractéristique d’une botte qui s’avance au cœur de la Méditerranée, qu’elle divise en deux parties : un bassin oriental et un bassin occidental. Sa longueur maximale est de 1 360 km. Au nord, la largeur maximale est d’environ 600 km, tandis que, dans la péninsule, elle varie entre 140 km et 240 km. Les paysages y sont contrastés mais les reliefs prédominent. En effet, les plateaux et les collines occupent 41,7 % du territoire et les montagnes 35,2 %, contre 23,1 % pour les plaines. Ces dernières sont, pour la plupart, petites et fragmentées comme les plaines bordières souvent inhospitalières. Les Alpes Dans sa partie méridionale, la chaîne présente de grands lacs creusés lors des glaciations du quaternaire, phénomènes qui provoquèrent aussi l’apparition des cols et des ouvertures par où cheminent des réseaux de communication. La plaine du Pô Au sud des Alpes, à l’ère tertiaire, des sédiments se sont accumulés pour créer la plaine du Pô, ou plaine padane. Couvrant quatre régions (Piémont, Lombardie, Émilie-Romagne, Vénétie), cette vaste étendue (46 000 km2) ressemble à un triangle allongé. Elle est exceptionnelle dans ce pays de reliefs et constitue à la fois un jardin prospère et le « poumon » industriel de l’Italie. Dans sa partie occidentale, à la bordure alpine du Piémont, elle est constituée de dépôts morainiques, puis de hautes terres suivies de basses terres endiguées (Lombardie, Émilie-Romagne). À l’est, elle se termine en zones marécageuses (Vénétie). La côte adriatique est bordée par le Tavolière des Pouilles, la plaine de Bari et celle d’Otrante. Le long de la mer Tyrrhénienne s’étirent la vallée de l’Arno, la Campagne romaine, la plaine de Campanie et la Maremme toscane. Les Apennins Les Apennins méridionaux comprennent aussi de hauts sommets, notamment en Calabre avec le mont Pollino (2 248 m) et le Sorino (2 007 m) au nord, la Sila (1 929 m) et l’Aspromonte (1 956 m) au sud. Ils se prolongent au-delà du détroit de Messine et traversent la Sicile, où l’Etna (3 323 m) témoigne d’une activité volcanique toujours dangereuse pour l’Homme. Le littoral |
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